Arya suivait ses sœurs Sandy et Madison sur le quai en poussant sa valise, les yeux au sol. C'était la dernière fois où elles étaient trois à partir à Poudlard, comme Sandy entrait en septième année. Dans un an, elles ne seraient plus que deux à trimballer leurs bagages, et encore un an après, Arya serait toute seule à prendre le Poudlard Express. Cette pensée ne lui était pas nouvelle, elle y songeait déjà depuis longtemps. La fillette avait souvent regretté d'être la benjamine de la famille, se sentant toujours inférieure à ses six sœurs. Ce jour-là, elle désirait simplement être fille unique pour ne pas avoir à suivre les recommandations de Sandy et Madison qui profitaient de chaque occasion pour lui faire une remarque. La fillette souhaitait simplement pouvoir se promener sur le quai au gré de ses envies, mais sa mère avait bien spécifié à ses sœurs de ne pas la quitter des yeux, et Madison se faisait un plaisir de lui obéir au doigt et à l’œil.

La jeune Gryffondor observa les autres élèves autour d'elle, soufflant sur une mèche de cheveux qui lui tombait dans les yeux. Elle s'était habitué à ses cheveux courts durant les deux dernières semaines. Au début, ne pas sentir ses cheveux lui coller dans la nuque lui procurait une sensation étrange de manque, mais à présent elle profitait pleinement de cette nouvelle liberté de mouvement. Il lui semblait qu'elle pouvait plus facilement tourner la tête, comme libérée d'un poids qu'elle avait supporté pendant toute sa vie. Pourquoi diable avait-elle autant attendu avant de se couper les cheveux ?

Elle chassa rapidement cette interrogation de sa tête. Elle gardait un mauvais souvenir du jour où elle s'était coupé sa chevelure brune dans un excès de rage. De rage, mais contre qui ? Elle se le demandait encore. Contre elle, contre son défunt père ? Comment pouvait-on ne serait-ce que détester quelqu'un qui était enterrée sous terre ?

Arya gardait obstinément les yeux au sol, immobile. Ses sœurs ne voulaient pas la voir bouger, alors elles seraient servies. De toute façon, le quai commençait à se remplir de monde, d'étudiants comme de parents, le tout dans une effusion de bonheur et de tristesse. C'était trop de personnes à la fois pour la fillette, qui se crispa dès que la foule commença à la bousculer un peu.

Elle écouta un père dire au revoir à son fils, tout près d'elle. Son père à elle, n'était jamais venu l'accompagner sur la quai 9 3/4. Et il ne l'accompagnera jamais. Les sanglots du père ému à côté d'elle résonnait dans ses oreilles, bien trop fort. Elle voulait qu'il se taise, qu'il se taise... Elle ferma les yeux un instant pour se ressaisir, appuyée sur sa valise.

Enora avait du mal à y croire. Elle n'avait pu passer que trois semaines en famille et déjà elle devait reprendre le train vers Poudlard. Ses vacances n'avaient même pas été des plus agréables. Son père avait beau être resté tout ce temps au manoir, ce qui n'était pas habituel, les deux parents étaient stressés. Ils n'avaient pas cherché la compagnie de leur fille qui avait donc passé le plus clair de son temps à bouder dans un arbre. Même lorsqu'elle avait dû aller au Chemin de Traverse avec sa mère, celle ci s'était arrangée pour la laisser avec une assistante. La petite brune n'avait pas décroché un mot de toute la journée après ça. Du moins, elle ne s'était pas adressé à ses parents car elle avait fait quelques rencontres amicales ce jour là. Et ne parlons pas du mariage auquel ils avaient été convié ! 
Aujourd'hui, seule sa mère l'aidait avec ses bagages sur la voie 9 3/4. Elles avaient passé sans problème le mur de brique avant de se faire dûment contrôler. Le Conseil des Sorciers ne faisaient aucune exception. Celui qui avait vérifié ses papiers lui avait lancé un regard qu'elle ne comprit pas. Enora ne releva pas, elle ne voulait pas faire d'histoire. Malgré les semaines chaotiques, elle voulait juste prendre la main de sa mère. Aussi, quand elles reçurent le feu vert, elle s'empressa de la saisir en tirant sa petite valise sur roulette. La belle rousse la serra sans rien dire, accueillant le geste d'affection avec plaisir même si elle savait bien d'où il venait.
Une fois les bagages embarqués, elle s'agenouilla devant la fillette et lui replaça une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Le train ne va pas tarder à partir, ma chérie, annonça-t-elle, la mine triste.

