Des devoirs. Des tonnes et des tonnes de devoirs. Arya avait accumulé énormément de retard à force de toujours repousser cet instant fatidique. Et à présent, elle regardait la pile de parchemins encore vierges qu'elle devait noircir avec désespoir. Jamais elle n'arriverait à tout finir avant la date butoir.
Habituellement, elle aurait ignoré tout ce travail et serait allée s'enfuir dans le parc, là où elle pouvait se défouler autant qu'elle le voulait. Mais aujourd'hui, le froid s'était installé pénard au-dehors, et la Gryffondor préférait donc rester au chaud. Autant mettre ce temps enfermée à bon escient. Elle s'était donc rendue dans la salle d'étude, où elle avait eu un peu de mal à se trouver une place.

Parmi tous ses devoirs, Arya avait décidé de commencer par celui de potions, l'une des matières dans lesquelles elle était le moins à l'aise. De plus, elle n'écoutait pas grand-chose pendant les cours, et lisait les consignes du devoir sans même les comprendre, et encore moins deviner les réponses. Elle poussa un soupir, la mine dépitée, et inscrivit son nom et son prénom en haut à gauche d'un parchemin vierge. Avec un peu de chance, une illumination lui viendrait soudainement.

- Alors... L'action de la potion... murmura-t-elle en recopiant la question.

Quelle était le nom de la potion en question, d'ailleurs ? Est-ce que la professeure l'avait seulement mentionné en cours ? Elle regretta un instant que Lili ne soit pas là pour la guider, comme elle avait l'habitude de le faire en cours. Elle pourrait peut-être envisager de lui demander de l'aider, à l'occasion... Quoique. La Gryffondor lui demandait déjà beaucoup, il faudrait bien un jour qu'elle arrive à s'en sortir seule en potions. Tant pis si elle avait une mauvaise note, au moins, elle aurait fait avec ses seules compétences, pas celles de son amie.

Alors qu'elle plongeait dans une concentration profonde et sans faille pour réussir à trouver des réponses plus ou moins correctes à son devoir, elle fut brutalement sortie de sa bulle par un son parasite. Elle se retourna, prête à jeter son dévolu sur l'élève qui osait l'interrompre dans son travail. C'était un élève non loin de sa table de travail, qui proposait des chocogrenouilles à tout va. Quelle idée de faire ça au milieu d'une salle d'étude ! Il n'aurait pas pu le faire dans sa salle commune, plutôt ? La voilà complètement détachée de son devoir, toute concentration envolée.

Elle soupira et observa l'élève donner une chocogrenouille à un camarade à côté de lui. Depuis quand n'avait-elle pas mangé de ces chocolats ? Si elle se souvient bien, c'était lorsqu'elle était rentrée chez elle pour les vacances d'été, avec Sya, dans le Poudlard Express. Avant... tout. Avant son père, avant le Quidditch, avant le bal... Ce souvenir lui semble remonter à des années.

La fillette posa sa plume sur sa table, se résignant à son sort. Jamais elle ne pourrait se remettre au travail aujourd'hui. Non loin de là, l'élève qui venait de se voir offrir une chocogrenouille s'extasia sur la carte qu'il découvrait.

- De toute façon, les collections de chocogrenouilles, c'est débile... marmonna-t-elle pour elle-même avec mépris.

Elle n'en avait que quelques cartes oubliées au fond d'un tiroir. Elle ne comprenait pas la passion qu'avaient certains de collectionner les cartes de personnages. Plus de la moitié lui étaient inconnus, et elle oubliait leurs noms dès qu'elle rangeait la carte ! Elle aimait bien manger le chocolat, mais c'était bien la seule chose qu'elle appréciait dans ces petits paquets bleu nuit.

