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22 sept. 2018, 20:05
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 


1ère septembre 2043
Véranda - Domaine Bristyle
3ème année


« Tu feras attention à elle, Ely ? »

Je suis tétanisée.

« Elle t'aime beaucoup, tu sais. »

Mes jambes tremblent. Mon souffle se perd. Mes yeux s'écarquillent.

« Je crois qu'elle pourrait te faire du bien. Essaie de t'ouvrir à elle, d'accord ? »

J'ai le tournis. Le monde tourne autour de moi. Il vrille. Il tangue. A droite, à gauche. Il n'y qu'un point fixe dans ce Monde-qui-tourne. Qu'un point au centre de mon existence. Il me regarde droit dans les yeux, son regard noisette me sonde l'âme. Me déchiquette l'esprit. Il me regarde avec un sérieux qui détonne de son comportement habituel. Son regard est presque doux. Presque. Il aurait pu l'être, si je ne savais pas que la douceur de cet être-là était destiné à Elle plus qu'à moi.

Je prends un tout petit filet d'air avant de parler d'une voix crispée, presque incompréhensible :

« Je... Veux pas m'occuper d'elle. »

Mon corps entier se tend lorsque ces paroles m'échappent pour aller le frapper. Je bouge enfin, je sors de ma tétanie pour faire un pas en arrière. M'éloigner de ce frère qui me fait peur. Ses sourcils se froncent, ses lèvres s'ouvrent doucement. Son souffle brûlant me caresse le visage. Par tous les mages, pourquoi est-il si près de moi ?

« T'as rien à faire, Aelle ! » tonne-t-il soudainement. Je sursaute et il détourne le regard, me libérant de sa Loi. Il soupire doucement avant de me regarder à nouveau : « Tu peux seulement être là pour elle au début. Elle va avoir peur seule dans le château. Tu peux peut-être l'attendre dans le hall le premier matin pour la rassurer, non ? »

Je hausse les épaules d'un air négligent. J'ai l'air négligente, je le sais. Mais je ne le suis pas. Je ne le suis jamais réellement quand je suis face à Zakary. Je fais semblant, parfois, mais je ne suis jamais négligente face à lui. Il se redresse sur ses genoux. Ainsi, il fait ma taille. Mais même à ma taille, il paraît plus grand que moi. Je frémis et baisse les yeux.

« S'il-te-plait Ely. Si je te le demande à toi et pas à Aodren, c'est parce que je sais que tu peux bien t'entendre avec elle. Et elle avec toi ! Vous vous ressemblez beaucoup, tu sais. »

Je ricane et lui balance :

« Krissel me r'ssemble en rien ! »

« Tu te trompes, et si tu lui laissais une chance tu t'en rendrais compte. »

Il se lève en prenant appui sur ses genoux et je m'éloigne plus encore. Il m'écrasera de sa taille si je reste près de lui. Je regarde par la vitre donnant sur le jardin, caressant du bout des doigts le rideau qui, aujourd'hui, a pris la consistance d'une cascade.

« Si tu attends que je te l'ordonne, ça ne va pas tarder à arriver, Aelle, » dit-il dans mon dos.

Je grince des dents, agacée.

« Tu vas m'l'imposer quand même, t'façon ! lui lancé-je en me retournant. J'veux pas parce que moi je l'aime pas Krissel. Tu vas pas m'obliger à l'aimer, non ? »

« Tu n'aimes personne, Aelle, » affirme-t-il sur le ton de la plaisanterie. Mais il ne plaisante pas. Il le sait autant que je le sais. « Je te demande juste de répondre à ses questions, au moins les premiers jours. Elle est angoissée et... Et Lounis l'est encore plus qu'elle, ça le rassurerait que tu sois là pour elle. Les premiers jours, » rajoute-t-il en me lançant un regard appuyé.

Je souffle exagérément. Je n'ai aucune envie de m'occuper d'une gamine surexcitée. Je n'ai aucune envie de penser à cela. La seule pensée du château suffit à me tétaniser. Je n'ai aucune envie de traîner dans le hall le premier jour de collège, d'affronter tous ces Autres. Non, je ne veux pas voir les Autres. Mon cœur se serre et je baisse les yeux, incapable de parler. Même pour Lounis, je n'ai aucune envie de faire cela.

Zakary se baisse encore sur ses grandes jambes. Je n'aime pas qu'il fasse ça, mais ça me rassure.

« Tu ne seras pas toute seule au moins..., murmure-t-il. Aelle, si Krissel est là, tu ne penses pas que ce sera plus simple de retourner au château ? »

Je lui lance un rapide coup d’œil, surprise. *Comment … ?*. Non, il ne pouvait pas savoir. Zakary ne savait rien. Rien. Et les autres non plus. Ils ne comprenaient jamais rien.

« Y'a rien d'compliqué à retourner là-bas ! C'est qu'un château. »

Je dis cela en le regardant droit dans ses yeux de Grand Con. Il sourit doucement et lentement. Son visage est plus détendu que dans mes souvenirs. Il me regarde avec un quelque chose de dérangeant dans le regard. Je m'éloigne de lui, ignorant la boule qui grossit dans ma gorge.

« C'est bon, j'répondrai aux questions d'la gamine ! Mais que l'premier jour hein, crois pas que j'vais la laisser me suivre ! »

J'espérais qu'il s'énerve en m'entendant parler de sa pupille ainsi, mais il se contente de se relever, un sourire plus vrai sur les lèvres. Un sourire qui laisse voir ses dents toutes blanches. Je fais la moue. Zakary ne sourit jamais comme cela pour moi.

« Merci beaucoup, petite sœur. Merci. »

Il me regarde avec son regard-à-la-Narym. Je hausse les épaules, encore une fois, et sans même le regarder je m'enfuis dans le salon puis dans les escaliers. Merlin, je le hais. Je le hais autant qu'il aime Krissel.

oOo


1er septembre 2043
Quai 9¾, King’s Cross - Londres
3ème année


Le château sera immense. Une grande bâtisse pleine de pierres et d’espaces. De grands couloirs sombres, des murmures, des courants d’air frais. Il sera haut également, la plus haute tour jouera avec les nuages ; il m’écrasera. Comme Zakary, il m’écrasera. Comme Loewy, il m’écrasera. Il sera si haut, par Merlin, et si grand. Comment pourrais-je l’affronter ? Comment pourrais-je me dresser face à lui, moi qui suis si petite ? Dans le grand et haut château, je ne serais rien. Tout au plus, je serais une élève de Poufsouffle. Une élève de Poudlard. Mais si on m’enlevait tout ça *comme ces derniers mois* je ne suis plus rien.

Il suffisait que des personnes comme Loewy ou Chu-Jung hausse la voix et tout était fini. Ma vie n’était même pas à moi. Il suffisait que Papa ou Maman parle et je me retrouvais démuni. Le château avait le pouvoir de me couvrir de sa grande ombre et de me faire disparaître. J’allais crever dans les méandres de sa respiration, sous les pieds de sa centaine d’habitants, sous le souffle ardent de l’Inconnu.

« Hey, Ely ? »

Je pouvais déjà me sentir comprimé par sa force et son regard. Je sentais la pression s’infiltrer dans mes veines et m’arracher tout ce qu’il y avait à arracher. Mon coeur s’emballait déjà dans ma poitrine à l’idée d’être assise dans le train, seule. Papa et Maman, Zakary, ‘Naël et Narym ; tous me regarderaient partir. Ils seront peut-être attristés, peut-être que Papa aura les yeux humides et Maman la gorge serrée. Peut-être. Mais aucun d’eux n’était capable de m’arracher au château et à ma peur, alors à quoi bon ? Hein ? A quoi bon vous voir chialer. Moi aussi j’ai envie de pleurer.

« Aelle ? »

Il y avait Chu-Jung - Aodren m’avait dit qu’il serait encore là. Mais je n’en avais rien à faire de cet idiot capricieux et de son pouvoir. Il allait y avoir le vieux Chinois et sa face craquelée pleine de colère. Et il y aurait l’autre aveugle. L’autre fichue aveugle et son air de… *Elle a quelle tête, celle-là, d’jà ?*. Ses traits étaient flous ; il n’y avait que ses yeux pour se montrer à moi. Ses yeux et sa main. Étroitement liée à la Sienne. Que m’avait-il dit, Aodren ? Elles sont super classes ! Ca s’voit qu’elles sont faites pour faire équipe, y’a une… Comment on dit ? Ah ouais, une harmonie entre Rengan et sa Chinoise. Sa chinoise.

« He ! Bouge-toi un peu, Aelle ! On doit y aller ! »

Je clignai des yeux trois fois avant de tourner la tête vers Aodren. Ses petits yeux verts me regardaient avec curiosité.

« Ça va ? » me dit-il en se penchant sur moi.

Je haussai les épaules en m’éloignant, ignorant son regard sur moi. Je lançai une oeillade absent sur le reste de ma famille ; il n’y avait que Narym qui avait remarqué mon égarement. Il me regardait avec un air doux qui me fit mal au coeur.

Serrant le pot de Ricke contre mon coeur, j’attrapai la poignée de ma valise et sans un mot de plus, je traversai le mur de briques qui me séparait du grand Monstre-de-fer. De l’autre côté, un brouhaha ignoble m’accueillit. Le bruit m’agressa les sens ; mes yeux s’agitèrent à droite et à gauche, ne sachant sur quoi s’arrêter : les bagages, les familles, les enfants excités, les adolescents et leurs regards, les couleurs.

Ma respiration se bloqua dans ma poitrine. Là, dans la foule, il y avait cette fille. Une grosse fille au grand sourire ; je l’avais déjà vu, mais où ? J’en avais rien à foutre d’elle, pourquoi je sentais mon coeur s’ébattre et mon sang bouillir ? Elle disparut de mon regard et je commençai à tous les voir. Il y avait ce garçon de Poufsouffle qui était avec moi en cours, ce grand qui trainait toujours sur le meilleur fauteuil de la salle commune, la fille qui me souriait quand je passais près d’elle. Je ne l’avais jamais vu, comment pourrai-je me rappeler de son sourire ?

Je sentis sans le voir Aodren atterrir à côté de moi, riant à tout va avec un ‘Naël euphorique. Maman et Papa m’entourèrent rapidement. Ce dernier passa un bras autour de mes épaules et me tira en-dehors du passage. Ma gorge était douloureuse et je me laissai traîner, rassurée d’être près de lui. Rassurée qu’il m’arrache à tous mes souvenirs. Il me tourna vers lui, replaça mes cheveux autour de ma tête.

