Au 40 ½ Buckingham Gate
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Au 40 ½ Buckingham Gate
Personne dans le quartier de Westminster ne connaissait le 40 ½ Buckingham Gate. Sécurité oblige, l’endroit était indétectable. Il n’existait pas plus pour les Moldus que pour les sorciers. Le bâtiment en briques rouges haut de quatre étages se dressait pourtant bel et bien entre le 40 et le 41 Buckingham Gate, mais seulement pour les membres de la famille Blackwave et le personnel habilité à travailler pour eux.
Aussi, Charles, le vieux majordome à la moustache de morse, ne fut guère surpris de voir la cheminée du salon s’embraser dans une soudaine explosion de flammes vertes par cette nuit de mai alors que la porte d’entrée restait irrémédiablement fermée à double tour. Il ne fut pas plus surpris de voir Dallan surgir des flammes en époussetant sa robe de sorcier bleu et or, un attaché-case à la main. Il était vingt-deux heures zéro zéro ; soit l’heure habituelle de retour du ministre après une longue journée de travail.
« Bonsoir Charles. »
« Bonsoir monsieur, répondit Charles en saisissant l’attaché-case de son maître. »
« Comment vont les enfants ? »
« Liam est inconsolable monsieur. Une fois encore, les Crécerelles de Kenmare… »
« … ne seront pas champions, s’amusa Dallan en riant de bon coeur avec le majordome. La passion inconsidérée de son fils pour cette équipe de Quidditch amusait souvent les deux hommes. Je sais. Il doit être dévasté… j’espère qu’il n’a pas rendu la vie impossible à Lili. »
Lili était le surnom qu’il donnait à sa mère, Delia, qui avait pris en charge l’éducation magique des deux derniers.
« Non monsieur, il a préféré s’enfermer dans sa chambre toute l’après-midi. Heather est la seule qui soit parvenue à lui livrer le dîner. »
Dallan arqua un sourcil interrogateur.
« Elle a utilisé la baguette magique de madame votre mère pour faire sortir de ses gonds la porte de la chambre, s’empressa d’expliquer le majordome en ôtant la cape posée sur les épaules de Dallan. Elle a déposé le plateau dans la chambre puis elle a remis la porte à sa place. »
Dallan secoua la tête, un grand sourire imprimé sur son visage. Heather, la plus jeune de ses filles, ne manquait aucune occasion de s’exercer à la magie. Le mot interdiction lui entrait par une oreille et lui ressortait par l’autre.
« Elle a encore dévoré un grimoire entier de sortilèges aujourd’hui, commenta une voix douce et chaude. »
Appuyée contre la porte du salon, les bras croisés sur sa poitrine, Abigail sourit à son mari.
« Bonsoir mon amour. »
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Aussi, Charles, le vieux majordome à la moustache de morse, ne fut guère surpris de voir la cheminée du salon s’embraser dans une soudaine explosion de flammes vertes par cette nuit de mai alors que la porte d’entrée restait irrémédiablement fermée à double tour. Il ne fut pas plus surpris de voir Dallan surgir des flammes en époussetant sa robe de sorcier bleu et or, un attaché-case à la main. Il était vingt-deux heures zéro zéro ; soit l’heure habituelle de retour du ministre après une longue journée de travail.
« Bonsoir Charles. »
« Bonsoir monsieur, répondit Charles en saisissant l’attaché-case de son maître. »
« Comment vont les enfants ? »
« Liam est inconsolable monsieur. Une fois encore, les Crécerelles de Kenmare… »
« … ne seront pas champions, s’amusa Dallan en riant de bon coeur avec le majordome. La passion inconsidérée de son fils pour cette équipe de Quidditch amusait souvent les deux hommes. Je sais. Il doit être dévasté… j’espère qu’il n’a pas rendu la vie impossible à Lili. »
Lili était le surnom qu’il donnait à sa mère, Delia, qui avait pris en charge l’éducation magique des deux derniers.
« Non monsieur, il a préféré s’enfermer dans sa chambre toute l’après-midi. Heather est la seule qui soit parvenue à lui livrer le dîner. »
Dallan arqua un sourcil interrogateur.