Assis dans un coin de la salle, le plus éloigné des sources de lumière, Rufus remplissait son parchemin à l'aide de sa plume préférée, une plume de corneille très élégante. Il lui arrivait régulièrement de boire par le biais d'une paille le contenu d'un bocal avec une anse renfermant une infusion fumante de gimgembre, de thé et de citron - avec une pointe de miel.  Si il avait été obligé de continuer ce devoir dans le brouhaha de la salle commune, il aurait terminé son devoir de soins aux créatures magiques avec une recherche sur les habitudes et le mode de vie d'un serpentard de première année - il avait manqué d'en étriper plus d'un. La bibliothèque manquait de place, dans les dortoirs on recevait un polochon à tout va et dans le parc on se GELAIT LES COU**LES. 

Ce cour sur les licorne l'avait passablement déçu. Il avait appris beaucoup de choses sur la théorie, mais il aurait aimé caresser la jeune licorne. Son pelage doré avait l'air si agréable ! Pour revenir au vif du sujet, il devait faire un croqui annoté d'une licorne adulte. Il avait déjà fait un schéma grossier au crayon de bois de l'animal, il ne lui manquait plus que les annotations à poffiner. Il sortit son exemplaire du monstrueux livre des monstres -qui grogna faisant se tourner vers puis quelques regards distraits- et le carressa avec deux doigts sur sa tranche pour qu'il s'ouvre paisiblement. 

Après avoir regardé le sommaire, il fila vers la page de la licorne pour regarder les détails de l'animal. Ses yeux parcourant les mots et les images, il entendit les bribes des discussions qui germaient peu à peu dans la salle d'étude. Il lança un regard noir à ces élèves qui alimentaient une discussion stériles sur les cartes de chocogrenouilles. Ces choses. Avec deux bras, deux jambes, une tête... ça s'appelait comment ça déjà ? Ha oui des premières années. 

Alors que ces deux idiots brisaient le silence en proposant à qui voulait l'entendre des chocogrenouilles gratuites. Rufus sortit sa baguette, usa d'un sortilège d'attraction et récupéra une des confiseries sans bouger de sa place. Il leur lança un regard provocateur.

T'as proposé je me suis servi. Maintenant, si vous voulez bien baisser d'un ton, on travaille ici. Dit-il d'un ton cassant.

Il croqua la tête de la grenouille en chocolat qui s'agita de convulsions encore plus puissantes. Manger du chocolat faisait beaucoup de bien par où cela passait. Il la finit d'un coup avant d'essuyer sa bouche qui était pourtant bien propre et laissa la carte de Célestina Moldubec sur le côté avec l'emballage de la friandise. 

Pendant un instant, Arya se demanda quel effet aurait une chocogrenouille si on la jetait dans une potion. Est-ce que la mixture resterait la même ? Ou bien prendrait-elle une couleur brune ? Son action se verrait-elle modifiée ? Toutes ces questions lui traversaient l'esprit sans qu'elle ne puisse y répondre. Peut-être l'ignorerait-elle tout le long de sa vie. Ça l'étonnerait énormément que sa professeure veuille répondre à des questions comme celles-ci. Elle pourrait peut-être les poser à Lili, un jour... Cette Serpentard était décidément la solution à tous ses problèmes lorsque ça concernait les potions.

Dans tous les cas, à présent, un chose était sûre, c'était qu'elle s'était complètement déconnectée de son devoir. Tant pis. Certainement rendrait-elle copie blanche, une nouvelle fois. Elle culpabilisa un instant en imaginant son bulletin rayé de tous ces Trolls, conséquences des devoirs qu'elle ne faisait pas. Peut-être abandonnait-elle trop vite. Certainement. Mais elle ne voulait plus se forcer à travailler. C'était son habitude, l'année passée. À chaque devoir qu'elle rédigeait, elle ne pensait qu'à être la meilleure possible pour être au même niveau que ses sœurs. Elle se sentait à la ramasse par rapport à elles, elle qui ne parvenait jamais à les surpasser ou même à les égaliser malgré ses efforts. En début d'année, elle s'était faite une promesse. S'écouter elle-même. Elle n'avait pas envie de terminer ce devoir, alors elle ne le terminerait pas. Peu importe l'avis de ses sœurs, il n'avait plus d'importance.

