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03 oct. 2018, 15:43
RPG++ | In procipio tua Odyssea | Solo
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~ IN PROCIPIO TUA ODYSSEA ~
Au commencement de ton Odyssée

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| MARDI 1 SEPTEMBRE 2043, AU MATIN |


« Tu as tout, tu es sûre ? Tu n'as rien oublié ? »

« Mais oui, papou, arrête ! »

Du haut de ses presque-douze-ans, Nora Carter-Lewis chassa avec agacement les réflexions angoissées de son père. Cela faisait au moins cinq fois qu'il s'inquiétait de savoir si rien ne manquait dans sa valise. Qui d'eux deux faisait rentrée à Poudlard aujourd'hui ? C'était à s'en poser la question. Et puis, comment pouvait-il croire un seul instant, alors qu'elle attendait ce moment depuis si longtemps, qu'elle pourrait avoir eu la bêtise de ne pas vérifier une quinzaine de fois le contenu de ses bagages ? Au fond de son esprit, une petite voix lui chuchota d'être compréhensive, que c'était l'inconnu pour lui, aussi. Nora leva les yeux au ciel. Ouais. Heureusement que son autre papa était là pour prendre sa défense :

« Dean... »

Ce seul mot prononcé par Peter Lewis en disait long sur l'agacement – quoique attendrit – que lui-même ressentait vis à vis des craintes de son compagnon. Dean plongea dans son regard pour y trouver de l'apaisement – après tout, lui, au moins, avait une idée d'où allait leur enfant – puis soupira légèrement et finit par sourire à sa fille.

« Désolé, chérie. »

Nora ne réagit pas à ces excuses, bien trop occupée qu'elle était à se mettre soudainement sur la pointe des pieds pour regarder la foule qui déambulait maintenant sur le quai de la gare.

« Ils sont où, là ? »

« Ils ne devraient pas tarder. » annonça Peter en regardant brièvement sa montre sorcière. « Tu sais comment est Amanda. »

Mais Nora, malgré la ponctualité maladive et légendaire dans toute leur famille de sa tante Amanda, ne pouvait s'empêcher de s'impatienter. Elle n'allait quand même pas monter dans le Poudlard Express toute seule, non ? Si sa cousine Amalia était en retard, elle lui en voudrait beaucoup d'avoir transformer leur moment magique en angoisse, c'était sûr et certain.

« Mais tu les vois ou pas ? »

« Pas encore, Nora... »

« Ah, moi, si. » interrompit Dean en dressant soudain son bras dans un signe de salut en direction de la famille qui venait visiblement tout juste de traverser la barrière magique, passage entre le quai sorcier et ceux moldus.

Une famille de cinq, avec le père, la mère, l'aîné qui avait visiblement fait sa rentrée à l'école de sorcellerie quelques années plus tôt, une fillette de l'âge de Nora qui avait déjà enfilé son uniforme tout neuf, et une petite fille qui regardait le Poudlard Express avec envie et émerveillement.

Oncle Hugo, tante Amanda, James, élève de Serpentard, Amalia et Eden.

« Hey ! Hugo, Amanda ! On est là ! »

« T'as pas fini de toujours te faire remarquer comme ça ? » grimaça Peter dans un murmure alors que plusieurs groupes s'étaient retournés vers eux après le cri de son compagnon.

Ce dernier ne répondit même pas et donna plutôt une grande tape dans le dos de Hugo pour saluer son beau-frère avec enthousiasme.

« Vous voilà enfin : Nora allait nous faire une petite crise de nerfs. »

« Même pas vrai ! » protesta la fillette en fronçant les sourcils, prête à sermonner son père.

Cependant, sa vexation cessa aussitôt qu'elle croisa le regard de sa cousine et elle se jeta presque sur elle avec fébrilité, l'excitation de leur prochain périple revenu en elle au galop.

« J'arrive pas à y croire ! Tu y crois toi ? Moi j'arrive pas ! C'est trop bien, hein ? »

Les yeux noisettes d'Amalia pétillèrent tandis qu'elle rendait à Nora son expression surexcitée.

« J'ai vraiment, trop, trop, trop, trop hâte ! Oh, et maman m'a donné des sous pour s'acheter des bonbons dans le train. T'imagines ? »

« Pas trop non plus, Amalia. » intervint tante Amanda en fronçant légèrement les sourcils. « Soyez raisonnables, je compte sur vous les filles. »

« Oui-oui. » répondirent en cœur les deux cousines en échangeant un regard complice. Elles, raisonnables ? Toujours...

Et tandis que les adultes se mettaient à parler de choses d'adultes – et donc, par conséquent, totalement inintéressantes, bien entendu – les deux première année s'enthousiasmèrent sur tout les sujets possibles et imaginables, tant que cela concernait de près ou de loin Poudlard. Du Poudlard Express bien sûr, en passant par le trajet, la vu des autres élèves, des uniformes, l'anticipation de leurs futurs cours, de leurs futurs amis, de leurs futurs discussions en pleine nuit de le lit de l'une ou de l'autre, jusqu'au banquet de bienvenue du soir-même : tout était matière à s'extasier devant ce qui les attendait.

