Nonchalamment adossé à un mur près des escaliers, Audric patientait en mâchonnant distraitement une bulle baveuse, les mains derrière le dos. Cela lui donnait un faux air de rebelle qui, au passage, ne lui allait pas du tout, mais il n'y faisait pas attention. Comme il était en avance sur son propre plan, il attendait que ce dernier se mette en route avant de se mettre en action. Pour patienter il cherchait du regard sans en avoir l'air ceux qui l'accompagnaient aujourd'hui. 

 Pendant sa deuxième année le brun avait offert à son ami Duncan une clef qui, soit disant, permettait d'ouvrir le placard dans le bureau de Rusard. Ce dernier la lui avait rendue plus tard, alors qu'il avait déniché Merlin seul savait où un couteau qui lui permettait d'ouvrir toutes les portes. Avant les vacances de Noël, le garçon aux yeux vairons avait vu le-dit couteau, posé sur le bureau du concierge alors qu'il passait innocemment devant la porte.  L'adolescent était persuadé que c'était celui de son ami, et il voulait le récupérer. *A la rentrée j'irai* s'était-il dit. Mais à la rentrée il avait d'autres soucis que de penser à cet objet. Et puis quelques jours plus tard, Aishani était arrivée avec une demande particulière. Sans réfléchir, le brun lui avait demandé un service en retour. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'elle accepte. La fillette qui ne semblait pas manquer d'idées pour s'amuser n'avait pourtant pas refuser sa proposition. Le jeune Hitward était ravi, cela faisait un moment qu'il cherchait une excuse pour se rapprocher d'elle. Il était doué pour trouver les gens intéressants à connaître, mais moins pour trouver des sujets de discussion. 

 Un bruit, quelques étages plus bas, s'éleva doucement jusqu'à lui. Rusard, attiré par le son comme quelques élèves qui l'évitaient tant bien que mal, se dirigea vers la source comme un aimant. Esquissant un discret sourire, Audric s'éclipsa doucement vers le bureau du fantôme en remerciant silencieusement Adrian qui s'occupait de divertir Rusard. Cela leur laisserait plus de temps pour entrer.
 Le brun tendit la main pour ouvrir la porte du bureau, mais cette dernière était fermée à clef. *Ah. Et bien ça commence bien* gronda-t-il intérieurement. L'objet qui aurait pu l'aider se trouvait justement à l'intérieur, c'était vraiment pas de bol. Il se résolut à attendre la fillette. 
 De toute façon il n'avait aucune envie de rentrer seul dans le bureau de Rusard. Non pas que l'endroit ou le propriétaire lui faisaient peur, loin de là. Il serait toujours plus effrayé par un rat dégoûtant que par le fantôme ou son horrible chat. Cet endroit lui rappelait des souvenirs, de très bons souvenirs même. Ceux qu'il voulait absolument oublier parce qu'ils le ramenaient tous à Peterson. 
 Le brun se plaça dos au mur en attendant, mâchant toujours sa bulle baveuse, observant avec une attention toute particulière les rainures dans le sol. Après les plafond... peut-être qu'il devrait penser à une carrière dans l'architecture.

Mais qu'avait elle fait ? Aishani se retournait dans son lit, n'arrivant pas à trouver le sommeil. Cela faisait quelques temps maintenant qu'elle avait accepté la proposition d'Audric, sans savoir ce qu'il attendrait d'elle, ce qu'il lui demandait de faire. L'esprit de la jeune fille errait en terre inconnue, les joues rouges cachées sous sa couette. Elle n'aimait pas l'inconnu, source de mauvaises nouvelles. Elle avait accepté sans savoir la vérité sur cette école. Elle cherchait des objets sans savoir où cela l'amenait, et souvent dans des aventures bien trop dangereuses pour son propre bien. L'inconnu était mauvais ! Mal ! A éviter... Alors pourquoi avait elle accepté aussi vite, sans réfléchir ? Le visage d'Audric venait à son esprit, aussi clair que le jour malgré le noir de la nuit. Il souriait, avec ce sourire espiègle et insouciant si naturel chez lui... Ce sourire qui la rendait si confiante... Aaaah ! Elle rentra sa tête sous les couvertures, battant des pieds de frustration... Pourquoi lui faisait elle confiance comme ça ? Pourquoi voulait elle tant lui plaire ? Il était venu la voir dans la soirée, lui indiquant qu'il aurait besoin d'elle le lendemain... Elle n'arrivait pas à dormir, inquiète et impatiente à la fois... Elle soupira...

