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28 févr. 2019, 17:01
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Lorsque je vis le regard que me jeta Aelle, j'eus envie de revenir en arrière. Revenir au temps où je n'avais pas proposé mon idée de pari qui semblait inexorablement complètement stupide. Pourquoi je n'avais pas l'habitude d'avoir des conversations normales avec des gens ? Pourquoi je n'avais pas l'habitude d'abaisser mes barrières comme je l'avais ainsi fait avec la Poufsouffle ? Ah oui... Pour ne pas me sentir aussi stupide qu'en cet instant. Mes joues chauffaient et je n'avais qu'une envie, celle de fuir de ce wagon. J'étais cependant beaucoup trop embarrassée pour faire le moindre mouvement. J'avais l'impression que si je bougeais, les choses seraient encore pire. 

Ma compagne de voyage me demanda l'utilité de faire un pari. Tout mon corps avait envie de lui crier "Pour que l'on puisse se revoir, pour être certaine qu'il ne se passera pas à nouveau des mois avant que je n'ai de tes nouvelles, pour avoir un sujet de conversation si jamais on se croise dans le château." Mais aucun son ne franchit la barrière de mes lèvres scellées. Même si j'avais été seule dans le wagon, ses paroles n'auraient probablement pas franchi mes lèvres non plus.

Je baissais la tête pour regarder mes pieds, ne voyant ainsi pas le changement s'opérer dans le comportement de mon interlocutrice. Je ne vis pas ses yeux pétiller et je sursautai lorsque sa voix surgit du silence inconfortable ayant suivit mon intervention. 

Je mis quelques instants à me rendre compte de ce que cela signifiait. Elle était d'accord pour faire ce pari avec moi, elle était d'accord pour que l'on se revoit. Ola calme Ebony, qu'est-ce qu'il te prend ? Rappelle toi que tu te fiches de savoir ce que les gens pensent de toi alors pourquoi t'inquiéter que cette fille veule te revoir ou non ? Mais une petite voix dans ma tête me disait que ce n'était pas n'importe quelle fille... C'était Aelle. Et Aelle était spéciale.

Je perçu une sorte de... D'euphorie lorsque ma camarade me dit qu'elle gagnerait sûrement quelque chose de cool. Gagner ? Le pari. Reconcentre toi Blackburn. Qu'est-ce que j'avais à offrir à la Poufsouffle... Je n'en avais aucune idée, elle venait de me mettre la pression à me dire que ce serait forcément quelque chose d'intéressant. Elle attendait beaucoup de moi alors que... Nous ne nous connaissions pas depuis très longtemps et cela commençait à me faire peur. J'avais vraiment l'impression d'être moi-même avec elle, de ne pas jouer un rôle, de ne plus être un glaçon. Mais si elle aussi disparaissait de ma vie ? Toutes ces émotions étaient carrément flippantes et j'avais beaucoup de mal à faire le tri et à savoir ce que je voulais, ce que j'attendais d'elle. 

" Mmh... Je préfère garder la surprise c'est beaucoup plus drôle. Si vous gagnez la coupe cette année, tu auras tout le temps de découvrir ce que tu gagnes. "

Je restais bien évidemment la fille mystérieuse avec un regard mystérieux c'était beaucoup plus drôle, bien que le petit sourire au coin de ma bouche ne laissait peu de doute quant au fait que je m'amusais beaucoup de la situation. En réalité, je n'avais absolument aucune idée de ce que je pourrais offrir à Aelle si Poufsouffle gagnait la coupe des quatre maisons. Cependant, j'avais pris pour habitude de trouver mes cadeaux en me baladant dans les magasins alors j'aurais probablement le temps de trouver quelque chose le moment venu si le moment venait un jour. J'aurais tout le mois de juin pour me préparer à cette éventualité, et si jamais les scores étaient serrés mais qu'au final nous gagnions, je pourrais toujours lui donner ce que je trouverai.

Je ne savais pas depuis combien de temps nous étions partis, mais j'estimais que cela faisait bien deux bonnes heures désormais et mon ventre commençait à avoir un peu faim. Cependant, je n'avais absolument aucune envie de quitter le confort de ma banquette. Le soleil me réchauffait légèrement ma peau tannée et une odeur de vacances continuait de flotter dans l'air, bien que je sache parfaitement que la rentrée se profilait et qu'il allait falloir que je me remette dans mes études.

J'avais plutôt de bons résultats, mais il était vrai que passant le plus clair de mon temps seule, je n'avais pas d'autre choix que de travailler. Je passais ainsi de longues journées à la bibliothèque ou dans le parc lorsqu'il ne faisait pas trop froid. 

Lorsque mes devoirs étaient finis, j'aimais regarder des livres sur différentes formes de magie à la bibliothèque. Je trouvais vraiment cela très intéressant de voir qu'il existait beaucoup de traditions et j'espérais pouvoir découvrir cela plus en détail dans les prochaines années. Peut-être qu'un jour je pourrais aller en Australie ?

