C'était enfin le week-end. La semaine de la brune avait été épuisante. Les professeurs avaient donné une multitude de devoirs aux élèves et Thaléa, désireuse de réussir et d'améliorer ses notes, avait passé toutes ses après-midi dans la salle d'étude ou à la bibliothèque. Même quand elle n'était pas en ces lieux, elle étudiait dans sa chambre ou dans la salle commune de Serpentard.
Heureusement, aujourd'hui nous étions enfin samedi. Thaléa avait attendu ce jour avec hâte. Elle allait enfin pouvoir s'entraîner. Ça faisait quelque temps qu'elle n'avait plus dansé et ça lui ferait le plus grand bien. Elle allait se changer les idées, oublier la fatiguant semaine qu'elle venait de vivre.

La Serpentard c'était levée tard aujourd'hui, elle avait bien failli manquer le petit-déjeuner. Après s'être rassasié, elle était redescendue à son dortoir. Une fois à l'intérieur de sa chambre, elle s'était changée. Elle avait revêtu son justaucorps noir, un collant noir et des jambières roses pastels. Ses pieds étaient chaussés de ses nouveaux chaussons de danse roses poudré. Par-dessus son haut, elle avait enfilé un gilet gris. Le temps en Écosse commençait à se rafraîchir et elle ne devait pas tomber malade. Elle fit un chignon soigné avec sa longue chevelure brune, puis partit.

Elle arriva assez vite à la salle de bal, qui se trouvait au quatrième étage de l'énorme château. Elle était toujours, malgré l'an passé à Poudlard, impressionnée par ce grandiose château. Elle n'avait même pas eu le temps de visité toutes les pièces de celui-ci durant sa première année. Elle déposa ses affaire dans un coin, personne n'était là. Tant mieux, elle n'aimait pas vraiment s'entraîner en présence d'autres élèves. Elle avait peur des moqueries, sans réellement savoir pourquoi car, elle avait déjà participé à quelques ballets. C'était assez étrange.
Après avoir déposé affaires dans un coin et vérifier que ses chaussons étaient correctement noués., la fillette alla se mettre au centre et commença ses échauffements. Ils étaient très importants. Sans eux, elle risquait de se blesser. Quand la brune eût fini ses étirements, elle commença à danser. D'abord des mouvements simples, puis plus difficiles. Elle se sentait transportée, plus rien autour n'existait. Juste elle, entrain de danser. Elle était imperturbable.

@Libella Aspera

Encore une journée incroyablement fatigante. Les cours s'enchaînaient, les devoirs demandaient de l'attention, mais surtout les élèves fourmillaient dans les couloirs et les lieux communs, s'agitant encore et encore. Libella les observait avec son habituelle indifférence, les regardait parler, rire et se disputer, exploser d'une multitude d'émotions qui lui étaient, à elle, totalement étrangères. Elle aurait bien voulu comprendre, mais elle devait reconnaître que ses efforts étaient vains. Elle ne ressentait rien. À part du désintérêt et de la fatigue. Et elle ne pouvait même pas se réfugier dans son lit, son dortoir étant continuellement envahie par des filles pleines d'animation.

Elle voulait juste respirer. Avoir un tout petit peu de calme. C'est sur cette pensée qu'elle se glissa au quatrième étage, persuadée que la salle de bal était inoccupée. Elle poussa doucement la porte et se glissa silencieusement dans la salle de bal avant de s'arrêter brusquement devant le spectacle qui s'offrait à elle. Là, une élève enchaînait toute seule des mouvements de danse. Libella observa le corps grand et mince, apparemment sportif, se mouvoir avec une évidente légèreté qui la stupéfia elle qui avait toujours été très maladroite. La danseuse avait relevé ses cheveux bruns en un chignon soigné, ce qui permit à la Gryffondor de voir qu'elle avait fermé les yeux.