L'aiglonne hocha la tête.

- Je sais maman. Je devrais aller me chercher une bonne place, dit-elle en regardant le train.

Elle n'avait aucune envie de monter dedans tout de suite car ça voulait dire quitter déjà sa mère. Mais elle était une Horton et elle voulait être forte pour elle. Elle savait qu'elle avait beaucoup d'affaires à gérer avec son père même si elle en ignorait les détails.
La rousse enveloppa l'enfant dans ses bras et lui murmura un au revoir chaleureux, lui souhaitant bonne chance pour l'année et lui faisant promettre de leur écrire souvent à son père et elle. Enora s'empressa d'acquiescer et déposa un baiser sur la joue de sa mère qui le lui rendit. Les deux retenaient des larmes. La belle enfant sourit une dernière fois à sa mère avant de s'approcher d'un wagon. Elle se retourna après quelques pas seulement pour capturer une dernière fois son visage. Celle-ci lui faisait des grands signes de main. L'enfant lui répondit avant de poursuivre, un sourire sur les lèvres.

Enora croisa quelques uns de ses amis de l'année précédente. Pour la plupart, elle avait gardé contact grâce à son fidèle hibou. La majorité prenait leur temps pour dire au revoir à leurs parents. Enora constata à regret qu'elle était parmi les plus affectés par ce Conseil des Sorciers. Ou bien son regard était biaisé par la peine. Certainement, ça n'aidait pas. Elle qui était si rationnelle d'habitude se trouvait bien émotive. Qui lui en voudrait ? Du haut de ses douze ans elle s'était retrouvée séparée de sa famille pendant un très long moment.
Dans la foule de visage, l'aiglonne cru en repérer un de familier. Pourtant, elle hésitait. La coupe masculine ne lui disait rien mais ces traits qu'elle n'avait pas vus depuis des mois...

"Arya ?" se murmura-t-elle à elle même sans s'en rendre compte. 

Ses sourcils se fronçèrent face au doute. Elle devait en avoir le coeur net. Elle se détourna de la porte de wagon et se fraya tant bien que mal un chemin vers la jeune fille immobile. Sa tête était obstinément tournée vers le sol mais Enora pouvait bel et bien la reconnaître. Elle mit finalement le doigt sur l'origine d'une telle hésitation. La chevelure de son amie avait largement réduit en longueur. D'une coupe mi-longue, elle était devenue garçonne. Malgré le poid de son regard, la gryffondor ne broncha pas. Sans doute ne l'avait elle même pas vu arriver. La petite brune prit cette chance de se recomposer avant de saluer son amie. 

-  Bonjour Arya ! Comment tu vas ? dit-elle en toute simplicité. 

Les deux jeunes filles n'étaient pas spécialement proches mais Arya avait été l'une des premières connaissances d'Enora à Poudlard et l'aiglonne ne l'oubliait pas.

Arya rouvrit les yeux en entendant son prénom. Elle et ses sœurs se retournèrent d'un même mouvement vers l'origine de la voix, et la fillette fut surprise de découvrir Enora Horton en face d'elle. Elles ne se connaissaient pas très bien, mais la Serdaigle avait toujours eu l'air d'être très gentille et bienveillante.

Arya leva les yeux vers ses sœurs, l'air de dire « de toute façon, vous ne pouvez pas m'empêcher de parler une amie ». Madison avait peut-être décidé de lui gâcher la rentrée, mais la benjamine ne comptait pas se laisser marcher sur les pieds sans rien dire. De plus, Enora était à Serdaigle, ses sœurs ne devraient donc pas voir de mal à ce qu'elle lui parle. Elles n'étaient pas aussi catégoriques que leur père quant aux maisons, mais adulaient tout de même la leur. Arya se souvint du jour où elle s'était ramené avec Sya, une amie gryffondor, dans le compartiment qu'occupaient ses sœurs, l'année passée... Une discussion quelque peu musclée avait commencé entre Madison et son amie, jusqu’à ce qu'Arya décide de quitter les lieux avec Sya.