" On est bien ici quand même, ballottées doucement par le train, avec un petit rayon de soleil, à... Parler tranquillement. Tu sais, c'est rare que je parle à des gens, j'aime pas trop ça d'habitude. "

Je ne savais pas du tout pourquoi j'avais dit ça là, mais d'un coup j'avais eu vraiment très envie de pouvoir partager cela avec ma camarade. J'aimais passer du temps avec elle, c'était un fait et je ne voyais pas pourquoi faire semblant, cela n'avait aucun sens. Parfois en grandissant on se mettait des barrières sans raison alors que tout était plus simple si on faisait les choses comme on en avait envie.

Reducio
Encore désolée pour le retaaaard

Troisième année RP (2043-2044)

JE SUIS UNE FILLE.

11 mars 2019, 19:55
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Une pensée folle me gagna. Mes yeux charbons plongés dans ses perles, mon corps tendu vers l’avant, le souffle court, j’en vins à penser que j’avais déjà eu ma récompense. Mon regard dévala sa peau mate, caressa ses lèvres galbées et tomba du nez pour s’échouer sur sa joue. Mon cœur battait lentement dans ma poitrine, bien trop lentement. Et trop fort. Comme s’il savait que ce moment était important ; il l’était. Dans un coin de ma tête, je me forçai à ne rien oublier. J’essayai de saisir l’essence de ses yeux et l’explication de ses mouvements. Je voulais me rappeler de ses cheveux qui lui retombaient mollement sur le front, de cet éclat dans son regard qu’elle ne détournait pas de moi, de sa voix double qui faisait s’envoler et chuter mon cœur dans le même temps. Je voulais tout garder et tout oublier. Ne serait-il pas plus simple de ne se souvenir de rien ?

« Mmh… Je préfère garder la surprise c’est beaucoup plus drôle. »

Quand elle parla, je tombai sur ses lèvres. J’aurai pu l’écouter des heures durant ; je crois. Le fait est que cette voix-là m’accrochait sur terre et refusait de me laisser m’en aller. Mais je ne devais pas m’en faire pour si peu, car des voix qui avaient du pouvoir, j’en connaissais des tas et elles n’avaient jamais rien empêché. N’est-ce pas ? Il n’y en avait qu’une qui avait pu m’empêcher moi. Mon coeur se retourna dans ma poitrine quand je m’imaginai l’entendre, tout à l’heure. Allais-je la voir ? *Charlie* Allais-je la croiser au château ? Sera-t-elle avec sa Chinoise ?
*Tais-toi !*
Je regardai Ebony.
C’est à elle que je devais penser.
A elle.

« Si vous gagnez la coupe cette année, dit-elle d’une voix d’Ailleurs qui m’arracha à mes pensées, tu auras tout le temps de découvrir ce que tu gagnes. »

Je battis des paupières pour mieux la voir. Pour retourner dans l’instant présent. Elle était là, avec un petit sourire qui me serra le cœur ; j'éprouvai la brutale envie de l’attacher à moi. Il devait exister des sortilèges pour cela, non ? Il en existait, j’en étais persuadé. Je le savais. Et si leur nom m’échappait aujourd’hui, c’était seulement parce j’étais perdue dans cette Autre qui m’avalait complètement. Je baissai les yeux pour retenir le flot d’émotions qui me secoua. Le gouffre béant dans ma poitrine voulait tout arracher, tout grignoter ; mais moi, je focalisai sur mon idée, imaginant sans mal un sortilège qui forcerait Ebony à passer du temps avec moi. Peu à peu, la panique qui m’avait si rapidement gagné reflua.

Je crois que je hochai la tête en réponse, mais je n’en étais pas sûre. Je gardai en tête la force de son sourire et la brûlure de son regard. Au cas où, je hochai frénétiquement la tête une seconde fois de peur qu’elle pense que je n’étais pas d’accord avec elle. Mais je l’étais et si elle ne venait pas me revoir pour me donner ma récompense, je lui foutrais mon poing dans la figure. C’était une promesse que je me faisais à moi même. Je n’oublierais jamais ses paroles et je ferais tout pour qu’elle ne les oublie pas également.

Puis le silence s’installa dans le compartiment et je sentis la morsure du regret m’arracher un souffle ou deux. *J’dois parler !*, pensai-je alors sans pourtant être capable d’imaginer un seul mot à dire. Je tournai la tête vers la fenêtre et me perdis dans le paysage pour ignorer le règne du Silence qui refroidit l’espace autour de nous. C’était un monstre. Il s’installa dans ma tête et m’obligea à chercher, en vain, un mot à dire. Mais la moindre de mes idées était une énorme connerie qui ne présentait aucun intérêt. Je ne savais même pas pourquoi je voulais parler alors — je jetai un regard vers elle — qu’elle avait l’air si posée dans son silence. Mais moi, ce silence, il m’irrita la peau et fit trembler mes membres. Ma jambe s’agita contre l’assise et mes doigts fouillèrent ma robe. Le monstre se balada sur ma peau ; ce n’était pas des frissons, mais une présence invisible qui m’empêchait de respirer en paix.

Le Silence était insoutenable ; j’étais à deux doigts de me lever et de dégueuler le premier mot qui me viendrait à la bouche quand Ebony prit la parole.