Mais que faisait elle ? Il avait dit qu'il "avait besoin de ses compétences particulières". Qu'est ce que ça voulait dire d'abord !? Quelles compétences ? La prenait il pour une mauvaise fille ? Non, il était plus intelligent que ça. Il savait certainement voir au delà du rôle qu'elle avait méticuleusement crée durant l'année. Plus personne ne la prenait de haut maintenant. En tout cas, plus personne des premières et secondes années. Ils savaient de quoi elle était capable, quelles folies dormaient sous ce haut regard... La jeune fille passait son huile capillaire avec attention, lustrant ses cheveux démesurément long depuis maintenant plus d'une heure. Ils n'étaient pas parfaits aujourd'hui... Pourquoi aujourd'hui ? Pas aujourd'hui... L'indienne gémit, son visage déprimé lui renvoyant son regard dans le miroir. Pourquoi était ce si important qu'elle soit parfaite aujourd'hui ? A côté d'elle, presque tout ses vêtements étaient amassés sur le lit, duquel elle avait sélectionné un accoutrement discret, chemise plus grise que d'habitude, des collants aux couleurs des murs. Sa cravate rouge allait sortir d'avantage aujourd'hui, elle allait devoir choisir un nœud plus intéressant si elle voulait qu'il la remarque... Sa main serra d'avantage sa mèche actuelle. Pourquoi ?! Pourquoi voulait elle qu'il la remarque ? Sang noir, c'était tellement bizarre !..

Mais qu'allait elle faire ? Aishani était perdue, désorientée dans des couloirs qu'elle connaissait parfaitement. Elle était en retard ! Et aujourd'hui tout particulièrement, ça la dérangeait. Elle portait sa cape de mage aujourd'hui, disparaissant dans les foules étudiantes. Elle remontait le flux d'élèves qui descendaient dans la grande salle, passant à côté d'une troupe de Poufsouffle en train de jouer à une partie de cartes explosives au milieu des escaliers. L'un d'entre eux fit un combo remarquable qui fit exploser plusieurs cartes directement dans le jeu de son adversaire, dans un bang des plus remarquables. L'indienne continuait son chemin, dépassant le fantôme de Rusard qui filait dans la direction du bruit. Elle tourna à un couloir et s'arrêta net. Il était là, dos au mur, reposant sa tête contre la pierre froide tout en mâchant un chewing gum qui luisait dans la lumière diffuse. L'indienne n'arrivait pas à séparer ses yeux de la couleur du bonbon, alors que l'adolescent tournait la tête, sa queue de cheval, filant comme un serpent le long de ses épaules... Aishani amena sa main à son cœur, rougissante... Il battait si vite que cela lui donnait le tournis... A l'écart, elle souffla une fois, deux fois... Trois fois, pour raffermir son contrôle, sa détermination. Pourquoi avait elle tant de mal alors qu'elle avait déjà affronté bien plus agés, et bien plus nombreux ! Elle n'avait peur de rien ! Tout le monde la connaissait pour ça... Fronçant les sourcils, elle fit un pas en avant, puis un autre, puis le suivant fut plus facile... Advienne que pourra...

