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29 sept. 2018, 17:18
L'adieu de Diane Mortimer  RP+ 
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Diane 36 ans

30 janvier 2040


Frissonnant, je relevais mon pull. Même si nous étions à l'intérieur il faisait froid. Le radiateur était allumé depuis peu, et il faisait encore nuit. Nous étions arrivés trop tôt. Je n'aime pas l'hiver. Tout ce qui se rapporte aux froids, à la pluie, à la neige, aux vents, m'insupporte. Mais ce que je déteste par-dessus tout c'est ce noir. Le soleil se couche tôt et se lève bien trop tard. Silencieuse, je pris un magazine de beauté. Il était vieux, je l'avais déjà lu le mois dernier au coiffeur. Je le feuilletais nerveusement, je n'aimais pas attendre et surtout pour cette raison. Soulevant mon poignet pour voir ma montre, mon coude tapa le bras d'Henry. Nos regards se croisèrent enfin. Grimaçant, je coupai cet échange. Les yeux rivés sur la porte d'entrée, j'espérai vite apercevoir le notaire.

Les avocats venaient de finir de parler et je fis semblant de les avoir écoutés en hochant la tête avec mon sourire de femme d'affaires. On me tendit alors cette feuille que je pris sans tarder. Personne ne parlait, je pus ainsi lire les formalités tranquillement. Il ne manquait plus que ma signature mais j'hésitais. Ce vulgaire bout de papier me faisait peur. Je pris mon stylo noir dans mon sac. Il était dans ma main et j'étais prête. Prête à signer, je palissais. Mon mari me regardait. Mon mari... Je ne pourrai plus l'appeler de cette manière en attestant ce contrat. Je ne peux pas, je le veux, je l'ai toujours voulu. Il n'allait plus être mien et je ne serai plus sienne. Je lâchai mon stylo.

- Diane?

Sa douce voix. Ses yeux inquiets. Son odeur d'après rasage. Son sourire rassurant. Ses longs bras qui m'enlaçaient si bien. Sa bouche sur la mienne. Ses mains qui me touchent. Sa voix qui m'appelle. Oui tout ça allait être fini. Je l'observais toujours. Ses yeux me disaient je t'aime et sa main qu'il avançait vers moi était prête à me faire changer d'avis. Mais je ne pouvais pas. Je voulais partir et quitter cette vie. Je voulais fuir. Ça avait bien trop duré, je ne peux pas retourner en arrière. La mal était fait, je n'étais pas faite pour lui. Je ne pouvais vivre de cette manière. Et puis eux... Ils étaient en ce moment chez Maya. Peut-être qu'ils étaient réveillés... Que pouvaient-ils penser de moi? Que je n'étais pas digne d'être mère sans doute. Je me baissais pour prendre le stylo, sans dire un mot. Je ne lui répondrai pas. Je ne flancherai pas. Retenant mes larmes, je fis ma plus belle signature. C'était maintenant fini. Ce n'était plus nous mais moi.
Diane a 36 ans/ Henry a 41 ans.
Dernière modification par Esmée Peterson le 03 févr. 2019, 23:53, modifié 1 fois.

07 oct. 2018, 10:31
L'adieu de Diane Mortimer  RP+ 
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Henry 42 ans

14 aout 2041


Le soleil tapé et mon corps s'enterrait de plus en plus sur ma chaise longue. Profitant de cette chaleur, je fis une petite sieste. Enfin, il fut difficile de dormir avec mes enfants à côté... Ils étaient plutôt bruyants dans la piscine. Je plissai des yeux et vis qu'Esmée s'amusait à jeter Kenzo, pas trop fort, pour faire plein d'éclaboussures. Kenzo réclamait à chaque fois «encore une fois» et sa sœur le prit sans tarder pour exaucer sa demande. Ne voulant pas les empêcher de rire, je me levai pour me rafraîchir.

- Esmée, Kenzo vous voulez un verre d'eau?

