@Herschel Sherringford

28 mai 2044

J'ai revu Herschel de manière ponctuelle depuis notre rencontre. En cours notamment et il faut dire que je m'entends plutôt bien avec lui, contre toute attente. 
Je m'en veux un peu d'avoir été insultant avec lui au départ mais ça m'a servi de leçon, je dois essayer de mesurer mes propos. Enfin il faut dire qu'il n'avait pas fait attention en marchant aussi. Du coup pour mes propos, je verrai plus tard. 

Quoi qu'il en soit, nous nous installons tous deux à une table. Nous avons un devoir en commun. Bien que nous n'ayons pas à le rendre ensemble, nous nous sommes dis qu'une aide mutuelle n'était pas de refus. 
Je fais claquer mon cahier sur la table et continue de sortir mes affaires en râlant discrètement comme d'habitude.

-"J'aime pas la DCFM; c'est vrai quoi, quelles forces du mal? Et puis ils sont durs ses devoirs à Holloway, elle ça va mais alors ses devoirs !

J'agrémente mon discours d'une mine contrariée mais d'un autre côté je suis content de pouvoir parler avec quelqu'un d'autre, ça me donne la sensation d'être intégré. C'est pour cela que ma complainte ne peut paraître bien sérieuse. 

-De toute façon c'est bientôt fini, très bientôt, on retourne chez papa et maman. 'Fin je veux dire, chez nos parents... Moi j'ai mon petit frère à protéger, il est malade, mais ça va mieux. Maman dit que rien n'est sûr mais moi j'en suis sûr qu'il va guérir, tiens, en décembre on m'avait dit que j'avais le droit de rentrer un Week-End, c'était bizarre parce que c'était encore en période scolaire et les autres avaient pas le droit de rentrer. Bah en fait c'est parce qu'ils pensaient que mon petit frère allait bientôt mourir et c'était pour le voir une dernière fois. Bah figure-toi qu'il est toujours vivant et qu'il se porte mieux ! T'façon je lui ai dit qu'il a pas le droit de mourir alors il va pas mourir pas vrai ? 

Je reprends mon souffle, j'étais au bord de l’asphyxie.  Pouvoir parler ainsi est une libération, usuellement il n'y a qu'avec Adaline que je peux parler, mais avec elle c'est pas vraiment la même chose. Avec elle tout est teinté de pudeur et il est dur d'exprimer ses sentiments. 
En début d'année je me serais tué pour avoir dis tout ça. En fait, j'ai vraiment le sentiment qu'il n'y a qu'avec Herschel que je peux tout déballer, il est tellement inoffensif que je suis certain qu'il ne pourra jamais me faire de mal avec ce que je lui confie. Il n'y a aucun doute possible sur le fait que je ne pourrais me comporter de la même façon avec qui que ce soit d'autre.

Un peu gêné tout de même de m'être autant exposé, je change de sujet. 

-D'ailleurs, tu t'souviens de c'que t'as dis l'autre jour? Comme quoi les garçons peuvent faire des bisous à d'autres, bah j'ai bien réfléchi, et en fait t'as raison! Regarde, moi je fais bien des bisous à mes frères alors que c'est des garçons! Donc si on est frère avec le garçon ça va! " 

Content de moi, je commence à griffonner un semblant de réponses aux questions du devoir.

    Angélique l'avait vraiment aidé. Ils n'avaient pas vraiment parlé, pas encore. Il ne s'en sentait simplement pas capable. Ce n'était pas n'importe qui, elle faisait partie de sa famille, ce n'était pas une simple amie qui pourrait partir comme cela. Elle était sa sœur, de sa famille et si le reste était à la ferme, elle était bien là, à Poudlard. Il savait qu'elle savait mais il n'avait pas la force ni l'envie de faire face à une discussion avec elle, pas maintenant, pas aujourd'hui. Pas quand il se testait encore. Bref, elle ne savait que parce qu'elle l'avait vu. Et il était bien content de cela parce que la semaine passée, elle lui avait apporté un colis pleins de fringues trop petites accompagné de quelques instruments de coutures. La plupart lui allaient, parce qu'Angélique avait eu à peu- près la même taille que lui et la même morphologie avant de rentrer à Poudlard et de commencer ses poussées de croissances. Il ne l'avait pas remercié, il savait parfaitement qu'il n'avait pas besoin de le faire et que s'il l'avait essayé, il aurait bégayé et n'aurait plus osé lui adresser la paroles avant de longues semaines. Elle n'avait pas demandé, non plus. Pas si les vêtements lui allaient, pas s'il les aimait bien, pas s'il était content. Rien. Elle avait comprit et il lui était vraiment reconnaissant. 

