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19 janv. 2020, 09:36
Traîtresses  PV J.T. 
1er Novembre, fin d’après-midi
@Joanne Taylor


Son corps chancelait un peu, toujours un peu. Du bout de ses doigts, elle se tenait au mur de pierre. Elle avançait lentement, encore nauséeuse. Peut-être aurait-elle dû rester à l’infirmerie pour y recevoir des soins supplémentaires, comme l’infirmier le lui avait conseillé. Non. Non, elle ne voulait pas. Rien ne devait lui rappeler ce qui s’était passé. Rien de supplémentaire à ses pensées et ça.
C’était caché, et ça le serait toujours, jusqu’à sa mort. Personne ne devait voir. Personne, jamais personne ne devait contempler l’ignoble marque qui déchirait son visage. Ni ses amis, ni les inconnus, ni même elle.

Poudlard pleurait en silence. L’école portait les stigmates de la soirée passée. Les couloirs étaient vides, parfois seulement traversés par quelques élèves aux visages bas. Comme elle. Essayaient-ils de se cacher les uns des autres ? Comme si leurs regards pouvaient vomir les pensées apeurées, et les souvenirs torturés. Tous des fuyards. Tous des faibles qui avaient vu leur vie s’effondrer sans tendre la main ne serait-ce que pour l’aider à tenir bon. Ils avaient pleuré, avaient hurlé, avaient gémis, avaient glapis. Ils s’étaient cachés, avaient rampé, pendant que les compétents avaient brandit leur baguette pour sauver chacun. Les adultes, les professeurs. Certains professeurs.

Ses doigts opalins s’étaient enroulés autour de la poignée de porte de la salle de classe. On l’y avait convié. Alice s’y était attendu, aurait seulement pensé que la directrice elle même aurait demandé à la voir. Pas elle. Pas celle sur qui les élèves avaient murmuré des atrocités au lendemain d’Halloween. Miss Taylor, la traîtresse. Traîtresse. Ce mot l’aurait fait vomir si il y avait seulement quelque chose dans son ventre. Alice l’avait entendu, ce mot, plusieurs fois en ce jour. Par différentes bouches. « Miss Taylor a été envoyée par Parkinson elle même pour tuer Loewy... Miss Taylor a pour projet de renverser Poudlard... » Ils avaient entendu cela lors du bal, de la bouche d’un des Néo-Mangemort, ou quoi qu’il soit. Alice n’avait pas entendu, Alice n’avait entendu qu’un terrible acouphène dés lors que l’explosion avait frappé les élèves près d’elle. Elle n’avait pas cherché à vérifier si cette rumeur qui hantait les couloirs désertiques était avérée, elle n’en n’avait pas la force. C’est avec difficulté qu’elle s’était déplacé. Il lui faudrait du temps. Un peu de temps.

De son petit poing, Alice frappa un coup à la porte, puis un autre. Elle déglutit, et attendit.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

20 janv. 2020, 22:08
Traîtresses  PV J.T. 
A peine la rencontre avec le préfet des Serdaigle avait été finie qu’elle avait demandé à voir la jeune Alice Sangblanc. Depuis le matin, ses tempes n’avaient pas cessées de la brûler, ardemment, comme si elle avait été marquée au fer rouge lors de cette satanée soirée de bal. Elle aurait aimé pouvoir fermer les yeux et s’envoler dans d’autres cieux, vers d’autres contrées plus reposantes. Le monde lui semblait bien trop brutal pour y rester et pire encore, elle n’avait aucune bouée sur laquelle se raccrocher. Rien qui ne puisse la retenir, aucune main tendue. Les gens autour d’elle n’étaient que des rideaux de fumées, chacun attendant quelque chose d’elle, sans jamais rien donner en échange. La chute était rude pour l’enseignante mais, après tout, elle était logique et presque prévisible.

