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20 mai 2019, 23:49
L'injustice de ce monde  PV T. G'S 
Un lundi soir de 2040

Lucy a 9 ans. 


TW Harcèlement
 
La sonnerie annonçant la fin des cours retentit. Lucy se dépêche de ranger ses affaires. Si elle n'est pas la première, elle sait très bien ce qui lui arrivera. Au moment où elle se précipite dehors pour courir jusqu'au portail et rentrer chez elle le plus rapidement possible, sa maîtresse la retient.

- Dis-donc, Lucy, tu es bien pressée. Et c'est comme ça tous les soirs. On dirait que tu n'as pas envie de rester à l'école, que tu n'aimes pas trop ça, l'accuse-t-elle.

Joy, la dernière à sortir, finit de ranger soigneusement ses livres dans son sac. Elle lance un "A demain, maîtresse !" des plus enthousiastes. Le silence pèse dans la salle. Lucy se mord les lèvres. Elle tremble de peur. Elle se prend à espérer que la maîtresse la retienne pendant des heures, même si c'est pour la gronder, parce que, comme ça, iels rentreront chez eux, et, pour ce soir, elle sera tranquille.

La petite fille détourne les yeux, vers sa place. Il y reste une boulette de papier chiffonnée, à même le sol. La panique prend la rouquine. Si jamais la maîtresse tombe dessus, elle va comprendre, et si elle comprend, les autres l'accuseront d'avoir tout dit, d'avoir tout cafté, comme iels disent. Aussitôt, elle se précipite à sa place, ramasse la boulette, et la jette à la poubelle.

- C'est quoi, ça ?

Le ton inquisiteur ne supporte aucune absence de réponse. La petite fille essaye de s'inventer un mensonge dans sa tête.
- C'est un dessin, bafouille-t-elle.

Et elle ne ment pas totalement. C'est bien un dessin. Mais c'est un dessin moqueur. Contre elle.

- Tu dessines en cours ? s'énerve la professeure.
- Non, non…
- Arrête de mentir ! Pour demain, tu copieras cent fois : je ne dois pas dessiner pendant la classe. C'est compris ?
- Oui.

Lucy baisse la tête, et serre les dents. Elle met son cartable sur ses épaules, et elle espère, fort, que les autres soient parti-es. Qu'elle puisse rentrer chez elle sans être insultée. Malheureusement, seules quelques minutes ont passé, et cinq enfants  l'attendent devant le portail. A cet instant, la petite fille prie pour que ses parents aient décidé de venir la chercher. Mais aucun ne vient, et elle avance, inexorablement, vers les élèves de sa classe. Elle cache ses cheveux, l'objet de tant de moqueries, sous sa capuche, et parcourt les quelques mètres qui la séparent de la sortie, presqu'en apnée tant elle stresse. Elle contracte ses muscles, pour qu'ils soient prêts à recevoir un projectile quelconque.

Mais aujourd'hui, pas de lancer. Juste un croche-pattes. Elle ravale ses larmes tandis qu'elle se relève. Ne pas pleurer devant eux. Jamais. Elle continue à avancer. Elle essuie les insultes, les phrases blessantes, les comparaisons avec les sorcières du Moyen-Âge, celles qu'on a brûlées vives, juste à cause de sa couleur de cheveux.

Le pire, c'est que Lucy sait qu'ils ont raison. Elle, elle sait que les ballons dans la cour, il y a deux ans, c'était pas la pression atmosphérique. C'était elle. Mais surtout, elle ne leur dit pas. Ca serait leur donner inévitablement raison. Alors, la petite fille se tait. Elle essuie les larmes qui perlent au coin de ses yeux, et elle continue à avancer. Une fois qu'elle est hors de portée, elle se met à courir. Même pas dans la direction de sa maison : ça fait longtemps qu'elle fait un détour, pour ne pas leur indiquer où elle habite, exactement, au cas où iels voudraient la suivre. Et elle attend, comme ça. Prostrée, dans un coin, à pleurer toutes les larmes de son corps, celles qui ne sortent pas devant sa maîtresse. Elle voudrait chantonner, pour se donner du courage, mais elle ne peut pas : elle est trop proche d'eux, et iels pourraient peut-être l'entendre.