    Les changements étaient minimes pour les jours de cours, il avait encore son uniforme, ses chaussettes dépareillées, ses barrettes, ses bracelets. Seule sa coiffure changeait, vu qu'il se coiffait le mâtin, maintenant. Ses cheveux en devenaient largement plus longs tout en conservant quelques vagues qu'il n'avait pas envie de voir disparaître, parfois il se faisait des couettes, comme avant ou des tresses. Si vous aviez demandé à quelqu'un qui ne le voyait que en cours et pas le week-end ou dans les dortoirs, il vous aurait répondu qu'Herschel était toujours le gamin excentrique qu'avant, que rien avait changé. Mais tout était là, caché par la longue robe de sorcier. Il ne l'avait pas mit parce qu'il avait honte, simplement parce qu'il y avait certains courant d'air frai dans le château qu'il préférait éviter et surtout dans la salle d'études puisqu'en ce moment les fenêtres y étaient ouvertes. Il avait prit un chemisier mauve et une jupe grise. Angélique l'avait déjà reprit plusieurs fois en enfonçant la queue de canard que le chemisier lui faisait quand il s’échappait de la jupe. Il n'était pas fou, elle lui arrivait aux genoux, mais sous sa robe de sorcier, c'était comme s'il avait mit un de ses pantalons qu'il relevait si haut juste pour laisser voir ses chaussettes, cette fois-ci, des poissons d'un côté et des rayures de l'autre. 

    Il avait été particulièrement content quand William et lui avaient commencé à passer un peu plus de temps ensemble, même si cela voulait dire l'entendre râler sur la défense contre les forces du mal en cet instant. Il aimait bien le fait qu'ils travaillent à deux. Herschel le faisait généralement tout seul dans son dortoir puisqu'il commençait toujours ses devoirs le jour où ils leurs étaient donnés, n'attendant pas la fin de la semaine pour ça. Là il avait attendu, car il n'allait pas travailler tout seul cette fois-ci, et il aurait trouvé irrespectueux que l'autre ai déjà commencé sans lui. Il enleva sa robe se sorcier qu'il plia en deux avant de la jeter sur le dossier de sa chaise et de s'y asseoir, sortant son matériel et faisant claquer son manuel sur la table avant de remonter ses lunettes tandis qu l'autre lui parlait. 

    -J'aime plus la théorie, j'aime pas trop lancer des sorts sur les autres, ça pourrait leur faire mal. 

    Il écrivit le titre, le souligna proprement et attendit que l'autre ne poursuivre, restant interdit un instant alors que ses mots montaient jusqu'à son cerveau. 

    -Je suis persuadé qu'il ne va pas le faire. Après-tout, tu lui as dis ça, alors il n'a pas le droit, pas vrai ? 
 
    Il était content que William se sente à l'aise ou du moins en confiance pour lui dire ça à lui. Il ne s'était jamais comporté comme un confident, n'avait jamais rien demandé. Il n'était pas comme ça, il avait toujours dit que si les gens voulaient lui parler, ils le feraient et que c'était pour ça qu'il n'avait pas besoin de leur poser des questions indiscrètes. Angélique, elle, disait qu'avec sa tête, on pouvait lui confier n'importe quoi, que ça passait parce que c'était lui. Il n'avait jamais comprit ça. Il espérait vraiment que son petit frère allait s'en sortir, mais William avait dit qu'il allait mieux, alors c'était un très bon début. Et puis tant qu'il ne désespérait pas, il y avait toujours une chance. Abandonner, c'était ça qui tuait les uns et les autres. 

    Il se rappela de leur première conversation. C'est vrai qu'il avait dit quelque chose comme ça. Mais bon, pourquoi remettre ça sur le tapis comme ça et maintenant ? William avait comprit, la dernière fois, que s'il avait dit ça ce n'était pas parce qu'il avait envie de lui faire un bisou ? Il espérait, d'un côté, ne pas avoir à lui expliquer tout ça. 

