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28 juil. 2018, 19:02
Quand passé présent et avenir s'entremêlent


Point de vue de Mary Cookenay


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Préface du moment présent
Notting-Hill, Londres


L’incompréhension, la déception, tel était mon ressenti lorsqu’il me parla avec dégoût. Le dégoût, voilà ce que je pus déceler à travers sa voix alors que je ne souhaitais que notre bonheur. Rejetée, alors même que je prononçais ces quelques mots si importants à mes yeux et primordiaux au sein de notre relation. Je connaissais William, il n’était pas ce genre d’homme qui croyait en la magie, ni au "paranormal". C'était quelqu’un de très droit qui ne croyait qu’en ce qu’il voyait, et surtout qu'en ce qu'il pouvait expliquer. Mais même lorsqu’il vit de ses propres yeux ce que je fis avec ma baguette, il ne put malgré tout l’admettre. Enfin, presque, car il fit une chose qui me blessa encore plus que les mots sortis de sa bouche. Il m’arracha ma seule enfant, ma tendre fille qui ne pouvait vivre en ayant sa mère à ses côtés. Du moins, c’était ce à quoi pensait mon époux, car ma détermination était quant à elle bien là, et je savais que tôt ou tard viendrait le jour où tout basculera.

J’avais voulu faire passer cette révélation en douceur, sans brusquer les choses. Je savais pertinemment que ce ne serait pas simple, d’autant plus que la personne à laquelle je devais révéler mon identité réel était encore plus obtuse que n’importe qui. Je me suis souvenue bien des fois les paroles de ma chère mère et de mes sœurs qui me répétaient inlassablement que William n’était et ne sera jamais ni plus ni moins qu’un moldu au cœur froid et au tempérament qui ne me correspondait guère


Chapitre 1 à suivre

Il ne suffit pas seulement de croire en ses rêves, mais de croire aussi en soi.

04 août 2018, 17:02
Quand passé présent et avenir s'entremêlent
Chapitre 1 : Une famille, une enfance et des souvenirs amers


... Mon cœur avait-il donc fait le mauvais choix ? Bien que cette question demeurait en moi, je ne pouvais croire les paroles de ma chère famille, trop attachée aux valeurs et traditions pour pouvoir ouvrir leurs esprits quant au monde moldu. Pourtant, nous n’habitions pas si loin de plusieurs demeures moldues, nous aurions pu sympathiser avec eux, à moins que cela ne fit qu’accroître la méfiance de ma famille envers cet autre univers qui me fascinait. Je me souvenais de ces moments passés à venir en aide à mes voisins moldus de Dartford, le lieu de mon enfance. Enfin, voisins qui se trouvaient à plusieurs centaines de mètres de notre maison familiale, abritant la plupart des Cookenay depuis maintenant six générations. Cette famille n’était guère connue, que ce soit des sorciers ou des moldus. C’était fort compréhensible vis-à-vis de leur tendance à se calfeutrer dans leur domicile, sentant qu’il était nécessaire de faire perdurer notre nom de famille en mariant les cousins et cousines ensemble. Le sang ne serait que plus pur encore, il n’y aurait en son sein que celui des Cookenay.

- Il est nécessaire, répétait assez souvent ma mère lorsque j’étais en désaccord avec elle, de se marier avec un membre de notre si belle famille, car mélanger plusieurs sang est considéré comme un acte barbare et ignoble.
- Mais si je veux me marier, disais-je, ce serait avec quelqu’un que j’aime, pas forcément avec un de mes cousins.
- Tu sais qu’il y a ton cousin Harry qui te trouve très mignonne.
- Je ne l’aime pas trop, il me fait peur avec ses araignées.
- De toute façon, tu n’auras pas le choix, c’est la tradition, et il serait dommage de voir notre arbre généalogique avec des branches pourries.

Il était surtout dommage de voir cet arbre généalogique préférant mettre en péril la santé de chacun en développant la consanguinité de part les mariages et les accouchements, encore plus dommage lorsque j’en faisais parti, ou du moins jusqu’à ce qu’on me déshérite et que ma propre famille me renie. J’étais certes attristée par cette nouvelle, mais dans le même temps je me suis sentie libre, libérée de cette fâcheuse tendance à perpétuer notre sang en excluant au maximum toute tentative à vouloir le mélanger avec un autre nom. Au maximum car il était impossible de marier chaque Cookenay avec un autre de la même famille. Nous n’étions pas si nombreux que cela, et il arriva que certaines exceptions voient le jour, en préférant bien sûr ceux dont le sang était d’une pureté sans égal.

Chaque mariage qui annonçait le mélange entre le sang de notre famille avec le sang d’une autre famille était presque mal vu, mais nous n’avions pas le choix, d’autant plus que la consanguinité nous apportait de bien tristes nouvelles avec le décès d’une tante ou d’un cousin, dont la santé était trop fragile. C’était sans compter sur les malformations et les déficiences mentales dont étaient atteint plusieurs de mes cousins. Fort heureusement, je ne faisais pas parti de ceux-là, que ce soit physiquement ou mentalement, et cela attirait bien des regards sur moi de la part de nombreux de mes cousins, espérant se retrouver à mes bras d’ici quelques années, pour mon plus grand dégoût.

Cependant, même s’il était possible mais très restreint de nous marier avec une personne qui ne portait pas notre nom, il nous était défendu de sortir avec un quelconque sorcier qui n’avait pas de sang-pur en lui, encore moins de côtoyer un moldu. J’ai néanmoins réussi à m’échapper des griffes de mes parents, trop aveuglés par leur conviction que par le désir de voir leur fille s’épanouir aux bras de William, mon futur époux. Ils s’apprêtaient d’ailleurs à me lier de force avec mon cousin Harry, depuis toujours amoureux de moi, ce qui ne fut jamais réciproque. Le fait d’être un Animagus m’a été d’un grand secours lors de cette cérémonie macabre à mes yeux. Cela faisait maintenant 14 ans que je n’avais pas revu un seul des Cookenay, et je ne souhaitais pas en revoir un seul, les souvenirs de mon enfance étant trop durs à être revus à travers un membre de ma famille. Je ne qualifiais même plus cela comme une famille, mais plutôt comme une secte où l’ouverture au monde était proscrite. Que serais-je devenue si j’en avais décidé autrement, si j’avais pris la décision d’abandonner mon avenir avec William ? Serais-je aux bras d’un autre de ces Cookenay ? Sûrement avec Harry, trop heureux de me voir revenir, et ce, même en ayant fuit auparavant le « lien sacré du mariage ».

Je ne voulais pas imaginer cet avenir qui aurait été d’un ennui et d’une tristesse mortelle. En y réfléchissant, mon enfance l’avait déjà été, seule Ombline ma sœur ainée savait trouver les bons mots et apaiser mon chagrin. De 7 ans mon aînée, elle s’était mariée avec un sorcier au sang-pur, refusant catégoriquement de mettre en péril la vie de sa progéniture si elle se mariait avec un membre de notre famille. Elle refusa la main de Barry Cookenay, ayant déjà planifié avec mes parents un mariage presque forcé, put s’échapper des griffes de son futur époux grâce à son don de métamorphomage et prit la fuite. Elle provenait de la maison Gryffondor et son courage lui a notamment permis de dire tout ce qu’elle pensait de notre lignée à tous les Cookenay, ce qui m’impressionna, moi qui n’arrivait pas à dire tout cela haut et fort. Cependant, elle ne souhaitait pas abandonner pour autant totalement sa famille, et après quelques semaines d’absence, tomba par chance amoureuse d’un sorcier au sang-pur, Arthur, et revint à la maison à ses bras.

