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05 janv. 2019, 23:04
Immersion
Mirages kaléidoscopiques de ces pierres alignées qui pourtant semblent se distordre alors que les lignes devraient être droites. Un tournis affreux avait pris en tenaille le crâne de Phœbe au milieu de cette journée comme les autres. Énième goutte qui s’écrase sur un fil qui court et se déroule à un rythme que la perspective personnelle qualifie d’irrégulier. Était-elle indisposée ? Il n’y avait pas de raisons que ce soit le cas, elle ne comprenait pas pourquoi elle pouvait être en un tel état. Son corps vacillait, son équilibre semblait l’abandonner, elle posa l’avant-bras contre le mur le plus proche et s’arrêta. Sa bouche s’ouvrit pour récupérer plus d’air, il se raréfiait en ses poumons. L’adolescente demeura dans cette position, prenant de grandes inspirations, s’agrippant à la matière, son toucher ne la trahissant pas encore comme ses autres sens. Sa tête était penchée en avant, regardait le sol, mais sa vision était brouillée. Elle sentait un battement pulser contre ses tempes. À ce même rythme le décor se floutait puis se stabilisait successivement. Irrationnel, elle ne saisissait pas comment elle pouvait se sentir ainsi. Un tel mal-être, cette impression que l’intérieur de son crâne était Ennemi, cela faisait des mois qu’elle avait été épargnée. Elle refusait de croire que c’était le retour d’une douleur ancienne. Tout devait être entré dans l’ordre désormais. Le chapitre était clos, ou sur le point de l’être. L’apaisement d’une résolution de Conte n’était pas encore arrivé. Il ne tarderait pas.

Autre chose alors. Un peu de fatigue lors des premiers cours, mais ce ne devait être aussi violent. Ou si ? Une saturation interne des objets qui fusaient dans ses pensées. Le plus sage aurait été d’aller à l’infirmerie si ça prolongeait. Seulement Phœbe n’avait senti qu’une vague, qui semblait doucement refluer. La jeune fille se redressa, se rendant compte sur le moment qu’elle en avait été presque recroquevillée sous le choc invisible. Son pas encore fragile et tremblant, elle quitta ce couloir qu’elle ne situait pas précisément. Elle savait seulement qu’elle voulait s’élever dans l’édifice, d’où son emprunt des premières marches entrant dans son champ de vision. Elle ne parvint au Sommet comme elle l’aurait voulue et dû suspendre son mouvement peu avant, à la fatigue intellectuelle déjà se substituait la fatigue physique. Après s’être échauffée, sa tête s’était refroidie, au tour du reste de son corps d’être tiraillé par la sollicitation trop brusque qu’en avait fait leur propriétaire. La Serpentard s’adossa quelques instants, fermant les paupières. Ça s’atténuait graduellement, outrément plus supportable. Deux petits maux à intervalle si proche. Journée terne. La petite Swan se retourna, comptant se resituer, même approximativement… Parfait, elle ne connaissait pas ses alentours.

Qu’est-ce qu’un parchemin faisait accroché là ? Une porte menait à un bureau qu’il ne lui semblait pas avoir déjà visité. Ses Perles d’Argent furent très naturellement, sans qu’elle ne cherche à empêcher ce magnétisme, attirées sur les lettres et dès qu’elles les discernèrent elles commencèrent déjà à les assembler en termes qui se suivaient pour former un propos. Ce n’était pas même par intérêt qu’elle lisait, presque par réflexe. Il suffisait que quelque inscription soit à portée de vue pour qu’elle lise mécaniquement. Sa lecture ensuite s’imprimait ou se volatilisait, selon. Alors que l’intitulé ne l’avait absolument pas mise en disposition d’éveiller quelque ardeur ou passion, elle parcourait inexpressive les articles se succéder. Au fil de son avancement, elle était si concentrée qu’elle ne refréna le mouvement de ses sourcils se fronçant jusqu’à presque creuser un sillon sur son front. Sa main gauche s’était levée et était posée sur le support vertical, ses doigts légèrement écartés, la paume en suspension. Un appui et une manière de laisser échapper par des mouvements de pianotage régulier une énergie qui montait et coulait.

