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26 févr. 2019, 16:44
Authentiques Enfants
Je serais capable de sortir de cette salle et de gueuler dans les couloirs. Traverser les murs et renverser les chaises et les tables. Pousser les Autres et admirer leur face misérable. Je pourrais monter tout là-Haut, trouver Loewy et lui dire que je la déteste d’être si belle, si grande, si puissante. Je pourrais aller tout là-Bas et gueuler à Charlie qu’elle n’est rien même si elle est tout. Je pourrais descendre au plus profond de ce château et affronter les sous-sols, faire choir les armures de l’Allée-des-armures ; arracher le Calmar de son antre et l’obliger à Être pour moi. Par Merlin, je pourrais aller jusqu’en Chine pour crier à Chu-jung que je ne suis pas jalouse ! Lui dire qu’il est un idiot.
Je pourrais faire tout cela, et plus encore. Créer un golem de pierre plus grand encore que celui de Nyakane, obliger Zikomo à ne pas m’abandonner, ordonner à ma famille de me comprendre.
Je serais capable de tout cela. Je me sens capable de tout. Je pourrais exploser tant je m’en sens capable.

La force coule dans mes veines, s’inscrit dans mon sourire et dans mon dos droit. Elle est si puissante qu’elle recouvre ma peau de frissons. Par Merlin, je suis grande. *Trop forte*. Je me sens invincible, immortelle. Et lui, le petit enfant-roi, il ne peut rien être parce que ma bave est sur son visage et, par tous les Mages, j’ai envie d’exploser de rire tant mon geste est une réussite. Tant le défi dans les yeux de l’Autre est ridicule. En a-t-il conscience ? A-t-il seulement conscience de la puissance qui coule dans mes veines, de l’explosion qui fait trembler mon coeur ? Sa rébellion de despote n’est rien face à moi. Le roi destitué est pitoyable. Qu’il pleure ! Je n’en serais que plus grande.

Le sentiment de puissance que je ressens est tel que j’en tremble. Mes jambes flageolent et mon sourire ressemble d’avantage à une grimace. Quand l’Autre se permet de sourire, je n’en suis que plus dégoutée. Je sais ce qu’il est en train de faire, je sais qu’il cherche à retrouver sa place, à m’écraser et me soumettre. De son pauvre petit sourire moqueur. Mais je ne suis pas dupe. Je vois. Je vois derrière les lèvres la peur et la brûlure de la honte. Je la vois, car je l’ai ressenti tant de fois. Il y a un instant à peine, j’étais ainsi ; lorsque le doigt me soumettait à sa Loi. Alors je sais que son sourire n’a rien de réel.
Il ne peut altérer ma grandeur.
Mon sourire s’affirme, lui aussi. Je n’ai même plus envie de me reculer. Même si ma tête hurle. Je ne veux plus m’éloigner, car cela serait me diminuer. Non, je reste pour être grande — parce que je suis grande. Même si ma tête hurle.

« Tu gueules encore, » sourit le Destitué, essayant en vain de se grandir. Nos yeux ne se quittent plus. Son bleu ne me fait plus rien. « Aelle Bristyle. »

Ah ! L’enfant attaque, mais si mon coeur frémit d’injustice devant cette utilisation de ce que je suis, mon corps lui, ne répond pas. Il n’y a que mes poings, tout en bas de mes bras, pour se serrer brièvement en entendant ce nom et ce prénom dans sa bouche de petit con. Je devrais être folle pour ne pas remarquer que son attaque a ébranlé ma Pleine-Puissance. Alors, pour être sûr qu’il ne se doute de rien, je me grandis. Je me fais plus droite encore et je lève mon menton, regardant l’Autre en baissant mon regard au maximum ; c’est comme cela que l’on regarde les moins-que-rien, j’en suis persuadé.

Il n’est pas plus grand chose maintenant qu’avant d’avoir parlé. Il me connaît, je le sais, mais je n’ai pas besoin de connaître son nom pour l’anéantir. Avec son doigt et ses connaissances, il croit se présenter comme un ennemi de taille. Mais tout ce qu’il est, c’est un idiot qui se fait cracher au visage. Alors quand il recule, mon sourire se flétrit pour laisser place à une moue de dégoût. L’enfant-roi-destitué me fait pitié. *C’est ça, la pitié ?*. C’est donc ça de ressentir un dégoût profond pour une autre personne ? Ce sentiment qui s’installe dans mes tripes et qui est si fort que je n’ai même pas envie de dégueuler.

En même temps qu’il s’éloigne, il rapetissit. Mais, contrairement à ce que je pensais, je n’en suis pas plus grande. Ma puissance ne flamboie pas autour de moi, comme je m’attendais à ce qu’elle le fasse. Elle est juste là, quelque part au fond de mon corps, luttant pour exister alors qu’elle n’a plus rien à quoi se raccrocher. Car l’Autre s’étant éloigné, c’est comme si elle n’avait plus de raison d’être. Je suis forcée de la nourrir. De me dire : elle est encore là, j’suis encore forte. Sans cela, je crois qu’il ne resterait rien du tout.

Puis le garçon ouvre la bouche. Une ouverture tremblante.
Je me dis : *il va encore essayer d’paraître grand*. Cet abruti. Je suis contente. Quand il le fera, je pourrais me moquer. Il ne restera plus rien de lui. N’est-ce pas ?

« T’as… » Il bafouille déjà. Bafouille, bafouille ! C’est peut-être ta seule arme. « … déjà eu un ami ? » Enfin ! Je vais t’écrabouiller, sombre con.
J’ai tout juste le temps d’ouvrir la bouche avant que ses mots me frappent.
*Quoi ?*
*Dis pas ça*
*DIS PAS ÇA !*
La scène se joue une nouvelle fois. L’enfant parle : « T’as déjà eu un ami ? ». Cette fois-ci, je Vois. Je vois que la rébellion ne s’inscrit plus sur ses traits, que ses yeux ne fondent plus sous la colère.
Mais à quoi cela me sert-il de comprendre ?
Le mal est fait.
Je ne comprends pas pourquoi. Mon coeur se serre. Ma tête se tourne vers le mur. La force de mes poings s’envole en même temps que mon sentiment de Toute-Puissance me quitte. Sans lui, je suis nue. Nue devant l’Autre.

Nue, je ne ressemble plus à rien. C’est si soudain, que ma mâchoire tombe et mes lèvres s’entrouvrent. Tout à coup, je me sens plus minable que jamais. Je passe du vol au crash. Je m’éclate sur le sol et la douleur se fait ressentir dans toute ma tête : la honte, la colère, le dégoût, le désespoir, la honte, la honte la honte la honte.
Que m’a-t-elle dit, déjà ?
Je ne sais plus.
SI ! Que t’a-t-elle dit ?
Je…
Les mots, tu les as. Ils tournent dans ta tête quand tu marches dans les couloirs, ils se fondent dans tes yeux quand tu regardes le noir du soir, dans ton lit, ils résonnent dans tes oreilles quand tu mens à Zakary, ils sont partout autour de toi quand tu crois que tu ne les entends pas. Tu te les répètes sans cesse, même si tu te forces à l’oublier, quand tu vois Ebony de loin. Tu te les répètes avec plus de force quand tu l’as eu rejoint à une table pour étudier. Et encore et encore et encore quand tu aperçois Gil’Sayan. Tu les connais les mots. Alors, que t’as dis Cassandre Mcwood ?
« Des amis, tu n’en as jamais eu. »

Desamistun’enasjamaiseu. Je peux enlever les virgules et les espaces, manger les mots et les recracher, le sens restera la même. Je peux faire ce que je veux, ces paroles me feront toujours mal sans que je n’en comprenne la raison. Aujourd’hui, c’est la même chose. J’ai mal, tandis que mes yeux fuient ceux du destit… de l’enfant-Roi. J’ai mal tout au fond de mon coeur. Je suis si petite, tout à coup, que la douleur ne peut qu’être énorme.
Alors je ne peux m’empêcher de chercher à comprendre. De me défendre : je me fous des Autres. Les amis, c’est rien. C’est comme exister sans pouvoir regarder : c’est inutile. Je n’ai jamais manqué d’amis. *Jamais eu b’soin d’en avoir !*. C’est vrai, ça ! Les amis, ce ne sont que des Autres. C’est un mot aussi inutile que dire je t’aime. Ce sont des mots, des lettres inutiles, des concepts qui ne servent à rien. Je peux dire mille fois que j’ai des amis, si je veux ! Tu m’entends, petit con de Destitué ? Je pourrais le dire ! Et tu sais pourquoi j’le dis pas ? Parce que ça ne veut. Rien. Dire ! Parce que les amis et les Autres, c’est la même chose, des mensonges.
Des mensonges, c’est des mensonges.
Tous !
Ebony, c’est un putain de mensonge ! *J’l’aime pas, façon. M’serre à rien !* Si elle était pas dans le château, je ne le remarquerais même parce qu’elle elle ne m’apporte rien.
Thalia ? Gil’Sayan ? Rien du tout. Mensonge. Horrible mensonge. Comme les Autres. Je ne dois rien attendre, rien ! Rien !
Charlie. Même pas la force de mettre un mot sur elle ; elle passe fugacement dans ma tête avant que je ne l’y déloge.
Les Autres sont tous des mensonges, qu’ils soient plus intéressants que d’autres ou non. Tous des mensonges.