« Elle a utilisé la baguette magique de madame votre mère pour faire sortir de ses gonds la porte de la chambre, s’empressa d’expliquer le majordome en ôtant la cape posée sur les épaules de Dallan. Elle a déposé le plateau dans la chambre puis elle a remis la porte à sa place. »
Dallan secoua la tête, un grand sourire imprimé sur son visage. Heather, la plus jeune de ses filles, ne manquait aucune occasion de s’exercer à la magie. Le mot interdiction lui entrait par une oreille et lui ressortait par l’autre.
« Elle a encore dévoré un grimoire entier de sortilèges aujourd’hui, commenta une voix douce et chaude. »
Appuyée contre la porte du salon, les bras croisés sur sa poitrine, Abigail sourit à son mari.
« Bonsoir mon amour. »
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Au 40 ½ Buckingham Gate
Vingt-trois ans de mariage n’avaient pas réussi à rendre le baiser que Dallan et Abigail échangèrent moins passionné que ceux des premiers jours. Ils s’aimaient de manière aussi certaine que le lever du soleil se faisait toujours à l’est et son coucher à l’ouest.
« Peter est là, murmura Abigail à l’oreille de son mari. Amy et la petite aussi. »
Le sourire de Dallan s’affirma encore un peu plus. La surprise était de taille. Le plus vieux de ses enfants, le seul qui ne fut pas de son sang mais qui l’était tout comme dans son coeur, n’avait pas pu rejoindre la famille lors des célébrations de noël dernier. Lui et sa femme avaient passé les fêtes de fin d’année auprès de la famille de celle-ci — la destination changeait tous les ans pour ne faire aucun jaloux. Cela faisait donc en tout et pour tout huit mois qu’il n’avait pas revu son fils, sa belle-fille et surtout son unique petite-fille.
Impatient, Dallan pénétra dans le salon.
« Fils ! »
Peter Blackwave était un brave gaillard un peu plus grand que son père adoptif — qui mesurait tout de même un bon mètre quatre-vingt deux. Les épaules larges, la musculature robuste d’un homme habitué à travailler la terre tous les jours, Peter marcha droit sur son père pour l’enlacer.
« Père ! s’exclama-t-il en riant — il avait toujours le rire facile. Par Merlin, tu n’as plus un cheveu de couleur ! »
Dallan s’esclaffa à son tour en donnant de grandes tapes dans le dos de son fils.
« Le blanc est une couleur qui sied parfaitement bien à mon teint. Mais regarde-toi plutôt ! Quelle belle armoire à glace tu fais ! »
Peter éclata de rire tout en entraînant Dallan par la taille vers les fauteuils moelleux rassemblés en carré autour d’une table basse. Père et fils amusèrent Abigail qui donna quelques directives au majordome avant de les suivre dans le salon.
« Où sont ma belle-fille et ma petite-fille préférées ? »
« A l’étage, répondit Peter avec un grand sourire. Amy couche la petite. »
« Dans ce cas, pourquoi s’arrêter ici, en route ! Je veux les voir ! s’enthousiasma Dallan. »
Mais il se stoppa net dans son mouvement. Le visage de Peter s’était déformé en une fraction de seconde. Il ne souriait plus.
« Père, avant de monter il faut que je te parle de quelque chose en privé. »
La voix était grave. L’inquiétude réelle. La bouche légèrement ouverte, Dallan chercha sa femme du regard qui, lorsque se fut chose faite, lui fit signe de se rasseoir et d’écouter ce que Peter avait à dire. Après quoi, elle lui adressa un sourire un peu forcé et se retira dans la cuisine pour y préparer il-ne-savait-quoi.
« La dernière fois que tu m’as dit ça, tu t’apprêtais à devenir père, déclara Dallan en se rasseyant. »
Peter retrouva un bref sourire en secouant la tête.
« Cette fois, il s’agit de quelque chose de plus grave, tenta-t-il d’un ton vaguement amusé avant de retrouver un sérieux préoccupé. Quelqu’un est venu me trouver à la ferme, il y a quelques jours. Un homme avec un fort accent de l’est. »
Dallan fronça les sourcils en voyant que Peter peinait à le regarder dans les yeux. Il sentit grandir un poids dans son estomac.
