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15 juin 2019, 00:05
 RPG++  Dis-moi, Papa  Solo 
21 décembre 2043
Gare de King's Cross - Voie 9 3/4


Le train approchait tranquillement de la voie 9 3/4 après avoir foncé à toute allure à travers la campagne écossaise. Les magnifiques paysages de vallées verdoyantes qui s’étaient succédés avaient laissé place à la gare et à son quai bondé en ce début de vacances de Noël. Cette année, Rey avait quitté Poudlard à contre-cœur. L'idée de passer deux semaines avec ses parents ne l'enchantaient pas au plus haut point. Il avait bien trop l'impression d'être indésirable dans le petit logement du 10 Stillington St, à Westminster. Dans l'école de magie, personne ne lui lançait des regards inquiets à la dérobée comme s’il était une bombe à retardement, personne ne le faisait taire quand il voulait raconter ses aventures, personne ne l'empêchait d'être un sorcier.

Du coin de l’œil, il observa Drian qui contemplait sans expression la foule par la vitre, le coude posé sur le rebord de la fenêtre, son menton logé dans le creux de sa main ouverte. Son petit frère subirait-il la même chose ? Il était plus proche que lui de leur mère, peut-être serait-elle plus ouverte avec lui. Quant à leur père, il n'en avait pas la moindre idée.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Drian à son frère en sentant le poids de son regard sur lui.
- Rien, je... je réfléchissais.

Le garçon délaissa le quai où il avait repéré une tignasse rousse familière pour se tourner vers lui avec une moue sceptique mais ne répliqua rien. A quoi bon ? Il savait déjà à quoi pensait Rey et il n'avait pas l'intention d'en discuter plus que de raison. Ils allaient rapidement savoir ce qu'il en était.

- Meerah nous attend, on devrait se dépêcher avant qu'elle ne monte dans le train en criant pour nous trouver, dit le premier année quand la locomotive s'arrêta dans un crissement de ferraille.

Rey grimaça à cette idée. C'te honte qu'il aurait si elle faisait ça. Il acquiesça et se leva de concert pour récupérer sa valise et quitter le compartiment. Athéna était restée avec Eliott à Poudlard. Son ami avait accepter de s'occuper d'elle puisqu’il ne rentrait pas dans sa famille cette année. Le rouquin aurait bien voulu que son meilleur ami passe les fêtes avec eux mais sa mère avait refusé. Injustement, selon lui. Il avait été alors forcé de l’abandonner aux mains des poufsouffles restants. Et aux griffes de la chatte argentée. Il se promit de lui écrire une lettre pour lui envoyer tout son réconfort.

Il suivit Drian jusqu'à une fillette gesticulant dans tous les sens, juchée sur la pointe des pieds pour mieux voir au travers des grands. Quand elle les aperçut, elle poussa un cri de joie et leur sauta dans les bras à tour de rôle. Rey serra fort la petite jusqu’à la décoller du sol ce qui la fit rire. Il regarda autour d’elle après l’avoir reposer au sol, cherchant des yeux leurs parents. En vain.

- Tu es toute seule ? lui demanda-t-il surpris.

Meerah afficha un large sourire.

- Oui ! Je suis une grande maintenant ! Je peux venir vous chercher toute seule ! s’exclama-t-elle.
- Et qui a conduit la voiture ? demanda innocemment Drian.
- Papa !

Rey fut très surpris d'apprendre la présence de son père. La petite plaqua une main sur sa bouche en écarquillant les yeux, consciente d’avoir été prise au piège et d’avoir révélé facilement son secret.

- Mais t’es pas drôle Drian, dit-elle d’une voix plaintive tandis qu’ils se dirigeaient tous les trois vers le mur qui les mènerait du côté des moldus.

Ils le traversèrent et Rey resta un instant interdit. Son père ET sa mère étaient présents. C’était suffisamment rare pour être souligné. Ça n’était, pour ainsi dire, encore jamais arrivé. Le garçon oscilla entre joie et perplexité. Pour quelle raison étaient-ils tous les deux présents ? Et papa ? Il n’avait plus peur ? Mais lorsque son père ouvrit les bras avec un large sourire pour les accueillir, le poufsouffle n’hésita pas longtemps et l’enlaça. Arvel s’empara de son fils et lui ébouriffa les cheveux avec affection avant de coller un baiser sur le front de Drian.

- Alors Poudlard, c’était comment ? s’exclama-t-il avec bonne humeur.
- Pas ici, gronda Arilde Sifferlen en jetant des regards affolés aux moldus venus prendre leur train. Rentrons.

Leur père capitula non sans leur faire un clin d’œil et ils rejoignirent tous ensemble la petite auto qui attendait devant la gare, le sourire aux lèvres. Direction Westminster ! Finalement, ces vacances n’allaient peut-être pas être aussi terribles que ce que Rey pensait. Ce revirement lui paraissait cependant trop étrange pour ne pas rester sur ses gardes alors il se concentra au maximum sur son père, cherchant à percer plus loin que le visage joyeux, se laissant aller à tout ce qu’il ressentait. Il voulait savoir, devait savoir, avait besoin de savoir. Et il sut. Il sut alors que rien n’avait changer. Car la peur était toujours là. Arvel Powell avait beau la masquer derrière une attitude affable, il ne pouvait cacher son cœur à son fils aîné.