Les choses s’arrangèrent, après bon nombre de questions de la part de ma mère envers la généalogie de son futur gendre, et Ombline put convaincre mes parents de la marier avec son bien-aimé. C’était bien la seule à ma connaissance qui trouvait cette tradition absurde, les autres buvant les paroles hypnotisantes de nos grand-parents et parents, trop aveuglés par leur vision de voir les choses. J’étais la cadette, et mes deux autres sœurs, Sophia et Kathleen, ne voyaient en moi qu’un intrus vis-à-vis de ma tendance à désapprouver nos soit disant valeurs. Elles trouvaient souvent des occasions de me faire faire remonter les bretelles, surtout par ma mère qui tenait d’une main de fer la maison familiale entre grand-parents, oncles et tantes, et quelques cousins. Pourtant, jamais elle n’avait réussi à me faire approuver les choix des Cookenay, et ce, même jusqu’à son envolée jusqu’au cieux.

Malgré le fait que mes parents ne souhaitaient en aucun cas me voir en compagnie de moldus, je réussissais à m’échapper de leur vigilance, et ainsi arriver à m’extirper ne serait-ce qu’une ou deux heures afin de venir en aide à mes voisins moldus. Ceux-ci, étant d’un âge bien avancé, arboraient un grand sourire à chaque fois que je venais les aider à déraciner les mauvaises herbes de leur jardin, à trier les médicaments qu’ils devaient prendre chaque jour dans une boîte prévue à cet effet, ou encore à dépoussiérer l’ensemble de leur maison. C’était un réel plaisir que de prêter main forte, et c’est lors de ma troisième année à Poudlard que mon choix d’orientation s’est révélé. Je savais à présent que le métier de guérisseuse serait fait pour moi. Venir en aide aux plus fragiles, aux plus malades, aux plus blessés, mais aussi aux personnes aux légères blessures, cela était devenu un réel engagement, une cause auquel je me suis vouée

Chapitre 2 à suivre

Il ne suffit pas seulement de croire en ses rêves, mais de croire aussi en soi.

07 août 2018, 21:28
Quand passé présent et avenir s'entremêlent
Chapitre 2 : Le goût de la liberté

Je me rappelle justement de mes années à Poudlard, mais également de ma lettre d’admission, très attendue lors de mon onzième anniversaire. Elle s’était accompagnée de plusieurs mises en garde concernant mes relations au sein de l’école.

- Tu feras attention de bien te renseigner auprès de tes petits camarades, m’avait fortement conseillé ma mère, à savoir s’ils sont d’origine moldue ou non, ou s’ils ont du sang moldu dans les veines. C’est très important.
- Et pourquoi je ne peux pas me faire des amis moldus ? Après tout ils sont comme les autres, je ne vois pas en quoi ce serait mal.
- Sottises ! Il serait dommage de nous retrouver avec un moldu sous le bras.
- De toute façon je ne l’amènerai pas à la maison, j’suis pas assez bête pour deviner qu’il sera pas la bienvenue..
- Qu’il vienne ou non, je ne souhaite pas voir ma fille fréquenter ce genre de personne, un point c’est tout.
Je savais que ce genre de discussions ne mènerait à rien, sachant très bien que ma mère n’écouterait pas mon point de vue avec bienveillance.
- D’accord alors..
- Je préfère ça, l’affaire est donc réglée. Et tu veilleras à avoir de bonnes notes, il serait également dommage de ramener chez nous un cancre.
- Oui, oui..

Je préférais passer à autre chose, car cette discussion n’avait aucun sens à mes yeux. Tout d’abord, ma chère mère ne s’apercevait point que je fréquentais déjà des moldus, à savoir mes voisins ainsi que certains enfants de mon âge qui habitait non loin de notre maison. Le fait donc de me mettre en garde ne servait à rien, cela ne faisait qu’attiser les tensions entre mes parents et moi. Enfin, me prévenir que de mauvaises notes seraient banni ne servait à rien non plus, car j’avais une curiosité vive vis-à-vis des matières que l’on allait aborder. J’avais une soif de connaissance qui commençait à s’accroître de plus en plus au fil des jours et des semaines qui passaient à fouler les couloirs du château. Il n’était pas rare de me croiser avec plusieurs livres dans les mains, scrutant la moindre ligne, la moindre information qui pourrait m’en apprendre plus et me servir pour chacune des matières. Que ce soit l’astronomie ou l’histoire de la magie, ma curiosité se sentait à travers chacune d’entre elles, ce qui m’apporta de bonnes notes tout au long de ma scolarité à Poudlard.

J’avais néanmoins des matières qui attiraient mon œil plus que d’autres, à savoir les potions, la botanique ainsi que la métamorphose. La première était vraiment fascinante, et je me suis dit qu’en connaître un maximum pouvait m’être d’une grande utilité pour poursuivre le cursus de guérisseuse. Il y avait un grand nombre de patients du fait d’empoisonnements par potions et plantes, et il était nécessaire de connaître chaque potion et chaque plante afin d’en déterminer la cause mais surtout les solutions pour amener à la guérison. La deuxième était tout aussi captivante, il y avait tellement de sortes de végétaux aux propriétés extraordinaires que cela m’émerveillait. Quant à la métamorphose, cela me fascinait de voir que l’on pouvait modifier la réalité, améliorer certains détails à notre profit. Je souhaitais d’ailleurs après ma connaissance des Animagi en devenir une. Après ma formation passée avec succès, je pus par la suite me dissimuler comme bon me semblait sous la forme d’une libellule. C’était très pratique, notamment durant de nombreuses années à observer ma petite fille grandir, sans que je puisse néanmoins la prendre dans mes bras.

J’aimais aussi beaucoup le vol, me prenant alors de passion pour l’univers des balais, et plus particulièrement pour le Quidditch. J’avais lu et relu chaque livre abordant ce sport, et chaque équipe, chaque feinte et chaque anecdote n’avait plus de secret pour moi. Malheureusement, j’appris vite lors de mon premier cours de vol que j’étais atteinte d’acrophobie, ne pouvant aller au-delà d’un petit mètre de hauteur. C’était bien dommage pour une passionnée comme moi, et l’idée de faire partie de l’équipe de Quidditch de Serdaigle s’envola aussi vite qu’elle était apparue.

Cependant, ma passion ne fut que renforcée, et je pus me consoler dans les livres de Quidditch, ainsi qu’à travers les matchs où je revivais chaque instant comme si c’était ma personne qui effectuait chaque passe, chaque but, chaque capture de vif. Le poste que j’admirais le plus était celui d’attrapeur, car le fait de pouvoir capturer une si petite balle semblait être un défi difficilement relevable. C’était ce genre de défi qui aurait pu me permettre de prouver mes capacités, de dire à mes parents que je valais bien plus qu’une simple Cookenay de plus à marier. Je n’étais pas un simple pion qu’on le plaçait où bon nous semblait, et j’aurais bien voulu le faire savoir à mes parents en leur faisant face. Malheureusement, je n’avais pas ce courage qu’avait ma sœur ainée, et je préférais fuir pour de bon en ayant en moi que le désir d’oublier ma famille, et surtout mes chers parents.

Ceux-ci, d’ailleurs, envoyaient régulièrement mes deux sœurs qui étaient elles aussi à Poudlard, toutes deux à Serpentard, sur une potentielle trace de « relation ambigüe avec un de ces nés-moldus » comme elles disaient. Mais elles n’arrivaient pas à trouver un quelconque indice précieux à leurs yeux afin de le retranscrire à mes parents, seulement les preuves que je fréquentais mes amis moldus. En effet, il n’y eut pas un seul coup de foudre durant mes sept années au sein de Poudlard, et ce ne fut que lorsque je commençais mon travail à Sainte-Mangouste que mon cœur s’emballa pour un jeune médecin moldu. Je me faisais néanmoins remonter les bretelles par mes parents dans un nombre incalculable de hiboux m’interdisant encore et encore de côtoyer des « Sang de bourbe », terme que je qualifiais d’abominable. C’était non respectueux envers des personnes qui se portaient bien mieux mentalement que ma famille, mais une fois encore, je ne pus dire ce que je pensais réellement d’elle en face.

