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29 nov. 2018, 14:05
 Rpg+  Frustration  PV S.E 
Quand je n'arrive pas quelque chose, je suis frustré. Normal me direz-vous. Mais moi je suis frustré à un tel point que je le ressens physiquement. Mon cœur se serre et s’assèche. Mes muscles se tendent, mes os craquent et mes doigts se contractent. Tout mon corps pue cette frustration.
Enfin presque, ce n'est pas tout à fait vrai. J'ai une partie de mon corps qui reste stoïque, qui ne laisse rien paraître: mon visage. Le visage est le miroir des émotions, ou le livre des sentiments comme vous voulez. On lit sur un visage tant de choses... C'est pourquoi je fais en sorte qu'on ne puisse rien lire sur le mien.
Si on voit ma frustration, on voit mes échecs, et ce n'est pas envisageable. Je ne veux, ni ne peux me montrer faible. Si je suis fragile aux yeux des autres, alors je deviens une proie, quelque chose de manipulable, malléable. Non, vraiment je ne peux pas, je ne peux pas.

Yeux clos et long soupir, pendant quelques instants j'ai l'impression de reprendre le contrôle. Mais très vite quand mes yeux se rivent à nouveau sur le sujet de métamorphose, la frustration repose sa main sur mon épaule. Comme se fait-il que je n'y arrive pas, je ne suis pas moins bête que les autres, c'est sûrement même le contraire, alors pourquoi, pourquoi c'est si difficile.
Je lis et relis la question, je la tourne et retourne dans ma tête, je la fais danser dans tous les sens dans l'espoir d'apercevoir un morceau de réponses, mais rien.

Mes doigts pianotent frénétiquement sur la table avant de s'emparer du stylo. Dans un vain espoir, je commence à écrire une lettre, un mot, un début de phrase qui au début, me paraît pas si mal. Mais il suffit que je le relise une fois pour m’apercevoir que j'ai écrit n'importe quoi, alors j'efface. Putain, que je chuchote tout bas, jetant de-ci de-là des regards en coin, pour voir si personne ne m'a entendu.
De rage je donne un coup à mon encrier qui tombe de la table. Je regarde l'encre se répandre sur le sol sans rien faire. J'ai remonté mon pull sur mon nez, et seuls mes yeux sont visibles. J'ai presque l'impression qu'ils se remplissent de larmes, mais c'est n'importe quoi, je fabule.

J'ai dû passer au moins 5 bonnes minutes sans bouger, à simplement regarder cette encre recouvrir de plus en plus de surface. Et une fois ressaisi, je ne nettoie pas, et me contente de piquer un encrier sur la table vide d'à côté.
Je trempe ma plume, puis la pose sur ma feuille, presque dans l'espoir qu'elle écrive toute seule. Je marmonne des choses sans queues ni têtes, des semblants d'idées.
Mais un voile cache mes yeux. Je vois flou.

L'immortalité c'est tous les autres qui tombent.
Cinquième année RP

07 déc. 2018, 19:06
 Rpg+  Frustration  PV S.E 
Novembre 2043


Ces derniers jours, j'avais vraiment l'impression de passer mon temps à travailler. Soit j'étais en cours, et j'essayais d'absorber le maximum de choses, soit j'étais coincée à la bibliothèque ou en salle d'étude pour faire mes devoirs ou réviser, en essayant de mémoriser tout ce que mon cerveau pouvait retenir. C'était harassant, et je me rendais compte que j'avais beau passer mon temps à bosser, il y avait toujours de nouvelles choses à faire, de nouvelles notions à comprendre et apprendre. J'étais terriblement lente, mon rythme de travail ne suffisait pas à épancher le flux de devoirs, et je prenais du retard, pompant sur mes heures de sommeil. Je me rassurais en me disant que ce n'était que passager, que d'ici quelques jours ça se serait calmé, mais ce rythme accru n'était pas bon pour mon moral. Je ne cessais de penser que c'était de ma faute, que j'étais trop lente, que si je réussissais à lancer mes sorts plus rapidement, je perdrais moins de temps et je m'en sortirais mieux, ce qui ne m'aidait ni à réussir mes lancers, ni à avancer plus rapidement.

