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01 févr. 2019, 12:05
De grandes espérances  Solo 
[SOLO]

Mardi 1er septembre 2043
9h


-Quai 9/34 - Londres-

Le quai 9 ¾ était plein, des dizaines de voix s’entremêlaient, parfois entrecoupées par des cris de chouettes. Partout, des valises et autres cages à oiseaux jonchaient le sol. Certains adultes semblaient avoir les larmes aux yeux en voyant leurs progénitures monter dans les wagons.
La mère de Gabryel regardait son fils avec bienveillance. Les yeux du jeune apprenti-sorcier scrutaient le quai avec anxiété en tripottant la boutonniére de son manteau.

Flora Chambon, de son nom moldu, était née à Paris de parents français tous les deux enseignants. Sept ans plus tard, les Chambon s’exilèrent en Ecosse pour enseigner dans un lycée français. C’était une femme de taille moyenne, élancée et élégante. Son doux regard bleu, qu’une frange dorée couvrait à demi, savait d’un seul regard éloigner tous les doutes de son fils. Elle ressentait si fortement la peur entremêlée d’excitation de Gabryel.
La légilimens avait découvert son don de télépathe à l’âge de 11 ans, et celui-ci n’avait eu de cesse de se développer.

La première fois qu’elle se connecta à l’esprit de quelqu’un, cette expérience la traumatisa durant plusieurs jours.
Flora s’était liée d’amitié avec une camarade de classe, Jenna, qui était arrivée un matin avec une paupière tuméfiée et violacée. Alors qu’elle l’observait de loin, une étrange sensation de chaleur l’envahit. Comme agité par une convulsion soudaine, son corps se mit à s’articuler frénétiquement. Flora sentit qu’elle allait tourner de l’œil. Elle se tint au mur le plus proche pour ne pas tomber.

Des images commençaient à se dessiner dans son esprit : Un homme de grande taille et à l’imposante carrure se tenait debout devant elle d’un air sévère. Elle sentit une douleur intense à l’un de ses yeux, qui s’embuèrent de larmes. Elle se recroquevilla sur le sol, les bras pliés sur ses genoux. La respiration haletante, Flora avait envie de vomir.

L’homme la dévisageait méchamment en vociférant :

« Tu l’as cherché, avoue le… J’t’ai pourtant répété cent fois que tu d’vais pas me défier, mais t’en fais qu’à ta tête. Reste à la cave jusqu’à ce que je te dise de remonter, ça t’apprendra à m’tenir tête et à la ramener... ».

Un claquement de porte se fit entendre, suivi d’un silence pesant. Flora était plongée dans le noir. Une nuit glaciale avait pris possession de tout son être. Solitude, puanteur, peine, peur, douleur… Une escalade de sensations ruisselait en elle. La chaleur du sang le long de son nez fit frémir ses lèvres bleues et se distilla sur sa langue. Nausée...

La lumière du jour revint d’un seul coup. Flora était à nouveau debout, appuyée contre le mur de la cour. Elle se sentait fébrile. Peu à peu, son corps se réchauffa.
Sur le moment, elle était incapable d’expliquer ce qu’elle venait de vivre. A quelques mètres, Jenna la dévisageait, comme si elle aussi avait ressenti quelque chose.

Une fois installées côte à côte en salle de classe, sa camarade lui confia que son père l’avait battue la veille pour une histoire de vêtements mal rangés. Son paternel était manifestement un homme violent de nature. Flora apprit que la mère de Jenna s’était enfuit peu après la naissance de sa fille pour échapper aux coups et aux insultes. Depuis, l’enfant tentait de grandir dans la terreur quotidienne du foyer.
Revenant sur la sensation ressentie par sa camarade dans la cour de récréation, Jenna lui confia qu’elle avait eu à ce même moment le sentiment que quelqu’un s’était emparé de son esprit subrepticement, sans qu’elle ne puisse rien faire.
Comme si une seconde âme avait cohabité quelques secondes avec la sienne, apaisant un instant sa tristesse et son honte.

Après cette expérience, Flora ne revit jamais plus Jenna. Dés le lendemain, la directrice de l’école avait fait intervenir les services sociaux et la fillette fut confiée à une famille d’accueil.

Pendant de longues années, Flora développa son don, intégra Poudlard, tomba folle amoureuse de son camarade de classe Angel Fleurdelys...
A ce moment précis, plongée dans ses souvenirs sur ce quai 9 ¾ qu’elle connaissait si bien, la Gryffondor souriait en observant avec tendresse son fils. Gabryel allait devenir un puissant sorcier, bienveillant et généreux comme son père, elle le sentait au plus profond de son être.