La longue indienne sinua à pas étrangement silencieux dans la direction du haut Gryffondor, s'approchant à sa hauteur, elle le regarda droit dans les yeux, sa face étonnamment rouge et à bout de souffle. Comme si elle avait couru.

"Hey..."

 C'est la sensation d'être observé qui lui fit lever la tête. Aussitôt, Audric sourit en la reconnaissant. Il plongea ses yeux vairons dans le regard de sa cadette, cherchant cette lueur si familière qui l'avait longtemps poussé à comparé la fillette à la peau mate à Peterson. Ce qui était complètement idiot, car toutes les deux étaient aussi différentes que le jour et la nuit. Que ce soit physiquement, notamment leurs tailles qui étaient l'une la parfaite opposée de l'autre, ou dans leur caractères. S'il connaissait la force physique de son aînée, il n'en savait rien de sa cadette. En revanche il savait à quel point elle brillait de malice et d'ingéniosité. 
 Aishani ne finirait jamais avec un garçon comme Pike, elle était plus intelligente que ça. 

 Le garçon aux yeux vairons se détacha du mur sans détourner le regard. Depuis son enfance il avait fait quelques efforts mais ne restait jamais trop longtemps les yeux dans les yeux avec les autres. Sauf sa famille évidement et ses amis proches. Et les rares personnes en qui il avait une confiance aveugle avant même de les connaître réellement. Aishani faisait partie des ces personnes qu'il pouvait compter sur les doigts d'une main.

"J'suis content de te voir." fit-il en guise de salutations. Il ne savait pas pourquoi mais il se sentait soulagé aussi, comme s'il avait eu peur qu'elle change d'avis à la dernière minute. Pour autant il savait qu'elle viendrait, elle l'avait dit. Et puis elle le lui devait, après tout ils avaient un marché. Bien que l'adolescent aurait réalisé la demande de sa camarade même sans retour de sa part. Il n'avait également pas demandé de détails sur le projet de sa cadette, il ignorait totalement en quoi il l'avait aidée réellement et même s'il était curieux à ce sujet c'était bien mieux ainsi. C'est bien plus facile de prétendre qu'on ne sait rien quand on ignore vraiment tout du sujet.
 Il pencha la tête sur le côté et observa la fille à la peau caramel rapidement. Il y avait quelque chose de différent chez elle, mais il était incapable de dire quoi. Le brun n'avait jamais remarqué qu'elle avait les cheveux aussi longs, ils flottaient derrière elle d'une manière assez poétique. Il se secoua mentalement, soudainement conscient de n'avoir pas parlé depuis un moment et de n'avoir fait que la détailler depuis le début.  

"Hum... Bon on y va? La porte est fermée à cl..." En parlant il avait posé sa main sur la poignée pour jouer avec cette dernière, et celle-ci céda contrairement à la première fois qu'il avait tenté. Comme si le château se moquait de lui. En réalité il n'avait juste pas assez poussé à sa première tentative. Peut-être était-ce à cause de sa crainte de rentrer seul dans ce bureau qu'il avait inconsciemment été incapable d'ouvrir cette porte. "Ah non. C'est ouvert." Commenta-t-il bêtement.

 Sans réfléchir il attrapa Aishani par le poignet et la tira à l'intérieur après avoir jeté un dernier coup d’œil dans le couloir. Il oublia rapidement le contraste entre la fraîcheur de ses doigts et la chaleur de la peau de la fillette, et observa vaguement les lieux sans la relâcher. Les meubles étaient toujours à la même place; la grosse armoire dont il avait la clef était fermée et une chaise était posée devant, le bureau était enseveli sous un nombre impressionnant de parchemins. 

Il se retourna vers sa camarade, toujours souriant, lui expliquant rapidement la raison de leur présence ici. 
"Bon, j'ai un pote qui détourne l'attention de Rusard. On devrait avoir le temps de trouver ce que je veux. Et pourquoi pas... se servir d'autres trucs qui pourraient être utiles?" Son regard plein de malice guettait la moindre réaction de la brunette. Tout en profitant pour la détailler encore au passage, ce qui était d'autant plus simple qu'elle faisait presque la même taille que lui. Il aurait pu poser son front contre le sien sans avoir à se pencher.

