Inscription
Connexion

02 déc. 2018, 23:19
 RPG  Retour vers le passé  Solo 
Londres – Août 2043

Great Peter St.

Londres


Assise dans son canapé, Magdaléna fixait d'un air anxieux le bloc de papier à lettres posé à côté d'elle. Tout... Elle avait tout tenté pour reculer ce moment au maximum : après avoir arrosé les quelques plantes de son appartement, rangé son dressing, vérifié son stock de potions et pris trois cafés, chose qu'elle regrettait à présent, n'ayant pas besoin de cela pour être légèrement sur les nerfs, elle n'avait, tout simplement, plus d'idées pour retarder l'échéance.

Soufflant un bon coup, elle se saisit donc de son stylo et commença à rédiger la lettre qu'elle lui destinait. Mais comment reprendre contact avec un frère auquel elle n'avait pas parlé depuis quoi... 3 ou 4 ans... ? La jeune femme n'avait pas vraiment de plan. Elle imaginait qu'une lettre pourrait briser la glace et permettre un semblant de relation... mais ignorait tout des termes à employer. Devait-elle lui demander de ses nouvelles ? Assurément. Devait-elle demander pardon... ? Probablement... Car oui, l'espagnole avait ses torts et était en grande partie responsable de cet éloignement, tant géographique que fraternel. Ses études en Angleterre puis ses nombreux voyages à l'étranger ressemblaient, ni plus, ni moins, à une fuite. Elle fuyait ce frère qui ne semblait pas la comprendre, alors qu'il souhaitait juste la protéger... Et dire qu'elle avait failli le perdre il y a peu. Comme à chaque fois qu'elle se remémorait le moment de l'annonce, Magdaléna sentit sa gorge se serrer puis, crispant ses doigts autour du stylo, elle déchira le début de la lettre précédemment écrite et inscrivit :

Antonio,

Je suis rentrée en Europe. Pardonne-moi.

Magdaléna
On pouvait difficilement faire plus court... Mais rien, aucun mot, aucun phrase, si belle soit elle, ne serait assez porteuse de sens pour transmettre ses sentiments... N'ayant plus rien à ajouter, la jeune professeure cacheta sa lettre, inscrivit son adresse à Londres au dos et se rendit au bureau de la Poste moldue le plus proche. Une fois la lettre postée, l'espagnole se sentit plus sereine : elle avait fait le premier pas. Restait à savoir si une réponse lui parviendrait un jour...

#400080

20 déc. 2018, 23:14
 RPG  Retour vers le passé  Solo 
Londres – 10 Décembre 2043

Great Peter St.

Londres


Cela faisait maintenant 4 mois que sa lettre était partie et... rien. Antonio gardait désespéramment le silence... Un moment, Magdaléna avait craint que sa missive ne se soit égarée, avant de se souvenir que les hiboux remplissaient toujours leur mission, contrairement aux postiers du monde moldu. Après une nouvelle journée de vaine attente, la jeune professeur avait décidé, sur un coup de tête, de se rendre au marché de Noël tout proche.

Arrivée au pied du grand sapin décoré, elle put se fondre dans la foule et se laisser porter par l'atmosphère de fête qui y régnait. Du moins pendant quelques instants, avant d'être à nouveau submergée par la mélancolie... Refusant de se laisser aller, elle s'approcha d'un stand tout proche et, bien que grisée par les effluves de vin chaud qui se répandaient, elle préféra se payer un bon chocolat, amer et onctueux. Puis slalomant entre les badauds chargés de cadeaux, elle arriva près du traîneau du Père Noël. Ce dernier écoutait attentivement les enfants qui se succédaient et qui lui présentaient leurs doléances : la jeune femme brune sourit à ce tableau et s'imagina un instant, elle aussi, demander un cadeau à ce Père Noël... Ridicule, bien-sûr et elle se détourna bien vite, retournant à sa déambulation parmi les allées du marché. Après quelques heures, chargé de paquets et le portefeuille allégé de plusieurs dizaines de livres, elle reprit la direction de son appartement.

Ayant refermé, avec fracas, la porte, Madgaléna put enfin déposer ses différents achats avec un soulagement non dissimulé. Dire qu'elle était sortie uniquement pour se changer les idées ! Non seulement elle avait multiplié les achats mais, surtout, sa tentative était restée vaine car son frère n'avait pas quitté ses pensées un seul instant. Déçue, elle commença à ranger ses nouvelles acquisitions.