Enora n'avait pas beaucoup changé pendant l'été, même si cela ne l'aurait pas étonné de savoir qu'elle avait grandi de quelques centimètres, contrairement à elle. La jeune Gryffondor serait-elle condamnée à devoir regarder le monde d'en bas toute sa vie ? La croissance semblait avoir oublié de la prendre au passage, et son petit mètre 28 l'obligeait toujours à lever la tête ne serait-ce que pour regarder où elle allait.

- Enora ! s'exclama-t-elle avec un sourire en coin. Je vais bien, et toi ? Comment étaient tes vacances ?

Elle remarqua la regard qu'Enora portait sur sa nouvelle coupe de cheveux, ce qui fit sourire la gryffondor. Elle s'amusait des différentes réactions que portait son entourage quant à son changement soudain. Le monde entier la voyait enfin telle qu'elle était réellement, et elle se profitait à fond de cette surprise qu'elle pouvait provoquer.

- J'avais envie de raccourcir un peu, s'expliqua-t-elle en désignant ses cheveux emmêlés.

Madison lui lança un regard en coin, un sourcil levé. Bon, d'accord, sa nouvelle coupe n'était peut-être pas seulement dû à une simple envie de changement. Ce n'était pas une envie de liberté qui avait animé ses mouvements ce jour-là, mais bien une réelle volonté de détruire ces symboles que représentaient son peu de féminité. Elle n'était pas la fille que ses parents souhaitaient qu'elle soit, et jamais elle ne le sera. Elle comptait bien le montrer à tout le monde, et assumer son surnom de garçon manqué.

Elle reporta son attention sur Enora et demanda avec un regard malicieux :

- Prête pour commencer la deuxième année ?

Enora remarqua du coin de l'oeil le mouvement à l'unisson des deux soeurs d'Arya. Elle fit le choix de ne pas leur rendre la pareille bien qu'elles fassent partie de la même maison. La tension était palpable et elle décida de prendre le parti de son amie même sans savoir d'où venait le conflit. Après tout, elle ne connaissait pas bien ces aiglonnes, étant dans une année inférieure. La gryffondor, elle affronta leur regard sans ciller avant de reporter son attention sur son interlocutrice. Un dialogue silencieux avait pris place pendant les quelques secondes du passage d'un ange. 
La jeune fille vit son amie la dévisager et attendit sans broncher. Il aurait presque été injuste d'en faire autant. Après tout, elle ne s'était pas gênée pendant qu'Arya avait les yeux fermés, pensant à elle ne savait trop quoi. Etait ce vraiment impoli si la personne ne le remarquait pas et donc, ne souffrait d'aucun inconfort ? Cela pouvait paraitre bizarre, comme regarder une personne dormir mais encore une fois, sans témoin, elle ne voyait pas le mal. 
Enora n'eut pas le temps de s'enfoncer plus en avant dans ses pensées alambiquées car son amie avait fini son inspection post estivale. 

- Je vais bien, et toi ? Comment étaient tes vacances ?
 
Bien sur, elle lui avait retourné sa question, sans oubier de mentionner les fameuses vacances qui venaient de se terminer. Cette fois ci, la brunette ne put y résister et jeta un oeil aux soeurs de son amie avant de se dire qu'au fond, ce n'était pas vraiment elles la source de son hésitation. Enora ne savait pas si elle pouvait réellement aborder le sujet. Elle n'avait pas partagé avec Arya la terrible lettre qu'elle avait reçue après les évènements de mai. En réalité, elle n'avait pas partagé cette lettre avec grand monde et peu de gens en dehors de ceux qui étaient aussi restés à Poudlard étaient au courant de son séjour forcé. D'un autre côté, elle détestait mentir. 
Sans montrer le tumulte intérieur, elle se décida pour un juste milieu.

- Je vais bien merci ! J'ai du rester à Poudlard une bonne partie de l'été mais j'ai pu rentrer pour la fin du mois d'âout, étaya-t-elle sans s'épancher. Toi tu es rentrée chez toi, non ? 

Elle demandait mais Enora savait. Il aurait été bien difficile à la gryffonne de l'éviter pendant plus de deux mois dans un château presque vide. 
Un sourire étira les lèvres d'Arya avant qu'elle ne fasse mention de sa nouvelle coupe. Elle semblait en être fière, ce qui fit sourire l'aiglonne en retour. Elle avait bien eu raison d'avoir fait ce qu'elle voulait de ses cheveux et puis, ça lui ressemblait. Elle se remémora l'une de leurs conversations dans la grande salle. Tout comme elle, elle aimait grimper aux arbres bien qu'à son instar, Enora n'ait pas beaucoup d'autres traits qu'on pourrait qualifier de garçon manqué. Elle détestait cette expression. Comme si une fille avait raté quelque chose en étant une fille. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle coiffure lui seyait à merveille : pratique et hors du commun. 

- ça te va très bien, répondit-elle en gardant son sourire. 

- Prête pour commencer la deuxième année ?

Toujours. Enora était toujours prête à apprendre plus. Elle ne savait cependant pas si elle n'avait pas déjà trop vu Poudlard du haut de ses douze ans. Un chateau rempli à nouveau la fera sans doute changer d'avis.

- Bien sur ! J'ai même hâte de retrouver les amis et les cours ! ça t'a manqué aussi ? 

Arya remarqua à quel point Enora s'appliquait à ne pas regarder ses sœurs, et l'en remercia intérieurement. Ainsi, pas de risque de débordement au milieu du quai.

Elle remarqua que la Serdaigle hésita avant de lui parler de ses vacances. Elle ne voulait pas la forcer à lui raconter, même si elle était plutôt curieuse. Mais après tout, elle non plus n'avait pas vraiment envie de se rappeler les détails de son été. D'ailleurs, c'était à peine si elle se souvenait du mois de Juillet. Tout ce qu'elle avait retenu de ces deux mois de repos, c'était ce 6 Août, et tout ce qu'il s'était passé ensuite. Avant, ce n'était pas un trou noir, loin de là. Seulement un autre monde. Un monde où son père était encore vivant. Un monde qu'elle ne reverrait plus jamais. Est-ce qu'elle en était triste pour autant ? Impossible à dire.

Enora lui expliqua sa situation estivale. Elle avait dû rester à Poudlard une partie des vacances. Arya n'ignorait pas que les choses avaient été plutôt compliquées à gérer avec certaines familles avec le nouveau gouvernement, et se demanda quelles difficultés Les Horton avaient bien pu rencontrer. Elle, avait eu de la chance. Même si sa mère était moldue, elle n'avait pour l'instant eu aucun soucis. Peut-être en aurait-t-elle maintenant, à présent que son père était mort. Était-elle encore considéré comme une sang-mêlé ? Elle ne savait pas et s'en fichait. Tout ce qu'elle voulait, c'était oublier son géniteur. Le placer dans un coin de sa tête et l'effacer, petit à petit.

- Oui moi je suis rentrée, confirma-t-elle. J'ai pu monter aux arbres de mon jardin autant que je le voulais !

Si elle se souvenait bien, Enora avait aussi mentionné une certaine passion pour l'escalade dans les branches. Elle espérait qu'elle pourraient le faire ensemble, un de ces jours. Cette dernière pensée surprit la jeune Gryffondor. Jamais elle ne songeait à faire quoi que ce soit avec qui que ce soit. Pourquoi y pensait-elle donc maintenant ?

La Serdaigle avait l'air enthousiaste pour commencer l'année, ce qui était presque contagieux. Arya elle, ne savait pas trop. Elle n'avait plus du tout envie d'étudier, et son intérêt pour les cours avait largement baissé pendant le mois d'Août, elle qui lisait avant le plus possible de livres sur les matières qu'elle maîtrisait le moins pour s'améliorer. Par contre, elle avait hâte de reprendre le vol. Être encore plus à l'aise sur un balai, voilà ce qu'elle attendait de cette nouvelle année scolaire.

