Il vit l'adulte inscrire le troisième nom. Il n'avait plus à dire sur cette soirée. Il voulait à présent aller à l'infirmerie voir comment aller Alice, si elle s'était réveillée déjà. Comme si elle avait lu dans son esprit, Miss Taylor posa justement la question de l'état de celle-ci.

"-Je ne sais pas. Je ne pense pas. On l'a amené à l'infirmerie elle était encore inconsciente. Je suis resté un moment et je suis retourné à la salle de bal pour faire mon devoir de préfet et raccompagner les Serdaigle encore là-bas à la salle commune. Il avait hésité un moment avant de la laisser à l'infirmerie mais il savait qu'il ne pouvait rien faire à part la regarder et c'était trop dur de rester ainsi sans agir. Je ne sais pas si vous savez mais elle ne réagit pas à la médicomagie. Elle va sûrement avoir une cicatrice à vie sur la joue."

L'aiglon essuya sa propre joue, humide de nouvelles larmes. Son Alice, si belle, si précieuse, défigurée à vie par une autre élève de la maison des verts. L'haine était forte mais ça ne changerait rien pour lui, elle serait toujours magnifique à ses yeux. C'est pas une simple cicatrice qui le ferait fuir.

Miss Taylor lui demanda alors comment lui se sentait. Quelle réponse donner? Ça aller mal, très mal. Même si il se sentait un peu plus léger d'avoir tout dit. La fatigue était forte, la tristesse et la colère toujours présentes, elles l’empêchaient de trouver le sommeil.

"-Je suis fatigué. Mais je peux pas dormir, je n'y arrive pas. J'arrive pas à comprendre ce qui s'est passé. Comment et pourquoi... Et toutes ces images..."

Dès qu'il fermait les yeux il revoyait un enchaînement de scènes, Mr Penwyn qui se prend un plafond sur sur lui, un élève enflammé, Alice au sol sans vie. C'était dur, impossible d'en sortir indemne.

"-Et vous?"

La question était sortie par politesse, sans vraiment qui se la soit posée avant. A présent il se le demandait. Comment les professeurs de l'école avaient vécu la soirée? C'était pas la première fois que certains vivaient de pareils événements, comment faisaient-ils pour s'en remettre?

L’élève concernée était visiblement toujours à l’infirmerie. Peut-être devrait-elle y aller pour constater de ses yeux ce qu’elle avait d’inscrit sur la joue ? Quoiqu’il en soit, le garçon continuait, il indiquait que sa camarade de classe ne réagissait pas à la médicomagie. Joanne ignorait les raisons qui pouvaient expliquer de pareilles difficultés mais elle se contenta simplement d’hocher la tête. Que pouvait-elle bien dire face à cela ? Après tout, elle bouillonnait intérieurement de ne pas pouvoir intervenir immédiatement. Kristen était-elle disponible là maintenant tout de suite ? Rien n’était moins sûr avec ce qu’il s’était passé dans la soirée de la veille.

A la question de savoir comment il allait, le jeune homme répondit simplement, après tout, comment pourrait-il en être autrement ? Qui avait pu dormir au sein du château après une soirée comme celle qu’ils avaient vécu ? Mais pire encore, il lui retourna la question, la prenant quelque peu au dépourvu. Inspirant profondément, elle répondit simplement « Je pense que comme chacun au sein du château il me faudra longtemps pour oublier cette soirée ». Et elle le savait, l’oubli n’était absolument pas envisageable. La soirée avait marqué un tournant particulier. D’ailleurs, il y a fort à parier que le préfet de Serdaigle n’aurait pas fait appel à elle s’il avait entendu les propos des néo-mangemorts à son encontre.

Retenant un nouveau soupir, la trentenaire se leva, roula le parchemin mais le garda en main, comme s’il ne fallait pas qu’il s’envole un peu trop loin d’elle. « Je vous remercie d’être venu me voir aussi vite pour ce … problème ». Elle avait volontairement insisté sur ce dernier mot, ne sachant pas trop comment qualifier ce qu’il venait de lui raconter. Maintenant, il lui appartenait de faire remonter l’information à qui de droit, quoiqu’il en soit, en tant que directrice de maison, elle n’acceptait pas du tout ce qu’elle avait entendu. Pourtant, il ne lui appartenait pas de décider de la sanction à prendre à l’encontre de l’élève.

Profs comme élèves, tout le monde était choqué de toute évidence. Du moins c'était le cas pour elle et lui, il partageait son point de vue. Bien qu'il lui semblait impossible de pouvoir oublier quoi que ce soit. Elle se leva, il était temps pour l'aiglon de quitter la pièce. Il avait dit tout ce qu'il avait besoin d'évacuer de toute façon, elle le remercia pour ces informations. Mais au fond, lui était encore plus redevable envers elle.

"-Merci à vous de m'avoir écouté. Quelque part ça m'a fait du bien de tout vous raconter. Je vais vous laisser. Il commença à aller vers la porte. Juste... Si jamais... Enfin... J'ai pas envie qu'Aliosus et Irisia aient des soucis si jamais ils parlent. Il n'osait pas le dire mais il avait peur que des proches de Carry, des gens qui partageaient éventuellement ses idées et qui aient apprécié son acte se vengent sur ceux qui oseraient la dénoncer. Il saisit la poignée de la porte et l'ouvrit. Merci encore, au revoir."

Son naturel lui aurait fait souhaiter une bonne journée mais l'idée qu'une journée soit bonne à présent lui était inconcevable. La porte s'était refermée derrière lui, il laissa son corps retomber sur la surface dur de celle-ci et souffla profondément. Une bonne chose de faite, à présent il appartenait à Miss Taylor de faire ce qu'elle pouvait avec ces informations. Il espérait qu'elle aille en parler à la direction, sa parole avait plus de poids et de valeur que la sienne. Carry aurait bientôt ce qu'elle mérite, l'exclusion était le minimum que le blond souhaitait, mais un enfermement à Ste Mangouste serait peut-être plus approprié. Quoi qu'il en soit il espérait ne jamais la revoir dans les couloirs, qu'elle reste loin d'Alice malgré la proximité de leurs familles. Alice... Il repassa un coup de manche sur ses joues toujours humides. Il était temps d'aller la retrouver, la rassurer, lui dire que bientôt le monstre ne serait plus ici. Il espérait aussi y trouver Aliosus et Irisia, les prévenir de ce qu'il venait de confier à leur directrice de maison et leur demander de tout dire sans avoir peur.