Coup d’œil à droite. Personne.
Coup d'oeil à gauche. Personne.
Regard général. Personne aussi.
Et personne dans le bureau. C'était le bon moment. Elle entrerait, prendrait le frisbee, ressortirait et ni vu ni connu je t'embrouille. Trop facile. Beaucoup trop facile. Franchement, Rusard ferait mieux de coller un garde devant sa porte. N'importe qui pouvait y entrer. Enfin, aujourd'hui, c'était tout à son avantage. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire carnassier.

Elle avait, quelques jours plus tôt, entendu une intéressante rumeur comme quoi un frisbee à dents de serpent avait été confisqué. Ces objets l'avaient toujours fascinée. Mais malheureusement, elle n'avait jamais eu la permission d'en acheter, même avant d'arriver à Poudlard. Elle trouvait ça d'une injustice sans nom. Ce n'était surement pas si dangereux que ça, non ? C'était un frisbee. Juste un frisbee, pas une carabine à air comprimé ou une hache. Un simple frisbee un peu trafiqué. Pas de quoi en faire tout un plat.
La jeune fille avait donc décidé de s'emparer du frisbee prit par le concierge. Ce n'était pas un vol, techniquement. Étant confisqué, l'objet n'appartenait plus à l'élève, mais Rusard n'en était pas non plus le possesseur. Du coup, elle ne faisait pas grand chose de mal, si l'objet n'était à personne. Enfin, c'était ce que lui disait sa logique. Et elle avait une très bonne logique. Excellente, même.
La baguette en main, elle s'approcha de la porte du bureau. Vérifia encore un fois qu'elle était seule. Et chuchota la formule :

-Alohomora !

Le verrou émit un cliquettement et le battant s'ouvrit. Bon. Première étape accomplie. Elle pénétra dans la pièce, sans penser à refermer derrière elle. La deuxième année regarda un peu autour d'elle, à la recherche de l'endroit où le frisbee pouvait être entreposé. Les tiroirs du bureau lui semblaient une bonne idée. Ce fut plus ardu que prévu, car en s'approchant, sa hanche percuta une pile de papiers qui s'écrasa au sol. Merde. Son cœur se mit à battre la chamade et des gouttes de sueur perlèrent sur son front. Elle stressait. Oh oui, elle stressait. Comment était posée la pile, déjà ? Quel parchemin se trouvait sur le dessus au départ ? Et la pile, elle était ordonnée ou en pagaille ? Sa mémoire flanchait. Elle ne se rappelait plus. Mais je le savais il y a une minute !

-Oh, misère...

Au désespoir, elle resta plantée là comme une idiote. Avant de se décider à tout ramasser et advienne que pourra. On ne pourrait pas la soupçonner elle, de tout manière. Est-ce qu'ils peuvent relever mes empreintes digitales ? Elle avait un doute. Maudit ses manches courtes qui ne lui permettaient pas de cacher ses mains ou au moins, de frotter les endroits qu'elle aurait pu toucher. En désespoir de cause, elle utilisa le bas de son t-shirt. Pas bien pratique pour ouvrir les tiroirs. Et bien plus lent que ce qu'elle escomptait. Dans sa précipitation, elle faillit faire tomber de nouvelles choses et grommela d'affreux jurons à voix basse. Ses mains tremblaient un peu et son regard faisait des allers-retours entre ce qu'elle faisait et la porte.