Entre temps, tante Elisabeth et oncle Philippe le avait rejoint avec leurs deux filles, Lucy, en sixième année à Serpentard, et sa jeune sœur, Rebecca, pas encore entrée à Poudlard mais qui, ayant à peu près le même âge que Eden, se dirigea aussitôt vers elle pour s'extasier à son tour sur le jour où elles feraient enfin comme les plus grands.

C'est tout naturellement tante Amanda qui annonça quelques minutes plus tard qu'il était temps pour eux d'aller trouver des compartiments. James, le grand frère d'Amalia, qui entrait en quatrième année, argumenta qu'il était assez grand pour trouver un compartiment tout seul et, en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, souffla un rapide au revoir à la cantonade avant de disparaître, sûrement à la recherche de ses amis.

« Si jamais un jour tu me dis au revoir comme ça, je te déshérite. » commenta Peter à l'adresse de Nora qui pouffa face à l'expression désabusé de son père.

« Ne nous en parle pas, il a été comme ça tout l'été. » soupira oncle Hugo en secouant la tête de désespoir.

« Maman et papa ont dit que c'était normal, que c'étaient les hormones qui lui retournaient le cerveau. » souffla Amalia à l'oreille de Nora pour que seule celle-ci puisse l'entendre.

« Les hormones ? C'est quoi ? »

Amalia haussa les épaules, n'en sachant pas plus, mais précisa quand même que c'était probablement en lien avec l'adolescence. Pendant un dixième de secondes, Nora se représenta les hormones comme des sortes de petites bestioles qui attaqueraient le cerveau et grimaça. Ça ne lui arriverait pas, à elle, elle s'en faisait la promesse.

« Allons y. »


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« Ça va ? Tu es bien installée ? Sûre ? »

« Papou ! »

« Dean, tu recommences... » traduisit Peter l'expression outrée de leur fille à son compagnon.

Ce dernier leva les yeux au ciel et grommela quelque chose qui semblait demander qu'on le laisse angoissé en paix comme le père stressé qu'il était.

« Bon. »

Peter s'avança au plus près de la fenêtre du compartiment depuis laquelle Nora leur disait au-revoir. Il avait au fond des yeux une expression d'un sérieux absolue, teinté d'émotion que Nora décelait derrière ses mâchoires crispées.

« Quelques conseils de dernière minutes jeune fille : suit tes cours, travaille, fait tes devoirs en temps et heure. Ne t'inquiète surtout pas de ne pas te faire d'amis, laisse faire les choses. Sois polie avec tes professeurs. Ne va pas dans la forêt Interdite. Ne te promène pas dans les couloirs après le couvre-feu. Ne fais pas de bêtises tout court. Oh, et si jamais je reçois un hibou de ta directrice me disant que tu t'es battue, gard à toi ! » finit-il par le menacer d'un doigt levé, l'air sévère.

« C'est arrivé qu'une fois... 'Puis elle l'avait cherché, aussi ! »

« Nora. Je ne plaisante pas. »

« Ouais, d'accord. D'ac-cord. » insista-t-elle en voyant le regard de son père se faire plus insistant. « C'est bon, papa... J'ai compris ! »

Peter échangea un regard avec Dean et ses deux papas lui sourirent. Peter s'approcha d'elle et la prit dans ses bras avant de l'embrassé de longues secondes sur la tempe.

« Amuse-toi, ma chérie, c'est tout ce qui compte. D'accord ? »

Nora hocha la tête et reçu ensuite un Dean un peu tremblant entre ses bras.

« Tu sais, ça va aller, papou. » se sentit obligée de le rassurer la fillette, ne sachant que faire pour le consoler de ce départ qui semblait l'angoisser au plus haut point. « Je suis grande maintenant, et puis je ne suis pas toute seule. James et Lucy sont plus grands, et ils seront dans le château si j'ai besoin d'eux. Et il y a Amalia avec moi. Tu vois. »

Dean se détacha d'elle et planta son regard dans le sien.

« Je sais, ma chérie. Papou est juste ému, c'est tout. Ne t'inquiète pas pour moi, profite bien de ta journée. C'est promis ? »

« C'est promis. »

« Promesse de petit doigt ? » insista Dean en lui présentant son auriculaire.

Nora sourit de toutes ses dents et croisa son auriculaire du sien avant de le secouer légèrement.

« Promesse de petit doigt. »

Un sifflement strident retentit à cet instant et un immense panache de fumée s'éleva de la locomotive. Amalia et Nora, toutes les deux penchées à la fenêtre de leur compartiment, s'empressèrent d'adresser à leur famille.

« Au revoir ! »

« Passe une bonne journée ! »

« On se voit à Noël ! »

« On t'écrit dès demain !

« Papou ! »

Dean éclata d'un rire qui dissimulaient les larmes qui couleraient certainement lorsque Nora serait trop loin pour le savoir, et Peter passa un bras affectueux autour de sa taille.

« Tout ira bien pour elle, Dean. »

Dans le train, lorsqu'enfin la voie 9 ¾ fut hors de vu, et qu'il leur apparu que continuer leurs amples mouvements de bras ne servait plus à rien, Amalia et Nora pivotèrent l'une vers l'autres. Laissèrent passer une seconde. Avant de pousser un petit cri commun et de se jeter dans les bras l'une de l'autre.

Elles y étaient.

Nora Maggie Joy Carter-Lewis, pour vous servir !