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11 août 2018, 00:55
 RPG++   Solo  La peur du dimanche soir
Trigger Warning : Harcèlement

Un dimanche soir de 2040 - Lucy a neuf ans


- Lily,  Lucy ? Vous avez préparé vos cartables pour demain ?

En prononçant ces paroles, Thomas passe la tête dans l'espace que laisse la porte entrebâillée. Il regarde paternellement ses deux filles, qui ressemblent tellement à Hannah par la couleur de feu de leur chevelure. Il leur sourit, mais son sourire s'efface lorsque la réponse de Lucy parvient à ses oreilles.

- Non. Non, papa, je veux pas le faire ! Je veux pas aller à l'école ! S'il te plaît !

L'air lui manque ; elle crie tellement. Elle voudrait ne pas reprendre sa respiration, mourir asphyxiée, que son cœur s'arrête de battre. Elle voudrait que tout s'arrête, une bonne fois pour toutes. Elle voudrait être sûre que ça ne recommence pas, en avoir le cœur sûr. Mais ce foutu instinct de survie la force à reprendre de l'air, à le faire rentrer une nouvelle fois dans ses poumons, pour qu'il en ressorte quelques instants plus tard.

- Lily, c'est bon ?

La petite fille hoche la tête, donc Thomas expédie vite fait son cas et se dirige vers l'autre. Lucy, qui l'effraye. Elle, d'habitude si calme, devient soudainement plus difficile, semble presque torturée. *Et si... Après tout...* Non, surtout pas. Il refuse que Lucy soit comme ça. Et Hannah... ! Si c'était le cas, que dirait Hannah ?

- Tu peux sortir, Lily, s'il te plaît ? Va voir maman, et tu lui dis rien, d'accord ?

Une fois seul avec sa fille, Thomas ferme la porte ; ce qui est dit doit rester confidentiel. Dans cette maison, on se méfie de tout ce qui pourrait possiblement atterrir dans les oreilles d'Hannah, de tout ce qui pourrait la faire souffrir. Les enfants savent que leur mère ne va pas bien, mais elles ne savent pas pourquoi, ni comment la guérir. Alors, depuis que sa maman est malade, Lucy veut devenir médecin, pour guérir toutes les maladies du monde, même celle de sa maman.

- Lucy, maintenant, tu fais ton cartable. Lily l'a déjà fait, et le dîner risque d'être retardé à cause de toi.
- Non !

Pourquoi donc refuse-t-elle ? Avec Lily, il sait gérer les crises de larmes, de colère, mais pas avec Lucy. C'est une petite fleur qui refuse de s'ouvrir, et qui semble tout avoir toute seule pour grandir sans problèmes. Pour la première fois, la petite fille lui pose des problèmes.

- Lucy ! Maintenant, tu m'écoutes, et tu remplis ce cartable ! Sinon...
- Sinon... ?
- Sinon, je te confisque tes livres.

Il sait que c'est très important pour elle, bien plus que pour Lily, bien plus que tout ce qu'il y a d'autre dans leur chambre. Il teste la menace sur elle, pour la première fois depuis six ans. Ca l'étonne, il ne comprend pas pourquoi, soudainement, elle devient comme ça, alors que depuis toute petite, elle reste calme, et surtout prépare ses affaires pour aller à l'école : elle aime ça.

- Prends-les, si tu veux, j'préfère ça que d'aller à l'école demain.

De toute manière, du moment qu'elle a son doudou avec elle, tout peut bien disparaître à ses yeux. Alors, oui, sans livres, ça serait dur, mais elle pourrait toujours parler à Malik et à son doudou.

Il a essayé la manière forte, il s'est heurté à son refus, à son indifférence, à sa grande surprise. Il le sait, il est incapable d'être plus violent que ça avec elle. Comment tu expliques à un enfant qu'il ne faut pas frapper si tu le frappes ? Comment tu expliques à un enfant qu'il ne faut pas voler si dans son esprit tu le voles ? Et puis, Lucy a déjà neuf ans, c'est pas maintenant qu'il va commencer. Ce n'est pas une solution.

Il essaye donc la manière douce. Il s'agenouille à sa hauteur, essaye de la prendre dans ses bras. La gamine se retourne, boude le câlin de son père. Elle croise les bras, lui signifiant ainsi qu'elle ne cèdera pas. Elle ne veut pas le faire, elle ne le fera pas.