Retenant un énième soupir, elle avait basculé son regard sur la fenêtre, appréciant le paysage de Poudlard et sa beauté surnaturelle. Elle attendait que l’élève se présente, après tout, elle n’allait pas lui courir après non plus. Viendrait-elle seulement à sa convocation ? Rien n’était moins sûr. Après tout, les bruits de couloir allaient sans doute bon train sur son dos depuis la petite révélation de la veille. Rien qui ne puisse vraiment perturber la jeune femme, après tout, Kristen était au courant de son passif à la Citadelle et l’avait certainement engagée en connaissance de cause. Elle soupira à nouveau. Il faudrait lui dire, pour ce parchemin dont Joanne ne savait rien mais que Parkinson voulait. Elle devait jouer carte sur table, quoiqu’il lui en coûte. De toute façon, il semblait déjà qu’un point final dresse le crépuscule de sa vie, là, tout près.

Après un temps qu’il lui sembla particulièrement long, elle entendit les coups sur la porte. Très faibles. Presque camouflés par les propres battements de son cœur contre sa poitrine. Avec une lassitude énorme, comme s’il lui semblait que le monde s’était abattu sur ses épaules, elle répondit d’un simple « Entrez ». Elle venait de passer quelques heures à se repasser les informations données par Christopher Martin et il était désormais temps d’en parler avec la principale concernée. Ensuite, elle irait voir Kristen pour lui faire part de l’incident.

Pourtant, quand l’élève entra dans la salle, le silence fut particulièrement assourdissant. Etait-ce du au visage pâle de l’enfant ? A ce pansement énorme qui barrait sa joue ? Ou plutôt au regard hagard qu’elle semblait porter çà et là. Joanne eut aussitôt un haut-le-cœur qu’elle retint de justesse. Il était hors de question qu’elle vide le contenu de son estomac – qui ne contenait rien qui plus est – devant une élève. Et encore moins aujourd’hui. « Asseyez-vous Miss Sangblanc ». Et sans prendre la peine d’attendre, l’enseignante enchaîna « Je suppose que vous connaissez la raison de votre présence ici ». Pour être certaine d’être bien comprise, Joanne ajouta « Je veux bien entendu parler de votre blessure ».

21 janv. 2020, 00:08
Traîtresses  PV J.T. 
Son coeur tambourinant dans sa poitrine, Alice entendit à peine la voix de miss Taylor qui l’invitait à entrer. C’est ce qu’elle fit après avoir prit une grande inspiration pour trouver un semblant de contenance. Elle ne parvint même pas à saluer le professeur tant sa gorge était sèche. Peu importait, de toutes façons. La politesse, c’était le cadet de ces soucis.

Alice n’osait poser ses yeux sur le visage de miss Taylor. Croiser son regard, cela serait peut-être trop. Elle devait la dévisager sans retenue, c’était même certain. En avançant dans la salle, Alice regardait à droite, à gauche, restant de marbre face à la décoration de cet endroit, un jour peut-être, l’accueillerait pour suivre les cours d’Etude des Runes. La fillette aurait préféré pénétrer dans cette pièce en d’autres circonstances, mais de toutes évidences, Alice n’était pas faîte pour vivre une scolarité calme et banale.

Lorsque la Serpentard fut au niveau du bureau, la voix de miss Taylor s’éleva à nouveau, et Alice s’assit alors sur la chaise faisant face au professeur. Ses mains étaient moites, son regard fuyant. Bien sûr qu’elle savait pourquoi elle était ici. Les rumeurs allaient vite, très vite. Tous les professeurs devaient savoir qu’Alice avait été blessée. Mais savaient-ils ce qui était vraiment arrivé ? C’était pour cela qu’elle était ici. Pour donner des réponses.

« Oui, miss » répondit seulement Alice, cherchant péniblement ce qu’elle allait dire. Elle n’avait pas les mots pour décrire ce qui était arrivé. Elle ne voulait pas non plus se souvenir. A chaque fois que quelque chose lui revenait, Alice forçait son esprit à s’orienter sur autre chose. C’était épuisant, et elle l’était suffisamment sans cela. Devoir en parler, encore…Elle déglutit.