Ma gueule s’est transformée. Je ne brille plus de rien du tout, je ne sais même pas ce qui s’inscrit sur mes traits. Je sais juste qu’une moue me déforme et qu’elle a un goût horrible.
Je sais juste qu’une boule d’émotion m’étouffe, qu’elle est au niveau de ma gorge et qu’elle m’empêche de parler.
Je sais juste que je respire bruyamment. Que mes épaules se soulèvent et s’abaissent ; et se soulèvent et s’abaissent encore.
Je sais seulement que je gueule dans ma tête. Je gueule à Thalia, je gueule à Ebony, je gueule à Charlie, je gueule à tous les Autres, à tout ceux à qui j’ai pensé, un jour, sans leur donner le statut d’Autre.
Je leur gueule qu’ils ne me servent pas.
Qu’ils ne sont rien.
Je gueule pour empêcher mon coeur de me parler. Ce qu’il veut me dire n’a aucune importance.

02 mars 2019, 17:38
Authentiques Enfants
Déjà tout s’enchaîne. La suite brille dans un coin de la tête du garçon. « Nan parce que moi je pourrais bien hein... »
Mais il y eu ce cri. Et puis plus rien.

Je ne sais plus... Je ne sais pas. Saurais je un jour Pourquoi? Pourquoi diable cette phrase est sortie? Pourquoi je me suis surpris à éprouver un tant soit peu d’amitié pour cette... cette... gamine!? Et par Merlin! Pourquoi suis-je simplement entré!!?

Je sais simplement que je m’écroule intérieurement. Qu’un cri interminable résonne dans ma tête. Ça je sais pourquoi.

Son Regard.



Noir. De noir il passe au Noir. Il a brillé un instant, le gamin le sait, il l’a vu... Mais le voilà boueux, marécage de ténèbres, noir, noir, Noir...
Le Regard se détourne mais Saul reste braqué sur ces yeux. Ces yeux qui lui rappellent tant ceux de Tarann. Ils sont si différents... Mais ils se ressemblent bien trop par leur étrangeté pour ne pas s’en rendre compte. Les uns verts, dragons de jade. Les autres noirs, Noirs.
Frisson.
Il se rappelle encore trop bien de sa chute dans le puit immense du regard de la Tempête. Dans celui d’Aelle... il se noie. Il se noie et il s’embourbe.
J’aime pas ses yeux.
Non, pas du tout. Les Siens lui font peur mais ceux d’Aelle...
Inspirant soudain, Saul se détourna, fixant résolument son regard sur un point perdu dans le parquet glacé. Les flammes lui rongeaient les joues. Les joues, les mains, le cœur... Il brûlait dans ses flammes. Le gamin n’attendait plus qu’une chose, la parole glacée de la fille. Ses poings se serrèrent.
Éteins l’incendie.

...

Libère moi!! Je t’en prie!

...

Ses mains pressaient maintenant sa robe à s’en blanchir les jointures. Pourquoi ne répondait elle pas?...
Son regard brûlant se leva soudainement.
Libère m- !
Froid.

Dans ses yeux bleus, les flammes se tarirent. Ses poings, peu à peu se relâchèrent. Le feu était retourné dans ses joues.
A... Aelle?
Bam. Dans son cœur, le feu le brûle, le brûle, le brûle...
Devant lui se tient plus qu’elle ne se dresse la jeune fille. Décomposée. Perdue.
Ses yeux, semblables à ceux d’un chat dans la nuit fixent le vide derrière lui. Le ratent de si peu qu’il sent leur souffle sur sa joues droite. Il le sent, il sombrerait dans le Néant si il se risquait à un pas de côté.
Sa mâchoire est si crispée, si déformée, qu’elle pourrait être celle d’une statue de granite.
Le sifflement lui parvient. Lui qui pensait que ses oreilles lui jouaient le coup... Rien ne provient de sa tête qu’un martèlement sourd et incessant. Le sifflement est celui de cette fille, cette forme, qui semble contenir un obscurial en elle. Son souffle.
Qu’est ce que...
Un pas le pousse en avant, sa bouche s’ouvre pour la héler. Mais il s’arrête. Ses ongles viennent s’incruster à sa paume.

Aelle détruit Tarann. Amis détruit Aelle.
Pourquoi?
Aelle créé le vent, la Tempête. Aelle créé et détruit Tarann.
Amis créé Aelle? Amis ou...
Ami ou Aucun Ami?
Non.
Aelle créé Tarann. Pas Elle, juste Tarann.
Aucun Ami créé le Marécage. Pas Aelle.

Pardon.


- Pardon. Je... voulais pas te faire du mal.

Sa voix lui est si étrangère. Faible. Pourtant elle résonne partout dans la Salle de Bal.

- Mais toi... Toi tu fais du mal à Tarann. Faut pas faire du mal à Tarann. Faut pas la dé... la détruire.

La tornade de feu dans le cœur de Saul enfla. Il ne pleura pas mais il lui semblait qu’il débordait de lave à l’intérieur. Le murmure transcendait tout. La glace, le froid, la haine d’Aelle. Il n’entendait même plus son sifflement. Tarann résonnait encore et encore dans son esprit.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

07 mars 2019, 10:39
Authentiques Enfants
D’un mouvement, il m’arrache au mur que je transperce de mon regard. Je le regarde comme un animal le regarderait ; mon visage brûle de rancoeur et mon souffle de sa blessure. Je peine à contrôler les traits de mon visage. J’aimerais lui présenter une face vide, à ce gamin, une face sans profondeur, un visage sans traits. J’aimerais qu’il voit que ses mots ne m’ont pas touché, que ses paroles n’auront jamais aucun effet sur moi. Mais mon visage dégouline de ma douleur et il m’est impossible de l’effacer. Impossible de ne pas me faire embarquer par la folie de mes pensées, de ne pas me faire frapper par la frénésie de mon coeur. Alors je le regarde et je me sens traquée par les yeux qu’il pose sur moi. Le pas qu’il fait en avant est une attaque, la bouche qui s’ouvre est le coup de grâce. Mon coeur me frappe si fort à cet instant que je fais la seule chose que je suis encore capable de faire : je croise mes bras contre ma poitrine pour empêcher de le Monstre de la Réalité de me bouffer.

Le coup me frappe violemment : « Pardon. Je… voulais pas te faire du mal. »

Ses mots sont comme mille épées qu’il m’enfonce dans le bide. Chacune d’elle représente des espoirs impossibles. Celle de Charlie me fait particulièrement mal ; celle de Thalia manque de me foutre à terre. Mais celle que je sens le plus, c’est celle de Zakary. Elle se plante dans mon coeur et tout à coup, j’ai envie de le détester ce Grand-con-qui-n’en-est-plus-un. Je prends une respiration tremblante et je me tourne pour cacher le sourire dégoûté qui s’installe sur mes lèvres. Je me tourne et fais quelques pas tremblant dans la pièce, comme pour retrouver consistance avec moi-même.
Un pas pour me rappeler que je ne suis pas seule.
Un second pour m’imposer l’idée qu’un inconnu ne peut certainement pas avoir tant d’effet sur moi.
Un troisième pour vider ma tête de ce qui n’existe pas encore.
Un quatrième pour me rendre compte que je n’y parviens pas.
Je ne sais pas ce qu’il se passe dans mon corps. Mes tripes me brûlent comme si j’allais hurler et mon estomac se serre comme si j’allais vomir. Et mon coeur, lui, se tord comme si j’allais pleurer. Je m’imagine tantôt courir pour fracasser l’enfant-Roi, tantôt m’enfuir loin de lui. Loin. Loin.