Dans ces moments-là, la rousse n'a qu'une seule idée : se couper les cheveux, ne plus en avoir. Ca résoudrait un problème.
Et elle ne peut même pas se dire que ça va se terminer, non. Demain aussi, il y a école, et la semaine ne fait que commencer.

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre

21 mai 2019, 21:00
L'injustice de ce monde  PV T. G'S 
2040
Ruelle inconnue, Londres

Thalia, 9 ans
2 ans avant Poudlard

« C’est des gens bizarres, les autres. Vous pensez qu’ils sont comme vous. Et pas du tout.
Ils sont comme les autres. J’aime pas les autres. »

J. A. BERTRAND

Image


Seconde après seconde. Minute après minute. Jour après jour. Semaine après semaine. Mois après moi. Année après année. Il en a fallu du temps. Il en faut encore du temps. Je regarde un peu devant moi et je grimace, parce qu’il est loin, le bout du chemin. Et puis je jette un petit coup d’œil derrière mon épaule, et la grimace est remplacé par un sourire, un drôle de sourire mais un sourire quand même. Parce qu’il est encore plus loin, l’endroit où j’ai commencé. Et, un pas après l’autre, un instant à la fois, j’ai avancé. L’arrivée est loin et je le sais, je le saurai toujours. Jamais je ne l’atteindrai vraiment, l’arrivée ; je resterai quelques mètres avant, éternellement. Marquée par ces conneries, ces moments là que je n’arrive toujours pas à effacer. Ça me fait peur. De ne jamais pouvoir oublier. Comme si tout le reste n’était pas important, mais que ça, ça avait décidé de rester, gravé à jamais. Oui, l’arrivée est très très loin, beaucoup trop pour moi. Pas sûr que j’arrive à marcher encore. Pas sûr que j’arrive à faire encore un pas. Mais faut que je continue de regarder derrière moi. Ils sont loin. Si loin ! Leurs sourires sont loin, et ça me fait du bien. Peut-être que je vais réussir à faire encore un pas, en fait. Et après, un autre. Toujours un peu plus.

Trait après trait, un drôle de gribouillage se forme sur mon carnet. Fronçant les sourcils, je tente de comprendre ce que j’ai dessiné sans même y faire attention. Trop penser, c’est laisser ma main faire ce qu’elle veut, je ne suis pas sûre que ce soit bien. En tous cas, je n’aime pas le résultat. C’est... bizarre.
*Pourquoi ?*. Des mains, des dizaines de mains gribouillées rapidement, désignent une petite silhouette au fond de la feuille. *Moche*. Je le décide. C’est moche, si je l’ai dessiné en pensant à ça, c’est forcément moche. Comme si je n’avais pas le droit de penser à ça, *je n’ai pas le droit* et que le dessin bizarre était la preuve que j’avais désobéi. *Désobéi*. Comme à l’école. Je ne savais pas qu’on pouvait désobéir, avant. Personne ne m’ordonnait rien, ou des trucs normaux quoi, comme ne pas mettre les mains dans le feu de la cheminée pour ne pas me brûler ou ne pas sortir la nuit toute seule, même si ça c’est rien que pour faire joli, tout le monde sait que je sors quand même et Papa et Maman ne m’empêchent jamais. Alors désobéir, c’est un drôle de mot — un verbe, et ça non plus je ne le savais pas avant d’aller là-bas — qui est arrivé avec l’école. Désobéir, c’est un truc un peu étrange, je ne le comprends même pas complètement d’ailleurs. C’est ne pas dessiner en cours, alors que j’ai toujours dessiné pendant que Maman me racontait des histoires pour apprendre ou que Papa me montrait comment faire tel truc ou tel machin. Et en plus, on dessinait, à l’école. On dessinait des dessins qui voulaient rien dire, alors que moi, je dessine des choses utiles. Des pensées gravées sur le papier, des instants arrachés au Temps, dit Maman. Je crois que je suis d’accord. Mais les Autres ne comprennent pas, ils ne comprennent rien. Le maitre, c’est le premier des Autres. Je l’aimais pas, penser à lui, ça me donne envie de crier. Penser à Eux, ça me donne envie de pleurer, mais penser à lui, cet Autre qui était si grand et qui était censé tout savoir, comme les grands, ça me donne envie de crier, parce qu’il aurait pas dû être maitre puisqu’il ne savait rien. Maintenant, j’y pense tout le temps. Mais ça va bientôt faire trois ans, trois ans que je ne suis pas allée dans la Prison, la grande Prison du Savoir, où ils disaient qu’on allait tout apprendre et où j’ai tout subi. Menteurs ! J’aime pas les menteurs. J’aime pas les Autres.