Je me suis faite après plusieurs semaines une dizaine d’amis, dont certains étaient d’origine moldue, pour le plus grand plaisir de mes parents. Je m’entendais à merveille avec eux, appartenant pour la majorité à la maison Serdaigle, ma maison. Les Aiglons étaient plus qu’une communauté, ils étaient devenus ma famille, la seule que je comptais comme véritable. Je me sentais bien plus à l’aise et à ma place qu’au sein de la « maison familiale des Cookenay, abritant génération après génération des nouveaux membres de la secte sacrée ».

Les Serdaigle et plus généralement Poudlard m’ont apporté bien plus que je ne le pensais. Poudlard m’a apporté bien plus de moments de bonheur, bien plus de joie et de rigolade qu’avec ma famille. On ne choisissait pas sa famille, mais on pouvait s’en créer une, une qui nous correspondrait, une qui nous comprendrait. Je ne me sentais pas à ma place parmi mes sœurs et mes cousins, et jamais je ne pourrais m’y sentir à ma place entourée de cette secte. Je ne revenais chez moi que durant l’été, et jamais je n’aurais cru que c’était la période que je détestais la plus. La seule chose maintenant après ma scolarité qui m’aida à me sentir comme chez moi était l’hôpital Sainte-Mangouste, le lieu de mon travail et l’endroit qui me plaisait le plus après Poudlard


Chapitre 3 à suivre

Il ne suffit pas seulement de croire en ses rêves, mais de croire aussi en soi.

10 août 2018, 20:58
Quand passé présent et avenir s'entremêlent
Chapitre 3 : Un livre qui changea le cours de l’histoire

La fin de ma scolarité s’annonça pour moi comme la fin d’une période auquel je me suis habituée. Je gardais en moi tous ces merveilleux souvenirs que j’ai pu avoir en compagnie de mes camarades Serdaigle mais aussi de bien d’autres personnes d’autres maisons. J’étais assez sociable, mais j’étais également assez rassurante. Cette qualité m’a permis en partie de rentrer au sein de l’hôpital Sainte-Mangouste, au sein du Service d'empoisonnement par potions et plantes, je n’ai d’ailleurs jamais quitté ce service. J’étais douée dans la façon de rassurer les patients, leur faire comprendre que tout irait pour le mieux, cela les rendait moins nerveux, moins inquiet vis-à-vis de leur séjour à l’hôpital et surtout moins inquiet vis-à-vis du déroulement de la guérison. Beaucoup d’ailleurs me remercièrent de mon calme et de ma façon de me poser, il était toujours plus rassurant d’être aux côtés d’une guérisseuse ayant cette qualité qu’ayant plutôt au contraire un comportement moins rassurant. J’étais douée également et surtout dans la façon de reconnaître et soigner chaque empoisonnement ou problème dû à une plante ou potion, et cela s’était ressenti dans les cours de potions et de botanique où j’arrivais à décrocher les meilleures notes. En général, j’arrivais à avoir de bonnes notes dans la plupart des matières, et cela m’avait permis de devenir guérisseuse en obtenant au moins un Effort exceptionnel en potions, botanique, métamorphose, sortilèges et défense contre les forces du Mal aux épreuves d'ASPIC.

Mon travail n’était certes pas de tout repos car certains cas avaient l’air d’être du jamais vu, mais je me sentais parfaitement à ma place, je m’épanouissais et prenais du plaisir à y passer mes journées. Il y avait des moments où les patients venaient avec de sacrées pathologies, mais malgré cela, je prenais mon courage à deux mains car mon seul but était de remettre sur pied chaque patient que j’avais avec moi. J’appréciais l’équipe de l’hôpital autant qu’elle m’appréciait, on était semblable à une famille, et je nous reconnaissais comme tel, comme lorsque j’étais chez les Serdaigle. J’avais gardé contact justement avec mes cinq plus proches amis, et nous sortions dès que l’occasion se présentait au sein du Chemin de Traverse, discutant de l’actualité, parlant de notre quotidien. J’avais l’impression que Poudlard nous suivait toujours, car cette école était restée et restera toujours dans mon cœur.

Je logeais toujours dans la maison familiale des Cookenay, à mon plus grand regret. Je ne pouvais quitter la maison que lorsque je me serais mariée, c’est-à-dire logiquement pour mes parents avec un de mes cousins, plus précisément avec Harry. Je n’étais pas plus amoureuse que lui qu’auparavant, et jamais je ne le serais, tout d’abord pour éviter de fragiliser mes futurs enfants de par la consanguinité, mais aussi pour éviter de côtoyer ce charmeur aux traits forcés et aux paroles tellement stupides que l’on aurait dit un singe qui parlait. Mes parents le voyaient comme un bellâtre qui saurait me faire changer d’avis, mais bien que je restais discrète sur ce point, ne souhaitant pas mettre le feu aux poudres, je savais que je ne pourrais accepter cette union qui me dégoûtait plus qu’autre chose. Je ne me sentais pas capable de quitter définitivement la maison sans l’autorisation de mes parents, n’étant pas assez rebelle pour cela. Mais même en ayant le courage de ma sœur ainée Ombline, je n’aurais pu le faire, car même elle ne se sentait pas capable. En effet, ma famille et surtout mes parents avaient ce trait de caractère qui nous incitait à ne pas les contredire, ce qui nous empêchait de faire ce quoi que ce soit de mauvais à leurs yeux. Les seules fois où je leur ai tenu tête était lors de mes petites escapades chez mes voisins âgés et lors de mon refus de me marier avec mon cousin, débouchant alors sur le mariage par la suite avec William.

Chaque mariage était accompagné d’une belle histoire, une belle rencontre entre deux êtres faits pour s’entendre, enfin en apparence pour certains cas dont le mien. L’aspect romantique était mis en avant, les retrouvailles et les autres rendez-vous qui engageront un, deux, plusieurs baisers jusqu’à la déclaration finale et enflammée des deux amoureux. Toutes les filles rêvaient de connaître le parfait gentilhomme qui vous prendrait dans ses bras et vous dirait des mots doux à l’oreille, et j’en faisais peut-être partie, bien que je n'y pensais pas vraiment. Je ne voulais pas brusquer les choses et laissais les choses se faire. Tout au long de ma scolarité, je n’avais développé de sentiments pour personne, seules des amitiés naissaient. J’aurais pu tomber amoureuse d’un sorcier au sang-pur pour ensuite quitter bien plus tôt le domicile familial, mais cela ne s’était pas fait.

Il aura fallu attendre un jour, au beau milieu de l’après-midi, alors que j’étais en pleine contemplation du rayon médecine au sein de la British Library, pour rencontrer l’âme sœur. La médecine moldue m’intéressait autant que la médecine sorcière, tant par les méthodes pratiquées que par les déductions et les découvertes faites par les moldus dans ce domaine. Je me suis renseignée bien des fois sur tout cela à travers les nombreux livres que conservait cette magnifique bibliothèque. Je me retrouvais chaque mardi après-midi, pendant mon temps de repos, sur ma table habituelle, ayant autour de moi une multitude de livres, que ce soit ceux parlant de médecine, débattant de sujets divers, ou encore ceux arborant de belles couvertures aux histoires extraordinaires.

Je m’évadais parfois, me laissant entraînée par les récits héroïques ou les destins tragiques de bons nombres de personnages, et, quelques fois, l’heure passait tellement vite que je ne me rendais pas compte que mes trois heures « et pas une minute de plus » que m’avait accordé ma mère dépassaient largement ce quota. Les regards sombres me faisaient alors face, et, n’osant pas affronter ce regard qui vous disait que votre dîner ne sera pas du luxe pour vous, je remontais dans ma chambre, m’isolant parmi mes livres d’enfance et mes livres d’étude de Poudlard. Je n’avais pas autant de liberté que les personnes de mon âge, et j’aurais tant donné pour avoir une famille plus compréhensive, plus ouverte.