Elle semblait totalement dans son monde transporté. Pourtant il ne vint pas un seul instant à l'esprit de Libella qu'elle pourrait déranger. Au contraire, elle avait trouvé le calme tant espéré. Elle se coula doucement dans un coin de la pièce et ouvrit son sac pour en sortir un carnet. Elle ne prit pas le temps de réfléchir, se laissa seulement emporter par l'instant, à son tour absorbée. La pièce si belle. La danseuse aérienne. Et ces mouvements si complexes. Le crayon graphite de Libella se mit à courir sur le papier, croquant les lignes et les courbes aléatoirement dans une danse d'un autre genre.

Pas de biche, pirouettes, fouettés, arabesques, tours, sauts. Elle était transportée, elle faisait pleins de pas différents, sans savoir s'ils s'accordaient. Elle voulait juste danser, se vider la tête. Les pas s'enchainaient. Personne ne pouvait la déranger. Elle était imperturbable, plongée dans son monde. Un monde magnifique, plein de magie. Elle flottait, tout en dansant, dans cet univers qui était le sien.
Après plusieurs minutes de danse intense, elle commença à ressentir un relâchement dans ses jambes, elle était un peu essoufflée, ses muscles la suppliait d'arrêter. Elle devait faire une pause. Son corps, ses muscles devaient se reposer. La fillette, après une dernière pirouette, alla chercher sa bouteille d'eau qu'elle avait abandonnée au près de son sac. Elle s'installait sur le sol froid de l'immense pièce et se désaltérait.

Après avoir repris son souffle, elle commença à masser un peu ses muscles. Pendant qu'elle effectuait cette tâche, elle regardait autour d'elle. La salle était immense et magnifique. Elle avait beaucoup de chance d'avoir une aussi belle salle de bal dans son école. Alors qu'elle observait un coin de la pièce, elle vu une fille.
La fillette était assise, un crayon à la main et un carnet sur les genoux. La main qui tenait le crayon de bois s'agitait. Elle dansait sur le papier, faisant diverses mouvements. Thaléa devinait que cette fille était en train de dessiner. Que pouvait-elle bien dessiner ? Était-elle là depuis longtemps ? Avait-elle vu la jeune fille danser ?

Le côté curieux de la Serpentard avait été réveiller. Il ne lui en fallait pas plus, la fillette se leva et se mis aux côtés de l'autre fillette. Elle voulait savoir se qu'elle gravait sur la feuille blanche de son carnet. Elle ne l'avait encore jamais vue. Au vu de son visage, elle devait être très jeune, peut-être même plus jeune que la brune.
Thaléa observait la main de la fillette danser sur le papier, sa main allait d'un coin à l'autre, faisait des courbes et des lignes droites. En observant, la Serpentard pu voir que les trait formait un magnifique dessin, elle dessinait une danseuse. Elle à beaucoup de talent. Soudain, son esprit s'éveilla. La danseuse sur le papier, c'était elle. La jeune fille l'avait dessiné. Thaléa sentit ses joues rougir légèrement.

-"Hey, tu m'as vue dansé ? Tu me dessines ? T'as du talent, j'aimerais être aussi douée que toi avait un crayon de carbonne. Mon niveau de dessin est...Comment dire...NUL !!!"

Son crayon graphite courait sur le papier, les pages s'enchaînaient.

Elle s'était d'abord attardée sur la cadre générale, traçant différents reliefs de la salle de bal. Un mur ici, un pilier ici, puis une arcane là. Un croquis de la scène dans son ensemble, puis de la pièce immense et désencombrée. L'enchaînement et la disposition des dessins dans le carnet étaient presque incongrus, comme ne répondant qu'à une logique qui n'appartiendrait qu'à elle. Néanmoins, au fur et à mesure des esquisses, une minuscule figure humaine apparaît de plus en plus souvent.

Jusqu'à ce que, au détour d'une nouvelle page, la salle de bal disparaisse totalement pour ne laisser place qu'à cette danseuse. Les croquis s'enchaînent, retraçant une multitude de mouvements dont Libella serait bien incapable de donner les noms. Pas de biche, pirouettes, fouettés, arabesques, tours, sauts.