Alors j’arrache le dessin-souvenir, et je le froisse. Dans ma poche, il dépasse un peu, mais ce n’est pas grave. Je connais les gosses du quartier, ils me respectent. Un canif dans la poche arrière, ça aide à se faire respecter. J’ai appris ça ici, j’aurais dû avoir un canif à l’école. Ça m’aurait servi. Encore plus qu’ici, parce qu’ici il sert surtout à graver des poèmes sur les murs où des dessins un peu partout. Papa est allé à la galerie d’art voir B.B., puis à son travail — je crois qu’il fait des affaires avec des gens, mais je comprends pas vraiment —, et moi je traine un peu partout. Les rues, c’est pas si dangereux quand on est une sorcière, et puis de toute manière, mon canif est Roi. Tout-puissant. Et quand il est dans ma main, c’est moi qui suis toute-puissante. Mais c’est pas un couteau pour faire mal, mes poings font plus mal et cogner, vraiment cogner, ça ne se fait bien qu’avec son corps. Non, mon canif, c’est pour me sentir plus libre. Alors je l’ouvre et je commence à graver un peu, trait après trait, la langue un peu tirée. Sur le mur, un grand panneau de bois est accroché. Dur, le bois, un peu trop dur. Mais j’y arrive, je suis habituée. Repasser plusieurs fois sur chaque gravure, je sais le faire.


« Écrasants mais jamais puissants »

*Ah*. Résultat presque inattendu ; je ne réfléchis jamais en gravant, jamais. Un reniflement sort de mes narines froncées, et je serre plus fort le manche de bois du canif. Luisante, ma main en sueur. En dessus, en biais, les lettres capitales s’alignent avec puissance. « DÉFONCE LES TOUS » Une belle phrase comme j’aime. Simple. Hurlante. Mes lèvres s’entrouvrent et je commence à murmurer, râper en silence, articuler sans bruit :

« Effondrer, nos barrières,
S’défoncer, les artères,
Tomber, face cont’ terre,
Mais toujours s’rel’ver, tête fière.
»

Je ne connais même pas les genres de musiques Moldus, je sais juste que j’aime les chansons qui bougent et qui hurlent, qui déchainent l’âme. Tiens, encore un truc à graver. Décaler ma main, bien m’appuyer au bois, approcher la lame du support, appuyer. « HURLER SON Â » *Stop !*. Ma gravure se fait abandonner en quelques secondes, parce que des bruits attirent mon attention. Des mauvais bruits. *OH MERLIN !*. Une école ! Une école ! J’avais pas vu la Prison, je ne la vois que maintenant ! Pourquoi, pourquoi maintenant ? Je voulais pas, non, non ! Loin de moi, l’école, recule ! Mais c’est moi qui recule, qui commence à partir à reculons, les yeux toujours fixés sur la façade.