« On est bien ici quand même, ballottées doucement par le train, avec un petit rayon de soleil, à... Parler tranquillement. »

Je jetai mes yeux sur elle et le soulagement déferla dans mon corps. Ne restait désormais dans mon coeur qu’une étrange douleur et un constat qui me fit acquiescer intérieurement : c’est pour ça que je n’aimais pas les Autres ; parler était trop difficile. Mais étrangement, je n’avais aucune envie d’arrêter de ressentir cela si ça signifiait être près d’Ebony.
Je la regardai. Pas pour l’observer. Mais pour me nourrir d’elle ; mes yeux avides parcoururent son visage et s’arrêtèrent sur ses lèvres qui Créaient cette voix si profondément double.

« Tu sais, c'est rare que je parle à des gens, j'aime pas trop ça d'habitude. »

Puis la voix se transforma en mots et alors mes yeux se froncèrent.
*T’es bien, là ?*
Comment pouvait-elle être bien alors que le silence me bouffait ?
*Avec moi ?*
Pourquoi ?
*J’aime pas non plus parler aux Autres.*
*Mais avec toi, j’aime bien*
Quelle connerie. C’est seulement qu’elle était moins insupportable que les Autres, n’est-ce pas ?

Elle ne me regardait pas, mais moi j’étais si profondément enfoncée dans son regard que je m’y perdais.

« Y’a mieux comme endroit, » dis-je du bout des lèvres sans penser à lui expliquer que j’avais envie de crever tant le silence était douloureux. Son regard était bloqué quelque part sur moi et soudainement j’eu l’envie de lui crier de me regarder pour me laisser ne serait-ce qu’une chance de comprendre ses mots. Mais elle persista et ma gorge se noua. Tout à coup, la sensation que le monde allait m’engloutir me prit aux tripes et j’eu l’irrésistible envie de repartir au Domaine ; mon cœur se serra quand je songeai que j’en serais si loin, pendant un temps si long. « Pourquoi ? demandai-je à voix basse. Si t’aimes pas parler, pourquoi tu parles ? »

Mon cœur, après sa mise à mort, s’emballa furieusement. Comme une bête énervée, il rua dans ma poitrine et s’agita dans tous les sens. Mon esprit, lui, était un cavalier sans aucune fougue : il protesta, il refusa, mais il ne regretta pas les mots qu’avait produit ma bouche ; alors il n’empêcha en rien mon cœur de s’agiter. Les lèvres serrées l’une contre l’autre, les doigts crispés sur ma robe et les yeux plongés dans ceux, fuyants, d’Ebony j’essayai d’être grande alors que je me sentais si petite à l’intérieur. 

Un certain texte du point de vue de Krissel est disponible sur demande. 

06 avr. 2019, 11:02
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Je me mordillais les lèvres, pas tout à fait à l'aise quant à la situation actuelle. J'avais un peu peur de la réaction d'Aelle. La première fois que je l'avais rencontrée au Chaudron Baveur, elle avait eu des réactions assez étranges. Elle était comme intriguée par moi, mais en même temps elle aurait voulu que je la laisse tranquille avec son frère et j'avais donc l'impression de plus être un parasite qu'autre chose. Allait-elle finir par me faire comprendre que je la gênais et que je ferais mieux d'aller autre part ?

Je commençais à m'ouvrir à elle et cela me faisait peur, ce n'était pas une bonne idée, je sentais bien que j'allais encore le regretter. J'étais prête à retirer ce que j'avais dit, à dire que de toute manière je ne l'aimais pas plus que les autres, de ma voix froide et sans aucune émotion, mais elle parla avant que je ne puisse enlever ces paroles inhabituelles de ma part. 

« Y’a mieux comme endroit.»

Cette phrase m'interpella beaucoup plus qu'elle n'aurait dû étant donné de sa banalité. Il y avait mieux comme endroit... Ca faisait longtemps que je ne me sentais plus à l'aise chez mes grands-parents. Le seul endroit que je pouvais un tout petit peu considérer comme ma maison était Poudlard. Je pouvais étudier, passer du temps dans ma salle commune à observer les gens, ou à la bibliothèque. Même si je ne parlais pas à grand monde, l'ambiance était toujours un peu festive et j'aimais beaucoup les différentes atmosphères qui se dégageaient tout au long de l'année. Au début de l'année, les petits nouveaux s'émerveillaient de tout et n'importe quoi, surtout les Moldus. Et même si j'avais tendance à jouer la fille agacée, je devais avouer que cette période était tout de même très intéressante. Ensuite, la période d'Halloween était accompagnée de petites animations, de déguisements, de farces. Bien évidemment, lorsque j'étais moi-même sujette aux farces, je rigolais beaucoup moins. Mais quand cette pimbêche d'Horny avait sauté de son banc en plein milieu du banquet, j'avais trouvé ça beaucoup plus drôle. La période de Noël était encore mieux ! De la neige se trouvait un peu partout dans le château, des flocons qui duraient... Ce train me ramenait vers tout cela, vers ma maison, vers le seul endroit au monde où j'étais à l'aise. Je ne pouvais que me sentir bien dans le Poudlard Express.