- Ouais, moi aussi. Le début d'année, c'est toujours stimulant. Même si je n'ai pas hyper envie de recommencer à travailler, je dois l'avouer... Les devoirs ne m'ont pas manqué, dit-elle avec un sourire en coin.

Il y avait une autre chose que la fillette redoutait, contrairement à Enora : retrouver les gens. S'il y avait bien une critique qu'Arya pouvait faire à propos de Poudlard, c'était le nombre d'élèves. Ou plus simplement, la présence des élèves. Pendant ces deux mois de vacances, elle avait adoré pouvoir dormir seule dans une chambre, pouvoir passer la journée seule. Maintenant, elle allait devoir se réhabituer à la compagnie constante, dormir avec pleins d'autres élèves, devoir être entourée à chaque heure de la journée... Même si elle ne comptait bien sûr pas passer ses journées avec ses quelques amis, elle détestait voir tous ces élèves joyeux avec leurs groupe, et devoir supporter leurs regards, de quelque nature qu'il soit.

- Mais la chose qui m'a le plus manqué, ajouta-t-elle, c'est la nourriture. Manger moldu pendant deux mois m'a désintoxiqué, maintenant j'ai juste envie de bons jus de citrouille...

Enora sourit. Il semblait qu'Arya aussi se souvienne de cette fameuse discussion qu'elles avaient eue en début d'année dernière. A l'époque, elle ne se posait pas autant de question et sa famille n'avait pas de soucis. En réalité, elle ne savait pas si c'était ça ou qu'elle ne les voyait pas avant. Elle avait eu une enfance très insouciante et heureuse à l'écart de cette société magique. Peut être que c'était pour cela en fait que ses parents avaient choisi l'isolement. La distance était une bénédiction et aller à Poudlard l'avait brisée. 
Elle ne détestait pas l'école pour autant. Ce lieu de savoir était devenu une deuxième maison. Certes elle y avait passé beaucoup plus de temps que prévu mais elle aimait cet endroit de tout son coeur. Il l'avait fait grandir de bien des manières dont celle ci malheureusement. Avec le recul, sans doute s'apercevra-t-elle qu'il fallait qu'elle passe par là tôt ou tard. Elle aurait préféré que ce soit plus tard, une fois les armes nécessaires acquises. Elle voulait retourner au temps où sa seule préoccupation était d'échapper à la vigilance de sa mère pour aller grimper, tout comme Arya avait pu le faire tout l'été. Elle avait bien tenté l'expérience à l'école de magie mais l'échec avait été cuisant et avait résulté en une haine profonde envers les écureuils. 
Elle fut heureuse d'apprendre que son amie avait aussi hâte pour la rentrée. Seulement, elle aurait préféré ne pas avoir de devoir. 

- Les devoirs sont la meilleure partie pourtant ! plaisanta-t-elle avant de reprendre plus sérieusement : C'est un mal pour un bien. Ils permettent de mieux apprendre donc d'avoir de meilleurs résultats donc d'obtenir le métier dont tu rêves ! enchaina-t-elle.

L'aiglonne avait du mal à croire qu'elle arrivait à en parler aussi légèrement alors qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait faire. Tout ce dont elle était sure pour le moment, c'était qu'elle voulait en apprendre le plus possible. En attendant de trouver sa vocation, autant ne se fermer aucune porte ! Et puis sa curiosité était une puissante source de motivation. Enora était convaincue que c'était cette unique qualité qui l'avait déviée de son chemin tout tracé vers Serpentard. Mais c'était qui elle était et elle avait décidé de ne pas le renié, même pour son père. Elle ne cherchera plus non plus à incarner chaque valeur de sa maison cette année. Elle sera juste elle même. 

- Mais la chose qui m'a le plus manqué, c'est la nourriture. Manger moldu pendant deux mois m'a désintoxiquée, maintenant j'ai juste envie de bons jus de citrouille...

Enora ne put s'empêcher de rire. Elle ne connaissait pas grand chose à la nourriture moldue si ce n'est leurs délicieuses confiseries. 