C’est la jolie Autre qui attire mon attention. Aussitôt, je m’en veux, parce que les Autres ne sont pas jolis, ils sont tous moches. Mais elle, ses cheveux sont en feu, je crois que j’aime bien. J’aime le feu, alors j’aime ses cheveux. Ils brûlent de puissance. Magnifiques ! Une mèche sombre retombe devant mes yeux et je renifle à nouveau.
*J’préfère les miens*. Oui, les miens sont comme la nuit, je les préfère. Mais les siens sont jolis. Mais son silence, il est pas aussi joli. Il est même moche, son silence. Et puis une capuche se rabat sur les cheveux de flammes, et j’ai envie de lui hurler de l’enlever. Pour une fois qu’une Autre n’est pas totalement horrible. Et son silence reste moche, moche, moche. Il m’explose aux oreilles tellement il est puissant. Mes yeux s’écarquillent parce que j’ai entendu le silence avant les mots, alors que ce n’est pas normal. Pourtant je comprends, parce que quand je ravale ma peur et que je m'approche un peu, je les entends. Les mots. Et je comprends pourquoi son silence est si moche, à cette Autre. Moi aussi, je le connais, ce silence. *Seconde après seconde... Silence après silence*. Hurler sans bruit.

Quand l’Autre part en courant, je la suis dans une rue parallèle, et je la retrouve un peu plus loin. Mes muscles sont tendus après la course, parce que je sais qu’on court vite quand on a peur, qu’on court vite quand on a mal. Très vite, même. Et l’Autre a couru très vite. Maintenant elle est assise, toute recroquevillée, et moi je n’aime pas ça. Toujours, j’ai envie de lui hurler. Lui hurler d’arrêter ce silence, parce qu’il me fait mal aux oreilles.


« Écrasants mais jamais puissants. »

Échappés de mes lèvres, les mots me paraissent moins forts. Ils perdent toujours leur pouvoir dans les airs, alors je préfère les garder à l’intérieur. Mais des fois, il ne faut pas se taire, n’est-ce pas ? La jolie Autre, elle ne doit pas se taire. J’ai toujours mon canif à la main, je crois. Je ne l’ai pas rangé. Son contact chaud me rassure.

« Enlèv’ ta capuche, toi. J’veux voir tes ch’veux. » Je souris, faiblement. Elle comprend, hein, elle comprend ? Non, elle va pas comprendre. Mais je ne suis pas une Autre, je ne sais pas comment faire pour qu’elle me comprenne. Je n’ai même pas envie qu’elle me comprenne, je suis très bien à me comprendre toute seule. Pas envie de retourner à l’école, dans les problèmes. « I’ sont vachement jolis. » *même si les miens sont plus beaux*. Ce n’est pas de la vantardise — je ne suis pas une Autre —, c’est une constatation. Noirs comme la nuit, c’est plus beau que orange comme le feu, parce qu’il y a plus de reflets et que c’est plus sombre. C’est tout. J’ai toujours aimé mes cheveux, les siens ne changeront pas ça. Mais je n’avais jamais vu des cheveux comme ça, ils ondulaient joliment tout à l’heure. Vachement joliment, même. Jouer avec le feu, j’aime bien. Le faire naitre dans mes paumes, encore plus. Des cheveux en flammes, c’est forcément une « manifestation extérieure d’une beauté extérieure », dirait Emy. Sans doute qu’elle a raison. Jolie Autre qui connait ça.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

14 juin 2019, 22:43
L'injustice de ce monde  PV T. G'S 
Lucy lève la tête. Elle regarde si les autres sont parti-es. A droite. A gauche. Et là, son coeur rate un battement. Elle a une fille en face d'elle. Les cheveux proches de ceux de Joy, mais plus foncés. Mais dans ses yeux il n'y a pas cette haine que sa camarade a envers la rousse.

"Ecrasants mais jamais puissants", dit la fille en regardant la rouquine. Ca veut dire quoi ? Lucy ne comprend pas. Déjà, qu'est-ce qu'elle fiche là, cette fille ? D'habitude, la rue est déserte. Il n'y a jamais personne à cette heure. Parfois, elle voudrait qu'il y ait quelqu'un. Une personne amicale, à l'écoute, à qui elle pourrait raconter ce qu'elle vit. Une personne qui la raccompagnerait chez elle, et s'assurerait que rien ne lui arrive, comme cette vieille dame qui l'a aidée la première fois, quand elle s'est perdue. Mais il n'y a jamais personne. Et puis maintenant, elle ne fait plus confiance à personne, que ce soit aux enfants ou aux adultes. Elle n'appellera jamais à l'aide, parce qu'à chaque fois, personne n'a entendu. Ou iels ont fait semblant de ne pas entendre.

