Stephen est un jeune garçon pour qui rien n'est jamais simple. Dès sa naissance au plein milieu de nulle part, au fin fond de la campagne britannique, ses parents, citadins reconvertis en paysans fanatiques de terre et autres substances, se trouvèrent tout affolés face à un bébé qui ne criait pas et bleuissait à vue d'œil. La logique n'était pas intégrée à la famille Reeves, qui fit respirer au bébé des vapeurs de légumes variés (et tout à fait indigestes pour qui était normalement constitué).
Cette simple anecdote suffisait à définir ce que serait l'enfance de Stephen : une suite de situations cocasses, une famille dans laquelle le garçon devrait se débrouiller seul... Dans la mesure du possible.
Ses parents l’aimaient, mais l’amour n’était pas suffisant pour que le petit garçon s’éveille et s’épanouisse… Normalement. Les plus proches voisins, bien qu’habitant des kilomètres à la ronde, qualifiaient en effet les parents de détraqués mentaux, mais bien sûr, le petit garçon n’en avait pas conscience.
Il apprit ainsi à crier seul pour déboucher ses bronches, face à la désastreuse tentative de ses parents. Il découvrit toutes les variétés de fruits et de légumes et sut les prononcer bien avant de savoir compter. Il comprit très vite les enjeux du jardinage selon les phases de la lune, tout en étant rapidement conscient de l'aide précieuse du purin d'ortie.
Jusqu'à ses six ans, Stephen vécut dans une atmosphère qu’on pourrait qualifier de bio et délurée.
Tout changea lorsque le petit garçon se fit inscrire à l’école primaire. Il apprit à lire, et il apprit que ses parents n’étaient pas, du tout, un modèle véhiculé par toute personne saine d’esprit.
Alors, il commença à lire, et remit peu à peu en question ce qui était jusqu’à présent pour lui des évidences : manger de la viande n’empêchait pas d’accéder à sa seconde vie, que la concoction de champignons de sa mère ne permettait pas une meilleure circulation d’énergie spirituelle et surtout que la Lune… pouvait très bien ne pas interférer dans le jardinage.
Tous ses rêves brisés, il continua à lire. Et découvrit que toutes ces croyances s’apparentaient à de la Magie. Le mot lui plut, c’était devenu une obsession.
Alors il s’entraîna seul dans son coin. Il se concentra autant qu’il put. Des choses étranges, inhabituelles se produisirent, et il sut que cela venait de lui. Il continua également à lire, il cherchait à comprendre.
Et, de lointaines origines sorcières aidant, il accomplit son rêve.
Toutefois, il ne comprit absolument rien à la curieuse lettre cachetée qu’il reçut dans l’année de ses 11 ans.
Mais lorsqu’il l’ouvrit et la lut de long en large, il réalisa qu’il aurait enfin des réponses à ses questions, et qu’il pourrait peut-être, enfin, apprendre la Magie.