Ce jour-là, jamais je ne pourrais l’oublier, je m’en souvenais comme si c’était hier.. J’arborais un grand sourire en cet après-midi où le soleil faisait monter la température. Enjambant les marches de la British Library, comme à mon habitude, je pris place à ma table fétiche. Plusieurs livres sous le coude, je m’empressais de dévorer des yeux chaque couverture et contenu de chaque livre que l’avais sous la main. Tandis que j’admirais une illustration sur le matériel médicinal moldu, j’eus une idée. Il y avait bien un livre que j’avais vu il y a peu avec un titre qui débattait de ce genre d’outil, mais je ne l’avais pas encore pris avec moi. Je me suis dit après tout que le prendre afin de mettre côte à côte les deux livres serait plus pratique, ce que je fis sans hésiter. Je me suis donc rendue vers la rangée concernée et après quelques regards, je pus l’apercevoir.

Maintenant qu’il était dans mes mains, je ne pouvais plus détacher mes yeux de lui, c’est pourquoi je m’empressais de l’ouvrir et de commencer à le lire tout en marchant vers ma table. Soudain, sans savoir ce qui m’étais arrivé sur le coup, je me suis retrouvée au sol, mon livre grand ouvert un peu plus loin. Mon regard par la suite s’attarda vers une personne, un jeune homme. Celui-ci se confondit en excuses et, tandis qu’il ramassa ses livres, il me rendit le mien. Nos regards se sont croisés, et je sus en cet instant précis que notre rencontre allait aboutir à plus que de simples excuses, en tout cas pas à cette seule phrase.

- Oh, ne vous en faites pas, c’est plutôt moi qui m’excuse, je ne regardais pas devant moi. Ce que ce livre est très intéressant et je n’ai pas pu m’empêcher d’en feuilleter les pages. Vous êtes chargé dis-donc ! disais-je tout en regardant la dizaine de livres que tenait à présent le jeune homme.
- Oui, j’essaye d’en apprendre plus sur les anciennes méthodes de la médecine. Au jour d’aujourd’hui, nous progressons à une vitesse fulgurante, et de nouvelles technologies voient le jour. Néanmoins, bien que je m’intéresse pour beaucoup à cela, je suis toujours intéressé par nos « vieilles méthodes ». Et vous, je vois que vous avez sous la main un bien beau livre ! Vous avez eu raison de le choisir !
- J’aime beaucoup vos découvertes, tout cela est fascinant comparé à… enfin comparé aux « vieilles méthodes », disais-je de peur de débattre de notre monde devant lui, sachant alors qu’il était un moldu.
Me regardant dans les yeux, il marqua une pause avant de reprendre parole.
- Voulez-vous que l’on se pose sur une table pour parler de tout cela ? Et puis, si vous voulez, vous pouvez me tutoyer, je n’ai que 22 ans.
- Pourquoi pas ! Tu peux me tutoyer aussi, après tout je n’ai que 20 ans.

A ces mots, nous commencions à débattre durant plus de deux heures sur la médecine moldue, donnant nos avis sur tel ou tel sujet, plaisantant sur tout et n’importe quoi. Nous nous entendions si bien que je n’avais pas vu les heures s’écouler, et c’est donc après cette belle et riche discussion que je repartais de la British Library en arborant un grand sourire. Juste avant de me fondre parmi la foule de dehors, le jeune homme revint vers moi avec un sourire.

- Au fait, on ne s’est pas présenté. Moi c’est William, William Enor.
- Et moi Mary, Mary Cookenay. Enchanté alors William !
- J’ai été ravi de faire ta connaissance Mary, joli nom d’ailleurs. J’espère qu’on se recroisera bientôt parmi les nombreuses rangées de la bibliothèque !
- Je l’espère aussi ! Sur ce, je dois vraiment y aller, sinon je risque de passer un mauvais quart d’heure chez moi. Passe une bonne soirée !

Courant jusqu’au bus à impériale, je ne pouvais plus penser à autre chose qu’à cette drôle de rencontre, et ce, même en entendant les sombres paroles de ma mère qui m’interdis de retrouver à la bibliothèque durant les deux prochaines semaines. Cela aurait pu m’attrister, mais je gardais néanmoins le sourire, car j’avais vécu une bien belle journée. Il n’y avait pas beaucoup de moldus que je comptais dans mes rencontres, et je sentais que celle-ci n’était peut-être pas aussi banale que cela aurait pu être
...


Chapitre 4 à suivre

Il ne suffit pas seulement de croire en ses rêves, mais de croire aussi en soi.

12 août 2018, 09:03
Quand passé présent et avenir s'entremêlent
Chapitre 4 : Des sentiments dévoilés

Les jours passèrent, puis les semaines, sans que j’oublis son regard posé sur moi. Je ne savais pas quand arriverait le jour où je pourrais de nouveau l’apercevoir, mais j’avais au fond de moi le sentiment que ce moment ne serait pas si lointain. En effet, après trois mois à passer en revue chaque livre de chacune des rangées de la British Library, je sentis un petit tapotement sur l’épaule alors que je me trouvais en possession d’un livre illustrant les dragons tels que les moldus les imaginaient. Surprise de me faire accoster en pleine lecture, je me retournais et eus le bonheur de me retrouver face au jeune homme. Il avait toujours autant de livres en sa compagnie et semblait être ravie de me revoir.

- Bonjour Mary ! Il me semblait bien que je reconnaissais ce visage de loin, même si tu avais littéralement la tête dans ce livre. Je peux m’asseoir ?
- Mais bien sûr, je t’en prie ! Je te fais de la place, c’est que j’ai presque autant de livres que toi. Ca me fait plaisir de te revoir en tout cas !
Après avoir écarté quelques livres, William s’assit en face de moi, m’observa puis jeta un coup d’œil sur mon livre déjà bien entamé.
- Belles illustrations, j’admire le travail de ceux qui ont conçu le livre, même si, entre nous, rien de tout cela n’existe.

D’abord choquée de ses propos, je me suis rappelée ensuite que les dragons ne pouvaient exister dans le monde des moldus, en tout cas dans leurs esprits. On ne pouvait expliquer la présence de dragons à l’un d’entre eux et je ne pus donc pas lui faire part de tout cela, seulement de mon ressenti en me mettant à la place d’une personne qui y croyait dur comme fer.

- Moi j’y crois, je pense que si des livres en parlent, c’est qu’il existent bien. Les illustrations le prouvent, il y a tellement de détails que ça ne peut pas sortir de leur imagination. Enfin.. ce que je veux dire.. c’est qu’il y a sûrement une explication à tout cela, même si.. personnellement, je n’en ai jamais vu de mes propres yeux.
- Ce ne sont que des balivernes, il ne faut pas croire tout ce qu’ils disent. C’est comme avec les licornes et les centaures, un cheval ne peut pas posséder une corne et un être ne peut pas être à la fois un cheval et un humain, ce serait de la folie ! Pfff, tu imagines la chose, totalement insensé.
- Je ne suis pas vraiment d’accord avec toi, mais bon. Après, même en admettant que tout ceci n’est que fiction, il faut bien rêver parfois, l’imagination nous permet de faire d’incroyables choses !
- Mouais, enfin si c’est pour détraquer le cerveau des personnes en leur faisant croire tout ceci, ce n’est pas vraiment la meilleure chose à faire. Il faudrait plutôt se consacrer aux études plutôt qu’aux choses qui n’existent pas.

Préférant ne pas continuer sur ce débat périlleux en voyant son peu d’ouverture d’esprit quant à l’imaginaire, je bifurquais sur le sujet des études.

- Au fait, tu fais quelles études en ce moment ?
- Je suis en médecine, j'ai toujours aimé ce domaine. J’espère pour beaucoup faire parti des cancérologues, ce métier m’intéresse et si je peux aider au développement et à l’amélioration de la guérison des cancers, cela ne serait que bénéfique pour les pauvres gens qui en sont atteint. Et toi ?