C’est ça.
*J’me casse*
L’idée est si brillante que je me retourne vers l’Autre ; un but à l’esprit, le reste n’a plus d’importance. Il faut que je parte d’ici maintenant. Tout de suite. Et plus jamais, plus jamais je ne devais revoir ce garçon. N’est-ce pas ? C’était aussi simple ? Ne plus le revoir m’enlèvera tout ce qui grouille en moi, j’en suis persuadée.
Je fouille le sol du regard et aperçois mon sac à quelques pas du garçon. Mais je n’ai pas le temps de le rejoindre que le Roi attaque ; je me tends naturellement en entendant sa voix, persuadée qu’elle me fera mal, encore. Une lassitude renversante me frappe. Je ne veux plus penser à ça. Je ne veux plus.

« Mais toi…, commença la Voix-qui-fait-mal, toi tu fais du mal à Tarann. Faut pas faire du mal à Tarann. Faut pas la dé… la détruire. »

J’ai envie de pleurer.
Mes yeux me piquent.
J’ai envie de crier ; je préfèrerais même voir Chu-jung plutôt que de faire face aux paroles de cet enfant. Il connaît des choses qui me font peur, c’est indéniable. Mais moi, je ne veux pas savoir. Moi, je me fous de détruire. Peut-il seulement comprendre ? J’en ai rien à foutre de son Tarann, rien à foutre de sa colère, rien à foutre de ses excuses. Moi, j’ai envie de disparaître, j’ai envie de m’en aller parce que la boule dans ma gorge gonfle, gonfle et que j’ai mal de rester ici.

« Vas. » Ma voix est plus rauque comme jamais. Je me sens si perdue en moi-même que je pourrais dire n’importe quoi. « Te.» Je ne veux pas me battre. Je n’en ai pas envie. J’ai envie de me cacher sous ma couette et de parler à Zikomo. « Faire.» Et si Zikomo fait aussi parti des Autres ? Et si lui aussi ne peut pas être mon ami ? Et s’il reste avec moi par obligation ? Et si il repart dès que Nyakane revient ? Nyakane, elle pourra me le voler, n’est-ce pas ? « FOUTRE !» J’ai gueulé pour éjecter Zikomo de ma tête. Zikomo, il ne pourrait jamais me faire ça, jamais. Hein ? Oh Merlin, faites qu’il en soit incapable.

Je suis à bout de souffle, mais ce n’est pas la colère qui s’inscrit dans mon coeur. C’est ma peur. Elle est renversante. Déboussolante. Mes jambes tremblent. Mes yeux sont pleins de larmes. Je n’ai pas su les retenir ; elles ne coulent pas, mais elles sont là. *Pitoyable*. Je suis nulle, par Merlin, tellement nulle.
Je trébuche plus que je ne marche pour rejoindre mon sac. Sur mon chemin se présente l’enfant ; je ne le regarde pas, je garde mes yeux braqués sur mes affaires. Mais quand j’arrive près de lui je m’arrête et tête baissée, je dis :

« J’connais pas d’Tarann, ok ? Et de toute façon, j’en ai rien à faire. Rien du tout. Alors fous-moi la paix. Dégage ou j’te jure que… »

Que quoi ?
Je me le demande en même temps que je lève mes yeux pour les plonger dans les siens. Le bleu de son regard me tord le coeur et je me recule.
Je te jure rien du tout, parce que c’est lui qui vient de me descendre. Avec ses mots il m’a enlevé tout pouvoir. Je ne suis plus capable de rien.
Alors je me défile. Je fonce tête baissée, le dégageant d’un coup d’épaule, et je me jette sur mon sac.

09 mars 2019, 13:31
Authentiques Enfants
Pas faire de mal à Tarann... Pas faire de mal à Tarann... Pas faire de mal à Tarann...
T'es bête tu sais...
Elle ne la connais pas. Pas sous ce Nom.
Tarann.
C'est bien ce que je dis. T'es con.
Je ne peux pas dire le vrai. Et si...
Si quoi, hein? Si quoi?!
Son nom à elle...
Aelle.
...il lui a fait du mal. J'ai peur que... J'ai peur que son nom à Elle...
Thalia.
Thalia... Et ça commence comme Tarann.
De quoi t'as peur gamin?
J'ai peur que son nom à Elle lui fasse mal aussi. J'ai peur.
Tu l'aimes à ce point Aelle?!
Non! Non.
Mais je veux pas faire mal.


...
Alors tait toi, le mal est fait.


- Vas. Te. Faire...

Le regard du garçon se lève péniblement vers celui de l'autre.
Le mal est fait.
Son regard. Il dégouline de douleur.

- FOUTRE !

Noir.
Il a fermé les yeux, s'est reculé. De petits flash bleus, roses et jaunes courent sous ses paupières closent. La nuque courbée, son menton appuyé contre le torse, il tente de se protéger. De quoi? D'elle, de lui, de tout. Le mal est fait. Encore, il a provoqué la douleur.
Je ne parlerais plus. Plus jamais.
C'est bien le seul moyen de ne pas blesser. Il ne blessera plus, plus personne, plus jamais. Les flammes brûlent ses joues et ses yeux.
Par le noir de sa vue, les sons autour sont amplifiés. Tac, tac tac... tac, tac, tac tac. Elle s'approche. Dans sa poitrine, son cœur se serre, la lave explose de partout, le brûle. Si elle n'était pas là il ne serait plus. Saul relève lentement ses poings jusqu'à son ventre pour propager un peu plus sa chaleur. Si elle n'était pas là il ne serait plus. Plus que quelque chose de froid, glacé même, se brisant par terre. Flammes. Tac. Le pas n'est plus qu'à quelques mètres de lui. Il va se prendre le poing de l'autre, déjà la scène se rejoue. Mais il n'est plus à terre, contre une étagère. Il est droit, debout au milieu de la salle des glaces, seule sa nuque ploie. C'était un avertissement, voici venue l'heure de son exécution. Sa lèvre le lance déjà, souvenir souvenir. Le noir y est propice. Il revoit les images. Ce poing jaillissant de la cascade, s'approchant, s'approchant, s'approchant... puis le choc.

- J’connais pas d’Tarann, ok ? Et de toute façon, j’en ai rien à faire. Rien du tout. Alors fous-moi la paix. Dégage ou j’te jure que…

Il chancelle. Pan. Ça l'a frappé. D'un coup il ouvre les yeux. Que... Rien. Rien mais le noir l'englobe à nouveau. Pas le noir de ses paupières. Le Noir des ses yeux à elle, Aelle. Glacé et brûlant à la fois. Mais glacé tout de même. Le gamin détourne aussitôt les yeux, les joues en feu. Il ne faut pas qu'il s'éteigne. Il ne faut pas qu'il se brise. Bam dans son épaule, le Gryffon titube la main se portant au niveau du choc. Il ne faut pas qu'il se brise. La glace prend forme, se fissure aussitôt mais sa main est là pour ça. Brûlante, elle répare.
Il veut hurler, gueuler sur Aelle comme elle lui gueule dessus mais ses dents restent serrées, sa mâchoire crispée.
...tait toi, le mal est fait.
Sans bouger, Saul regarde la fille récupérer son sac. Précieux. Qu'est-ce qui fait qu'elle y soit autant attachée? La question fleurie dans sa tête mais il ne dit rien. Ne rien dire. Ne rien empirer. Ne plus faire mal. Ne plus faire mal. Plus jamais.
Son regard se porte vers la sortie de cette salle. Revient vers Aelle. Ses yeux se sont habitués aux ténèbres de la salle, il s'en rend compte maintenant. Il la fixe un instant puis reporte son attention sur ses mains. La droite se replie, presque inconsciemment, et ressort, portant sa baguette.
"Redoutablement puissante et qui aime la puissance."... Suis-je puissant? Il affirmait qu'elle m'avait choisi...
C'est vrai, il l'avait dit. Et Saul lui aussi l'avait senti. Lorsqu'elle avait fait briller une lumière digne du soleil entre ses doigts, il l'avait cru. Le gamin serra le manche.
Pardon joli bâton. Je ne suis pas puissant.
...
Chaleur. Elle se répandait dans ses doigts, sa main, remontait son bras. Douce et belle. Belle chaleur. Soudain, ce fut comme si une flèche quittait son épaule pour se projeter dans son bras. Éclair vif. Sa baguette tressaillit quand la flèche l'atteint et la lumière s'alluma d'un coup à son extrémité. D'un coup. Éclairant Saul, la salle, Aelle. Énorme boule de lumière. Cela ne dura même pas une seconde. Puis ça explosa en un nuage d'étincelle dorées. Bam! Le gamin se recula en un sursaut, observant, sidéré, les minuscules lumières qui grésillaient dans l'air froid de la salle. Sa baguette s'était comme renfermée, boudant. Un petit sourire vint éclairer à son tour le visage du gamin alors qu'il portait son regard vers le bâton.
Merci.
Aelle ne faisait plus partie de ses pensées. Il n'y avait plus que les étincelles qui l'entouraient. Lumières enfantines...
Merci.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