Quand le garçon aux chocogrenouilles passa devant elle après s'être fait clouer le bec par un des élèves qui étudiait, il lui fourra une de ses friandises dans les mains et repartit avant qu'elle ne puisse réagir. Elle fut tentée de le rappeler ou de le crier qu'elle n'en voulait pas, qu'aucun chocolat du monde ne pourrait l'aider, mais se rappela qu'elle se trouvait dans une salle d'étude. Elle n'avait pas franchement envie de s'attirer des regards foudroyants.

Elle observa le paquet bleu dans ses mains pendant un petit moment, avant de l'ouvrir en soupirant. On ne sait jamais, le chocolat, ça peut donner des illuminations et aider à faire ses devoirs. Elle mâcha avec le plus de discrétion possible. Elle savait pertinemment que chacun des élèves présents dans la salle pouvaient l'importuner pour manger trop bruyamment. Une fois qu'elle eut fini, aucune once de motivation supplémentaire ne l'anima, à son plus grand regret. Elle commença à plier le paquet, avant de se rappeler qu'il y a avait une carte à l'intérieur. Elle la sortit et observa le personnage. Tiens, Sybille Trelawney... Ce nom lui disait vaguement quelque chose, sans qu'elle puisse mettre la main dessus. La femme la regardait de ses yeux globuleux avec une teinte de marginalité, et la fillette fut presque tentée de la garder. Mais collectionner ce genre de choses agaçait Arya. Que ferait-elle d'un bout de carton ? Elle allait la chiffonner en boule pour la lancer dans son sac quand son regard se posa sur une table voisine, toute proche de la sienne, où une carte de chocogrenouille était sagement posée. Tiens, ne serait-ce pas le garçon qui a cloué le bec au donneur de chocolat, tout à l'heure ? Peut-être collectionnait-il ces cartes, lui. Sybille Trelawney serait certainement en meilleur compagnie avec lui qu'avec elle. Elle hésita un instant, se demandant si on allait la prendre pour une folle. Mais après tout, quelle importance ?

Elle se pencha donc sur sa table et tendit le bras pour poser Sybille Trelawney par-dessus la carte du garçon, sur la table voisine. Peut-être ne la verrait-il pas. Ça l'arrangerait. Elle devait vraiment avoir l'air bête, à se pencher ainsi.

Rufus recopiait le croqui animé présent dans le monstrueux livre des monstres, la licorne représentée dans le livre faisait des sauts et des cabrioles avant de rester figée dans les airs pour prendre la pose de temps en temps. Ses beaux sabots d'or scintillants, son crin aussi blanc qu'une étoile, sa peau si claire que la neige paraissait grise…  Cet animal était la pureté incarnée. Rufus regarda le fil autour de son coup. Il avait appris qu'il arrivait régulièrement aux licornes de se prendre la queue ou le crins quand les plantes ou dans les branches basses des arbres et il arrivait, quand on était chanceux, de trouver pendant des balades en forêt les très rares fils de crin de licorne scintillants. Rufus portait autour de son coup un de ces fils précieux qu'il avait trouvé pendant qu'il explorait la forêt interdite à ses heures perdues. Porter un "extrait" de magie aussi blanche lui avait retiré ses plus grandes idées noires. De plus, c'était très joli un fil blanc comme ça.

Le schémat que Rufus faisait n'était pas le plus beau. Il avait essayé de décalquer le dessin sur la page mais son rouleau de parchemin était très épais et les bords de sa licorne incertains tracés à l'encre blanche. Il avait réussi à en obtenir en passant une commande chez Scribenpenne, l'encre blanc était peu commun. Il griffonna en marmonant des paroles inaudibles une flèche bien droite qui allait jusqu'à la corne avec une annotation écrite élégamment : 《corne, pousse vers l'âge de 4 ans et tombe environ tout les ans, ingrédient de potion》. Rufus se souvenait de sa dernière visite chez l'apoticaire, les cornes de licorne coutaient vingt-et-un galions d'or. Ce n'était pas donné, c'était pourquoi Rufus parcourait régulièrement la lisière de la forêt interdite dans l'espoir de trouver ces magnifiques bâtons. 