Presque exténuée quelques minutes auparavant, ce texte avait capté son attention – à défaut de son intérêt. Elle ignorait qu’on s’était amusé à afficher un exemplaire du règlement ici à Poudlard. Et surtout, comme cela arrive bien souvent chez tout élève lambda, elle redécouvrait bien après son arrivée les termes exacts et complets de ces sections. Phœbe grimaçait en réalisant certains points de construction. Sortirent les paroles soufflées correspondant à sa pensée qu’elle ne contint pas.


« Il est mal conçu… »

Éternelle nouvelle Lune
Sombre Ciel

07 janv. 2019, 16:37
Immersion
Engloutit. C'était le mot exact qui définissait sa situation. Il était là, juste là, en immersion, dans l'eau. De cela il en était certains, même si ses sens semblaient lui indiquer que tout était normal. Il n'avait pas froid, ni ne sentait le contact de l'eau, il ne respirait même pas, il savait qu'il était en suspension dans l'eau même si rien dans l'obscurité ne lui fournissait le moindre indice. Puis cela changea un peu. Il sentit ses membres s'agiter, lentement, freinés par une force physique, tangible cette fois, c'était bien de l'eau. Et puis un éclat lui apparu au dessus de lui, loin, si loin, à peine perceptible, un lointain crépitement de lumière, là bas, à la surface, si loin.  Aliosus aimait l'eau autant qu'il la craignait. Il avait passé ses onze premières années à fixer l'océan battre les falaises acérées au nord de sa maison, à voir les montagnes d'écumes blanche se briser contre les angles sombres des falaises et à contempler la marée aller et venir dans le Port Aveugle, comme une respiration incroyablement lente. Il était fasciné et repoussé par cet élément. Lors de ses rares baignades, il avait été stupéfait par le sentiment de liberté procuré par l'eau. La vie sur terre était plane. Malgré tous ses reliefs, on ne faisait toujours que marcher sur un plan, plus ou moins incliné, on ne pouvait pas s'élever par ses propres moyens, ni descendre librement.

Dans le cas présent, comme il commençait à devenir de plus en plus conscient de lui-même, il entama quelques mouvements de bras et quelques battements de jambes. A gauche. A droite. Essayant d'onduler il se rappela qu'il pouvait aussi descendre un peu et il s'éloigna donc du crépitement de lumière pour s'enfoncer un peu, vers le bas, plus sombre. Cela ne dura pas longtemps. Une forme énorme se dessina dans les ténèbres, le temps qu'il comprenne ce qui arrivait, Aliosus n'eut aucune chance d'échapper à l'immense gueule que tenait grande ouvert le requin monumental qui battait de sa queue dans une remontée parfaitement verticale pour bientôt refermer l'abysse de ses mâchoires sur le jeune garçon qui n'eut même pas le temps de paniqué. Engloutit.

Il s'était réveillé brusquement mais sans un bruit, sans un cri, sans un mouvement brusque pouvant perturber ses voisins de chambrée. Trempée de sueur, il n'avait pas réussit à se rendormir et était descendu dans la salle commune avec un manuel de Sortilèges, comme à son habitude, pour lire près de la cheminée. Même seul, ce petit rituel lui rappelait un souvenir apaisant et lui avait permis de se sentir moins étouffé par l'angoisse de son cauchemar lorsque la journée débuta. Malgré cela, il conservait une terrible migraine, un battement sourd à ses tempes qui lui l'obligea à quitter son étude dans la bibliothèque pour prendre le chemin vers les toilettes des garçons pour essayer de se rafraîchir un tant soit peu.