Je m’attendais à cette question, c’est pourquoi j’avais anticipé ma réponse en décrétant que j’étais infirmière. Cela n’était pas un mensonge car le métier de guérisseuse était similaire à ce métier moldu, il ne fallait cependant pas voir notre quotidien, seulement notre mission principale, celui de soigner les patients. William et moi continuèrent à discuter durant un long moment, continuant sur les études, puis sur d’autres sujets. Cela dura assez longtemps pour que je ne puisse finir mon livre sur les dragons, ni d’ailleurs les autres livres qui n’avaient pas bougés d’un poil depuis. William me proposa par la suite, voyant que je m’étais levée et que je commençais à les ranger, d’aller faire un tour au dehors, histoire de mieux encore se connaître. J’avais un sourire radieux lorsqu’il me fit cette proposition, néanmoins, il fallait que je m’en aille au vu de l’heure qui passait drôlement vite.

- Ce serait génial tu sais, mais je dois y aller. Mes parents m’attendent et je ne veux pas qu’ils s’inquiètent de mon absence, lui disais-je en pensant à la mine furieuse de ma mère si je rentrais à une heure tardive.
- On pourrait se donner rendez-vous alors, par exemple mardi dans deux semaines devant la British Library ! Qu’en penses-tu ?
- Oui pourquoi pas, je serais là donc aucun soucis !
- Alors super, même heure même endroit. Je t’emmènerais faire un tour dans un coin que je connais bien !
- Si tu veux, alors à dans deux semaines William ! Bonne soirée !
- Passe une bonne semaine Mary !

Priant pour ne pas que je sois privée de bibliothèque ce jour, je rentrais chez moi en voyant comme à mon habitude la mine intéressée de mes deux sœurs Sophia et Kathleen. Elles voulaient en savoir plus sur ce que je faisais une fois sortie de la maison, alors qu’elles savaient très bien que seuls les livres comptaient pour moi.

- Alors sœurette, on dévore des yeux les jeunes moldus parmi les rangées de livres ?
- Les seuls que je dévorent des yeux sont les livres, et croyez moi, je ne suis pas là pour me faire des amourettes.
- Oh allez, il y en a bien un qui doit te plaire, il y a tellement de gens là-dedans que tu as le choix ! Maman serait en furie, ça nous ferait du spectacle. Et puis même si personne ne te convient, il y a toujours Harry.
- Arrêtez avec ça, je ne suis pas à la recherche constante de l'âme sœur, ni même pas du tout, j'ai bien d'autres choses à faire. Et puis de toute manière, jamais je n’aimerais Harry, il a une haleine de chacal, alors bonjour si je devais l’embrasser..
- Tu n’as pas tort, mais admets que tu lui plais quand même.
- Je le sais, et c'est bien dommage..

Mes pensées n’étaient pas des plus joyeuses avec cette discussion, mais le fait de revoir William m’empêchait de voir la vie du mauvais côté. Je ne savais pas si un lien s’était réellement créé entre nous, et je ne souhaitais pas m’imaginer des choses par la suite. Il m’était déjà interdit de côtoyer un moldu, alors si c’était pour aller plus loin ! Seul l’avenir pouvait nous le dire, mais l’avenir vint bien plus vite que je ne le pensais car notre entrevue faisait déjà partie du passé. Notre petit rendez-vous à marcher au sein des rues de Londres déboucha par la suite sur un autre, puis un autre, jusqu’à ce que vienne le moment de notre premier baiser. Ce moment arriva après un temps, le temps qu’il fallut à deux jeunes gens pour mieux se connaître et s’apprécier. Les anecdotes, les opinions, les mimiques et la façon de s’exprimer, ce sont les petits détails qui nous faisait découvrir la personnalité de quelqu’un, et c’est à travers ces nombreux rendez-vous que mes sentiments envers William se sont révélés. Et depuis le moment où il posa ses lèvres sur les miennes, le temps ne cessait de s’accélérer.

Le temps passait à une vitesse folle, et profiter du moment présent était essentiel pour ne pas regretter. Il nous faisait prendre conscience qu’il valait mieux avoir des remords plutôt que des regrets, vivre au moment présent plutôt que s’engouffrer dans les souvenirs du passé, croquer la vie à pleine dent plutôt que d’anticiper l’avenir, car l’avenir ne pouvait exister et se développer qu’à partir des actes du présent. Je ne voulais pas d’un avenir comme celui que m’avait choisi mes parents, je voulais suivre ma propre voie en ne regrettant à aucun moment mes actes, car la seule chose que je pouvais regretter était de ne pas avoir eu le courage d’oser, oser passer du temps avec quelqu’un qui, même s’il était moldu, me comprenait mieux que ma propre famille


Chapitre 5 à suivre

Il ne suffit pas seulement de croire en ses rêves, mais de croire aussi en soi.

15 août 2018, 21:10
Quand passé présent et avenir s'entremêlent
Chapitre 5 : Suivre notre cœur, choisir notre voie

Ma famille n’arrivait pas à me comprendre, à comprendre le fait que je n’avais pas la même idéologie qu’eux. Elle n’avait pas oubliée justement ma future union, pour mon plus grand malheur. Mon fameux cousin Harry avait maintenant 24 ans, de 3 ans mon ainée, et avait toujours gardé cette envie folle de me faire passer au doigt l’alliance. Je n’étais pas dupe, cela faisait quelques jours que ma mère me parlait de progéniture et autre baratin que je m’empressais de fuir dès que l’occasion se présentait. Je ne fuyais d’ailleurs par que pour cela, je fuyais aussi souvent qu’auparavant à la British Library pour retrouver le jeune homme que j’avais accidentellement bousculé. Tout allait si vite car déjà une année passa, une année qui tissa un lien fort entre deux jeunes gens. William et moi passions le plus clair du temps qui m’était accordé ensemble, et ce, sans que ma famille ne s’en aperçoive. Je faisais toujours allusion des livres que je lisais à la bibliothèque, et cela suffisait pour qu’ils me croient.

- Comment tu peux lire des choses pareils ?me disait ma mère. Je ne vois pas en quoi cela peut t’aider, tu as mieux à faire dans notre monde plutôt que dans le leur.
- Il y a beaucoup à apprendre détrompes-toi, et puis saches que je suis autant dans notre monde que dans le monde des moldus.
- C’est-à-dire ? A part le fait que tu pars une après-midi par semaine dans Londres dans un lieu rempli de moldus,elle eut un frisson en disant cela, il n’y a rien d’autre qui t’attache aux moldus à ce que je sache…
Elle m’observa longuement avec les yeux plissés, tel un serpent qui attendait que sa proie soit assez proche pour bondir dessus, en l’occurrence ma réponse si elle n’était pas du goût de ma mère.
- Eh bien, je..
Réfléchissant à toute vitesse pour trouver un autre argument que celui d’être avec le moldu avec qui j’ai eu le coup de foudre, je m’empressais de lui répondre.
- J’ai côtoyé, comme tu le sais si bien, mon esprit me rappela les nombreux hiboux envoyés par mes parents à ce sujet, des moldus, et ce, durant sept ans, alors je trouve que j’ai passé suffisamment de temps pour dire que j’appartiens aux deux mondes.
- Sottises ! Il n’y a que le sang de notre si belle famille qui coule en toi, alors ne retiens dans ta tête qu’il n’y a que notre monde qui compte, et par le leur. Dis toi que tu as bien de la chance de pouvoir déambuler à travers cette bibliothèque, parce que je te l’aurais refusé si tu n’avais pas accepté notre accord.