Une silhouette d'un bras tendu vint au dessus de sa tête en tenant du bout des doigts une carte de chocogrenouille argentée. Il releva doucement la tête, un sourcil levé devant ce comportement assez étrange. Il tapota légèrement sa plume dans son entier pour en retirer l'encre avant de la poser sur le côté. Il dévisagea la fille. Que faisait-elle au juste ? 

《Oui ? demanda t-il 》

Il se redressa un peu sur sa chaise avant de se gratter légèrement l'arrière de la tête de sa main droite, celle portant une chevalière en argent ayant la forme d'un serpent dont les yeux d'emeraudes lançaient des regards sournois. Son l'autre main, celle qui portait deux bracelets de pierres -l'un de pierres bleues, l'autres de pierres vertes- ferma le monstrueux livre des monstre qui commençait déjà à pousser des grognements menaçants à l'approche d'une nouvelle victime à mordre.

Alors que le garçon écrivait quelque chose qu'elle ne parvenait pas à voir de sa place, il releva la tête en l'apercevant poser la carte de chocogrenouille.

Oups. Repérée.

Pour la discrétion, on repassera. Le ninja qui se cachait en elle avait échoué dans sa mission et se devait maintenant d'assumer ses actes. Mais avec un peu de chance, peut-être qu'il ne dirait rien. Qu'il tiendrait trop à travailler et l'ignorerait pour reprendre le fil de son devoir.

« Oui ? »

Loupé. Elle allait être obligée de s'expliquer, apparemment. Elle se mordit les lèvres, une vieille habitude qui s'était accentuée pendant l'été. Elle était toujours penchée à plein ventre sur sa table, et sentait quelques regards intrigués se poser sur elle à travers toute la salle. Elle se rassit normalement, cherchant ses mots. Que dirait une personne normale dans une situation comme celle-ci ? Comment réagirait ses sœurs ? Mauvais exemple, ses sœurs n'auraient jamais donné ainsi une carte de chocogrenouille. Son cerveau tournait à mille à l'heure pour trouver les bons mots, et pourtant elle avait encore l’impression qu'il ne tournait pas assez vite.

- Heu... J'ai vu que t'avais gardé ta carte, alors je m'suis dit que tu voudrais p'être la mienne, articula-t-elle. Je fais pas la collection.

Ce n'était certainement pas la meilleure explication du monde, mais au moins ça devrait passer. Le garçon la prendrait certainement pour une cinglée pendant le reste de l'année s'ils se croisaient dans les couloirs, mais au moins elle devait paraître moins bizarre que si elle avait gardé les lèvres close.

Elle esquissa un sourire rapide pendant quelques secondes avant de reprendre son expression faciale habituelle.

Maintenant, deux possibilités : soit son interlocuteur allait lui jeter un regard étrange et lui demander plus d'explications, soit il allait juste reprendre son travail comme si de rien n'était. Dans tous les cas, Arya savait très bien qu'elle rangerait ses affaires dans son sac et sortirait de la salle d'étude. Elle n'avait plus rien à faire ici. C'était une preuve idiote de naïveté d'avoir pensé qu'elle pourrait travailler un peu sur tous ses devoirs. Et si elle trouvait trop de monde dans sa salle commune, elle irait s'aventurer dans le parc - tant pis si elle avait froid. Au moins, elle ne risquerait pas de croiser quelqu'un.

Elle reboucha d'ailleurs déjà son encrier et rassembla les parchemins éparpillés sur sa table entre eux. Elle aperçut un instant le sujet de son devoir de potion, et retint un énième soupir à sa vue. Un nouveau Troll sur son bulletin. Elle n'osait imaginer à quoi ressembleraient les conversations lorsqu'elle rentrerait à la maison pour Noël. Comme toujours, le sujet dévierait sur les notes de chacune, et elle s'imaginait déjà la scène lorsque son tour viendrait de réciter toutes ses "bonnes" notes. Elle voyait déjà le regard déçu d'Alison, et la voyait déjà aller lui parler en privé après la dîner dans sa chambre pour lui demander ce qui n'allait pas.

Rufus laissa retomber sa main gauche sur la table d'un geste machinal avant de laisser ma main droite saisir la carte de Sybille Trelawnez avec douceur. Il ne lui accorda qu'un bref regard avant qu'il la tandis vers la Gryffondor. 

《Merci... mais non merci. Dit-il avec un ton poli peu convaincant trahissant une réelle indifférence.》

Il retourna à son travail comme si rien ne s'était passé. Il avala d'un coup le reste de la chocogrenouille qui croqua sous sa dent, et trempa sa plume dans son encrier avant de griffonner un paragraphe sur la licorne à l'arrière de son croqui. Le croquis n'était pas d'une très grande qualité - Le dessin n'avais jamais été son fort- mais on y reconnaissait les traits principaux de la licorne. Il donna un léger coup de baguette sur les sabots de la licorne se mirent à briller d'un bel éclat doré. Il fit de même sur le reste de l'animal qui commença à briller comme une étoile lointaine. Ce devoir lui vaudrait peut-être un Effort Exceptionnel. 
Il avait plutôt bien commencé l'année d'un point de vue scolaire. Il maîtrisait rapidement les sortilèges, les potions ne lui posaient aucune difficulté -Suivre une recette rien de bien difficile !- et la métamorphose le passionnait. Il avait même été tenté de prendre une option d'étude des moldus, juste pour avoir une moyenne d'Optimal. Concernant les autres matières comme l'étude des créatures magiques ou la divination, il était assez lunatique quant à l'image qu'il avait de ces matières. Son cousin lui avait fortement conseillé de prendre ces deux matières si il voulait être briseur de sorts -conseil qu'il soupçonnait d'être fortement influencé par son métier de Magizoologiste ou par le travail de voyante de sa cousine. De temps en temps il trouvait ces matières passionnantes -impression qu'il avait généralement quand il étudiait des créatures particulièrement rares ou dangereuses ou quand il voyait des choses bien étranges dans la fumée de la boule de cristal. Mais les moments où on voyait des sujets passables comme les povrebines ou l'ornitomancie.

Il fit un effort pour se sortir de ses pensées et rangea ses affaires. Il boucha sa bouteille d'encre, essuya sa plume d'encre et souffla avec douceur sur son parchemin pour que l'encre sèche. Une fois qu'il fut sûr que le parchemin soit bien sec, il le roula et remis son sac en bandoulière. Il se leva avec un pas silencieux et s'avança vers la sortie. Alors qu'il marchait, un élève de troisième année blond de la maison Poufsouffle qui avait plein de rouleaux sur les bras renversa une grosse bouteille d'encre noir de Chine sur Rufus et tout ses vêtements. Un resta quelques secondes bouche bée avant de lentement poser son sac sur le en lançant un regard assassin au jeune, un regard qui disait clairement qui l'obligerait de ses vêtements avec sa brosse à dent. 

《Tu peux regarder où tu vas ?! demanda t-il avec hargne》

C'était le pompon. Il se força à souffler pour éviter de lui enfoncer sa baguette dans l'œil. Il ramassa calmement la bouteille qui contenait encore beaucoup d'encre, et la renversa sur sa tête. Il sortit ensuite de la salle d'un pas joyeux, au moins il avait les couleurs de sa maison, jaune et noir ! Il fut bien content qu'aucun membre du corps préfectoral ne se trouve dans la salle.

Malheureusement, le garçon ne semblait pas intéressé par sa carte de chocogrenouille. Il la lui rendit et la fillette la reprit en serrant les lèvres. Tant pis. La carte connaîtrait un destin bien funeste. Elle la chiffonna en une boule de papier et la laissa tomber dans son sac. Le visage de Sybille Trelawnez disparut au travers des plis de cuir.

Arya finit se ranger ses affaires, prenant soin de glisser l'encrier dans la petite poche et de fourrer sa plume entre deux parchemins pour qu'elle ne s'abîme pas en traînant dans son sac. Il ne manquerait plus qu'elle se retrouve avec une plume cassée. Même si elle ne s'en servirait pas beaucoup, elle n'avait aucune envie de mendier des outils pour écrire pendant les prochains cours.