Ma voix n'arrivait guère à leur oreille, ne voulant pas me répéter je les laissais en souriant et en levant, certes, les yeux au ciel. La porte ouverte, je pus sentir l'air frai de ma maison. Frissonnant, je me dirigeais rapidement vers le robinet. Je pris un verre dans la commode ce qui me fit voir Hilda sur le canapé. Elle était sur son portable et m'ignorait toujours. Je ne savais pas quoi faire avec elle. Depuis le retour d'Esmée, elle était devenue encore plus difficile.

- Hilda?

Elle ne sourcilla même pas. Je soufflai et posai mon verre sur la table. Hilda leva ainsi les yeux vers moi. D'un regard rebelle, elle attendit la suite de ma phrase. J'étais assez énervé de devoir me confronter à ma fille. Je n'aimai guère cela. J'essayai d'être calme, même s'il fut difficile avec un comportement  pareil.

- Tu ne veux pas profiter du soleil et de la piscine?

Elle ne me répondit pas et posa juste un coup d’œil à l'extérieur. Puis après avoir vérifié, elle affirma d'un ton sec: «non». Sans attendre ma réponse, elle sortit du canapé et se dirigea vers les escaliers.

- Hilda. Sortis-je sévèrement.
- Je vais dans ma chambre. Me dit-elle d'une voix lasse.

Ne voulant pas me disputer une nouvelle fois avec elle, je la laissai faire. De toute manière, elle ne quittait jamais sa chambre. De la voir, en pleine journée dans le salon alors qu'elle pouvait aller chez ses amis n'étaient pas étrange, car aujourd'hui leur mère venait. Diane allait leur rendre visite et Hilda faisait en sorte de l'accaparer pour embêter sa sœur... Enfin ce n'est qu'une supposition. Je retournai dehors en culpabilisant. Je n'aimais pas me fâcher avec mes enfants. Et je dois avouer que j'ai du mal avec l'ainé. Je commençais à m'installer sur la chaise en remarquant ma main vide. Je soufflai en me levant pour récupérer ce verre d'eau. Impatient, je me dépêchais mais on sonna à la porte. Diane venait d'arriver.

Henry a 42 ans /Diane a 37 ans/ Hilda a 14 ans/ Esmée a 12 ans / Kenzo a 8 ans.
Dernière modification par Esmée Peterson le 03 févr. 2019, 23:54, modifié 1 fois.

03 févr. 2019, 21:04
L'adieu de Diane Mortimer  RP+ 
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Esmée 13 ans


21 juin 2042


Mon père gara la voiture devant la maison. J'étais derrière à côté de mon frère. Ne voulant pas être seul, Kenzo n'avait pas voulu que je m'installe à la place passager avant. En ce moment il dormait, alors qu'il n'y avait pas deux heures, il clamait haut et fort: «reste!», «je ne m'endormirai pas! Je suis grand maintenant!». C'est vrai qu'il avait grandi. Il ressemblait de plus en plus à notre père. Ses cheveux châtains et ses yeux marron clair avec ses éclats orangés. J'aimais plonger mon regard dans les siens. Ses yeux ressemblaient aux miens, sauf qu'eux étaient plus beaux. Ils avaient cette couleur de l'innocence. Je tentais donc de le réveiller pour pouvoir les observer. Mais, il ne semblait pas vouloir se lever. Mon père ouvra alors la porte arrière pendant que j'enlevais sa ceinture. Puis, il le prit dans ses bras. Il avait neuf ans, mais il se faisait toujours porter comme un bébé. Cette pensée me fit rire. Mon père s'impatienta:

- Je ne vais pas attendre là toute la nuit.

Je lui fis une grimace en guise de réponse en sortant de la voiture. Il me donna alors les clefs pour fermer le véhicule et ouvrir la maison. Kenzo semblait peser à en voir l'expression du visage de mon père. Avec ses dernières forces, il posa mon frère sur le canapé. Kenzo faisait semblant de dormir et détendit bien ses jambes sur le sofa. Je l'observais. Il m'avait manqué, c'était que dans ces moments-là que je le remarquais.