    -Hé bien, je sais, mais c'est pas la même chose avec un garçon qu'avec tes frères, c'est Angélique qui me l'a dit, parce que t'as pas le droit d'être amoureux de ton frère, alors si tu lui fais un bisou comme à un amoureux, c'est pas bien. dit-il sans lever les yeux de sa copie. 

Je hoche la tête à ses dires sur Charles puis écoute le reste.

Alors que mes yeux sont complètement rivés sur ma fiche, les propos d'Herschel me font tiquer. Il parle d'être amoureux de son frère, berk. Non en fait il dit que je me suis encore trompé, qu'on peut faire des bisous à des garçons qui ne font pas partie de notre famille. Étre amoureux d'un garçon? Quelle drôle d'idée, après il faut dire que je n'ai jamais été amoureux tout court, je ne suis même pas sûr de ce que ça veut dire. 

Je sais qu'on peut aller bien plus loin qu'un bisou. J'y ai déjà vu dans un de ces magazines qui sont en hauteur dans les magasins moldus où Maman va acheter ses cigarettes. Peut-être que c'est ça, être amoureux? C'est dégoûtant, mais alors en plus si c'est deux garçons?
Maman dit que je suis trop petit pour ce genre de chose, et que mon père répondrait à mes questions quand je serais plus grand, le truc c'est qu'en ce moment, j'explique pas tout ce qui se passe avec mon corps et ça me fait un peu peur. 
Je secoue la tête en me disant que je suis un pervers et lève la tête vers Herschel pour lui répondre. 

Je reste figé quelques secondes en voyant la manière dont il est habillé. Je n'avais pas remarqué avant car il avait sa robe de sorcier. 
Mon visage est semblable à une statue, excepté le fait qu'il se violace un peu, et je suis sûr que quiconque me regarderait à ce moment verrait de la vapeur sortir de mes oreilles. 

Une fois mon bogue terminé, je demande à Herschel d'une petite voix:

-"Mais... Herschel. Je croyais que tu étais un garçon ? Blaze a même failli me mettre une patate parce que je t'ai pris pour une fille.

Est-ce que je me suis fait des histoires? Est-ce que c'est une fille depuis le début? Peut-être qu'il est victime d'un maléfice qui l'a transformé en fille. Le pauvre.
Il faudrait que je trouve un moyen de le re-transformer en garçon. 
Les engrenages de mes neurones tournent à plein régime et la langue pointe de ma bouche, signe du fait que je réfléchis ardemment. 

-Tu as pris un sortilège? Ah non je sais! Tu avais plus de vêtement alors tu as demandé à une fille de t'en prêter! Je peux t'en prêter moi si tu veux! 'Fin pas mes caleçons, ça serait dégoûtant, mais le reste oui!  

Étant convaincu que ce soit la bonne explication, je ne creuse pas plus le sujet en attente de sa réponse. Puis je réagis tout de même à ses propos d'avant.

-Et sinon je suppose que tu as raison, être amoureux de son frère ça serait trop dégoûtant. Maman m'a toujours dit que je me marierai à une fille et que j'aurais plein d'enfants! Elle m'a jamais parlé de garçons donc je sais pas si je dois...

D'un coup, je me souviens de Peter et d'Eliott. En fait, ce que je les voyais faire des fois, je viens de me rendre compte que c'était sûrement des bisous. Un frisson me parcourt l'échine et, abasourdi, je reprends.

-Oui, en fait je te crois..."

    Il écoute à moitié ce que l'autre lui dit. En fait, il ne dit rien mais Herschel ne sait pas si c'est lui qui n'a pas écouté ou l'autre qui n'a vraiment pas parlé. Il reste concentré sur son devoir. Il a toujours eu du mal à faire ses devoirs en même temps que de parler à quelqu'un pour la mauvaise manie d'écrire ce qu'il disait au beau milieu des phrases de son devoir. C'était pour ça qu'il travaillait tout seul la plupart du temps en plus de ne trouver personne avec qui travailler. Cela dit, il ne demandait pas forcément aux gens, s'ils voulaient travailler avec lui, ils sauraient lui demander. Il releva la tête avec étonnement quand William commença à parler d'une voix faible. C'était inhabituel. La plupart du temps, sa voix restait ferme, mais là, il avait juste l'air d'avoir avalé un cactus. Il regarda son ami en haussant un sourcil. Qu'avait il dit ? Il n'avait pas vraiment écouté, juste la partie sur Blaze qui avait voulu lui foutre une patate. 

