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28 août
Ma très chère Anne,
J'espère que tu vas bien. Moi, je vais bien. Tu te demandes pourquoi tu reçois une lettre de ta mère après tout ce temps de silence, je le vois d'ici. Eh bien, je t'écris pour te parler de Chase. Ce petit a des problèmes, du même genre que nous avons tous connus un jour ou l'autre. Dès qu'il a su parler et réfléchir comme toi et moi, nous avons su qu'il avait quelque chose de spécial, en plus de sa nature de sorcier : sa manière de parler du futur avec certitude, ses rêves qu'il racontait avec une facilité déconcertante, et sa manie à faire remarquer qu'il avait une sensation de déjà-vu tous le temps... J'imagine que tu te souviens, oui.
Eh bien, vois-tu, tu avais espéré que s'il restait avec moi, sans te connaître, il serait sauf, il n'aurait pas de problème avec ce don qui le rend plus spécial que les autres sorciers. Malheureusement, on ne réprime pas facilement sa nature. Et, bien sûr, il a fallut que la nature de ton petit Chase revienne au galop, il y a de ça trois semaines. Pietro et moi n'avions pas remarqué au début, nous n'avons pas fait attention à ses avertissements : Chase nous avait parlé de son rêve qu'il faisait sans cesse : un grand lac, un château aux mille tours et fenêtres situé au bord d'une falaise et caetera. Puis, il a fallut que ses pouvoirs se révèlent au grand jour, à nouveau. Le lundi de la rentrée des vacances de printemps, ton fils a eu une crise de panique (ne me demande pas pourquoi, il n'a pas voulu me le dire), et, durant cet accès de terreur, il a fait sauté tous les appareils électriques de sa chambre : sa chaîne hi-fi, son ordinateur, tout a cessé de fonctionner. Il est resté cloîtré à la maison le reste de la semaine. Pietro s'est alors débrouillé pour inviter des spécialistes du spiritisme, des médiums, et même un exorciste. Tu aurais dû voir ma réaction quand je les ai vus entrer dans la maison. J'ai de suite dépêché tout le monde de sortir et je suis monté dans la chambre de Chase. Puis, j'ai commencé à parler au petit de ses dons. Le reste de l'année scolaire n'a pas plu à l'enfant : il restait muet durant les heures de classe, craignant qu'un seul mot ne provoque un effet étrange, et il ne cessait de toujours rêver du château. C'est alors qu'il a reçu une lettre Anne. LA lettre. Cette même lettre qu'un hibou t'avais amenée il y a vingt-six ans, ma petite. Il se trouvait à table pour le petit-déjeuner, apparemment content de se retrouver avec la plupart des membres "normaux" de sa famille. C'est au moment de couper le gâteau qu'une chouette effraie s'est échouée sur le joli brownie que j'avais fait. Elle tenait dans son bec l'enveloppe portant le cachet de l'école Poudlard. Je peux te dire que Chase a sauté de joie lorsqu'il a appris. Il avait enfin la certitude de ne pas être seul dans son cas. Mais je suis sûre que Chase a quelque chose que les autres sorciers n'ont pas, Anne. Le don que nous, les Sullivann, possédons. Nous pensions que le don de médiumnité s'était éteint avec ta génération, mais il n'a fait que la sauter, j'en suis sûre. Et c'est sûrement à cause de ça que Chase se souvient si bien de ses rêves, a des sensations de déjà-vu et parle du futur avec autant de convictions.
Dans quatre jours, il partira pour l'Ecosse. J'espère qu'il trouvera là-bas ce dont il a besoin pour développer et maîtriser ses capacités. Comme je me sens coupable : si j'avais regardé la vérité en face, j'aurai pu aider ce petit en lui inculquant mon savoir, mon expérience... Mais il est trop tard maintenant.
Je t'embrasse ma fille, repose en paix...

Ta maman qui t'aime de tout son coeur."

Extrait du journal de Wanda Sullivann, grand-mère de Chase Sullivann.