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11 avr. 2020, 12:58
 OS  Une découverte terrifiante (2)
13 Mai 2043

Précédemment...

Lors du dîner à la Grande Salle, jamais les camarades de Clément Downing n'avaient pu voir le garçon aussi heureux - ce qui, étant donné le caractère du garçon, n'était pas peu dire. Il avait été souriant du début à la fin, se prêtant même à l'exercice de complimenter les résultats de ses camarades alors qu'en temps normal, il n'aurait jamais qualifié de « Pas mal », « Oh c'est bien » des performances qu'il jugeait plutôt médiocre. Son esprit n'était pas avec les enfants de son âge, mais perdu dans la remémoration des lettres qu'il avait reçu plus tôt dans la journée.

Une seule occupait principalement les pensées du garçon : celle que lui avait écrite son père. Il n'y avait cette fois-ci pas d'histoires sur les incroyables aventures qu'il vivait en Asie Orientale, mais les mots qui avaient été inscrits à l'encre noire dessus étaient bien plus chers aux yeux du gamin. D'aussi loin qu'il pouvait s'en rappeler, jamais son père n'avait pu être aussi conciliant, montrer autant d'affections - autant qu'on peut en montrer au travers d'une lettre - et le féliciter. Habituellement, les excellents résultats de Clément étaient normaux à ses yeux et des performances plus basses étaient intolérables. Le Première Année flottait sur un petit nuage, tout était parfait - sans doute un peu trop pour que ce soit réel, mais il était bien trop aveuglé par cet élan de tendresse qu'il n'avait jamais reçu de sa part.


À la fin du dîner, il n'eut pas besoin de repasser par la salle commune puisqu'il avait déjà avec lui toutes les affaires dont il aurait besoin pour la soirée. Ainsi, Clément se dirigea tout seul en direction d'une salle d'études dans l'optique de réviser quelques heures pour des examens de fin d'années qui n'allaient pas tarder à arriver. Après avoir grimpé en vitesse les deux étages qui le séparaient de sa salle d'études préférée - il l'appréciait puisqu'elle se trouvait suffisamment loin des salles communes et étaient ainsi moins peuplée que les autres -, Downing déposa son cartable et le colis qu'il avait reçu dans la journée sur un coin de la table. Après avoir étalé son manuel de métamorphose et ses parchemins sur la table, il se saisit du paquet de friandises et commence à en dévorer plusieurs.

Pendant une bonne heure, le garçon alterne entre le griffonnage de notes avec sa plume noire et le grignotage de sucreries. Bien que ce jour était spécial pour lui, le seul répit qu'il s'accordait était celui de manger ses bonbons préférés. Seulement, il ne toucha pas aux fondants du chaudron. Il était bien trop tard pour en manger, il attendrait le lendemain pour pouvoir les engloutir car après tout, il ne jurait que par ça. Pour faire une pause entre deux matières - il souhaitait changer de matières et passer à son devoir de Potions pour ne pas devenir fou à travailler sur le même enseignement -, Clément se leva de la table puis s'étira.

Son attention fut attirée par les enveloppes qui dépassaient du carton de son colis. Depuis sa visite plus tôt dans la journée à la volière, le garçon ne les avait pas relues. À cet instant précis, il oublia tout le travail qu'il lui restait à faire et plongea comme un faucon sur sa proie vers les lettres. Il ne lui fallut guère plus de deux secondes pour retrouver celle qui l'intéressait le plus : celle de son père. Durant plus de cinq minutes, Clément lu et relu la lettre comme si il voulait imprégner chacun des mots pour l'éternité dans sa tête. L'émotion qui le traversait en lisant cette lettre était si incroyable qu'il se surprit même à sourire de manière béate.

Il reposa précieusement la lettre dans le carton et se saisit de la suivante. Il s'agissait de celle que lui avait écrite sa mère. Seulement cette fois-ci, le Gryffondor ne lut pas la lettre plusieurs fois. D'ailleurs, il ne la lut même pas entièrement, arrêtant sa lecture brusquement en plein milieu lorsqu'il remarqua la boucle qu'avait formé sa mère à la fin de la lettre « w ». La même boucle avait été présente sur chacun des w présents dans la lettre de son père.

Le sang monta à la tête de Clément qui se saisit de la lettre de son père avec la main gauche et garda celle de sa mère dans la main droite. Mettant les deux écrits à côté, il fut stupéfait de constater que l'écriture était identique. La terrible vérité fit alors sa place dans l'esprit du Première Année. Ce n'était pas son père qui lui avait écrit ces lettres. Il se moquait royalement de donner des nouvelles à son fils aîné. Tout ce qui lui importait était lui et la réputation de la famille. Et Clarisse Downing n'avait même pas essayé de changer son écriture pour duper son fils. Elle n'avait même pas pris cette peine, pensant sans doute qu'il était bien trop stupide pour s'en rendre compte. En même temps, c'était vrai. Clément avait été bien incapable de reconnaître l'écriture de sa propre mère lors des précédentes lettres. Jamais son père ne lui avait écrit.

Le poids de cette découverte terrifiante s'insinua dans tous les pores du garçon. Il tenait à bout de bras les deux lettres, parcourant du regard chacune des deux lettres à tour de rôle. Reculant doucement jusqu'à ce que ses épaules frôlent le mur, son monde s'écroulait autour de la supercherie mise en place par sa mère. Ses jambes le lâchèrent sous le poids des sentiments, et il se mit à sangloter là, contre son mur. Sa réaction était sans doute disproportionnée - mais un cœur meurtri ne pouvait qu'ignorer la raison. Le garçon venait d'être blessé dans son orgueil par des personnes en qui il avait toujours eu confiance. Un dogme venait de s'écrouler. Non, les adultes n'étaient pas des êtres parfaits, irréprochables. Ils cachaient seulement mieux leurs affreux visages derrière des masques d’apparat.

Clément Downing | 3ème année
"Le succès ne s'explique pas, l'échec ne s'excuse pas." N. Bonaparte