Ok. Je sais même pas ce que je veux trouver ici. Je veux juste y aller. Et récupérer quelque chose. Peut-être qu'il y aura des trucs intéressants ? Ça serait trop bien. Je m'attends au pire. Ou au meilleur. En fait, je ne sais pas à quoi m'attendre. Le seul problème c'était la porte. Parce que oui, je suis peut-être pas assez doué pour ça, je crois. Je suis qu'en première année, moi. Je manie deux, trois sorts, c'est tout. Je sais même pas si la porte est fermée, d'ailleurs. Je suis sure qu'elle est ouverte. Sure, pas vraiment. J'espère qu'elle est ouverte, c'est tout. Bon, j'arrête de penser à tout ça, et j'entre. J'arrive enfin. Face à la porte, je ne fais pas attention à un quelconque problème, dans le bureau du concierge. Je pousse alors la porte. Mes yeux doublèrent de volume. Merde, merde, merde ! Quelqu'un est déjà là ! À l'aide d'un pan de son tee shirt, elle ouvrit un tiroir. Je remarqua au sol les parchemins éparpillés un peu partout. Que dois-je faire ? Je vais pas dire "Éh ! Salut ! Tu viens voler des trucs toi aussi ?" Elle va me dire qu'elle remplace Rusard parce qu'il est malade, si ça se trouve. Oh, reste pas plantée là comme une idiote, Lexa, parle !

- Euh... Salut ?

Elle essaya plusieurs tiroirs, sans tomber sur le bon. Merde, merde, merde. Où pouvait bien être ce satané frisbee ? Il ne pouvait pas être ailleurs ! Sauf si... sauf si quelqu'un l'avait déjà récupéré avant elle. Elle écarquilla les yeux, la mine affolée. Elle n'y avait pas pensé. Comment avait-elle pu être aussi bête ? Si elle, elle pouvait entrer, un autre le pourrait aussi. Pas besoin d'être bien intelligent pour connaître la formule de déverrouillage.
Un bruit. Une voix. Qui la saluait avec hésitation. La jeune fille sursauta et le dossier qu'elle avait dans ses mains vint s'écraser au sol.

-Merde !

Elle le ramassa pour le remettre à sa place, ainsi que tous les autres papiers qu'elle avait pu faire tomber. Tout ça, avec le bas de son t-shirt. Vraiment pas pratique, ce truc. Elle remit tout à peu près comme il faut, en espérant que ça irait. Ensuite, elle releva la tête vers la personne qui venait d'entrer. Une première année. Blonde. Qui devait sans doute se demander ce qu'elle foutait là. Bah... Est-ce que l'excuse «je suis préfète, je cherchais quelque chose que Rusard m'a demandé» fonctionnerait ? Mouais, pas top top. Pas crédible. Vraiment pas. Je pourrais lui raconter que j'ai entendu dire que le concierge possède un objet tout plein de magie noire et que je voulais le détruire. Que j'ai été envoyée par la directrice pour effectuer cette mission et que ça doit rester top secret. Encore plus pourri. Naze. Elle n'était franchement pas douée pour trouver de bonnes excuses. Alors elle essaya l'honnêteté. De toute manière, la nouvelle venue n'avait rien à faire là, elle non plus.

-'lut.

Et elle continua à ouvrir les tiroirs, toujours avec sa technique à la noix. Rien. Rien du tout. Allez, j't'en prie ! Sois-là ! Gentil petit frisbee... Viens voir maman. Le frisbee ne fut pas gentil et n'alla pas voir maman. Il resta bien caché... si tant est qu'il était encore dans la pièce. Elle avait de plus en plus de doutes. Et flippait vraiment beaucoup. La première année n'allait surement pas la dénoncer, enfin elle l'espérait. Aurait-elle le temps de se jeter sur elle pour la plaquer au sol ? Et après, elle ferait quoi ? Un sortilège d'Amnésie ? Elle ne savait pas le faire. Un bon coup sur la tête en priant pour qu'elle perde la mémoire ? C'était un poil dangereux, quand même. Et pas sûr que ça marche. Bah, si je tape très fort, ça pourrait marcher. On sait jamais. Elle n'était pas très convaincue. Elle finit par se tourner en direction de la fille.

-Tu veux quoi ?

Autant aller droit au but. Pour la suite... bah, elle verrait bien.