Comme les journées précédentes, mes pas me menèrent à la salle d'étude. J'avais un devoir d'histoire de la magie à rendre le lendemain, il fallait absolument que je le finisse le plus vite possible pour me mettre au reste. Même si j'adorais cette matière, je n'avais pas franchement la foi de m'y mettre, j'aurais mille fois préféré me vautrer sur mon lit avec un bon bouquin. Ces temps-ci, posé sur ma table de nuit, mon livre me narguait, mon marque page soigneusement coincé à la fin d'un chapitre bourrée de suspense -comme chaque fin de chapitre me direz-vous. Je n'avais plus le temps d'y toucher, quand j'allais enfin au lit il était hors de question de perdre quelques minutes de sommeil supplémentaires, même pour lire et connaître enfin la suite de l'histoire. Je me réconfortais en me disant que les mots n'allaient pas disparaître pendant la nuit, et qu'à un moment je pourrais enfin me plonger dedans.


Au moment où je me dirigeai vers ma place favorite de la salle d'études, non loin du fond de la pièce, en me faufilant sans bruit entre les tables mon attention fixée sur mes pieds, je remarquai une flaque d'encre au sol. Mon regard parcouru la tâche, pour en trouver l'origine. Origine qui se trouvait être un encrier, tombé au sol, déversant son contenu dans sa chute. En relevant les yeux, je vis le garçon auquel il devait appartenir, étant le plus proche. Il n'avait pas l'air d'aller très bien d'ailleurs quand on y regardait de plus près, il était planté immobile devant un parchemin. Après quelques secondes d'hésitation, et voyant que l'inconnu ne semblait pas parti pour nettoyer sa maladresse, je décidai de m'en charger à sa place. Réajustant la bretelle de mon sac sur mon épaule, je m’accroupis sortant un paquet de mouchoirs de ma poche. Avec deux d'entre eux, je tentai d'éponger l'encre comme je le pus, en essayant de m'en coller le moins possible sur les doigts. Une fois le gros enlevé, je m'essuyai les mains sur un autre mouchoir, avant d'attraper l'encrier encore au sol, et de me redresser. Deux possibilités, soit je le posais sur sa table, et je m'en allais, soit j'allais gentiment le lui rendre. A mon avis il était mieux de partir sur la seconde, ça faisait mieux élevé, puis je n'allais pas perdre beaucoup de temps, je n'étais plus vraiment à quelques minutes près. 

Je contournai rapidement la table, afin de me positionner en face de lui. Doucement, je posais l'encrier maintenant vide de toute encre sur la table. 

- Hum... Salut ? Il me semble que tu as fait tomber ça.

Comme à chaque fois que j'adressais la parole à un inconnu, je sentis mon cœur battre à mes tempes, étouffant les bruits extérieurs. J'inspirai profondément, et observai rapidement le garçon qui se trouvait devant moi. Il n'avait pas vraiment l'air en forme, ça se voyait dans ses yeux trop brillants. Peu importe qui il était, mon cœur se serra en le voyant comme ça. Maman disait que j'étais une véritable éponge à émotions, et quelque part elle n'avait pas tort. Voir quelqu'un heureux me faisait facilement sourire, tout comme voir quelqu'un triste me déprimait. Là c'était exactement le cas, je me sentais triste pour lui. Mais je ne tenais pas pour autant à chercher à savoir ce qui n'allait pas, après tout ce n'était pas mes affaires, je n'étais certainement pas la mieux placée pour aider qui que ce soit. J'allais juste lui rendre son encrier, puis me remettre à mon devoir d'histoire, ça s'arrêterait là.

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

19 déc. 2018, 13:05
 Rpg+  Frustration  PV S.E 
Alors que jusque-là, je ne faisais attention à personne, je remarque soudain quelqu'un qui s'approche. Je ne bouge pas d'un poil. Je ne veux pas que la personne remarque que je l'ai remarqué, peut-être me laissera-t-elle tranquille. C'est typiquement dans ces situations de faiblesse que je ne veux pas avoir d'interaction sociale. Pour parler avec quelqu'un je dois être en pleine possession de mes moyens.
Parler c'est un jeu d'échecs. Chaque phrase est un pion sur le plateau d'échec qu'est la discussion. Jouer avec quelqu'un que l'on connaît c'est facile, on ne redoute pas les conséquences en cas de victoire ou de défaite, et on sait comment l'adversaire établit sa stratégie. Jouer avec quelqu'un d'inconnu, c'est dangereux. En perdant, on devient inférieur à l'adversaire, il domine.