- Lucy.
- Arrête.
- Arrête ? Arrête quoi ? Je ne comprends pas.

Il n'a pas compris ce qu'elle voulait lui dire, et elle ne peut pas lui en dire plus sans se compromettre. Elle ne peut pas lui dire pourquoi elle refuse qu'il lui parle de l'école. Elle ne peut pas lui dire en quoi ce refus n'est pas un simple refus, qu'il cache une peur panique de l'école. Mais elle ne peut pas lui dire pourquoi elle frissonne à l'idée même de retourner à l'école le lendemain matin. Elle ne peut pas lui dire tout ça, parce que sinon... Elle ne veut même pas y penser. Y penser, c'est lui donner du crédit, alors elle refuse que ces pensées atteignent son cerveau.

- Papa...

Il ouvre les bras, et Lucy se retourne, fonce se blottir à l'intérieur. Elle ressent ce besoin d'affection qui la tiraille, elle ressent ce besoin de compenser cette haine de l'école par tout l'amour que peut lui donner son père. A ce moment, elle rêverait que sa mère lui montre son amour aussi, et que ses deux parents la câlinent en même temps, car c'est le seul moyen de calmer cette peur et cette angoisse qui montent sans jamais redescendre, et qui lui font venir des larmes qu'elle ravale à grand-peine.

- Tu sais, Lucy, tu n'as pas la bonne réaction.
- La bonne réaction à quoi ?
- A l'école. Je sais que c'est pas forcément génial, mais c'est important. L'école, ça te permet de cultiver ton intelligence. Tu comprends ?

Il la regarde dans les yeux, veut lui transmettre toute l'essentialité de ces phrases par le regard et ses intonations de voix. Mais ça, la petite fille le sait déjà, elle sait que l'école donne des connaissances, et Lucy veut la Connaissance, elle veut tout savoir, tout connaître, et si l'école peut lui en donner une partie, elle aime l'école. D'ailleurs, ce n'est pas l'école que Lucy exècre et qui lui fait si peur...

- Oui, je sais, articule-t-elle en ravalant à grand-peine ses larmes.
- C'est bien.

Il lui sourit, de ce sourire si franc que la rouquine aime tant, lui ébouriffe les cheveux avec amour, et se relève.
- Tu me rejoins dans le salon ? On va le faire ensemble, ce cartable, d'accord ? Ce sera plus sympa.

Et sur ces dernières paroles, Thomas quitte la chambre de ses filles, dans laquelle il ne reste à présent qu'une petite fille de neuf ans assise par terre, qui s'en fout de faire son cartable toute seule ou avec son père. C'est pas ça le problème. Elle a simplement peur de retourner à l'école demain.
Dernière modification par Lucy Wood le 20 avr. 2019, 19:25, modifié 1 fois.

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre

10 oct. 2018, 00:10
 RPG++   Solo  La peur du dimanche soir
 Elle se lève. Ouvre la fenêtre. Il fait chaud, dans cette pièce. Trop chaud, comme ses cordes vocales, qui brûlent. Ont-elles propagé leur feu dans la chambre ? Et si, demain, elles ne fonctionnaient plus ? Serait-elle obligée d'aller à l'école ? Reporter, reporter, toujours reporter. Comme si, en une journée, ç'avait le temps de changer. En tous cas, une journée en moins, c'est toujours ça de gagné, c'est presque comme une victoire.

Elle regarde le vide. Et elle s'assoit sur le rebord de sa fenêtre, malgré son vertige, qu'elle surmonte. Elle pense à sa maman, dont elle se sent si proche, mais qu'elle trouve si peu présente.

Elle se retourne, face à la fenêtre d'en face, en équilibre. Elle pense au câlin que lui a fait Hannah, lui assurant qu'elle l'aimait. L'amour… Lucy voudrait être aimée par d'autres gens que sa famille, et elle voudrait que quand elle aime quelqu'un, ce soit réciproque. Pourtant, les autres ne semblent pas le comprendre, ça, quand iels lui disent qu'elle ne trouvera jamais personne pour l'aimer.

Elle repense à tout ce qu'il s'est passé avant. A ce ballon de foot qu'elle a fait s'envoler. Ca la tente bien, de voler, comme cet objet, comme tous les enfants. Sauf que le ballon de foot, il a explosé, comme elle, elle se sent à l'intérieur. Explosée. Défoncée.