« J’ai … on m’a … »

Elle déglutit, encore. L’avouer, encore une fois, c’était terrible. Et elle, miss Taylor… ce n’était pas une alliée. Ce n’était pas monsieur Penwyn. Alice aurait même préféré avoir à se confier à miss Loewy. La directrice l’aurait écouté, indifférente, soulevant peut-être un sourcil de temps à autre pour donner un peu de mouvement à son visage fermé, et aurait fait le nécessaire. Mais miss Taylor… Alice ne savait rien d’elle, n’avait jamais eu à faire à elle. Il n’y avait que les rumeurs pour la décrire, et ces rumeurs n’étaient pas flatteuses.

« Quelqu’un a profité du tumulte du bal pour attaquer les élèves… et j’en fais partie. »

Alice se souvenait de ses cris, de la chaleur de la lame qui déchirait sa chaire. Elle détourna les yeux à nouveau, braquant son regard sur un pan de mur. Cette honte qui la saisissait alors que la scène lui revenait en tête. Le visage de Carry penchée sur elle, ses dents s’agitant au rythme d’un rire frénétique… Ses doigts se serraient un peu plus sur sa jupe plissée. Se souvenir, cela faisait mal. Avouer que Carry Harrison avait gagné, cela était encore plus douloureux.

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22 janv. 2020, 14:41
Traîtresses  PV J.T. 
Les azurs de Joanne ne quittaient pas le visage de l’étudiante. Il y avait une sorte de déni à la regarder ainsi. Sans doute l’enseignante espérait-elle faire disparaitre les souvenirs houleux de la soirée de la veille. Elle savait pourtant que c’était peine perdue. Jamais elle n’arriverait à gommer les contours de ce macabre bal. Non. Il fallait qu’elle apprenne à vivre avec ça et avec tout le reste. C’était ainsi et elle devait faire face. Alors quand l’élève commença son récit, Joanne l’écouta. Il n’était pas question de la brusquer de toute façon : elle avait sans doute trop vécu hier soir et méritait qu’on s’attarde doucement sur son ressenti et les éventuelles informations qu’elle pouvait lui donner.

D’une voix douce, Joanne demanda « J’ai besoin de savoir qui est ce quelqu’un ». Tiquant sur sa propre formulation, elle corrigea aussitôt « Je veux plutôt que vous me confirmiez l’identité de cette personne ». Elle laissait clairement sous-entendre qu’elle savait déjà ce qui s’était passé, qu’elle attendait juste une confirmation de sa part pour faire ce qu’il fallait faire. Et c’était la vérité. Elle faisait suffisamment confiance aux propos qu’elle avait recueillis auprès du préfet de Serdaigle. Elle avait été très claire sur un éventuel mensonge de la sorte et l’élève n’avait pas fait marche arrière : ce qu’il avait dit c’était passé et Joanne ne pouvait pas laisser passer. Aucun élève ne pouvait rester à Poudlard après avoir fait cela. C’était certain. Et Joanne était persuadée que la directrice de Poudlard partageait son avis.

Quelques secondes de latence s’extirpèrent, durant lesquelles la jeune femme laissa vagabonder ses pensées. L’élève évitait son regard depuis qu’elle était entrée dans son bureau mais l’enseignante ne s’en formalisait pas. Après tout, il s’était dit lors de la soirée qu’elle était l’envoyée d’Ursula Parkinson, comment en vouloir aux élèves qui pouvaient éventuellement croire à des pareilles paroles ? Joanne ne voulait pas s’y attarder. Le bourdonnement avait repris à ses oreilles, son sang battait encore à ses tempes. Le silence qui avait pris place à l’arrivée d’Alice semblait désormais bien loin, à son grand regret.

24 janv. 2020, 12:14
Traîtresses  PV J.T. 
Confirmer l’identité de cette personne. Confirmer. Alice ne dit mot. Elle papillonnait des yeux. Elle n’en était pas sûre mais ... cela ne signifiait-iI pas que l’identité de Carry avait été dévoilée ? Par qui ? Aliosus et Irisia lui auraient dit. Brett n’aurait certainement rien dit pour protéger Carry. Mais alors, qui ?
La fillette se sentait trahie, ses poings se serraient un peu sur ses cuisses, et qu’importe la douleur de son poignet toujours un peu douloureux. Elle sentait ses joues virer au rouge, la honte tapotant ses pommettes avec un sourire victorieux.