"Je cherche un couteau. Un couteau de serrurier avec les lettres J et D gravées dessus." Il n'en dit pas plus, gardant pour lui le fait qu'il appartient en réalité à l'un de ses amis qui n'était plus là. C'était une idée fixe : il lui fallait cet objet. S'il revoyait Duncan un jour, il le lui rendrait bien sûr. C'était évidemment pour cette raison qu'il était là aujourd'hui d'ailleurs.
Pour quoi d'autre sinon?

Il était content de la voir ! L'idée monta à la tête de l'indienne comme une fusée sans contrôle, venant tinter à l'intérieur de son crâne sans aucun pilote à l'intérieur. Elle resta interdite, incapable de penser pendant quelques secondes. Il était content de la voir. Elle se sentait bien à cette remarque, mais son esprit était tellement plongé dans le chaos qu'elle ne réussit à esquisser pour toute réponse qu'un fin sourire embarrassé.

Elle n'eut de toute façon pas le temps de trouver quelque chose à dire. Le premier obstacle, la porte du bureau du concierge, haute porte gothique à l'aspect repoussant, quelque chose sur lequel se focaliser deux secondes, se révéla être aussi difficile que faire un pas en avant. Avec son insouciance si belle, Audric n'hésita pas un seul instant et attrapa l'indienne par le poignet avant de s'engouffrer à l'intérieur. Le choc de ce contact étonnement froid sur sa peau en ébullition faillit lui arracher un cri embarrassé qu'elle mit toutes ses forces à contenir. Toute son énergie utilisée ailleurs, elle n'eut pas la force de résister et disparu avec son ravisseur.

Le bureau était sombre, si sombre qu'elle n'arrivait plus à discerner l'entièreté du visage du jeune Gryffondor. Celui ci non plus car il se rapprocha soudainement, la détaillant sans se cacher. Bon sang, pas si près ! Déjà qu'elle avait eu du mal à un simple touché... Les yeux exorbités elle se détourna, feignant de regarder autour d'elle, alors qu'elle durcissait son esprit, tentant avec peu de réussite de se désensibiliser à la présence si incroyable de l'adolescent... Il sentait si bon... Non ! Reprends toi, ma fille. Reprends toi !

Fronçant les sourcils pour elle même, elle laissa ses pupilles s'habituer à la pénombre, détaillant l'ancien bureau du fantôme. L'immatérialité ne devait pas aider à faire le ménage. L'endroit était clairement hanté, et pas dans le bon sens. La poussière s'amoncelait sur le sol en petits tas blancs, des toiles d’araignées à moitié déchirées ornaient le haut des meubles avec une telle masse qu'on aurait dit qu'une armée de morts vivants avaient décidés de laisser trainer leur linceul sur les hauts meubles. Il y avait une odeur de vieille cave, des trucs avaient du mourir ici, se faire manger, et leur agresseur était mort aussi. Le premier réflexe de l'indienne fut de remettre immédiatement sa capuche. Il n'était pas question que quoi que ce soit de mort ou vivant ne tombe dans sa si parfaite chevelure...

L'ambiance glaçante générale avait au moins eu l'avantage de refroidir la demoiselle. Son regard en coin vint dévisager le jeune adolescent, et son malicieux sourire. Il ne semblait pas être à sa première incursion dans cet étrange endroit. Sa confiance rassura Aishani. il cherchait un couteau. Un couteau de serrurier... Un quoi ?

"Un quoi ?"