Cette réflexion me fit envier un peu Aelle. Si elle ne se sentait pas comme chez elle dans le train, cela signifiait-il donc réellement qu'elle était très attachée à sa famille ? Plus qu'aux personnes qu'elles pouvaient rencontrer dans le château ? Ou tout du moins, plus qu'à tous ces petits trucs qui faisaient que Poudlard était magique ? Peut-être que j'aurais été comme ça aussi si j'avais eu une vraie vie de famille. Peut-être que j'aurais été comme tous ces gamins qui pleurent, accrochés à leurs parents sur le quai 9 3/4 parce qu'ils ne veulent pas partir de chez eux. Encore une fois, je me posais un tas de questions sur la situation que j'aurais pu avoir et la personnalité que j'aurais alors eue. Mais en même temps, j'étais très contente d'être à ce point attachée à Poudlard, alors cela valait peut-être un peu le coup finalement.

« Pourquoi ? »

*Hein? Quoi?

« Si t’aimes pas parler, pourquoi tu parles ? »

Ah oui... Pourquoi est-ce que je parlais à la Poufsouffle et que je n'étais absolument pas aimable avec toutes les autres personnes...

" Je...  "

Je commençais à paniquer, ne sachant que dire. Comment expliquer quelque chose que je ne comprenais pas moi-même ? Pourquoi est-ce que je m'étais mise dans cette situation ? J'aurais mieux fait de me mettre dans une wagon aléatoire où je n'aurais pas eu besoin de faire la conversation, où je n'aurais pas paniqué devant le silence en disant que je n'avais pas pour habitude de parler à des gens comme je le faisait avec Aelle et je ne me serais pas retrouvée avec une question à répondre à laquelle je n'avais pas la réponse. J'avais actuellement très envie de me taper la tête contre la vitre de mon wagon pour mes idées complètement stupides.

De toute manière, tout était de la faute de Katy. Si elle n'était pas intervenue quand je me moquais de ma soeur, elle ne m'aurais jamais parlé, elle ne m'aurait jamais dit qu'il fallait que j'essaye de m'intégrer et je n'aurais jamais fait l'effort de parler à ma camarade. Tout était de sa faute et je la détestais. Elle était où d'ailleurs, elle devait bien se trouver quelque part dans le train non ? Il me semblait qu'elle m'avait dit ne plus vouloir être préfète cette année, elle était donc forcément quelque part dans un wagon quelconque. Peut-être pourrais-je prétexter devoir la retrouver pour échapper à cette question ?
Mais au moment où la question me traversa l'esprit, la réponse fusa aussi vite. Non. Ce n'était absolument pas dans mon caractère, je réussissais toujours à fuir les questions mais de manière beaucoup plus subtiles que cela. J'avais la ruse de mon côté pour me permettre d'éviter cette question gênante à laquelle je n'avais absolument aucune envie de répondre. Il était hors de question que je parte de ce wagon, je devais trouver une autre solution.

" Peut-être qu'à l'issu du pari que tu vas perdre tu le découvriras, qui sait ?  "

Ayant repris confiance en moi, je regardais désormais Aelle droit dans les yeux, attendant de voir sa réaction.

Troisième année RP (2043-2044)

JE SUIS UNE FILLE.

18 avr. 2019, 08:38
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Je détestais cela. Être en attente des Autres ; il n’y a pas pire sentiment que de se sentir attaché à eux par mille liens invisibles. Et pourtant, j’étais incapable de me dépêtrer d’elle. Si je le pouvais, je me serais levé pour partir. Mais le fait est que j’attendais, avec une impatience fort désagréable, qu’elle me donne la réponse tant attendu. J’essayais, en vain, de dessiner des hypothèses dans ma tête. Je me demandais bien où une fille comme elle pouvait bien trouver l’intérêt de me parler. N’y avait-il pas davantage de mots dans la bouche des Autres ? Je ne sais pas ce qu’elle attendait, elle, de moi, mais elle ne pourrait qu’être déçu. Je n’avais pas envie de me transformer en Autre.

Mes divagations me perdirent pendant quelques secondes, mais elles ne me firent en aucun cas oublier que cette fille devant moi m’avait enchaîné à elle. Tout à coup, je me rappelai que je n’avais quasiment pas pensé à elle durant les mois qui nous avait séparé. Lors de notre première rencontre, elle s’était enfui lâchement, préférant ses larmes à ma compagnie. Elle m’avait arraché mon frère. Et s’il était rapidement revenu, je n’avais pas oublié son regard lointain ; j’avais alors été persuadé qu’il pensait à elle, alors qu’il aurait dû penser à moi. Puis je l’avais oublié, cette Ebony.
Aujourd’hui, je me demandai si je l’oublierai aussi vite. J’avais l’impression que ce ne serait pas si simple ; dans mon silence, je pris tout à fait conscience que j’étais en train de m’habituer à la regarder, à l’entendre, à l’écouter — même si les trois quarts de ses mots étaient une bouillie incompréhensible. Mon coeur se souleva d’une étrange façon et une chaleur particulière naquit de mon ventre et se diffusa dans mon coeur. Mal à l’aise, je me détournai. J’essayai de me persuader qu’elle finirait par partir comme la dernière fois, m’évinçant sans aucune difficulté.

