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30 mars 2019, 19:34
 5 juillet 2043  La dernière note
Réécrit le 17 juillet 2020.

Le dernier jour d'école, Lumah, onze ans et quelques, ne se sentait pas d'humeur à rejoindre ses camarades de classe pour jouer à un jeu, trop bruyant à son goût. Comme l'avait précisé son amie, Élicia Caldin (surnommée Éli), c'était pourtant "le dernier jour où on pourrait se voir avant que je n'aille dans un collège privé". Justement, la voilà qui venait vers elle, la démarche furieuse et les bras se balançant au rythme de ses pas.

« — Hey ! Lumah ! Combien de fois je vais devoir venir te voir pour te demander de sortir de ta bulle ? Fulmina la rouquine. Tu sais très bien que c'est la dernière fois où je pourrais te voir... Continua t-elle d'une voix plus faible. Je sais que tu n'aimes pas ça, mais viens au moins manger quelques bonbons ! Il y a du réglisse en plus. Ou sinon, viens discuter entre filles !

Hm... (Lumah avait encore moins envie de venir. Les mots "réglisse" et "filles" étaient dans son vocabulaire banni.) »

Éli lui jeta un regard noir et s'en alla en la menaçant :

« C'était pas une question mais une obligation, au fait ! »

Alors Lumah, sortant péniblement de ses rêves - car elle dormait dès qu'elle pouvait - se leva difficilement et rejoint le groupe d'enfants agités pour jouer à une balle au prisonnier.
Comme d'habitude, car c'était le jeu du moment, les filles se mettaient contre les garçons. Ce qu'elle trouvait très inutile et barbant car les filles faisaient toutes leurs idiotes pour se faire remarquer et les garçons essayaient d'être virils. Elle eut alors une pensée pour son meilleur ami, partit depuis quelques années déjà. Qu'aurait-il fait s'il avait été là ?

Elle dévia les balles, les renvoya, et ceci jusqu'à ce que les deux garçons les plus bêtes de la classe, Alexander Smith et Sebastian Harrys trouvent un nouveau jeu : pourchasser les filles. Puisque Lumah paraissait visiblement la plus facile à attraper, ils décidèrent de lui courir après. La course ne dura pas longtemps : Lumah trébucha, mais à son grand étonnement, ne tomba pas : au contraire, elle resta suspendue au dessus du sol, et, lorsque Sebastian s'approcha d'elle pour lui tirer les cheveux, il fut propulsé en arrière par une force inconnue. Dès qu'il eut retrouvé ses esprits, il poussa des jurons et vociféra toutes les insultes qu'il put à Lumah. Celle-ci, déconcertée, resta figée sur place jusqu'à la sonnerie de fin des cours. Elle en oublia même de se servir dans les nombreux paquets de bonbons et gâteaux étalés sur la table, enfilant sa veste et son cartable pour partir machinalement en direction de sa maison.
Elle réussit même à se perdre dans les allées, se rendant compte dix minutes plus tard qu'elle allait entrer dans la maison d'une inconnue. Elle continua et lorsqu'elle bifurqua pour arriver dans sa rue, une ruelle totalement perdue dans Londres, elle s'arrêta net : elle venait de voir un hibou. Elle n'en était pas bien sûre, mais elle crut que cela avait certainement un lien avec ses rêves. En effet, elle rêvait depuis toute petite d'un château entouré de hiboux, puis, lorsqu'elle y entrait, ou du moins qu'elle essayait, elle était attaquée par des hiboux et des choses encapuchonnées, des ombres grandes et démoniaques.
Elle continua sa route et se stoppa devant sa maison, une petite maison des années 50, ornée de lierre sur les briques de pierre orangées, équipée d'une petite porte de bois décorée de spirales en fer et d'un balcon suspendu par des spirales.

Elle fouilla une bonne minute dans ses poches à la recherche de ses clés. Lorsqu'elle les trouva, elle les inséra dans la serrure.  Lumah entra et ferma la porte, telle une habitude, puis s'assied sur le canapé moelleux, plain de poils de chats, car, en effet, la famille Greenleaf avait deux chats : Moon et Myrtle. Moon était vieille, le poil blanc tacheté de gris, et passait ses journées à dormir, mais dès que l'on lui présentait un plumeau, elle jouait comme un chaton. Myrtle était une chatte noire au ventre blanc et aux yeux jaunes, sauvage et extrêmement timide ; elle avait en continuité les yeux ronds, grand ouverts.

« Lumah ? Tu es déjà rentrée ? » Dit une voix calme venant de l'étage.

Puisque la jeune fille ne répondait pas, la voix descendit. On voyait à présent dans l'encadrement une femme assez petite, les cheveux bruns en bataille, des lunettes rectangulaires aux bords arrondis cachant ses yeux noisette. Elle paraissait avoir la quarantaine.

« — Tu ne prends pas ton goûter ? Demanda-t-elle. Oh, je vois , conclut-elle en voyant que Lumah ne répondait pas. Tu as passé une mauvaise journée. Dans ce cas, j'ai une idée. Tu as toujours ta veste ? On a beau être en juillet, il fait toujours froid.

Qu'est-ce qu'on va faire ?  Maugréa Lumah d'une voix faible.

On va en forêt, la rassura Mrs Greenleaf. Je voulais te montrer comment faire une bouture dans de la mousse.

Oh, d'accord, soupira la fille. »

Sa mère la regarda d'un ton de reproche puis l'emmena dans la forêt. Lorqu’elles évitèrent une branche cassée en deux, aucun bruit ne parvenait à leurs oreilles. Profitant du silence, Lumah trancha :

« J'irai à quel collège ? »

Isabel Greenleaf - car elle s'appelait Isabel - la regarda puis répondit :

« — Dans le collège du coin. Ton père et moi, on s'est dit que ce serait mieux si tu restais dans le  secteur, comme ça, tu serais avec tes amis… Je me trompe ? Ajouta-t-elle en arrachant de la mousse sur un tronc d'arbre tombé au sol.

Éli va dans un collège privé, en fait… Murmura Lumah. » Puis, mécaniquement, elle démêla ses cheveux. Ses cheveux qui lui avaient valu tant de moqueries par les années passées, tout cela à cause de leur couleur extrêmement pâle, comme sa peau. Elle remonta sa main et vérifia que la rose de papier que son meilleur ami lui avait offert était toujours bien présente : elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux.
Regardant ses pieds chaussés avec amertume, la jeune fille trébucha et tomba nez à nez avec une araignée : on ne pouvait as tomber mieux, car Lumah avait horreur et une peur bleue des araignées.
Plus pâle que le linge, et continua de fixer l’araignée, des pieds entremêlés avec des ronces. Lumah poussa un petit cri. Alors, un avion en origami vola au-dessus de sa tête, vint prendre l'araignée dans son élan et disparut. La jeune fille avait encore réagi instinctivement.
Après avoir ramassé assez de mousse, la mère et sa fille s'en retournèrent chez elles. Là, son père, Jake, et sa sœur, Neïa, étaient en train de préparer à manger. L'odeur agréable de fumet s'élevait dans la pièce.
Mais la petite ne profita pas du dîner et sauta dans son lit dès qu'elle eut terminé son assiette à vitesse grand V. Moon l'attendait, lovée sur son lit, et ronronna dès que la jeune fille entre dans la pièce. Lumah s'endormit aussi rapidement qu'elle avait mangé, bercée par son chat.

“ Il lui arrive d'avoir des agissements curieux. Mais bon, c'est Lumah ! ” ED
17 ans (à l'aide) 6eA #674ea7