Alors qu'elle cherchait une place pour sa cheminée à encens, on sonna et, ouvrant la porte au nouveau venu, elle sut qu'elle n'oublierait pas ce moment avant longtemps.


« - Tonio... »

#400080

26 oct. 2020, 17:57
 RPG  Retour vers le passé  Solo 
Londres – 10 Décembre 2043

Great Peter St.

Londres


Depuis plusieurs minutes, un silence pesant s'était installé dans l'appartement, à tel point que la jeune femme pouvait maintenant percevoir le bruit de cette petite fuite d'eau qu'aucun des sortilèges tenté jusqu'à aujourd'hui n'avait réussi à stopper. Ploc... Ploc... Ploc... Cela ajoutait encore à son stress et n'en pouvant plus elle se leva, tel un ressort :

« Hum.... Tu veux encore du café ? », lui proposa-t-elle en saisissant sa tasse. Puis revenant de la cuisine, elle lui dit : « Tu sais... Je n'espérais plus avoir de tes nouvelles... Est-ce que... » Elle butait sur les mots, Merlin que c'était compliqué. « Est-ce que tu as... hésité avant de me répondre... ? ». Voilà, la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'elle avait découvert son frère sur le pas de sa porte, était sortie. Il fallait qu'elle sache, même si elle savait que ça pouvait lui faire mal. Surtout dans ce dernier cas d'ailleurs. Magda était loin d'être idiote mais elle avait mis du temps à réaliser que son comportement avait fait souffrir son frère, beaucoup, et donc, si ce dernier ne lui avait pas répondu, elle aurait vécu cela comme un juste retour des choses... Mais non, Antonio était bien présent ici, à Londres, assis dans son salon. Alors pourquoi ce délai... ?

Sa question ne récolta tout d'abord qu'un long soupir de la part de son frère. Puis ce dernier leva les yeux vers la potionniste.
*Comment en sommes-nous arrivés là ?*, songeait cette dernière. Dix-huit ans la séparait de son frère, c'est vrai, mais, pour autant qu'elle s'en souvenait, ils étaient proches avant l'Evénement, Antonio passant tout à sa cadette et Magda regardant son grand frère avec admiration. Bien-sûr, la mort de leurs parents puis la découverte des pouvoirs de la jeune femme avait singulièrement compliqué leurs rapports, le jeune homme ayant pris la place d'un « quasi-père » pour l'enfant de 8 ans qu'elle était alors et elle avait transféré toute la tristesse et la culpabilité qu'elle ressentait sur cette nouvelle figure d'autorité. *Si tu savais comme je m'en veux...*.

Un raclement de gorge lui permit de sortir de ses sombres pensées et de revenir dans le présent.

« Comment peux-tu penser ça, Léna... », commença-t-il d'une voix rendue rauque par l'émotion. « Bien-sûr que non, je n'ai pas hésité. Seulement, je ne savais pas quoi t'écrire... Du moins, comment te l'écrire. Te faire comprendre que j'étais heureux de recevoir cette lettre, te dire qu'il n'y a rien à pardonner. Que j'ai eu aussi mes torts mais que surtout, je te comprenais... Et que je souhaitais reprendre une place dans ta vie, comme toi dans la mienne... C'était compliqué de placer tout ça à l'écrit... Déformation professionnelle, je suppose : je veux toujours plaider les causes à l'oral. Donc j'ai préféré venir...», continua-t-il avec un léger sourire. « Mais, ce n'est pas vraiment ça qui m'a autant retardé... »

Magdaléna l'écoutait, ne retenant pas les larmes qui coulaient maintenant sur ses joues. Elle n'était pas spécialement émotive mais, en cet instant, rien ne pouvait les retenir. Soulagement, joie, tristesse, regrets : tout se mêlait et la jeune femme se sentait un peu plus légère. Néanmoins, sa dernière phrase l'interpella, elle se fit donc encore plus attentive.

« Un détail toutefois... », reprit son frère, avec ce fameux sourire en coin qui avait tant manqué à Magdaléna mais qui annonçait habituellement quelque plaisanterie de la part de son aîné. « Un tout petit détail, hein... Mais il faut croire qu'il me reste certaines choses à t'apprendre, petite soeur... La prochaine fois que tu envoies un hibou : pense à écrire ton adresse au dos... Surtout si tu espères une réponse»

La jeune femme resta bouche bée face à cette remarque : à l'évidence le destin lui-même s'était chargé de sa punition en lui infligeant des semaines d'attente douloureuse...

#400080