16 mars 2019, 10:37
Authentiques Enfants
Je me redresse, sac en main. Je passe fébrilement la lanière sur mon épaule ; Merlin, mes mains tremblent si fort que je dois m’y reprendre à trois fois avant de pouvoir laisser pendre la besace. Son poids contre ma hanche est douloureusement familier. C’est une sensation familière qui parle des jours qui passent ; l’une de celle que je sens du début à la fin de la journée. J’ai fini par ne plus y faire attention. Pourtant, aujourd’hui, elle réapparaît. Et une nostalgie d’ailleurs me soumet à elle. Plus que jamais je me sens comme l’enfant que je suis. Je me sens si bien que j’ai parfaitement conscience d’avoir été blessée par les paroles de l’enfant-Roi. Ma conscience de moi-même est si parfaite que je sens ma rancoeur envers ces Fantômes-absents s’installer dans mon corps. Je me demande si elle durerait ; haïrais-je Charlie pour toujours ? en voudrais-je longtemps à Ebony ? allais-je dénigrer Thalia toute ma vie ? avais-je perdu ma confiance en Zikomo ? Mais ces questions sont si peu importantes face à la tristesse qui renverse mon âme qu’elles finissent par s’échouer dans les abysses de mon subconscient ; peut-être finirais-je par les oublier.

Mes yeux papillonnent sur la porte de la salle de bal. Postée non loin, elle m’appelle à bras ouverts. Dehors, ce sera fini, dit-elle. Mais je sais qu’elle ment. Parce que je me sens si mal qu’il me semble impossible d’aller mieux.  Pourtant, naturellement, je l’écoute. Un bras négligemment posé contre mon sac comme pour le retenir de tomber, je m’avance vers mon salut. Mon pas est tremblant, trébuchant ; mon corps est brûlant, de mes joues qui flambent à mon ventre glacé par les flammes de mes émotions. Je peine à avancer, pourtant je préfère échouer que me retrouver face à l’enfant que je sens dans mon dos.

La lumière vient en premier.
A peine ai-je le temps de me questionner sur la lueur qui illumine mes pas que je La sens. J’ai la tête baissée, mes traits n’ont pas le temps de se dessiner de ma surprise, quand une Magie inconnue me caresse le dos.
Des millions d’aiguilles pures se plantent dans mes pores et ma peau se recouvre de frisson ; ce n’est pas exceptionnel, je l’ai senti des centaines de fois, surtout à Poudlard. Mais là, la sensation est si forte, si brutale, que je frémis, terrifiée.
*Merlin !*, m’étouffé-je en me retournant. Éblouie, je ferme les yeux. La lumière est si forte qu’elle devient éclats blancs contre mes paupières. Et la Magie, elle, me frappe de plein fouet. Ce n’est pas physique ; c’est à l’intérieur de moi que je la sens. Pourtant je m’effraie, je trébuche et je tombe lourdement sur les fesses, le souffle court.

Quand je rouvre les yeux une pluie d’étincelles tombe à mes pieds. Leur éclat dorée résonne dans ma tête et j’en perds toutes facultés pour me concentrer sur la beauté de cet horizon. La gerbe sort de la baguette de l’Autre et éclabousse les airs ; chaque étincelle semble avoir sa propre vie, son propre but. Mon coeur bat si fort que je lève une main pour le retenir ; je la pose sur ma poitrine.
*Magnifique*, je pense.
Puis les étincelles disparaissent.

Hébétée, je lève bêtement les yeux sur l’enfant. Je vois son sourire, le regard avec lequel il couve sa baguette. 
*Qu’est-ce qu’i’ s’est passé ?*, me demandé-je toujours nourrie de la magie. De sa Magie. *Pure*. C’est possible ? Non, dit ma tête, pas lui. *Accidentelle*. Evidemment. Ce n’est pas de la création, mais un accident. De la magie accidentelle d’enfant, comme il n’est pas rare d’en voir à Poudlard.
Je secoue la tête pour me concentrer et me lève lentement. Une main plaquée contre le sol, l’autre retenant mon sac, je me hisse sur mes jambes. Puis la compréhension, brutale, soudaine, me frappe : il a voulu m’attaquer ! Je redresse si vite la tête que ma nuque hurle de protestation. Quand je tombe sur le visage idiot de l’Autre, je comprends instantanément que j’ai raison.
Il m’a attaqué. *Il a échoué*. Mais il m’a attaqué.
La peur et la rage se mêlent pour former une entité nouvelle. La peur d’avoir été si inconsciente, la peur d’avoir été une proie, la peur d’avoir été si accessible ; et la rage qu’il ait osé.
Mon coeur s’emballe furieusement ; il n’a pas eu le temps de se calmer. Un bruit d’étouffement terrible se fait entendre quand j’essaie vainement de reprendre mon souffle. Mais comment respirer quand mon crâne hurle : ma baguette ! L’ordre vient d’en-haut et ma main s'enfonce dans mon sac. Mais rien ne vient ! Aucune baguette, aucun secours. Alors, sans quitter des yeux l’idiot ébahi, le coeur en peine, je secoue mon sac sur le sol, me débattant comme une bête pour me défaire des griffes de ma peur. Plumes, parchemins noircis, carnet, livres, écharpe en sortent et tombent par terre. Un flacon d’encre se brise et son contenu, noir comme l’ébène, marque le sol. Et là, au milieu, ma Moitié.

Je me jette sur elle, trébuchant sur mon devoir de métamorphose — qui m’a pris un temps inouï à rédiger. Quand je l’entoure de mes doigts moites, mon esprit est si vide que je ne sens pas sa présence habituelle. Moi, la seule chose que je vois, c’est le garçon que je tiens en joug. Tout au bout de ma baguette je regarde son visage d’enfant-Roi que je vise, ses prunelles bleues ; je détaille pour la première fois ses traits, immortalise la couleur brune de sa tignasse.
Et je laisse déborder l’entité qui déforme mon visage et qui a avalé toute ma tristesse :

« Incendio ! »

La magie fuse.
Mais moi je sais.
Je sais, car elle vient de moi.
Je sais que le sortilège manque de puissance.
Je sais que les flammes manquent de chaleur.
Je sais et ça me met hors de moi.

« MERDE ! », hurlé-je pour me décharger de ma colère.

Dorénavant, mon souffle est si rapide que mes épaules se soulèvent. Il est bruyant dans la salle. Je me recule de trois pas pour essayer de me retrouver, de me calmer. Pour essayer d’entendre la voix qui s’élève aussitôt dans ma tête, accompagnée d’une pointe d’effroi ; une voix qui me tord le coeur de culpabilité et qui est assez forte pour faire disparaître ma rage.

Je veillerai personnellement à ce que son comportement soit irréprochable.