Ce n'était pas l'avis de l'escalier qu'il emprunta. D'ailleurs Aliosus commençait à croire que plus il haïssait ces maudits escaliers, plus ils le lui rendaient en lui rendant les trajets les plus simples alambiqués et exténuants. C'était le cas cette fois-ci encore car il était emmené un étage trop haut, sur un palier qu'il lui était inconnu. Il pesta contre le sort qui semblait s'acharner sur lui et entama de retrouver son chemin. C'est là qu'il aperçut Phœbe , Phœbe Swan, si sa mémoire était bonne. Pour une fois qu'il arrivait à retenir un nom, celui-là avait été scandé tout au long du match de Quidditch et il n'était pas près de l'oublier, la gardienne de l'équipe lui avait fait forte impression ce jour là dans le stade. Le première année n'arrivait pas à distinguer ce qu'elle était en train de lire, l'air très concentrée, mais il n'avait aucune intention de la déranger, aussi passa-t-il discrètement dans le couloir.

C'est lorsqu'il l'entendit, ou plutôt lorsqu'il cru entendre un commentaire à peine soufflé, que sa curiosité l'emporta pour de bon. S'arrêtant, il jeta un coup d’œil à l'affiche et reconnu le règlement de Poudlard. 

- N'est-ce pas ? Dès la première section, l'alinéa trois est complètement redondant avec le un. 

6ème année
Sorcier le plus respectueux du règlement 2021 & 2022

14 janv. 2019, 00:54
Immersion
Ce document affiché sous les yeux de Phœbe n’avait aucun sens pour elle. C’était dit et elle s’apprêtait à s’en détourner, une longue analyse n’étant qu’une perte de temps. Au même temps qu’elle commençait à pivoter, une voix qu'elle n'identifia pas vint faire une remarque en écho, laissant entendre que les derniers mots soufflés de Serpentard avaient été perçus et non jetés dans le vide comme elle en avait eu l’intention. Elle acheva son mouvement pour faire face au jeune garçon qui venait de faire irruption dans son champ de vision. La tête de l’adolescente fit distraitement un balancement, tel un hochement d’approbation à la dernière phrase de l’enfant. Jeune, d’une certaine élégance, certainement de sa Maison puisqu’il sembla vaguement à la petite Swan de l’avoir déjà aperçu une fois aux lumières du Lac, projetées le plus souvent dans la salle commune. Il n’y avait pas foules d’occasion où elle voyait du monde en ces profondeurs du Château et pensait avoir une idée du moment où elle avait pu avoir un tableau synoptique de quelques figures peuplant Serpentard. Une de celles-ci en particulier avait avalé une place non négligeable en son esprit, bien qu’en l’instant présent l’argentée tentait de l’écarter pour penser à d’autres considérations. Rebondir sur le retour de l’élève lui parut opportun. À voix basse, la sorcière avança.

« Absolument… et la définition par extension plutôt que compréhension pour les interdits est une erreur impardonnable. »

Ses yeux de Lune avaient fugitivement appuyé la très longue liste qui se voulait exhaustive mais n’était en somme qu’une énumération sans cohérence. Ce n’est pas ainsi que les étudiants étaient appelés à réfléchir avec pertinence. La petite Swan ne voyait pas comment ceci pouvait être pris au sérieux, tenant compte de ses failles. En toute logique la tentation de s’infiltrer dans la brèche se présentait. Le corps de la Vert et Argent tournait désormais résolument le dos à l’affiche, se gardant de sa vue. Elle fixait le mur qui lui faisait face, surface pleine qui ne tanguait pas et présentait un rare support consistant en lequel elle sentait qu’elle pouvait avoir confiance, au moins pour ne pas la faire chuter. Ses bras se croisèrent sur sa poitrine alors qu’elle s’adressait à son camarade.