C'était sorti tout seul, l'indienne se gifla mentalement, dans une grimace d'embarras extrême. Idiote ! Pas avec ce ton ! Pas aussi brusquement ! Il fallait qu'elle fasse quelque chose. Elle se rapprocha du jeune homme, sa main passant dans sa capuche pour en sortir, avec un petit bruit de métal. Elle présenta dans sa main trois petites barres de métal sombre, aux reflets bleus, tordues sur l'une de leur extrémités en des formes fines et étranges. Des crochets de serruriers.

"Tu veux parler de ça ? "

Les grands yeux de l'indienne, étaient toujours légèrement plus blancs que la normale, du fait de son pouvoir latent. Dans la pénombre de la pièce, ils se démarquaient du reste de son visage sous sa capuche. Focalisés, ils ne perdaient rien du propre regard d'Audric.

 Attendant la moindre réaction, le brun scrutait fixement la fillette à la peau caramel. Il aurait presque pu prévoir quelle mèche de cheveux allait redescendre devant ses yeux à forcer de l'observer sans détourner les yeux. Aussi il fût déçu lorsqu'elle rabattit sa capuche sur sa tête, l'ombre prodigué par le tissu l'empêchait de voir correctement son visage. Quoi que... non, pourquoi serait-il déçu? C'était complètement idiot. 
 L'adolescent détourna les yeux, cherchant autre chose à observer. Sa main serrait toujours le poignet de sa cadette sans qu'il s'en rende compte. C'était comme si c'était naturel, comme si la place de ses doigts avaient toujours été là, enroulé sur le haut de cette main.

"Un quoi ?"

 La brunette se rapprocha et le garçon retint son souffle. Ayant conscience de cette proximité, il n'était pas à l'aise. Son espace "vital" était assez élargit en général et peu de personne pouvaient franchir le cercle invisible qu'il imposait à ses interlocuteurs. Pourtant il ne chercha pas à se reculer.
 Il observa attentivement la main de l'indienne passer à l'intérieur de sa capuche et en ressortir trois petites barres en métal. Les yeux vairons s'accrochèrent aux choses qu'elle venait de sortir... de sa tête? Son regard accrocha celui d'Aishani, l'air surprit. Il tenta de se retenir de rire, mais explosa soudainement en baissant la tête sur sa droite. Audric se reprit le plus rapidement qu'il put, et se redressa pour se replonger dans le regard de la fillette, un immense sourire plaqué sur son visage d'idiot.

"Pardon. Tu sors ça de... tes cheveux? Comment tu fais ça? C'est trop cool!"

 C'était complètement crétin, mais le brun était réellement fasciné. Depuis le début du mois il s'était plusieurs fois demandé s'il n'allait pas couper ses cheveux. C'était ce qu'aurait voulu sa mère, même si elle avait finit par abandonner l'idée peu après son entrée à Poudlard. Il les aimait longs, mais il commençait à regretter de ne pas avoir écouté Jeanne. Et voilà qu'il découvrait une autre utilité que de détourner l'attention d'Emma sur d'autres problèmes dont il ne voulait pas parler. Donnez lui une masse de cheveux à coiffer et elle était heureuse...

 "Il faudra que tu m'apprennes ton truc, c'est trop utile de pouvoir faire ça!" 

 Ou alors... elle avait une poche secrète dans sa capuche. C'était cool aussi mais bien moins fascinant du coup. Il préféra garder la première solution. Il leva les mains pour pouvoir mimer l'objet qu'il cherchait, et s’aperçut enfin qu'il entraînait dans ce mouvement celle d'Aishani qu'il tenait encore. Rougissant, il la relâcha délicatement et recula enfin d'un tout petit pas.

"P-pardon. Euh non c'est... un couteau mais avec un manche de couleur claire et décoré du côté de la lame. "

 L'adolescent montra la taille approximative de l'objet avec ses mains, et imita la grosseur du couteau en faisant un rond avec ses doigts. "Tu vois?" Puis il se saisit délicatement des barres en métal que la brunette tenait sans la forcer à les lâcher et les regarda attentivement.