    -Humm ? Il mordillât le bout de sa plume. Un sortilège ? Une illumination fit son apparition quand il remarqua où était posé le regard de William. Il rougit. Ho, les vêtements. Heuuu, nan, je me suis pas pris de sort. Juste j'aime bien m'habiller comme ça. Ça te dérange ? 

    Satisfait, il se posa bien dans le dossier de sa chaise en attendant la suite. William le croyait. Il était particulièrement content. Angélique disait que c'était interdit d'être amoureux de ses frères et sœurs, que c'était de l'inceste ou un truc dans le genre. Il savait juste qu'ils n'avaient pas le droit et aussi parce que les rois d'avant se mariaient entre famille alors du coup ils étaient malades ou avaient des problèmes. Et que du coup c'était pour ça qu'ils devaient pas tomber amoureux entre frères et sœurs même si on s'aimait beaucoup. 

    -Je suis content alors ! Tu sais, il se pencha sur la table, c'est pas avec ça, il posa un doigt sur le front de son ami, que tu tombe amoureux mais avec ça, il posa un doigt sur sa poitrine. Alors tu ne réfléchis pas trop quand tu tombe amoureux et tu choisis pas non plus. Alors d'une fille ou d'un garçon, c'est pas ta tête qui va choisir mais ton cœur. C'est Angélique qui me l'a dit. Et les parents m'ont dit qu'être ouvert d'esprit ça pouvait t'aider parce que tu pouvais être amoureux des filles et des garçons alors t'as plus de chance de rencontrer quelqu'un d'hyper trop cool. 

    Il se reposa sur sa chaise et posa son menton sur sa main. 

    -Je peux te dire un truc ? Je te fais confiance, d'accord ? Moi je comprend plus trop si je dois être un garçon ou une fille mais je me sens ni l'un ni l'autre alors je comprends plus grand chose, mais je sais que je suis moi. C'est le principal non ? Alors toi aussi sois toi, même si tu devais tomber amoureux d'un garçon, bah je suis sûr que tu serais content et c'est le principal. Moi j'ai voulu essayer de porter des vêtements de filles et puis je m'y sens très bien. Et c'est un peu grâce à toi, parce avant j'y avais jamais réfléchis mais avec les gens qui me demandaient si j'étais une fille, bah j'y ai pensé. 

Je dévisage Herschel, c'est à ne plus rien y comprendre. Pourquoi s'habille-t-il comme une fille si c'est un garçon? Parce qu'il aime bien? Le fait qu'un garçon puisse aimer porter des vêtements de fille est quelque chose qui ne m'était jamais passé par la tête, que je ne pensais même pas possible. 
J'essaye de réfléchir intelligemment comme Maman le ferait dans le même cas. Est-ce que cela change quoi que ce soit dans ma relation avec Herschel? Non, de toute évidence. 
Alors c'est ce que je réponds quand il me demande si ça me dérange. Je bredouille un petit "non" pas convaincu. il faudra que j'y réfléchisse avec plus d'attention.

Quand Herschel continue et que son doigt se dirige droit sur mon front je me crispe. Je déteste que l'on me touche, même si c'est Herschel. Cela se lit peut-être sur mon visage lorsque sa peau touche la mienne, ça n'a beau n'être qu'un doigt, je suis gêné tout de même.
J'absorbe sans broncher ce qu'il m'explique. Je n'aime pas cette idée, mais je dois bien avouer qu'il semble s'y connaître plus que moi sur le sujet. Je devrais me renseigner, je n'aime pas manquer de connaissances, quel que soit le thème. 
Ainsi donc, il paraît que je pourrais tomber amoureux d'un garçon, l'idée me paraît toujours totalement ridicule, mais comme je ne suis jamais tombé amoureux, je me trompe peut-être. Je ne sais pas qui est cette Angélique dont le Serdaigle parle tout le temps, mais lorsque je m'apprête à quémander une réponse, il enchaîne sur un sujet qui semble être privé et donc j'ouvre grand mes oreilles. 