« Quoiqu’il en soit, débattre de la faiblesse de ceci ne contribuera pas à mettre plus d’ordre ici. »

De sa main gauche qu’elle leva, elle fit un tour de poignet, les doigts tournés vers le plafond, pour désigner les limites floues de cet ‘ici’. À bien observer autour d’elle le couloir n’était pas des plus avenants et s’il représentait Poudlard, c’en faisait un lieu sinistre. Que pouvait-il y avoir dans cette tour à l’écart ? Quelques portes, que Phœbe n’avait pas l’intention de toucher. Typiquement le corridor qui se présente à qui a manqué un virage. L’ordre n’était pas fait pour Poudlard, ce devait être part de sa nature. Un sourire en coin, qui aurait presque pu être signe d’un cynisme, s’étira sur ses lèvres.

« N’est-ce pas le chaos du château qui a tiré nos pas sur ce palier ? Du moins n’y suis-je pas venue avec intention. »

L’adolescente se tut quelques secondes avant de plonger pour la première fois dans le regard du garçon de Serpentard. Elle formula une question, sortie de nulle part ou parfaitement justifiable, peut-être à elle-même, peut-être à personne, peut-être à lui précisément.

« Crois-tu que le Chaos serait mieux gouverné par de chaotiques assertions ou par des lois organisées ? »

Si l’ordre existe… Certaines sources avançaient que de toute façon c’est bien sa puissance antonyme qui régnait aux débuts, présence originelle, alors il découlerait de son opposé. L’ordre pouvait-il assurer d’un chaos ? L’idée telle que formulée était absurde, à la tangente du contradictoire. Pourtant certainement était-ce là que naissait tout son intérêt, l’attraction qu’elle cultivait doucement, aspirant une parcelle de l’attention de l’adolescente Vert et Argent. Phœbe entourait avec curiosité l’espace autour de son camarade compagnon du hasard et de passage, un étranger qui pourrait être vecteur de découvertes.

Éternelle nouvelle Lune
Sombre Ciel

26 janv. 2019, 13:01
Immersion
Alors que c'était bel et bien lui qui avait entamé le dialogue avec sa camarade plus âgée, Aliosus se sentit malgré tout pris au dépourvu lorsqu'elle s'approcha de lui et lui répondit. C'était la première fois qu'il échangeait avec un élève plus âgé que lui et sa présence l'impressionnait. 
Il comprit ce qu'elle voulait dire, Aliosus lui-même avait cru à une plaisanterie lorsqu'il avait lu le règlement pour la première fois, pensant qu'il s'agissait d'une lubie du fantôme de monsieur Rusard et qu'on l'avait laissé faire afin de le satisfaire, mais malgré ses recherches il n'avait jamais réussi à trouver une autre version des règles régissant l'école prestigieuse de magie, et cela l'avait profondément déconcerté. Il n'imaginait pas monsieur Lambert ou madame Loewy se contenter de si peu. Le garçon se contenta de hocher la tête en signe d'approbation à son aînée, en effet, ce n'était pas tout de suite qu'ils allait remédier à cette farce.

" Tu as raison, moi aussi je voulais pas venir ici, mais c'est... il fit un vague geste vers le couloir d'où il était venu, ce sont ces fichus escaliers qui m'ont amenés ici. Je n'arrive jamais à aller quelque part de manière simple. "

Mais cela ne servait à rien de pester encore une fois. Il n'aimait pas s'entendre se plaindre, il se trouvait toujours odieusement malpoli lorsqu'il se laissait aller à ce défaut. Lorsqu'elle commença à évoquer le Chaos en le fixant pour la première fois, il ne put s'empêcher de la détailler du regard pendant une ou deux secondes. Ils faisaient tous les deux pratiquement la même taille, aussi les yeux clairs de Phœbe étaient plantés en face de ceux bruns du garçons. Une mèche sur le côté du visage, et cette voix... Elle n'avait pas varié de volume depuis la première phrase qu'il n'avait que perçue par hasard. Par hasard vraiment ?
Ses pensées volèrent en éclat à la question qui lui était posée. Elle était absurde, et, paradoxalement, elle proposait une explication limpide, cristalline, au mystère de ce labyrinthe cyclopéen dans lequel des centaines de personnes évoluaient en faisant semblant de trouver ça sensé. 

