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17 oct. 2018, 22:43
Grand départ pour Poudlard
31 Août 2043 - 17:44
Salon de tatouage "Antre de l'encre"
Chemin de traverse


La journée était bien avancée, c'était la fin de l'après-midi et pourtant il faisait encore très lourd dans le petit salon de tatouage situé sur le Chemin de traverse. Assise à une fenêtre de l'arrière boutique, Swann regardait les passants marcher, un coude posé sur la petite table en formica jaune, la main retenant sa tête alourdie par la chaleur.
Une lettre était posée devant elle. Sa lettre de Poudlard qu'elle avait reçu quelques semaines plus tôt. Elle se souvient, elle était assise à la même place, pratiquement dans la même position, certainement faisant la même activité, lorsqu'un hibou Grand-Duc était passé devant la vitre, la faisant sursauter. Dans son bec se tenait une enveloppe cachetée, l'encre de l'écriture était rouge, et son nom y était inscrit.

Swann Fox
Arrière-boutique de l'Antre de l'encre
Chemin de Traverse, Londres


Elle n'en avait pas cru ses yeux en découvrant que quelqu'un connaissait l'endroit où elle résidait, alors qu'elle n'en avait parlé à personne. Elle avait d'abord cru qu'il s'agissait d'une farce de son père, et s'était levée pour lui demander en face. Entrant dans la pièce où se situait la table de travail, Elle lui avait tendu l'enveloppe sans même l'ouvrir, sans rien dire car son regard interrogateur disait tout.

Ah ! Qu'il s'était écrié. C'est ta lettre de Poudlard, ça. C'est l'école des sorciers. Tu vas passer l'année là-bas, tu savais ?

Non. Non, elle ne savait pas. En fait, elle ne savait rien, elle n'avait absolument aucune explication à qui se passait dans cette rue étrange. Pourquoi les tatouages que son père encrait dans la peau des clients s'animaient une fois réalisés ? Pourquoi les objets bougeaient tout seuls quand les adultes donnaient un coup de moulinette de leur baguette ? Personne ne lui avait fait de résumé. Même pas son père. Elle n'avait pas non eu droit à un "Tu es une sorcière, Swann." Lorsqu'elle sortait sur le chemin de Traverse, c'était toujours au petit matin, lorsque le monde n'affluait pas encore, et qu'elle pouvait librement jouer sur les pavés.

Son père, Dorcas Fox, n'était pas un grand bavard avec elle. Pourtant, il l'était avec les dames et messieurs qui venaient se faire tatouer. Mais avec sa fille, non. Avec sa fille, il lançait des sourires gênés, des grands silences et des tapes maladroites sur sa frêle épaule. Elle avait l'impression qu'il n'avait pas envie qu'elle soit là. D'ailleurs, elle n'avait pas vraiment eu envie de venir, elle non plus. Elle avait été obligée, voilà. Elle aurait bien aimé que tout reste comme avant, avant que...

Ouh là, je suis encore en train de rêvasser. Retour dans l'arrière-boutique, à la table formica, la chaleur suffocante de la fin de l'après-midi mouillant son front. Swann reluqua un énième fois sa lettre songeant qu'une fois encore, elle allait devoir déménager. Ses valises étaient faites, ses fournitures achetées, sa baguette l'avait choisi, elle était prête pour partir le lendemain. Prête, l'était-elle vraiment ?


***


1er Septembre 2043 - 10:52
Gare de King's Cross


Image

Dorcas Fox faisait rouler un chariot sur lequel une valise à pois avait été négligemment jetée. Il lançait des coups d’œil furtif derrière lui. Car derrière lui, une jeune rouquine traînait de la patte, les mains jointes derrière son dos, sa robe blanche et légère volant au rythme de ses pas lents. Arrivés devant un grand pilier de pierre, situé entre la voie 9 et la 10, il s'arrêta et se retourna vers elle.

- Allez, monte sur le chariot.
- Hein ?
se surprit-elle à répliquer, étonnée que son père lui propose quelque chose.
- Monte, j'te dis. Tu vas voir.

Sans se faire tarder, la demoiselle grimpa sur le chariot, posa son derrière sur la valise et agrippa ses mains sur les barrières en métal du bard, un demi-sourire sur les lèvres. Une fois installée, Dorcas reprit la parole.

Ferme les yeux.

Cette fois, elle ne répondit rien, abaissant ses paupières tandis que son sourire s'allongeait. Elle avait presque l'impression d'être proche avec son papa. Elle sentit le chariot bouger, aller de plus en plus vite et ne put s'empêcher d'entre-ouvrir un œil pour plus de sensations. Des sensations, elle en eut un flot qui la submergea lorsqu'elle se rendit compte qu'il fonçait droit sur le pilier ! Par réflexe, elle ferma très fort les yeux de nouveau, serrant du plus qu'elle pouvait les barreaux du chariot. Ça y est, je vais mourir. J'savais qu'il voulait pas de moi.

Puis la vitesse ralentit pour retrouver un rythme de marche. Pas de choc. Pas de boum. Swann ouvrit les yeux : elle était dans une autre partie de la gare, avec tout pleins de sorciers partout. Et elle n'était pas morte. Et son père ne voulait pas la tuer. La gamine se tourna vers son père qui lui souriait, probablement content de son manège. Elle se mit à rire de bon cœur, le stress du moment devant s'expulser.

Le vieux train à vapeur qui attendait 11h se mit à cracher sa fumée noire de son énorme narine en fer. Swann se releva et prit en main sa valise, levant les yeux vers son père. Encore une fois, un grand silence apparut entre eux deux, décidément il n'était pas doué pour les paroles réconfortantes et paternelles. Swann prit donc les devants et planta un petit baiser sur sa joue gauche et pleine de barbe.

Au revoir, P'pa. On se revoit pour Noël.

Cette perspective n'était d'ailleurs plus si dramatique. Peut-être qu'elle et lui finiraient par s'entendre après tout. En apprenant son monde dans cette école, elle deviendrait sûrement plus proche de lui.
La Fox grimpa sur les marches d'un des wagons en soulevant sa lourde valise à pois, et entra dans le train après avoir fait un petit signe de la main à son père.

Trouvant une cabine libre, elle y rangea son bagage dans la petite soute prévue à cet effet, et s'installa sur la banquette, du côté de la fenêtre. Elle n'était pas du côté du quai, car toute les cabines se trouvant de ce côté avait été prises, et ne put pas faire un dernier coucou de la main à son paternel. Posant sa tête sur la vitre, elle attendit que le train démarre pour pouvoir rêvasser en regardant le paysage.