« Il m’a parlé de mon géniteur… il a prétendu que le monstre qui a attaqué Beauxbâtons à l’automne dernier, celui qui a fomenté l’attentat qui a tué le ministre Stoyanov... c'est lui qui... qui aurait brisé ma mère... »
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« Peter est là, murmura Abigail à l’oreille de son mari. Amy et la petite aussi. »
Le sourire de Dallan s’affirma encore un peu plus. La surprise était de taille. Le plus vieux de ses enfants, le seul qui ne fut pas de son sang mais qui l’était tout comme dans son coeur, n’avait pas pu rejoindre la famille lors des célébrations de noël dernier. Lui et sa femme avaient passé les fêtes de fin d’année auprès de la famille de celle-ci — la destination changeait tous les ans pour ne faire aucun jaloux. Cela faisait donc en tout et pour tout huit mois qu’il n’avait pas revu son fils, sa belle-fille et surtout son unique petite-fille.
Impatient, Dallan pénétra dans le salon.
« Fils ! »
Peter Blackwave était un brave gaillard un peu plus grand que son père adoptif — qui mesurait tout de même un bon mètre quatre-vingt deux. Les épaules larges, la musculature robuste d’un homme habitué à travailler la terre tous les jours, Peter marcha droit sur son père pour l’enlacer.
« Père ! s’exclama-t-il en riant — il avait toujours le rire facile. Par Merlin, tu n’as plus un cheveu de couleur ! »
Dallan s’esclaffa à son tour en donnant de grandes tapes dans le dos de son fils.
« Le blanc est une couleur qui sied parfaitement bien à mon teint. Mais regarde-toi plutôt ! Quelle belle armoire à glace tu fais ! »
Peter éclata de rire tout en entraînant Dallan par la taille vers les fauteuils moelleux rassemblés en carré autour d’une table basse. Père et fils amusèrent Abigail qui donna quelques directives au majordome avant de les suivre dans le salon.
« Où sont ma belle-fille et ma petite-fille préférées ? »
« A l’étage, répondit Peter avec un grand sourire. Amy couche la petite. »
« Dans ce cas, pourquoi s’arrêter ici, en route ! Je veux les voir ! s’enthousiasma Dallan. »
Mais il se stoppa net dans son mouvement. Le visage de Peter s’était déformé en une fraction de seconde. Il ne souriait plus.
« Père, avant de monter il faut que je te parle de quelque chose en privé. »
La voix était grave. L’inquiétude réelle. La bouche légèrement ouverte, Dallan chercha sa femme du regard qui, lorsque se fut chose faite, lui fit signe de se rasseoir et d’écouter ce que Peter avait à dire. Après quoi, elle lui adressa un sourire un peu forcé et se retira dans la cuisine pour y préparer il-ne-savait-quoi.
« La dernière fois que tu m’as dit ça, tu t’apprêtais à devenir père, déclara Dallan en se rasseyant. »
Peter retrouva un bref sourire en secouant la tête.
« Cette fois, il s’agit de quelque chose de plus grave, tenta-t-il d’un ton vaguement amusé avant de retrouver un sérieux préoccupé. Quelqu’un est venu me trouver à la ferme, il y a quelques jours. Un homme avec un fort accent de l’est. »
Dallan fronça les sourcils en voyant que Peter peinait à le regarder dans les yeux. Il sentit grandir un poids dans son estomac.
« Il m’a parlé de mon géniteur… il a prétendu que le monstre qui a attaqué Beauxbâtons à l’automne dernier, celui qui a fomenté l’attentat qui a tué le ministre Stoyanov... c'est lui qui... qui aurait brisé ma mère... »
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Au 40 ½ Buckingham Gate
« Quelle est ta conviction profonde à ce sujet ? demanda Dallan en déboutonnant le col de sa chemise. »
Un pli soucieux creusa le front de Peter alors qu'il remuait le vide de ses yeux affolés. D'apparence calme, mais au fond rongé par l'angoisse, Dallan sortit sa baguette magique et fit apparaître deux verres dans lesquels il versa un whisky qu'il réservait uniquement pour les grandes occasions.