29 nov. 2020, 00:09
 RPG++  Dis-moi, Papa  Solo 
25 Décembre 2043
Londres - Chambre de Rey et Drian


- Rey ! Lève-toi ! On va être en retard ! cria Arvel du bas de l'échelle de la grande mezzanine.

Le rouquin bailla largement, et s'enroula de plus belle dans sa couette. Comme la princesse dans sa tour, il se sentait intouchable. Pensée tellement fausse issue de son esprit engourdi à la mémoire courte. Son père, excédé d'appeler le garçon pour la troisième fois et pressé par le temps, monta à l'échelle d'un pas lourd et tira d'un geste vif la si précieuse couverture.

- Aaargh, grogna Rey, mais pourquoi t'fais ça, c'est les vacances et il fait si froiiid, dit-il d'une voix aussi plaintive que pâteuse en se recroquevillant près du mur.

Arvel Powell leva les yeux au ciel, un sourire mi-figue mi-raison imprimé sur les lèvres. Ainsi recroquevillé, son fils paraissait aussi normal que tous les autres enfants et loin de tout danger. A la fois attendrissant et agaçant. Une ombre passa dans son regard lorsqu'il avisa la baguette de bois prêt de l'oreiller de Rey.

- Tu sais pourquoi, fit-il d'un ton sec, On doit se rendre chez tes grand-parents pour le jour de Noël. Je ne te rappellerai plus, si tu ne t'habilles pas rapidement, tu restes là tout seul et tu n'auras pas de cadeaux.

L'homme attendit quelques secondes, mais voyant que l'enfant ne bougeait pas malgré la mention des cadeaux, redescendit en marmonnant. Rey entendit les mots "mère", "colère", "en retard" et puis plus rien. Son père avait franchit la porte de la chambre qu'il partageait avec Drian. Le rouquin étendit alors son corps, les yeux braqués au plafond, ses poings néanmoins restèrent serrés. L'ambre de ses yeux ondula un instant, signe de la tristesse qui l'habitait. Arvel Powell était différent depuis qu'il était entré à Poudlard. Plus sec, plus distant. L'aimait-il encore ?


Quelques part entre la ville et la campagne de Londres


- J'ai faim, annonça Rey.

Sa mère lui jeta un coup d’œil du siège passager.

- Tu n'avais qu'à te lever la première fois que ton père t'a appelé, dit-elle.

Cela faisait quelques minutes que la voiture avait démarré. Le garçon s'était levé et habillé en catastrophe. Tout le monde était déjà prêt lorsqu'il avait débarqué dans le salon et il n'avait eu que le temps de mettre ses chaussures avant d'être entraîné dans la voiture. Assis à l'arrière avec son frère et sa sœur, il s’ennuyait déjà du voyage et son ventre grondait famine.

- T'avais qu'à te lever ! renchérit sa petite sœur, assise à côté de lui, d'une voix nasillarde.

Il se tourna vers elle et lui tira la langue.

- Au moins, j'ai pris le temps de m'habiller correctement moi, c'est quoi ces fringues horribles lui dit-il par vengeance en désignant la salopette avec un imprimé marguerites qu'elle portait.
- T'es méchant ! cria Meerah vexée. C'est toi qui est horrible !

Rey imita sa sœur avec un ton encore plus aiguë qu'elle ce qui alimenta plus de cris. Au bout de quelques minutes de chamailleries et de bagarres leur mère se retourna.

- Vous allez vous calmer oui ? Pourquoi vous ne faite pas comme Drian ? Regardez donc le paysage et taisez-vous.

Assis derrière leur mère, Drian restait en effet silencieux. Les yeux dans le vague, il semblait préoccupé. Rey se demandait bien ce qui lui torturait l'esprit. Le rouquin émit un soupir sonore et posa sa tête contre la vitre, ce n'était pas maintenant qu'il le lui demanderait alors autant faire ce que sa mère disait et se préparer à cette entrevue entièrement moldu, rien à voir avec l'animation de Poudlard. Sa sœur, elle, boudait. Au bout d'un quart d'heure néanmoins, alors qu'il s'usait dans la contemplation du paysage sans jamais rien reconnaître de la direction qu'ils empruntaient compte tenu de son très mauvais sens de l'orientation, la fillette lui tendit un petit gâteau.

- Je l'avais gardé pour toi, lui murmura t-elle sur le ton de la confidence.

Rey lui fit un grand sourire et lui colla un bisous sonore sur le front pour la remercier avant d'engloutir en une bouchée le biscuit. Il ne vit pas le sourire en coin qui se dessina sur le visage de son père au volant.