« Je ne voulais pas ... »

La fin de sa phrase se perdit dans sa gorge. C’était difficile de continuer, d’avouer à cette inconnue, cette traîtresse présumée, qu’elle avait été faible au point de laisser une autre élève la jeter à terre pour la mutiler. Avec monsieur Penwyn, tout aurait été différent. Elle aurait fondu en sanglot, comme ce qu’elle avait fait toute la nuit. Il l’aurait prise dans ses bras, l’aurait gentiment bercée et l’aurait écouté tout raconter. C’était cela, monsieur Penwyn. C’était de la douceur, chaque centimètre de sa peau incitait aux aveux.

Alice prit une bouffée d’air tremblante. Une larme, chatouillant son œil depuis un moment, roula sur sa joue pour mourir sur la compresse.
Enfin, la fillette releva les yeux sur Miss Taylor, pour les baisser presque aussitôt. Non, c’était trop tôt pour affronter un regard. Elle déglutit.

«  Carry Harrison. »

De la peur se mêlait à sa honte. Cette fille qu’elle haïssait, pour qui elle avait de la pitié également, aujourd’hui elle l’a craignait. Carry était folle. Carry était cruelle. Et cela, jamais Alice ne l’aurait suspecté. Elle était méchante, oui cela c’était certain, et manipulatrice aussi. Mais jamais elle n’avait penser que Carry puisse être cruelle au point de la torturer. C’était et terrifiant.

«  Je voulais seulement protéger les blessés... protéger l’élève qu’elle avait attaqué... » murmurait Alice, sa voix incertaine. «  Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça ... je ne sais pas pourquoi j’ai ... »

Du revers de son poing, Alice essuya ses yeux qui s’embuaient de larmes. Elle ne savait toujours pas pourquoi elle avait eu cet élan de courage. L’adrénaline, peut être. La bêtise, sûrement.

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Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
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28 janv. 2020, 13:54
Traîtresses  PV J.T. 
Joanne ne comprenait pas. Pourquoi la jeune fille prenait-elle sur elle la responsabilité de ce qui lui était arrivé ? Son sang bouillonnait. Une élève de sa maison avait osé commettre pareil crime. Elle ressentait une furieuse envie de lui faire la même chose. De la faire souffrir comme elle avait fait souffrir la jeune Sangblanc. L’idée fugace repartie aussi vite qu’elle était arrivée : Joanne n’était pas là pour crier vengeance, quand bien même elle estimait que la responsable de tout ceci devait payer. Elle était certaine, au fond, qu’elle paierait comme il se doit. Mais comment justifier pareille folie sur l’une de ses camarades ? Joanne soupira.

« Vous voulez-dire qu’en plus de vous avoir infligé cette blessure, Miss Harrison a blessé d’autres élèves ? » La colère tonnait dans la voix de la jeune femme, il devenait de plus en plus difficile pour elle de camoufler le dégoût que lui insuffler la situation. Balayant d’un revers de main les excuses de la jeune fille, Joanne ajouta « Parce que vous pensez que vous n’étiez pas dans votre bon droit d’aider les autres ? C’est faire preuve d’un grand courage que de mettre sa vie en danger, vu la situation, pour venir en aide à vos camarades blessés. Je ne veux plus vous entendre dire que c’est de votre faute ». Le ton était compatissant, quoiqu’un peu dur. Elle ne devait pas laisser la jeune fille pensait que c’était de sa faute. Ce n’était pas le cas. D’une part, elle avait fait ce que n’importe quel élève aurait dû faire : se défendre et défendre les siens. La jeune Sangblanc en avait plus dans la tête que n’importe quel adulte – Joanne comprise si l’on remontait à quelques semaines en arrière.

