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01 avr. 2020, 21:37
Corbeaux de la pénombre
♫Le bal des fous
Soirée du 31 Octobre 2044
Première Année
@Ruby Everheart
Sur un siège en Salle d'Etude

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...

Cette journée avait été pénible. Tous ces élèves déambulant dans les couloirs le sourire aux lèvres sans même tenter de le dissoudre me l'avaient pourrie.
Pire, ces nunuches se promenant en duo voir en trio gloussant aux passages de garçons afin d'attirer leur attention. Aucun amour propre. Une puissante envie de leur dire chérie, c'est trop tard s'il ne t'a pas encore invité à ce fichu bal. Nous sommes le soir du 31 octobre.
Va te préparer alors que j'ai choisi de rester dans le petit salon en robe de sorcier.
Choisi était le terme que j'avais décidé d'emprunter afin de réduire mon mécontentement quant à la nullité du nombre d'invitation que j'avais reçu. Je devais leur faire peur.
Bah, ce n'était pas si mal, personne ne serait présent à l'heure des déceptions.
Je n'en avais rien attendu de toutes façons. C'était toujours pareil au château. On se réveillait aux mêmes heures pour voir les mêmes choses, on croisait les mêmes personnes pour n'en parler à aucune.
Enfin, bien que je n'en parlais à aucune. Qu'est-ce qui clochait chez moi ? Enfin, plus justement, était-ce moi qui décidait de faire clocher toutes ces choses ou déraillaient-elles naturellement ? S'agissait-il d'un mélange ?

Non, je ne pense pas que c'était la jalousie qui me poussait à juger les autres négativement.
Je ne faisais simplement pas partie du même monde que de celui des Autres. Et en particulier de ces filles. De plus, je ne voulais pas en faire partie.
Pourtant consciente qu'aucun monde ne pourrait m'être plus terrible que le mien. Que celui dans lequel je m'enfonçait un peu plus chaque jour. Tour d'Ivoire impénétrable.
J'étais suis fatiguée. Quand je parle de fatigue je ne mens pas, mon existence était éprouvante et épouvantable. Surtout en ces jours. Ce qui me rassurait étonnement .. en effet, je savais que c'était anachronique chez moi. Que ça passerait donc. Mais que ça reviendrait aussi .. horrible vérité que j'avais ajouté à la liste des choses auxquelles je refusais de penser.
Je n'arrêtais d'ailleurs pas de me plaindre depuis quelques temps. Mais je n'en faisais pas profiter les autres. Je commençais donc à ne plus me supporter. Sors de ma tête maudite habitude. Ouvre ton esprit aux multiples portes à d'autres âmes - s'ils en ont seulement une - ou fais du moins semblant d'en posséder un autre si tu ne veux pas partager qui tu es.
Le plus souvent, les gens fuient le chagrin. C'est peut-être pour ça qu'ils me fuyaient. Pourtant, J'avais plutôt l'air d'être une forme de colère, je crois. De colère douloureuse. Incontrôlable. Synonyme alors de faiblesse. Je n'aurais pas du leur faire peur, j'étais esclave de mes tourments.
Oh tiens, en voilà d'autres, des retardataires en pleine crise de nerfs. "Il ne me reste plus que deux heures et demi ! Comment vais-je faire Britanny ? J'avais pré .." Leurs cris suraigus s'estompaient alors que les vipères continuaient de slalomer à toute vitesse dans les couloirs.
C'était ça le problème des Serpentards. Ils étaient trop égocentriques. Bien que je n'eus jamais été un modèle de désintérêt personnel. Et que je devais le paraître bien plus que je ne l'imaginais.
Peut-être les autres prenaient-ils ma haine du monde pour du narcissisme, d'ailleurs. Ou peut-être était-ce moi qui m'obligeais à confondre - Si j'étais chez les serpents, cela ne devait pas être pour rien, bien que j'avais jusqu'alors espéré que cela soit du à mes qualités - A moins qu'ils ne pensaient alors simplement rien. Surtout rien me concernant.

Cela faisait apparemment 2 bonnes heures que je me perdais dans mes monologues intérieurs. Je devais fameusement m'aimer pour ça. Désormais, je pouvais observer Les Serdaigles et les Gryffondors affluer dans les corridors en belles tenues, trop belles pour la plupart d'entre eux dont l'énorme nez engloutissait le reste du visage, dont les yeux disproportionnés les rendait laids.
Cependant, pour la plupart, c'était indiscutablement la transpiration et l'empourprement de leur teint dû au stress qui les empêchait d'avoir l'air attirant.
En effet, si la plupart des couples se formaient au sein d'une seule et même maison, certains faisaient exception à la règle et avaient donc donné rendez-vous à leur cavalier ou à leur cavalière devant les portes de la Grande Salle. Quelle angoisse épouvantable ils avaient l'air de ressentir ! Vais-je lui plaire ? Comment la saluer ? marmonnait un garçon beaucoup plus âgé que moi que j'avais déjà vu intimider un de mes camarades de classe, il avait alors l'air confiant mais ce n'était apparemment qu'une façade. Pauvre type. Mais en même temps, qu'y connaissais-je à l'amour ? Ce n'était pas Octavia et Henry qui m'en rendais une image dignement représentative, ils étaient bien trop fleur bleue et pourtant tellement superficiels au fond. C'était mes parents qui m'avaient convaincue qu'il ne s'agissait pas d'amour, plus je les observait, plus ces deniers me donnaient l'impression de ressentir un amour à en faire tomber l'amour lui-même, le temps ni quelconques déceptions ne pourraient l'effacer. Il était définitif, inchangeable, ça sautait aux yeux.
Cette atmosphère d'affolements ma satisfit un peu, tout de même. J'étais confortablement installée sur un des sièges de velours de la Salle d'Etude, ma pression artérielle inchangée contrairement à eux.
Oh, j'étais bien consciente que ce stress ambiant aurait pu être supportable en échange d'une bonne soirée mais les enfants comme moi n'auraient pu s'y amuser, alors à quoi bon ?
Mes devoirs d'Astronomie m'attendaient pour partager les festivités de toutes façons.