*Merde*

18 mars 2019, 15:29
Authentiques Enfants
Dernière étincelle... Elle se dépose, lentement, comme un flocon de lumière sur la main du gamin. Et lui la suit des yeux. Comme la pointe d'une plume, l'étincelle parcours sa peau de fourmillements un instant à peine. Il sourit.
Autour, du bruit.
Rien. Plus rien autour. Je ne veux plus rien.
Cliquetis sur le sol de glace, un souffle répété, fort, fort, fort... Aelle.
Non! Elle n'est plus là, elle est partie!! Partie. Partie...
Toc. Son ventre se convulse légèrement. Libère. Le sanglot, gros, brûlant, monte dans sa gorge. Son cœur crachote. Aelle. Il l'avait retenu pourtant... Mais le deuxième pousse le premier et le sanglot sort, souffle sec, se fraye un passage, entrouvre ses lèvres. Une larme se forme au coin de l’œil du gamin mais ne tombe pas. Sèche là, alors qu'il avale ses pleurs bouillants.
Elle est partie. Je ne lui ferais plus de mal, elle est partie. Elle va oublier. M'oublier.
-Et toi? Tu m'oublieras moi?
Tarann... Pardon Tarann. Je lui ai fait mal. J'ai fait mal à Aelle.
Mais elle est partie. C'est bon... c'est fini. Tout va bien, elle est partie.
Alors.
Alors je peux l'oublier.


Sa baguette s'abaissa et Saul reprit profondément sa respiration. Fixant la glace, le vide, il la rangea dans sa manche et se retourna vers la sortie.

-Incendio !

Le cri le tire de son rêve, il s'éveille. Vive, sa tête se tourne vers la fille. Aelle. Baguette pointée vers lui, Aelle. Flambante, brûlant, le visage déformés, dans des flammes rousses. Horrifié, Saul se recula.
Par tous les mages qu'est-ce qu-...

Clarté.

En moins d'une seconde, tout change. Les reflets parlent, montrent. La flamme ne l'englobe pas.
Elle fuse vers moi.
Il n'eut pas le temps de réagir. Simplement de plonger son regard dans celui d'Aelle. Pour comprendre.
QU'EST-CE QUE TU FOUS ??!
Noir, encore. Dans ses yeux, il se plonge. La flamme y brûle, d'autant par reflet que par haine dans ses yeux trop brûlés. Peut-être étaient-ils plus clairs avant? Comme le bois d'un chêne. Ou d'un if? Brûlés. Trop brûlés. Devenus charbons. Noirs charbon.

Et puis soudain, tout disparu.
Comment le retenir? Il fusait, son souffle de gamin. Quand la flamme l’attrapa, le Gryffon poussa un cri, aussitôt avalé par la déferlante de feu. Flammes, lumières. Elle creusait son ventre, glissant sur son visage, ses mains, ses jambes. Saul recula aussitôt pour en échapper mais le jet grandissait pour l'avaler. Il ne voyait plus rien que son effroi, se débattant dans les rubans du feu cuisant.
Chaud... juste très chaud.
Ses bras se figèrent alors qu'il baissait lentement son regard vers son torse. Les flammes y brûlaient toujours, s'amoindrissant progressivement. Mais le tissu qu'elles abandonnaient n'était pas brûlé. Simplement roussi par endroit.
Bam bam bam bam.
Il ne s'était pas rendu compte que son cœur battait aussi vite. Chaque battement semblait vouloir lui défoncer la poitrine. Lui, son cœur, semblait même être plus chaud que les flammes qui mouraient sur sa robe noire. Celle-ci accompagnait son souffle, sans rythme, tremblant sur son thorax. Son souffle. On pourrait aisément le confondre avec le bruit des vagues sur les rochers, quand la mer est agitée. Il refusait de se calmer, sourd aux commandements du cerveau, prenant et laissant sortir l'air sans aucune logique. Et son cœur le brûlait.
Il crame... Mon cœur crame.

Son regard osa enfin se lever vers la fille. Aelle. Tremblant.

-Pour... pourquoi tu...?

Rien ne vint. Il ne comprenait pas, incapable d'agir autrement. Il la fixait simplement. Elle et ses yeux charbons.
Elle m'a attaqué?... Pourquoi elle m'a... Non. Y'a aucun sens là dedans!
Y avait-il seulement eu un sens dans tout ce qu'il s'était passé ici? Un sens pour que ses joues aient cessé de brûler? Pour que son cœur ne ralentisse pas? Pour que ses mains tremblent? Les flammes régnaient encore sur son cœur, mais voilà... il en avait peur.

Le nom des flammes ne l’apaisait plus. Le brûlait plutôt que réchauffait. Et pourquoi? Parce que ses yeux s’immisçaient maintenant dans la simple idée du feu. Charbon. Il le deviendrait s'il restait ici, c'était certain, Saul le savait. Cette autre le brûlerait jusqu'à ce qu'il soit devenu aussi Noir que ses yeux. Elle Lui avait créé Tarann, elle le changeait maintenant en Charbon.
Tarann. Thalia.
Son cœur battait toujours aussi vite. Le brûlait toujours autant de l'intérieur. Il fallait qu'il parte avant qu'elle ne l'incendie à nouveau. Mais il avait une dernière chose à faire. Les yeux fixés, encore et toujours dans ceux d'Aelle, il laissa la brûlure du cœur lui remonter dans la gorge, le consumer. Pour l'oublier, il devait la laisser passer, la faire sortir. Il ouvrit la bouche.

Non!!
QUOI?! Quoi?! Je veux qu'elle sache! Qu'elle sache qu'elle la détruit! Qui elle détruit.
Non, laisse! Ça n'arrangera rien. Laisse.
ELLE. LA. DÉTRUIT!
Et tu crois faire quoi là, au juste? Aider?
Je veux qu'elle sache...
Tu ne feras que lui faire du mal. Tu l'as déjà fait.
Elle lui a fait mal, à Elle.


-Thalia. Tu l-

LA. FERME.
Déchiré, le gamin tourna les talons vers la sortie, mâchoire crispé. Les yeux humides de larmes.
Plus faire mal.
Plus. Jamais.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

26 mars 2019, 18:09
Authentiques Enfants
J’essaie de réapprendre à respirer.
J’essaie de me souvenir ce qu’est le calme.
Je n’y parviens pas. Mon souffle est erratique et mes épaules se soulèvent à un rythme effarant. Mes oreilles bourdonnent et lorsque je regarde autour de moi j’ai l’impression d’être coincée dans un mauvais rêve. Comme s’il ne suffisait que de volonté pour m’en échapper. Mais je sais que c’est faux, car mon coeur me fait si mal et ma culpabilité est si grande que ces sentiments ne peuvent qu’être réels. Les yeux grands ouverts, je regarde le garçon. Alors qu’une seconde auparavant mon souhait était tout autre j’espère plus que de raison que l’Autre ne soit pas blessé. Au fond de moi, je sais que ma flamme n’aurait jamais pu lui faire de mal *pitoyable, Ely*. Mais je sais que ce détail n’a pas d’importance pour Loewy ; elle ne verrait que l’acte.

Pendant une seconde, l’impression que l’adulte me tient en laisse m’étouffe totalement. Je suffoque, je crache, je rue ; je voudrais crier. Mais la sensation s’en va aussitôt sans que je ne fasse un geste, ne laissant qu’une lassitude inouïe s’afficher sur mes traits.
Et derrière le ballet incessant de mes émotions, ma curiosité morbide souffle à mes yeux de ne pas se détacher du garçon qui, ébahi, regarde les flammes disparaître sur son torse. Dans mon coin, je m’agite. Je piétine mes affaires, je regarde tantôt la porte tantôt l’enfant, je serre frénétiquement ma moitié, je m’étouffe dans mon propre souffle. Mon visage est bloqué dans une grimace de colère ; je ne parviens pas à le détendre. Il est si simple d’avoir son regard noir et ses traits froissés.

J’aurai pu me réjouir de l’air effaré qui danse sur la gueule de l’Autre. Mais le fait est que mon estomac se tord d’angoisse à l’idée même qu’il puisse s’enfuir dans les couloirs en gueulant comme un tordu. Mon esprit s’enflamme : s’il se barre je l’arrête, l’effrayer le fera taire ; non, s’il part, je le laisse s’en aller pour me faire oublier ; surtout pas ! je le supplie de ne rien dire. *Non !*. Aucune de ces solutions ne me convient, rien ne me convient. Je voudrais que l’Autre disparaisse, qu’il n’ait jamais existé, qu’il ne soit jamais venu ici, qu’il ne soit pas tout ce qu’il est. Si seulement il n’était pas lui, les choses ne se seraient pas déroulées de cette manière, n’est-ce pas ?

Plongée dans la mélasse de mon angoisse, je suis en train de mordiller ma lèvre quand il lève ses yeux hantés sur moi. Tout à coup, je me fige. Ses yeux bleus me transpercent, mon coeur s’arrête. Au regard qu’il me lance, je comprends qu’il n’est plus capable de rien, j’ai gagné. Mais cette victoire a un goût amer du nom de Loewy qui me dérange particulièrement.

Il parle ; je croise les bras sur ma poitrine.

« Pour… Pourquoi tu… ? »

*Quoi ?*
Ma bouche s’ouvre, aucun son ne sort.
Une envie de rire me secoue le corps. Une putain d’envie de m’esclaffer, la bouche ouverte et les larmes aux yeux, pleurer jusqu’à en crever pour ne plus faire face à la bêtise de l’enfant. Mais je ne suis capable de rien, je regarde l’enfant, bouche bée.
*I’ s’fout d’moi, hein ?*
Mais non.
Non, décidé-je en avisant son air idiot et ses yeux tremblants. Non, sa voix de victime me dit qu’il n’a pas peur, qu’il est sincère dans son effroi et dans son incompréhension. Cela me donne envie de gueuler, par tous les mages ! Mon coeur se tord de colère : pourquoi ? Pauv’ con, pourquoi j’me défend contre un mec qui vient d’m’attaquer, tu crois ?! Il ose me demander pourquoi alors que lui et sa pauvre magie d’enfant incontrôlable viennent tout juste de m’attaquer dans le dos ? Je serre mes poings à m’en exploser les phalanges, la baguette coincée dans celui de droite.
Une brusque bouffée de rage m’étouffe. Elle s’envole de mes tripes pour me prendre à la gorge ; avec elle, une chaleur lancinante qui fait brûler ma peau et s’accélérer mon coeur ; pendant un instant, je crains de ne pouvoir me contrôler. La rage est si forte, si puissante, si destructrice que mes jambes se mettent à trembler follement. Elle est si grande qu’elle prend toute la place dans ma tête, brouillant mes pensées, mes souhaits et mes choix : elle me fige totalement.
J’ouvre la bouche, brûlante. Je respire difficilement, mais je n’ai pas besoin d’air pour gueuler, ça je le sais. Merlin, mes poings frémissent ; je me vois fendre l’espace qui s’étend entre l’Autre et moi et lui envoyer mes phalanges dans le nez. J’en ressens une envie si soudaine, si forte, que

« Thalia, tu l… »

j’en suis incapable de bouger.
Aux prises avec des pulsions renversantes, je peine à détourner mon regard de lui.
Quand j’y parviens, ses mots m’atteignent.
En un mot, il me frappe ; le coup m’atteint au coeur et me laisse pantelante, perdue, seule et totalement pitoyable. *Thalia ?*
THALIA !

« Thalia ? » m’écrié-je.

*Merlin !*
Ma main vole et s'aplatit sur ma bouche. Mais je n’ai pas le temps de m’en vouloir ou de souhaiter reprendre le contrôle de la situation. Je fais trois pas vers le garçon qui s’est détourné de moi, écrasant mes plumes et la carcasse de mon sac de mes pieds précipités.
Thalia comme Gil’Sayan ?
Ah, je ne comprends pas ! Mais je n’en ai que peu faire, à vrai dire. Mon coeur qui s’ébat n’est pas important, mon ventre qui se tord n’a aucune importance, la douleur de mes tripes n’a aucune importance, l'afflux de mes souvenirs n’a aucune importance. Rien n’a d’importance. Sauf peut-être mes pensées qui m’étouffent, prenant la place de ma colère évanouie.
*Il l’a connait !*
*I’ veut m’parler d’elle !*
*Elle l’a envoyé ?*
J’ai une pensée pour ces Fantômes-absents dont Gil’Sayan fait parti. Une petite voix qui veut se frayer un passage pour me dire qu’elle n’est que mensonge, cette fille, et que je n’ai besoin ni d’elle ni des autres. Une pensée folle qui me dit : attention, Aelle, elle n’a rien de sincère.
Qui se soucie de mes pensées ?

« Eh ! » je lance en m’approchant de l’Autre. J’attrape son épaule et le retourne vers moi. Ma main s'agrippe à lui ; peut-être pensé-je à desserrer mes doigts, consciente de la douleur que je lui procure, mais je ne le fais pas. J’appuie même avec plus de force et approche mon visage du sien. Je me plonge dans ses perles bleues.

« Quoi Thalia ? » dis-je précipitamment.

Il est tout près de moi cet Autre. Je pourrais le serrer contre moi. *Erk*. La pensée s’envole. Comment ce gamin peut-il la connaître ? Dois-je m’en faire ? Dois-je l’aimer pour cela ou le détester ? Oui, le détester c’est sans doute mieux. Il va me dire quoi ? Elle lui a dit quoi sur moi ? Peut-être qu’elle m’aime b… Non ! Pas besoin de savoir, en fait. Peut-être qu’il sait juste qu’on est dans la même maison. Peut-être qu’elle lui a dit que je suis comme je suis et qu’il voulait dire : Thalia avait raison. Mais pourquoi tu ? Il sait ? Est-ce qu’il sait ? Il sent mon coeur qui bat ? Ça veut rien dire un coeur qui bat ! Alors que sait-il ? Hein ? Il sait que je n’ai pas d’a… Il sait des choses, alors sait-il pour elle ?

05 avr. 2019, 14:14
Authentiques Enfants
Un sanglot le secoue lorsque son pied se pose sur le sol de glace. Il ravale le suivant lorsque l'autre le rejoins et recommence. Encore et encore, la marche du squelette. Sèche. Grinçante. Mais la porte se rapproche. Il se rapproche. De la sortie. De la vie. Du temps. Et d'elle, enfin il s'éloigne.

Mais le cri le rattrape.

-Thalia ?

Ouais Thalia, idiote!! THALIA. Que tu détruis, détruis, détruis...
Saul, sortons d'ici.

Le noir, instant de répit, vint écraser ses larmes. Quand la lumière revins, il avait fait un pas de plus mais le sanglot lui échappe. Noyé, il reprit une respiration tremblante et trébucha d'un nouveau pas. La pensée seule l'aidait à avancer. Un rythme, encore et encore. Plus faire mal. Plus faire mal. Nouveau pas, nouveau sanglot. Plus faire mal. Un pas. Un cri derrière. Un pas, encore, jusque là bas. La porte. Vite. Pas.
Chlak.

Quelque chose se referma violemment sur son épaule et Saul retint un cri.

Vite? Pas assez vite...

Comme une poupée de chiffon, il se tordit face à Aelle, le visage ravagé. Colère, tristesse, dégoût, peur, haine. Tout se mélangeait en une grimace rivalisant avec celles de la fille. Douleur aussi. Les serres puissants s'enfonçaient dans sa peau, s'arrachant son os. D'un coup de bras furieux, il se dégagea. Sa main percuta les serres de l'autre et la douleur se propagea aussitôt jusqu'au bout de ses doigts. La prise de l'autre n'avait pas bougée, au contraire. Les dents serrées, Saul tentait de se soustraire à l'effroi qui le gagnait. Il était prisonnier d'Aelle. Il avait dit son Nom. Et maintenant, il allait devenir charbon.
JE VEUX PAS !!!
Il se secoua mais l'autre le plaqua d'une pression à l'épaule et se rapprocha un peu plus. Lui fuyait ses yeux. Ne pas la regarder, ne pas voir, ne pas voir. Le souffle chaud, frénétique de l'autre lui donnait la nausée.
Laisse moi, laisse moi, laisse moi!!
Et la curiosité perça soudain la peur. Qu'allait-elle dire pour le détruire lui? Quels mots pouvaient bien le brûler au point de le rendre charbon? Utiliserait-elle même les mots? Ses yeux se tournèrent sans qu'il n'y fasse attention vers ceux d'Aelle.
.
Aelle?

-Quoi Thalia ?