- Va-t'en, marmonne Lucy en se recroquevillant sur elle-même.

Elle regarde l'heure sur sa montre. Elle sait qu'elle doit être chez elle vers 16h45, parce qu'après, Lily s'inquiète et prévient leurs parents. Avant, elle peut lui expliquer qu'elle est allée chercher des bonbons à la boulangerie. Elle ne pourra pas parler avec cette fille pendant très longtemps.

"Enlèv’ ta capuche, toi. J’veux voir tes ch’veux."
- Qu'est-ce que tu comprends pas !? hurle immédiatement la petite fille, en réaction. Je t'ai dit de partir, tu pars ! C'est pas compliqué !

*Pourquoi elle veut voir mes cheveux ?* Personne n'aime ses cheveux. Personne ne veut voir ses cheveux. Iels veulent tous-tes, y compris elle-même, ne plus les voir, ces cheveux. Personne n'aime les rousses. Personne n'aime les sorcières.

- J'veux les couper, mes cheveux ! J'veux plus les voir ! J'veux plus qu'les autres les voient ! s'emporte-t-elle.

Ses cheveux, c'est la cause de tout ce qui arrive à l'école. *C'est à cause de maman, c'est elle qui a les cheveux roux, pas papa.* Elle n'aime pas ses cheveux. Elle préférerait avoir ceux de la fille qui lui parle. Noirs, comme le soir qui tombe. Noirs, comme les yeux de Joy quand elle se met en colère. Noirs, comme la colère qui la prend, le soir, dans son lit. Quand elle voudrait tout casser, tout défoncer. Tout écraser.

- J'les écraserai. J'les couperai et j'les écraserai. Jusqu'à ce qu'ils tombent. Tous. J'suis plus puissante qu'eux.

Alors, elle se rend compte de la puissance, mais aussi de la méchanceté de sa phrase. Du double sens. Ce n'est pas eux, qu'elle veut couper, écraser, même si, en fait, ça lui plairait bien, parce qu'elle serait sûre de plus jamais entendre leurs voix dans ses oreilles qui prononcent ces surnoms tous plus ridicules, plus… méchants, plus… stupides, à chaque fois. Ces surnoms humiliants, elle ne veut plus jamais les entendre.

- Je suis en colère, dit-elle, avec un ton étonnement calme. Contre toi. Et puis contre tous les autres. Contre mes cheveux. Je voudrais les couper, mes cheveux. Les piétiner. Ne plus jamais les voir. Alors, je veux pas que tu les voies. Je veux pas que tu voies ce qui me fait si mal.

Désolée pour le retard du post...

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre

24 juil. 2019, 16:30
L'injustice de ce monde  PV T. G'S 
Désolée du retard.

J’veux les couper, mes cheveux ! J’veux plus les voir ! J’veux plus qu’les autres les voient !