Mais le temps passait et je ne pouvais m'y résoudre. Pas ce soir. Je n'avais pas 80 ans, bon Dieu !
Je ne finirai pas mes années ici sans autre bon souvenir qu'un Optimal en Potion.
Quand mon horrible sœur me parlait de ses anecdotes scolaires, Harper et Hélène y étaient toujours inclues. Bien que celles-ci ne m'aient jamais parues vraiment palpitante - incluant toujours un garçon ou un quelconque autre fille de Serpentard à rendre jalouse - et bien au moins, elles existaient et le trio infernal avait l'air d'en garder de bons souvenirs.
Je me demanda vaguement si je devrais inventer des personnages fictifs à mes histoires elles-mêmes fictives lorsque je rentrerai au manoir à Noël et me perdis dans la contemplation de ce que je prenais pour du vide .. jusqu'à ce que je me rende compte qu'il s'agissait d'une fille.
J'aurais été elle que je me serais demandée avec contrariété ce qu'une inconnue fichait à me reluquer de manière aussi insistante, mais personne n'était jamais aussi agressif.
Je remarquai que ses cheveux étaient d'un châtain presque blond et que ses yeux brillaient. Elle était belle, avec ses longues tresses d'or. Cette fois, une bouffée de jalousie me submergea. Elle était le genre de fille qui, lorsqu'elle deviendrait femme, pourrait égaler la grâce de ma mère et trouver un homme à la hauteur de mon père. Ça aussi, ça sautait aux yeux, alors que nous entrions seulement dans l'adolescence. Je me rassérénai un peu en constatant que je partageais ses yeux en amande.
Je venais cependant de la fixer plus longtemps que la cordialité ne le permettait et m'apprêtai à détourner mon regard mort. Bah, je n'en avais rien à faire, après tout. Mais je n'étais pas d'humeur à me crêper le chignon ce soir-là.
Dernière modification par Carmen Blackfall le 04 juil. 2020, 13:34, modifié 6 fois.

Qui n'a plus d'espoir n'aura plus de regret.
Quand il est sans remède un chagrin est fini.

03 avr. 2020, 14:00
Corbeaux de la pénombre
RUBY, 11 ans
31 octobre 2044 Soirée
À une table de la Salle d'études, Poudlard


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•••

Je laissai basculer ma tête en arrière, mes tresses blondes se répandant ainsi sur mes épaules et la chaise qui soutenait mon poids. Mes Pensées devaient être trop lourdes, et elles n'étaient pas aidées de légèreté par mon devoir d'Histoire de la Magie. J'aimais vraiment cette matière, d'un Inattendu certain, mais la facilité ne venait pas toujours à moi — c'eût été bien prétentieux de le penser déjà. Il était plus probable que je m'endorme ici, dans les vapeurs des Mots, que dans les cours de miss Montmort.
Il fallait dire, aussi, que mes Pensées étaient toutes accaparées par un lieu où je n'étais pas. *La Salle de Bal...*. J'avais vraiment raté une Occasion. Je m'exaspérais. *'pas ma faute...*. Et en même temps, je me sentais tellement fautive.
Il avait lieu ce soir, et jamais je n'aurais donné autant pour en être.

Mais j'étais si seule.
Si seule.
Si seule des Autres.
Si seule de Moi.
Si seule d'un Tout lentement séparé.

Lasse, je m'étirai d'un mouvement leste, terminant mon geste en recourbant les doigts à la manière d'une danseuse. C'était pourtant naturel, chez moi ! Toute une éducation dédiée à l'Élégance, à l'Harmonie d'une allure. Pourquoi, pourquoi... Je fermai les paupières de mes yeux, fixés vers le plafond, me laissant emporter par le courant de mes souvenirs. J'avais une réponse que j'évitais. Et elle ne savait que trop bien comment revenir m'empoisonner.

Les Grands me répétaient que j'aurais dû m'y mettre. Avec mes yeux bleus qui les faisaient chavirer, mes boucles relevées dans un chignon bien serré, mon corps moulé dans un justaucorps blanc, et un tutu qui me donnerait l'air d'un ange sur pointes. Incarner la Grâce, ou devenir une Allégorie de la Perfection, voilà ce que je désirais — ce qui s'offrait à moi, même ! C'était Beau. Et j'en avais eu terriblement envie. Ce monde de paillettes glorieux, où je pouvait briller, devenir une Étoile parmi les Astres, il m'était destiné. La souffrance de l'effort, la volonté intense, les sacrifices ; les larmes, la sueur. Je m'y sentais prête, plus que prête.
Depuis mes trois ans, depuis que j'avais vu Le Lac des Cygnes à l'opéra, avec Maman, il y avait si longtemps. Le ballet par excellence, celui dont rêvent toutes les jeunes danseuses, jusqu'à atteindre un âge qui leur permet de toucher du doigt leur rêve. Parfois, il leur glisse entre les doigts, justement. Elles s'écroulent, remplies de rancœur, la tête pleine de Pourquoi ?. Assez du rôle de doublure, elles veulent davantage. Mais elles perdent. Et puis d'autres qui réussissent, auréolées de gloire. Elles font tant d'envieuses, celles-ci.

Moi, je n'avais suivi aucun des deux chemins. C'était la musique qui était venue à moi, à la manière d'un lot de consolation sur lequel on pleure, parce qu'on n'a plus que ça à faire. *Si seule*. Et fatalement coincée devant une minable question de cours à laquelle je n'avais plus envie de répondre. Je me lamentais seulement sur ce que je n'obtiendrais pas ce soir.

Mais ce bal, c'était l'aubaine parfaite pour me dévoiler en danseuse. *Dévoiler face à qui ?*. Je m'assénais seule des réflexions blessantes de Vérité. Non, je n'avais personne autour de moi pour partager ne serait-ce qu'une danse, ou d'agréables moments. Ce qu'on appelait communément des amis, je doutais d'en avoir un seul. Se posait d'ailleurs la question du cavalier, ou même de la cavalière. *Trop tard, pourtant !*. Peu m'importait le genre, j'avais cru entendre que d'autres Gryffondor s'y rendaient entre camarades. Et maintenant que la soirée avançait, chaque minute qui passait me faisait comprendre que rien ne servait de ressasser l'Impossible.

Faute de pouvoir occuper mes doigts avec une mèche de mes cheveux, qui se trouvait entrelacée parmi d'autres, je caressai ma plume par de lents mouvements. Presque tout le monde avait déjà délaissé la Salle d'études au profit du bal, de l'immanquable bal. Le brouhaha qu'ils créaient me parvenait néanmoins, réduisant au Néant le peu de concentration qu'il me restait. Et parmi les bruits, je discernai un regard qui me fit nerveusement tourner la tête vers lui. Lui, ou le regard d'une Fille, une de plus au milieu de tous ces Autres qui m'étaient futiles. Une Inconnue vers qui j'étais malheureusement tournée, de façon à ce qu'elle se situât en plein dans mon champ de vision. Certes, je n'avais plus envie de m'acharner sur mon Histoire de la Magie, mais je ne souhaitais pas pour autant me faire dévisager par une Autre. Elle n'était pas de ma maison, elle était trop sombre pour notre flamboyance d'ailleurs. *Ça saute aux yeux*.
Elle aussi devait être *seule*. Je levai un sourcil méfiant, qui la questionnait silencieusement sur ses intentions.