Après avoir écouté ce qu'Herschel avait à me dire, je crois que je n'ai jamais été aussi perdu de toute ma vie. Je ne pensais pouvoir ne pas comprendre tant de choses, je pensais que ma connaissance était étalée sur à peu près tous les sujets.
Herschel raconte n'importe quoi, comment il peut se sentir ni fille, ni garçon? C'est complètement absurde. J'ai beaucoup envie de lui dire, mais quelque chose me retiens. Si ça avait été quelqu'un d'autre, je lui aurais très probablement dit d'aller se faire soigner, mais Herschel est tellement gentil... Et il n'est pas bête du tout, s'il dit ça, c'est qu'il doit y avoir une raison, il faudrait que je l'aide.

-"Mais, Herschel, moi je sais comment tu dois te sentir, t'inquiète! Tu es un garçon, enfin, tu as un... un... tu vois quoi ? 

Je ne suis pas très à l'aide pour lui parler de sa propre anatomie, j’agrémente mes "un..." d'une face qui veut très probablement dire "tu vois très bien ce que je veux dire". 
Le fait qu'il se sente bien grâce à moi en revanche me touche, et je n'ai vraiment pas envie de contrarier, ce qui semble devenir, mon seul ami masculin.

-Mais même si tu es un garçon, moi j'dirais que tu as le droit de t'habiller comme tu veux, alors si tu veux mettre des robes, bah mets des robes, et si y'en a qui t'embête avec ça, j'leur foutrais un pain! Hein binoclarde!"

Mes derniers mots sont accompagnés d'un clin d’œil et d'un gigantesque sourire, peut-être le plus grand depuis mon arrivé à Poudlard. Je me rends compte qu'en attendant Charles, j'ai besoin de quelqu'un à protéger.

Je ne réagis pas au fait qu'il sous-entende qu'il est possible que je tombe un jour amoureux d'un garçon, ça n'arrivera pas. En fait, je pense que je ne tomberais jamais amoureux.

    Il senti bouche s’assécher aux mots de l'autre. Bien sur, c'était logique, il en avait les organes, alors il devait être masculin, ça n'allait pas plus loin. Mais ce n'était pas que ça qui rentrait en compte. Bien sûr qu'il savait que biologiquement il était un garçon, il n'y avait pas de doutes là dessus, il se lavait tous les soirs, il le voyait bien. Ce n'était pas quelqu'un chose dont il n'était pas au courant, c'était simplement que cet aspect physique ne rentrait plus du tout dans la façon dont il se voyait. Il s'était toujours vu comme un garçon, parce que personne ne lui avait jamais dit qu'il pouvait se sentir autrement, personne ne lui avait émit l'idée et s'il s'était toujours senti féminin, il n'en avait jamais tenu garde parce que personne ne lui avait jamais permis d'y penser plus en profondeur. Il ne savait pas qu'il pouvait se sentir autrement, que c'était possible. Et aujourd'hui tout ce bousculait dans sa tête et il n'y compensait plus grand chose. Il ne se pensait pas fille, il ne savait même pas si ça finirait à arriver, mais il n'arrivait plus à se sentir totalement garçon pour autant. C'était si étrange. Il n'était pas sûr de savoir mettre des mots sur ça, parce qu'il ne semblait pas y en avoir assez pour tout décrire. 

    Habillé comme ça, avec ses sentiments, sa façon de se conduire, ses activités. Il n'arrivait plus à se dire qu'il était un vrai arçon. C'était stupide, les autres n'avaient pas à décider pour lui, la société n'avait pas à décider pour lui sous prétexte qu'il ne paraissait pas masculin. Mais il ne pouvait pas penser autrement. Il s’habillait en fille. Il ne se sentait plus autant garçon qu'avant mais il ne se sentait pas vraiment fille pour autant. 