Elle me salua rapidement. Sympa. Puis, elle ouvrit des tiroirs, et encore des tiroirs, et, comme moi elle avait l'air de chercher quelque chose. Puis elle me demanda ce que je voulais. Ah. Panique à bord. Je cherche rien ? Je veux juste trouver quelque chose d'utile. Et je suis pas la seule. Et elle d'abord, elle cherche quoi ? Je sais même pas qui c'est. Ça va m'aider pour savoir ce qu'elle cherche, ça. Bref. Je dois vite trouver une excuse. Plausible. Non, je peux pas faire les deux en même temps. Rapide ? Plausible ? Soudain, une idée me viens en tête. Deux, en fait. Une qui pourrait marcher, une autre qui ne marchera peut-être pas. Première idée, la chatte du concierge est blessé, et il m'a dis d'aller chercher de quoi la soigner ici. Ça peut marcher. Tout le monde sait qu'il la chéri plus que tout au monde. Deuxième possibilité. Quidditch. Mais je suis nouvelle dans l'équipe. Aller, je pars sur Rusard.

- C'est le concierge qui m'envoie. Miss Teigne est blessée, et il m'a demandée d'aller chercher quelque chose ici.

Allez. Je respire, je respire. Et je panique pas. Surtout pas. Mais bon, elle aussi, elle fait quoi ici ? Pas que ça m'intéresse, hein. Mais un peu quand même. Bref. Je rentre dans le bureau, faisant mine de chercher une trousse de secours pour chat. Comme si ça existait.

- Et toi ?

Sans même la regarder, je pose cette question. je continue de chercher des babioles en tout genre pouvant être amusante. Je sais même pas si elle me crois. Si ça se trouve, elle me prends pour une folle. Ou une gamine. Ça m'intéresse même plus en fait.

La gryffonne haussa un sourcil moqueur et fit une moue peu convaincue. L'excuse aurait pu fonctionner. Ce n'était pas si idiot. Mais elle ne s'y laissa pas prendre. Elle continua donc à chercher comme si de rien n'était. Jusqu'à ce que la première année lui pose la question fatidique. «Et toi ?» Elle ne répondit pas, pas tout de suite, mais stoppa ses recherches pour dévisager l'autre. Son air sûre d'elle pourrait l'aider. Mais aucune excuse ne pourrait la sauver. La blonde avait pris la meilleure et elle se maudit de ne pas y avoir pensé la première. Alors elle chercha à gagner du temps.

-Pauvre Miss Teigne... Elle ne devrait pas aller à l'infirmerie, plutôt ? Mister Mason n'est pas vétérinaire, mais il devrait avoir tout ce qu'il faut. Rusard tient beaucoup à sa chatte, je pensais qu'il serait allé le voir directement. Mais bon, je dois me tromper. Ce n'est pas trop grave, j'espère ?

Et elle prit un air sincèrement inquiet. Elle était épatée par ses talents d'actrice. Malgré son amour des chats, elle détestait Miss Teigne et aurait bien aimé la voir blessée. Gravement. Et pas soignée. Qu'elle crève, cette vieille carne ! Néanmoins, elle devait jouer son rôle. Faire comme si. Comme ci elle avait parfaitement le droit d'être là et pas l'autre. Elle contemplait la fille avec l'air de ne pas la croire du tout. Son esprit tournait à toute allure pour trouver d'autres éléments qui pourraient la confondre.
Elle ne trouva pas grande chose et inventa une excuse débile, pas crédible, pas plausible et franchement nulle. Son regard se porta sur le dernier tiroir qu'elle n'avait pas ouvert. Ses doigts la démangeait d'aller l'ouvrir. Mais elle résista à la tentation. Posa ses mains à plat sur le bureau, coudes vers elle et le bout de ses doigts allèrent à la rencontre du dessous du meuble. Comme elle l'escomptait, c'était plein de poussières. Elle y alla franchement. Vraiment crade.