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19 juin 2020, 13:39
Corbeaux de la pénombre
Un sourcil. Pas un poignard. Nous étions différentes. Ca m'allait bien, j'aurais tout fait pour m'éloigner le plus de ma personne, ce soir-là. A moins que cet écart n'ai fait ressortir un peu plus mes mauvais penchants. Il fallait que je m'intéresse seulement à elle, pour m'oublier. S'il vous plaît. Faites que je m'oublie. Mais comment s'oublier lorsqu'on doit faire ses preuves face à quelqu'un ?
Enfin, ce n'était peut-être pas ce que son sourcil implorait. Peut-être faisait-il une constatation du genre bizarre, cette fille.
Dans ce cas, devais-je insister ? Bien sûr que oui, pour une fois, elle en valait la peine semblait-il. Pas de peur dans ses yeux. Une réelle question.
Et dans les miens ? Ma jalousie s'était évaporée pour laisser place à .. quoi au juste ? un manque d'assurance ?
En temps normal, j'aurais certainement éprouvé une bouffée de haine pour ce que cette inconnue venait de me faire ressentir. Ou même simplement pour le doute qu'elle venait d'installer au creux de mes pensées. Je ne perdais jamais ma confiance en moi.
Mais eu lieu de ça je me forçai à afficher un sourire. Petit. En coin. Qu'on aurait pu juger moqueur. Mais il était simplement hésitant.
Je dis alors de la voix la plus distincte que je pu emprunter :

- Excuse-moi. Je n'ai juste pas l'habitude de voir une Gryffondor étudier.

C'était sortit tout seul. Très naturellement. J'étais naturellement sarcastique en effet. Et on pouvait facilement s'en vexer. Surtout lorsqu'on était inconnu à moi. Sûrement avais-je déjà tout gâché comme j'avais l'habitude de le faire.
Enfin, je m'étais quand-même excusée. A ma façon mais cela n'enlevait rien au caractère unique de la chose. Bien sûr, elle ne pourrait pas le savoir, elle ne me connaissait pas. Mais ses yeux. Ses yeux en forme d'amande. Ils m'indiquaient qu'ils étaient bien plus perspicaces que ceux de la plupart des élèves du château. Ils m'intimidaient, mais me rassuraient aussi d'un certain acabit. Peut-être pourraient-ils deviner mes intentions sans se laisser méprendre par mes paroles hautaines ?
Je tentais de me rassurer, comme à mon habitude lorsqu'il s'agissait de me protéger. De me protéger de toutes ces choses qui pouvaient si facilement abattre mes barrières et me retourner. A la manière d'une vague un peu trop tenace pour un château de sable sans fortification.
Et puis, Ô combien c'était bête. D'être rassuré par le fait que des iris puissent lire qui j'étais. J'aurais dû courir, aller me cacher. Il n'y avait rien à sauver en moi, c'était terrifiant.
Et cela aurait terrifié n'importe qui. Si elle avait bien ce pouvoir, elle s'enfuirait à toutes jambes avant moi. Pourquoi cela ne rassasiait-il pas mon angoisse ?

La réponse était simple. Je voulais qu'elle reste. Qu'on passe la soirée du Bal ensemble. Si elle était seule en cette soirée si spéciale elle aussi, il devait y avoir une raison. Et j'avais peine à croire que cela puisse être dû à sa personnalité, elle donnait l'impression d'être tout ce qu'il y avait de plus normal en société. Personne n'aurait pu la fuir. Contrairement à moi.
C'était donc ça. Cela devait être par choix. J'ajoutai alors :

- Mais j'imagine que toi. Tu as dû avoir bien des occasions de voir un Serpentard se monter acerbe. Ce n'était pas mon but, je suis juste un peu sur les nerfs.

Je m'autorisai un sourire plus franc.
Dernière modification par Carmen Blackfall le 29 juin 2020, 21:18, modifié 1 fois.

Qui n'a plus d'espoir n'aura plus de regret.
Quand il est sans remède un chagrin est fini.

29 juin 2020, 17:40
Corbeaux de la pénombre
Mon âme palpitait. Bien sûr, c'était indétectable en Apparence, je savais finement jouer avec les masques. Mais au fond, ma mauvaise humeur s'était enfuie dès que j'avais croisé son regard insistant. Rien de particulier dans celui-ci d'ailleurs, sauf qu'il était présent. Une présence qui emplissait l'atmosphère et me forçait à plonger dans ses yeux. Et devinez quoi ? La sensation de noyade était exquise.

J'avais l'impression d'avoir retrouvé toute ma vigueur, d'être sortie de l'état de transe dans lequel le devoir m'avait plongée. Ce qui me surprenait : j'étais rarement tirée de mes torpeurs aussi vite.
Deviner les intentions de l'Inconnue ; échanger des regards nébuleux ; jouer à chat avec nos respirations : j'adorais ça. *Qui parlera la première ?* Avions-nous seulement besoin des mots, pour nous comprendre, ou pour ne pas nous comprendre ?
Avec ses pupilles, l'Inconnue était venue me prendre par la main, m'inviter à jouer et moi je l'avais suivie. Plus de méfiance, *ça peut sembler bête ; imprudent*. Mais tant pis.
Je crois que nous avons souri en même temps. Peut-être avions-nous des pensées identiques, comme synchronisées. Mes commissures se relevèrent davantage que les siennes, à cause de l'enivrement du moment, j'imagine. *Qui est-elle ?* Et pourquoi me fascinait-elle autant ? Nous étions bien différentes : mes iris détaillèrent son physique. Mon opposé, en quelque sorte ; brune aux yeux terre de sienne. Avions-nous quelques similitudes, pourtant ? *L'air désintéressé, peut-être. Confiant. Constamment blasé*. À quoi bon les chercher, ces similitudes ?
Peut-être parce que je souhaitais contempler un Reflet de moi. Pensée bien égoïste, mais foutrement vraie. Qu'admiraient les Autres lorsqu'ils me dévisageaient ? Critiquaient-ils, peut-être ? Oh, sûrement. Je pouvais enfin leur rendre la pareille, face à l'Inconnue qui se prenait mes regards scrutateurs en pleine face. Je crois qu'elle ne se faisait pas prier pour me les rendre. Je pouvais m'immerger toute entière dans les Reflets. Je m'immergeais actuellement dans son regard. Je comprenais peu à peu les choses.

Ses mots détruisirent mon sourire. Ce fut bref, et mes idées exaltées s'effondrèrent net.