La nuit est tombée. Depuis combien de temps je ne sais pas. Je n'ai pas fait attention.
La pièce est éclairée seulement par quelques torches contre les murs. Elles projettent des ombres dansantes dans toute la pièce. La jeune fille, car maintenant je vois que c'est une jeune fille, se penche pour nettoyer l'encre avec un mouchoir.
En regardant l'encre je me rend compte qu'au contraire des ombres, c'est la lumière qui danse dans le noir profond. Les reflets des torches deviennent des taches de lumière. C'est amusant à regarder. Mais très vite l'obscurité est imbibée par le tissu. Si celui-ci devient noir, il ne reflète plus la lumière. J'observe avec exaspération la jeune fille nettoyer mes dégâts.

Je ne lui ai rien demandé. Pourquoi est-ce qu'elle se sent obligée de venir se mêler de ça. Les gens ne peuvent-ils pas tout simplement rester à leur place. Si elle était allé s'asseoir à une table sans faire attention à la tâche, cela aurait-il changé quelque chose à sa vie? Aurait-elle repensé à cette tâche à chaque fois qu'elle aurait fermé les yeux? Se disant qu'elle aurait dû faire quelque chose. En aurait-elle fait des cauchemars.

Je ne dis rien, je me contente d'observer en serrant le poing et les dents. Je sais bien qu'elle ne pense pas à mal, qu'elle veut juste m'aider, mais je n'ai rien demandé. Rien.
Peut-être qu'elle ne cherche pas à m'aider en fait, il est fort probable que c'est pour elle qu'elle a nettoyé cette tâche simplement car celle-ci la dérangeait.

Mon regard statique se transforme rapidement en mépris. J'essaye de me contenir mais c'est dur. Toute cette frustration accumulée doit sortir d'une manière ou d'une autre, et j'ai peur que la fille en soi la victime. Je sais que ça serait stupide d'être méchant avec elle. Je le sais. Et pourtant...
Je vois alors qu'elle se relève. Elle fait le tour de la table, et vient se placer face à moi.
Moi, je fais comme si c'est la première fois que je la voyais.

- "Hum... Salut ? Il me semble que tu as fait tomber ça.

Sentant alors mes yeux encore trop humides, je baisse les yeux vers l'encrier qu'elle a posé avec délicatesse sur la table. Il est vide.
Elle est debout, et je suis assis, je trouve ça insupportable. J'ai l'impression d'être encore plus soumis. Qu'est-ce-que je dois avoir l'air ridicule, assis à cette table, face à une inconnue qui me surplombe et que je n'ose même pas regarder.
Cette simple idée fait déborder mes émotions, ma colère et surtout ma frustration. Impossible de m'en empêcher.


-Je ne t'ai rien demandé.

C'est sorti comme une balle sors d'un revolver, comme on décoche une flèche ou comme on lance une pierre. Mes doigts serrés en poings se resserrent encore un peu plus. On croirait entendre ma peau se froisser.
Débile, idiot, con. Voilà ce que je suis.


*Ne soit pas stupide, ne soit pas stupide, ne soit pas stupide*

- C'était pas à toi de le faire... Mais merci.

Ce dernier mot a presque sonné comme une insulte envers moi-même.

Échec et mat.

L'immortalité c'est tous les autres qui tombent.
Cinquième année RP

27 déc. 2018, 18:02
 Rpg+  Frustration  PV S.E 
Il y avait sur son visage quelque chose de désagréable, de glaçant. Je n'arrivais pas à mettre un mot dessus, mais je sentais bien qu'il n'appréciait pas mon geste, ça se voyait dans son attitude envers moi, et je le ressentais au creux de mon ventre. Pourtant, je ne savais pas ce que j'avais fait de mal, je pensais juste l'aider en lui donnant un coup de main. Peut-être aurais-je mieux fait de m'abstenir d'agir, et faire celle qui n'avait rien vu en allant comme si de rien n'était me poser à une table ? Mais dans ma tête, ça n'aurait pas été bien agir que d'avoir une telle réaction, parce que j'aurais consciemment ignoré la possibilité de bonne action facile qui s'offrait à moi. 