" Je ne sais pas... Peut être oui. Plus il y réfléchissait, plus cette grille de lecture rendait du sens à leur environnement. Ça voudrait dire que ça, en désignant le parchemin, ça serait fait exprès qu'il soit aussi mal rédigé ? Pour correspondre à tout le reste ? Ou alors, est-ce que tout cet endroit a été fondé exprès comme un lieu pour nous faire perdre nos repères ? "

Imaginer les fondateurs mythiques de Poudlard faire de faire de leur école un gigantesque maelstrom, à dessein, était perturbant. Il se sentait comme en passe de quitter une île d'ignorance tranquille, au milieu d'une mer noire de mystères.  

6ème année
Sorcier le plus respectueux du règlement 2021 & 2022

29 janv. 2019, 00:41
Immersion
La teinte des pierres à ce niveau était étonnamment claire, image inhabituelle pour l’adolescente accoutumé aux sombres couleurs dans laquelle les élèves des Cachots baignaient une grande partie de leur temps. Était-ce simplement une histoire de luminosité croissante ou la construction variait-elle en fonction des hauteurs ? Elle essayait de ramener à son souvenir la teinte que prenaient les pierres de la tour d’Astronomie, point culminant à son sens. La seule fois où elle était venue de jour, ses yeux avaient refusé de voir bien des éléments. Luttant tout de même pour retrouver, elle fut arrachée à sa recherche par les mots du garçon. La Serpentard se porterait certainement mieux grâce à cette coupure, sa quête étant probablement vaine. Mécaniquement elle tourna la tête vers les escaliers cités par son benjamin. Ils n’étaient pas fautifs à proprement parler, de l’expérience encore petite qu’avait la Verte et Argent. Détermination. Décision. Destination. Presque comme le transplanage. Poudlard ne tolérait pas l’hésitation et se jouait des enfants doutant de leur chemin. Il était en revanche un parfait allié quand il s’agissait de se faire accompagner en une errance. Phœbe arrivait d’un presque égarement volontaire tandis que son camarade s’était laissé dépassé par un manque de certitude. Il semblait que c’était presque à dessein que les étudiants ne recevaient pas de carte pour s’orienter, qu’ils soient livrés dans toute leur vulnérabilité à ce Château. La jeune sorcière s’était procuré un plan depuis quelques années, ainsi savait-elle quand elle errait, quand elle se dirigeait.

L’adolescente tapotait doucement ses doigts sur sa paume en écoutant la réponse à ce qu’elle avait lancé. Elle n’était pas sûre d’obtenir un retour et l’accueillit avec un soupçon d’attention. Elle s’attarda ensuite, pensive, sur le parchemin, gardant à l’esprit les dernières paroles entendues. Le concierge ne pouvait pas avoir la finesse pour comprendre l’architecture de ces lieux au point d’en comprendre leur nature pour l’épouser au mieux par l’élaboration de ce règlement. Alors qu’il était fantôme il bloquait la reprise de son poste – bien qu’une démission pareille à celle du professeur Binns ayant ouvert la voie à de nombreux successeurs vivants ne soit pas parfaitement inenvisageable – mais il n’était que l’héritier d’une lignée de concierges qui avait certainement été pour le moins longue. Elle peinait à accorder autant d’inventivité à ce fantôme aigri. Certaines conditions atténuaient et aidaient à pardonner ses traits, mais la petite Swan n’aurait pas eu de honte à avouer que ne pas croiser le chemin de monsieur Rusard lui convenait tout à fait si cela était possible.

« Fait exprès… Ce serait un patchwork d’une lignée de concierges. Une chance insolente peut-être ? »

Tomber juste peut résulter d’une précision chirurgicale, poser ses pions après un calcul, avec intention. Le Hasard peut aussi avoir sa place et alors même que c’est inattendu placer au bon endroit qui n’aurait su trouver sa route seul et en indépendance. Si cette construction qui trônait aux regards de deux enfants de Serpentard devait correspondre à leur entourage, Phœbe y percevait une œuvre commune agrémenté d’un soupçon d’improvisation inspirée. Elle n’accordait pas l’effort d’un travail élaboré à ceci.