En effet, notre accord se résumait à ce que je puisse me rendre à la British Library chaque mardi après-midi si j’acceptais de me marier avec Harry Cookenay. Ce pacte n’était pas juste envers moi, car il m’obligeait également de lui rendre visite autant de fois que j’allais déambuler à travers les rangées de la bibliothèque, ce qui n’était pas du tout un plaisir à mes yeux. Voir un être d'une incroyable laideur parlant de sujets complètement dérisoires me faisait plus perdre du temps qu’autre chose. Néanmoins, je n’avais pas le choix, si je voulais passer du temps avec William, je devais faire des sacrifices, même si je savais pertinemment au fond de moi que cet accord me mènerait indéniablement vers le mariage entre deux êtres de la même famille. Cette années défila tel le Poudlard Express, et mon quotidien se résumait à mon travail à Sainte-Mangouste où j’avais toujours la même envie d’aider autrui, de venir en aide avec les plus fragiles, aux après-midi en compagnie William, et à ceux en compagnie de Harry, le « Chewbacca collant » comme le surnommait mes sœurs. Elles étaient tellement remplies d’une bonté sans pareil et d’une gentillesse sans égal qu’elles essayaient de s’imaginer leurs futurs neveux et nièces, me décrivant la fourrure impressionnante de mes futurs enfants, ou encore leur débilité quand ils atteindront l’adolescence puis l’âge adulte.

Leurs dires ne faisaient que me dégoûter encore plus au fil des jours, mais le dégoût fit place un jour à une totale aversion pour ce jeune homme lors du jour fatidique, le jour où nous nous jugerons fidélité et où il me passerait la bague au doigt. Les préparatifs étaient mis en place et je ne pouvais détacher mon regard de ma robe de mariée qui m’allait comme un gant comme disait ma mère. Contrairement à ses pensées, elle ne m’allait pas du tout comme un gant, bien que très belle, elle ne m’inspirait que le malheur et le désespoir, celui de me retrouver avec un homme que je n’aimais guère. J’aurais pu me morfondre devant ce spectacle affreux, mais j’avais en tête les paroles de William, qui m’encourageaient à changer de voie, à briser les traditions, et à suivre mon cœur.

Trois jours avant le mariage, nous nous étions retrouvé comme depuis plus d’un an à notre endroit fétiche, à deux pas de la British Library, pour discuter de tout et de n’importe quoi. Néanmoins, bien que ce moment fut pour moi source de liberté et de bonheur, je ne pouvais que penser à la suite de l’histoire. Je ne pourrais plus m’imaginer une vie avec William, une vie complètement différente de celle qui m’était destinée. Il le voyait dans mon regard, il sentait que je ne me sentais pas bien, et tout en me prenant la main, il décida d’aborder le sujet.

- Qui a-t-il Mary ? Je le vois bien, il y a quelque chose qui ne va pas. Dis moi ce qui te chagrine, je n’aime pas te voir comme ça.
Il fallait que nos rendez-vous cessent, que tout les moments en sa compagnie disparaissent de ma vie. Une larme coula alors sur ma joue, et, plus triste que jamais, je décidais de lui répondre.
- Je.. Je ne te l’avais pas encore dit mais ma famille a prévu de me marier avec un de mes cousins.. Je sais, c’est absurde et totalement stupide de leur part, parce que je ne l’aime pas et que je ne veux pas vivre avec lui. Le seul que j’ai jamais aimé, c’est toi William, il n’y a que toi qui compte à mes yeux, mais.. Ils m’ont obligé cette alliance, et je ne peux pas les contredire… Je ne sais pas quoi faire William, je ne sais plus quoi faire..
- Ils n’ont pas le droit de t’obliger une telle union, d’autant plus que c’est avec un membre de ta famille, totalement insensé en somme ! Tu sais Mary, j’ai pensé à ça, mais je ne savais pas si tu serais d’accord avec moi.. Cela fait maintenant plus d’un an qu’on sort ensemble, et je me suis dit.. enfin.. j’ai repéré une petite maison dans le coin de Notting Hill, et peut-être.. enfin.. je me suis dit qu’on pourrait vivre ensemble, toi et moi là-bas.. parce que je t’aime Mary et je n’ai plus envie de te voir seulement quelques heures par semaine, mais aussi souvent que je le voudrais. Je veux que tu vives avec moi Mary.
A ces mots, mon cœur s’attendrit et les larmes qui coulèrent sur mon visage n’étaient plus seulement de tristesse mais aussi de joie.
- Oh William, ce serait merveilleux, je.. je veux vivre avec toi, mais.. c’est impossible..
- Ce n’est pas impossible, parce que tu as le droit d’avoir ton opinion et de choisir avec qui tu veux vivre. Je ne veux pas te voir aux bras de ton cousin, je veux que tu sois auprès de moi, tu comprends. Fuis ta famille, fuis ces personnes qui ne pensent pas au bonheur de leur fille, mais qui pensent à leur propre intérêt. Viens avec moi, je te promets de vivre une belle vie.
- Je le sais bien, je serais comblée de bonheur de pouvoir vivre à tes côtés, mais.. je.. c’est difficile pour moi de faire face à mes parents, à ma famille.. c’est difficile pour moi de briser ce lien que j’ai avec eux, même si je ne me sens pas à ma place parmi eux…
- Qu’est-ce que ton cœur te dit en ce moment ? Ecoute le, et tu verras, tous tes problèmes s’envoleront. Dans tout ce que tu entreprends, dans la vie, dans toute décision, fais-le en écoutant ton cœur, et non en écoutant les autres, car lui seul est et sera tout le temps ton bon guide. Retiens ça, parce que c’est important Mary.
- C’est.. c’est beau ce que tu dis, mais, es-tu sûr qu’écouter mon cœur est la meilleure chose à faire ?
- Tu dois l’écouter, parce que tu n’arriveras jamais à le faire taire. Et même si tu feins de ne pas entendre ce qu’il te dit, il sera là, dans ta poitrine, et ne cessera de répéter ce qu’il pense de la vie et du monde.
- Je ne te savais pas aussi sage que cela William,disais-je en arborant un léger sourire.

Il avait raison dans ce qu’il disait, c’est pourquoi j’ai décidé au dernier moment, alors que je m’avançais aux bras de mon père vers Harry, d’être sous la forme d’Animagus, et ainsi de m’échapper des griffes de l’anneau qui m’aurait interdit une vie avec le seul que j’ai jamais aimé. La libellule que j’étais s’enfuit en laissant derrière elle la robe de mariée aux dentelles, et je vis la panique atteindre chacun des membres de ma famille présent pour l’occasion. Je ne regrettais pas ce que j’avais provoqué, car j’avais écouté mon cœur, écouté ce qu’il m’avait à dire.

Je ne pouvais être heureuse qu’avec William, c’est pourquoi j’ai préféré abandonné mes proches et oublier mon passé pour construire mon avenir avec lui. Je me suis rendue par la voie des airs chez ses parents, où il habitait, et, ayant retrouvé par la suite forme humaine, c’est avec un grand sourire que William m’accueillit en m’embrassant tendrement. C’est alors que mon esprit devint plus clair, il n’y avait plus que le présent et l’avenir qui comptait pour moi, plus que l’avenir que je construirais avec lui, et cela me rendit bien plus heureuse que tout ce que j’avais pu vivre auparavant.

Mon histoire aurait pu être écrite différemment, mais ma famille n’avait pas ce pouvoir de marquer à l’avance les pages qui constituaient mon avenir. C’était à moi d’écrire mon histoire, à moi de décider ce que je voulais devenir, avec qui je voulais vivre. Je pouvais fermer les yeux aux choses que je ne voulais pas voir, mais je ne pouvais pas fermer mon cœur aux choses que je ne voulais pas ressentir. « Si tu écoutes ton cœur, jamais tu ne feras d’erreurs », une phrase qui pouvait être aussi véridique que fausse, car mon cœur avait choisi William, mais mon cœur avait aussi choisi un avenir douloureux. Le hasard faisait toujours bien les choses, mais c’était ce dont je pensais auparavant, car le hasard pouvait aussi bien se tromper, voyant combien le lien qui a été créé entre nous m’avait déchiré le cœur


Chapitre 6 à suivre

Il ne suffit pas seulement de croire en ses rêves, mais de croire aussi en soi.