Elle observa un moment les élèves attablés dans la salle d'études, tous penchés sur leur travail avec ferveur. La Gryffondor regarda pendant un long moment la plume d'une fille à proximité d'elle qui semblait voler sur son parchemin à tel point elle allait vite. Elle se demanda comment elle faisait pour écrire autant sans s'arrêter pour dégourdir son poignet. Elle semblait animée par la puissance du savoir lui-même, entraînée par ses connaissances. Arya se souvint avec amertume qu'elle avait été comme ça, il n'y avait pas si longtemps encore.

Étouffant soudainement dans cet espace où tout le monde travaillait sauf elle, elle se leva, plaça la lanière de son sac sur son épaule droite et quitta la table qu'elle n'avait occupé qu'une petite demie-heure. Elle longea les rangées de tables, parcourant la salle d'un pas souple et léger. Elle remarqua sans vraiment faire attention que le garçon qui avait refusé sa carte sortait aussi, juste devant elle. Elle le suivit, marchant vers la sortie.

Elle releva les yeux en entendant quelqu'un parler à haute voix. C'était rare, dans une salle d'études. C'était un Poufsouffle qui avait fait tomber son encrier, et en avait tartiné le garçon qui ne voulait pas de sa carte sans faire exprès, mais le blaireau rejetait la faute sur lui. Arya était encore un peu loin d'eux, et observa la scène avec intérêt. Le garçon ramassa l'encrier et versa ce qu'il y restait sur le Poufsouffle, qui se retrouva trempé de noir. La Gryffondor ne put s'empêcher d'éclater d'un rire discret, étouffé par la main qu'elle plaça devant sa bouche.

Le garçon sortit, l'air satisfait de son acte, et Arya passa devant le Poufsouffle, ne pouvant s'empêcher de rire devant cette vengeance absolument épique. Certains élèves avaient relevé la tête de leur travail, curieux. Mais aucun n'osait intervenir, et ils retournèrent vite à leur boulot.

Une fois qu'elle fut sortie, la fillette ne se retint plus et éclata d'un rire sans fin. C'était peut-être la pression ou la fatigue qui l'obligeait à rire ainsi pour si peu, mais ça faisait du bien de laisser les muscles de son visage se tordre ainsi.

Elle lança, au garçon qui marchait encore devant elle, dans son dos :

- C'était magistral ! Quel dommage que personne n'ait applaudit !

Le garçon de Poufsouffle ne dirais sûrement rien à son préfet ou au professeur qui dirigeait sa maison. Les Poufsouffles avaient toujours un stupide souci d'impartialité, ne consantant à donner un quelconque avantage un élève de sa maison,  et cet élève- si il en avait un minimum dans le crâne- ne prendrais pas le risque de se voir infliger la même punition de Rufus. Cette personne lui avait renversé de l'encre sur lui, gâchant ses magnifiques bretelles moutardes ainsi  sa chemise aussi blanche que du riz auparavant immaculé. Cependant, si cet élève était idiot, Rufus pouvait déjà se considérer comme collé. Il ne pouvait s'empêcher de penser que son comportement était quelque peu irrespectueux du règlement ces temps derniers, et ce même si aller en colle l'indiffèrait, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il était quelque peu idiot de penser qu'il avait du temps à perdre en colle.
 
Quand il fut sortit de la salle, il avança à grands pas vers sa salle commune en retirant sa chemise tachée d'encre avant de remettre un pull plié vert et argent de son sac. La laine écossaise lui grattait le torse et il était impatient de retourner à la salle commune de Serpentard pour pouvoir enfiler une paire de pantoufles, un T-shirt tout doux et de mettre ses jambes sous un plaid à siroter un café. 

Un rire incontrôlable retentit derrière lui. Après avoir reçu un compliment de la part de ce qu'il identifia comme étant la fille qui avait proposé de lui donner la carte de chocogrenouille. Ne pas être blâmé mais avoir un petit compliment ne faisait pas de mal. Il retrouva un petit sourire qui vint momentanément chasser la mauvaise humeur qui s'était installé en lui. Il fit un salut "magistral" en se penchant assez bas.