- Il faut bien qu'il y ait un prix à payer pour avoir les meilleurs chocolats des deux mondes ! 

L'aiglonne l'avoua assez aisément, sa passion pour les chocolats moldus était débordante. 

Arya reconnaissait bien le côté Serdaigle d'Enora lorsqu'elle parla des devoirs. Elle aurait pu parier que cette éloge plaisait énormément à ses sœurs, juste à côté. Elles ne disaient rien, mais la fillette savait qu'elles les écoutaient.

- Le métier dont je rêve... répéta-t-elle. T'as une idée, toi ?

De son côté, Arya avait perdu tous ses repères à la mort de son père. Jusqu'alors, elle comptait venir l'aider à la boutique dès qu'elle aurait fini ses études à Poudlard. Et, même si depuis Noël dernier elle ne s'entendait plus très bien avec lui, elle n'avait pas changé ses plans. D'après elle, c'était l'avenir parfait : elle pourrait enfin côtoyer ce père si souvent absent et à la fois travailler dans un milieu qui la passionnait, les balais volants et le Quidditch. Seulement voilà ; la vie l'avait rattrapé et elle ne savait plus ce qui l'attendait. Comme elle n'avait vraiment pas envie de se prendre la tête avec ça pour le moment, elle avait décidé de simplement regarder ce que la vie déciderait pour elle, et se laisser porter par les évènements. Elle ne savait qu'une seule chose : il était très peu probable qu'elle s'abaisse à travailler un jour collée derrière un bureau.

Enora rit lorsqu'elle parla de la nourriture, et son sourire était contagieux.

- Je t'assure que c'était pas que du chocolat... Ma mère a cuisiné des légumes tout l'été dans le vain espoir de me faire grandir sûrement, ce qui s'est révélé complètement inutile.

La jeune Gryffondor aperçut Madison lever un sourcil moqueur lorsqu'elle mentionna sa petite taille. C'était une source de plaisanterie constante dans sa famille. Alors que tout le monde était grand, elle était la seule à bénéficier encore d'une taille en-dessous de la moyenne de son âge. Apparemment, elle tenait ça de ses grands-parents paternels, mais elle ne les avaient jamais connu.

Être petite ne la dérangeait pas beaucoup. Au contraire, c'était plus pratique pour être discrète et pouvoir se cacher plus facilement. Elle n'avait pas besoin de centimètres en plus pour grimper aux arbres, une ou deux techniques peaufinées avec le temps lui permettait d'atteindre les premières branches sans difficulté.

- Au moins, je vais pouvoir me soigner au banquet de la cérémonie de Répartition, plaisanta-t-elle. Ça va faire bizarre de voir les premières années stresser sous le choixpeau à leur tour. On est plus les plus jeunes de Poudlard maintenant.

Elle se souvenait de sa rentrée l'année passée comme si c'était hier. Elle ne se doutait pas à un seul instant de tous mes soucis que pourraient lui causer cette fichue Répartition. À l'époque, elle ne la voyait que comme un détail, une chose sans trop d'importance. Ce qui comptait pour elle, c'était les premiers cours. Elle avait tant attendu, et pouvoir enfin de débarrasser des maths et autres matières trop scientifiques à son goût. Même si la chimie avait été remplacée par les potions et les maths par la métamorphose, ce qui n'était pas forcément à son avantage...

Enora leva les yeux, elle avait lu dans une étude que les mouvements occulaires pouvaient stimuler le cerveau. Pourtant, rien ne lui venait. Ce n'était pas si surprenant. Plusieurs années déjà qu'elle y réfléchissait, ses précepteurs ayant pris soin de lui poser la question, mais toujours pas l'ombre d'une idée. Sans doute ne marcherait-elle pas dans les traces de ses brillants parents : elle n'était certainement pas assez habile avec les mots. Que ce soit en société comme son diplomate de père ou sur le papier comme son écrivaine de mère. Et mise à part eux, elle n'avait pas vraiment de modèle de sorcier adulte. Difficile de se faire une idée de son propre futur ! Enora ne pouvait cependant pas s'empêcher de se sentir soulagée à la réalisation qu'elle n'était pas la seule à n'avoir aucune idée :

- Je ne sais pas non plus, maheureusement. Mais on a encore plusieurs années pour voir venir ! fit-elle remarqué. 