« Je ne sais si Poudlard a été créé avec l’idée d’unité. Quatre forces de volonté, mais tous n’étaient pas Architectes. Si le Château est le théâtre de conflits internes de construction, alors les frictions tueraient l’Ordre. »

La petite Swan avança son bras pour toucher du bout de ses doigts la pierre sur ce mur. Sa paume appliquée sur la surface lisse, sa chair était en contact avec une de ces Limites qu’elle rejetait et qui autant l’effrayait qu’oppressait. Elle avait remarqué les nuances d’agencement et teinte présentes en fonction du lieu fréquenté. Cette Geôle ne présentait en rien une parfaite uniformité dans ses éléments constitutifs.

« De la Chambre des Secrets à la Salle sur Demande. De Salazar Serpentard à Rowena Serdaigle. Non, cet endroit n’a pas pour vocation de laisser ses hôtes évoluer librement, diffracté qu’il est en trop de facettes. Nous sommes perdus et enfermés dans un Dédale protéiforme. »

*Sept ans pour trouver le fil d’Ariane ou s’enfuir.*

Éternelle nouvelle Lune
Sombre Ciel

06 févr. 2019, 11:39
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Comment faisait-elle cela ? Aliosus était déstabilisé et intrigué par l'apparente capacité de sa camarade plus âgée à se distancier aussitôt qu'elle avait fini soit de parler, soit d'écouter. C'était comme être en face de volutes de fumée, ou plutôt comme ces ondulations que l'on distingue parfois au dessus d'un point chaud. Elle était là, puis elle disparaissait pratiquement jusqu'à ce qu'une nouvelle intervention lui redonne sa forme. Le peu d'expériences accumulées depuis septembre lui avait enseigné que d'habitude, les gens que l'on a en face de soi veulent être pris en compte, quitte à s'imposer à l'autre physiquement par un contact ou verbalement en parlant plus fort que de raison ou en confisquant la conversation sur des sujets centrés sur eux. Ici ce n'était pas le cas, il se sentait libre de rester comme de partir, il devinait qu'il pouvait reprendre son chemin sans qu'elle ne s'en offusque tout comme elle pouvait décider à tout moment qu'elle devait s'envoler ailleurs et ainsi reprendre le fil de leur vies respectives. 

"Je voulais pas dire... enfin, je dis pas que Rusard ou n'importe qui à fait exprès de faire un règlement comme ça, mais peut être que les concierges sont choisis justement parce qu'ils sont... différents, et un peu excentriques ? Après tout c'est pas bizarre d'avoir choisi quelqu'un qui ne connait pas la magie pour surveiller des gens qui ont plus de pouvoir que lui ?"

Ce n'était pas la première fois qu'il se posait cette question. Quel sens cela avait-il ? Rusard n'avait littéralement aucun pouvoir sur les élèves. Il n'avait de l'autorité que parce que d'autres figures d'autorité réelle lui en avaient donné. Si un élève choisissait de se laisser prendre par un cracmol, fusse-t-il fantôme, plutôt que de lui échapper par la magie, c'était par crainte ou respect des préfets et des professeurs. Eux avaient un vrai pouvoir. A la réflexion, Aliosus trouvait même très cruel le choix de Rusard comme concierge. Imposer à un être dépourvu de toute sensibilité magique de vivre toute sa vie au service de ce monde, de vivre dans ce monde, d'être le témoin quotidien des merveilles de la magie, mais de savoir qu'il ne pourrait jamais en faire partie. Comme nommer un aveugle gardien de musée. C'était dérangeant, pensait le jeune garçon.

Le garçon suivit des yeux Phœbe qui entamait un curieux ballet avec les pierres du château. Comme si elle attendait une réponse de leur part. Une réponse qui ne pouvait venir, jamais.

