Je m'appelle Archibald Joshua CLARINGBOLD, de la famille CLARINGBOLD.
Pas une grande famille de sang pur, non ... du moins plus depuis quatre ou cinq générations.
Depuis que notre grand nom a été souillé de manière indélébile par une aïeule qui a osé tomber amoureuse d'un moldu, s'enfuir avec lui et revenir quelques années après avec une belle petite fille aux grands yeux tristes, ma grand mère.
Le scandale et l'opprobre qui suivirent firent qu'elles furent toutes deux reniées, chassées du domaine ancestral plusieurs fois centenaire du Surrey, et éloignées à jamais de toute prétention aux droits de succession de notre richissime parenté.
Le plus beau cadeau qui nous fut fait, soit dit en passant, libérant notre branche rebelle du carcan des conventions familiales: si notre côté de l'arbre généalogique ne fut jamais riche, du moins fut-il libre.
Cette liberté est le plus grand trésor de notre famille: liberté d'aimer sans arrières pensées comme notre aïeule tant décriée, liberté d'éducation, de pensée ... notre enfance fut une insouciante suite de balades dans la campagne environnante, de bains dans la baie de Gelliswick, petit lieu dit au sud ouest de Hubberston et Milford Haven.
Ainsi la magie s'est épanouie au même titre que les rejetons CLARINGBOLD de la branche rebelle, jeunes pousses vivaces et résistantes solidement implantées sur notre petit lopin de terre du sud du pays de Galles.
Je suis le dernier mâle de la lignée depuis la mort tragique de mon frère jumeau Joshua, fauché à l'âge de neuf ans par une voiture que conduisait un ouvrier de l'usine voisine: même pas ivre, non ... juste usé et fatigué de sa journée, il n'a pas vu mon frère qui déboulait sur le chemin en courant à la poursuite d'un lièvre.
Je suivais à quelques pas derrière.
Si je l'avais dépassé ...
Depuis je porte en moi le souvenir de ce frère trop tôt disparu, et l'honore en ayant ajouté son prénom à mon propre prénom ... Archie et Josh ... Josh et Archie ...
Je porte également les espérances de ma mère, la fierté et la force de la magie de ma famille.
Je suis parait-il le portrait craché d'un arrière arrière grand-père: les mêmes grands yeux bleus, la même tignasse noire de jais avec les mêmes mèches rebelles, plutôt grand pour mon âge.
Et la magie coule de manière plutôt forte dans mes veines: si les générations successives ont vu le sang se diluer un peu plus à chaque naissance avec des apports de gènes moldus, la magie familiale ne s'en est trouvée que plus renforcée à chaque fois, comme si elle voulait de par sa puissance contrebalancer cette dilution.
C'est depuis la disparition de mon frère d'ailleurs que mes parents, du moins ma maman car c'est elle la sorcière du couple, m'ont appris ma véritable nature, mettant ainsi des mots sur ce que je connaissais déjà intuitivement: nos camarades et professeurs de l'école communale publique de Milford Haven ont dû se poser plus d'une question sur des phénomènes plutôt inexplicables qui pouvaient parfois arriver lorsque Josh et moi étions dans les parages.
Nous savions ce qu'était la magie à la maison, et ne devions bien évidemment n'en parler à personne à l'école.
Aussi, j'attends avec impatience de pouvoir côtoyer d'autres enfants comme moi, sans avoir à me cacher, et faire mes preuves au sein de cette prestigieuse école.
Le seul regret que j'ai est de ne pouvoir partager tout ça avec Josh.