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15 avr. 2018, 19:03
 RPG++ – SOLO  Pour ton douzième anniversaire
Ce RPG se passe à la fin de la tortueuse première année d'Ysalyne, très précisément le jour de son douzième anniversaire.


Le silence du couloir dans lequel ils patientaient lui perçait les tympans.

Ysalyne était née un premier mai. Elle n'avait jamais reçu des montagnes et des montagnes de cadeaux pour ses anniversaires et n'en avait jamais réclamer autant. A vrai dire, elle recevait toujours deux présents : celui que sa grand-mère emballait avec le plus grand soin et qu'elle déposait toujours sur la table de la cuisine, face à la chaise qui était attribuée à sa petite-fille ; et celui que ses parents lui envoyaient depuis l'endroit du monde où ils étaient, qui arrivait parfois avec plusieurs longs jours de retard, mais qui touchait toujours la petite au plus profond d'elle-même.

Les bruits de pas faisaient échos à ceux des battements de son cœur.

Pour ses un an, Ysalyne avait reçu une énorme peluche en forme d'ours polaire qui pouvait, à l'époque, la serrer toute entière à l'intérieur ses bras et une photo encadrée de ses parents qui lui envoyaient des baisers de leurs mains, devant le Taj Mahal.

L'un et l'autre de ces cadeaux étaient longtemps restés dans sa chambre. Nourrissant une passion dévorante pour les peluches, qui perdurait encore aujourd'hui, la petite Ysalyne de un an souhaitait emmener partout où elle allait son énorme ours, il avait fini par se détériorer et c'est l'année de ses six ans qu'elle avait dû s'en séparer, à force de grosses larmes. Le cadre avait très vite trouvé une place de choix au-dessus de son lit à barreaux et trônait aujourd'hui au-dessus de sa tête de son lit de plus grande.

L'agitation nerveuse de la jambe de son père, assis à côté d'elle, l'obsédait.

Pour ses deux ans, Ysalyne avait reçu un kit de dessin avec de gros feutres pastels et un livre de contes suédois magique.

Sa grand-mère avait très vite compris que la petite Ysalyne qu'elle était s'amusait surtout lorsqu'elle avait entre les mains un livre ou des crayons. Elle avait donc décidé de lui offrir des gros feutres et un cahier de dessins moldu qu'Ysalyne avait déjà remplie de gribouillages au bout d'une seule semaine, trop enthousiaste à l'idée de mettre de la couleur aux princesses, aux fées, aux fleurs et aux animaux tout blancs qui lui étaient présentés. C'était aussi Moïra qui avait conseillé un livre du soir aux parents d'Ysalyne, qui lui avaient envoyé une version magiquement animée des contes traditionnels nordiques destinés aux tous petits. Le livre avait encore aujourd'hui sa place dans l'étagère de sa chambre.

Les pleurs douloureux de l'enfant dans la salle d'à côté commençaient sérieusement à l'irriter.

Pour ses trois ans, Ysalyne avait reçu une poupée coiffée de nattes blondes en robe bleue et une veilleuse magique qui avait fait le voyage jusqu'à chez elle depuis la Thaïlande.

La poupée ne avait été parmi ses premières compagnes de jeu lorsqu'il s'était agit d'aller se promener dans le champ juste en face de la maison de sa grand-mère. Ensemble, elles vivaient d'étonnantes aventures faites de magie, d'animaux, de chasses aux trésors et de rires. La veilleuses, elle, une boule toute duveteuse qui voletait au-dessus de sa tête en projetant dans la chambre une lumière rosée et tamisée, aujourd'hui rangée dans une malle, l'avait consolée durant ses nuits de cauchemars infantiles et pourtant à l'air si réels.

L'idée que sa grand-mère ne soit pas à ses côté semblait lui enlever tout courage.

Pour ses quatre ans, Ysalyne avait reçu un petit pommier en pot et une très jolie réédition des contes de Beedle le Barde venue de la Nouvelle Zélande.

Tout comme pour son intérêt pour les livres, Moïra avait également très vite constaté l'amour de sa petite-fille pour la nature et son air heureux lorsqu'elle lui proposait de s'occuper avec elle des plantes, bien que ses taches se limitaient à arroser quelques pots et à surtout regarder sa grand-mère faire. Aussi, elle avait eu l'idée de lui offrir ce pommier qui avait fini par être planté dans le jardin l'année des neuf ans d'Ysalyne. Les contes de Beedle le Barde avaient eux été lus et relus des milliers de fois, jusqu'à en user les pages et reposaient aujourd'hui près des contes suédois.

La porte close devant elle la narguait de manière beaucoup trop ostentatoire.

Pour ses cinq ans, Ysalyne avait reçu sa première gourmette en argent gravée à son nom et un jeu de construction sorcier envoyé d'Argentine.

Son tout premier bijou avait eu une saveur toute particulière pour Ysalyne. Elle s'était sentie comme une grande, ce bracelet autour de son poignet potelé de petite fille. Elle ne pouvait plus le porter car il était trop petit aujourd'hui, mais elle l'avait soigneusement rangé dans sa boîte à bijoux. Elle n'avait cependant jamais joué avec le jeu de construction, qui avait dû l'amuser une seule et unique fois lorsqu'elle avait décidé, quelques semaines plus tard, de le repeindre entièrement.

Les chuchotements, bien qu'incompréhensibles, résonnaient à ses oreilles comme des grésillements.

Pour ses six ans, Ysalyne avait reçu un bocal avec deux poissons rouges et une très jolie robe rose tout droit venue du Canada.