-Moi ? J'remplace l'elfe qui s'occupe du rangement. Elle est malade. (Air attristé.) Franchement, c'est super sale, ici. R'garde ! (Elle montra ses mains couvertes de saletés.) Et j'ai rien pour les nettoyer. C'est franchement pas pratique de ranger avec le bas de son t-shirt pour rien salir, moi j'te le dis ! J'aurais dû m'y attendre, j'imagine, mais je n'avais rien prévu. J'pensais juste que j'aurais à ranger des trucs. Va m'falloir un plumeau. T'en a un ?

Elle était à la limite de s'écrouler par terre en gloussant comme une hystérique. C'était tellement débile que c'en était drôle. Excuse de merde. Et question de merde. Évidemment, que l'autre n'avait pas de plumeau ! Elle était partagée entre l'envie de se marrer et celle de se coller des gifles pour son idiotie.
Son regard se porta de nouveau sur le tiroir. Elle se détourna et s'occupa plutôt de mettre les piles de documents bien droites. Elle navigua d'un bout à l'autre de la pièce en feignant de ranger. Elle se mordait les doigts de ses paroles. Maintenant, c'était certain que Rusard allait remarquer quelque chose. Il fallait qu'elle parte, et fissa. Son regard se posa sur une clé qui trainait là. Elle la récupéra et la glissa dans sa poche avec un petit sourire. Elle fit en sorte que sa camarade ne puisse rien voir de son geste. Et elle se retourna d'un bloc.

-Oh, mais j'y pense ! Quand j'suis arrivée, la porte était verrouillée. J'espère que Rusard t'a donné un double de la clé, parce que si j'avais pas été là, t'aurait pas pu ouvrir la porte. Il a pas oublié, hein ?

Et elle lui montra sa clé volée, l'air de rien. Elle n'ouvrait surement pas la porte, m'enfin, l'autre ne pourrait pas le savoir.

Ah. J'invente ? Je l'ai déjà fais, je peux continuer ? Oui, surement. Je continue de faire le tour du bureau. Y'a rien d'intéressant. Et elle, pourquoi elle reste près du bureau ? Elle va pas passer la journée à le nettoyer ?
Je met tout ça dans un coin de ma tête, et je réponds le premier truc qui me viens à la tête.

- Rien de grave. Il ne m'a pas dit ce qu'elle avait. Juste qu'il fallait que j'aille chercher une trousse de secours dans son bureau.

Son histoire d'elfe, c'était bizarre. Il y en avait des tonnes ici, pourquoi elle devait le faire et pas un autre elfe ? En plus, je crois qu'une fille de ma maison s'occupe déjà de nettoyer tout Poudlard, à cause de je-ne-sais-quoi. Et un elfe, ça tombe malade ? Bref, j'y crois pas. Mais pas du tout.

- Nan, j'ai pas ça avec moi, désolée.

Puis elle sortit une clé. Merde. J'ai pas d'excuses, c'est bon. Je suis morte. Mais comme je sais qu'elle ment, parce qu'un elfe malade, déjà j'y crois pas, et puis il peut se faire remplacer, si elle balance, je balance. Je chercha rapidement une excuse, encore, et un peu plus plausible que les dernières. Pourquoi j'ai pas choisis la première option, déjà ?
Faisant tourner mon cerveau à mille à l'heure, si c'est possible, je trouva quelque chose qui pourrait marcher.

- Il m'a dit de demander à Taylor ou Field la clé. Apparement elles l'ont. Mais je voulais voir si c'était ouvert au lieu de les déranger.

J'ai rien trouvée d'autre. J'aurais du choisir le Quidditch, je le sais. Dire qu'Eileen m'avait demander d'aller chercher quelque chose ici pour l'entrainement, ça marche, non ?
Je veux quand même éclaircir cette histoire d'elfes.

- Mais dis, les elfes ils sont nombreux ici ? Y'en a pas un qui aurait pu remplacer l'autre ?