« Excuse-moi. Je n'ai juste pas l'habitude de voir une Gryffondor étudier. »

Pour répondre à un problème, je me posais toujours des questions. Alors je m'étais trompée sur toute la ligne ? J'étais sincèrement déçue, d'elle, une énième Fille-Trompeuse à laquelle on ne pouvait pas faire confiance. Elle faisait bien de s'excuser, *il y a de quoi* pensé-je, agacée.
Juste parce que je travaillais, elle avait laissé traîner son regard sur moi. Et je vissais à présent le mien dans ses yeux ; pas question de la lâcher sans avoir obtenu... *quoi ? des explications ?. Oui, peut-être. Je voulais faire la lumière sur la part d'Ombre qui se tenait affalée devant moi. *Que veut-elle ?*.
J'étais prête à répliquer, de la voix caustique que j'employais lorsqu'on osait m'atteindre de cette façon. *Tu s'rais bien surprise de voir c'que j'peux faire d'autre*. Mh, basique, trop basique pour Elle. *Je vois qu'tu n'as pas de cavalier pour le Bal ; moi j'ai mes livres*. Je devais me convaincre que la Fille aux mots amers était toute autre que celle avec qui j'avais partagé le Silence. *Quitte à choisir entre ta présence et le Bal, j'préfère supporter des musiques insupportables*. Un truc complètement faux à dire, vite.

Forcément, quand on pense autant, les Autres parlent avant. Elle me musela en un clin d’œil, et je fus réduite à écouter ses mots.

*Une Serpentard se montrer acerbe...*. Oui, c'était possible ; c'était déjà oublié aussi. Je ne tenais pas à m'attarder sur leurs méchantes paroles.
Mais surtout, Elle se disait sur les nerfs. Pourquoi me sentais-je aussi rassurée ? Avec une telle envie de pardonner ? Mes yeux bleutés brillaient d'une envie d'indulgence. En fait, j'avais totalement oublié de poser un voile énigmatique sur eux ; ils exprimaient un regard naturel, un peu perdu. Ils voyaient que la Fille souriait. Ils lui rendirent son sourire.

« Possible. C'est... pas grave. Pour cette fois. lui dis-je, espiègle. Parce que... j'avais peut-être envie qu'il y ait d'autres fois. Parce que j'avais envie de lui montrer que je ne me laissais pas faire aussi facilement... mais que sa compagnie m'était agréable. À cause du Bal ? J'ai plus envie de travailler, on peut parler si tu veux. »

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29 juin 2020, 22:26
Corbeaux de la pénombre
L'inconnue me fait découvrir tout un panel d’émotion à travers son visage.
Impassibilité. Intrigue. Réel intérêt. Choc. Déception. Colère. Simple agressivité. Soulagement.
A plusieurs reprises, mon cœur manque un battement. D'abord parce que je pense qu'elle va s'en aller, et puis parce que j'ai peur de recevoir son bouquin dans le minois.
Bah, de toutes façons il n'est pas si mignon ce soir. Octavia tomberait dans les choux si elle voyait comment je suis attifée le soir du Grand Bal. J'ai tout de même troqué mon pyjama contre ma robe de sorcier, ce qui m'a demandé un effort surhumain.
Je me suis aussi forcée à ne pas passer ma soirée dans les cachots. Je me dis que j'ai bien fait lorsqu'elle m'annonce qu'elle me pardonne, pour cette fois.
Comme si nous nous connaissions déjà. Comme si elle n'était pas assez effrayée que pour ne pas oser me vanner. Comme si elle n'avait pas peur. C'est peut-être le cas, je m'autorise à penser.
Je crois rêver quand elle me sourit. Pas seulement à cause du geste, surtout parce que ce sourire est sincère, que je le sais. Il n'est pas poli, faux ou méfiant. Il est simplement là parce qu'il en a envie.
Il n'a pas l'air d'attendre quoi que ce soit en retour ,puisqu'il ne s'attarde pas et forme presque aussitôt des Mots.

Que j'ai du mal à saisir. J'aime bien la voix de ce sourire. J'aime bien sa voix, je m'étonne. Mais elle m'empêche de me concentrer. Elle n'est pas aussi aiguë que celle des autres élèves, elle est posée, douce, agréable à entendre. Je vois ses paroles flotter mais je ne plonge pas pour les saisir, c'est agréable sauf que ça m'angoisse un peu. J'aime tout contrôler. Elle continue à parler avec, on ne dirait pas que c'est celle d'une enfant. Je me demande si c'est la souffrance qui l'a forcée à se métamorphoser, à l'instar de la mienne.
Parfois, mes questionnements me surprennent. Pourquoi je pense à cela ? Peut-être parce que ma voix est suave et que je me demande souvent si elle est naturelle ou si je la force à se montrer glacée et mature. J'aimerais que celle de l'Inconnue soit naturelle.
En tout cas, on a presque plus envie de s'attarder sur son timbre que sur son contenu. Comme une enveloppe bien belle mais que l'on a pas envie de déchirer, pour ne pas l'abîmer.
Mais évidemment, je ne lui dis pas. Car j'en ai déjà assez fait et que moi, je me vexerais si on me complimentait de cette manière. Je préfère être intelligente que belle, mais ce n'est pas ce que j'aurais voulu lui dire.

Par tous les caleçons de Merlin, elle a fini sa phrase. J'essaie de me remémorer rapidement ce qu'elle a dit, mais rien ne vient et je continue à l'observer. J'essaie d'avoir l'air décontracté et aimable quand je lui réponds. Pourtant, je dois sembler aussi raidie qu'un piquet, je sens ces foutus muscles qui n'arrivent pas à se détendre. Puisque je ne sais même pas si elle m'a posé une question.

- Ah, ce fichu Bal .. je déclare.

Une pointe d'amertume a percé dans ma voix, mais j'espère qu'il faudrait mieux me connaître, avoir l'habitude de m'entendre parler, pour le comprendre.
A peine ai-je fini ma maigre phrase que je la trouve pathétique. Qu'est-ce qui me prend, à être si impulsive et peu confiante ?
Je ne veux pas me démolir. Devant personne. Mes nerfs s'échauffent un peu plus. J'ai espoir que c'est parce que l'Inconnue commence à me taper sur le système, mais je me rends vite compte que ce n'est pas le cas. Que la vérité, c'est que je m'en veux. De ne pas réussir à lui montrer la part de moi que je voudrais. Celle que je montre à ceux que je méprise ou que je veux impressionner, ces derniers étant rares. De lui exposer celle que je déteste, qui me fait honte.

- De toutes façons, ils vont s'ennuyer., je déclare.

Un fracas de verre brisé suivi de rires ponctue ce que je suis en train de dire, comme pour me donner tord. Comme pour me pousser à inviter l'Inconnue sur la piste de danse. Mais j'ignore superbement cette suggestion et de toutes manières, même dans une autre dimension, je ne ferais jamais ça. Ce n'est pas moi qui vais vers les gens, qui qu'ils soient. Une partie de moi espère tout de même que ça changera un jour.

- Et toi ? T'es du genre ennuyeuse ? l'Histoire de la Magie, tout ça .. Tu dois drôlement aimer ça pour l'étudier un jour de fête,dis-je en guise de diversion.

Je ne sais pas si je dis ça pour l'amuser, prendre le dessus, ou simplement lui faire oublier ma dernière remarque qui a été un échec. Mais je le dis, les yeux baissés sur son bouquin.
Dernière modification par Carmen Blackfall le 03 juil. 2020, 16:59, modifié 1 fois.