Sortant d’un tiroir de son bureau un des mouchoirs blanc – normalement destiné à nettoyer les coulures de couleurs lors des gravures des runes – l’enseignante le tendit à la petite sorcière. « Il est évident que vous auriez pu mettre votre vie en danger en agissant ainsi. Ceci dit, en pareil circonstance il est plaisant de constater que certains de nos élèves s’engagent et essayent de défendre leur école et leurs camarades. Ne laissez personne dire que vous êtes la responsable, personne. Suis-je bien claire ? »

28 janv. 2020, 23:04
Traîtresses  PV J.T. 
C’était dit. Alice aurait du s’en sentir soulagée, allégée, mais ce n’était pas le cas. Face à elle, miss Taylor bouillonnait de rage et certainement de bien des choses, sa voix la trahissait. Était-ce de la sincérité, ou bien une habile tentative de paraître affectée par les malheurs d’Alice ? Elle n’aurait su le dire.
Mais les mots de miss Taylor, la compatissance de sa voix, cet air qu’Alice aimait à penser maternel, tout cela frappa l’enfant en plein cœur. Un grand courage, alors c’était cela qui l’aurait poussé à agir ainsi, selon la professeure ? Elle ne voyait pas là de la stupidité ou de la témérité . Là où nombre d’adulte aurait condamné ses actions, oubliant momentanément la cruauté de Carry pour s’occuper seulement du cas d’Alice, miss Taylor la réconfortait. Ses mêmes crocs qui s’étaient découverts pour Carry et ses horreurs, défendait à présent Alice pour chasser sa culpabilité d’avoir risqué sa vie. C’était tant inattendu qu’apprécié.

Du bout de ses doigts tremblants, Alice récupéra le mouchoir que lui tendit miss Taylor. Elle n’en fit rien, le gardant seulement dans ses mains, le serrant un peu sur ses cuisses. Des encouragements, à présent. Et encore un peu de réconfort. En entrant dans cette pièce, jamais Alice n’aurait imaginé recevoir autant. C’était inespéré de se voir couvrir de tout cela après ... ça. Et par cette femme, en plus. Celle qui devait tuer Loewy selon le flot des rumeurs. Celle qui travaillait pour la même femme qui avait jeté son père en prison. Si c’est un masque qui la rendait aussi douce, Alice peinait à en voir la couleur.
La fillette hocha enfin la tête, avant de porter le mouchoir à ses yeux pour en éponger ses larmes ruisselantes.

«  Qu’est-ce que vous allez faire ... pour Carry ? » demanda Alice après s’être un peu raclé la gorge. Chaque mot lui semblait être une épreuve. «  Je n’arriverai pas vivre en sachant qu’elle peut venir me tuer à tout instant... »

Alice étouffa une petite plainte apeurée dans son mouchoir. Ses paupières se fermèrent avec force alors qu’elle subissait l’assaut d’un sanglot qu’elle n’avait pas senti arrivé. Son corps se secouait un peu, ses épaules tressautaient. Alice refusait de pleurer devant miss Taylor. Pas devant miss Taylor. Devant personne. Alice avait déjà bien trop pleuré. Elle se montrait faible devant tout le monde. Elle avait hurlé sous la torture de Carry, avait cru mourir dans les bras d’Aliosus, avait vomi dans l’infirmerie, avait pleuré devant Nora. Être faible, c’était trop douloureux. Ce n’était pas elle. Ce n’était pas digne d’elle. Son père aurait tellement honte si il la voyait ainsi, à trembloter comme une feuille devant cette femme qui, a chaque fois qu’elle la croiserait dans les couloirs, ne verrait qu’une petite loque pleurnicharde dénué du moindre intérêt.
C’était ce qu’elle était, désormais. Une sale petite balafrée sans importance. Une moins que rien.

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30 janv. 2020, 15:00
Traîtresses  PV J.T. 
L’étudiante avait récupéré le mouchoir du bout des doigts, comme si l’idée de pouvoir effleurer l’enseignante lui était insupportable. Joanne ne s’en formalisa pas. Après tout, il s’était dit lors de cette soirée des choses qu’elle aurait préféré conserver secrète. Enfermées dans le vase clos du bureau de la directrice de Poudlard. L’adolescente qui lui faisait face, elle, s’inquiétait surtout du sort de son agresseur. Laissant un long soupir s’extirper, l’enseignante des runes choisit de lui répondre le plus simplement et sincèrement possible.