Six à Poudlard et d'autres ailleurs, elle l'espérait. Si elle était sure d'une chose, c'est qu'elle ne serait jamais fatiguée d'apprendre. 
Enora fit la grimace. Comme une bonne partie des enfants, elle n'aimait pas particulièrement les légumes en tant que tel. Sa mère avait d'ailleurs élaboré bien des techniques pour lui cacher ce qu'elle mangeait réellement. Son côté artiste lui servait bien. Elle débordait d'imagination même en cuisine ! 
L'idée de ne manger que du chocolat la laissa rêveuse et son sourire revint aussitôt. Elle remarqua avec plaisir qu'il s'était même faufilé sur le visage de son amie Arya.

- Ce serait tellement bien de ne se nourrir que de chocolat ... 

Remettant les pieds sur terre avec dureté, elle jaugea son amie. L'aiglonne avait beau posséder quelques centimètres de plus, la gryffondor n'était pas si petite. Et puis, comme elle l'avait dit plus tôt, elles avaient tout le temps du monde pour grandir. Elle haussa les épaules : 

- Tu n'es pas si petite que ça. Ta poussée de croissance arrivera surement l'été prochain et tu nous dépasseras tous à la rentrée ! plaisanta-t-elle.

Après tout, à la vue de ses soeurs, il était plus que probable qu'Arya leur réserve à tous une bonne surprise.
La conversation reprenait sur la nourriture et le ventre d'Enora gronda. Heureusement, sa mère lui avait donné un peu d'argent pour prendre un encas dans le train. Nul doute qu'il serait bien dépensé ! Et ce, malgré la venue annoncé du dit festin. 

- Si c'est toutes les années pareil alors tu ne devrais pas être déçu ! C'était tellement triste cet été avec les tables à peine peuplé, dit elle avant de s'arrêter dans un hoquet.

Elle n'avait pas eu l'intention de rementionner cette période mais les mots lui avaient échapper. Elle espérait qu'Arya ne relèverait pas et qu'elle pourrait partir sur quelque chose de plus léger.

Arya opina, même si elle n'était pas certaine que seulement six années pourraient l'aider à choisir son avenir. Peut-être pourrait-elle voyager à travers le monde, comme l'avait fait Alison pendant ses deux années de formation... Elle verrait bien.

La conversation repartit sur le doux sujet du chocolat, et des images de cette délicieuse substance lui vinrent en tête et lui donnèrent l'eau à la bouche. Elle n'était pas une grande fan de sucreries, mais parler de nourriture lui faisait penser qu'elle n'avait pas beaucoup mangé au petit déjeuner.

- Je pense qu'on finirait par se lasser quand même un peu, ria-t-elle en s’imaginant manger chocolat matin, midi et soir.

La fillette remarqua le regard d'Enora vérifier sa taille. Elle la laissa faire, et fut touchée qu'elle essaie de la réconforter. Elle était certaine que ses sœurs n'en pensaient pas autant. Même si elle n'avait pas pour projet d'être plus grande que tout le monde, l'intention était très gentille.

Enora parla de Poudlard pendant l'été, ce qui n'avait pas vraiment l'air de lui rappeler de bons souvenirs. Comment devait-être le château sans la plupart des élèves ? La jeune Serdaigle avait dû se sentir bien seule. La solitude n'était pas quelque chose qui embêtait Arya, c'était même ce qu'elle préférait choisir en premier temps. Mais elle savait que pour la plupart des autres personnes, c'était tout l'inverse et que la solitude pouvait être une bête noire. Quand elle était petite - quand elle était toute jeune disons plutôt, petite elle l'est encore - elle avait une peur bleue de se retrouver seule dans son école moldue. Elle ne parvenait pas à se faire d'amis, et redoutait les récréations. Mais au fil du temps, elle avait finit par accepter cet état, et avait même terminé par l'adopter. À présent, la compagnie ne lui était plus tellement agréable. Elle détestait être dans une pièce où il y avait beaucoup de personne, et préférait largement les petits comités. Pour le moment, être au milieu d'une gare remplie ne la réjouissait pas tant que ça. Heureusement, discuter avec Enora occupait son esprit ailleurs et l'empêchait de penser à toutes les personnes autour d'elle.