Au bout d'un long moment, Libella sort de sa transe. Après avoir essentiellement observé la salle et la danseuse, elle regarde attentivement son carnet. Elle a dessiné une demie douzaine de pages sans s'en rendre compte. Elle ignore les gros plans de visages inexpressifs ou caricaturaux qui tranchent avec la légèreté des mouvements de danse, mais détaillent plus attentivement la danseuse. Elle n'avait jamais dessiné quelqu'un comme ça avant.

Dans la salle, l'élève danse toujours. Libella s'étire, les chevilles douloureuses à force d'être en tailleur. Elle relève les jambes et cale son carnet dessus pour se replonger dans un dessin. Un très différent. Pas un croquis, ni une esquisse, ni un dessin simplifié. Une vraie scène qui englobe la salle de balle dans ses plus beaux détails, et au premier plan la danseuse, aérienne. Elle s'absorbe dans cette image finale, cette synthèse artistique. Peaufine certains traits quand une voix enthousiaste retentit.

À côté d'elle se tient la danseuse brune, l'air rayonnant et les joues écarlates. Libella l'observe un instant, puis son dessin final sur lequel n'apparaît le visage de la danseuse. Sa réalisation lui semble subitement bien palote à côté de l'expression émotive et vivante de la brune. Elle regarde à nouveau l'autre élève qui semble si heureuse et, alors qu'elle prend toujours grand soin de ses carnets, dans un geste impulsif qui ne lui ressemble pas du tout, Libella déchire proprement la dernière page dessinée.

- Je ne suis pas très douée avec les visages, les émotions, tout ça, alors on ne voit pas ton visage, je suis désolée, dit-elle en tendant la feuille.

Et elle le dit sur un ton d'excuse un peu honteux. Elle sait que ça pourrait être bien mieux. Ses dessins sont jolis parce qu'elle dessine depuis toute petite, elle a beaucoup d'entraînement derrière elle. Mais il lui manque toujours ces émotions. Maudites émotions.

- Je n'avais jamais dessiné quelqu'un avant, mais les mouvements, c'est hypnotisant. Tu viens souvent ici ?

La fillette assît sur le sol froid de la salle de bal, quitte du regard son carnet de dessin pour regarder Thaléa. Elle l'observe, sans répondre aux questions de la Serpentard. Thaléa n'aime pas réellement ces moments-là elles les trouvent toujours très... Gênants. La brune espère qu'il sera vite terminé, elle commence à sentir ses joues rougir.
Soudain, la jeune fille déchire proprement la feuille de son carnet et la tend à la deuxième année. Lui adressant enfin, quelques mots. Elle s'excuse de ne pas avoir dessiné son visage, elle ne semble pas douée avec les expressions et les émotions. C'est vraiment l'opposé de Thaléa, elle qui est au contraire, beaucoup trop émotive.

La brune est très heureuse de ce présent. Elle le prend des mains de la fille et l'observe attentivement. Chaque trait est fait avec une précision folle. Ensemble, tous ces traits forment un magnifique dessin, une magnifique scène. La salle est incroyablement bien refaite sur le papier, tous les détails y sont. Cependant, c'est la danseuse au centre qui fascine tant la fillette.
Elle regarde cette danseuse aérienne représentée au centre de la feuille. C'est elle, en train de faire une pirouette. La figure est parfaitement représentée. On croirait même que la danseuse pourrait se mettre à danser sur la feuille. Elle regarde ensuite le visage, il est absent sur le dessin mais, elle l'aime ainsi. Elle le trouve unique. Et puis, ainsi, danseuse pouvait être n'importe qui. Ce n'était pas forcément Thaléa Kisley. La Serpentard s'installait près de la fillette.

-" J'aime beaucoup ton dessin, il est très joli. Ne t'inquiète pas pour le visage, ça le rend spécial et puis au moins, toutes les danseuses peuvent devenir la fille de ton dessin. " Elle regardait encore une fois le dessin " Tu te débrouilles bien pour quelqu'un qui n'a jamais dessiné de personne. Oui, enfin, j'essaye de venir ici le plus souvent possible pour m'entrainer. C'est très important. J'aime tellement danser, je serais triste si je ne pouvais plus venir. Au fait, je m'appelle Thaléa. "