Après avoir rangé ma valise je descendis pour manger avec ma famille. Enfin ma sœur n'était pas là. Ne voulant pas subir ma présence, elle entreprit une soirée pyjama chez son amie Emily. Je ne m'en préoccupais guère, j'avais l'habitude de son attitude et j'étais même plutôt rassurée de ne pas la voir. À table, mon père me questionna sur Poudlard et Kenzo fit le sourd d'oreille quand je parlais d'Audric. Il n'aimait pas ce dernier. Mon frère avait sans doute remarqué mon attachement irrationnel envers ce dernier. Henry, lui s'intéressait énormément à lui et à Aria. Il était rassuré que j'eus des amis dans mon école. Je l'inquiétais beaucoup le pauvre. J'évitais donc de lui parler des autres pour qu'il se fasse une jolie image de l'étudiante sérieuse qui ne me ressemblait guère. Puis le téléphone sonna.

- Ça doit être Diane, tu veux bien décrocher?

Je me levais hâtivement. Entendre ma mère, même si c'était au téléphone, me ravit. Elle me manquait. Il faut dire qu'avec ses rares visites et ma scolarité à Poudlard, on ne pouvait pas avoir de longues discussions. À ce moment, je pensais à ces séries idiotes où les mères poules s'immisçaient dans la vie de leurs enfants. Je n'avais malheureusement pas cette chance... Je soupirai en prenant mon fixe.

- Allo?
- Esmée? C'est toi?

Bien sûr que c'était moi, qui ça pouvait être d'autre, Hilda? Je souriais en précisant gentiment qu'il s'agissait bien de moi. Ma mère s'empressa donc de me questionner de tout est de rien. Elle était vive et rigolait, souvent pour des choses inutiles. Mais, ça me détendit. Il était facile de parler avec elle. Diane pouvait entretenir une discussion à elle seule, c'était souvent un soulagement pour la taiseuse que j'étais. Quand elle avait effilé tout son stock d'histoire, elle me souhaita une bonne nuit en me promettant une journée shopping entre mère et filles. Je n'étais pas vraiment emballée mais je feignis pour la contenter. Je lui dis au revoir en espérant la voir rapidement.

Mon frère s'était déjà couché et mon père regardait la télé dans le salon. Il avait spécialement mis mon assiette sur la table basse pour que je puisse finir de manger à ses côtés. Je m'assis donc à côté de lui, silencieusement. Il mit son bras sur mes épaules en regardant les informations du soir. Je coupais ma viande en pensant à cette fameuse journée dans se délectait ma mère. Je n'aimais pas faire les boutiques. Je détestais surtout le fait d'être considérée comme la poupée humaine de ma mère. Mais ce que je redoutais le plus était de passer une journée entière avec ma sœur. Elle et moi avons un code secret, loin des yeux loin du cœur et pas d'embrouille. Mes parents remarquaient cette distance qui se créait entre nous et voulaient sans doute nous rabibocher. Mais plus les années passaient, plus notre animosité grandissait. C'était assez sot de penser qu'une journée shopping allait changer ça... Quand j'eus fini mon repas je partis à la cuisine pour laver ma vaisselle. Mon père éteint la télévision et prit mon verre pour m'ôter mon travail de bonne fille. Il me dit d'un ton paternel:

- File te laver les dents

Il souriait et je lui répondis avec ma grimace habituelle, celle qui consiste à monter ses lèvres et à plisser du nez. Je montais les escaliers et je l'entendis dire tendrement: «bonne nuit chérie». Je descendis rapidement pour le rejoindre et le pris dans mes bras. Il était en train de laver mon assiette. Mais après avoir senti mon contact, il lâcha la vaisselle pour me rendre mon câlin. J'étais rentrée chez moi.

Henry a 43 ans /Diane a 38 ans/ Hilda a 15 ans/ Esmée a 13 ans / Kenzo a 8 ans.
Dernière modification par Esmée Peterson le 04 févr. 2019, 17:32, modifié 5 fois.