*Vaut mieux pas tester.*

Elle descend dans sa chambre. Ferme sa fenêtre, comme un robot, machinalement. Dit bonjour à Malik, lui qui connaît entièrement la situation, il la comprend. Lucy sait que ce n'est que le fruit de son imagination, que personne ne l'écoute, le soir, quand elle chuchote ce qui lui arrive, les yeux fermés, les bras serrant à l'en étouffer son doudou, un poupon aux grands yeux bleus. Mais Malik est rassurant pour la petite fille.

- Je vais dans la salle de bains. Je te raconte tout après. Et puis… Fais pas comme moi, ok ?


Ses pas légers ne se font pas remarquer. Aucun bruit ne trouble le silence accablant, à part la télé qui diffuse le journal de vingt heures, comme tous les dimanche soirs. Elle a appris à se faire discrète, pour minimiser les risques. Elle s'enferme dans la salle de bains. Commence à faire couler l'eau pour que personne ne l'entende pleurer. Sous la douche, elle s'abandonne entièrement, laisse couler ses larmes. Elle a peur de demain, et pas que parce que les informations de ce soir ne sont pas positives - de toute façon, elles ne le sont jamais.

Machinalement, elle commence à chantonner les chansons que passe la radio. Sa voix résonne dans la salle de bains, la chanson entraînante la fait danser avec son pommeau de douche. Puis elle arrête de chanter, s'assied dans sa baignoire. L'eau ruisselle sur son corps, comme les larmes qu'elle ne sait plus retenir. Elle sait qu'une douche chaude, c'est censé détendre, mais ce n'est plus le cas pour la petite rousse, qui pleure toujours sous la douche depuis quelques temps. Comme le dit la chanson qui passe actuellement, "et quand son maquillage coule, elle dit qu'c'est la pluie". Elle pourra toujours dire que c'est la douche, si ses yeux sont rouges.

Elle coupe l'eau, frissonne. Il fait froid. Comme dans le cœur de Joy.
*Est-ce que je devrais leur dire ?* Non. Non, c'est sûr. C'est pas si grave que ça, de toute façon. Elle sait que des gens ont vécu bien pire, elle n'est pas légitime à se plaindre. *C'est moi qui prend tout mal, c'est pas grave, je suis sûre que c'est pas méchant, en fait. Sinon, pourquoi les autres ne diraient rien ?* Mais alors, pourquoi a-t-elle peur, si ce n'est pas grave ?

Tout ce qui n'est pas rationnel la hante. Et là, ça ne l'est pas du tout. Il n'y a rien de logique dans sa peur.


- Lucy ! Sors de là, on va manger !

La voix d'Hannah. Sa mère. C'est rare qu'Hannah mange avec eux en ce moment, à cause de ses médicaments. Elle dort beaucoup, son papa dit que c'est parce qu'elle est fatiguée de tout. Lucy aussi est fatiguée de tout, en ce moment. Elle se demande si c'est héréditaire.

- Et fais ton cartable. Il y a des cahiers qui traînent.


Cartable. La petite rousse stoppe son mouvement. Retient ses larmes. Mais il ne faut surtout pas que sa mère ouvre ses cahiers. Elle découvrirait tout. Les messages inscrits au marqueur indélébile et ceux au crayon à papier qu'elle a tenté d'effacer. Les pages remplies de blanco pour tenter de cacher, de recouvrir le mal qu'elle lui a fait.

Alors elle sort de la salle de bains, se rhabille et cache ses cahiers sans faire pour autant son cartable. Elle a décidé que demain, elle n'irait pas à l'école. Elle ne laissera pas Joy gagner sur elle, et la seule manière de ne pas perdre la face, c'est de ne plus la revoir.
Dernière modification par Lucy Wood le 31 mars 2019, 22:36, modifié 1 fois.

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre

05 janv. 2019, 20:26
 RPG++   Solo  La peur du dimanche soir
- Lucy.

Trop tard. Pendant qu'elle rangeait, sa mère est venue dans sa chambre. Et elle la regarde bizarrement. Soudain, elle se rend compte que son cahier de maths, recouvert de dessins moqueurs, est ouvert dans ses mains. Elle devient écarlate, et ne sait plus quoi faire. Est-ce qu'elle peut tenter de mentir ? Oui, mais elle ne sait pas mentir, ça se voit sur son visage quand elle ment.

- Tu peux m'expliquer ça ?