Moue peu convaincue. Si ce n'était pas si grave, Rusard y serait allé lui-même, non ? Il n'aurait pas envoyé une première année aller chercher un truc dans son bureau en sachant très bien qu'elle risquait d'aller y voler quelque chose. Mais du coup, ça vaudrait aussi pour elle et son excuse bidon. Elle fronça son petit nez et retint une grimace.
Apparemment, la blonde n'avait pas de plumeau. Ah bah zut alors ! La jeune fille eut un petit sourire amusé. Elle se remit au travail, feignant de classer des objet dans certaines armoires. Pourtant, dans ça tête, trois mots tournaient en boucle : Va-t'en, va-t'en, va-t'en ! Il fallait qu'elle s'en aille de là et tant pis pour le frisbee. Il n'était même pas là, en plus. Il reste un dernier tiroir. Elle se mordilla la lèvre. Elle s'était déjà trop attardée sur ce bureau. Elle aurait l'air louche, à ouvrir encore un tiroir.
L'autre fille débita une nouvelle ânerie. La deuxième année retint un ricanement. Sa camarade n'était pas plus douée qu'elle, niveau excuse, apparemment. Elle haussa un sourcil et la fixa, dubitative.

-Eh ben t'as eu du bol. Y avait 99% de chances que la porte soit fermée, heureusement que j'suis arrivée en r'tard, alors. T'as une chance de cocu, dis-moi.

Et elle lui fit un grand sourire joyeux. Grillée, cocotte ! Si Rusard lui avait vraiment dit qu'elle trouverait la clé chez les professeurs Field et Taylor, c'était que la porte était fermée, sinon il n'aurait pas pris la peine de le préciser. Bon, les premières années n'étaient pas tous très fute fute, mais ça lui semblait évident, tout de même.
La fille avait des doutes sur elle. Évidemment. Ce qu'elle avait inventé ne tenait pas debout. Mais ce qu'elle devait dire lui vint aussitôt, sans presque une hésitation. Elle avait peur de s'enfoncer, mais il fallait bien qu'elle dise quelque chose, qu'elle se défende. Elle n'avait pas envie d'abandonner. Elle gagnerait. Gagner quoi ? Le duel des excuses pourries. Oh oui ! Elle se faisait souvent des petits concours dans sa tête. Là, ce serait en vrai. Elle était excitée comme une puce. Je vais gagner !

-Si, y en a plein d'autres. Mais j'ai une retenue -on m'a surprise avec un frisbee à dents de serpents, t'en a peut-être entendu parler ?- et Mister Briggs et Miss Loewy ont profité du fait que Wellie ne soit pas en forme pour me faire trimer comme une esclave.

Et elle prit une expression boudeuse. Elle avait inventé le nom de l'elfe sur le moment, elle espérait qu'il conviendrait. Il lui semblait que oui, car en général, les prénoms d'elfes se terminaient souvent par le son i.
Elle redressa des livres, arrangea des objets, poussa quelques meubles pour qu'ils prennent une meilleure place, bref, elle rangeait. Elle n'aimait pas ranger. Elle était maniaque, mais elle n'aimait pas faire le ménage. Paradoxal, mais bon. Ses mains était toujours recouvertes par le bas du t-shirt. Ce dernier allait vraiment être dégoutant. Elle avait envie de pleurer. Ce n'était pas son t-shirt préféré, mais elle y tenait beaucoup. Ça partira peut-être au lavage.

-Enfin, je me demande si ils n'ont pas inventé cette histoire d'elfe malade. Pour que je m'apitoie, tu vois. J'adore les elfes et si je peux les aider, je le ferais. Mais je n'aime pas qu'on se foute de moi. (Elle eut un air sincèrement énervé.) Tu t'appelles comment, au fait ?

