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31 mars 2020, 09:52
 Manchester  Une lettre très attendue
Nous étions fin août, et Galatée lisait un roman, dans le jardin à l'arrière de sa maison, allongée sur une serviette posée sur l'herbe. Elle était blottie sur le côté, sa main droite soutenant sa tête, et son chat ronronnait contre son ventre. Le soleil brillait, sans aucun nuage à l'horizon. Les grondements des arroseurs automatiques sur les pelouses couvraient à moitié la musique du voisin d'en face, un violoniste. Une fin d'après-midi ordinaire, dans un quartier ordinaire, dans une ville ordinaire. Elle bailla à s'en étouffer, en se frottant vigoureusement les yeux.
Son chat leva alors la tête, assez brusquement. Une ombre fugace passa sur le livre de la sorcière. Elle leva la tête mais ne vit que le ciel vide. Franchement intriguée, elle se leva, au grand déplaisir de son félin, et se dirigea vers la porte arrière, qui donnait sur la cuisine. Elle épousseta sa longue robe fleurie (la préférée de sa mère) avant de rentrer, passa une main dans ses cheveux pour en retirer l’herbe qui s’y serait éventuellement accrochée, pris une grande inspiration et entra dans la maison.
Une lourde odeur d'encens flottait dans tout le rez-de-chaussée. Elle entendait les cliquetis d’une machine à écrire, dans le salon. Quelques murmures pensifs coupaient ces longues phases de tapotages. Elle entendit un hululement et son cœur se mit à battre à tout rompre. Elle n’avait osé y croire jusqu’à cet instant, mais un espoir commençait à naître en elle. Elle était arrivée ?! Elle avança lentement dans le couloir, faisant attention à ne pas marcher sur les feuilles volantes étalées ça et là. Lorsqu’elle arriva sur la terrasse avant, une grosse chouette grise aux yeux jaunes et perçants se trouvait sur la rambarde. L’animal tenait une lettre dans son bec. La jeune fille s’approcha timidement.


-Bonjour ? …

La chouette hulula avec un certain mécontentement. La jeune fille s’excusa à mi-voix et s’empressa de lui offrir sa main, où la messagère déposa l’enveloppe. Elle ébouriffa son plumage, hulula, l’air de dire “Devoir accompli” et s’envola. Pendant ce temps, Galatée tenait l’enveloppe de papier jaune et vieilli, regardant avec émerveillement le sceau de cire rouge, frappé aux armoiries bien connues. Elle se mit à courir, ne prenant pour le coup aucune précaution, une tempête de papier derrière elle, provoquée par les mouvements d’air dans ce couloir trop étroit. Elle fit irruption dans le salon, et sa mère leva des yeux fatigués vers elle :

-Oui, Galatée ?

-Maman ! Elle est là ! Ma lettre est arrivée !


La femme se leva, le dos voûté, et suivit sa fille, sans accorder aucune attention à sa joie débordante. Une fois dans la cuisine, la petite prit un couteau et sortit plusieurs parchemins de leur écrin de papier. Elle commença à lire, rayonnante :

-Chère Mlle Aloysia,
Nous avons le plaisir de vous informez que vous bénéficiez d’ores et…


-Très bien chérie. Maintenant il faut que je finisse mon article…


Galatée regarda sa mère disparaître dans le salon. L’irritant tapotement reprit. La blonde soupira, rangea la lettre dans sa sacoche, et retourna lire, avec le calme, le violon, les tuyaux d’arrosage et son chat. Mais de tout le reste des vacances, un sourire ne quitta pas son visage. Et une pensée ne quitta pas son esprit.

“Poudlard, me voici !”

Credo quia absurdum.
Que vos choix soient le reflet de vos espoirs, et non de vos peurs.
#38761D