- Je ne t'ai rien demandé. 

Douche froide. *Pardon ?* Pas même un merci, rien, juste cette colère. Sa voix avait claqué comme un coup de fouet. Sans le vouloir, je reculai d'un pas. Je m'étais attendu à un sourire, peut être un peu crispé à cause de la situation et de sa gêne, mais au moins un signe qu'il me remerciait pour mon geste. Là, il ne me regardait même pas, à croire que je le dégoûtais. Je ne pouvais pas lire sa rancœur sur son visage fixé sur l'encrier, mais je la sentais suffisamment dans sa voix pour avoir la respiration coupée par le choc. J'essayais de l'aider, de me montrer gentille, et voilà commet il me remerciait ? Je comprenais mieux Emy quand elle disait qu'ils étaient tous trop fiers et hypocrites. Je ne cautionnais pas qu'elle généralise autant, mais elle n'avait pas complètement tord, certains abusaient un peu trop, ce n'était pas comme si je le découvrais. Mais c'était la première fois qu'on me parlait de cette manière alors que j'avais juste essayé de rendre service. Je m'apprêtai à tourner les talons pour aller m'installer ailleurs lorsqu'il reprit la parole. 

- C'était pas à toi de le faire...

*Ça je sais* Mais il ne semblait pas parti pour s'en occuper lui même et les elfes de maison n'avaient pas que ça à faire de nettoyer les maladresses des élèves, ils avaient déjà assez de boulot, si je pouvais donner ne serait-ce qu'un petit coup de main, bah pourquoi s'en priver ? J'étais vraiment effarée par sa réaction, j'avais presque l'impression de me faire agresser alors que je lui avais rendu service. Les gens ne savaient pas juste dire merci ?

Mais merci.

Ah si ils savaient. Visiblement ça ne venait pas du cœur, c'était clairement perceptible dans sa voix, mais au moins il avait surmonté sa fierté et il m'avait remercié, c'était sympa de sa part. Je ne pus empêcher la commissure droite de mes lèvres de se soulever légèrement. J'étais persuadée que ça ne sortirais jamais. 

- Je t'en prie. Et euh... Je sais que ce n'était pas à moi de le faire, mais tu n'avais pas l'air d'avoir remarqué sa chute, donc je m'en suis chargée.

J'allais m'éloigner pour m'installer à ma table fétiche quand je vis qu'un petit groupe de cinquième année avait entre temps décidé de s'y mettre. *Mince* J'hésitais, toutes les autres tables accueillaient au moins deux ou trois personnes ensemble en train de travailler, et je n'aimais pas vraiment bosser à côté d'inconnus en groupe, je n'étais pas à l'aise, j'avais toujours l'impression d'être épiée. J'étais en train de me dire que je pouvais toujours aller travailler à la bibliothèque à la place, en espérant trouver une table libre, quand mon esprit me montra la table devant laquelle j'étais. Pas besoin d'aller loin, le garçon était à un bout, je pouvais me mettre de l'autre côté quelques places plus loin. Il n'avait pas l'air bavard, ni d'attendre des amis puisqu'il ne regardait pas la porte, je pourrais être au calme. *La bibliothèque c'est mieux quand même* J'allais faire demi-tour direction mon lieu de savoir préféré quand je me souvins de la liste de choses que j'avais à faire. Aller à la bibliothèque ne me ferait que perdre du temps, il était seul, ce serait juste bête de remonter trois étages juste pour des bêtises. J'hésitais.

- Euh... Je peux me mettre là, ou je te dérange ?

Si il disait non, problème réglé, j'allais à la bibliothèque.

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

18 janv. 2019, 13:12
 Rpg+  Frustration  PV S.E 
Alors que je suis encore en état de choc face à mon inattendue politesse, la fille invente une excuse bidon pour justifier son action. Gentillesse pure et dure. Un peu plus dure peut être. C'est dure la gentillesse. Quand on la donne, mais aussi quand on la reçoit.
Je plains cette fille plus que je ne la méprise. Les deux vont ensemble de toute façon. Je la plains car sa vie ne doit pas être facile tous les jours. Être gentil est plus dur qu'il n'y paraît. Enfin j'imagine.
Les gens très gentils, ou les gens très méchants, c'est rare. Souvent c'est un entre-deux.
Une bagarre éclate. Le très méchant est celui qui bat. Le très gentil est celui qui intervient. Autour une foule, qui regarde sans rien faire. Voilà où se trouve la plupart des personnes. Bien sûr elles trouvent cela horrible, elles sont horrifiées parce qu'elles voient. Mais personne ne bougera.