A cet instant, Thomas, venu chercher sa fille pour lui dire de venir manger, passe la tête dans l'entrebâillement de la porte. Il se demande ce qu'il se passe. Alors, Lucy court, court vers la fenêtre, son cahier à la main. Elle ne veut pas s'expliquer, elle ne veut pas leur dire. Si elle leur dit, iels vont mettre tout le monde au courant, et après, Joy, elle le saura et… Elle prend une grande inspiration : quand elle pense trop vite, elle se met en apnée. Puis, comme si elle s'apprêtait à sauter dans l'eau, à se noyer définitivement, elle la retient, encore, encore.

- Respire ! crie Thomas en s'avançant vers elle.

Peine perdue. Elle essaye de reculer, mais, à présent, elle est dos au mur, et ferme les yeux, pour ne pas voir son père qui arrive vers elle pour lui tirer les vers du nez, pour tout savoir. Tout savoir. Même les ballons qui explosent, ses "pouvoirs"...

- Calme-toi, Lucy. Je ne veux pas savoir. Je ne veux que ton bien, ma puce.

Il lui tend les bras. Elle ouvre un œil en larmes, puis deux, et se jette dans les bras de son père, pour la seconde fois dans la soirée. Hannah, elle, reste silencieuse, prostrée. Elle a très bien compris ce qu'il se passait. Par contre, pourquoi Lucy n'a rien dit, ça, elle n'a pas compris. Ou plutôt… Si, elle comprend. Elle sait ce que ça fait, d'être seule face à un problème bien plus gros que soi, dont on ne voit que la surface, et qui renferme encore plus de problèmes dedans. C'est comme des poupées russes, qu'on ne peut jamais arrêter. Une répétition, un cercle vicieux. Les poupées sont recouvertes mais jamais effacées, et deviennent de plus en plus grosses. Et surtout, une poupée en cache toujours une autre. 

Mais elle a du mal à voir cette formule appliquée sur sa fille. Elle s'en doute depuis longtemps, mais maintenant elle le sait, elle en est sûre. Elle voit l'insulte écrite sur le papier, ce mot, cet état, devenu une insulte… Hannah n'ose pas dire à sa fille que c'est vrai. Elle ne peut pas leur dire qu'ils ont raison, ceux qui écrivent ces insultes dans ses cahiers. Ca détruirait sa fille.

Lily rentre dans la chambre, curieuse. Elle se fait rapidement entraîner par sa mère, qui attrape le cahier de maths de Lucy et sort de la chambre. Cette dernière s'en rend rapidement compte, et se détache des bras de son père. Elle surprend la conversation entre sa jumelle et leur mère.

- Tu savais ? Dis-moi la vérité, Lily. Je dirai rien à Lucy, tu sais.
- Maman, on est pas dans la même classe, j'pouvais pas savoir.
- Même dans la cour de récré ?

L'hésitation de Lily fait basculer Hannah. Elle savait, et elle n'a rien dit. Est-ce que les jumelles ont fait un pacte pour qu'aucune ne le dise ? Ca lui a tout l'air d'être ça, puisqu'elle voit la tête déconfite de Lucy qui se jette sur sa sœur et lui crie :

- T'avais promis de rien dire !

Puis, sous les yeux ébahis de sa famille, elle lui met une claque. C'est la première fois depuis des années que la rouquine frappe sa sœur, elle qui est habituellement non violente. Et cela confirme la théorie d'Hannah. Elle sait que ça ne sert à rien de lui dire de se calmer, elle ne l'écoutera pas, alors elle la laisse retourner dans sa chambre.

- Thomas, il va falloir qu'on parle, lâche-t-elle alors.

Et, assise derrière la porte, Lucy pleure en écoutant la conversation de ses parents. Tout le monde va le savoir, maintenant.

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre

07 févr. 2019, 21:00
 RPG++   Solo  La peur du dimanche soir
- Demain, quand tu emmènes les filles à l'école, tu demandes un rendez-vous à la maîtresse. Je viendrai avec toi.
- Tu viendras ? Toi ?
- Ca te dérange ? répond Hannah, cassante.
- Non. Je suis juste étonné. Tu viens pas aux réunions parents-profs.
- Il s'agit de Lucy, là. Pas des potentiels projets de ventes de pains au chocolat. Donc, demain, tu demandes un rendez-vous à la maîtresse, Thomas. C'est important.