La gryffonne s'était de nouveau rapprochée du bureau. Elle le voulait, ce frisbee. Tellement. Elle envisagea d'aller assommer la fille, prendre l'objet de sa convoitise -si il était là- et de filer sans demander son reste. Mais la blonde la reconnaîtrait, si elles se recroisaient. Et elle aurait des ennuis. Faudrait que je le menace.

Une chance, ouais. Exactement le mot auquel je pensais. Quelle chance de tomber sur quelqu'un alors que je contais braquer le bureau. Je dois peut-être pas avoir la même notion de chance qu'elle.
Je me dirigea de l'auto coté de la petite pièce, me rapprochant de la place de la fille. Je pencha la tête vers elle, voulant voir ce qu'elle faisait.
Elle ne croyait pas à mes mensonge,s j'avais bien compris. Et je ne croyais pas aux siens. Mais ça, elle ne le savait pas. J'allais m'amuser de ça, d'ailleurs.

- Beaucoup de chance, exactement.

Je haussa les sourcils en même temps, énervée d'été ralentie par cette sangsue. Je savais pas ce qu'elle fichait là, ou ce qu'elle cherchais, mais je comprenais bien que je la ralentissait autant qu'elle le faisait avec moi.
Elle relevait mes erreurs, et les utilisait contre moi. À mon tour de fair cela même chose. parce que faut se l'avouer, y'avait deux-trois incohérences.

-Non, j'en ai pas entendue parler. Elle à quoi, Wellie ?

Wellie, ça m'a tout l'air d'un nom inventé. Sauf si c'est un vrai nom. J'ne sais rien. Mais je crois pas que la directrice et M'sieur Briggs se donneraient la peine de donner des noms. En parlant de noms, voilà qu'elle me demande le mien. Mais c'est vraiment génial, ça. Rapidement, je cherche le nom de quelqu'un. Mais le problème c'est que je ne peux pas dire celui de quelqu'un d'ici, elle pourrait le connaitre déjà. Je pense alors au nom que j'avais donnée à une Poufsouffle le mois dernier.

- Ah ouais, tu crois ? Inventer une histoire comme ça ? Pff, y'a que des débiles pour faire ça. Moi c'est Olivia. Et toi ?

Mon deuxième prénom. Des Olivia ici, soit il n'y en a pas, soit je ne les connais pas. J'espère de tout cœur que ça marche.
Je me rapproche en même temps du bureau, cherchant à savoir quel intérêt elle y porte.

- Il est pas bien rangé le bureau ?

L'autre ne parait pas convaincue par ses dires. Et prétend se nommer Olivia. Un prénom très commun, il devait y en avoir plusieurs au château. Même si elle n'en avait pas croisé des masses. Aucune, à vrai dire.
À sa place, elle n'aurait surement pas donné son vrai nom, histoire de ne pas être retrouvée plus tard. Et "Olivia" ne lui semblait pas être une idiote, elle devait donc être arrivée aux mêmes conclusions.
Et elle n'avait pas entendu parler de l'histoire du frisbee. Mais c'est quoi, ces nouveaux qui ne prennent même pas la peine de se renseigner sur les rumeurs ? Ah, les jeunes, c'est plus ce que c'était...

-Une bronchite, j'crois. C'est bizarre, en avril. Il fait pas si froid. Quoique hier, j'me suis vraiment pelé les miches.

Faudrait peut-être qu'elle surveille son langage. Ça devenait de pire en pire. C'est l'adolescence. Oui, surement. Bah, ça lui passerait. Elle n'avait pas dit de gros mots, c'était déjà ça.
Ses cheveux courts lui tombaient devant les yeux. Elle souffla dessus pour les écarter. Un bref répit, car aussitôt, les mèches reprirent leur emplacement initial : devant son nez. Elle s'acharna ainsi pendant environ trente secondes, tentant par tous les moyens d'avoir une vue dégagée, sans succès. Elle avait moins de difficultés quand ils étaient longs. Le poids les maintenaient en place. Depuis qu'elle les avait coupés -avec l'aide de trois filles- c'était une vraie catastrophe. La jeune fille rejeta la tête en arrière. Elle ne pouvait pas les glisser derrière ses oreilles à cause de ses mains sales. Ils tinrent trois secondes en arrière. Et de nouveau, elle eut la vue à moitié bouchée. Soupir affligé.