Qui n'a plus d'espoir n'aura plus de regret.
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02 juil. 2020, 22:31
Corbeaux de la pénombre
Elle n'a pas l'air très à l'aise. Parce qu'elle ne doit pas être à l'aise, alors forcément elle apparaît comme telle. Ou bien c'est juste un masque, *comme les miens*. Je rencontre rarement des gens “comme moi”. *Je rencontre rarement des gens, aussi*. Autant ne pas penser à cela, plutôt penser à l'Inconnue. Mais son masque m'interroge, comme si *encore une fois* je me retrouvais devant un Reflet de moi. Observant à loisir l'image que je pense renvoyer aux Autres. Dans ce cas, c'est très réussi. Je me félicite de cela, et ensuite je félicite la Fille mentalement.

La seconde question qui me vient, face à ce mal-être, c'est Pourquoi ?. Quelque chose doit influer sur elle. Quelque chose doit lui faire de l'effet. Et puis... *Moi ? Je lui fais de l'effet ?*. J'affiche un sourire en coin, amusée par cette idée. Je n'arrive pas à distinguer la nature de “l'effet”... *Je la rends curieuse ? Je l'intrigue ? Je l'impressionne ?* je tente avec une pointe de prétention.
Je doute avoir déjà mis quelqu'un dans un tel état, singulier et énigmatique à la fois. Mais ce n'est pas pour me déplaire. Pour tout dire, je suis contente d'être tombée sur cette Fille comme première Quelqu'un. Ce serait trop bête si Quelqu'un, *non, Fille* ne ressentait pas cela de son côté aussi. Mais comment lui arracher la réponse ?

« Ah, ce fichu bal... »

*Tiens*. Encore un point qui me relie en un Reflet. Ou plutôt, un point qui me relie à la Fille. C'était aisément prévisible : deux personnes se retrouvant là un soir de Bal ne peuvent qu'éprouver de la rancœur envers lui — *le Bal*. Enfin, c'est ce que je pense, c'est ce que je suis.
Elle doit avoir ses raisons pour détester ce bel évènement, mais les miennes sont trop compliquées pour que je puisse lui en parler. Alors je ne la questionne pas, non. J'imagine que nous passerons bien à autre chose, dans la conversation.
*Ils vont s'ennuyer...*. Possible. Et moi, me serais-je ennuyée si j'avais pris place parmi la foule ? Sûrement pas, j'aurai profité de la musique, du défilé, des danses... *J'l'aurais invitée, la Fille*.
Je cligne des yeux. La Pensée a surgi toute seule. Les évidences surgissent souvent toutes seules. *Elle se s'rait p'têtre pas ennuyée, avec moi*. Mon âme se plaît à le penser. Encore faut-il que la Fille aime dan... *mais j'la connais si peu !* je réalise. Cruelle Pensée qui a surgi là. Elle me force à me dire que je dois connaître ma partenaire si je veux partager des instants avec elle. *Mais moi je ne veux pas*. Je sais que je me serais sentie bien en sa compagnie, dans la Salle quelques étages plus haut, cela peut bien suffire ?

Les tintements des bris de verre résonnent finement à mes oreilles. Je me demande si j'ai le même rire que ces coupes qui se brisent. *Parce que, c'est bien ça qu'veut dire cristallin ?*. Me voilà dotée d'un rire de verre. *M'en fiche, tant qu'il est beau*.

*Du genre ennuyeuse ?*. Un éclat de rire cristallin s'envole. Mais il n'est pas moqueur, juste amusé par l'expression employée. J'aimerais bien lui faire lever les yeux, à la Fille : je sais que je ne tenterai pas d'y lire quoi que ce soit puisqu'elle m'offre déjà de son être dans ses mots. « Du genre ? Je souris franchement, dévoilant l'alignement de mes dents. Je ne sais pas si je suis d'un genre précis. Et puis, c'est pas à toi de le deviner ? » je l'interroge, taquine.

Mon menton vient se poser sur mon poing droit, s'appuyant sur mes doigts recourbés. « Tu t'ennuies ? » je demande, sur un ton plus léger qu'angoissé. Le sourire persiste. *Ah, la question*. J'allais l'oublier, mais j'aime parler à cette Fille alors je continue mon doux monologue. « Mais c'est vrai, j'aime bien l'Histoire de la Magie... » . Je me redresse, les yeux rivés sur ma plume avec laquelle je joue, d'un air désintéressé. « Et les Potions, côté pratique. » . *Mh, pas mal non plus les Potions*. Un euphémisme que voilà, c'est bien ma matière favorite. J'attends qu'elle dise quelques mots, qu'elle esquisse quelques gestes avant de me dévoiler davantage. Comme une chorégraphie perpétuelle : quand l'une s'arrête, l'autre entre dans la danse ; les deux s'admirent, les deux se jaugent.

these violent delights have violent ends

15 juil. 2020, 20:59
Corbeaux de la pénombre
Son rire semble s'envoler et s’élever toujours plus haut dans les méandres des hauts plafonds caractéristiques de Poudlard, puis se répercuter contre les murs boisés de la Salle d'étude.
Quelques têtes se tournent vers nous mais personne ne nous demande de faire moins de bruit, sûrement parce que ce serait déraisonnable un soir de Bal.
Je songe que si j'étais à la place des Autres, ce ne serait pas pour cette raison que je resterais muette. Ce serait pour son rire, clair et pur. Il laisse sans voix et donne envie de l'entendre à nouveau. Oui, c'est ça que les autres ont du se dire. Qu'il serait cruel d'arrêter si belle mélodie.
Et la Fille a l'air de ne pas s'en rendre compte le moins du monde. A l'instar de l'Oiseau à la tête du chevron, ne se retournant pas pour regarder ceux qui lui sont postérieur, elle ne l'a pas non plus fait pour voir la réaction de ceux qui nous entourent. Je réponds à son rire par un sourire timide.
Parce que je sais que le mien ne l'égalerait pas - il paraîtrait sûrement cynique - et que je n'arrive pas à me détendre. Elle me fait comprendre que c'est à moi d'apprendre à la connaître, pas à elle de se dévoiler. On joue encore. On se découvre par nos répliques. Au tout début de notre conversation, si ça avait été possible, j'aurais voulu continuer ainsi à l'infini. Mais désormais je veux plus m'en tenir aux phrases d'approche. Car c'est ça que nous faisons, nous nous approchons ? Je déglutis, elle, veut continuer de cette manière. Elle ne pense pas pouvoir se définir. Je la comprends, moi non plus, ma question était débile. Je me demande depuis combien de temps je me m'auto-dénigre quand elle me demande si je m'ennuie.

