Depuis mon enfance, je détestais les sciences "scientifiques". Biologie, physique, chimie, technologie, mathématiques, algorithmes. Pourtant, le langage et même la musique pouvaient être considérés comme une science. Ce que je haïssais par dessus tout, c'était les mathématiques. Rien que le mot ma-thé-ma-ti-ques, c'était moche et ça ressemblait à "ma thématique". C'est nul les thématiques et encore plus les mathématiques. Alors, comment expliquer le fait que je me trouvais dans un salle d'études avec un livre de mathématiques ouvert posé devant moi ?

C'était peut-être grâce à une onde d'inconscience que je l'ai emprunté. Ne restait plus qu'à trouver à quoi il me servirait. Je devrai sûrement ouvrir ce bouquin au hasard et lire la page. Je fermai les yeux et passai mes pages en les effleurant du bout de mes doigts. Stop ! Page 112. "Inventée par le mathématicien René Thom dans les années 1970, la théorie des catastrophes a pour objectif de formaliser le comportement des systèmes dans l'état desquels l'action continue d'un paramètre externe est susceptible de faire apparaître une rupture soudaine, une discontinuité". Je soupirai. Pour comprendre quelques chose aux mathématiques, fallait être un génie ! Les pages suivantes n'étaient pas mieux, voire pire : "variables cachées, fonction F, catastrophes complémentaires, rupture et résistance"...
Peut-être était-ce mieux de commencer par le début ? A vouloir marcher trop vite, je tombais.

Page 1 : "La logique mathématique. La logique, ou l'art de raisonner, existe depuis que les hommes pensent. Lorsque les mathématiques s'en saisissent, elles la dotent d'un langage formel et d'outils qui ont pour objectif de pouvoir attribuer une valeur de vérité (soit vrai, soit faux) à tous les énoncés possibles". Je dû relire à plusieurs reprises le paragraphe pour trouver ce qui me chiffonnait. Deux mots, noyés au milieu de dizaines d'autres. Art. Langage.
Pour moi, les maths étaient strictes, irréfutables, implacables, droites, affreuses. Le contraire de l'art, et j'aimais l'art. Mais si un livre, une oeuvre d'art disait que les maths étaient elles aussi de l'art, qui croire ?

Laissant de côté mes réflexions obscures, je pris une feuille, un crayon et tournai les pages pour trouver un exercice.

On considère les trois expressions suivantes :
A = 16 + 35 / 7
B = 28 - 63 / 9
C = 39 - 24 / 8 + 13
Effectue ces calculs en détaillant chaque étape.

Il y avait bien trop de chiffres à mon goût sur ma feuilles. Ils dansaient et tournaient, se mélangeaient. Ça me donne la nausée.
Mon regard se perdit dans la salle, inconsciemment à la recherche d'un personne capable de m'aider.