-Bon, autant pisser dans un violon, j'imagine. (Elle grommela dans sa barbe quelques jurons, et finit par accepter d'avoir ce rideau noir devant les yeux.) Moi, c'est Althea. Mais tu peux m'appeler Thea.

Un surnom, ça fait plus vrai. Elle avait dit un nom au pif, mais elle le trouvait vraiment classe. Magnifique. Superbe. Sublime. Comme moi. Elle était la modestie incarnée. Elle finit de bouger deux ou trois trucs, avant de jeter un regard circulaire à la pièce. C'était déjà beaucoup mieux. On y voyait plus clair. Il faudrait peut-être aérer, mais c'était déjà ça. Eh ! Ton but premier n'était pas de ranger, rappelle-toi ! Ah oui. Elle avait presque oublié. En plus, elle n'aimait pas ranger.
La deuxième année donna un coup de pied dans un mouton de poussière. Rusard aurait pu au moins faire les poussières, tout de même. C'était une vraie porcherie. Elle se reconcentra sur la prétendue Olivia.

-Non, ça va. Le bureau me semble bien. J'crois que j'ai fini. Et puis, si ils sont pas contents, tant pis pour eux. J'suis pas femme de ménage, moi. J'devais aller lire un traité fascinant sur les Horglups, toutes ces bêtises vont me mettre en r'tard dans mes révisions. Au fait, t'as trouvé ce que tu cherchais ? La trousse de secours ?

Elle posa une fesse sur le bureau en baillant. Sa main ne se trouvait qu'à quelques centimètres du tiroir.

Althea ? Jamais entendu. Bref. j'ai deux options. Continuer dans mon mensonge, déjà percé à jour, ou dire la vérité. Dans tout les cas, je crois que j'ai l'avantage. Non ? Bref. Dans tout les cas, j'ai besoin d'une stratégie rapidement. Déjà, si quelqu'un arrive, on est mal, toutes les deux. Je sais pas si elle me balancera. Dans tout les cas je la suis. Bon par contre, si elle décide de se dénoncer, je mens, faut pas rêver non plus. Elle ira préparer elle-même la soupe pour tout le monde pendant que je dormirais. Ô, joie. J'imaginais déjà la scène. J'oublie tout ça, et me rapproche à pas de loup du bureau, saisissant un vieux livre posé sur la table. Un amas de poussière se déposa sur mes doigts, que j'enleva en les frottant à un pan de ma jupe. Puis je regarde l'heure à ma montre. On est là depuis quand même longtemps. Pas longtemps comme une heure bien sûr. Mais longtemps quand même.
Ayant gardée le silence depuis déjà quelques temps, je décide de parler.

- Pauv' Wellie. Hier ? Nan, il faisant bon j'ai trouvée.

Je refais un tour en 10 seconde chrono du bureau, et me retourne vers la fille.

- Rien, trop nul. M'enfin, il aurait pu y aller lui même. C'est qu'un chat. Ça me fatigue ces gens qui veulent nous contrôler comme ça. On est des elfes de maison, à les entendre. Ils auraient besoin d'un bon café. Ou une Bierreaubeurre.

Un chat fictif, oui. Mais elle le sait pas. Faut que je me dépêche de trouver quelque chose à dire, sinon je me fais cramer. Et si quelqu'un rentre, on est vraiment, vraiment hyper mal. Et si je continue encore de mentir, ça va m'énerver, et ça va finir avec un beau bleu violet dans la tête. Pas que je n'aime pas mentir. Mais ça devient trop dur, elle est douée quand même.