La fille hurle et mes yeux s’écarquillent. Je tremble légèrement, avant d’essayer de me ressaisir. Cette fille, on dirait moi il y a trois ans ; moi enfermée dans la Tour pour ne pas retourner à l’école, moi hurlant à Papa et Maman qu’ils ne comprennent rien. Sourcils froncés, j’avance d’un pas. Pas plus ; cette fille est une Bombe. Si j’approche plus, elle explose. Je le sens. C’est magnifique, autant de puissance dans un seul être. Autant de puissance générée par la douleur. Étrange, n’est-ce pas ? *Wow*. Je me crois presque devant un miroir ; elle cache ses cheveux, alors je ne peux pas voir la différence de couleur pourtant si grande. « J’les écraserai. » Mon cœur rate un battement. Merlin, ce qu’elle est puissante. Sa puissance me ferait peur si je ne savais pas posséder la même. *Ouais, écrase les !*. Écrase moi, écrase les, je veux voir le résultat. Ce sera magnifique, j’en suis sûre. Mets toi en colère, montre moi comme tu es puissante ! « J’les couperai et j’les écraserai. Jusqu’à ce qu’ils tombent. Tous. » Cette fille est emplie de rage, de peur et de douleur. *Comme moi* songé-je, *comme moi*. Elle pourrait être si belle, si elle gueulait juste un peu plus fort. Si elle libérait Tout. Ce serait une explosion, j’en suis certaine. J’aime les explosions. « J’suis plus puissante qu’eux. » *J’n’en doute pas*. Comment peut-elle penser qu’elle est plus puissante que ses cheveux mais si faible que les Autres ? C’est étrange. Si compréhensible. Digne d’intérêt Oui, cette fille est bien plus digne d’intérêt que les murs sur lesquels je grave en attendant désespérément Damian, Aya, et Tys. Sans doute ont-ils été retenus chez eux, cette fois. Je n’irai pas courir les rues avec trois autres gosses qui aiment gueuler et s’exprimer. À la place, je vais tenter de comprendre cette fille qui me ressemble tant. Tout en étant si différente.

Je suis en colère, affirme-t-elle et je laisse échapper un sourire fasciné. Contre toi. Et puis contre tous les autres. C’est fou de voir comme elle est calme et pleine de colère en même temps. J’aime ça. Oh oui ! Par tous les mages, j’aime cette Autre si proche de moi. Je songe à Emily, car je ne sais pas quoi faire. Elle saurait quoi dire devant cette Autre qui n’en est pas une. Emily sait toujours tout. Mais moi, je suis plus puissante qu’Emily, plus puissante que tous les Autres. Je suis Thalia, et c’est très bien comme ça. « Contre mes cheveux. Je voudrais les couper, mes cheveux. Les piétiner. Ne plus jamais les voir. » Les mots de la fille me portent. Ils s’envolent vers une contrée inconnue, la Colère Contenue. J’ai envie de la serrer dans mes bras, et en même temps de lui donner un grand coup de pied pour la secouer et la faire réagir. J’ai envie de voir toute sa puissance. « Alors, je veux pas que tu les voies. Je veux pas que tu voies ce qui me fait si mal. » Laissant échapper un soupir de fascination, je m’approche encore d’un pas. J’ai encore mon canif dans ma main, bien caché derrière mon dos, et je le serre fort avant de le ranger dans la poche arrière de mon jean moldu. Tout ça sans qu’elle ne le voit. Puis je croise les bras sur ma poitrine et je la regarde.

Non, prononcé-je. Un mot, juste un seul. Qui me remplit d’un plaisir infini. Non. Moi, je sais ce que c’est que ça. Cette fille, cette rousse, le sait aussi. Mais elle n’a pas de recul, elle ne comprend pas ! Il faut que je lui explique, et pourtant je sais que je ne sais pas expliquer aux Autres. « Non. Tes cheveux, c’est toi. Tu vas pas t’écraser toi même. R’garde, moi c’était à cause de mon silence. Je peux pas enlever mon silence, c’est enlever une partie de moi même. » Je la fixe, je sais que je devrais sourire. Pour être gentille. Mais je ne sais pas vraiment sourire, et ce n’est pas le moment. « Si tu penses qu’à t’écraser toi-même, t’arriveras jamais à te redresser pour les écraser, eux. » Mon ton est ferme, cette fois. Puissant. J’en suis fière ; d’habitude, je me trouve pitoyable.

Moi aussi je connais ça. Sauf que moi j’m’en suis sortie.

*Sauf que moi j’fais toujours des cauchemars, oui*. C’est un semi-mensonge, mais aussi une semi-vérité. Alors je lui adresse un regard perçant, histoire de voir si elle va se relever un peu, au lieu de s’apitoyer sur elle-même. Sa colère serait plus belle si elle était dirigée vers Eux.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

15 août 2020, 22:53
L'injustice de ce monde  PV T. G'S 
"Si tu penses qu'à t'écraser toi-même, t'auras jamais la force de te redresser pour les écraser, eux."