03 févr. 2019, 21:04
L'adieu de Diane Mortimer  RP+ 
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Hilda 16 ans

2 janvier 2043 à Bristol.


Je pris une autre gorgée de mon thé vert en appréciant la scène. Ma mère était revenue pour les fêtes, elle m'avait manqué. Je croquais ma brioche, en l'écoutant. Elle était assise en tailleur sur le tabouret en train de parler à mon père. Ses cheveux détachés lui arrivaient jusqu'aux épaules. Elle était habillée d'un simple chandail beige et d'un pantalon en tissu noir. Un rien la rendait belle. Riante, elle racontait une anecdote sur son travail. Un certain Arolde n'avait pas compris la consigne du patron et avait effectué un anniversaire surprise à la mauvaise personne. Mon père lui souriait. On pouvait comprendre qu'ils s'aimaient encore et je trouvais ça vraiment bizarre qu'ils aient pris la décision de se quitter. Ma mère fit une pause, elle parlait beaucoup aussi depuis ce matin, pour me regarder. Elle enleva un cil sur ma joue et me la montra à l'aide de son index: «fais un veux». Mon veux? Rester avec elle. Je soufflais sur son doigt à cette idée. Tout était parfait. Puis j'entendis ma sœur descendre des escaliers. Grimaçante, je levais les yeux au ciel. Elle allait, comme à son habitude, tout gâcher.

Oui, à son arrivée mon père se dirigea vers elle et quitta ainsi notre petite bulle. Pourquoi avait-il besoin de la rejoindre en bas des escaliers? Elle n'était pas privée de ses membres inférieurs à ce que je sache! Il lui fit la bise en lui demandant si elle avait passé une bonne nuit. Ma mère se leva donc à son tour pour la rejoindre. Alors qu'avant son arrivée ils étaient là près de moi. Énervée, je me levais pour quitter la pièce, je n'avais pas envie de les voir mielleux avec elle. Ainsi, sans lui adresser un regard, je montais à ma chambre. Mes parents ne me retinrent pas et ne me firent même pas de leçon, ils avaient l'habitude. J'aimais créer cette gêne familiale. Je devenais de plus en plus forte à ce jeu. Je prévoyais même mon coup d’État! Ils allaient recracher leurs déjeuners, car en cette fin de matinée, au départ de ma mère, j'effectuerai ma plus belle performance. Je tapai ainsi fortement ma porte, pour qu'elle puisse bien résonner à leurs oreilles.

Souriante, je me dirigeais vers mes étagères pour sortir ma valise. Je la remplis, en prenant que le strict nécessaire. J'allais partir. Fini la vie dans cette maison pourrie où résident ma créature de sœur, mon traitre de père et l'autre gamin. Je m'en irais avec ma mère car nous sommes semblables, on ne peut pas vivre avec ces derniers. Je fermais ma valise, jetai un œil à ma montre, onze heures. C'était l'heure. Je pris le temps de bien me regarder devant mon miroir. J'explosais de joie. Cette fois-ci mes parents n'allaient pas s'en remettre. L'élément perturbateur allait encore faire des siennes! Ma sœur allait avoir enfin une raison de pleurer! Elle ne reverrait plus ma mère! Je lui prendrais ce besoin maternel comme elle m'avait pris mon père. Cette vermine... Je ne la reverrai plus. Je pris mes affaires et descendis rejoindre ma famille.

Ils étaient paisiblement assis sur notre grand fauteuil, je fis tomber ma valide sèchement. Ils se tournèrent ainsi vers moi, étudiant mon air ravi et mon objet.

- Tu vas où? Me questionna sévèrement mon père.
- Je pars. Lui répondis-je fièrement.

Un blanc s'installa, ils comprirent que je voulais partir avec maman. Ma mère se leva donc, et posa ses mains sur sa chevelure.