"Alors, on ne fait qu'avoir l'impression qu'on est perdu ? réfléchit-il à voix haute, avant qu'un mot sonne comme une alerte dans son inconscient. Si c'est un Dédale, où est le minotaure ?"
Dernière modification par Aliosus Nerrah le 09 mai 2019, 09:50, modifié 1 fois.

6ème année
Sorcier le plus respectueux du règlement 2021 & 2022

12 févr. 2019, 00:35
Immersion
Tant de méandres prêts à égarer, inévitables. D’interminable réseaux rampants courent et serpentent. L’entourent, l’enserrent d’une dureté désagréable. Elle ne savait même plus s’il fallait se débattre ou se laisser faire pour s’en sortir. Alors que son regard commençait à se faire tremblant, tentant de capter trop de détails à la fois, elle parvint à se figer de nouveau en entendant cette voix d’enfant. Particulièrement calme, elle n’agressait pas contrairement à ce que les couloirs faisaient résonner et rugir quand les gamins s’agitaient en cours de journée. La Nuit les étouffait au moins pour une grande partie d’entre eux. Elle fixa quelques secondes son benjamin après avoir entendu ses derniers mots. Pourquoi ? Sa pensée lui échappait, la Serpentard ne comprenait pas ce qu’il avait avancé, ne parvenait à voir ce qui pourrait être rétorqué, elle murmura simplement, ou plutôt cracha si ses lèvres non habituées le lui permettaient.

« Le pouvoir… »

Mais qui diable était cet enfant pour dire cela ? Impossible évidemment pour l’adolescente de déterminer si cela venait vraiment de lui, de son éducation, de son entourage… voire de le Maison. La Maison du Serpent pourtant n’autorisait pas telle présomption à la connaissance de la Vert et Argent. Elle perdit sa perception dans le vague, une sorte d’échappatoire l’aidant à voir ce qui n’était pas incarné pour mieux revenir dans la réalité. Entre choisir ses mots et laisser le charivaris régner…

« Le pouvoir n’a pas de lien avec la Magie. Rusard pourrait souffrir d’un manque de prestance et de charisme dans sa présence. Mais en rien être Cracmol le rend impuissant face à des sorciers. Il est certainement le plus lucide quand il voit nos futilités magiques… »

Jamais la jeune sorcière aurait imaginé sortir quelque parole de défense pour le concierge, elle ne le respectait même pas vraiment. Justement pour les raisons qu’elle venait d’évoquer. Les paroles du garçon à l’égard du spectre avaient présenté un étrange mépris que son aînée ne partageait pas. Poudlard était un lieu d’abjection dans son enseignement. Le dernier lieu où apprendre à entourer convenablement sa puissance magique. L’utilisation des sortilèges en toutes situations était banalisée au point qu’en trouver de belles applications était d’une rareté extrême. Les élèves apprenaient à faire des choses hideuses. De la magie pour de la magie. La petite Swan avait terriblement hâte de quitter ce château pour trouver une expression de sa Magie qui lui correspondrait. C’est moche. Voici ce qu’elle avait souhaité sortir tant de fois durant les cours alors que certaines démonstrations étaient faites. Elle l’avait simplement pensé, très fort. Crié en elle comme une révolte qui ne s’est jamais échappée. Qui ne s’échappera probablement jamais.

« Un minotaure ? »

Répéter les quelques syllabes qui frappaient le plus Phœbe était une manière pour elle d’en lisser les contours, de donner plus d’existence à ce fragment de parole attrapé du bout de doigts. Ce monstre est le fils de Pasiphaé, craint du roi qui l’enferme d’effroi. Sans même prendre le temps de le découvrir, ce sont Minos et le Dédale qui ont fait monstre le jeune hybride en l’enfermant avec lui-même. L’étudiante approcha ses mains d’interstices entre les pierres pour en tenir les coins d’une dans le creux de ses paumes. Les irrégularités étaient un mirage, rien ne s’effondrera ni ne s’effritera véritablement. Une cage conçue par un génie architecte doit être parfaite. Le monstre aura beau se jeter de toutes ses forces sur les barreaux, ils tiendront imperturbables.