Moi je ne suis dans aucunes de ces catégories. Je ne frappe pas, je n'intervient pas, je ne regarde pas. Je pars. Désintéressé. La plupart des gens me classeraient dans la catégorie des méchants pour ça. Je pense que c'est bien plus compliqué. Mais j'avoue ne m'être pas encore totalement défini.
Je préfère définir les gens que me définir. C'est rassurant de mettre son entourage dans des petites cases, et de les regarder essayer d'en sortir, comparables à des fourmis. Des fois j'aimerais avoir une loupe. Plus rarement, j'aimerais les laisser sortir. Mais ma curiosité qu'on pourrait qualifier de morbide prend le dessus. Tic-Tac, Tic-Tac, ils essayent de sortir depuis longtemps maintenant. Il est sûrement trop tard.

Jeune fille tu observes la salle en détail, sûrement à la recherche d'une place. Toutes les tables sont prises; il est évident que tu va venir à ma table.


"- Euh... Je peux me mettre là, ou je te dérange ?

Évidemment. Politesse encore, abusive cette fois. Comme si j'avais le pouvoir de dire non. Je veux dire, même si je l'avais, je ne dirais pas non, car ce serait faire chier son monde, mais ni la salle d'étude, ni la table, ni la chaise sur laquelle elle compte s’asseoir ne m'appartiennent. Alors elle fait ce qu'elle veut. Si ça me paraît évident, ça ne semble pas être le cas de tout le monde.
Alors que j'avais fait semblant de me re-concentrer sur ma copie tout en l'observant du coin de l’œil, je daigne enfin la regarder. Mon visage fait sûrement ressortir mon incompréhension.


"-Bah.. Oui. Enfin je veux dire oui tu peux te mettre là. Elle est pas à moi cette table."

Je la regarde encore quelques secondes puis je me remet au travail. Enfin pas exactement, je n'ai plus envie. Je me contente de dessiner mollement. La même chose que j'ai toujours dessiné. Un chat. Toujours le même chat. Toujours la même posture. Toujours le même regards, les mêmes ombres, la même taille. Toujours le même. Pourtant à chaque fois il a quelque chose de différent, et à chaque fois je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. C'est peut-être pour ça que je le dessine encore et encore. Pour trouver ce qui le rend différent.
En tout cas cette fois je réussis à voir quelque chose. Ce chat me regarde exactement comme le merci que j'ai dit à la fille tout à l'heure.


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L'immortalité c'est tous les autres qui tombent.
Cinquième année RP

28 janv. 2019, 16:58
 Rpg+  Frustration  PV S.E 
Alors que ses yeux étaient concentrés sur son devoir depuis quelques instants, il les releva pour me regarder, et me donner sa permission avec un ton qui laissait supposer que sa réponse était logique et que j'étais vraiment bête d'avoir posé la question. *Excuse-moi d'avoir essayé d'être polie vraiment* Je soupirai en haussant légèrement les épaules. Je n'avais même pas envie de lui répondre, les rares phrases qu'il m'avait adressées de le rendait pas très sympathique à mes yeux.

M'éloignant de lui autant que me le permettait la table, je posai mon sac un peu plus brutalement que je ne l'aurais voulu, le bruit raisonnant dans la salle. Je m'assis rapidement, les joues rougies, regrettant mon geste qui m'avait attiré quelques regards. J'étais arrivée dans la salle relativement motivée, et au final les quelques instants passés à échanger avec lui m'avaient sapé ma motivation. J'étais juste saoulée, c'était dingue quand même les gens comme ça, c'était si dur de dire simplement "Merci" et "Oui pas de souci" ? Il était plus long de se montrer désagréable comme il l'avait fait, et en plus c'était injuste envers l'autre qui n'avait fait que se montrer poli.