Je lève les yeux, brusquement. Je pensais que ça crevait les yeux. Non, surtout pas. plus maintenant que tu es là, je voudrais lui dire. Mais je ne le ferai pas. Pas tant que je ne comprendrai pas ce qui me pousse à penser ça. Pas tant que je ne la connaîtrai pas mieux. Que je ne serai pas certaine qu'elle ne fait pas partie des Autres. Je me demande contre quoi j'essaie encore de me protéger, puis je réalise que c'est contre moi-même. Contre mon instinct. Il n'a jamais crié aussi fort. Fonce tête baissée, tu peux faire confiance à cette fille, j'entends presque.
Et je ne peux me retenir, je me lance dans une succession de questions. Maladroites. Mais pas assez personnelles pour qu'elle refuse d'y répondre. Trop spéciales pour qu'elle puisse se contenter de réponses courtes. Je voudrais pourtant lui demander tellement plus, avant qu'elle file dans le vent, m'échappe comme une feuille d'un arbre mort. Je ne veux pas parler de moi avant de savoir qui elle est.

Son parfum de glace préféré. Un endroit où elle se sent bien. Où elle vit, d'ailleurs. Si elle a d'autres origines. La personne dont elle se sent la plus proche, chez elle. Sa date d'anniversaire. Si elle croit en l'Astrologie. Si elle rêve encore souvent la nuit. Une chanson qu'elle aime écouter, au cas où elle aime la musique. Une personnalité Magique qu'elle admire. En connaît-elle des moldues, d'ailleurs? J'espère pouvoir y déceler son Statut de Sang et ce qu'elle pense des nés-moldus - bien que je ne considère pas en être une - en le lui demandant mais elle n'en fait rien. Elle semble dans son élément, célébrité lors d'une interview agréable, car elle joue parfaitement le jeu. Elle répond parfois d'un air sérieux qui me fait rire et nous finissons par nous esclaffer de plus belle, ensemble. D'autres fois, je remarque qu'elle tique et me promets d'approfondir les sujets concernés lorsque nous nous connaîtrons mieux. Si nous nous revoyons encore. Le sourire qu'elle me lance lorsque je commence à m'en inquiéter me rassure aussitôt. Il faut croire que je commence à me détendre moi aussi. J'imagine qu'avoir une sorte de longueur d'avance sur elle m'aide à me sentir plus sûre de moi. Car que connait-elle de moi, alors que j'ai déjà commencé à la cerner, à la comprendre sous certains angles ?
Je dirais qu'au fond d'elle, elle aime les choses simples, même si la complexité l'attire. Qu'elle est plutôt terre-à-terre et qu'elle ne veut rien regretter, je la trouve un peu excentrique pourtant. Ses émotions semblent à la fois la broyer et faire fonctionner tout son Etre. Je crois entendre qu'elle tolère les autres seulement si elle les trouve intéressants, dans le cas contraire elle s'en va simplement, sans faire de vague. *Elle me trouve intéressante* je n'ai pu m'empêcher de penser. Mon cœur a pourtant failli rater un battement quelques instants plus tard, quand elle s'est éclipsé de la Salle sans explication. Mais elle est bien vite revenue, deux généreux verres de Jus de Citrouille en équilibre sur ses paumes, véritable hôtelière. J'ai souris, soulagée, et ai accepté le miens bien volontiers.
Désormais, alors que nous sirotons la boisson probablement la plus saine du buffet du Bal, il me semble que la plupart des Autres s'en sont allé. Quelqu'un s'est endormi sur son banc depuis un petit moment. Un peu plus loin, un garçon lit un livre et sourit face à ses pages de temps en temps, il me semble qu'il s'agit d'une bande dessinée moldue. Une fille franchit la porte de la Salle à l'instant pour s'en aller. L'inconnue et moi ne dérangeons plus personne. Et elle ne me dérange pas. Une première.
Je lui demande son nom en riant, choquée de ma maladresse. Alors que je lui ai quasiment demandé son groupe sanguin, je n'ai même pas pensé à l'appeler. Ça ne se révèle pas si important puisqu'elle refuse de me le donner. C'est pas à toi de le deviner? me taquine-t-elle à nouveau. Nous nous regardons de manière énigmatique face à cette référence, tant de choses ont changé ces dernières heures.

[Accord de la Plume pour faire agir Ruby]

Qui n'a plus d'espoir n'aura plus de regret.
Quand il est sans remède un chagrin est fini.

29 juil. 2020, 14:16
Corbeaux de la pénombre
Le Temps semble filer entre mes doigts à une vitesse fulgurante. Il serait vain de vouloir le rattraper, alors je tente de profiter au mieux des Instants passés avec cette Fille.
Fille qui ne semble pas s'ennuyer, au vu du regard surpris qu'elle me lance. *Merveilleux, moi non plus*. Alors autant profiter de cette soirée d'Halloween qui n'appartient plus qu'à nous. *Par quoi on commence ?* m'interroge mon esprit. J'ai peut-être une réponse. Je ne sais ce qui me retient de l'inviter à aller danser, je suis convaincue que c'est le bon moment pour cela. Nous sommes tout juste rapprochées, mais pas assez liées, et la danse pourrait remédier à cela. Mais alors que je m'apprête à me lever et lui tendre la main sans un mot, le regard espiègle et la bouche souriante, elle me coupe dans mon élan et prend la parole.
Un brin déçue, j'écoute pourtant ce qu'elle a à dire. Et ses mots me captivent de minute en minute. J'aime bien ce florilège de questions ; à vrai dire j'apprécie beaucoup que l'on me pose des questions. Cette sensation d'intérêt pour ma personne est à la fois rassurante et exaltante. Mais les Autres prennent trop peu souvent le temps de m'interroger sur quelque sujet. Un point de plus où ils savent me décevoir.

Alors je fais varier les inflexions de ma voix, entrant volontiers dans sa danse. « Oh, cassis ou framboise, ça me convient en général. » Je laisse parfois traîner mes mots, comme pour suspendre ce Moment délicieux. « Près du Lac, assurément. » Trouve-t-elle aussi que cet endroit dégage quelque chose de magique — c'est le mot ? Après coup, j'aurais aimé connaître les réponses à ses propres questions. Mais j'imagine que j'aurai bien d'autres occasions pour cela. Ou plutôt, je l'espère. « À Primrose Hill, au cœur de Londres ! » Un frisson me parcourt. D'un coup. *Et si elle y venait, un été ? un hiver ?*. Hébétée, je prends plus de temps pour répondre à la suite de son interrogatoire. « Non, je suis parfaitement anglaise. » Je me laisse agréablement porter dans le flot de ses mots. Mais certaines de ses phrases m'interpellent et je m'y heurte. « Oh, une personne dont... Peut-être Maman. En fait... Si, il y a Pearl, ma... seule amie à Londres. Mais elle est moldue, » *t'en fais pas* je rajouterais presque. « Dix-sept juillet ! » je m'exclame à moitié, trop enthousiaste parfois. J'espère que je ne l'effraie pas trop. *Ce s'rait bête*. Très bête. « Mh, ça dépend... Je trouve quand même ça fascinant. Et j'suis encore plus fascinée par les Étoiles, aussi. » Je connais peut-être davantage les Étoiles que cette Fille, mais ce n'est pas grave. À la place, je me force à chasser la pléthore de scénarii qui menacent de m'emporter. Ils sont bien beaux, pourtant, mes synopsis : y sont présents la Fille, les Étoiles et moi-même. « Oui, je rêve... Mes rêves n'ont pas grand sens, mais tant pis. » Tantôt je la fixe, tantôt mes yeux vadrouillent et s'égarent dans le Vide ou le Réel. *Et toi, à quoi tu rêves ?*. « Ruby Tuesday ! Des Rolling Stones, au cas où. » J'ai souvent le sourire aux lèvres, mais j'aime aussi déguiser mon visage d'airs solennels, quasi dramatiques comme je me complais à les jouer. « Une ? C'est trop dur ! Circé, Médée, ce genre de magicienne alors. Hécate. Oui, Hécate. Ou bien Miss Loewy, elle a fait de grandes choses. » Et moi, deviendrai-je une magicienne ? *Des Mots, de l'Âme, d'un Tout ou du Rien, d'Elle ou de Moi-même ?*. Qui Sait ? « Le Premier ministre Moldu ? » Je lâche ma réponse du bout des lèvres. Je m'y intéresse et en même temps je ne cherche pas à savoir. Il arrive parfois ces instants où l'on croit que l'autre nous a cernée, et *fracas*.
Ainsi nous continuons, mots dans les mots. Elle m'a sûrement posé toutes les questions imaginables et inimaginables, pourtant ce n'est jamais assez. L'Heure doit s'être avancée à un point affolant.
Je me lève, je reviens, je virevolte entre nos esprits et nos corps. Je lui offre, je reprends, et tout un tas d'autres invraisemblances qui prennent tout leur sens en moi. Je me sens bien.

Je me dévoile peut-être beaucoup trop, mais c'est la confiance qui fait ça. Quelque chose en cette Fille me prouve que je peux la lui accorder. Après tout, elle se démarque des Autres en restant avec moi. Elle n'est pas comme ceux qui fuient après quelques minutes passées en ma compagnie, ou se dérobent par quelque moyen idiot — *‘croient que je n'les vois pas*. Non, elle n'est pas comme ça. Je le ressens et je me demande bien comment j'arrive à le ressentir, tant son impassibilité est calculée. Encore un trait d'elle où je me retrouve. Étrange, vraiment étrange que deux Êtres comment nous soient amenés à nous rencontrer.

Et enfin, je m'autorise à penser que cette Fille est ma *première amie, à Poudlard*. Pourquoi, comment, je n'en sais rien. Mais je le sais, c'est bien tout ce qui m'importe. Deux longs mois de solitude forcée valaient bien le miracle de cette rencontre. Ça me fait une drôle de sensation au creux de l'âme, une boule de chaleur et d'apaisement je crois bien.

*Mon Nom ?*.

[...]

Fille, tu sais, parfois il n'y a pas besoin de Noms ou d'Appellations pour se comprendre. Ne vois-tu pas que c'est ce que nous faisons depuis le début ? Nous nous comprenons sans jamais trop parler, et pourtant c'est un vrai bonheur. Tu vois mieux, maintenant ? Tu le vois, dans mon regard ?
Mais rassure-toi, tu n'as rien brisé du tout en me posant cette ultime question. Je vais même te répondre. À ma manière. Je questionne enfin, à mon tour. Et tu verras que tout va bien.

« C'est pas à toi de le deviner ? »

Puis ma mine taquine disparaît, laissant place à un air plus sage et posé, pas moins sincère.
Je baisse les yeux, tordant le dernier coin de mon parchemin corné. Est-ce la gêne qui m'envahit, la sensation d'exposer mes émotions les plus intimes à cette Presqu'inconnue ? Alors que je lui ai probablement déjà tout dit de moi, je découvre qu'il me reste encore des choses à lui offrir. De jolies choses. Il est temps de me lancer, et de laisser planer mes mots pour qu'elle les cueille à temps.

« Je t'aime bien, tu sais. Tu n'es pas comme tous les autres, tu es... Je passe brièvement ma langue sur ma lèvre, cherchant mes mots. Mieux. Moi aussi, je crois que je n'aime pas être comme eux. On s'est bien trouvées, » je conclus, souriante. Et enfin, je me décide à poser la question ; à l'inviter à valser.

« Tu dan... »

Un bruit plus que strident m'interrompt. Crissement, hurlement ou autre chose encore, je ne saurais déterminer sa nature.
L'atmosphère a changé, je crois, depuis un petit moment déjà. Je ne m'en étais pas aperçue, trop absorbée par la Fille et son aura spéciale. Tout semble pourtant différent, si l'on jette un œil plus attentif. Différent pour moi, mais pas seulement : pour tout Poudlard, désormais.

« Qu'est-ce que c'était ? Qu'est-ce qui se passe ? »

these violent delights have violent ends

05 oct. 2020, 19:54
Corbeaux de la pénombre
Le coin de son parchemin. Elle le courbe de la chaleur de ses doigts, d'une distraite habileté. Qui me fascine, évidemment. Comme si je n'étais déjà pas tombée assez bas. Elle le façonne. Comme elle semble être naturellement prompte à le faire avec .. à peu près tout ce qui l'entoure. Tout un chacun a-t-il cet effet sur le Monde ? Ne l'ai-je perçu chez Elle parce que .. elle est *Elle* ?
Je remarque le renfoncement de sa silhouette qui a eu le temps de creuser les coussins du canapé. La légère trace de semelle qu'elle a déposé sur le Bois. Pourrait-elle aussi me façonner, un jour ? Là, tout de suite, je ne sais pas si c'est ce que je veux ou si c'est précisément ce qui m'effraie chez elle.
*A moins que ça ne soit déjà fait ?* Suis-je la même qu'il y a trois heures ? Je remarque tout juste qu'une angoisse sourde tente de s'insinuer en moi. Mais, *bon ou dangereux ?*, elle est trop vite anesthésiée par l'effet de la Fille. Car elle restera Fille jusqu'à ce qu'elle décide qu'il en soit autrement. Ou que j'insiste. Ce que je ne ferai pas. Je préfère me laisser dériver dans ces eaux troubles et pourtant si agréables qui me guident depuis tantôt. Calme. Ma seule certitude est que nous pagayons à deux. Pourtant .. la désagréable impression que c'est elle qui nous Mène. Dépendance. Danger.