« Nous sommes tous des petits d’Astérion. Des enfants abandonnés. Il a été créé pour nous avaler. »

Ses mains se refermèrent doucement jusqu’à ce que le bout de chacun de ses doigts soit posé sur sa paume. De la poussière. De la poussière de roche, voilà tous ce que les jeunes sorciers récoltaient s’ils tentaient de s’élever contre leur Geôle. S’ils tentaient de ronger les bords. Qu’y avait-il à espérer ? Elle avait bien été construite à la mesure de ceux qu’elle avait vocation à accueillir.

Éternelle nouvelle Lune
Sombre Ciel

01 mars 2019, 15:34
Immersion
Futilité magiques ? Mais qu'est ce qu'il avait bien pu dire pour froisser ainsi son aînée ? Pourquoi diable prendre la défense du défunt concierge ? Au ton et aux mots employés Aliosus comprenait qu'ils risquaient de ne vraiment pas tomber d'accord. Pourtant il ne voyait absolument pas en quoi ses propos étaient contestables. Un non sorcier tel que Rusard était sans défense face à un sorcier en pleine possession de ses moyens, et même face à un enfant capable de simplement faire léviter sa chaussure pour le faire tomber. Sa camarade pouvait bien dire qu'il n'était pas impuissant, ça ne suffisait pas à le prouver. En revanche, il était évident que l'art élégant de la magie devait totalement échapper à ce personnage, le jeune garçon voulait bien admettre que cela puisse passer pour de la futilité, encore qu'il aurait soupçonné que l'expression soit de la jalousie dissimulée dans un enrobage de mauvaise foi. Aussi Aliosus ne répondit rien à cela, ne voyant pas ou ce désaccord pouvait mener.

Phœbe avait l'air de nouveau absorbée par les pierres, fascinée. C'était la première fois que le jeune Serpentard rencontrait quelqu'un qui semblait accorder autant d'importance à Poudlard. Et par Poudlard il pensait, dans ce cas précis, Poudlard même, sa structure, son assise, ses murs, ses pierres, ses dalles, ses colonnes. Pas Poudlard comme entité vivante désignant tantôt sa direction, donc la mystérieuse et inquiétante Miss Loewy, tantôt l'ensemble des âmes qui y vivaient, enseignaient, apprenaient, mangeaient, dormaient et donc rêvaient.

Astérion ? Le nom tira Aliosus de ses pensées et il du fouiller dans sa mémoire pour retrouver la trace de ce nom. Si elle ne lui faisait pas défaut, il s'agissait du nom de la créature qu'il avait évoqué. Quelle était cette obsession de donner de l'importance, de vouloir rendre proche des choses si éloignées d'eux mêmes ? De nier l'impuissance d'un Cracmol d'abord, et d'humaniser un monstre maintenant.

La douleur se rappela à lui soudainement, encore aux tempes. Il chancelât. Il n'avait rien avalé de solide depuis son réveil par une gueule béante. Il s'appuya sur le mur qui fixait tant l'attention de la jeune fille.
" Excuse moi... je crois...je devrais aller boire un coup et m'asseoir un petit peu."

Et puis cela lui revint. N'avait-elle pas dit qu'elle non plus ne se trouvait pas là de son propre chef ?

"Tu t'étais perdue aussi non ? Tu cherchais à aller quelque part ?"

Définitivement perdue dans ses pensées, Phœbe ne lui répondit pas. Aliosus attendit quelques secondes avant de la saluer d'un discret hochement de tête et repris son chemin. Son esprit était à présent perdus en pensées étranges et en considérations mythologiques sur le château, et il se demandait s'il aurait un jour l'occasion de reprendre cette discussion.

Fin du RP.

6ème année
Sorcier le plus respectueux du règlement 2021 & 2022