Thomas acquiesce. Mais pas Lucy. Elle, elle a si peur. Elle voudrait disparaître, ou devenir un tout petit truc, et comme d'habitude quand elle se sent triste, elle a froid. Et elle ne peut pas prendre une deuxième douche chaude. Elle se colle alors à son radiateur, son doudou dans les bras, et son pouce dans sa bouche. Elle tripote de sa main qui lui reste son doudou, ça la calme.

Et soudainement, elle haït si fortement sa sœur qu'elle pourrait continuer à la frapper. Mais elle serre les dents, qui grincent sous la force qu'elle met dessus. Et elle se félicite d'être partie, elle ne sait pas quelle réaction elle aurait eu. Ici, elle peut réparer son cœur abîmé, et cicatriser plus vite, grâce à Malik et son doudou.

- Et tu sais, ils savent, maintenant. Je veux pas qu'ils savent, je veux pas ! S'ils le savent, tout le monde le sait, ils vont en parler à tout le monde, tout le monde va le savoir et et et

Elle reprend son souffle, profondément, et l'air qui entre dans ses poumons lui donne l'impression de revivre, comme après une longue apnée à la piscine. Lucy réfléchit à voix haute, elle parle à Malik. Elle sait très bien qu'il n'existe pas, elle le sait depuis que ses parents lui ont précisé. Mais l'irréel plaît plus à la petite fille que le réel. 

Dans le réel, personne ne veut être son ami, et ce n'est pas faute d'avoir essayé de se conformer à leur modèle. Il y a un truc qui cloche chez elle, mais elle ne sait pas comment le réparer pour devenir comme tout le monde. Dans le réel, il y a Joy et ses moqueries, ces insultes gravées dans la couverture des cahiers. Elle ne les comprend pas toutes, mais elle ne veut pas les chercher.

 La dernière fois, elle a regardé dans le dictionnaire ce que ça voulait dire "débile", et elle n'a jamais voulu recommencer. Elle ne veut pas savoir ce qu'elle est. Elle préfère l'ignorance aux remords infernaux qui la rongent le soir lorsqu'elle s'en veut d'avoir vu le jour, lorsqu'elle se demande si un jour elle arrêtera d'entendre la voix de Joy dans sa tête qui résonne, lorsqu'elle se demande si un jour, les cauchemars cesseront, si un jour, elle pourra retourner tranquillement à l'école sans avoir rien à se reprocher, ou à s'accuser de tout ce qui se fait dans la classe pour protéger ses harceleurs.

- Elle nous dira rien. Le but, c'est de savoir qui sont les harceleurs pour faire arrêter ça. Ok, Lily ? Thomas, on demandera ça. S'il y a des gens qui l'embêtent particulièrement.

Ses HARCELEURS. H-A-R-C-E-L-E-U-R-S.
Et elle répète ce mot, harceleurs, harceleurs. Ce mot qui lui vrille les tympans et lui brûle la gorge. C'est un mot qui sonne tellement moche, harceler, comme ce que c'est vraiment. Harceler, c'est horrible. Est-ce que c'est ça qu'elle a vécu, pour de vrai ? Pour la rouquine, le harcèlement, c'est quelque chose de très grave. C'est pas ce qu'elle a vécu. 

- Les moqueries, c'est pas du harcèlement. Le harcèlement, c'est quelque chose avec des coups, et puis ça finit toujours mal. On peut pas en parler. Mais moi…

Et elle s'interrompt. Malik la regarde, les bras croisés. Et tout son être confirme ce que Lucy vient de commencer à penser. Tout son être confirme qu'elle n'a pas pu en parler : la preuve, c'est sa mère qui a découvert les insultes sur le cahier.

- Merci. Je t'aime, Malik.

Elle sort de sa chambre, les larmes qui brillent dans ses yeux à peine visibles, mais tout de même présentes. Elle se plante devant ses parents, et, le plus fermement possible pour sa voix tremblante, le plus sincèrement possible pour quelqu'un qui a pris l'habitude de cacher toutes ses blessures.

- Maman, papa ?

Elle lève les yeux vers eux, se mord la lèvre pour ne pas pleurer, et elle articule, mot à mot, mot pour mot, cette question enfantine, mais si importante :

- Est-ce que c'est de ma faute ?

Si tu es harcelé(e), essaye d'en parler le plus vite possible dans la mesure du possible. Un numéro : le 30 20. Et si besoin, mes hiboux sont ouverts.

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre