Lahira ne comprit pas tout de suite. Elle fixa son regard sur Jason Holms. Lui, son père ?
Comment l'accepter ? C'est vrai qu'il ressemblait énormément à l'homme sur sa photo. Des millions de questions se bouscula dans son esprit : qui était-il vraiment, pourquoi l'avait-il abandonner, où était sa mère... Puis, le visage toujours aussi fermé, elle réfléchit un peu : venait-il vraiment la chercher ?

- Bonjour, Lahira.

C'était Jason qui venait de parler. Il avait une voix clair, chaleureuse. Et puis, son visage était avenant, souriant. Il avait ce sourire charmeur, qui embobinait tout le monde.
Lahira le défia du regard, mais s'adressa juste à Audrey :
- Je dois aller préparer mon sac ?

Sa vie était déjà instable, qu'elle parte avec cet inconnu lui importait finalement peu. Tout son bonheur était à Poudlard.
Audrey semblait un peu désemparée, mais elle se reprit :
- Hum... Oui, oui. Nous allons régler les derniers papiers.

Lahira se leva et disparu du bureau. Son assurance faillit voler en éclat quand elle fût dans le couloir. Cela l'affectait tout de même. Elle allait devoir quitter le toit qui l'avait abrité depuis qu'elle était bébé, et quitter avec les personnes qui formaient sa famille.
L'aiglonne se sentait comme un objet que l'on passait de main en main. Sa faiblesse disparue, laissant place à la détermination.

Les portes étaient fines, et avant de partir, Lahira entendit Audrey :
- Vous savez, Lahira est une enfant très... explosive, déterminée. Il est très dur de s'occuper d'elle. Mais elle est forte, et s'accoutume à n'importe quelle situation.

Lahira sourit, et alla dans sa chambre préparer son sac. Elle n'avait pas grand chose à prendre. Sa valise de Poudlard n'avait pas beaucoup bougée depuis le début des vacances, et elle n'eut qu'à remettre des grimoires dedans. Elle prit son sac à dos en cuir noir, et rangea dedans les "affaires de survie" : quelques habits, une brosse à dent, son carnet à croquis, des crayons à papier et la photo de ses parents.
Lahira y jeta un coup d’œil : l'homme dans le bureau d'Audrey Smith était bien son père.

L'aiglonne descendit dans le hall de l'orphelinat avec ses affaire, et passa le temps en dessinant. Les questions l'assaillaient : pourquoi son père ne semblait avoir eu aucune émotion en la voyant ? Pourquoi être venu la chercher après tout ce temps ? Comment pouvait-elle vivre avec quelqu'un qui ne connaissait rien d'elle, de ses goûts, de ses peurs, de ses amis ?

Jason Holms et Audrey arrivèrent enfin. Tout semblait irréaliste. Partir, comme ça ? En à peine une heure, sa vie avait basculée. Lahira comprit : son père avait du prévoir un rendez-vous avec Audrey, avait déjà du remplir tous les papiers. Peut-être même qu'il était venu déjà plusieurs fois à l'orphelinat.

Audrey lui fit promettre de revenir les voir, et Lahira lui adressa un sourire qui se voulait courageux. Elle sortit avec son père, déterminée à ne pas regarder en arrière.

- Je t'emmène au restaurant ? demanda Jason après avoir mis sa lourde valise dans le coffre d'une voiture de sport.

Lahira haussa les épaules.

- Tu veux manger quoi ?
- Peu m'importe.

L'aiglonne se rendit compte que son père n'était pas si assurant qu'il ne le laissait paraître. Il semblait stressé, un peu énervé, mais faisait tout pour garder un masque cool, sympa et détendu.
Il emmena Lahira dans un restaurant plutôt chic, de très bonne qualité.

- Alors... Raconte-moi un peu ta vie ! commença Jason.
- Ben... C'est très simple, j'ai toujours été orpheline, et aujourd'hui, quelqu'un 'est ramené dan ma vie en prétendant être mon père.

Jason ne se laissa pas refroidir par cette réponse antipathique : voilà un point commun avec sa fille.

- Tu es à Poudlard ?
- Oui. J'ai préfèrerait d’ailleurs y être là, maintenant.
- Dans quelle maison ? fit-il, comme s'il n'avait pas entendu.
- Serdaigle.

Jason sourit, dévoilant une rangée de dents blanches.

- Ah, comme ta mère ! Moi , j'ai été à Gryffondor.
- J'en suis ravie. Je peux savoir maintenant pourquoi tu es revenu me chercher ?

Lahira avait été directe, franche, et pas vraiment agréable. Le masque de Jason se fissura pendant un instant, avant de reprendre son assurance.

- Eh bien, Emma tenait beaucoup à que je tienne mon rôle de père.
- Emma ? reprit Lahira.
- Oui, Emma, ma copine. Elle est formidable, tu vas l'adorer.
- Je vois. Tu n'ai même pas venu me rechercher de ton propre chef.

Son père fronça les sourcils, mais garda un grand sourire.

- Sois un peu sympathique. Avec ta mère, on était bien trop jeune pour te garder.

Lahira avait l'impression d'être face à un gamin capricieux. C'était à elle de jouer l'adulte, de poser les bonnes questions ?

- D'accord. Alors, tu habites où ? Quel est ton métier ? Qui est ta famille ?

Il rigola, et répondit, jouant le jeu :
- Doucement ! J’habite à Londres, dans un quartier riche. Je travaille dans la coopération mgique au ministère. J'ai renié depuis bien longtemps mon père, ma mère est morte quand j'avais neuf ans, et j'étais fils unique. Je vis avec Emma dans un appartement, et avec sa fille Holly.

La fille brune ne répondit pas tout de suite, digérant toutes les informations. Son père non plus ne semblait pas avoir eu la vie facile. Ce qui ne justifiait rien, en fait.

- Et donc, moi aussi je vais habiter dans un appartement, dans un quartier riche de Londres, avec Emma et sa fille Holly ?
- Exact ! Je travaille beaucoup, c'est Emma qui s'occupera de toi.
- Je n'ai pas besoin qu'on s'occupe de moi.

La première partie du repas avait été électrique, et Lahira se força à être sympathique et à dire des banalités. Du même tempérament, Jason fit pareil.