« Dès que vous sortirez de cette salle, j’irai trouver Miss Loewy pour lui faire part de ce qu’il s’est passé. Les faits sont beaucoup trop graves pour qu’une simple directrice de maison choisissent la réponse à apporter à pareil cas ». Joanne pensait chacun des mots qu’elle disait. Elle n’était pas à la hauteur de l’agression, aucune des punitions qu’elle pourrait infliger à la jeune Carry Harrison ne serait à la hauteur de ce qu’avait subi sa victime. L’enseignante sentit un long frisson d’effroi lui secouer l’échine. Elle n’aimait vraiment pas ce qu’on venait de lui dire, mais elle ne pouvait pas fermer les yeux sur ça. Elle ne pouvait pas se dire que ça n’avait pas existé maintenant qu’elle avait vu, face à elle, la jeune Sangblanc. Il lui fallait, comme chaque personne présente la veille, faire avec la cruauté qu’elle avait rencontrée lors du bal. Il y aurait, sans aucun doute, un avant et un après Halloween.

Le regard de l’enseignante passa un instant sur la blessure de la jeune fille. Ou plutôt sur l’énorme pansement qui recouvrait une partie de sa joue. La blessure physique était là, mais qu’en était-il de la blessure intérieure ? De l’impact d’une pareille soirée sur la vie d’une adolescente ? Joanne soupira, elle n’aimait pas ça, avait du mal à supporter que l’on puisse perturber la scolarité des petits sorciers. Si la soirée de la veille avait enclenché un premier mouvement de conscience, faire face à la jeune Sangblanc semblait avoir davantage enfoncé le clou.

30 janv. 2020, 22:36
Traîtresses  PV J.T. 
Elle avait cessé de trembloter comme une feuille au vent. Miss Taylor irait tout raconter à miss Loewy, elle lui dirait que Carry l’avait sauvagement attaquée. C’était une maigre consolation, mais imaginer miss Loewy déverser toute sa rage sur Carry avait quelque chose de réconfortant. Alice ne souhaitait pas que violence physique lui soit faite, elle voulait seulement l’entendre pleurer, pleurer encore, jusqu’à ce qu’elle se noie dans ses larmes. Elle voulait qu’elle perde tout. Ses amis, sa famille, sa vie de petite privilégiée par le Conseil des Sorciers. Qu’on lui arrache tout ce qui lui a un jour été cher. Tout ce qui faisait Carry Harrison devait lui être retiré. Et lorsqu’il ne lui restera que ses yeux pour pleurer, que ses souvenirs comme réconfort, seulement là, Alice se sentira venger.

« Elle paiera pour ce qu’elle a fait » murmura la fillette pour elle même, comme une ultime prière adressé à quelque dieux sans visages et sans noms, ceux de la justice et de la vengeance qui, unis en un seul, frapperont Carry de plein fouet. « Elle paiera. »

Ses grands yeux d’argent se relevèrent pour enfin se poser sur miss Taylor. La tristesse et la peur avaient laissé place à cette fureur momentanée et motivante. Elle ferait toujours peine à voir, serait à jamais le petit débris pleurnichard aux yeux bleus de la professeur d’Etudes des Runes, mais elle devait savoir qu’Alice n’était pas que cela. Derrière cette balafre, il y avait quelqu’un qui s’était battu et avait été blessé par ce gouvernement que miss Taylor servait. Et par deux fois.
C’était donc ce regard là qui avait été engagé pour tuer miss Loewy. C’était cette dame, peut-être de l’âge de tante Elise, qui avait promis sa vie et sa servitude à la haine de ce qui est différent. C’était elle qui conduirait leur monde à sa chute. Alice sentait de nouvelles larmes poindre à ses yeux, aussi détourna t-elle le regard. Être en face de cette femme, c’était comme se retrouver assise face à l’une des têtes de l’hydre Parkinson. Pourtant, elle n’en avait pas peur, elle ne la haïssait pas non plus. Cette femme avait été un peu de réconfort, et c’est elle qui aiderait la justice à frapper Carry. Cette même femme qui allait trahir Kristen Loewy, la plus grande sorcière de ce siècle. C’était à ne plus rien comprendre. Alice, en tout cas, ne comprenait pas.
Et elle voulait comprendre, au moins essayer.