La phrase résonne en Lucy, qui dégage ses cheveux et les laisse retomber librement dans l'air londonien, presque sous le choc. Elle boit les paroles de la fille d'en face.

*Elle aussi* Son coeur rate un battement. Elle n'est pas seule. Et c'est même encore mieux. Cette fille elle s'en est sortie. Alors... Lucy a un soupçon d'espoir qui monte.

- Tu veux dire que... C'est possible de s'en sortir ? Moi, j'ai l'impression que ça finira jamais... Elle me suivra toujours, et elle montera toujours d'autres gens contre moi. A moins d'un tour de magie...

Et elle se maudit presque d'avoir prononcé ce mot. Elle sait qu'il lui arrive des trucs bizarres parfois, en fonction de ses émotions. Elle ne voudrait pas qu'il arrive quelque chose à Joy à cause d'elle. Ca serait encore pire ensuite. Et de toute façon, elle ne s'en remettrait pas. Si elle venait à tuer Joy... Ca la soulagerait, certes, mais ça l'accablerait d'un poids atroce dont elle ne pourrait pas se défaire. Ca serait vraiment contre-productif.

- Tu t'en es sortie comment ? Raconte-moi s'il te plaît. J'ai pas beaucoup de temps, mais j'ai besoin de le prendre pour m'en sortir. Je dois sortir de cette situation. C'est pas possible autrement. Je ne survivrai pas longtemps avec ces gens qui me disent des choses méchantes.

Elle fait une pause de quelques secondes.

- D'ailleurs, tu sais ce que ça veut dire "débile" ? Ils m'ont traitée de ça tout à l'heure mais je sais pas ce que ça veut dire. J'imagine que c'est méchant. Mais j'aimerais bien savoir quand même ce que ça veut dire...

Je sais pas si tu veux reprendre ce RP, si tu es dans le temps pour le reprendre. Mais si tu le souhaites, je suis là :)

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre

02 oct. 2020, 18:09
L'injustice de ce monde  PV T. G'S 
C’est possible de s’en sortir ?

Une immense boule grandit dans ma gorge. Elle obstrue mes voies respiratoires ; je m’affolerais, si elle ne m’était pas si familière. *Est-ce possible ?*. Comme à mon habitude, je malmène brutalement ma lèvre inférieure à l’aide de mes dents, regardant l’Autre Flamboyante.

C’est possible de s’en sortir ?

J’aimerais lui parler de tour de magie, justement — y aurait-il un sort pour éloigner les Autres ? Je ne crois pas. Dans tous les livres que j’ai pu lire, nulle trace d’un tel sortilège. Quel dommage. La Magie devrait pouvoir servir à se préserver, à se protéger. J’aimerais lui dire que je peux enflammer les cheveux de l’Autre qui lui fait du mal *ça ne servirait à rien, si elle est comme Cassy*, si elle me met suffisamment en colère. J’aimerais lui dire qu’à onze ans, si elle a de la chance, elle partira dans un monde extraordinaire, loin de cette fille. Mais je ne peux rien dire à cette gamine moldue. Le Secret Magique, je le connais bien. Interdiction d’évoquer le monde dans lequel j’évolue hors de Londres. Qu’ici, j’ai un canif et des vêtements moldus, mais que quand je rentre à la maison, je lis des grimoires, j’observe Maman lancer des sorts, je regarde le Domaine qui s’anime, la moitié de ses objets étant moldus, et l’autre moitié sorciers.

C’est possible de s’en sortir ?