« Je... »
Dallan avala une gorgée, ses yeux verts fixés sur son fils.
« Est-ce qu'il t'arrive d'entendre une autre voix que la tienne, fils ? poursuivit Dallan en désignant sa tête. »
La question sembla prendre Peter au dépourvu. Assez pour contracter le coeur de Dallan qui s'empressa de plonger son nez dans son verre de whisky. Il n'avait pas besoin d'en savoir plus... il savait depuis toujours que Peter était né Horcruxe. Peu de mages noirs étaient assez tordus pour exécuter le processus de création d'un Horcruxe alors que le réceptacle était encore dans le ventre de sa mère... Pierre Legallet était de ces dégénérés. Cela ne prouvait bien évidemment rien, mais Dallan sentait qu'il était de son devoir de tirer cette histoire au clair.
Ce qui impliquait de rencontrer le Maître des Noirfangueurs en territoire neutre...
Dallan vida son verre d'une seule traite avant de s'ébrouer.
« Qu'est-ce que je dois faire ? »
« Rien. Toi, Amy et la petite emménagez ici jusqu'à nouvel ordre. Laisse-moi une semaine pour me procurer les informations qu'il nous manque. Nous verrons ensuite. »
Peter empoigna son verre et l'avala cul sec avant d'acquiescer.
« Une semaine. Pas un seul jour de plus. Tu sais bien que je ne suis pas fait pour la vie en ville. Amy non plus. »
Dallan sourit à son fils.
« Une semaine. Pas un seul jour de plus, c'est noté. Ça devrait me laisser le temps de profiter de ma petite-otage-adorée et de ses deux provinciaux de parents. »
Peter poussa un soupire avant de céder à un rire nerveux.
« Merci. Père. »
Dallan se leva en riant. Rire était une façon pour lui de repousser l'ombre de l'effroi qui lui glaçait les entrailles à la simple idée de se retrouver dans la même pièce que Stanislav Stoyanov.
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Un pli soucieux creusa le front de Peter alors qu'il remuait le vide de ses yeux affolés. D'apparence calme, mais au fond rongé par l'angoisse, Dallan sortit sa baguette magique et fit apparaître deux verres dans lesquels il versa un whisky qu'il réservait uniquement pour les grandes occasions.
« Je... »
Dallan avala une gorgée, ses yeux verts fixés sur son fils.
« Est-ce qu'il t'arrive d'entendre une autre voix que la tienne, fils ? poursuivit Dallan en désignant sa tête. »
La question sembla prendre Peter au dépourvu. Assez pour contracter le coeur de Dallan qui s'empressa de plonger son nez dans son verre de whisky. Il n'avait pas besoin d'en savoir plus... il savait depuis toujours que Peter était né Horcruxe. Peu de mages noirs étaient assez tordus pour exécuter le processus de création d'un Horcruxe alors que le réceptacle était encore dans le ventre de sa mère... Pierre Legallet était de ces dégénérés. Cela ne prouvait bien évidemment rien, mais Dallan sentait qu'il était de son devoir de tirer cette histoire au clair.
Ce qui impliquait de rencontrer le Maître des Noirfangueurs en territoire neutre...
Dallan vida son verre d'une seule traite avant de s'ébrouer.
« Qu'est-ce que je dois faire ? »
« Rien. Toi, Amy et la petite emménagez ici jusqu'à nouvel ordre. Laisse-moi une semaine pour me procurer les informations qu'il nous manque. Nous verrons ensuite. »
Peter empoigna son verre et l'avala cul sec avant d'acquiescer.
« Une semaine. Pas un seul jour de plus. Tu sais bien que je ne suis pas fait pour la vie en ville. Amy non plus. »
Dallan sourit à son fils.
« Une semaine. Pas un seul jour de plus, c'est noté. Ça devrait me laisser le temps de profiter de ma petite-otage-adorée et de ses deux provinciaux de parents. »
Peter poussa un soupire avant de céder à un rire nerveux.
« Merci. Père. »
Dallan se leva en riant. Rire était une façon pour lui de repousser l'ombre de l'effroi qui lui glaçait les entrailles à la simple idée de se retrouver dans la même pièce que Stanislav Stoyanov.
[FIN]
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