« Est-ce que celui ou celle qui a dénoncé Carry… vous a aussi dit que mon papa a été jeté à Azkaban par le Conseil des Sorciers …? » demanda la fillette aux cheveux blancs, ses yeux braqués sur le bureau qui la séparait de miss Taylor. « Carry et sa famille sont pour le nouveau gouvernement, et regardez… regardez ce qu’ils m’ont fait. Regardez ce que Ursula Parkinson a fait, avec toute sa haine… »

Ses petits doigts tremblants vinrent se poser sur les contours de sa compresse. Elle pinça une extrémité et, lentement, tira dessus, dévoilant alors l’immonde marque que Carry avait gravé dans sa chaire.
C’était laid, elle le savait, encore tout bouffi, tout rougi par le sang qui perlait parfois, visqueux de la macération de l’essence de dictame. Les déchirures étaient profondes, les lettres bien distinctes. C’était une vision d’horreur qu’Alice préférait garder cachée, aussi bien pour elle que pour les autres. Mais miss Taylor avait prêté allégeance à la haine, et devait voir ce que la haine avait comme arme.
La cruauté et la déraison.

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04 févr. 2020, 20:28
Traîtresses  PV J.T. 
Le regard de la jeune fille avait changé, empreint désormais d’une envie de … vengeance ? De colère inassouvie peut-être ? Joanne l’ignorait. De toute façon, il lui semblait normal qu’il y ait ce genre de ressentis. Il fallait qu’elle affronte les différentes phases de la colère pour qu’elle puisse s’en libérer ensuite. Mais étonnamment, le regard auparavant figé sur elle, dérivé encore, semblant s’inonder de nouvelles larmes. Et elle finit par comprendre, sur l’aveu de la jeune fille. Son père à Azkaban, elle n’était pas au courant bien entendu. Quant à Carry et sa famille … elle avait rencontré sa grande sœur à la Citadelle, chargée de sa protection ou de sa surveillance pour une journée. Joanne ne se rappelait plus vraiment.

Elle aurait pu répondre immédiatement, mais la jeune fille ne lui laissa pas le temps de parole nécessaire, elle était en train d’enlever son pansement, dévoilant ainsi sa blessure aux yeux de l’enseignante. Ce n’était pas forcément beau à voir mais l’expression de la trentenaire ne bougea pas. Elle avait vu d’autres plaies sanguinolentes, purulentes. Elle en portait encore les stigmates sur son dos, cicatrices qu’elle ne voulait pas faire disparaître pour se rappeler de ce qu’elle avait traversé, ce qu’elle avait enduré.

« J’ignorais que votre père était enfermé à Azkaban, vous m’en voyez navrée Miss Sangblanc ». Elle ne voulait pas renié la tristesse de l’enfant, loin de là. « Quant à Miss Harrison, je connaissais déjà les penchants de sa famille, ayant personnellement rencontré sa sœur au sein de la Citadelle ». Elle y venait petit à petit, elle n’avait pas à se justifier auprès de l’adolescente, elle ne lui devait rien, mais il lui tenait à cœur d’être sincère. « Vous savez Miss, au sein de certaines familles – et je ne parle pas là de celle de Miss Harrison – il n’y a pas de place pour le choix. Il faut faire ce qui est demandé, sans se poser de question. J’entends bien ce que vous me dites vis-à-vis de la Citadelle, et croyez-bien que si je suis là, c’est parce que j’ai fait mon propre choix. Le mien, et pas celui d’un autre ».

Se levant pour contourner son bureau, la sorcière se rapprocha de l’adolescente « Je n’ai pas à me justifier, sachez-le. Miss Loewy était pleinement consciente de tout ceci quand je suis arrivée à Poudlard mais elle m’a fait confiance. Remettriez-vous en doute la confiance de notre Directrice ? ». Joanne était persuadée que non.