La voix de la fille coupa court aux doutes qui fusaient dans la tête du gamin. Ses muscles se détendirent tandis que la compréhension le menait à la surface. L'effroi s'envola. Il ne faisait pas parti de lui. Il faisait parti d'Aelle. Cette fois-ci, lorsqu'il se dégagea, la main de l'autre glissa de son épaule. Le sang circula à nouveau. La fille sembla soudain moins grande, moins proche, moins dangereuse. Elle posait la question. Et lui seul détenait la réponse. Saul fut subitement tenté de la laisser là, à sa question. Il était proche de la porte de toute manière, il serait dehors, au milieu de la foule en moins de temps qu'il ne faudrait à Aelle pour le rattraper.
Mais il ne bougea pas. Ses yeux n'avait pas quitté ceux de la fille, et il ne pouvait se résoudre à briser le fil sans lui avoir répondu. Il ne pouvait pas. Mais alors quoi?! C'était soit partir et la laisser à son interrogation, soit ouvrir la bouche... et la blesser. Plus faire mal.
Il réfléchissait encore lorsqu'il sentit ses lèvres se décoller, l'air glacé lui piquer la gorge. Lorsque sa tête se pencha lentement sur le côté et ses yeux se plissèrent dans une magnifique réplique de l'incompréhension.
Merlin... qu'est-ce que je fais?
Le doute fit frémir l'étincelle qu'il avait appris à allumer dans ses yeux, lui qui jouait si bien la comédie... Mais c'était la seule chose qui voulait bien éclairer l'ombre de son esprit. Un souffle plus glacé encore que l'air de la salle franchit la frontière de l'air au son au bord de ses lèvres.

-Quoi? J'ai dit Thalia? Ah... hum pardon. Je voulais dire Tarann.

Il ne se servirait pas de son Nom. Pas pour faire mal. Plus faire mal. Lui qui la blessait à chaque mot, Aelle. Il ne restait plus qu'une chose à faire pour que la tempête se calme. Pour que l'incendie qu'elle avait déclenché se tarisse en lui. Pour qu'elle cesse d'avoir mal par sa faute. Ouvrir la bouche, laisser passer l'air, bouger les lèvres. C'était simple. Un sourire gêné pris place sur sa figure, franc cette fois-ci. L'air qui vint formuler ses pensées lui fit l'effet d'une cuillère de miel lorsqu'il remonta jusqu'à ses lèvres.

-Dis, tu... tu pourrais pas m'oublier?

Oublier la douleur, oublier le mal.
Moi je ne pourrais pas.
L'oublier elle? Non. Il voudrait bien tiens! Mais ce n'était pas possible. Parce qu'elle avait déclenché Tarann. Mais si elle pouvait l'oublier... Alors tant mieux pour elle. Pour lui.

Et puis tant pis.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

19 avr. 2019, 15:32
Authentiques Enfants
Je lève mon bras.
La rage me noue les tripes, elle déchire mon coeur. Non, elle me brûle. Elle me tue. Elle flambe dans mon corps.
C’est en sentiment pure que la rage. La terrible rage. Elle envahi le corps, efface le passé, étourdit les coeurs. Elle impose des pensées, des faits, des besoins.
Des besoins viscéraux.
Je réponds à un instinct qui hurle tout au fond de moi. Il ne me laisse pas le choix.

« Quoi ? J’ai dit Thalia ? »

C’est sa voix.
C’est son visage.
Ce sont ses mots.
Merlin, ils m’envahissent, me salissent. Ils m’implosent. Ils m’imposent. Ils me réveillent.
Ce besoin viscéral me tord, il m’excite, il me brûle. Il naît du bas de mon corps et meurt dans mon poing qui s’est serré frénétiquement.

« Ah… hum pardon. Je voulais dire Tarann. »

Ce sont ses yeux.
C’est son sourire.
Ils me crispent. Je veux rire.
Alors je frappe. D’un grand coup. Je lève mon poing et de toute ma force je l’envoie dans le visage du garçon. Mes phalanges rencontrent sa joue, ma force me propulse en avant. Je vois la bouche qui se déforme, le sang qui perle. Je sens les battements de mon coeur au fond de moi, tout au fond de moi. Il résonne, il frappe, il frappe profondément.
Oh, qu’il serait bon de frapper. Qu’il serait bon de t’exploser la tronche, gamin. Est-ce que tu sens mon envie qui me tord les entrailles ? Est-ce que tu vois les images dans ma tête ? Est-ce que tu comprends le bien que cela me ferait ? le bonheur de te faire taire, de te faire regretter, de te faire payer ? Payer, payer ta moquerie, payer ton mensonge, payer la connaissance que tu me refuses.

Tremblante, je recule. Mon coeur fait le fou dans ma poitrine, il vole tout l’air de mes poumons et s’amuse avec ; il le recrache, il le rejette. Je secoue la tête pour m’enlever ces images de la tête. Je ne l’ai pas frappé, il est là, devant moi, son mensonge prend toute la place sur sa gueule de gamin ; son sourire est immense, insultant : pauv’ idiote ! qu’il dit. Et oui, il parle de moi.
D’un second pas, je creuse la distance. Mon poing est encore serré et j’ai peur de ne pas résister. Je ne sais pas ce qui m’a empêché de le frapper ; c’est pas comme lorsque j’ai frappé Aodren. Ce n’était pas glacial et clair. Non, là c’était brûlant, si douloureux que l’envie m’a étouffé.
D’un troisième pas, je m’éloigne. Je n’arrive plus à respirer. Je crois que mon air est bloqué quelque part dans mon corps. Je ne sais même pas pourquoi j’y pense ; je me fous de sa destination, je veux seulement respirer !

Je peux pas t’approcher. C’est ce que tu voulais, non ?

C’est douloureux de paniquer. La panique, ça renverse tout sur son passage. Et derrière elle, il ne reste plus rien. Mon esprit est vide, mon coeur est loin, mon poing est lâche. J’aurai dû le frapper. Mon corps n’accepte pas mon choix ; lui voulait faire mal, il voulait faire payer. Il n’a pas aimé que j’en sois empêché, il n’a pas aimé que Loewy me bloque, que mes foutues questions m’Entravent.

Alors que puis-je faire ? Je ne peux plus respirer, je ne peux plus frapper. J’ai mal au coeur. Et je suis en colère. Tellement en colère que je pourrais avaler le monde entier seulement en ouvrant la bouche. J’ai tellement de rage en moi que je pourrais haïr Thalia, que je pourrais tuer Charlie, que je pourrais piétiner tout ce à quoi je tiens. Je le sens, là, dans mon esprit ; je pourrais détruire tout cela en un instant tellement ma colère prend de la place.
Puis la sensation disparaît. Ce ne sont pas Eux qui me font du mal, mais Lui. L’enfant. Je le déteste. Il se fout de moi.

Oh, Merlin, il se fout de moi.

*Pas d’trace*

« Tu… » Ma voix est coincée. C’est un croassement d’oiseau. Je déglutis difficilement. Je prends une minuscule inspiration étouffée. « Dis-le moi. » Je suis essoufflée. « Dis-moi pour Gi… Thalia. » Je tremble. « Dis-le moi tout de suite, ou je te jure que… » Merlin, même ma voix me trahie ! « Je te jure que j’te fait mal. »

Ma voix résonne quelques secondes entre nous. Mon regard est étonnement sec, mais je me demande ce que l’Autre voit sur mon visage défait. Je me demande de quoi j’ai l’air. A l’intérieur, je suis une colonne enflammée que disperse le vent. J’ai envie de tout défracter, mais je suis aussi perdue qu’un nouveau né.
Il ne reste donc qu’une chose. Une seule qui ne laisse pas de trace. Les mots.
Je sais. Zak’ m’a appris. Hein, Zakary, que tu m’as appris à blesser ?

« J’te jure que j’le fais. Je… J’l’ai déjà fait. »

Mon visage se froisse, mes lèvres se retroussent en une grimace de dégoût.

« J’ai pas peur de t’frapper jusqu’à qu’tu cries. » Je lève ma baguette pour la lui montrer. « J’pourrais bien dessiner la vérité avec c’que j’t’arracherais. »

Ma respiration s’est accélérée ; dans ma tête, les cris me font mal : arrête, arrête, arrête ! disent les voix d’un côté. C’est pas c’que tu veux être. Puis de l’autre côté, elles disent : écrase-le !
Mais moi, je ne sais pas. Je veux seulement savoir pourquoi il parle de Thalia. Je veux seulement être sûre qu’elle ne me fera pas mal.
Il sait, lui. J’en suis sûre.