    -Je sais ce que j'ai mais... C'est plus si simple. Avant c'était rapide, parce que j'étais un garçon et maintenant je sais même plus si j'en suis un, mais je sais que je suis pas une fille, pas vraiment. Je comprend plus grand chose, tu sais ? Et pis, je me sens vraiment à côté de la plaque. Je veux dire, à côté de Blaze et toi. Je suis pas fort, et je sais pas me battre. Je vous adore vraiment mais je me sens pas vraiment comme si j'avais le droit d'être là. J'ai jamais pensé comme ça et je sais pas ce qui se passe. C'est pas comme ça, sur le physique, c'est dedans ma tête que je me sens plus comme avant. et je comprend pas trop. 

    Il remercia l'autre pour ses derniers mots qui lui firent bien plaisir. C'était apaisant d'être accepté, qu'importe que ce soit sur une chose comme ça ou sur une autre qui 'avait pas autant de répercutions.

Je comprends vraiment rien à ce qu'il dit. Je viens de lui dire qu'il était un garçon et que c'était vérifiable et il me répond qu'il sait plus si c'est un garçon. Il dit que c'est pas par rapport au physique mais que ça se passe dans sa tête.  Qu'est ce que ça veut dire? 
Être un garçon, ça ne se décide pas, ça n'est pas dans la tête. C'est pas comme choisir comment s'habiller ou où aller faire ses courses. Si tu nais avec un zizi, alors tu es un garçon, et puis c'est tout. C'est aussi simple que ça et je ne sais pas pourquoi Herschel ne le comprend pas.

Peut-être que je me trompe mais je suis pourtant convaincu d'avoir raison, en revanche, je vois bien que cela fait de la peine à Herschel et qu'il ne semble pas prêt à accepter qu'il soit vraiment un garçon alors je ne compte pas insister, et puis de toute façon, tant qu'il reste Herschel, c'est le principal. 
Comme je n'aime pas le voir se torturer mentalement, je me dois tout de même de le rassurer un peu.

-"Oh tu sais, tu n'as pas besoin de savoir te battre pour être un garçon, je connais plein de garçon qui s'battent n'importe comment.  Et pis tu dis n'importe quoi, tu as le droit d'être avec nous, toi ta force c'est que t'es super gentil, et moi bah tu vois, j'ai pas cette force là, tout le monde me déteste parce que je suis méchant.  En même temps, tout le monde il est bête...

Je réfléchis un peu, et je me dis que la meilleure chose à dire est en fait: 

-Et pis tu fais comme tu le sens au pire, si tu te laisses aller, tu te poseras plus de questions! "

Satisfait par mes propos et en espérant qu'ils aident Herschel, je me remets petit à petit à mes devoirs. Moi je suis un garçon? Bien sûr que oui, j'me connais.  
Mais du coup, je me demande bien de qui peut tomber amoureux le Serdaigle.

    Sûrement que s'il devait savoir se battre pour être ami avec des garçons, il n'en aurait pas beaucoup, voire pas du tout et cela aurait été terriblement dommage s'il n'avait pas pu devenir ami avec Blaze, Eliott, Jules et William. Parce que William ne semblait pas avoir des tas d'amis, en plus, alors s'ils ne s'appréciaient pas, cela lui ferait de la peine parce que Will serait tout seul. Il n'aimait pas quand les gens étaient seuls. Comme une abeille, il était fait pour vivre en communauté et il se demandait si ce n'était pas la même chose du côté de son ami. Si c'était le cas, alors William devait se sentir encore plus triste quand il était tout seul. 

    -Moi je ne te déteste pas. Je t'aime beaucoup. Et je pense pas que tu sois méchant, parce que t'es gentil avec moi et que de toute façon, si tu te sens triste que les gens te détestent, c'est que t'es pas méchant. 

    Il fit un grand sourire à l'autre et reprit son devoir comme avant le début de leur discussion en tirant sur sa robe pour se rasseoir correctement sans que sa peau colle à la chaise. Il glissa le bout de sa plume dans son pot d'encre et mordilla l'autre bout, concentré sur une phrase qu'il peinait à écrire. Il devait se dépêcher de finir ses devoirs s'il voulait avoir le temps de faire ceux que lui avait demandé Azaël, mais il ne voulait pas pour autant les bâcler. Il savait que chez Serdaigle, la plupart des gens avaient des bonnes notes, alors il espérait garder des notes parfaites au moins en théorie, puisque la pratique lui faisait parfois défaut. 