« Papa…, » fis-je d’une voix qui n’était guère plus qu’un souffle.
« C’est déstabilisant, n’est-ce pas ? Ne t’en fais pas, tu vas te réhabituer. »

Je regardai autour de moi, agrippant de mes yeux scrutateurs toute cette foule qui semblait si à l’aise, si normale.

« J’veux pas y aller, » gémis-je soudainement, le coeur au bord des lèvres.

Je n’étais même pas sûre d’avoir parlé à voix haute. Avais-je seulement pensé ces mots ? Bien sur que je voulais retourner au château. Je voulais apprendre et Savoir, retrouver la bibliothèque, le parc, ma liberté. Aller où je le voulais quand je le souhaitais, sans ne jamais rendre de compte à personne.

« J’veux pas y aller, » répétai-je pourtant en surveillant du coin de l’oeil le groupe de Poufsouffle qui s’arrêta non loin de nous.

Il n’avait rien de particulier, ce groupe. Rien qui puisse attirer le regard, encore moins le mien. Pourtant, je le regardai, cherchant à savoir ce qui n’allait pas avec eux. Quelque chose n’allait pas avec ces Autres.
Papa me releva la tête et je me laissai faire, plongeant mes yeux dans son regard.

« Tu adores Poudlard, Aelle. Ne t’en fais pas, ça va aller d’accord ? Il ne se passera rien d’exceptionnel. »

Je secouai la tête pour Papa, refusant d'admettre ce qu'il disait. *J’veux pas y aller*. Je voulais encore les lui dire. Pourquoi Papa ne pouvait pas me garder à la maison ? C’était débile. Ne lui avais-je pas prouvé que j’étais parfaitement capable de réussir mes études même loin de ce château de merde ?

Mes yeux se tournèrent sans y penser vers le groupe de Poufsouffle qui riait et qui discutait, leur robe d’écolier sur le dos. Je scrutai les visages un à un, ne me souvenant d’aucun d’eux. J’allai me détourner, déterminé à les oublier, lorsqu’une des filles attira mon regard. Ses cheveux courts et bruns étaient dressés sur son crâne, sa bouche rose était close. Quand je tombai dans ses yeux, mon coeur s’envola et buta contre ma gorge, me donnant la nausée : ses beaux yeux bleus étaient agrippées au mien. Ils ne regardaient ni Aodren, ni même Papa. Ils me regardaient moi. Et quand ses lèvres s’étirèrent pour sourire, ce sourire n’était pas pour moi. Je la vis enfoncer son coude dans le corps d’un autre élève et se pencher vers lui. Quand le garçon leva ses yeux sur moi, je me détournai, le coeur battant et la gorge serrée.

« Krissel restera un peu avec toi. Ne la repousse pas, tu verras que ça te fera du bien de ne pas affronter ça toute seule, » me disait Papa en me souriant.

Son sourire était flou. Et la peur envahit mes sens. Je hochai la tête sans ne rien dire, attirés par les bruits des rires provenant du groupe de Poufsouffle, mes oreilles bourdonnantes. Un rapide regard vers ma famille me confirma ce que je savais déjà : aucun d’eux n’avait rien vu. Et moi non plus je n’avais rien vu. Rien du tout. Je savais juste que ça m’avait fait peur.

« Ils sont là ! » s’écria soudainement Maman.

Comme tous les autres, je me retournai dans la direction indiquée, en profitant pour me cacher des Poufsouffle entre Zakary et Narym. Mon coeur battait fort et me faisait mal. Krissel et Lounis arrivaient vers nous, la première gambadant, un grand sourire sur ses lèvres gonflées. Elle se précipita sur Zakary quand elle l’aperçut et je lançai à ce dernier un regard noir. La petite fille avait sa fichue épée en bois accrochée à la hanche. Elle avait une sale allure.

Je me désintéressai des discussions pour regarder frénétiquement autour de moi, mal à l’aise. Mais il n’y avait rien à voir. Rien d’autre que des Autres.

« C’est l’heure, soupira Lounis. »

Il fit ses adieux à sa fille. Réticente, je me tournai vers les miens, n’osant les regarder. Aodren n’était pas triste, lui. Il s’échappa bien vite pour retrouver Jace. Moi non plus je n’étais pas triste. J’étais seulement horrifiée à l’idée de me retrouver au château, celui-là même qui m’avait trahit. Je laissai Papa me serrer brièvement contre lui, j’en profitai pour respirer en cachette son odeur ; puis Maman plaqua une bise sur ma joue et s’éloigna prestement. Tous passèrent devant moi, mais moi, je ne voulais rien d’eux. La gorge serrée, je me dégageai de l’étreinte de Narym et j’attrapai ma valise.

« A plus tard, » marmonnai-je sans les regarder.

Le Poudlard Express dégueulait sa fumée dans le ciel. Elle en éjectait autant qu’elle aspirait d’élèves en son sein. Krissel était sur mes talons, mais je n’en avais rien à foutre. Je savais que lorsque je monterai dans ce train, je ne pourrai plus faire marche arrière. Je devrais aller au château, voir Charlie et sa Chinoise, voir les Autres, et retrouver mes habitudes. Je ne le voulais pas.

Une main accrochée à la barre en fer du train, je me retournai pour voir Papa tout proche de moi. Son sourire me sauta à la gueule. Je lui lançai un regard noir et m’engouffrai sans plus tarder dans le couloir sombre du train pour ne pas qu’il voit mes yeux pleins de larmes.

Je ne m’arrêtai pas une seule seconde. Je traversai un wagon puis un second, traînant ma valise et un boulet blond derrière moi. Je percutai élèves et parois, j’essuyai cris et regards noirs. Rien à faire : de toute façon, qu’en avaient-ils à faire de moi ? Je me jetai dans le premier compartiment vide que je trouvai.

« Attends ! » brailla Krissel avant que je ne puisse lui refermer la porte au nez.

Elle s’engouffra dans l’interstice que je lui accordai et s’affala contre la banquette. Je claquai la porte derrière elle. Puis sans attendre, je laissai tomber ma valise au sol, déposai Ricke dans un coin et je m’assis. Krissel me regardait d’un air curieux, elle était étrangement silencieuse et calme. Je plongeai mon visage dans mes mains pour ne pas la voir. Je crispai mes doigts sur mon front et plaquai mes paumes contre ma bouche. Je me recroquevillai sur moi-même, la panique envahissant mes sens.

J’étais en colère pourtant. Je voulais hurler sur Papa qui ne faisait rien du tout. Mais j’étais tétanisée, encore. Tétanisée en moi-même.

Je remontai mes jambes sur la banquette et je me laissai tomber en arrière. Je me glissai contre la paroi opposée à la vitre, gardant dans mon champs de vision une Krissel béate et la porte du compartiment fermée.

« T’avise pas à parler, » crachai-je à la gosse blonde quand elle ouvrit sa bouche.

Elle la referma aussitôt et me lança un regard vexé. *Allez, pleure. Pleure un peu !*. Mais elle n’allait pas pleurer, je le savais. C’est moi, qui allait le faire. C’est mes yeux qui allaient pisser mille larmes et c’est ma gorge qui allait se gonfler ; elle me faisait d'ors et déjà mal. Krissel, elle, se colla contre la vitre, sûrement à la recherche de nos familles.

Me concentrant sur ma respiration, j’essayai de penser à autre chose qu’à Poudlard. Poudlard. Juste penser à autre chose qu’à mon envie de me barrer en courant.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 17 juin 2019, 15:21, modifié 1 fois.

06 oct. 2018, 15:54
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
 En relation avec ce RP


~ Septembre 2043 - Troisième année ~

Pour la troisième année consécutive en ce 1er septembre, je me retrouvais sur le quai de la voie 9 ¾ pour prendre le Poudlard Express. J'essayais tant bien que mal de soulever mon énorme valise dans le train mais je sentis tout à coup son poids s'alléger. Regardant derrière moi, je vis Enael, baguette en main s'occupant visiblement de mes encombrantes affaires. J'avais détesté tous les copains d'Alyssa sans exception, mais après avoir passé un peu de temps avec lui, je ne pouvais nier qu'il n'était pas qu'un garçon profitant de sa popularité et qu'il était sincèrement gentil. J'avais mis du temps à l'accepter, mais il était réellement un gentleman. 

« Merci cher beau-frère, dis-je d'un air sarcastique. 

- Tsss, espèce d'ingrate. »

Avant qu'Alyssa n'arrive et ne vienne m'engueuler, je lui tirai la langue et m'engouffrai dans le train, tirant ma valise derrière moi. J'avais pris pour habitude durant l'été de charrier Enael et il me le rendait bien. C'était probablement pour cela que je l'aimais bien. J'aimais son sens de la répartie, ce n'était pas qu'un pauvre type qui ne rigolait même pas. D'ailleurs, depuis qu'ils étaient ensemble avec Alyssa, elle souriait beaucoup plus, je savais qu'il la rendait heureuse et elle était beaucoup plus gentille qu'avant avec moi.

Je passai devant de nombreux wagons sans faire vraiment attention. je n'avais pas tellement envie de me retrouver en compagnie de beaucoup de personnes et surtout pas de premières années surexcités qui risquaient de me poser un nombre faramineux de questions. 

Arrivant à la moitié du train, ma valise commençant à être assez lourde, j'ouvris le premier compartiment et m'arrêtai net. J'aurais peut-être dû regarder un peu où je mettais les pieds avant. Dedans se trouvait une petite blonde de type "première année surexcitée", faisant face à une fille que je connaissais bien. Toutes les deux regardaient par la fenêtre. J'aurais pu sortir chercher un autre compartiment pour passer le voyage, mais je restai figée, voir Aelle avait déclenché en moi une cascade de souvenirs que je pensais pourtant avoir enfouis au fond de moi...


~ Avril 2043, veille de la rentrée des vacances de Pâques ~

« Il faut qu'on parle Ebony. »

Nous étions toutes les deux en train de ranger nos affaires, en vue de partir en direction de Poudlard le lendemain. La veille j'étais censée fêter mon anniversaire bien qu'il soit passé de deux bons mois. J'avais rencontré Aelle pour la première fois et je passais plutôt une bonne soirée bien que je ne comprenne pas vraiment ma camarade. En tout cas, elle et son frère m'avaient accueillis de bon coeur dans leur soirée alors qu'ils étaient visiblement en train de passer une soirée en tête à tête tranquille. Tout se passait bien donc, jusqu'à ce qu'Alyssa revienne. Nous avions eu une dispute plutôt violente devant Aelle. J'étais alors sortie du Chaudron Baveur et m'étais retrouvée en compagnie de Narym, le frère de la Poufsouffle. En me voyant avec cet inconnu, Alyssa avait été effrayée, craignant qu'il ne me veuille du mal. Au final, tout s'était bien terminée, mais j'avais été tellement épuisée par toutes ces émotions que nous n'avions pas pu reparler de ce qui s'était passé alors que nous avions clairement beaucoup de choses à nous dire. Je savais que cette discussion était nécessaire mais je l'appréhendais un peu. 

J’acquiesçais à la demande d'Alyssa et m'asseyait à côté d'elle sur le lit, mes pieds se balançant encore légèrement dans le vide malgré mes treize ans passés. Mal à l'aise, je restais droite comme un i, attendant que mon aînée reprennent la parole. 

« Je crois que... Nous avons toutes les deux raté des choses concernant l'une et l'autre et qu'il serait temps d'y remédier. »

Je ne disais rien, mal à l'aise. Je n'étais pas douée pour dire ce que je pensais et encore moins pour m'excuser. A ce moment-là, je voulais juste redevenir une gamine de trois ans à qui l'on demandait simplement de s'excuser pour avoir fait tomber un pot à crayons. Mais j'avais treize ans et il fallait que je prenne les choses en main. Tant bien que mal, la voix légèrement tremblante, je me forçais à répondre.

« Je reconnais que je ne suis pas toujours très cool avec toi, mais je me sens seule. T'imagines même pas ce que c'est d'être seule avec mamie... Et puis, je ne comprends pas, il s'est passé quoi avec les parents et avec Madison ? Pourquoi t'as déchiré la photo ? Je l'avais trouvée dans le bureau de papi. »

Je restais calme mais je savais qu'on percevait mon incompréhension dans ma voix. Je savais que j'avais l'air d'une gamine perdue et je détestais cela. J'avais besoin qu'on me considère comme une adulte, ou tout du moins qu'on m'explique certaines choses.

« Je suis désolée. »

Ces mots, je les avais attendus tellement de fois. J'avais tellement attendu qu'elle s'excuse pour son comportement et je savais qu'elle les pensait. J'étais profondément émue.

« Nous habitions en Australie jusqu'à tes deux ans. Et puis un jour, nous avons dû emballer nos affaires le plus rapidement possible. Je ne me rappelle plus exactement, j'étais encore petite, je n'avais que cinq ans, mais je sais que j'étais perdue. Papi est venu nous chercher et il nous a emmenées toutes les trois en avion jusqu'en Angleterre. »

Alyssa fit une pause à ce moment-là du récit. Elle avait l'air perdue dans ses pensées et je respectai son silence. J'avais conscience que raconter tout cela était difficile pour elle et qu'elle avait pris beaucoup de soin pour s'éloigner de cette histoire pendant les dernières années. Elle sembla lire dans mes pensées lorsqu'elle ajouta d'une voix lointaine, regardant le parquet de notre chambre d'un œil vague.

« C'est pas facile pour moi j'ai tellement tout fait pour m'éloigner de notre histoire... Allant même jusqu'à abandonner ma petite sœur qui avait pourtant énormément besoin de moi... »

La voix d'Alyssa craqua. J'entendis la fin de sa phrase uniquement parce que je me trouvais assise juste à côté. Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues. Aucun sanglot ne vint mais son visage était déformé par la douleur de sa confession. Je n'avais pas pour habitude d'être tactile, mais je sentais qu'un contact ne pouvait que nous faire du bien à toutes les deux. Alors j'entourais ses épaules de mon bras et je posais ma tête sur son épaule. Je ne sais combien de temps nous restâmes dans cette position, mais au bout d'un moment, les larmes s'arrêtèrent de couler et après un dernier reniflement, ma grande soeur retrouva l'usage de sa voix. 

« Madison a vu une lettre de nos grands-parents maternels dans le bureau de grand-père. Je ne sais pas exactement ce qui se trouvait dedans, mais c'est à cause de cela qu'ils se sont disputés. Il y avait visiblement une information concernant nos parents que nous étions visiblement trop jeunes pour pouvoir connaître. Je... Je ne sais pas s'ils sont encore en vie. »

J'encaissais le choc relativement bien. Depuis tant d'années je savais qu'il était possible qu'ils soient décédés, cela expliquerait le manque d'informations de leur part. S'ils étaient en vie ils auraient quand même pu trouver un moyen de nous contacter non ? En même temps, quand je voyais qu'il était impossible d'avoir des nouvelles de Madison, je me demandais si nos lettres n'étaient pas censurées par notre grand-père...

« Je n'aurais pas dû déchirer la photo. Mais elle nous a abandonnées, sans nous donner plus d'informations alors qu'elle savait clairement des choses. »

Je comprenais le ressentiment d'Alyssa, j'avais eu le même la concernant. Mais il fallait absolument que je lui parle de quelque chose, une scène qui me revenait tout à coup.

« Tu sais, un jour, je ne devais pas avoir plus de cinq ans, je me rappelle que Madison m'a dit qu'elle ferait tout pour nous. Et qu'un jour nous serions de nouveau réunis, toute notre famille. Je suis sûre qu'elle avait une bonne raison de partir. »

Alyssa sembla méditer ma réponse et finit par l'accepter. Je n'étais pas sûre qu'elle avait réellement accepter ma réponse, elle voulait peut-être simplement me faire plaisir en me laissant le bénéfice du doute, mais je décidais de m'en contenter pour le moment, il serait bien tant d'avoir d'autres discussions plus sérieuses à l'avenir.

« On fait la paix alors ? On se comporte comme deux soeurs à nouveau ? Comme avant quand Madi était déjà partie à Poudlard ? »

Alyssa me prit dans ses bras en me chuchotant qu'elle m'aimait et qu'elle ferait désormais en sorte d'être là pour moi, qu'elle allait arrêter d'être égoïste. Pour détendre un peu l'atmosphère, j'ajoutais :

« Même si on a décidé d'être deux soeurs modèles, on a encore le droit de s'embêter un peu hein ? »

Et cette discussion se finit ainsi dans nos rires et notre joie de pouvoir compter à nouveau l'une sur l'autre. Nous continuâmes à parler ainsi toute la nuit et je lui confiais que je trouvais que Jake était juste un tocard et qu'elle ferait mieux de le laisser tomber. Elle me confia en retour que je devrais peut-être essayer de me lier avec des personnes de mon âge, qu'elle comprenait que je n'aime pas trop parler aux gens mais qu'il était primordial de s'impliquer un peu dans la vie de l'école. Pourquoi pas essayer de prendre un peu plus contact avec cette fille qui était dans le Chaudron Baveur.


~ 1er septembre 2043, compartiment du Poudlard Express ~

C'est en me rappelant de ces paroles d'Alyssa que je me réveillais et décidais d'engager la discussion ou au moins de montrer que j'étais ici. Je ne savais pas trop s'il était possible de nouer une quelconque relation avec Aelle, mais j'avais promis de faire des efforts et il était temps de mettre cela en place.

« Salut vous deux. Contente de te revoir Aelle. »

Je ne prononçais rien de plus, me contentant de m'asseoir sur une des deux banquettes et tentant tant bien que mal de caler ma valise avec le poids plume que j'étais. Je savais que ma présence n'était pas forcément la bienvenue mais j'estimais ne pas être une personne trop encombrante et si vraiment Aelle ne voulait pas de ma présence elle n'avait qu'à tourner sa tête de l'autre côté, je ne la dérangerais pas. Quant à la deuxième fille, je me demandais quel lien elle entretenait avec ma camarade. Elle était peut-être la fille d'amis ou alors une cousine d'Aelle ? En tout cas, cette dernière n'avait pas l'air ravie de devoir se farcir sa compagnie. 


Reducio
Image
Madison et Ebony

Troisième année RP (2043-2044)

JE SUIS UNE FILLE.

15 oct. 2018, 10:39
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Mes jambes frémissaient. Elle ne tremblaient pas, non ; seule ma peau était secouée de mille frissons violents. A intervalle régulier, ils me secouaient.
Mon souffle s’échappait rapidement de ma bouche et allait frapper mes paumes qui cachaient mon visage. Quand il revenait caresser mes lèvres, il était brûlant et humide.

Peu à peu, la peur régnant sur mon corps s’apaisa. De tornade, elle devint brise. Un léger courant d’air qui me gelait les veines. Entre mes doigts écartés, je regardai le parquet du compartiment. J’entendais les bruits des élèves qui passaient dans le couloir, je voyais l’ombre de leur corps quand ils se penchaient sur la fenêtre pour décider s’ils allaient ou non rentrer dans ce compartiment.
Krissel, je ne la voyais pas. Je ne voulais pas la voir. Je la connaissais suffisamment - ou pas assez - pour savoir que son visage plein des rondeurs de l’enfance serait figé dans un sourire heureux. Je ne voulais pas voir son sourire rose et ses yeux marron briller d’une euphorie que je ne ressentais pas.

Le train se mit en branle. Mon coeur manqua un battement, comme s’il allait se rebeller contre son destin, avant de se taire : il n’y avait rien à faire. *J’arrive, château*. J’étais en colère contre lui, contre tout le monde ; mais j’avais mal à la gorge, celle-ci était tellement nouée que ma respiration s’en trouvait difficile. Une fois encore, je me soustrayais au monde en resserrant mes doigts, refermant la fenêtre que j’avais ouverte sur l’extérieur. J’étais mieux ainsi, ballottée par les mouvements du train, me concentrant sur la peine qui me vrillait le coeur.

Lorsque la porte du compartiment s’ouvrit, je ne levai pas la tête ; ce n’était qu’un Autre qui allait poser sa présence ici. Il n’avait pas intérêt d’ouvrir sa grande bouche.

Tout près de la vitre, Krissel tourna sa tête blonde vers l’Autre ; je ne le vis pas mais je le devinais. Je la sentis même se fendre en un grand sourire idiot. Ce n’est pourtant pas elle qui prit la parole, hantant le compartiment de sa voix à double ton :

« Salut vous deux. Contente de te revoir, Aelle. »

Mon coeur fit une embardée dans ma poitrine, et cette fois-ci il était bon pour continuer à s’ébattre encore et encore, sans s’arrêter. La voix, je la reconnus sans sourciller, sans chercher à comprendre, sans me poser de questions.
Sans attendre, je baissai mes mains et offris mon visage à la Fille-à-la-moue. Mes grands yeux se vissèrent aux siens, toujours aussi sombres. Elle était grande. Elle me surplombait de sa taille. Et sa face était aussi lisse qu’au premier jour ; sans la colère qui la rendait belle, il n’y avait rien à lire sur cette gueule-là. La bouche entrouverte, je la regardai se débattre avec sa valise puis s’assoir sur le même banc que Krissel, juste en face de moi.

Mon coeur était flou. Une sorte de masse de brouillard dans lequel rien n’était visible. Je ne parvins pas à saisir ce que je ressentais, ni à mettre de mots dessus. Sa présence, à l’Autre, me faisait peur. Elle m’empêchait d’être. Mais elle ne me coupait pas le souffle. Elle ne me tétanisait pas. Cette présence-là, je la connaissais. Je savais de quoi elle était capable, je savais comment elle bougeait, comment elle regardait. Je connaissais sa voix et les mots qui pouvaient l’habiter. Je la connaissais. Peut-être était-ce pour cela que les muscles de mon dos se relachèrent doucement. Mon corps entier sembla s’apaiser tandis que mon regard fondait dans celui de l’Autre. Même mon souffle parvint à se frayer un passage dans ma gorge nouée pour nourrir mes poumons recroquevillés.

Sans les mouvements de l’Autre, le compartiment était envahi par le silence. Il bourdonnait dans mes oreilles. Mais ce n’était pas le silence paisible qui m’était offert quand Krissel fermait sa grande bouche. Non, c’était un silence assourdissant qui glaçait l’air dans le compartiment. Je savais qu’il n’allait pas durer. J’avais aperçu Krissel et sa tête tournée vers l’Autre. Lasse, je m’arrachai à ma contemplation d’Ebony pour la balayer de mon regard. Comme si elle n’attendait que ça, Krissel s’éloigna de la vitre et s’approcha d’Ebony, ignorant superbement mon regard sombre.

« Vous vous connaissez ? demanda-t-elle de sa voix criarde. Tu connais Aelle ? »

Elle regardait Ebony d’air air brillant qui me donna envie de vomir. Ses yeux bruns étaient collés au visage de l’Autre, la fouillant de part en part, l’impatience débordant de ses veines.
Krissel, elle ne tenait pas en place. Elle bougeait toujours ; elle levait le bras pour se gratter le nez, pour frotter la masse blonde qu’elle avait sur le crâne ou tournait la tête dans tous les sens, comme si elle avait peur de manquer le détail qui changerait sa vie pitoyable. Là, elle croisa les jambes sur la banquette, coinçant ses talons sous ses cuisses. Elle se défit tant bien que mal de l’épée de bois qui pendait à sa hanche pour la poser sur ses jambes, ses mains boudinées par l’enfance jouant avec la garde.

Je levai les yeux au ciel.

« Elle a dit mon prénom, tu penses bien qu’elle m’connait ! »

Ma voix n’avait pas la hargne que j’aurai aimé y voir. Je jetai un regard dur à Krissel avant de revenir à mon observation d’Ebony.
Quelque part, j’avais l’impression que je devais dire quelque chose. Un mot, ou deux peut-être. Mais je n’avais pas envie de parler. Je n’avais l’idée d’aucun mot pouvant habiter ma bouche ; aucun d’eux n’avaient la force de m’enlever l’image d’un Poudlard se rapprochant de moi.

10 nov. 2018, 18:20
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
J'étais réellement contente de revoir Aelle. Lorsque nous nous étions rencontrées pour la première fois au Chaudron Baveur, je l'avais trouvée très bizarre, en fait, je n'avais pas tout compris ce qu'elle me racontait et j'avais même cru un moment qu'elle était folle. Mais pour la première fois depuis très longtemps j'avais eu l'impression d'avoir une vraie discussion avec quelqu'un. Elle me remballait sans cesse mais je trouvais que cela avait un certain challenge au final. C'était beaucoup plus intéressant que de parler avec quelqu'un qui m'engueulait ou qui était perturbé par mon ton abrupte. Bon certes, je ne faisait pas assez d'efforts mais ils avaient qu'à s'adapter aussi. J'estimais que mes relations devaient avoir une certaine capacité d'adaptation pour être dignes de moi. 

J'avais l'impression qu'Aelle me scrutait dans mes moindres gestes, et je devais bien avouer que cela me mettait toujours un peu mal à l'aise, c'était perturbant de savoir qu'elle verrait la moindre de mes erreurs. Mais d'un autre côté, j'avais compris je savais que j'avais également tendance à beaucoup observer les gens et que c'était sûrement cela qu'ils ressentaient lorsque je m’adonnais à cette passion étrange.  En fait, si j'étais si contente de revoir Aelle c'est parce qu'elle me ressemblait dans toutes les choses étranges que je faisais et cela m'intriguait beaucoup. Je me retrouvais de l'autre côté du rideau comme on dit. Ce n'était pas forcément des plus agréables mais j'en avais besoin.

« Vous vous connaissez ? Tu connais Aelle ? »

J'avais presque oublié la petite fille se trouvant dans notre compartiment, bien que je me sois assise en face d'elle. Je décidais de ne pas jouer mon rôle sombre et d'être un minimum avenante, c'était beaucoup mieux pour mon image de fille mystérieuse. 

« Ouaip, on s'est rencontrées y'a quelques mois au Chaudron Baveur. J'm'appelle Ebony.  »

La petite fille semblait émerveillée de me voir. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi, Aelle devait bien connaître un tas d'autres gens alors pourquoi moi particulièrement. En tout cas, je compris qu'elle n'aimait pas trop la petite étant donné la manière dont elle lui répondit. On aurait dit qu'elle essayait de l'impressionner et encore une fois je me demandais ce que j'avais de si spécial. Je n'étais qu'une troisième année parmi les autres... A moins que... Non. Je me faisais probablement des idées. Aelle avait probablement même oublié mon existence jusqu'à ce que j'apparaisse dans ce wagon. Elle voulait simplement impressionner la gamine. Je décidais de rentrer dans son jeu, c'était plutôt marrant et ça ferait passer un peu le voyage.

« Evidemment que je connais Aelle, elle est quand même connue dans notre école. Je sais même qu'elle aime son chocolat chaud avec de la citrouille ! »

Mmh, le chocolat chaud à la citrouille... Que de bons souvenirs. D'ailleurs, le chocolat apporté par Narym avait été mon plus beau cadeau d'anniversaire.

« Et toi, t'es prête à passer les tests pour savoir dans quelle maison tu vas être ? Tu as révisé j'espère ? Enfin quoique... Ca dépend dans quelle maison tu veux aller... Mais j'espère pour toi que tu vas éviter Serdaigle, y'a que des prétentieux dans cette maison. »

J'avais beau être réconciliée avec Alyssa, je pensais toujours que Serdaigle comportait un certain nombre de crétins. Il n'y avait qu'à voir le genre de filles avec qui Alyssa avait traîné ou même son ancien petit ami... Et je pensais ensuite qu'il y avait Katy et que je ne pouvais décemment pas laisser cette phrase ainsi. Katy avait été ma mentor et j'avais vraiment hâte de la revoir dans le château. De lui raconter que je m'étais réconciliée avec Alyssa (mais que je ne serais jamais contre le fait de lui faire encore une petite blague de temps à autre). De lui montrer qu'Alyssa n'était plus qu'une petite crétine.

« Bon... Tous les Serdaigle ne sont pas des crétins. Katy Smith est très gentille. Mais en tout cas, j'espère que tu es prête. »

Je regardais alors Aelle, les yeux brillants de malice pour partager ce petit moment avec elle. C'était tellement plus amusant de faire peur aux premières années.

Troisième année RP (2043-2044)

JE SUIS UNE FILLE.

14 nov. 2018, 16:26
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Ebony n’avait pas le pouvoir d’empêcher mon esprit de me poignarder avec la soirée qui allait arriver. A intervalle régulier, il me lançait une pique pleine d’images qui faisaient s’agiter mon coeur dans ma poitrine. Alors je quittais la peau d’Ebony du regard pour plonger dans ses yeux clairs.
Ce regard, il était particulièrement déstabilisant. L’air un peu béat, je m’y laissais tomber sans vergogne, observant les ombres qui y dansaient. A côté de sa peau brune, son regard était lumineux à souhait. Presque trop.

Je la remerciai mentalement quand elle prit la parole, m’Arrachant à moi avec sa voix grave d’enfant. Elle repoussa les ténèbres du futur et me déposa ici, juste ici. J’avais oublié qu’Ebony avait une voix double ; d’enfant et de maturité. Une voix qui m’obligeait à tourner les yeux vers le gouffre de sa bouche pour caresser ses lèvres de mon regard, m’imprégner de son ton qui Disait.

Krissel, à côté de moi, semblait prête à exploser sous un surplus d’excitation. Du coin de l’oeil je la voyais s’agiter et tourner la tête dans tous les sens ; tantôt vers moi tantôt vers Ebony. Un sourire de lassitude franchit mes lèvres et je me retins de me tourner vers elle pour tuer sa joie dans l’oeuf.

« Evidemment que je connais Aelle, elle est quand même connue dans notre école. Je sais même qu'elle aime son chocolat chaud avec de la citrouille ! » m'alpagua Ebony de sa voix double.

*’s’en souvient ?*. Mes yeux passèrent de ses lèvres sombres à son regard lumineux. Elle avait un air sur le visage, un air sur lequel je ne parvins pas à mettre de mot. Des éclats de souvenir me revinrent ; Narym qui lui offrait une boisson, Narym et sa gentillesse. Par la suite, il m’avait reparlé de cette Ebony. Narym était vraiment trop inquiet. Peut-être devrais-je le prévenir, lui dire que je l’avais revu ? L’idée même d’envoyer un hibou à mon frère me tordit le coeur et je me détournai, la peine s’infiltrant dans mes veines. Mon corps entier vibrait d’Eux. Je ne comprenais pas pourquoi mon esprit s'entortillait autour des miens, de leurs souvenirs, de leurs mots. Pourquoi je ne parvenais pas à me détacher d’eux alors que j’avais passé les six derniers mois en leur compagnie ?

Je papillonnai des yeux pour éloigner la douleur que je sentais sous mes paupières. Je ne jetai qu’un regard à Ebony avant de voguer sur Krissel et sa bouche grande ouverte qui ne quittait plus Ebony. Je grimaçai à ce constat mais, sans pouvoir me retenir, moi aussi je me tournai vers l’Autre pour la déchirer de mon regard sombre.

« Et toi, dit-elle à Krissel qui retint sa respiration, t'es prête à passer les tests pour savoir dans quelle maison tu vas être ? Tu as révisé j'espère ? Enfin quoique... Ça dépend dans quelle maison tu veux aller... Mais j'espère pour toi que tu vas éviter Serdaigle, y'a que des prétentieux dans cette maison. Bon... Tous les Serdaigle ne sont pas des crétins. Katy Smith… » *c'nom me dit un truc* « ...est très gentille. Mais en tout cas, j'espère que tu es prête. »

Ma lèvres s’entrouvrirent légèrement. *Elle raconte n’import’quoi*. Le Choixpeau n’était pas un test, juste une sélection idiote.

« C’est pas du tout…, » commençai-je à dire d’une voix rauque.

Krissel m’interrompit en se penchant en avant, la main tendue comme pour se saisir de la jambe d’Ebony. Son épée glissa de ses genoux et frappa le siège d’en face en un bruit mat.

« Mon père m’a dit que c’était pas du tout une épreuve ! » s’écria-t-elle.

Puis elle se tourna vers moi et je ne pus m’empêcher de sourire en avisant la panique qui faisait - enfin - flancher son air de gamine.

« P’pa me l’a dit ! »

Je pris une respiration pour lui répondre avant de me stopper, l’air bloqué dans mes poumons. Je regardai son visage froissé d’enfant en colère, de gamine trahie, avant de me tourner vers Ebony et d’aviser ses yeux brillants. Non pas brillant, pétillant. *Qu’est-c’que… ?*. Surprise, je laissai le silence s’étirer et Krissel vomir des paroles sans fond.

« … que j’devais passer d’vant un chapeau avec un nom bizarre et que c’était pas du tout un truc stressant… »

*Elle l’fait exprès ?* me demandai-je en essayant de saisir dans ses yeux clairs la compréhension d’une chose qui m’échappait totalement.
A mes côtés Krissel était dans tous ses états. Ses mains fourrageaient sa chevelure blonde, tirant et étirant ses boucles claires. Sa voix se faisait de plus en plus rapide et son ton de plus en plus aiguë. Je n’avais jamais vu la gamine ainsi, mais je crois que cela me plaisait bien.

Lançant un regard incertain à Ebony, je m’éclaircis la voix et, la voix traînante et un peu hésitante, je lançai à une Krissel éperdue :

« C’est pas tant une épreuve qu’ça ». L’enfant se tourna vers moi, son regard brillant d’un espoir qui s’écrasa à mes pieds quand elle entendit les mots qui suivirent : « Seulement une… sélection. T’sais, deux trois connaissances, un sortilège. Tout ça d’vant l’école, rajoutai-je en mentant sans vergogne, plantant mon regard dans le sien. Tu seras pas toute seule. »

Le regard brun de Krissel s'agrandit et son visage tout mou se tordit sous mes yeux. D’un geste habile elle récupéra son épée qu’elle écrasa de son poing. Le regard qu’elle jeta à Ebony était emprunt d’une panique toute particulière.

Les yeux grands ouverts, je regardai la scène qui se jouait devant moi. Une chose sans nom s’agita tout au fond de moi, dans mon ventre. Quand je tournai le regard vers Ebony, la Chose s’échappa de moi pour éclater au grand jour : un léger sourire étira le coin de ma lèvre.
Entre nous Krissel, désormais debout, nous regardait, son petit visage tordu en une expression désespérée.

« Alors, c’est quoi ? Hein ? C’est quoi l’épreuve ? Parce que j’sais me battre, hein, dit-elle en brandissant son épée de bois. Mais j’connais pas de sort… C’est grave ? Vous pouvez m’apprendre ? J’veux rester à Poudlard  ! Ce s’rait trop injuste que j’me fasse virer ! »

Je grimacai ouvertement, tournant la tête vers la porte du compartiment pour que Grewger ne voit pas mon expression. La Chose s’agitait encore dans mon corps, tordant mes entrailles et secouant mes poumons. J’écrasai ma lèvre entre mes dents pour faire disparaître la Chose qui voulait étirer à son maximum ma bouche qui n’avait plus de contrôle.

02 déc. 2018, 12:25
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Pendant un moment, je cru qu'Aelle allait tout gâcher et dévoiler mes bêtises mais heureusement pour moi, la petite parla avant que la Pousouffle n'ait le temps de dire quoi que ce soit. Ou peut-être était-ce mon regard noir qui l'avait dissuadée de dire quelque chose ? Avais-je un quelconque pouvoir d'autorité ? Ou étais-je capable de communiquer avec ma camarade par la pensée ? Peut-être avions-nous développé un lien unique après notre rencontre dans le Chaudron Baveur ? Tout cela restait très très compliqué. 

La gamine commençait à paniquer et j'eus quelques remords à la laisser ainsi, mais mes remords ne durèrent que quelques secondes, le temps de voir le regard d'Aelle s'éclairer. J'aimais beaucoup trop la voir sortie de son univers. Elle était constamment renfermée dans sa tête, et j'avais souvent envie de pouvoir y entrer pour voir ce qu'il s'y tramait. Elle avait l'air d'avoir tout un monde à elle, d'avoir un autre univers, comme si elle venait d'une autre planète ou d'un autre endroit spatio-temporel. Et là, pour la première fois, j'avais vraiment l'impression qu'elle se trouvait au même endroit que moi et avec moi. 

Elle m'avait regardée sans avoir vraiment l'air de comprendre ce que je racontais avant de probablement se rendre compte que je faisais exprès de raconter n'importe quoi à la petite. Désormais, j'avais l'impression qu'elle se retenait de sourire  ne voulant pas décrédibiliser mon histoire. Elle réussit néanmoins à en rajouter une couche en parlant de sélection. J'avais l'impression d'être dans un de ces vieux livres que je pouvais trouver dans la bibliothèque chez mes grands-parents. On m'avait dit qu'ils avaient appartenu à ma mon père qui soi-disant les trouvait chez les Moldus. C'était des livres fantastiques que je trouvais assez intéressants, qui parlaient de diverses sociétés qui n'existaient pas. Mais, cet été, j'avais fait une découverte. Ils avaient en réalité appartenu à ma mère, l'éditeur était australien et il y avait ses initiales dans un des livres. S'ils s'étaient retrouvés ici c'est que mes parents avaient habité un temps chez mes grands-parents et je ne comprenais pas trop comment cela était possible. Etait-ce avant notre naissance ? Mes grands-parents avaient-ils habité en Australie eux-aussi ? Ils m'avaient toujours dit avoir habité ici alors je ne comprenais pas. Il y avait beaucoup trop de mensonges autour de ces histoires. Je n'avais pas osé en parler à Alyssa sur le coup, ayant perdu l'habitude de lui parler. J'avais oublié mais cela venait de me revenir à l'esprit et il fallait absolument que je lui en parle. Peut-être qu'à nous deux, nous pourrions lever le mystère sur tout ce qui s'était passé ? Il fallait que je trouve un moment pour aller la voir. 

Revenant à la situation actuelle, je vis qu'Aelle avait beaucoup de mal à garder son sérieux, elle tourna la tête, un rictus commençant à se former sur son visage, j'avais comme l'impression qu'elle allait avoir un fou-rire et cela me donna envie d'exploser de rire à mon tour. Je voulais absolument garder ce moment de complicité, il était hors de question que tout retombe maintenant.

« Bon écoute, je ne sais pas comment tu t'appelles d'ailleurs... Krissel, d'accord, écoute Krissel. Le meilleur moyen pour te préparer à ce qui t'attends c'est de manger quelques sucreries, faut prendre des forces. Alors, ce que je te propose c'est d'aller chercher la dame qui vend les sucreries. Elle devrait être quelque part dans les compartiments. Après, on te donnera quelques conseils pour réussir au mieux. »

Krissel sembla hésiter mais un petit coup de pouce de la Poufsouffle la fit se lever nerveusement mais excitée de découvrir de nouveaux horizons vers la sortie du compartiment. Un éclat de rire s'échappa de mes lèvres alors que la porte du compartiment se fermait. Je ne m'étais pas autant amusée depuis un moment, faire tourner les gens en bourrique ça me connaissait, c'était mon passe-temps préféré après l'observation de mon environnement. Je prenais alors mes aises sur la banquette et me lançait avant qu'un silence gênant ne s'installe dans le wagon.

« Elle est énergique en tout cas ! Du coup, c'est genre ta cousine ? Ta nièce ? ... , demandai-je de ma voix nonchalante fabriquée pour avoir l'air de ne pas trop m'y intéresser alors même que j'étais pleine d'une curiosité débordante. »

Je sentais que c'était maintenant le quart d'heure où mon système spatio-temporel et celui d'Aelle se trouvaient dans un endroit assez proche pour que nous puissions nous comprendre, et il ne fallait donc pas perdre de temps. 

Reducio
J'ai eu l'accord d'Aelle pour faire jouer Krissel.

Troisième année RP (2043-2044)

JE SUIS UNE FILLE.

10 déc. 2018, 18:48
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Impossible de l’arrêter : mon sourire grandit sur mes lèvres et me chatouilla les joues. Dans les vitres de la porte du compartiment se reflétait l’air ébahi de Krissel. Du coin de l’oeil je me vis également. Moi, et ce sourire qui flottait sur mes lèvres. Je faillis ne pas me reconnaître. Mais c’était bien moi. *J’suis triste*. La pensée me vrilla la tête, j’essayai de ne pas trop me focaliser dessus.
Je regardai Ebony et sa face mâchée ; elle aussi avait envie de rire. Elle pouvait se le permettre. Son rire était-il aussi changeant que sa voix ? Prendrait-il le ton de l’enfant ou celui de la gravité qui faisait vibrer sa voix ?

Mon sourire signifiait-il que j’étais moins triste de m’éloigner de la Maison ?

Il me chatouillait le coeur, ce rire que je sentais frémir sur mes épaules. Un coup d’oeil vers Krissel évinça la pensée qui me torturait : elle était trépignante, Grewger. Son épée pendait le long de son bras, ses lèvres molles étaient tournées vers le bas, ses yeux criaient la souffrance de la peur. J’aurai pu, je crois, lui envoyer mon rire à la figure si Ebony n’avait pas pris la parole à cet instant. Je la regardai avec l’air de Celle-qui-sait et un sourire en pleine expansion. Quand mon regard croisa le sien, j’y vis mon propre reflet : nous pensions la même chose au même moment. C’est comme si je me regardais moi-même, comme si la lumière de son regard dansait avec celle qui faisait frémir mon rire. Ce regard-là me renversa franchement ; non pas parce qu’il était brillant, mais parce qu’il me reconnaissait comme son égal. Et j’eu envie de lui dire, moi aussi, que je la comprenais. Par tous les Mages, c’était donc cela que de comprendre ? Les regards complices avaient donc la saveur de la reconnaissance ? Ma gorge se noua, mais je fus bien incapable d’en expliquer la raison.

« J’suis Krissel…, » s’éleva la voix flippée de la gamine sans que je puisse me tourner vers elle. Tout se jouait ici, dans les yeux d’Ebony, dans sa bouche, dans cette vague de chaleur qui passait d’elle à moi et de moi à elle. C’était bouleversant ; un peu comme lorsque j’avais retrouvé le vrai Natanaël ce soir là, au Cabalistique Festin des Mages. Cette soirée s’était d’ailleurs déroulée juste avant que je rencontre Ebony.

« … pour te préparer à ce qui t’attends c’est de manger quelques sucreries, ‘faut prendre des forces, disait Ebony quand sa voix dépassa enfin la barrière de ma stupeur. Alors ce que je te propose, c’est d’aller chercher la dame qui vend les sucreries. »

*Qu’est-c’qu’elle raconte ?*.
Je n’en avais absolument rien à faire de ce qu’elle pouvait bien raconter à cette Krissel avide de conneries qui était près de nous. Moi, tout ce que je voyais, c’était les regards qu’elle me lançait et les sourires qui faisaient sursauter mon coeur.

« Elle devrait être quelque part dans les compartiments. Après, on te donnera quelques conseils pour réussir au mieux. »
« Vrai ? » demanda Krissel en se précipitant sur ses propres mots.

J’avais acquis une connaissance qui me dépassait. C’était une première, une découverte sensationnelle. Mon coeur battait fort et lentement à la fois. Ebony se créait sous mon propre regard et je voyais dans ses yeux les pensées qui glissaient dans mon crâne. Dans le regard qu’elle me lança j’y vis une demande silencieuse de dire à Krissel de dégager. J’en avais que peu faire de Krissel, de cette blague, de sa panique ou des demandes d’Ebony. Mais j’étais littéralement en train de me liquéfier dans la complicité que je voyais naître chez ma camarade. Ebony.
*Ebony*.

Je tournai la tête vers Krissel. Ses grands yeux marrons étaient fixés sur moi, elle s’était penchée en avant, prête à détaler à la moindre de mes paroles. Elle était en apnée, l’air allait faire exploser ses petites joues rondes. J’offris un coup d’oeil à la Complice, cette part de moi qui me parlait si franchement. Elle me regardait, elle attendait. Elle m’attendait. J’avais le pouvoir, celui de décider de ce qui allait suivre. Mon coeur explosa de bonheur dans mon corps, ma gorge se noua affreusement. Je ne parvins pas à détourner mon regard d’Ebony quand j’articulai difficilement pour Krissel :

« T’as qu’à aller voir. »

Comme je l’avais deviné la gamine balbutia deux ou trois mots avant de se jeter hors du compartiment. La porte se referma derrière elle, claqua dans le nouveau silence de notre cage, enclencha ce qui suivit : le rire d’Ebony traversa ses lèvres et se jeta sur mon visage. L’éclat de l’enfant fit s’envoler mon coeur : son rire avait la douceur du vent. Mon visage se tordit, mes lèvres s’entrouvrirent et, sans que je ne puisse l’expliquer, un sourire immense me défigura. L’éclat d’Ebony m’habita le corps et les images défilèrent à un rythme soutenu : une Krissel qui panique, une Krissel qui fuit, une Krissel qui se retrouve comme une conne dans les couloirs du train. Et Ebony qui me regarde comme si j’avais partagé avec elle l’Explication de l’Univers. Mes dents devaient éblouir Ebony tant mon sourire était grand ; mon rire secoua mon estomac.

Je ricanai plus que je ris. Gênée par le son de mon propre rire, je me tournai vers la fenêtre. Mes joues étaient en feu, mon ventre me faisait mal, mes joues hurlaient ; impossible d’arrêter de sourire. Il était comme collé à ma tronche et il me fit un bien fou.
Comme elle l’avait fait auparavant je voulu lancer mon regard sur Ebony pour lui partager la lumière qui faisait briller mon regard. J’avais envie de me lever et de crier, de rire à m’en déchirer la voix, de regarder Ebony dans les yeux jusqu’au bout de ma vie.

Mais je ne tournai pas la tête, regardant obstinément la vitre, forçant mon sourire à rétrécir un petit peu.

« Elle est énergique en tout cas ! »

Ebony me fit sursauter. Je la regardai donc, hésitante, le fantôme de mon rire encore présent sur mes lèvres et dans mes yeux. Elle s’était relachée sur la banquette, elle ressemblait à une enfant, mais elle avait une voix d’adulte. Elle savait où elle allait, Ebony, et moi, je n’avais qu’à écouter et regarder pour la suivre.
C’était comme ça que marchait la complicité, n’est-ce pas ?

« Du coup, c’est genre ta cousine ? reprit-elle, ses yeux dirigeant les miens. Ta nièce ? »

« Ma nièce ? » m’exclamai-je.

Sa voix m’avait également dirigée. M’entendre était étrange.
Je savais en avisant ses yeux qu’elle pensait que Krissel était la fille de Narym. Mais Narym n’allait certainement pas avoir des enfants. C’était bien trop étrange. C’était mon frère, Narym, pas un père.

« C’est pas la fille d’Narym, dis-je en grimaçant. Nan, c’est la fille de Lounis. »

Je regardai par la fenêtre. Le quai était loin, désormais, et Lounis également. Était-il resté avec Zakary ? Étaient-ils rentrés ensemble, tous les deux ? Et Narym et Natanaël ? Et Papa et Maman, que faisaient-ils ? Pensaient-ils à moi ? *C’trop bête d’penser ça*.

« Il travaille avec Zakary, » précisai-je à Ebony pour ne pas penser à la Maison.

Mon sourire éteint, mais le coeur toujours gonflé de je ne sais quoi, je baissai les yeux sur mes mains. Le regard d’Ebony devenait trop lourd ; comme le silence qui entrecoupait nos mots. J’avais l’impression qu’avec un peu d’aide Ebony pourrait tout voir de moi. C’était effrayant et attrayant.

11 déc. 2018, 16:41
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 

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[ 1 SEPTEMBRE 2043 ]
Charlie, 13 ans.
3ème Année


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L’assiette de mon crâne tanguait. Quand j’allais à droite, j’avais l’impression qu’on me tirait à gauche ; et l’inverse était pire. J’étais tordue par mon propre crâne, et mes pensées se taisaient dans ce bordel. La valise que je tirais de mon bras droit était bien trop lourde ; des fenêtres de sueur s’ouvraient sur mon front, à la vue des Autres. *R’gardez bande d’abrutis*. J’avais fait attention à ne pas trop remplir cette foutue valise, pourtant. Mes muscles s’étaient vidés durant ses vacances, apparemment. Ou alors c’était ce couloir plein de cris sans sens qui me fatiguait.
Les couleurs se superposaient, des calques en partitions aussi silencieuses que mes pensées. J’essayais de ne pas faire de mouvement brusque avec ma tête douloureuse, je ne me faufilais donc pas ; j’attendais qu’on me libère le chemin pour avancer.
Les regards des Autres étaient insistants, mais ils rebondissaient sur ma taille ; j’étais trop petite pour eux, je marchais en sachant parfaitement que je n’étais qu’un minuscule parasite dans leurs pensées. J’y restais, dans les pires cas, quelques minutes ; puis je disparaissais. Ouais, je marchais trop vite pour retenir leurs pensées trop longtemps. *Bon Dieu…*. Mon crâne me faisait vraiment mal, le manque de sommeil me berçait de quelques notes et la croche finale allait me frapper si j’osais m’arrêter.
Je marchais, un pas bancal après l’autre. La droite gauchère, la gauche toute droite. Mon souffle s’accélérait, et mes poumons se réveillaient de douleur. *Déjà ?!*. Bon Dieu, je détestais mon corps.

Rengan ?

Je relevais difficilement la tête, aussi lentement que je le pouvais. L’eau de mon crâne s’alourdissait à chaque pas, elle m’écrasait les parois de mon moi. Je tanguais avec tant d’ampleur, c’était foutrement lent !
Des yeux marron, tout sauf brillants. Marron-moche, marron-terne, marron-dégueulasse ; et ils étaient tellement hauts, ces yeux. En contrebas, moi, je me sentais puissante ; il me suffisait d’un seul coup pour faire tanguer cette grande perche qui était bien trop loin du sol. Son centre de gravité était tellement à découvert que j’aurais pu en rire, si je n’avais pas peur de faire tressauter mon crâne.

Je… voulais just’t’souhaiter bonne chance pour la dernière épreuve avec… les Chinois.

Mes yeux clignèrent plusieurs fois, puis je détournais la tête pour mieux les replanter sur ce… cette fille.
Une fille qui n’était pas si grande que ça, en fait. Moche, en plus. Avec l'écharpe de Serdaigle ; ma mâchoire se serra. L’eau de mon crâne commençait à brûler. Un regard bleu-parfait se superposait à son marron-moche, mais je le repoussait de toutes mes forces.
Mon esprit se libéra pour laisser place à une pensée glacée ; envers Qiong. Je préférais ça. Ouais.
Je m'étais rendue compte que plus je me rapprochais de la Chinoise, plus elle s’éloignait de moi. Alors j’avais arrêté d’essayer, et j’étais certaine que son regard aveugle pouvait très bien voir ça. Cette pensée se désintégra, brusquement.
Je plissais les yeux face à cette fille-moche, et je lui soufflais simplement : « D’accord ».

Aussi lentement que je le pouvais, je détournais mon regard pour le planter en accord avec le positionnement de mon corps : juste en face. Le couloir s’allongeait, les compartiments se remplissaient, et ma foutue valise s’alourdissait autour de mes doigts tétanisés. Faisant attention à l’assiette de mon eau, je déplaçais ma jambe droite vers l’avant. J’étais sur la lune, et ma gravité se tassait.

Et ! Et je voulais juste…

Mes paupières se fermèrent sans autorisation de ma part. J’étais dans le noir, et l’eau était sombre ; sans reflet, où était la lune par ici ? Nulle part. Nul.
D’une certaine manière qui ne me fit pas souffrir, ma tête se tourna vers la source : cette fille pas-si-grande-que-ça. Je voyais à nouveau, mes paupières étaient parties faire un tour ; alors je devais me grouiller avant qu’elles finissent ce tour.
Mes doigts me faisaient un peu mal, mais ils n’étaient rien face à l’ampleur de mon crâne.

Savoir si tu voulais… juste, peut-être une aide dans certains sortilèges ?

*Que…*. Qu’est-ce qu’elle racontait, cette abrutie ? Je quittais son regard pour observer le terrain de son visage ; aussi vaste que vide. Un terrain de Quidditch sans joueurs. Déjà que ce n’était pas intéressant avec des joueurs, mais alors là… Sa peau était bizarre, elle n’était ni blanche, ni marron, ni noire. C’était un mélange de rouge et de beige que je n’avais jamais vu, et c’était très moche. Je jaugeais cette gueule sans intérêt, elle avait l’air d’être grande dans sa petitesse. Quatrième ou cinquième année. Elle respirait mal, comme moi ; mais pas pour les mêmes raisons. Chaque pensée qui plongeait dans mon eau faisait grandir le bordel de mon crâne. Si je ne faisais rien, j’allais bientôt finir noyée.

Nan, j’suis sûre d’être plus forte qu’toi t’façon.

Oh…

Son visage déjà rond s’arrondit encore plus de surprise, puis s’abaissa en quittant mon regard ; préférant le sol moche de ce train. C’était ridic…
Un tremblement de terre me fit perdre l’équilibre. « Ah ! ». Gauche. Droite. « Oh bon Dieu ! ». Mes paupières étaient horriblement ouvertes, mais les formes se tordaient. Tout tremblait, même cette fille de merde. Les couleurs se mélangeaient. Je perdais l’équilibre ! *Mais !* JE TOMBAIS !
Je fermais les yeux, serrant mes paupières tellement fort que le noir de mon eau se transforma en un blanc aveuglant. « AH ! ». J’allais exploser, et couler dans ce train.

Le sol était si mou que j’étais certaine d’être dans l’évanouissement. Mon crâne était réveillé, une seconde était passée pour moi, mais je savais déjà qu’on était arrivés à Poudlard. Ça arrive souvent, des heures pour les Autres, une seconde pour moi. Mes paupières avaient fini leur tour, alors je les ouvris lentement.

Hein ?!

Mes yeux s’écarquillèrent, et l’eau de mon crâne m’éclaboussa, me frappa de sa claque aqueuse. *Bordel !*. Ma seconde était la même que les Autres, le visage de cette fille-moche était proche du mien. Sans faire attention à mon crâne implosant, je lançais mes bras. Ils s’enfoncèrent dans un truc mou, foutrement trop mou ; mais c’était assez dur pour que je puisse pousser. « Han ! ».
Mes pieds à nouveau plantés dans le sol, je relevais la tête vers la fille en face de moi, les bras ballants.
Le bordel du train me frappa à son tour, il avait démarré. Et cette fille m’avait rattrapé dans ma chute. *Rah*. Pourquoi est-ce qu’elle me regardait comme ça ?! Je n’aimais pas sa façon de faire des allers-retours entre mes yeux et autre-chose.

C’était limite… prononça-t-elle en regardant cet autre-chose.

Mon regard descendit vers ses lèvres, la supérieure était très fine, mais l’inférieure était presque trop grosse. Ce n’était pas moche. Mon crâne se trouait de douleur.
Elle m’avait rattrapée avant que je tombe, cette fille. Et le sol était son corps, mou. Darcy apparut à la surface de mon eau, avec son corps tout mou. Bon Dieu que j’avais aimé ça.
Une douleur aigüe explosa dans ma tête, et s’évanouit aussitôt ; laissant la moitié de mon visage atrocement tordu, mon œil droit fermé sous la violence de cette douleur.
Je devais m’asseoir, m’allonger, dormir. Tout de suite. L’envie de remercier la fille s’était évanouie, elle aussi. Je tournais lentement la tête vers ma valise écrasée par terre. *Oh non...* J’avais peur de me baisser, peur de faire couler tout ce qu’il me restait de concentration. Avec la même lenteur, mon regard se posa sur la fille-à-la-peau-rouge. J’articulais clairement : « Tu peux me ramasser la valise ? ».
Ses yeux si ternes éclatèrent d'une lumière tellement forte que je dus cligner des yeux pour vérifier si je ne rêvais pas ; mais elle n’était déjà plus à sa place. Mon crâne consistant pivota vers ma valise, à l’instant même où la fille referma la poignée télescopique pour soulever mon bagage au niveau de sa poitrine. *Que…*.

Si… si tu veux, tu peux passer le voyage avec moi ? s’agitèrent ses belles lèvres.

*Une question ça ?*. Je pourrais dormir sur son corps tout mou, ouais. Elle avait raison. *NON !*. Mon crâne me faisait si mal ! Bon Dieu !

Non, dis-je simplement en reportant mon regard sur le sien, donne-moi la poignée.

Je tendis ma main ouverte vers elle, attendant qu’elle pose ma valise par terre. L’éclat de son regard se ternit et une sorte de tressautement s'agitait, maintenant. *’aurais pas dû lui d’mander*.

Tu t’prends pour qui, Rengan ? cracha-t-elle en lâchant mon bagage ; le bruit qu’il fit me persuada qu’il avait traversé le plancher du train, trouant le sol d'une plaie béante.
J’allais me faire happer, moi, avec elle. Toutes les deux, pour toujours ensemble dans la faille qu’elle venait de disloquer.

Instinctivement, je reculais d’un pas. Et d’un geste aussi rapide que douloureux, je dégainais ma baguette en la pointant sur son visage.
La houle de mon crâne s’excitait. Je pouvais enfin utiliser ma magie, à nouveau. Une sensation aqueuse coulait dans mon corps, noyait tous mes membres de magie. Bon Dieu, ça m'avait manqué. Et sans même prononcer le moindre sortilège, je pouvais voir ma magie dans la gueule de cette fille-moche : la colère s’évanouissait de ses traits, elle se dégonflait, elle manquait d’air.
Mon crâne s’anesthésiait, pour mieux se concentrer. J’allais lui faire exploser sa petite tronche.

Je suis désolée ma belle.

Mes sourcils se tordirent pour emmener mon visage dans une grimace dégoutante.

J’suis nerveuse… déjà que j’ai eu du mal à venir te parl…

Ta gueule.

Son regard passa de son autre-chose à mes yeux, et ils étaient foutrement tristes, ces yeux. *’comprends rien*. Bon Dieu, j’étais perdue. « Désolée-de-m’être-emportée-je-ne-voulais-pas ».
Elle ne se taisait pas, et l’anesthésie de mon crâne arrivait à son terme ; je le sentais. Je la sentais, cette fille. La sensation si forte de ma magie s'enfuyait. Je devais m’en aller, c’était tout ce que je devais faire.
Tout en gardant ma baguette pointée sur elle, j'aperçus un grand gars qui nous observait attentivement, un plus loin. « Tss… ».

Je me baissais pour attraper la poignée de ma valise, devenue bien plus légère qu’avant ; mon arme toujours en direction de la fille.

Tu peux m’attaquer, je me défendrais pas.

À sa phrase, je rengainais mon arme en observant une dernière fois ses belles lèvres. Mon corps fit volte-face, me rappelant à quel point j’avais le crâne en bordel. L’anesthésie avait disparu, et la douleur pulsait à nouveau. « Je t’enverrais un hibou ! ». J’avais envie d’éclater de rire à ses mots, mais tout ce qui s’échappa fut un long soupir. Un pas, deux pas. Je ne m’attacherais plus à personne, bordel.

J’espérais ne pas trouver le compartiment de Louna, j’attendrais d’être à Poudlard pour la demander. J’avais longtemps pensé à elle pendant ces deux derniers mois ; mais je ne m’attacherais jamais. Plus jamais.

Mon crâne rempli d’eau pivota à droite pour sonder un compartiment. Ils étaient au moins dix là-dedans, ces abrutis. *Tss…*.
Tout aussi lentement, mon regard se replanta sur la longueur du couloir. Les tremblements du train me secouaient entièrement, un bordel d’ondes se dessinait sur mon eau. Ça me perçait le crâne. J’étais compressée en moi-même, je détestais ça. Un pas, deux pas.
Une fille avec de gros cheveux blonds arrivait vers moi. Je m’arrêtais au milieu du couloir pour me décaler et lui laisser un passage, elle ne devait surtout pas me rentrer dedans. *Han*. En arrivant à ma hauteur, je me rendis compte qu’on avait presque la même taille ; mais elle était bien plus belle que moi. Sa peau blanche brillait.
Elle me dépassa.

J’actionnais mon corps douloureux, mes doigts serrés, et mon crâne implosant. Ma tête se tourna vers le compartiment à ma droite. Deux gars. Ils avaient l’air de bien s’entendre, ils étaient grands.
Je dépassais ce compartiment.

Ma main libre monta jusqu’à mon crâne pour masser cette boule de souffrance. Le couloir paraissait infini.

Je tournais à nouveau la tête vers la droite. Une fille. Avec la peau aussi marron que la mienne, aussi moche. Mes pas s’arrêtèrent. La houle prenait en ampleur. Je dirigeais mon regard vers ses yeux clairs. *Bon Dieu*. Elle avait un visage foutrement contrasté. Sa gueule était une note discordante.
Dernière modification par Charlie Rengan le 16 févr. 2021, 03:52, modifié 2 fois.

je suis Là ᚨ

10 janv. 2019, 21:08
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
A ce moment précis, je me détestais. Pendant quelques instants j'avais réussi à la faire rire, à la rendre heureuse et elle semblait s'être renfermée en pensant à sa famille. Ah bah super Ebony Blackburn. Etait-il possible qu'elle soit simplement triste de la quitter ? J'avais du mal à comprendre cela n'étant pas proche de ma famille. D'ailleurs ces derniers temps, je m'étais souvent demandée si ça aurait pu être autrement de vivre avec mes parents. Est-ce que j'aurais été plus agréable ? Est-ce que j'aurais été une de ces petites dernières pourries gâtées de bonne famille. A la pensée d'une gamine avec des petits noeuds roses dans les cheveux, je grimaçais. Je préférais mon moi de maintenant, sans aucune hésitation. 
Cependant, la première fois que nous nous étions vues, elle était avec eux... Alors elle devait être plus proche d'eux que je ne l'étais. 

