Lydie est née au Nord de l'écosse, là où le vent est plus fort que les mots de ses parents, aussi réservés que l'impose cette région de grand froid. La jeune fille, de toute façon, ne pouvait leur répondre. Ses tympans, cachés derrière lobes et chevelure flamboyante, percevaient de mieux en mieux les stimulations, mais ses cordes vocales ne savaient plus depuis plusieurs années comment y répliquer.
Muette.
Elle du apprendre à comprendre sans poser de question, à assouvir sa curiosité de façon autonome, à choisir l'exclusion plutôt que de la subir, dans une société Moldue où la langue des signes est très mal connue.
Pour compenser, elle stimule d'abord le regard. Elle admire sa terre natale et s'exprime graphiquement, au moyen de dessin, peinture ou photographie. Elle lit beaucoup, aussi, bien qu'elle se désole de ne pouvoir chanter les syllabes des quelques figures de style que l'on ne peut détecter qu'à l'oral.
Elle s'appuie aussi sur son ouïe, joue comme elle peut, de ses doigts longs, harpe et violon, pour traduire les plus personnelles émotions.
Les deux sens l'aident à percevoir les gens, leurs intentions. La communication non verbale lui est plus claire, son œil noisette analyse et tente de comprendre, d'interpréter.
Lorsqu'une situation la dérange, elle préfère s'en aller, écoute son impulsivité. Elle fait confiance à ses pas pour la mener où mieux elle se sentira. La démarche fière et naïve à la fois.