18 août 2018, 20:17
Quand passé présent et avenir s'entremêlent
Chapitre 6 : Un cœur blessé mais un lien resté

Mais pour l’heure, mon cœur se portait à merveille, car j’étais maintenant mariée, l’alliance que je portais me comblant de joie, et j’étais sur le point d’avoir un enfant. William semblait tout aussi heureux que moi, lui qui avait maintenant une femme et bientôt une fille. Nous avions décidé de l’appeler Anita, en hommage à la grand-mère de mon mari récemment décédée. Il était d’origine française, son nom de famille le prouvait bien. Bien qu’il soit né en Angleterre, ses parents étaient français, et c’est de par leur attirance pour la culture anglaise qu’ils étaient venus déménager sur Londres, donnant ainsi naissance à un petit garçon portant un prénom à consonnance anglaise. Le fait d’ailleurs de porter le nom de famille de William me donnait une autre image de moi-même, je n’étais plus attachée à ma famille, à cette idéologie qui n’avait d’yeux que pour notre sang pur et noble.

Quelques mois passèrent et un heureux évènement apparu dans notre vie. J’étais plutôt fière d’avoir donné naissance à une fille qui était un mélange entre mon sang et celui de mon mari. Cela prouvait que je reniais totalement la façon de concevoir le monde par ma famille, c’était un acte qui aurait pu les dégoûter s’ils étaient à mes côtés en cet instant. Je ne souhaitais pas les revoir, et je me sentais très bien en compagnie de mon mari et de ma fille, ainsi que de la famille de mon mari. Ils étaient d’une grande gentillesse, et n’hésitaient pas à venir nous donner un coup de main pour les quelques travaux dans notre maison. En effet, nous avions acheté une petite demeure dans le coin de Notting Hill, comme l’avait proposé William, et notre petit nid douillet était tout ce qu’il y avait de plus charmant. Nous avions modifié certains aspects de la maison, et aménagé la pièce pour notre enfant maintenant arrivé et dormant paisiblement dans son petit lit. Le résultat de notre cocon était peut-être simple mais nous nous sentions à l’aise, et c’était là le principal. Tout n’était que bonheur, entre mon travail de guérisseuse et ma vie de famille, rien ne pouvait nuire à cela.

Néanmoins, je sentais comme un vide quelque part en moi. Je ne pratiquais la magie qu’au sein de Sainte-Mangouste, et cela m’attristait car j’aimais la magie plus que tout, j’aimais produire d’incroyables choses pour le faire découvrir autour de moi. Le fait de ne pas pratiquer de magie en dehors de mon travail n’était pas ce que je voulais. Je voulais faire découvrir tout cela à William, ainsi qu’à ma fille, qui, j’en étais sûre, avait le même don que moi. Pour l’instant, aucune manifestation ne s’est vu à travers elle, mais je souhaitais lui apprendre tout ce que je savais, et je voulais qu’elle aille à Poudlard afin de connaître notre monde. Peut-être me trompais-je, peut-être qu’elle n’avait aucun lien avec notre monde, seulement mon sang, et peut-être n’ira-t-elle jamais à Poudlard. Mais je gardais espoir, et scrutais chaque geste afin de savoir si ma petite fille était une sorcière ou non.

Cela était difficile avec William de pouvoir aborder le sujet, car il était toujours aussi cartésien. D’ailleurs, lors d’une promenade qui nous menèrent jusqu’à un spectacle de magie, il refusa catégoriquement d’y assister car il stipulait que tout cela n’était qu’un moyen pour faire dépenser de l’argent. Cependant, jamais je n’aurais pensé que William n’accepterait pas mes dons, au bout d’un temps bien sûr car cela n’était pas simple de parler magie avec lui. Et puis un jour arriva, un jour où tout allait pour le mieux, un jour où nous nous trouvions tous les trois dans notre nid douillet. Ma petite Anita dormait tranquillement dans son lit, tandis que mon mari lisait la presse et que je m’amusais à cuisiner du pudding, en vain car le résultat était presque catastrophique.

C’est alors que me vint l’idée d’utiliser ma baguette afin de rectifier mon erreur, mais je ne pouvais utiliser de magie en présence de William. A cette pensée, je me suis sentie comme prisonnière car je ne pouvais révéler ma vraie identité à mon mari, je ne pouvais faire usage librement de magie. S’en était assez, il fallait que cela cesse, et ce fut le pudding raté qui fut la goutte d’eau débordant le vase. Me rendant dans le grenier, je pris ma baguette et revint dans la pièce principale en m’asseyant aux côtés de William. Décidant de mettre un terme à ce secret qui devenait trop pesant, je m’exprimais à lui d’une voix douce pour ne pas brusquer les choses.

- William, il faut que je te dise quelque chose, quelque chose qui me tient à cœur et que je ne peux plus garder pour moi. C’est important alors ne prends pas peur en voyant ce que je vais faire.
A ces mots, il eut un regard mélangeant appréhension et incompréhension. Il ne savait sûrement pas s’il devait rire ou bien s’inquiéter à propos de ce que je venais de dire.
- Euh, tout va bien ma chérie ?
- Je vais très bien, je vais même aller mieux quand je t’aurais fait part de ma réelle identité.

Puis, délicatement, ma baguette dans une main et tendant mon autre main, je fis apparaître un bouquet de fleurs en prononçant la formule « Orchideus ». Le bouquet était magnifique, c’était un mélange entre lys, bleuets et tulipes. Je l’observais un moment puis levais ma tête pour voir l’expression de mon mari. Il était devenu blanc comme neige et restait immobile face à ma petite démonstration.

- Je.. J’aurais dû te le dire il y a bien longtemps, mais j’avais peur que tu me refoules dès le début en apprenant ce dont je peux faire. J’avais peur de te perdre en te révélant mes dons. Je suis une sorcière William, et il existe tout un tas de personnes comme moi qui vivent dans notre monde. Il existe d’ailleurs un monde magique, un monde rempli de créatures fantastiques, de lieux extraordinaires, et de sports fabuleux comme le Quidditch.
Je m’arrêtais un temps, puis, voyant que c’était l’heure des révélations, je décidais de continuer.
- Je ne suis pas vraiment infirmière… Enfin ça se ressemble, mais je suis guérisseuse, je soigne ceux qui ont subi des empoisonnements par potions et plantes magiques. Mon métier, je ne l’exerce pas dans l’hôpital dont je t’ai parlé, je l’exerce dans un hôpital magique à Londres, il se nomme Sainte-Mangouste. Et ma famille.. je ne t’ai à aucun moment menti sur les membres que compte ma famille, ni sur leur tendance à conserver leur sang en nous mariant entre cousins, à part le fait que ce sont tous des sorciers et sorcières.. Ils.. Enfin, ils ne voulaient pas que je côtoie quelqu’un comme toi, quelqu’un qui n’a pas de pouvoirs magiques, alors j’ai préféré m’enfuir que de devoir leur annoncer que je t’aimais, que j’aimais un moldu.. Cela peut paraître totalement absurde mais c’est la vérité William, et mon bouquet le prouve bien.

Préférant observer le bouquet aux couleurs vives plutôt que la mine affreuse de William, j’étais dans une position délicate. Je savais ce qu’il ressentait, ce qu’il devait se dire, mais il fallait qu’il sache. C’était mon mari après tout, et aucun secret ne devait exister entre nous.

- Ce que je suis ne changera rien à notre vie, enfin juste à part les quelques fois où j’utiliserais quelques sortilèges pour améliorer certaines choses, comme mon pudding raté, disais-je en laissant paraître un léger sourire qui s’éteignait aussi vite qu’il était apparu. Je sais que tu mettras un temps pour t’y faire, je sais combien ça doit être dur pour toi de te dire qu’il existe des choses que tu ne peux pas expliquer, mais tu verras, au bout d’un moment, tu t’y feras, et peut-être même que tu trouveras un intérêt pour mon monde, le monde des sorciers.