- Chérie. Commença-t-elle le visage inquiet. Tu ne peux pas.
- Pourquoi?

Personne n'osa répondre et ma sœur se décomposa sur place. Elle avait compris. J'allais partir avec maman et elle ne la reverra jamais! Mais pour ça, j'allais devoir tout casser. Casser cette façade qui s'était installée depuis deux ans. Ça ne servait à rien de sauver les meubles, il fallait tout détruire et je serai celle qui le ferait. 

- Je ne veux plus la voir. Hostilement, je fixais Esmée.
- Hilda ne commence pas. M'ordonna mon père.

La colère monta à ce moment. Il prit sa défense, encore une fois. Elle, toujours elle. Il lui tapota même, en ce moment, son dos. Mes lèvres retroussaient, j'observais la scène. Ma mère, ayant compris que je n'allais pas bien, s'avança près de moi. Trop tard. J'allais, avant qu'elle puisse m'arrêter, prononcer des mots terribles à mon père. Des mots qui allaient le faire pleurer. De la même manière que je versais des larmes quand il défendait ce monstre. Je le regardais mauvaisement, puis, je balançais mon bras vers ma mère pour la faire faire reculer.

- Je ne veux plus vous voir.

Mon père, qui était derrière ma sœur, se figea. Pour la première fois, je lui fis part de mon dégout pour lui. Et, soulagée d'avoir osé le faire, je continuais.

- Elle. Toi. C'est fini, vous n'êtes rien pour moi.

Des mots crus qui ne valaient pas être développés. Tout était dit. Je pris ma valise et je sortis. Seule ma mère essaya de m'arrêter mais je lui dis.

- Si tu ne me prends pas je fuguerais loin. Et loin de toi aussi s'il le faut.

J'étais sérieuse, je l'aimais mais si elle ne voulait pas de moi, ce n'était pas grave. Je pouvais refaire ma vie. J'en étais capable. J'étais Hilda, la petite fille des Mortimer, rien ne pouvait m'arriver.

Henry a 44 ans /Diane a 39 ans/ Hilda a 16 ans/ Esmée a 13 ans / Kenzo a 9 ans.
Dernière modification par Esmée Peterson le 03 févr. 2019, 23:51, modifié 1 fois.

03 févr. 2019, 23:38
L'adieu de Diane Mortimer  RP+ 
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Kenzo 11 ans

25 juin 2043


Je m'ennuie. J'ai onze ans, ce sont les grandes vacances, j'ai une grande piscine gonflable, il fait beau mais, je suis tout seul! Et ça ne dérange personne! Franchement, je ne veux plus que ma sœur revoit son ami! Elle est étrange depuis son retour chez lui. Elle ne mange plus, ne parle plus, reste en pyjama toute la journée et ne sort plus de sa chambre. Hier, j'ai voulu venir la rejoindre et elle a refusé de m'ouvrir. Tout ça c'est de sa faute! Déjà qu'il la voit l'année scolaire, il me la pique pour les vacances. Je ne l'aime pas. Avec ses cheveux longs et son sourire niais. Je ne sais même pas pourquoi ma sœur l'aime tellement. Parfois, j'ai l'impression qu'elle l'aime plus que moi. Elle parle toujours de lui et lui écrit des lettres presque tous les jours. Alors que quand elle est dans son école, elle ne m'écrit presque jamais!  Papa me dit de la laisser tranquille, mais c'est ma sœur!

Je sortis de mon canapé pour la chercher dans sa chambre une nouvelle fois. Je ne fis même pas attention à taper avant d'entrée, elle ne répondrait pas de toute façon. Sa chambre sentait le refermer et elle n'avait même pas ouvert les fenêtres. C'était glauque... Elle se trouvait derrière son lit. Ma sœur était en train d'écrire, à qui? Je n'en savais rien. Une fois je lui avais demandé et elle m'avait demandé de m'occuper de mes affaires. Elle m'avait jamais parlé de cette manière, j'étais si choquée que je partis bouder dans ma chambre. Je pensais la faire culpabiliser mais non. Elle ne s'était pas excusée, jamais elle m'avait traité de cette manière! C'était inadmissible. Je la regardais donc, sans oser lui poser une quelconque question sur le destinataire de sa lettre.

