Elle n’aimait guère convier les étudiants dans sa salle de classe ou dans son bureau. Non, parce que c’était souvent pour leur tirer leurs oreilles ou pour leur rappeler que Poudlard n’était pas un centre de loisirs pour enfants dissipés. Alors franchement, de cette partie-là de son rôle de Directrice de Serpentard, elle s’en serait bien passée. Pourtant, cela faisait partie de choses qu’elle devait faire et fort heureusement pour Joanne, ce soir-là serait bien différent. Elle devait surtout ramener à la raison l’élève qu’elle avait convoqué et elle se doutait bien que ça ne serait pas forcément évident.

Quand quelques coups se firent entendre sur la porte, la trentenaire invita l’adolescent à entrer. Celui-ci, alla droit au but en lui demandant subtilement pourquoi elle avait demandé à le voir. Joanne hocha la tête et ne s’encombra pas de faux-semblants inutiles. « En effet Mister Menkins, j’ai appris vos quelques soucis nocturnes et il me semblait important que vous voyez urgemment l’infirmier de notre école ».

Après tout, l’infirmier n’était pas là pour rien. C’était quoi cette mode d’adolescents qui refusaient systématiquement l’aide des adultes ? Après tout, Joanne n’avait jamais refusé l’aide des professeurs lorsqu’elle était à Poudlard, jamais elle n’avait d’ailleurs tourné le dos à une main tendue d’un adulte. Peut-être parce que c’était le seul endroit où elle pouvait être elle-même, seul endroit où les adultes ne la traiter pas comme la bâtarde qu’elle était.

Ses pensées divaguaient beaucoup trop, alors elle reporta rapidement son regard sur l’étudiant, enfonçant au passage le clou sur sa situation « Avez-vous conscience qu’en agissant ainsi, en évitant à tout prix l’aide extérieure vous êtes susceptible de perturber l’équilibre de votre camarade de classe ? ». Peut-être qu’il réagirait ainsi.

Pourquoi ? Lui demandait-il vraiment pourquoi ? Elle avait préféré ne pas répondre car il est certain qu’elle n’aurait pas fait dans la douceur. Il semblait prendre conscience que son comportement influençait sur celui de sa camarade. Il lui avait dit d’arrêter – ce que la jeune Cooper n’avait évidemment pas fait. L’enseignante soupira aussi – n’avait-elle pas mieux à faire que de courir après la santé des étudiants ? N’étaient-ils pas capables de se prendre eux même en charge ? De prendre soin d’eux sans chercher à tergiverser davantage ? Cela l’insupportait.

« Il faut croire que vos propos n’ont pas suffi, il serait donc plus sage que vous voyez un médicomage ou, au moins, notre infirmier. Si vous vous obstinez à aller contre cet avis, je serai obligée de vous coller en retenue autant d’heures que possible pour que vous preniez conscience qu’il est nécessaire de faire quelque chose. Me suis montrée bien claire ? »

Elle n’avait pas le choix que de se montrer incisive. Sinon, elle en était certaine : l’adolescent ne ferait pas ce qu’il faut pour ce problème qui lui handicapait la vie. Était-ce si terrible de faire confiance à l’infirmier de l’école ? La jeune femme s’attendait, bien entendu, à quelques soupirs exaspérés ou refus obstinés de se faire aider. Elle était prête à mettre ses menaces à exécution, sans une quelconque trace de culpabilité. Oserait-il aller contre l’avis de sa directrice de maison ?

S’il allait voir l’infirmier, le laisserait-elle tranquille ? Bien entendu. Elle n’avait que faire des problèmes de santé des étudiants. L’important était qu’il puisse se concentrer sur ses études sans penser à d’éventuels soucis de santé qui pouvait être réglé avec un peu d’aide. « Il suffit que je vous y emmène à chaque fois, une fois dans son bureau vous n’aurez pas d’autres choix que de lui parler. Je peux même lui glisser une note pour lui évoquer votre problème ». La voix de la sorcière n’avait pas flanché, marquant sans l’ombre d’un doute ce qu’elle était prête à faire pour obliger le jeune sorcier à consulter quelqu’un susceptible de l’aider.