Quand enfin elle m’offrit sa réponse, je trouvai le courage de la regarder ; mon coeur sursauta en rencontrant ses yeux. Dès que ses mots atteignirent ma conscience, je grimacai. Elle évitait ma question. Merlin, je ne détestais rien de plus que les Autres qui disaient des choses puis qui n’osaient pas les expliquer. Qu’ils se taisent donc ! La rancoeur devait se voir sur mes traits et je ne fis rien pour la cacher ; son pari idiot ne devait pas être la réponse à tout. Pourquoi ? Parce que je n’étais certainement pas du genre à entendre un an pour Savoir.

« En fait, soufflai-je à voix basse, tu parles pas vraiment. »

Je soutiens son regard quelques secondes avant de me détourner, une moue déformant ma bouche. La douleur s’infiltra dans mon corps sans attendre ; elle fila de mon coeur, renversa le souffle de mes poumons et s’installa dans ma gorge nouée. Elle avait une teinte particulière, cette rancoeur douloureuse. Elle était aussi désagréable qu’avant, mais l’accompagnait un regret idiot qui me fendit le coeur. Et que je m’empressai de rejeter loin de moi.

*Dégage, s’tu veux pas m’parler*
Ma mâchoire se crispa. Je fixai un point invisible sur la paroi derrière Ebony et je décidai de ne pas m’en détourner.
*Où elle est, l’aut’ gosse ?*
Je me pris à souhaiter que Krissel revienne maintenant et qu’elle détourne l’attention d’Ebony de ma colère.

07 mai 2019, 16:44
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Et ce qui arriva devait arriver. Aelle fut instantanément particulièrement déçue de ma réponse. Voir cette moue qu'elle ne pu s'empêcher de faire, ou qu'elle ne voulu s'empêcher de faire provoqua automatiquement un pincement de mon petit coeur. Souvent, Alyssa disait que je n'avais pas de coeur ou alors qu'il s'était tellement transformé en pierre depuis ses dernières années que c'était comme si je n'en avais plus. Au début, je n'avais jamais pris cette remarque en compte puisqu'elle apparaissait toujours lorsque nous nous disputions et je pensais simplement qu'elle ne voulait que me blesser. Mais, cet été, elle m'avait reparlé de cela. Elle m'avait dit "Tu sais Ebony, un jour il va falloir t'ouvrir aux autres, il va falloir que tu les laisses pénétrer dans ton coeur, tu finiras toute seule sinon". Sur le coup, j'avais bien évidemment argué que je n'avais besoin de personne, que je me débrouillais très bien toute seule et que je n'avais pas besoin de dégeler mon coeur ou je ne sais quoi. Puis d'abord que si mon coeur était gelé ou transformé en pierre il ne fonctionnerait pas correctement et il me serait impossible de respirer et donc de vivre. Alyssa avait secoué la tête de désaccord mais n'avait rien ajouté si ce n'est "Tu verras bien". Avant, j'aurais très mal pris ce genre de remarques, mais à ce moment-là je savais que c'était uniquement pour mon bien. 

Les yeux de la Poufsouffle me fuyaient désormais. Elle avait tant l'air blessée et en colère que je ne veuille pas lui parler. Mais comment lui expliquer quelque chose que j'avais encore beaucoup de mal à comprendre moi-même ? Pendant quelques minutes, je restais les yeux fermés, les pieds sur la banquette et mes bras autour de mes jambes. Je ne ressentais plus que les roulements du train me secouant dans tous les sens. On aurait pu croire que cette sensation pouvait être très désagréable, mais j'avais l'impression d'être bercée et de me sentir en sécurité. Peut-être que quand j'étais petite, on avait pour habitude de me bercer ainsi pour me calmer et que c'était pour cette raison que j'arrivais à ressentir un certain calme dans le Poudlard Express ? Il faudrait que je demande cela à Alyssa. Pour l'heure il était temps que je parle un peu avec ma camarade, je n'avais pas forcément été très sympathique. A vouloir être mystérieuse et jouer jusqu'au bout, j'étais peut-être allée trop loin. Etait-il trop tard pour inverser la tendance ? J'allais le découvrir tout de suite.

" Bon... Tu as raison, je te dois t'en dire un peu plus sur moi. "

Avant qu'Aelle n'ait la brillante idée de m'interrompre en me disant que je ne lui devais rien ou un truc comme cela, je repris. Si je ne lui expliquais pas ça maintenant, je n'aurais probablement plus le courage par la suite. 

" Mes parents ont disparu quand j'avais deux ans. On n'a jamais voulu vraiment me dire comment, c'est un peu un sujet tabou dans notre famille. J'ai deux grandes soeurs. Madison est retournée vivre en Australie quand j'avais neuf ans et Alyssa est encore à Poudlard, elle est à Serdaigle. Elle fait partie de ce groupe de filles qui ne font que rigoler pour tout et rien. Bref. 

Nous vivons chez nos grands-parents depuis que nos parents ont disparu. Quand mes deux soeurs sont allées à Poudlard, je me suis beaucoup retrouvée toute seule avec ma grand-mère car mon grand-père voyage beaucoup pour trouver des plantes rares. Au début, ça allait, mais au fur et à mesure des années, elle a commencé à devenir folle. J'en voulais beaucoup à Alyssa de m'avoir laissée tomber et j'ai commencé à l'embêter. Elle m'en voulait beaucoup de lui en vouloir et de ne pas en vouloir à Madison partie en Australie alors elle a très vite répliqué. 

Résultat, depuis quatre ans, je suis assez seule. A Poudlard j'ai décidé de ne pas vraiment me faire d'amis parce que je ne voulais pas qu'on m'abandonne et puis de toute façon je préfère observer. Je crois que tu sais le principal sur pourquoi je ne parle pas beaucoup aux gens..."

Ma tirade terminée, j'avais les yeux légèrement brillants d'émotion. Je ne savais pas trop comment gérer le fait d'avoir raconté une bonne partie de ma vie à Aelle, mais en même temps, une certaine lueur brillait dans mes yeux. Pour montrer que même si ce n'était pas facile, je me débrouillais quand même pas si mal que cela ? Parce que j'étais quand même un peu fière de moi ? Je ne savais pas trop, trop d'émotions se mélangeaient en même temps et il n'était pas évident de tout remettre à sa place. 

Troisième année RP (2043-2044)

JE SUIS UNE FILLE.

08 nov. 2019, 05:19
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Co-écrit avec la
Plume d'Aelle



Je ne voyais pas la couleur de ses yeux, ni la note repoussante de son visage ; mon regard était juste plongé dans le fantôme du sien, qui était concentré autre-part. Ça ne me servait plus à rien de plonger, j’étais déjà à moitié noyée.
Alors je tanguais dans son regard qui ne m’accordait rien, mélodie de mon eau désaccordée.

Entre les gargouillements de mes complaintes aqueuses, je me demandais pourquoi j’étais en train de fixer mon miroir. *Contrastée…*. C’était rare de voir une gueule qui ressemblait autant à la mienne. Rare, ouais, mais je m’en foutais quand même. Ça n’arrêtait pas le grésillement de mes pensées, ça n’arrêtait pas leurs grincements sur mon assiette. Mes dents s’en fissuraient. Insupportable.
Et mes doigts n’arrêtaient pas de me rappeler leurs douleurs serrées.

Je stagnais sur ce regard-loin-de-moi, en étant à moitié coulée. Et tout au fond de moi, je me rendais compte qu’il ne m’intéressait même pas — ce regard. Je ne m’intéressais même plus à moi-même. La douleur prenait toute la place, je n’avais plus la moindre miette d'espace pour penser. *Dormir*. Depuis plusieurs semaines — ou mois ? — ma douleur de crâne ne s’arrêtait pas, mais ce n’était pas ça qui me faisait vraiment mal.
Ce qui me tuait, c’était de ne pas savoir pourquoi j’avais aussi mal. J’essayais de bien dormir, de bien me reposer, de ne faire aucun effort, mais rien ne fonctionnait.
Je bouclais en moi-même, et dans le regard-fantôme face à moi, je me voyais. Présente, mais absente. Je n’étais même pas sûre d’être réveillée.

Dis ?

Une source. Un petit oiseau qui me picorait l’oreille droite de son unique mot. *C’te voix*. L’aigu était très fort.

Pardon, mais tu bloques l’entrée à mon…

Le picorement se transformait en martèlement d’aigus. Les coups étaient frappés avec une vitesse gerbante contre mon tympan. Mon œil droit se plissa en accord, m’arrachant la moitié du regard-miroir ; me laissant à moitié dans le noir.
*Bon Dieu…*. « À mon compartiment ». J’entendais sans rien comprendre, alors je fis ramper mes yeux jusqu’à la source. *Bouclettes*. C’était une blonde. Là.

Mon regard se penchait sur la rambarde de ma douleur, en laissant mon œil droit se découvrir encore une fois. Le regard de la bonde n’avait rien à voir avec le mien. Et moi, je n’avais plus rien à voir avec moi-même. *Faut…*. Sa façon de me regarder était belle. *Que…*. Ses prunelles étaient dans les miennes, mais elles étaient très loin de moi, comme si je n’existais pas pour elle. *Je…*. Elle était seule, et elle était très bien comme ça. Peut-être que c’était à elle que je ressemblais au final ? Et pas à l’autre-contrastée-sans-sens. *Dorme…*. Mais ce n’était pas le moment de réfléchir, mon crâne était sur le point de couler par terre ; j’allais en foutre partout sur la moquette.