- Esmée?

Elle ne me répondit pas. Je m'assis à côté d'elle et posa ma tête sur son épaule pour lire son écrit. A ce moment, elle déchira sa lettre et se leva directement. Son visage était rouge. Elle était en colère et était prête à me crier dessus. Cependant, elle se retint. J'étais figé. Je ne savais pas comment réagir face à ces nouveaux comportements. Avant on ne se prenait jamais la tête. De penser à ça me fit pleurer. Je ne versais presque jamais de larmes. Là, je pleurais de tristesse, c'était rare et ça concernait toujours ma sœur. Je n'aimais pas la voir s'éloigner de moi. Elle était ma sœur. Je n'avais qu'elle. Bon certes, j'exagérais, il y avait aussi papa. Mais bon, si ma sœur m'abandonnait qu'est-ce que j'allais devenir? Ne pouvant plus me retenir je fis ma crise. Je sanglotais et me tirais les cheveux. Ma sœur me prit alors dans ses bras. Elle s'excusait et tentait de me réconforter. Il fallut du temps pour me calmer. Mais elle resta et me caressa mes mèches rebelles. On n'osa pas parler pour éviter de se blesser.

Mon père nous appela, il était l'heure de manger. On se regarda et je remarquais enfin qu'elle avait pleuré elle aussi. J'étais assez perdu. Je ne le comprenais plus aussi bien. Elle avait changé et était devenue une adolescente comme le rappelait si bien mon père. Je ne voulais pas qu'elle grandisse car ça l'éloignait de moi. Mais ne voulant pas l’attrister je ne lui en fis pas part. Ma sœur était de plus en plus triste. C'était à cause d'Hilda, mon autre sœur. Je ne l'aimais pas tellement. Elle ne faisait jamais attention à moi. Je m'en moquais un peu, j'avais Esmée et ça me suffisait. Mais Esmée avait mal pris son départ. Elle n'aimait pas la manière dont elle monopolisait notre mère. Encore une fois, moi je m'en contrebalançais. Ma mère ne faisait pas vraiment attention à moi. Je n'exagère pas trop. En effet, si j'ai bien compris le propos de ma voisine, elle avait fait, par ma faute, un babyblues. je ne sais pas trop ce que c'est, mais je l'avais rendu malade. Je ne pouvais donc pas l'en vouloir de ne pas s'occuper de moi. Puis papa et Esmée avaient toujours été là pour moi. Je les aimais.

Papa remarqua nos yeux rouges, il ne fit cependant aucune remarque. Il se doutait déjà pourquoi nous avions pleuré et ne voulait pas remuer le couteau dans le plaie. Mon papa savait toujours bien se comporter avec les autres. Il pouvait sembler maladroit mais il ne l'était pas. Il savait où se positionner contrairement à ma mère. Esmée mit la table et tenta de me sourire. Elle s'en voulait et ça me fit mal. Je ne lui poserais plus de question et je n'entrais plus dans sa chambre sans son autorisation et je la laisserais tranquille comme me l'avait demandé papa. J'étais prêt à lui faire plaisir. À cette pensée, ma sœur s'agenouilla vers moi et me dit tout bas:

- Désolée, je ne suis pas dans mon assiette depuis quelque temps... Mais ce n'est pas une excuse pour ne plus te parler. Je vais faire des efforts Kenzo.

Elle me prit dans ses bras. J'étais heureux qu'elle pense comme moi. On était finalement frère et sœur. Et l'autre il pouvait ruser pour me la prendre, il n'y arriverait pas. C'est ma sœur!

Henry a 44 ans /Diane a 39 ans/ Hilda a 16 ans/ Esmée a 13 ans / Kenzo a 9 ans


FIN