Celui-ci était le premier anniversaire dont Ysalyne se souvienne. Recevoir des poissons, qu'elle avait aussitôt nommés Bulle et Myrtille, lui avait donné l'impression d'être responsable, comme si on lui confiait des enfants. Elle assurait même savoir les reconnaître quand personne d'autre ne le pouvait. Quant à la robe rose, elle avait été portée durant tout l'été, Moïra ayant peiné à lui mettre autre chose sur le dos.

L'éclat de rire qui retentit soudainement au bout du couloir lui serra la gorge.

Pour ses sept ans, Ysalyne avait reçu la peluche d'un énorme chat qui faisait la même taille qu'elle et la photo encadrée et animée de ses parents sous la Tour Eiffel.

La petite Ysalyne, très attristée par la perte de l'ours polaire en peluche qui l'accompagnait depuis aussi loin qu'elle puisse se souvenir avait presque hurler de joie en déballant son premier cadeau et en découvrant au matin ce nouveau compagnon qu'elle baptisa aussitôt Aquarelle – elle avait apprit ce nouveau mot en lien avec la peinture quelques jours auparavant et était pressée d'essayer cette nouvelle technique. Le cadre était lui arrivé dans l'après-midi et avait fait pleuré Ysalyne, qui avait toujours rêver d'aller à Paris avec ses parents, eux qui parlaient si souvent de cette ville enchanteresse. Mais cela n'avait pas encore été pour cette année-ci et elle en avait été très triste.

L'odeur de plastique qui régnait autour d'elle lui donnait la nausée.

Pour ses huit ans, Ysalyne avait reçu son tout premier chevalet et un carnet de dix dessins réalisés par sa mère lui montrant la beauté du désert et des animaux de Namibie.

La découverte du chevalet d'enfant, caché dans un grand carton recouvert de papier cadeau doré et décoré d'un grand nœud violet, avait tant réjouie Ysalyne qu'elle s'était immédiatement attelé à la réalisation d'une nouvelle toile représentant, du mieux qu'elle le pouvait, la maison de sa grand-mère. Elle la lui avait offert le soir-même, extrêmement fière, et le tableau était encore aujourd'hui accroché dans la cuisine, près du frigo. Quant aux dessins de sa mère, aussitôt les avait-elle reçus qu'Ysalyne les avait accrochés au mur de sa chambre, près de l'endroit où elle avait choisi d'installer son chevalet trois jours plus tôt.

Le couple qui passa devant eux en sanglotant la fit blêmir.

Pour ses neuf ans, Ysalyne avait reçu une mallette à peinture et une carte du monde envoyée depuis l'Espagne, qu'elle pouvait zoomer et dé-zoomer à loisir.

Si la mallette lui avait grandement fait plaisir, comme tous les cadeaux de sa grand-mère qui savait toujours taper juste, la réception de cette carte du monde lui avait fait tout drôle et Ysalyne avait passé de nombreuses heures assise en tailleurs sur son lit, les lettres de ses parents sur le matelas et la carte sur ses genoux, à tenter de retracer le parcours de ses parents en fonction des lettres et des colis qu'elle avait reçu. Finalement, cette entreprise lui avait apporté plus de chagrin de savoir ses parents si loin que d'autre chose.

Le bruit d'un porte qui claque la fit sursauter.

Pour ses dix ans, Ysalyne avait reçu un autre nécessaire à dessin pour plus âgés et une robe d'été bleue lagon provenant des Caraïbes.

La mallette qu'elle avait reçue pour ses neuf ans avaient été vidée en quelques mois à peine, si bien que Moïra avait décidé de lui en acheter une nouvelle, plus grande, plus lourde, plus complète. Ysalyne avait donc pu y découvrir des pinceaux, des feuilles, de la peintures, des crayons de couleurs, des feutres, et même deux toiles vierges. La robe bleue lui avait beaucoup plus et elle l'avait porté à la fête des lumières que son village organisait chaque année, le vingt-et-un juin, pour fêter le premier jour de l'été.

Le silence de son père augmentait son stresse de seconde en seconde.

Pour ses onze ans, Ysalyne avait reçu un jolie bracelet d'argent gravé de son prénom pour remplacer l'ancien devenu trop petit depuis bien longtemps et la visite surprise de ses parents, portant dans leur bras un ours beige avec un gros nœud rouge autour du cou.

Ysalyne se souviendrait toute sa vie de cet instant. Lorsqu'elle avait vu ses parents entrer dans sa chambre, au matin de son onzième anniversaire, pour la réveiller à force de baisers et d'étreintes. C'était, en réalité, le premier de toute sa vie qu'elle allait passer avec eux. Oh, bien entendu, ils étaient repartis le lendemain matin aux aurores, si tôt que la fillette n'avait pas eu l'occasion de leur dire au-revoir, mais depuis ce premier mai-ci, il ne se passait pas un jour sans que le bracelet de sa grand-mère ne soit à son poignet, l'ours en peluche trônait fièrement sur son lit et l'y attendait bien sagement lorsqu'elle rentrait en Ecosse pour les vacances et la photo qu'ils avaient prise tous les quatre durant cet après-midi magique avait la place d'honneur, encadrée sur sa table de chevet. Cette photo, elle l'avait emportée jusqu'à Poudlard.

Le tic-tac incessant de l'horloge lui donnait le tournis.

Pour ses douze ans, Ysalyne avait reçu le droit d'aller à l'hôpital sorcier de Sainte-Mangouste, à Londres, pour rendre visite à sa mère, gravement malade et plongée dans le coma.

Un guérisseur s'approcha d'eux en les interpelant et son ventre se noua.

Le moment était venu. Elle allait voir sa maman.

RPG terminé.