08 août 2019, 12:54
Authentiques Enfants
Maintenant que le voile de la comédie est levé, que les rideaux se sont fermés, tandis qu'il salut sur le bord de sa scène, Saul voit bien qu'il a touché la seule spectatrice. Plus que touché même, ses yeux, sa bouche... son visage semble avoir reçu un coup de poing en plein dans le nez. Aelle le dévisage avec ses yeux trop noirs et c'est tout comme. Il en regrette presque d'avoir frappé. Paf! Écrasé sa force sur cette face en noir et blanc. D'un regard et d'un sourire. Il ne savait pas qu'un sourire pouvait faire autant de dégâts. Et plus elle le regarde, plus elle se déforme, Aelle. Plus elle le regarde, plus il voit à quel point il l'a blessée. Hachée menue en chaire à pâté. Hachée. C'est bien l'impression qu'elle donne alors, se reculant toute en saccades, comme la vieille image d'un téléviseur qui cherche un signal. D'un dernier pas brouillé, elle s'éloigne.
Soudain c'est comme s'il atteignait la surface, qu'il n'avait pas respiré jusque là. Il remarque pour la première fois le poids qu'il porte à bout de bras. Alors il lâche, sort la tête de l'eau. Ses épaules, lentement, amplement, se soulèvent pour laisser l'air froid passer. Il s'en rend seulement compte mais il avait retenu sa respiration à l'instant même où il avait prononcé le souhait. Qu'elle l'oublie. Bizarrement ça n'avait pas franchement l'air d'avoir fonctionné...
Maintenant il ne pouvait plus rien faire que contempler la créature qui lui faisait face. Les poings serrés si fort qu'elles avaient rejeté le sang, les mains de la fillette étaient d'un blanc de porcelaine. Un blanc de poupée, comme celles avec lesquelles jouait Lyra avant. Les jolies poupées fragiles qu'il ne devait surtout pas toucher au risque de se prendre une déferlante. Lyra semblait croire qu'un simple contact des mains du gamin briserait tout. Lyra ne savait pas qu'on pouvait briser sans toucher. D'un regard et d'un sourire. Aelle, toute pâle, rigide et si fragile à la fois, soudain, est une poupée de porcelaine.
Et lui est le Roi.
Ça vient, ça fuse et ça le percute tout à coup. Dans son palais de glace, ici, il a tout les droits. C'est vrai, il est le Roi. D'un regard il glace, d'un sourire il brûle. Sa propre puissance le submerge et la vague, trop grande pour lui, frêle gamin, le renverse. Oui, il est le Roi. Le R est trop grand pour l'enfant, le sceptre est trop lourd. Là sur son trône trop large, il observe la poupée de porcelaine aux yeux trop noirs.
Elle a peur? Non elle enrage.
C'est un volcan de céramique et il va exploser. Saul le sait, il le sent. Il la voit presque, la lave qui bouillonne derrière la barrière de porcelaine. L'éruption n'est plus qu'une question de secondes. La fragile barrière de la poupée va lâcher, la voilà qui se fissure, elle

-Tu...

Raclement. Pas de lave.

-Dis-le moi.

La poupée a une brisure dans la gorge.

-Dis-moi pour Gi… Thalia.

Nop. Je confirme, elle n'a pas oublié...
Le nom de la fillette aux yeux de jade pèse le poids des mots d'Aelle. Saul soupire, se ratatine un peu plus au fond du trône. Il n'aurait pas du brandir son fichu marteau de justice. Il n'en a pas le droit.
Si, tu es le Roi.
Non, il veut lâcher le sceptre aux doigts accusateurs. Il ne sait pas pour Tarann. Il croit savoir mais il le voit bien de là haut, qu'il ne sait rien. Il le voit bien dans ses yeux qu'elle l'aime autant que lui, Aelle.
Non. Non non. Plus. Elle l'aime plus que lui. Bien plus que lui. Elle sait plus. C'est elle qui devrait être assise là. Elle qui devrait être Roi.

- Dis-le moi tout de suite, ou je te jure que… Je te jure que j’te fait mal.


Elle tremble mais pourtant c'est ça et le gamin la croit. La terreur enfonce ses longs doigts dans ses poumons, creuse, vole l'air.
Saul, du calme, ce n'est qu'un sentiment, une impression...
Mais le contact glaçant des doigts est encore là. Alors il respire, plus vite, essaye de remplir à nouveau ces poumons. Et ses yeux ne quittent pas ceux d'Aelle. La poupée de porcelaine s'entoure de parole, protège sa fragile enveloppe d'un large bouclier de menaces. Ce ne sont que des mots, des sons, de l'air qui vibre. Pourtant la poigne squelettique se raffermit, puise encore et encore dans l'air de l'enfant. Il a la trouille, voilà ce qu'il a. Lorsqu'elle lève haut sa baguette, il doit se faire force pour ne pas reculer.
Il n'a qu'à lui dire. Oui voilà, elle veut savoir, il n'a qu'à lui dire! Lui dire qu-...
Mais lui dire quoi? C'est vrai, il ne sait rien.
Doucement la terreur fond, laisse place à un vide étrange.
Que dire sans mentir? Car il ne veut pas déchirer la vérité. Il veut la connaitre avant. Il doit la connaitre avant.
Dans la salle trop grande pour ces deux gamins, le silence revient à petits pas. Comme un animal dérangé, il revient se lover contre les murs, un peu inquiet. Tout pourrait bien exploser de nouveau.
Exploser.
Oh oui... mais pas de nouveau. Non, il faudrait réfléchir à autre chose mais l'idée s'infiltre de force dans la tête du garçon: Aelle n'a pas explosé. Il y a la cassure dans sa gorge. Le couvercle. Quelque chose dans le volcan qui l'avait empêché d'entrer en éruption. Le gamin fronce les sourcils. Le calme est revenu dans sa poitrine et maintenant il voit. La tornade de mots part en fumée. Aelle n'est que poupée de porcelaine. Et elle ne peut pas exploser.
Peut-être est-ce trop. Peut-être a-t-il tord. Il serait sûrement plus simple de dire n'importe quoi et de déchirer le tableau de vérité. Tant pis, non? Non. Saul se redressa légèrement, fouillant le regard noir de la fillette. Dans sa tête, le plan est fait, il est clair, net. Mais il s'attarde encore un instant dans ces yeux étranges.
Je te promets de te le dire. Quand je saurais je te le dirais, Aelle. C'est une promesse.
Au prochain battement de cœur il fera ce qu'il a décidé de faire. Bam. Trop vite arrivé.

-Essaie alors.

Sa voix est calme, posée. Il ne prend pas le temps de voir sa réaction. Il ne peut plus s'attarder maintenant. Son cœur bat bien trop vite mais c'est comme s'il était dissocié de tout le reste. Le reste calme et vide. Dans son oreille un acouphène résonne. Le gamin se retourne vers la porte entrouverte, marche. Ça va vite, il en était si proche. Il ne suffit plus alors que de clore le chapitre, remonter le temps. C'est lui dehors, elle dedans. Saul n'éprouve aucune difficulté à fermer la porte derrière lui.
BAM...
Le bruit sourd lui fait l'effet d'une douche froide. Le sifflement s'éteint dans son oreille, le vide se comble, il reprend consistance. Et avec la chair, le sang, les os, autre chose monte.
Tap. Tap, tap. Le voilà qui cours dans les couloirs. Les tableaux défilent, flou. Son nom résonne loin mais il ne fait que l'entendre, il ne s'arrête pas. Le monde ne redevient net que lorsque la porte des toilettes claque derrière lui, le verrou avec. Il n’a même pas eu à le toucher. Dans un soupir, l'enfant se laissa tomber sur le sol de pierre, accroupie, les bras autour des genoux pour ne pas les voir trembler. C'est seulement dans le silence que la vague l'emporta. Ici plus besoin de résister. Dans un tremblement, les épaules en sursaut, il laissa couler les larmes.

Fin du point de vue de Saul

Merci énormément pour ce RP, Belle Plume. J'ai eu du mal à m'y remettre mais il semblerait que la plume ait repris ses vieilles habitudes. Je m'arrête ici, essoufflé et je te laisse finir comme bon te semble.
Merci encore. Et pour toujours.

Ah et pardon pour le pavé :sweatingbullets:

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^