Mon regard rampa dans l’autre sens, crissant contre la paroi de ma conscience. J’étais en train de m’éventrer l’esprit pour aller dormir. *Vite*. Mon poignet tremblait au bout de mon bras-tout-mou. *’llement lourde*. La valise m’arrachait le corps. Mes paupières frappaient mes yeux. La douleur augmentait, mais je devais avancer.
Mon pied se déplaça en avant, un pas. *Hein ?*. Je clignais des yeux encore une fois. *Qu’est-ce que…*.
Je devenais folle ? *Bouclettes*. La blonde était là.
Là.
Elle ne me regardait plus, et elle avait grandi. *Qu…*. Pas beaucoup, juste un peu grandi, un tout petit plus que moi. Je rampais vers ses yeux, tirant sur mes muscles d’orbites, perçant mon crâne à travers mon regard. *Noir*. Non, ce n’était pas La blonde ! *Louna !*. C’était sa sœur avec ses yeux-trop-noirs !
Elle me dépassa sans me regarder une seule fois, et je fis ramper mes yeux derrière elle ; le cou se dévissant de mon buste.
L’eau tanguait en moi, mais je voulais continuer à la regarder. *S’appelle comment ?*. Ses boucles blondes rebondissaient dans mes yeux, devenant de plus en plus petites. *Je…*. J’avais trop mal au cou. J’entendis mes genoux craquer comme une tempête dans mon corps. *Ha !*. Mon équilibre se cassait la gueule.
Je tombais en arrière ?
Mes bras se jetèrent dans les airs.

Je moulinais des mains par reflexe, mais j’étais plus concentrée sur les bouclettes blondes qui disparaissaient de ma vue. Une douleur explosa dans mon dos, faisant disparaître la sœur de Louna : mes yeux s’étaient fermés en croche finale. *Bordel…*.

Entre les mailles de ma poitrine, mon cœur frappait lourdement ; mais j’étais encore debout. J’entendais le son cristallin de la surface à travers mes vêtements : c’était la vitre du compartiment.
Tirant sur mes paupières, je découvris mon regard et ce qu’il contenait. *Bouclettes*. Encore une fois, mais ce n’était pas la sœur de Louna. Ma main gauche était écrasée contre elle, je sentais sa présence au bout de mes doigts crispés. *’l’ai frappée ?*. Je n’avais pas contrôlé mes bras, je ne savais plus ce que j’avais foutu.
Décollant ma main de La blonde, je fis tanguer mon eau en constatant ma valise par terre. *Bon Dieu…*. Je l’avais encore lâchée.
Sans faire attention à mon crâne qui hurlait, je me baissais entièrement pour attraper la poignée.

Mon sang cognait dans mes yeux, il s’agglutinait là-dedans en mélasse, aveuglant mon regard de Rouge. *Dormir…*. Je me relevais rapidement. Une envie de vomir me retourna l’estomac. *Faut qu’je dorme*.

Un compartiment vide, vite. Un Antre de solitude, encore plus vite ; vide.

je suis Là ᚨ

17 déc. 2019, 17:09
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Je ne savais pas ce que j’étais. D’un côté, j’étais terriblement en colère contre Ebony. Je me rendais compte que je n’avais attendu qu’une seule réponse à ma question et que celle-ci n’allait jamais arriver. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle n’était qu’un vague espoir, un rêve que je m’étais fait ; un rêve idiot, j’en avais douloureusement conscience. Cette réponse était pourtant toute simple. Ebony aurait dû dire : parce que j’t’aime bien. Cela sonnait si bien dans ma tête, cela était si beau dans mon imagination. Je lui aurais fait croire que je me foutais de ses mots alors qu’en réalité ils auraient fait battre mon coeur. Et je n'avais plus aucune honte à m’en persuader maintenant que je savais que cela n'arriverait jamais.
Et de l’autre côté, j’étais si triste que j’aurais pu m’enfuir de ce compartiment dans l’instant. Je me serais trouvé un petit coin à moi, toute seule quelque part, et au moins je n’aurais jamais été déçu. Finalement, c’est peut-être ce que je devrais faire. De toute façon, Ebony ne

« Bon... Tu as raison, je dois t'en dire un peu plus sur moi. »

Un unique sursaut me défracta le coeur et je jetai mon regard dans celui d’Ebony, me penchant en avant comme pour me rapprocher d’elle. J’en ouvris la bouche de surprise : elle allait parler ! Elle allait le dire ! Finalement, la chaleur que j’ai ressenti tout à l’heure dans le secret de mon coeur n’était pas une simple illusion ! Finalement, peut-être allait-elle me dire ce que je voulais entendre… Peut-être… Peut-être… Mes pensées s’effilochèrent. Mon coeur était si rapide dans ma poitrine, ses battements si forts, qu’il emporta mes pensées avec lui. Et moi, je ne bougeai pas ; en attente, pleine d’un espoir tremblant.

Et sa voix se déroula. Je ne perdis pas ma face béate dès les premiers mots, non. Au tout début, je me contentai de rester figée, écoutant, attendant. Il allait y avoir un lien ! Elle finirait par répondre à ma question, elle allait le faire au beau milieu du récit de sa vie — j’y croyais, même si je me demandais ce que ce récit-là venait faire dans notre histoire à Nous. Puis, au bout de quelques secondes, les oreilles habitées de ses mots et de ce que j’apprenais bien malgré moi, mon corps s'amollit et mon dos s’en retourna contre le dossier du banc. Et je restai interdite. Vide devant ce discours qui ne répondait en rien à ma question toute simple : pourquoi est-ce que tu me parles à moi ? La fin, cependant, parvint à m’arracher un sourire. Mais ce sourire était si acide qu’il me brûla les lèvres. Je savais pourquoi elle ne parlait pas aux gens, avait-elle dit, mais… *Mais*, me chuchota mon vil esprit, *j’sais toujours pas pourquoi tu parles à moi*.