Non. Que mon auto-préservation ne gâche pas tout. Note, je n'ai pas le souvenir de m'en être déjà inquiétée un jour. D'avoir eu peur de gâcher quoi que ce soit. Rien n'en vaut jamais la peine. Sauf que dans l'immédiat, il me semble presque que rien n'a jamais eu plus d'importance que notre échange. *Maudite mémoire*, je tente de me rassurer.
Mais ce qui est sûr, qui n'est pas niable lorsqu'on est suffisamment honnête avec soi-même, c'est que de tout cœur, je ne veux pas avoir peur d'elle.
D'abord, parce que cela fait un petit temps que mon mode comportemental entier repose sur la Peur, l’Indifférence pour du moins, que je décide d'infliger aux autres, et pas sur l'exact opposé.
Ensuite, parce que ça m’empêcherait de la revoir. Souvent. Trop souvent. Plus souvent qu'il ne le faudrait. Alors, je ferme les yeux et me force à croire en une Autre Réalité. *Pas si impossible*, j'ose spéculer. Sans savoir si j'y crois. Si j'en nourris seulement un espoir. Je rêve.
Sur le Fleuve, Elle aussi pense se reposer sur mes talents de guide. Mieux, elle n'a même pas peur que ce soit le cas. Elle s'en réjoui. A mon opposé. *J'voudrais pouvoir ressentir la même chose*, pas de doute à le manière dont je m'en réjouis à mon tour. Sauf que je ne peux pas. Si elle est solaire et mesurée, je reste sauvage, trop méfiante et instinctive pour ça. Je pourrais m’échapper par inattention, à une vitesse si fulgurante que je ne m'en rendrais même pas compte. Je me déteste rien qu'à cette idée. Cela ne change cependant rien au fait que je le voudrais. Vraiment. *Elle m'a contaminée* et pourtant, je souris. J'accepte l'Inconnu qu'elle insinue en moi.

Ai-je l'air ailleurs ? Et elle, que paraît-elle ? Je l'observe, elle se mord la lèvre inférieure. Un point commun. Enfin, je souffle. J'ai peut-être un peu de sa lumière. Sauf qu'elle .. s'éteint. Mon mutisme l'a-t-elle effrayée ? A moins qu'elle n'ai simplement enfin ouvert les yeux ? Si tels en sont les effets, j'aurais préféré qu'elle reste aveugle. Comme elle a l'air depuis tantôt à mon propos.
Le silence si agréable alors que je rêvais s'éternise. Et ma théorie de l'angoisse commence à se confirmer. Je m'apprête à lui demander si elle préfère que je m'en aille. Positif ; habituellement, je m'en serais simplement allée. Négatif ; toujours aussi préservatrice et aux aguets.
Sauf qu'elle me devance.


Je t'aime bien, tu sais.
Je me détends, si rapidement que c'en est presque douloureux. Et me crispe à nouveau.
Le problème, c'est que je t'aime plus, mais moins bien. Trop peur pour moi.

Tu n'es pas comme les autres, tu es ..
Je ne le suis pas, c'est vrai. Toi encore moins, Fille.
A moins qu'ils ne soient pas si détestables que je me l'imagine.
Tu ne peux pas être de leur espèce, ça gâcherait tout. Encore.
Sauf que je le sais, tu ne gâcheras jamais rien. Pourquoi en suis-je si sûre ?
Tu cherches tes mots en effleurant tes lèvres, naturelle.
Toutes deux à l'état sauvage. Et si différemment, pourtant.

Mieux.
Tu te trompes. Pas mieux pour toi. Et si je t’obscurcissais ?
Et si, de toutes manières, tu ne me laissais pas le temps de le faire ?
Ça m'attriste et me rassure à la fois. Cacophonie d’Émotions. Qui es-tu ?
Certitude, rien ne t'enténébrera jamais.

Moi aussi, je crois que je n'aime pas être comme eux.
Et moi, le voudrais-je, si ça pouvait faire tout disparaître ?
Douleur. Solitude. Différence si évidente, comparée à eux.
J'imagine que non. Que je ne pourrais jamais le souhaiter.
En pouvant si facilement comprendre les Autres,
Il est difficile de ne pas se rendre compte d'à quel point ils sont ..
Rudimentaires. Si identiquement rudimentaires.
C'est terrible.

On s'est bien trouvées.
J'aimerais tant que ce soit le cas. Peut-être l'est-ce ?
Pourrais-je repousser mes idées noires pour Elle ?
Pour préserver sa Pureté ?
Qu'est-ce qui me dit que je ne suis pas Pure .. ?
Tout
, me hurle la raison. Tu ne pourras jamais la garder intacte.
On peut toujours essayer, je lui rétorque.

- Non, je dis fermement. Trop. Tu .. c'est toi qui es .., je continue, un peu mieux sur le ton de la conversation.

Que lui dire ? Pour éviter de me mettre en position de faiblesse ? De pousser à s'accrocher aux mauvaises choses ? Et - côté égoïste si proéminent - .. sans la faire fuir ?
Je baisse les yeux, abattue par mes démons.
Auto-préservation, égoïsme & Peur pour Elle.
Que j'ajoute à ma petite liste.
Fera-t-elle désormais partie de mes faiblesse ?
*Bon ou mauvais ?* , je me questionne à nouveau.
A double tranchant, je conclus.
Pourquoi mon cœur me dit-il que toutes les lames vaudraient bien cet échange ?
Malsain. Agréable. Amitié ?

Elle se remet à parler, et c'est si agréable quand elle s'y met.
Je ne l'entends pas, ne vois qu'une ébauche de sourire sur ses lèvres car ..
Fracas rocailleux, Hurlements, bruits lointain de sortilèges.
Mon sang ne fait qu'un tour et j'ai déjà envisagé milles manières de décamper.
Si c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Et .. Fille a disparu de mon esprit quelques secondes.
J'étais prête à partir sans elle, si je ne m'étais pas questionnée quand à la nécessité ou non de de se déplacer, je ne me serais même pas tournée vers Elle.
Sauf qu'une fois le carnage terminé - et ça m'en a tout l'air d'être un - je sais que je ne pourrais supporter de la voir laisser ainsi. C'est avec elle que je veux me mettre à l'abris.
Je ne sais pas vraiment si je compte lui demander son avis.
Je la prends par la main. Si fort que les jointures de mes doigts blanchissent.
Ce n'est pas pour la rassurer, je ne suis pas comme ça.
Je veux juste m'assurer que je l'aurai sous les yeux.
Un moyen de pouvoir la traîner derrière moi s'il le faut.
Je regarde les alentours.
Observation du milieu.
Pas le temps de réfléchir à la meilleure stratégie.
Instinct pur, ne m'a jamais fait de coup bas.
C'est moi qui mène notre douce barquette désormais.

Qui n'a plus d'espoir n'aura plus de regret.
Quand il est sans remède un chagrin est fini.