J'étais vraiment frustrée et énervée par moi-même, mais j'espérais encore pouvoir changer les choses et il n'était donc pas encore temps d'analyser le pourquoi du comment la situation avait évoluée ainsi. Pour le moment, je devais trouver un autre sujet de conversation. J'étais dans une sorte de transe, j'avais l'impression que des milliers d'abeilles volaient dans tous les sens dans ma tête pour trouver l'idée de génie qui allait me sauver la vie. J'avais trop peur de retomber les deux pieds dans le plat et j'avais encore plus peur de perdre encore une fois le joli sourire de ma camarade. Et puis, il fallait que j'y arrive avant que Krissel ne revienne et ça, ça me stressait encore plus. Wait a minute. Moi j'avais peur ? Moi je m'inquiétais de savoir ce que quelqu'un pouvait penser de moi ? Moi, je m'inquiétais de savoir si Aelle me trouvait cool ou pas ? Je secouais la tête sans vraiment m'en rendre compte, comme pour me débarrasser de toutes ces pensées qui m'envahissaient un peu trop et qui me faisaient passer pour quelqu'un que je n'étais pas.

" J'espère que tu vas pas avoir trop de problème pour avoir raconté n'importe quoi à Krissel... Fin', au pire tu pourras toujours dire que c'est ma faute, à la base c'est pas complètement faux, dis-je en haussant les épaules."

Je m'en fichais de toute manière, je ne connaissais pas sa famille alors elle pouvait bien leur dire ce qu'elle voulait sur moi. Enfin si... Il y avait Narym, mais ça le ferait peut-être rire. En réalité, je ne savais pas trop pourquoi j'avais fait en sorte que Krissel nous laisse toutes les deux... Ou plutôt je n'avais pas trop envie de me laisser le temps de savoir pourquoi. J'avais juste envie de passer un peu de temps avec la Poufsouffle... Pour... Apprendre à la connaître et puis zut c'était normal non pour une fille de mon âge de vouloir apprendre à connaître des gens sans avoir des gamins autour de nous. 

" Bon, sinon, maintenant que nous sommes entre nous, ça te dit un pari sur la coupe des quatre maisons de cette année ? Ca pourrait être drôle. "

Cette idée m'étais venue comme cela, pour la première fois de ma vie, j'avais envie de faire une action sur le long terme. Ce pari serait l'occasion d'avoir une discussion dans quelques mois, et même plusieurs discussions pendant l'année. Ca pourrait être assez marrant. J'avais envie de passer un peu plus de temps avec Aelle, je l'aimais bien. Alors pourquoi pas ? J'espérais vraiment qu'elle accepterait ce petit jeu que je voulais instaurer parce que cela me tenait beaucoup à coeur.

Je réfléchissais alors à ce que je pourrais demander si je gagnais... Je ne savais pas vraiment ce dont j'avais envie... Enfin, mon voeu le plus cher était de retrouver ce qui était arrivé à mes parents, à ma famille, mais je doutais qu'Aelle puisse réellement m'aider sur ce coup. Elle avait sûrement beaucoup de qualités mais elle n'était pas non plus capable de l'impossible. Que pourrais-je demander d'autre ? De simples friandises ? J'avais envie de demander quelque chose de spécial, quelque chose qui n'appartiendrait qu'à nous, mais je ne savais pas quoi... 

T'emballe pas Blackburn, elle a pas encore accepté, ça s'trouve elle va te virer du wagon pour avoir non seulement dit des bêtises à sa petite protégée, mais également pour avoir proposé une idée aussi stupide qu'un pari. 

Je détestais ma mauvaise conscience qui me disait que je n'avais pas lieu d'être là. 


Reducio
Désolée pour le retard et bienvenue dans notre rp Charlie :)

Troisième année RP (2043-2044)

JE SUIS UNE FILLE.

16 janv. 2019, 17:35
 RP++  « J’veux pas y aller ! »  LIBRE 
Je n’osais plus lever les yeux. Maintenant que je les avais baissé, c’est comme si une force me retenait de les poser sur Ebony. J’écoutai les battements de mon coeur en regardant le bout de mes mains ; l’envie de la regarder balayait toutes mes autres pensées et j’essayai de trouver où se cachait mon maigre courage.
Mes lèvres étaient trépignantes, hésitantes entre le sourire et la passivité. Quand j’arrêtais de les étirer, je voulais recommencer dans l’instant à sourire ; comme si, pour une fois, l’expression de mon visage pouvait décrire très précisément ce que je ressentais au fond de moi.

Le temps avait un autre goût que celui de ces derniers temps. *C’est différent*, songeai-je en regardant du coin de l’oeil le paysage défiler par la fenêtre. Il semblait s’être arrêté et en même temps j’avais l’impression qu’il coulait si vite entre mes doigts que je ne pouvais le retenir. Je me surpris à espérer, tout au fond de mon coeur, que Krissel ne revienne pas tout de suite. *Laisse-moi avec elle*. J’étais bien mieux sans cette enfant vide de toute réflexion.

Puis elle parla et toutes ces pensées quittèrent mon esprit. Sa voix double leva le voile de ma gêne et fit s’envoler mon coeur. Je levai les yeux sur elle, la regardant comme si elle avait toujours été près de moi, l’espoir faisant briller mes pupilles et la confiance que je ressentis alors me désarçonna. Quand je tombai dans son regard, ce sentiment étrange pris une proportion énorme et une vague de panique m’obligea à me détourner rapidement d’Ebony, le coeur battant, sans même avoir eu le temps de vraiment la voir. *Qu’est-ce que c’est ?*, ne pus-je m’empêcher de penser en sondant mon coeur sans y trouver la trace de ce qui m’avait fait peur.

Sonnée, je regardai avidement les plaines qui coulaient sous la vitesse, derrière la vitre du compartiment. La peur que je ressentais dans mes tripes étaient d’un genre que je n’avais jamais ressentie. Une peur mêlée d’espoir et de crainte ; qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ?
Mes questionnements menaçaient de me faire perdre pied ; je dus me concentrer plus que nécessaire pour me souvenir des paroles qui étaient sortis de la bouche d’Ebony et pour leur donner un sens. Quand j’eu réussi, je lui offris une réponse du bout des lèvres, le regard baissé et la voix chevrotante :

« Oui, dis-je, j’leur dirais qu’c’est toi, sinon. »

Etait-ce cette peur qui me transformait en cette chose pitoyable ? Ou était-ce seulement normal de se sentir ainsi après avoir partagé une complicité aussi folle ? Je n’en avais aucune idée, et je n’avais guère l’envie de découvrir la réponse : aucune d’elles ne me convenaient.

Le silence s’étira doucement, monstre qui tissa sa toile entre moi et Ebony ; il semblait prendre une place énorme alors que nous étions si proche, elle et moi. La tension commença à s’installer dans mon corps et je regrettai de sentir s’éloigner de moi les restes du rire que j’avais partagé avec elle. Je voulais en garder un souvenir infini et pouvoir le regarder autant que je le souhaitais.

« Bon, sinon, attaqua Ebony sans prévenir, me faisant frémir. Maintenant que nous sommes entre nous, ça te dit un pari sur la coupe des quatre maisons de cette année ? Ça pourrait être drôle. »

Cette fois-ci, je ne retiens en rien mes yeux qui se fixèrent sur elle, comme inexorablement attirés par les perles lumineuses de l’enfant. Devant l’intensité de son regard, mon souffle se coupa. Elle me regardait comme s’il n’y avait rien d’autre de plus intéressant à faire ; comme si c’était, à cet instant, la seule chose à laquelle elle pensait : me regarder. Ses yeux-là firent disparaître mon sentiment étrange qui, encore, menaça de me colorer les joues de rouge. Il ne fit que m’effleurer et me réchauffer avant de s’en aller, remplacé par des pensées florissantes. L’une d’elle franchit la barrière de ma bouche. Avant même que je puisse la lire et la comprendre, elle explosa mes barrières et s’effondra dans l’espace qui me séparait d’Ebony :

« Pourquoi faire un pari ? » demandai-je, perplexe.

L’instant d’après, ma tête me donna la réponse : ça pourrait être drôle, a-t-elle dit. Je ne voyais pas en quoi un pari pouvait être amusant, mais je savais à quoi ils servaient : à gagner. Dans la seconde qui suivit une autre pensée, bien plus folle, s'agrippa à mon crâne : qu’est-ce que cette fille pourrait bien m’apporter ? J’étais persuadé de pouvoir gagner beaucoup d’elle.
La troisième pensée qui s’installa dans ma tête détrôna toutes les autres, bien que je la trouvai particulièrement peu importantes à côté. Cette pensée dit : si ce pari est sérieux, nous serons amenées à nous revoir. Les grands yeux que j’ouvris à cet instant furent ceux que je présentai à Ebony ; un regard écarquillé et foutrement brillant. S’en suivit une agitation bouleversante de mon coeur qui ne pouvait signifier qu’une chose : je prenais tout cela bien trop à coeur. Mais cet organe n’avait aucune importance pour moi à cet instant précis.

« Ce s’rait quoi les enjeux ? » articulai-je difficilement, mes yeux ne quittant pas ceux d’Ebony.

Il me semblait avoir retrouvé mon sourire perdu, mais pourtant rien ne s’affichait sur mes lèvres. Cela se déroulait dans mon corps, dans un endroit que je ne saurais nommer.

« J’suis sûre qu’avec toi j’gagnerai un truc qui s’trouve nul part ailleurs, » laissé-je sortir sans y penser, l’euphorie me forçant à me pencher en avant.

Je n’avais aucune idée de ce que pourrait bien me donner Ebony, mais j’avais la conviction qu’une personne comme elle, avec tout l’intérêt que persistait à vouloir lui porter mon coeur ou mon corps, ne pouvait qu’avoir un Savoir inestimable à offrir.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 07 mars 2019, 08:01, modifié 2 fois.