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10 janv. 2019, 00:12
Cavité Pleine  Solo 
Encore quelques pas… Sa progression était lente contre le vent qui était d’une force considérable en cette saison automnale. Pas de protection magique en ce jour, elle avait cru comprendre que les Moldus, bien que paraissant indifférents à leur environnement, avaient un détecteur à tout ce qui déviait de leur « normalité » et la sorcière avait conscience que même sans le chercher elle pouvait s’attirer des regards désagréables si elle ne se contenait pas. Ainsi sa démarche était aussi droite que possible, suivant une ligne invisible. Elle portait un chapeau en feutre qui dissimulait une grande partie de sa chevelure claire. Elle se déroba assez vite à l’attention des passants lorsqu’elle plongea en un lieu où la densité de la végétation du parc dans laquelle elle naviguait la couvrit de son ombre. Sentant qu’elle ne risquait pas d’être épiée, sa main chercha entre les couches de tissu une branche de bois fine au toucher granuleux sur sa zone de saisie. La jeune femme s’avança, tentant de sentir quelque chose de particulier. Des vibrations de Magie, une empreinte familière pour se situer. Depuis peu elle séjournait une partie de l’an à Londres, s’éloignant bien loin du pays qui l’avait vu naître l’Allemagne et de la France où elle avait vécu son passage de l’enfance à l’adolescence, puis à l’âge adulte. Sur ce dernier point elle doutait encore, car au-delà d’un âge, qu’est-ce qui permettait la détermination en adulte ? Chioné n’avait pas de réponse à cette interrogation personnelle, elle se sentait grandir sur certains plans au gré des expériences vécues, sans jamais chercher quel bout de chemin elle parvenait à traverser concrètement. Une Pyramide d’états d’avancement non-synchrones.

L’Allemande avait prévenu ses amis les plus proches de Beauxbâtons de son déplacement et ils avaient convenu d’un réajustement de leur mode de communication. Elle cherchait donc le Noyau entreposé dans les parages. La paume de sa main sentit un frémissement, comme un chatouillis ténu. Elle en aurait presque cru que sa baguette voulait parler, jusqu’à ce qu’elle s’agenouille devant un arbre dont quelques saillies semblaient appeler la pointe de son instrument de Magie. Une vague effectuée avec son bras et une brèche s’ouvrit et s’écarta pour laisser place à une petite cavité dans le tronc large. Cette dernière était emplie d’une liasse de parchemins étroitement ficelés. Trois entités distinguées. Et dans un renfoncement un espace supplémentaire qu’elle ouvra en effleurant de ses doigts le bois. La sorcière Ajax sortit d’une poche intérieure un papier qu’elle avait écrit, sa dernière lettre où elle s’imaginait encore enfant, en avoir le droit. Ses doigts serrèrent très fort le carré pâle couvert d’encre avant de le lâcher et de le poser à sa place. Avec tout l’historique des Correspondances du Quatuor dont les relations n’avaient jamais cessé d’être entretenues une fois leur diplôme en poche. Ils n’avaient pas eu cette crainte de la disparition, mais plutôt celle plus inévitable de l’éloignement. Ils palliaient tant qu’ils le pouvaient en s’informant à leur manière de leur avancement. En souvenir de leur première réunion, Chioné continuait la narration de son Récit qu’elle avait débuté en premier dévoilement de soi.

La future journaliste referma alors avec soin les deux barrières naturelles, se retournant aussitôt après pour s’adosser au même tronc sombre. Elle leva ses yeux verts vers le Ciel. Une part de ce passé idyllique la manquait. Quand des enfants et leur myriade de Rêves évoluaient insouciants dans un magnifique palais. Dans les Contes, les enfants ne sont pas jetés hors du château, devant survivre seuls dans un monde qu’ils découvrent seulement en le vivant, rien ne pouvant dépeindre avec l’intensité des sensations la force de l’expérience personnelle. Ou était-ce le cas ? La presque-adulte avait la forte impression qu’elle avait connu ce passage d’égarement dans la forêt hostile et menaçante dans son parcours. Réaliser que le sol s’effrite trop tard n’épargne pas de la chute, elle n’en est pas même moins surprenante. En acceptant d’entrer à la Gazette du Sorcier, elle n’avait pas idée de l’univers qu’elle pénétrait. L’Allemande avait uniquement conscience qu’elle sortait d’une longue errance dans laquelle elle avait été plongée quelques années de formation et appréhensions faites en se laissant guider par Tyché. Un nouvel Acte commençait-il ? Était-elle prête à ce nouveau lever de rideau ?



Reducio
Espace sans ordre de chronologie. Quand des lettres de la Correspondance seront publiées, elles seront datées.