La fillette décida de ne pas relever et continua la conversation :

- Tu connais quelqu'un qui va subir la Répartition cette année, toi ? Quelqu'un de première année ?

Elle se rappela de la jeune rousse qu'elle avait aidé quelques jours auparavant dans Fleury Et Bott. La reverrait-elle à Poudlard ? Dans quelle maison serait-elle envoyée ? Arya avait hâte d'assister à la cérémonie de Répartition pour enfin savoir ce que ça faisait d'être seulement une spectatrice. Elle avait repassé tellement de fois sa propre cérémonie dans sa tête pendant l'année passée qu'elle pensait avoir besoin de la voir enfin d'un regard extérieur.

Enora rit de bon coeur. Si seulement son amie savait ...

- D'après mon expérience à ce jour, mon amour pour le chocolat n'a pas de limite, dit elle fière comme un pinçon. 

Si ce n'est peut-être celle de son estomac. La sorcière se rappelait avoir un jour mangeétellement de ses gourmandises favorites qu'elle en avait vomi. Le pire, d'après ses parents du moins, c'est qu'au lieu de s'inquièter pour sa santé, la petite brune s'en voulait seulement d'avoir gaspillé du cacao. C'était il y a plusieurs années et pourtant, sa mère régulait toujours son apport en chocolat. Comme elle était à présent loin de la maison, elle avait même fait passer le mot dans la famille de sorte à ce que personne ne lui envoit de friandise. Heuresement pour Enora, sa grand mère paternelle bravait volontier l'interdit pour sa petite fille favorite. Sa seule en fait.
La sorcière remarqua avec soulagement qu'Arya n'était pas repartie sur le sujet de l'été. Sans doute avait-elle compris que ça n'avait pas été une période heureuse pour l'aiglonne. Parcourir les couloirs du chateau à moitié vide, lire et relire les mêmes livres, faire quelques bêtises ... Seules ses quelques correspondances avec ses amis avaient su lui redonner le sourire. Et ne parlons pas de son retour désastreux au manoir familiale. Ces quelques semaines d'août qui auraient du être des semaines de répis s'étaient avérée être un vrai calvaire silencieux. 
Enora fut tirée de ses réflexions bien sombres par son amie qui lui demandait si elle connaissait des nouveaux élèves de Poudlard. Presque par réflexe, elle allait répondre que non, sans réfléchir plus en avant. Elle qui n'avait presque pas quitté l'école de l'été et qui n'aurait d'ailleurs pas beaucoup plus bougé même en rentrant pour les vacances ne connaissaient pas grand monde. 
Elle s'était presque sentie comme une née moldue l'année passée. La grande majorité des sorciers avaient déjà quelques connaissances au chateau, que ce soit des cousins plus ou moins éloignés ou des amis de la famille. Enora, elle, ne connaissait que Celia-Awena, la fille d'un des meilleurs amis de son père à la fac. Cela avait été une vraie chance car ça l'avait beaucoup rassurée de voir un visage familier régulièrement. Coïncidence heureuse, son amie avait été répartie dans la même maison qu'elle ! 
Mais en fait, il s'avérait que lors de sa seule sortie au Chemin de traverse de l'année, la petite brune était allée manger une glace chez Florian Fortarome. Comme l'endroit été bondé, elle avait du partager sa table avec un jeune homme qui s'avérait être d'un an son benjamin !

- Oui je connais une personne ! annonça-t-elle, tout excitée par cette révélation. Il s'appelle Luncan Morgenstern. Je ne crois pas l'avoir vu sur le quai encore.

Elle se dévissa le cou dans tous les sens mais aucune trace du petit blond. Elle haussa les épaules. Quand bien même avait-il été à cinq mètres d'elle, elle ne l'aurait surement pas remarqué avec tout ce va et vient. 

- Et toi ? Tu as des connaissances qui rentrent cette année à Poudlard ?