Et puis, l’éclatement, l’explosion, elle ne l’avait pas vu venir alors qu’elle était pourtant si prévisible. Laissant échapper un soupir, la sorcière répondit simplement « Parce que je n’ai rien d’autre à faire que de vous croire et de vous aider à aller mieux pour que vous puissiez continuer vos études le plus sereinement possible ». C’était la vérité, la stricte vérité. Quand le jeune garçon s’excusa, Joanne ne fit rien d’autre qu’hausser les épaules. « Vous n’avez pas à vous excuser. Mais je pense qu’il serait grand temps de faire appel à quelqu’un qui pourrait vous aider, car malheureusement je n’ai pas les compétences pour vous aider et croyez bien que cela m’embête ». Après tout, elle ne savait pas quoi dire de plus. Elle voulait l’aider mais s’il refusait obstinément de voir quelqu’un susceptible de lui apporter cette aide dont il avait besoin, comment pouvait-elle le forcer ?

Il évitait consciencieusement son regard. Elle le savait mais n’en avait cure : après tout, elle ne pouvait pas le forcer non plus à affronter son regard. Elle n’aimait pas les gens fuyants – alors qu’elle l’avait elle-même était – elle trouvait qu’il y avait une pudeur malsaine à ne pas regarder ses interlocuteurs en face. Comme si un simple regard pouvait suffire pour comprendre les desseins d’une personne. Quelle cruelle désillusion.

Enfin, l’adolescent cède. Oui, il ira voir l’infirmier. Il demande même, si elle tient véritablement à l’accompagner. Aurait-il honte qu’elle le prenne par la main et l’emmène dans le bureau ? Cette idée lui donne un sourire carnassier presque dangereux. Elle secoue pourtant la tête et répond, doucement : « Si vous me dites que je peux vous faire confiance, alors je n’insisterai pas pour l’accompagnement ». Figeant son regard sur le jeune sorcier, elle ajoute « Croyez bien que ce n’est pas mon plaisir personnel de contraindre les élèves à aller voir l’infirmier contre leur gré. Mais si jamais je devais me rendre compte que vous avez trahi cette confiance, vous obtiendrez une retenue dont vous vous rappellerez ».

Les menaces n’étaient qu’à peine voilées, après tout il fallait bien qu’il comprenne à quoi il s’exposait en allant contre elle, même si elle n’aimait pas forcément ce genre de méthode qu’elle aurait volontiers définies comme étant un peu « brutales ». Mais elle le savait : parfois il fallait s’appliquer à montrer un visage plus ferme pour pouvoir obtenir gain de cause.

« Bien », qu’elle laissa simplement échapper après la première phrase du jeune sorcier. Qu’importe qu’il ne soit pas content, qu’il fasse le chat effarouché ou effrayé face à la menace de l’enseignante n’y changerait rien de toute façon. Il devait consulter. Il lui demanda ensuite s’il pouvait y aller. La jeune femme hocha la tête, laissant un « Cette entrevue est finie en effet », libérant ainsi le jeune garçon du joug de sa directrice. Bien entendu, là, il ne comprenait pas où elle voulait en venir. Sans doute se sentait-il oppressé par le corps enseignant, par cette obligation mise en place par la professeure. Mais qu’importe. A son âge, parfois, on ne pouvait pas savoir ce qui était bon ou ne l’était pas. Il avait besoin d’aide et cela ne faisait aucun doute.

Elle soupira face à cette situation. Elle aurait aimé en faire plus mais après tout, que pouvait-elle faire hormis le contraindre à consulter ? Baissant les yeux sur les parchemins qui lui fit face, elle continua ses corrections comme si de rien n’était – après tout, l’étudiant se déciderait bien à trouver la sortie par lui-même. Elle n’allait pas non plus lui dérouler le tapis rouge pour lui permettre de s’enfuir de l’atmosphère délétère qu’ils semblaient respirer tous les deux. Que pouvait-elle dire de plus de toute façon ? Le jeune sorcier semblait totalement hermétique à la main que lui tendait Joanne, elle n’y pouvait pas grand-chose.

Fin du RP pour moi, merci