Je me forçai à respirer calmement en sortant mes affaires, essayant de détourner mes pensées de ce qu'il venait de se passer. Mais plus j'essayais de me concentrer sur tout sauf ça, plus ses paroles me revenaient en mémoire. C'était dingue comment quelques mots pouvaient me mettre dans un état pareil aussi rapidement. Pourtant en soi il n'avait pas dit grand chose, il s'était juste montré un peu désagréable, ce que j'aurais tout à fait pu faire également si quelqu'un décidait brusquement de venir me parler là maintenant tout de suite. Je n'étais pas d'humeur, tout ça à cause de quelques pauvres phrases. J'avais vraiment un souci, c'était pas possible de changer d'humeur aussi vite pour un rien quand même. Je me frottai rapidement les yeux dans l'espoir de me détendre un peu, avant de me pencher sur mon devoir d'histoire. Je relus en vitesse mes réponses aux questions précédentes pour me remettre dedans avant de passer à la suivante.

Au bout de cinq minutes je n'avais toujours pas écrit grand chose. Je savais ce qu'il fallait que je mette mais les mots ne venaient pas comme je le voulais et je ne cessais de m'embrouiller dans mes formulations. Quand je vis la tête de mon brouillon, constellé de ratures, je me remerciai silencieusement de ne pas avoir écrit au propre tout de suite, ça aurait été un beau massacre. Décidant de passer à la question suivante, je me redressai et m'étirai légèrement. Mon regard tomba sur l'autre toujours assis en bout de table. J'étais toujours énervée après lui, mais quand je voulus détourner les yeux pour retourner à mon devoir, mon regard passa sur ce qu'il était en train de faire. Un dessin. J'inclinai légèrement la tête vers la droite, et remarquai qu'il s'agissait d'un chat. Il était plutôt pas mal, je devais avouer qu'il avait un joli coup de crayon. Bien moins élégant que celui d'Emy à mes yeux, mais joli quand même. Je continuais à observer son dessin quelques secondes supplémentaires, un air légèrement admiratif sur le visage, avant de me rappeler à l'ordre et me reconcentrer sur mon Histoire.

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"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

09 mai 2019, 22:38
 Rpg+  Frustration  PV S.E 
Tout en me tenant la tête, je gribouille sur ma feuille. La main qui soutient ma caboche me creuse la joue, déformant mon visage, m'écrasant une narine. Cette cavité en moins pour respirer me fait prendre de plus grandes inspirations. Je varie la pression sur ma narine, m'amusant intérieurement des sons changeants qui s'en échappe. Je dois vraiment m'ennuyer pour en arriver à de tels divertissements. 
Je n'ai vraiment plus la tête à travailler, l'ai-je seulement eu depuis tout à l'heure? Venir ici était une erreur. Non seulement je n'ai pas avancé, mais je me suis torturé l'esprit devant ma feuille blanche, et fou de rage contre moi-même, j'ai été désagréable avec la fille qui est venu à ma table.

Non pas que je sois usuellement agréable avec mes camarades, mais cette fois ci j'ai été particulièrement méprisant. Personne ne mérite d'être traité de la sorte.
Je devrais probablement retourner à la salle commune, m'allonger sur mon lit, enfin, sur le lit. Ne penser à rien, écouter le silence. Malheureusement le silence ça n'existe pas dans ce foutu château. Je mâchouille mon crayon de papier et lève discrètement les yeux vers la fille. Je les baisses quand je vois qu'elle a le regard tourné dans ma direction, je m'aperçois ensuite que ce n'est pas moi qu'elle regarde mais mon dessin. Elle semble l’apprécier. 
Je sais dessiner, plutôt bien, je ne m'en cache pas. Je sais qu'à mon âge, la plupart des enfants ne sont capables que de produire des bonhomme en bâton, ou des maisons en forme géométrique, mais moi dès mon plus jeune âge, j'ai toujours dessiné. 
Je ne suis pas très talentueux, je n'ai que la technique, je trouve qu'il n'y a rien de spécial qui se dégage de mes dessins, mais c'est très pratique pour passer le temps. Le fait que la fille semble admirer mon chat me touche un peu, et me fait encore plus culpabilisé de l'avoir traité comme une moins que rien quelques minutes auparavant. 

Je déteste la culpabilité, Papa m'a dit une fois que c'était important, mais je n'ai pas encore trouvé d’intérêt à ce sentiment. Ça fait de nous des gens redevables. J'ai beaucoup trop de fierté pour être redevable de qui que ce soit. Surtout pas d'autres enfants. 
Je déteste les enfants, ils me rappellent trop que je le suis encore. 