《Il n'est pas trop tard pour applaudir si tu le souhaite. Je trouvais simplement que le noir lui allait au teint. Dit-il avec désinvolture》

Il reporta son attention sur sa belle chemise dont la tâche lui donnait une apparence de peau de vache. Il essaya de lancer un sortilège de récurage à sa chemise. Le savon jaillit de sa baguette et Rufus frotta énergiquement sa chemise. La tâche resta bien encrée et Rufus, résigné, continua sa marche vers la salle commune des élèves de Serpentard. Il devait avoir -il en était presque sûr- une flacon de nettoie-tout de la mère Grattsec posé dans l'armoire où tout les élèves de sa chambre rangeaient leurs vêtements. Peut-être que la potion de nettoyage réussirait à venir â bout des tâches d'encre. Il rangea sa baguette dont il venait de remarquer que le bout du manche avait une petite tubercule gâchant la régularité de sa baguette.

mots soulignés pour la cabane de Cristal

Sortir de la salle d'études avait quelque chose de revigorant. Quitter cette pièce où chacun était concentré sur son travail, où chacun était sur le chemin de la réussite, Arya sentait qu'elle en avait besoin. L'air y était trop condensé, trop irrespirable, comme si elle était allergique à l'ambiance de travail même. Comme si étudier n'était pas fait pour elle. Elle avait cette sensation depuis le début de l'année, mais jamais elle ne lui était apparu aussi importante. Elle avait cette impression d'avoir dépassé la ligne autorisée, de déjà être allée trop loin, d'avoir plongé trop profond pour pouvoir se sortir de ce cercle vicieux qui l'empêchait de travailler. Même si elle faisait en sorte de montrer que ça ne l’affectait pas, elle était terrifiée par cette situation. Et si elle n'arrivait jamais à remonter ? Et si elle se noyait ? Elle pensait être la seule dans cette situation, ce qui la faisait sombrer encore plus.

Elle inspira donc une grande goulée d'air en sortant de la salle. Elle ne travaillait pas et cela l'angoissait, certes, mais ce sentiment de liberté qui l'enivrait à cet instant était irremplaçable. Sa situation était tellement paradoxale qu'elle se sentait perdue dès qu'elle y pensait et refoulait ce genre de pensée dans un coin oublié de sa tête.

Le garçon devant elle changea de vêtements, certainement embêté par l'encre qu'il avait reçu. Arya le rejoignit, toujours en riant. Elle aurait adoré enregistrer la scène à laquelle elle avait eu l'honneur d'être témoin pour avoir la possibilité de la jouer en replay autant qu'elle le voudrait. Ce genre de souvenir qui fait toujours sourire, même dans les moments les plus tristes.

Le salut solennel du garçon la fit penser à Hestia, la fille avec qui elle s'amusait à parlait et à agir comme une Moyen-Âge, dans les histoires de fantasy. Spontanément, elle répondit à son salut, inclinant à son tour la tête, plus discrètement, mais un grand sourire plaqué aux lèvres.

- Je trouvais qu'il ressemblait plus à un panda qu'à un blaireau, mais en tout cas, merci d'avoir égaillé ma journée, fit-elle remarquer.

Son rire s'était enfin calmé, mais son sourire n'était pas près de disparaître. Elle allait peut-être passer une bonne fin de journée, finalement. Elle qui pensait ruminer dans sa salle commune pendant toute la soirée ! Elle comptait bien se repasser la scène du Poufsouffle trempé d'encre dans sa tête encore et encore, et tant pis si elle se mettait à rire toute seule et que les autres élèves la regardaient bizarrement ! Une scène comme celle-là, ça vaut de l'or.

- Au fait, je m'appelle Arya. À la prochaine !

Elle s'élança vers sa salle commune en secouant sa main pour saluer le garçon. Un dernier rire s'échappa de ses lèvres, et elle monta les escaliers d'un pas léger.

Fin du rp pour moi Merci beaucoup !