Je veux lui dire oui. Par Nemesis, je veux lui affirmer que oui, elle s’en sortira. Que je m’en suis sortie. Et là, je me rappelle de la psychologue moldue que j’ai vu il y a quelques mois. De son air très sérieux, très contrarié. Ses traits étaient doux au départ, rassurants, avant que je ne lui rétorque que je n’étais pas une gamine — que je savais très bien que si j’étais dans son bureau, c’était que je n’étais pas normale. Je me souviens des rides contrariés sur son front, peut-être dans une inquiétude forcée, alors qu’elle annonçait son idiot de diagnostic à Papa et Maman, comme si j’étais absente. Votre fille a un trouble anxieux généralisé, un problème d’anxiété handicapante, sûrement dû aux traumatismes scolaires que vous avez évoqué. Je n’ai pas entendu la suite. Je n’aime pas être prise pour une enfant, je n’aime pas qu’on fasse comme si je n’étais pas là. Je n’aimais pas cette femme. Je sais qu’elle a parlé, de thérapies, de pleins de choses, et que quand Maman m’en a reparlé, j’ai froncé les sourcils en disant que je n’avais pas besoin de ça, que j’étais normale. Papa a dit que le fait que je sois une sorcière troublait peut-être les diagnostics. C’est sûrement cela. *J’suis pas folle*.

C’est possible de s’en sortir ?

Je veux lui dire oui, mais je sais que non. On s’en sort jamais vraiment. *J’m’en suis pas sortie*. Mais on peut arrêter les coups, les insultes, les Autres. Comme si c’était le plus douloureux. Ce sont les souvenirs qui hantent. Les certitudes qu’ils ont réussi à ancrer dans nos crânes. Les doutes permanents. Le réflexe de retenir son souffle et de se tendre dès qu’on entend un bruit. De baisser le regard quand on croise quelqu’un. Les cauchemars la nuit.

Ses cheveux sont beaux. Je tremble quand elle dit débile ; je le connais, ce mot. Rarement solitaire, souvent accompagné de folle, tarée, idiote, sorcière — est-ce une insulte ? —, dingue, timbrée, et il y a même eu quelques connasse ou salope, d’ailleurs. Je ne sais toujours pas ce que signifie vraiment le dernier. Je n’ai pas demandé à Papa.

« C’est un mot pour désigner quelqu’un qui n’est pas comme eux, murmuré-je. Comme toutes leurs insultes. »

Y’a-t-il besoin de chercher plus loin ? De se demander pourquoi suis-je folle, tarée, timbrée, dingue, idiote ou débile ? Non. Ce que signifient ces mots ? Si j’ai une maladie mentale ou un trouble, si je ne comprends rien, si je suis moins intelligente ? Non, parce que c’est faux, je le sais bien. Cassy se fichait bien du sens des mots, l’important était qu’ils désignent une différence.

« On s’en sort jamais vraiment, tu sais. Je veux dire, ça peut s’arrêter. » Ne surtout pas lui faire trop peur. Ne pas lui mentir non plus. J’aime pas mentir. Ce serait plus simple, mais je n’aime pas ça. « Mais on n’oublie jamais. »

Et la Flamboyante voudrait savoir comment est-ce que je m’en suis sortie ? C’est une histoire terriblement pitoyable. Elle me fait honte, Merlin. Qu’est-ce qu’elle me fait honte.

« Je faisais des crises d’angoisse. Le soir ou le matin, avant d’y aller. Mes parents m’ont forcée à en parler. » Ma voix tremble. J’ai envie de détourner le regard, de me taire, mais je me retiens. « J’ai arrêté l’école. J’apprends à la maison. C’est mieux. Je leur ai jamais reparlé. »

*Mais j’les ai déjà revu*. Oui, j’ai croisé Cassy il y a quelques mois. Je l’ai vu au milieu de la foule, et quand je me suis arrêtée de marcher, un Autre m’a percuté. Le temps que Papa me demande ce qu’il me prenait, elle avait disparu. J’ai fait une crise d’angoisse en rentrant.
Mais la Flamboyante n’a pas à le savoir. Non, elle, elle s’en sortira peut-être mieux que moi.
Peut-être.

« Pourquoi ils te font ça ? Qu’est-ce qu’ils disent ? À part tes cheveux. »

J’ai osé. Au pire, elle me dira d’aller me faire voir, et je n’insisterai pas plus, même si ce serait vexant. Cette question persiste ; pourquoi feraient-ils cela à une Autre ? Quelle partie d’elle diffère de leur système parfait, quel élément sort des cases ?

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]