Le chef de gare siffla, ce qui signifiait que les derniers retardataires avaient plutôt intérêt à grimper rapidement à bord du Poudlard Express, le départ était imminent.
Flora monta dans l’un des wagons encore vides, déposa la malle de Gabryel sur l’un des fauteuils. L’enfant la suivait, penaud et déconcerté de quitter sa mère. Il s’installa sur la banquette du train, la tête basse, tirant sur la ficelle de la boutonnière sur son sac à dos. Flora se pencha sur lui et du bout des doigts releva tendrement son menton. Leurs grands yeux bleus se rencontrèrent. Flora sourit à Gabryel :

- Flora : « Ne sois pas chafouin ma citrouille. Papa m’a confié hier qu’il était triste de ne pas avoir pu t’accompagner. Mais il voulait être certain que tu aurais le cœur léger pour ton arrivée à Poudlard. Tu n’imagines pas les merveilleuses aventures qui t’attendent, jeune sorcier ! »

Flora lui pinça le bout du nez et l’embrassa tendrement sur le front. Gabryel succomba à l’amour de sa mère et se fendit d’un grand sourire. Puis son visage exprima soudainement une mine anxieuse.

- Gabryel : « Et si jamais j’échoue... »

Flora ne le laissa pas finir sa phrase :

- Flora : « Il faut toujours viser la lune, car dans le pire des cas, on atterrit dans les étoiles... »

Seule sa mère savait trouver les bons mots. Le timbre de sa voix était tendre et affectueux. Rassuré, Gabryel sentait maintenant l’excitation monter.
Flora le serra dans ses bras. Après quelques dernières recommandations « sois toujours poli », « mange bien » ou « profite de chaque moment », la magicienne lui lança un dernier baiser de la main et rejoignit le quai.
Le train démarra dans un bruit de vapeur et de sifflet. Gabryel vit le visage souriant de sa mère devenir de plus en plus flou, jusqu’à ne plus l’apercevoir du tout.
Une escalade de pensées remplissait son esprit. L’aventure commençait...

Image
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 22 nov. 2020, 15:28, modifié 4 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

27 mars 2019, 20:23
De grandes espérances  Solo 
Mots en gris : Stand des défis

Fondue comme neige au soleil... C’est l’effet que l’encouragement de sa mère avait provoqué sur la peur de Gabryel quant au fait de les décevoir. L’enfant espérait tellement qu’ils soient fiers de lui. Il savait que leurs études à Poudlard avaient été brillantes. Leurs diplômes respectifs de sorciers aguerris, accrochés en toute simplicité dans l’un des couloirs du château familial, avaient toujours impressionné le jeune futur Gryffon. Outre l’investissement et le sérieux dont Flora et Angel avaient fait preuve durant leurs études, ils avaient gardé beaucoup de bons camarades dans leurs relations.
Sans être les plus populaires de leurs promotions, ils étaient appréciés de tous. Gabryel espérait être accepté par les autres élèves, et ne pas souffrir à nouveau du rejet dû à son bégaiement. D’abord amis, les deux amoureux s’étaient rencontrés dés la première année. Ils s’étaient soutenus dans les moments de doutes. L’Écossais, lui, faisait cavalier seul, et espérait se forger de solides amitiés pour affronter les doutes et les moments difficiles. Son ami Grégoire ne serait pas là pour l’aider à se défendre face à la méchanceté et l’injustice dont pouvaient faire preuve parfois les enfants entre eux.

Le paysage défilait sous ses yeux, tandis que de futurs apprentis sorciers passaient et repassaient dans le couloir du wagon. Gabryel était plutôt content d’être seul dans son compartiment. Sa timidité excessive le pétrifiait trop souvent et le faisait parfois passer pour un faible aux yeux des autres.
Il avait cela dit déjà rencontrés certains camarades au Chaudron Baveur la veille avec lesquels il avait partagé un agréable moment, mais être désigné par le Choixpeau dans une maison et en être digne étaient autre chose.

Il se rappela certaines rentrées dans son école moldue, quand chacun devait se présenter devant toute la classe le premier jour.
À chaque fois, le jeune garçon appréhendait son tour tandis que les autres parlaient de leur talent pour le sport, ou avaient le projet d’être chefs de classe. Lui ne souhaitait qu’une chose, se faire oublier. Lorsqu’il s’agissait de prendre la parole, il tentait de garder son calme afin de s’exprimer clairement, en formulant des phrases claires et courtes. Immanquablement, son coeur s’emballait et les mots peinaient à sortir de ses lèvres. Il s’emmêlait les pinceaux, au point de buter sur certaines syllabes. Il devenait alors « le bègue ». Si certains camarades ne se souciaient guère de sa différence, d’autres s’en donnaient à coeur joie avec férocité pour appuyer leur toute-puissance.
Oublier...

Il se devait à ce moment, alors que le Poudlard Express fonçait vers son destin, d’élucider un mystère encore insoluble à ses yeux : Comment se faire accepter sans se faire violence en allant davantage vers les autres...

Terminé

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »