Cyanna lui dit de parler, alors elle parle.  Elwing lâche tout ce qui ne va pas, pleure sur l'épaule de sa soeur et se libère de tout ce poids qu'était la solitude.  Elle lui raconte comment toutes ses relations ont fini par perdre leur importance à côté de Juliette, le moment où elle s'est rendu compte qu'elle ne l'avait jamais vraiment aimée et qu'elle était seule.  La Poufsouffle enchaîne avec ce trou béant qui a régné en elle quand elle a dit à Juliette qu'elle ne pouvait plus continuer, puis termina par sa décision de venir ici.  Un torrent de larmes inonde le salon et ne fait que grandir au fur-et-à-mesure.  

  La tempête se calme, Elwing sent que la mer ne balance plus, elle ne débordera plus.  

- Allons nous coucher.

  La jeune fille prend la main de sa soeur, elle l'entraîne jusqu'à la chambre et lui propose de s'installer dans le plus grand lit.  Elle va dans le plus petit et s'allonge en regardant le plafond, les joues mouillées.  Elwing ne supporte pas le froid qui règne sous la couverture, elle se lève et se couche à côté de Cyanna, espérant ne pas la déranger.  Elle se blottit contre elle, comme un enfant qui a fait un cauchemar, et se réchauffe auprès d'elle.

- - - - -                                                              - - - - -

  Mardi,

  Elwing se réveille, elle regarde autour d'elle et voit Cyanna qui dort encore.  Cela lui donne le sourire pour la journée.  Elle se lève et regarde dans le miroir, son seul reflet y figurant.  Elle prépare deux plateaux de petit-déjeuner, en apporte silencieusement un sur son lit puis va rechercher le second et revient dans la chambre.

- Debout Cyanna, on a une belle journée qui nous attend, le petit déjeuner est servi !

Elwing parle et pleure. Les deux se mélangent et forment un tourbillon qui semble indissociable. Comme si, dorénavant, à chaque fois qu'Ewing parlerait, elle pleurerait. Cyanna écoute et regarde ce triste spectacle comme on observe un ouragan dévaster sa maison. Elle regarde mais n'a pas peur. Cet ouragan est inoffensif. 
La petite sorcière tente de glisser une main dans le dos de sa soeur quand elle le peut. Mais elle ne sait jamais quel est le "bon" moment. Avant de glisser sa main, elle hésite plusieurs secondes voire minutes, elle stoppe parfois son mouvement avant de toucher sa soeur, indécise. Une fois sa main posée, elle laisse ou frotte d'une manière affective le dos de sa soeur. Mais elle ne sait pas. Elle ne comprend pas les "règles" du contact. Au contraire des personnes refermées sui haïssent ce dernier, la petite, elle, ne le comprend seulement pas. Elle ne sait pas ce qu'il "faut" faire. Alors, elle ne fait pas. Mais, pour sa soeur, elle fit un effort.

Puis, l'ouragan se termine. Elwing parle sans pleurer, Cyanna est rassurée : elle pourra, à l'avenir, parler sans pleurer.
Sa soeur met fin à leur discussion, même si Cyanna n'avait placé que quelques mots - et que l'on aurait plutôt dû appeler leur face à face un monologue.

Elwing la tira alors vers une chambre contenant un grand et un petit lit. Cyanna s'installa sur le premier des deux meubles cités et Elwing sur le second. La petite était gênée de ce choix et aurait préféré laisser le plus grand des deux lits à sa soeur mais elle n'eut pas le temps de protester. Elle s'installa donc sous la couette et, alors qu'elle allai s'endormir, elle fut rejointe par sa soeur qui se blottit contre elle. Cyanna sourit dans l'obscurité et s'endormit, une main dans les cheveux de sa soeur.



Mardi,

Plongée dans un sommeil profond, Cyanna la marmotte ne se réveilla pas tout de suite. C'est Elwing qui fut la première debout. La petite, elle, resta les yeux clos, fatiguée par son voyage de la veille.
Lorsque ses deux globes bleus et gris s'ouvrirent, elle les plissa tout de suite, aveuglée par la lueur du jour. Elle se retourna et chercha Elwing du regard : pas là.
Una fraction de seconde plus tard, elle vit celle qu'elle cherchait arriver par la porte de la chambre en disant :

- Debout Cyanna, on a une belle journée qui nous attend, le petit déjeuner est servi !

Sa souvenant alors de leur journée à la salle de bal, Cyanna sourit et dit :

- Pas de robe et de chant pour cette fois j'imagine. On va où ?

Elle espérait distraire sa soeur en ne lui remémorant pas les épisodes de la soirée précédente. Une journée mouvementée était, selon elle, la meilleure chose à faire.

Pardon pour le retard...

  Elwing sourit à la question de Cyanna, cet engouement qu'elle découvrait chez sa soeur depuis un mois lui redonnait la joie de vivre qu'elle avait perdu.  La Poufsouffle déposa à l'autre brunette son petit déjeuner typiquement anglais et alla dans son lit pour manger le sien.  Elle mit une bonne fourchette d'oeufs brouillés dans sa bouche, l'avala puis commença à répondre à Cyanna.

- Eh bien...  Il y a un parc pas loin d'ici, je pense qu'on peut passer la journée là-bas non ?  Je suis vraiment désolée, j'ai pas trop prévu de choses pour aujourd'hui, je suis pas trop... d'humeur.

  La jeune fille ravala les larmes qui lui montaient aux yeux, repensant à toutes ces personnes avec qui elle avait été odieuse pendant une ou deux semaines à cause de sa colère et de sa tristesse.  Elle s'en voulait énormément...

  Elwing attendait une réponse et continuait de se manger et de retenir ses pleurs pour ne pas alerter sa soeur.  Elle était assise à côté d'elle et tentait de cacher ses yeux avec ses cheveux pour qu'elle n'y voit rien.  La brunette ne voulait pas paraître faible comme la veille, elle devait veiller sur Cyanna, elle était sa grande soeur après tout, se dit-elle.  Elle repensa alors à Juliette et réalisa qu'elle n'en avait jamais parlé réellement à la jeune Poufsouffle.

- Tu pensais quoi de Juliette ?, lâcha-t-elle.  Elle poursuivit.  Je veux dire, ça te dérange que je sois en couple ? Etais-je plus distante avec toi ?  Tu crois que je pourrai retomber amoureuse et avoir une autre relation ?  Et toi tu as déjà aimé quelqu'un, du vrai amour ?

  Elwing n'avait jamais vraiment abordé ces sujets là avec Cyanna et s'en rendit compte seulement maintenant.  Elle avait envie d'en parler avec sa soeur à présent et espérait y trouver réconfort.