"Il faut que tu m'apprennes... Comment tu fais avec ça?" Si la malice n'avait pas disparue des yeux vairons, elle était à présent légèrement cachée derrière la fascination du garçon. Pas pour les objets qu'il avait devant lui, mais pour sa cadette à la peau caramel. Voilà, il apprenait enfin à la connaître et ce qu'il découvrait l’éblouissait davantage.

L'indienne souriait. L'amical enthousiasme d'Audric se déversait sur elle, caressant son visage, évacuant toute la gêne accumulée précédemment. Il faisait attention à elle, il la considérait. C'était le plus étrange et merveilleux sentiment qu'elle pouvait éprouver à cet instant précis. Ses paupières battirent inconsciemment deux fois, alors qu'elle formulait un remerciement plein d'émotion de ses lèvres silencieuses.

Elle aimait qu'il lui tienne le poignet, sa main était légèrement plus chaude que la sienne maintenant, ou en tout cas, c'était ce qu'elle ressentait. C'était confortable, ni trop serré, ni trop lâche. Il n'hésitait pas, n'avait pas peur de continuer à discuter avec elle alors que ce contact secret se faisait entre eux deux. Le bras de l'indienne frémissait imperceptiblement de plaisir à son toucher, qui l'empêchait de s'éloigner. Elle ne voulait pas s'éloigner...

Aussi quand il la relâcha, pour lui indiquer par des gestes dans la lumière la taille et la largeur approximative de cet étrange couteau fin, l'indienne vint quasiment à son contact, son visage frolant le sien, afin de voir avec le même angle que le jeune garçon. Une fois qu'il eut fini de lui expliquer, elle lui fit de nouveau face, s'étant tournée pour être dans la faible lueur bleutée de la fenêtre. Elle avait un petit air mutin sur le visage, prête à faire une bêtise.

"On peut faire deux choses à la fois. Laisse moi te montrer ça..."

D'un mouvement long et fluide, ses deux mains passérent autour du cou du jeune garçon, frolant ses oreilles, disparaissant derrière sa tête. Aishani tâta rapidement sa chevelure, ses doigts frôlant l'arrière du cou du jeune homme, alors qu'elle repérait des doigts, avec quelques pressions, l'endroit où le jeune homme maintenait sa natte en place. Son index se faufila à l'intérieur, vérifiant le terrain avec douceur, avant de laisser passer une fine tige de métal, la glissant parmi les cheveux serrés comme si il faisait partie du jeune homme depuis le début. Les mains vérifièrent à nouveau qu'aucun cheveux n'avait été dérangés. D'habiles pressions digitales remirent le nœud en place, avant de glisser de nouveau le long du cou du jeune bâteur Gryffondor, frôlant avec malice les courbes de la peau.

Le visage d'Aishani n'avait été jamais aussi proche de celui du jeune garçon, alors qu'elle le regardait droit dans ses yeux vairons, sans jamais briser le contact durant toute l'opération. Sa bouche, si proche de la sienne se permis d'indiquer d'un souffle :

"Voila... Tu devrais ressentir le poids du crochet, la différence dans ta chevelure. Comme ça tu sauras que tu ne l'as pas perdu... Ce n'est pas plus difficile que ça."

Se reculant, elle lui sourit, avec ce petit air mystérieusement satisfait qui était plus habituellement le sien, avant de s'éloigner vers l'une des zones d'ombre du bureau du concierge... Juste à temps pour camoufler un énorme fard qui venait lui envahir le visage...

Oh mon dieu ! Elle l'avait fait ! Elle avait osé ! C'était parfait ! Aaaaaaaaah ! Du calme, du calme ! Concentre toi sur ce couteau...

Si elle n'avait pas été en mission, elle aurait très certainement sautillé sur place de joie... Mais stoïque, en tout cas en donnant l'impression, elle commença à fouiller du regard les meubles à sa portée.