Un étrange sentiment s’empara de moi. Il me serra la gorge et manqua de remplir mes yeux de larmes : tout à coup, je me sentis complètement idiote. Oui, idiote. Je n’étais que cela, une gamine idiote que l’on pouvait décevoir.
C’était si douloureux.
Si déstabilisant.
De ne pas avoir ce que l’on voulait.
Mon regard caressait Ebony sans la regarder. Je n’avais rien à dire pour combler le silence. Je n’avais rien à répondre au discours de sa vie. Je n’en avais rien à faire de sa vie, d’ailleurs. Rien à faire que ses parents aient disparu, rien à faire de sa relation avec sa soeur, rien à faire qu’elle puisse en souffrir. Rien à faire du tout.

Je tournai la tête vers la fenêtre. Là-bas, au loin, les collines défilaient. Elles me rappelaient la Maison. Il y avait des arbres aussi, comme à la Maison. J’aurais été si bien chez moi, au lieu d’être ici, enfermée dans ce silence, une boule dans la gorge m’empêchant d’émettre le moindre son. Ouais, finalement être proche d’Ebony n’était peut-être pas une brillante idée.

Un bruit m’arracha à ma contemplation. Ma nuque se tordit en direction de la porte du compartiment, mon esprit s’arracha à mes pensées. Là, contre la vitre de la porte, une tête si noire que j’en ouvris les yeux d’effroi. Une seconde plus tard, je compris que ce n’était qu’une chevelure et que je n’avais rien à craindre. Je me levai sans y penser, le corps tendu vers la porte comme pour repousser le poids qui l’avait fait trembler. *C’que c’est, qu’ça ?*. En fait, j’en avais rien à foutre. Je n’avais absolument aucune envie de rencontrer le regard d’un Autre maintenant, surtout pas. Mes yeux, couronnés de mes sourcils froncés, se tournèrent vaguement vers Ebony avant d’en revenir à la vitre. A peine avais-je émis la pensée d’aller dégager l’Autre de là que celle-ci disparue. Tout à coup, la vitre se dégagea et le corps inconnu s’en alla.

« Putain, mais…, » commençai-je à dire lorsque la porte s’ouvrit avec fracas.

Je me collai contre la vitre derrière moi, tant de surprise que pour m’éloigner de la tornade qui pénétra dans le compartiment. *Grewger !*. La petite blonde était survoltée. Son regard bleu était plus brillant que jamais, son uniforme était de travers, ses boucles blondes étaient brouillonnes. Elle jeta un paquet de sucreries sur le banc que je venais de quitter et éructa soudainement :

« Pétard ! Elle tenait même pas sur ses jambes et elle m’a mis un coup ! Un vrai, comme ça ! » Elle fit mouliner ses bras autour d’elle. « J’ai vraiment cru qu’elle allait me tuer, mais après je sais que c’était pas vraiment son intention, mais elle avait vraiment un regard encore plus bizarre que le tien, Ely, c’était vraiment trop bizarre. »

Elle me regarda, puis regarda Ebony et tout à coup elle se calma. Elle s’assit sur le fauteuil et secoua la tête. Soudain, alors que j’étais persuadée qu’elle allait se mettre à chialer, un sourire immense déguisa son visage et elle éclata de rire.

« Poudlard est vraiment différent d’la maison, hein ! C’est vraiment super chouette, j’adore déjà ! T’as vu Aelle, je t’avais dit que j’adorerais Poudlard. Tiens, t’en veux ? » Elle me tendit le paquet de friandises. « J’ai pris des patacitrouilles et des fondants. C’est c’que t’aimes, hein ? Dis, c’est c’que t’aimes ?
J'en veux pas, » répondis-je simplement en détournant les yeux.

Le changement de sujet de l'enfant me fit tourner la tête ; je préférai ne pas l'encourager dans son discours sans queue ni tête — de toute façon je n'avais aucune envie de discuter avec elle, préférant amplement me concentrer sur le paysage au travers la fenêtre pour oublier ce qu'il venait de se passer avec Ebony. Parfois, je lui jetais des coups d'œil que je pensais discrets mais qui ne devaient absolument pas l'être. J'essayais de comprendre ce qu'elle pensait, ce qu'elle ressentait, mais j'en étais incapable.

Krissel continua à pinailler et discuter même si personne ne lui répondait. Ebony lui offrit peut-être une réponse ou deux, je n'en savais rien, je n'y fis pas attention. Le regard perdu sur le défilé des collines et des arbres, je me laissai à songer à l'année qui arrivait et à la peur, la grande peur qui me secouait l'estomac à l'idée de retrouver le château après six mois d'absence.

- Fin -