Alors que je continus discrètement de l'observer, je me décide à partir. Je range mon cahier et mon manuel dans mon sac à bandoulière que je place sur mon épaule. Ce sac est trop lourd pour moi, ou c'est plutôt moi qui suis trop petit pour lui. Encore une chose qui me rappelle que je suis un enfant, frêle et fragile.

Je me dirige vers la porte quand une pulsion aussi soudaine inattendue me fait me retourner vers elle.

-"J'suis désolé d'avoir été aussi méchant tout à l'heure. Je... Il faut pas m'en vouloir". 

Figé pendant une seconde, je retourne ensuite en direction de la sortie, faisant déjà tout mon possible pour oublier ce moment. 
Je ne suis pas quelqu'un de gentil.

L'immortalité c'est tous les autres qui tombent.
Cinquième année RP

11 juil. 2019, 01:14
 Rpg+  Frustration  PV S.E 
De nouveau concentrée sur mon devoir et non plus sur le dessin du garçon assis près de moi, je ne réussissais cependant toujours pas à formuler correctement mes réponses. Mon cerveau était empli d'un méli-mélo de mots et c'était une véritable catastrophe. Je débutais une phrase pour la raturer immédiatement parce que son début était tel que je ne voyais pas comment la poursuivre pour intégrer mes informations, ou alors j'en mettais deux dans la même phrase pour ensuite me rendre compte que ça n'avait absolument aucune logique. Après plusieurs essais et après avoir vu la tête de mon brouillon, je décidai de laisser tomber, et je notai uniquement les dates et les événements importants qui me permettraient de répondre à la question posée. Je rédigerai plus tard, tant pis. 

Enfin lancée, j'enchaînai les dates et les noms, avant de m'arrêter au moment où je perçus un mouvement à côté de moi. Je relevai la tête. C'était le garçon de tout à l'heure, il rangeait ses affaires, s'apprêtant visiblement à quitter la pièce. Ou peut-être changer de table. Après tout, vu son comportement ça n'aurait pas été totalement aberrant, il avait peut-être décidé que mettre un peu de distance entre lui et moi ne pourrait que lui être profitable. On ne sait jamais, au cas où les bonnes ondes de la politesse pourraient l'atteindre. Je l'observai mettre son sac sur son épaule, puis se diriger vers la porte. *Finalement il part* Au fond de moi, une petite voix me dit que c'était bon débarras. J'eus honte. Même s’il n'était pas spécialement agréable il ne méritait surement pas ça, c'était méchant. Je détournai le regard pour le fixer sur mon brouillon en attendant qu'il s'en aille, ne préférant pas le regarder.

- J'suis désolé d'avoir été aussi méchant tout à l'heure. Je... Il faut pas m'en vouloir.

Je relevai brusquement les yeux, et l'observai, les sourcils haussés. J'étais tellement ébahie par ses excuses que je ne répondis même pas, étant encore trop occupée à me demander si j'avais vraiment entendu ce que je venais d'entendre ou si c'était une hallucination de mon cerveau. De toute manière il partit trop vite, je n'aurais pas pu lui répondre même si je l'avais voulu. 

Quelques secondes après que la porte se soit refermée derrière lui, je restai étonnée, le regard fixé sur cette dernière. Il. S'était. Excusé. *Wahou* Je n'aurais jamais cru qu'il le ferait, je pensais que sa fierté était bien trop importante pour qu'il "s'abaisse" à quelque chose de ce genre. J'en étais agréablement surprise, mais aussi -et surtout- encore plus honteuse d'avoir pensé des méchancetés sur lui. Il s'était excusé, au fond il ne devait pas être si méchant que ça. Mais ce n'était pas pour autant que j'avais envie de le croiser une seconde fois pour confirmer ou infirmer l'idée que finalement, oui, c'était plutôt quelqu'un de gentil/agréable/pas trop méchant/pas aussi méchant que ce que j'avais pensé de prime abord. Une seule fois c'était pas trop mal, hein.

Je soufflai un "C'est pas grave, t'inquiète" dans le vide. Trop tard pour qu'il puisse l'entendre, mais au moins je l'avais dit.

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