    -En fait, pourquoi tu m'as demandé ça pour les bisous entre garçons ? Il releva les yeux, intéressé. 

    Est-ce que Will se posait autant de questions que lui mais pas sur le même point ? Lui, c'était sur la façon dont il devait se sentir, sur ses vêtements, mais peut-être que William se posait des questions sur ses sentiments. C'était possible aussi, de toute façon, mais il n'était pas certain de pouvoir répondre comme il devait. Après-tout, il n'y connaissait rien à l'amour, la seule chose qu'il savait était que tout le monde avait le droit de tomber amoureux de qui il voulait tant que ça restait dans les lois. C'était Angélique qui lui avait expliqué le reste, même s'il n'avait pas forcément tout comprit, il avait essayé de se faire son propre avis au cas où, parce qu'avoir un avis sur à peu-près tout était toujours plus une chance que l'inverse. 

J'ai un rictus discret à la réponse d'Herschel. Il ne me connait pas encore, pas aussi bien qu'il ne le pense. Il ne sais pas que si j'ai réussi à bien m'entendre avec lui, c'est uniquement parce que je l'ai trouvé trop faible pour le brimer. Tellement faible que même la pire des ordures n'aurait pas osé s'en prendre à lui. 
Je suis sûr que s'il pouvait entendre ces pensés, il ne me trouverait plus aussi gentil.

Je baisse les yeux sur ma main, et observe le H qui y est inscrit. Il a presque disparu, il ne devrait pas tarder à être complètement invisible. Je lâche un tout petit ricanement, à peine audible. Gentil... Tu n'y est pas du tout Herschel.

Et pourtant, pourtant je lui adresse un sourire. Avec toi je serais gentil, seulement avec toi. Mais faut pas le dire, sinon ça me décrédibiliserai totalement.
Je ne sais que répondre, alors je le laisse enchaîner. 

Il me pose une question totalement inattendue. Pourquoi ais-je posé cette question tout à l'heure? Perplexe, je reste de marbre pendant quelques instants, réfléchissant à une réponse.
J'imagine que c'est simplement parce que ça m'avait troublé, alors j'y ai réfléchi et j'ai voulu partager mes résultats avec lui.

Ce n'est certainement pas pour un quelconque intérêt sur le sujet. Moi, j'veux faire de bisous à personne. 
Quand j'étais petit, j'ai eu plusieurs amoureuses, mais Maman m'a toujours dit que ce n'était pas pour de vrais, et que entre des adultes ça ne se passe pas comme ça. 
Je ne sais donc pas ce que c'est que le vrai amour. Je ne m'y intéresse pas beaucoup et de toute façon Maman m'a aussi dit que lorsque l'amour me tombera dessus, je m'en rendrai compte. 

Elle m'a aussi dit que je ne devais pas confondre mes sentiments amoureux avec mes envies charnelles, qu'il est normal d'avoir des pulsions mais que cela ne signifie pas forcément être amoureux. Elle dit que je dois faire attention, car trop se laisser contrôler par ces envies peut mener au péché. J'arrive à peu près à y contrôler, mais j'avoue que c'est dur. C'est un sujet dont je n'ai jamais parlé avec personne, j'ai trop honte. 
C'est seulement Maman qui m'en a parlé parce qu'elle a dit que comme j'ai bientôt 13 ans, je suis assez grand pour comprendre. J'imagine que c'est vrai, j'en sais trop rien.

Curieusement, je pense à Charles et à ce qu'a dit Herschel. Faire des bisous à son frère comme un amoureux c'est mal. Je fais beaucoup de bisous à Charles mais je crois pas être amoureux. Je l'aime plus que tout c'est vrai, quand je pense à lui je me sens bien, je me sens différent, je me sens mieux, mais c'est mon frère alors j'imagine que ce doit être normal... Même si je ne ressens pas ça avec Michael...
Je lui ferai moins de bisous en rentrant, juste pour être sûr. 

Je me rend compte que je n'ai toujours pas répondu à Herschel.

-"Hein, heu... ha. Bah j'en sais trop rien en fait. C'est juste que j'y ai réfléchi un peu parce que... bah je sais pas en fait. Tu fais des bisous aux garçons toi?"