William se tut durant un instant, ne sachant pas quoi répondre à cela. J’aurais pu lui montrer que j’étais également un Animagus, mais il ne fallait pas que je brusque les choses. Je préférais prendre mon temps pour lui annoncer cela, et c’est ce dont fit mon mari pour m’annoncer ce qu’il pensait de tout cela. Il se leva, me regarda comme jamais auparavant, puis s’appuya contre le dossier du canapé en s’exprimant tandis à moi et tandis à lui-même.

- Je.. c’est impossible.. pourquoi cela serait réel, ça pourrait être de la magie.. Oui, c’est cela, c’est de la magie, rien que de la magie. Mary, est-tu sûre de ne pas me faire de blague ? Parce que tu sais très bien que je n’aime pas ça du tout, mais alors pas du tout. Je ne trouve pas ça drôle, alors arrête ça veux tu.

Je ne comprenais pas, je ne m’attendais pas à ça. Alors il croyait que c’était de la magie ? Non, il ne fallait pas qu’il croit que c’était simplement un tour de passe passe, ou autre, parce que ce que je venais de lui montrer était bien plus que cela, c’était bien plus beau que de simples tours de magie venant des moldus. C’est donc après réflexion que je décidais de prendre la forme d’une libellule, afin de lui prouver que j’étais bien une sorcière, que j’étais une Animagus et que tout ceci était réel. Je restais sous cette forme pendant quelques secondes, puis revint sous forme humaine. William ne cria pas, ne bougea même plus tellement il était sous le choc. Il était plus blanc encore et avait la bouche grande ouverte. Voyant que plus aucun son ne sortait de sa bouche, je décidais de prendre la parole en essayant de choisir les bons mots.

- Je peux également me métamorphoser en un animal, mais ce n’est qu’un détail infime. Je veux que tu comprennes que ce que je fais n’est pas ce que font les magiciens. Je suis née comme cela, avec des pouvoirs magiques, mais bien que je n’ai pas choisi d’être comme je suis, je suis fière d’être une sorcière, fière d’appartenir à ce monde magique. Je.. notre amour est plus fort, nous arriverons à surmonter cela, tu arriveras à le surmonter.
- Je suis désolé, mais je ne peux pas..
William répondit aussitôt ma phrase dite, et cela me choqua plus encore que n’importe quelle autre phrase. J’étais abasourdi, mais décidais de répliquer en évitant au maximum d’imaginer la suite des évènements.
- Mais tu as une fille, une femme qui t’aime ! Je.. mes dons ne sont qu’un détail insignifiant comparé à ce que nous ressentons l'un envers l'autre, et je ne souhaitais pas te les cacher indéfiniment. Il fallait que tu saches, je ne pouvais vivre en les dissimulant avec toi.
- Tu ne comprends donc pas ! C’est impossible, impensable pour moi de vivre avec une.. une..

J’avais les larmes aux yeux, et j’avais du mal à tenir debout après ce qu’il venait de me dire. La colère prit soudainement part de moi, comme si une flamme s’était allumée en moi. Je percevais du dégoût dans son regard et dans sa voix, jamais il ne m’avait regardé comme ça, jamais. Sa haine pour ce que j’étais ne devait pas être plus forte que ses sentiments envers moi, c’est pourquoi je haussais un peu le ton.

- Alors c’est comme cela que tu me vois, comme un monstre ! Oui, je sais ce que tu penses de moi ! Ton regard ne ment pas !
Il ne reprit parole que quelques minutes après, et ce fut ces deux mots qui m’anéantir.
- Vas t’en.
- Quoi ?
- Vas t’en je t’ai dit ! Quitte cette maison, je ne veux plus te revoir !
- Mais.. et notre fille ? Je.. elle ne peut pas vivre sans sa mère !
- Eh bien soit, je l’élèverais seul, afin d’éviter qu’elle apprenne la vérité sur toi.. sur toutes ces choses que tu fais !
- Non ! Tu ne peux pas me l’enlever, elle est la seule chose maintenant pour lequel je vis encore.. Sans elle, je ne suis rien..

Il me regarda avec plus de dégoût que je ne l’aurais imaginé, et mon cœur à cet instant se brisa en mille morceaux.
- Je ne peux me permettre de laisser ma fille entre les mains d’une sorcière, je suis navré. Sa vie sera meilleure en ma compagnie plutôt qu’en la tienne. Je ne veux pas qu’elle devienne comme toi.
- Mais.. Je ne peux pas te laisser faire, tu n’as pas le droit de me faire ça !
- Je ne peux pas te laisser l’élever seule, c’est impossible !
- Elle aura une bien meilleure vie avec moi, ça tu peux en être sûr !
- Et quelle sera sa réaction quand elle saura que tu l’auras privé de son père, hein ? Elle nourrira une haine profonde envers toi et envers ton monde qui l’aura privé de la présence paternelle ! Tu n’as pas le choix, il faut qu’elle reste en sûreté avec moi.

Réfléchissant à toute vitesse, je me suis rendue compte que William avait en parti raison. Les larmes ne coulaient plus à présent sur mon visage, et je pris une décision qui me déchirait en cet instant le cœur. S’il avait raison, Anita me verra d’un autre œil lorsque je lui apprendrais que je lui aurais arraché son père. Je n’avais donc pas le choix, si Anita devait voir d’un mauvais œil quelqu’un, ce serait son père, et non ma personne. Elle comprendra avec le temps que le problème ne venait pas de sa mère mais de son père.

- En effet, je n’ai pas vraiment le choix, disais-je avec calme et sagesse, sachant qu’il ne servirait à rien de s’énerver si c’était pour faire du dégât dans la maison.
- Alors vas t’en pour de bon, je ne veux plus te revoir chez moi.
- Le jour de son onzième anniversaire, tu verras un hibou à ta porte. Ce sera le signe que je reviendrai. Et ce jour-là, notre fille découvrira ses dons, elle apprendra ce que tu m’as fait.
- Qu’est-ce que c’est que ces sottises ? Parce que tu crois vraiment qu’elle va devenir comme toi ? Tu te trompes à son sujet, jamais elle ne deviendra une.. sorcière !
- Tu peux croire ce que tu voudras William, mais saches que tôt ou tard, notre fille saura toute la vérité !

A ces mots, je décidais de quitter notre concon familial auquel je me voyais encore bien des années après, chérissant notre tendre fille dans mes bras, et mon mari à mes côtés. Ne souhaitant pas m’attarder sur le sujet car il était déjà clos, je me penchais une énième fois sur le lit d’Anita et lui adressais un tendre baiser sur son petit front.

- Ma petite fille, ma tendre Anita, saches que je serai toujours là dans ton petit cœur, où que je sois. Les années à venir ne seront peut-être pas aussi heureuses que je l’avais souhaité, mais viendra le jour où Poudlard t’accueillera et te fera découvrir mon monde, ton monde.
Je regardais maintenant d’un œil noir mon mari qui était à présent à côté de la porte d’entrée, la tenant d’une main ferme.
- Tu sais ce que tu as à faire Mary. Je suis navré d'en arriver là mais c'est pour notre bien.
D’un coup de baguette, mes affaires étaient soigneusement pliées dans ma valise, sous un regard hautain que m’adressait William. Il détestait la magie, et j’espérais grandement que son opinion là-dessus changerait avec le temps.
- Je ne le sais que trop bien William. Et c'est pour ton bien, pas le mien. J’espère que tu changeras durant mes longues années d’absence, parce que crois-moi, je me suis trompée sur ton compte, et mon cœur souffre bien plus que tu ne le crois.

Un regard neutre plus tard et il me referma la porte sous le nez, désireux de passer à autre chose. Je me sentais perdue, je ne savais pas où aller, où trouver un peu de réconfort en cet instant de douleur et de tristesse. Le plus triste justement dans tout cela, c’était quand la seule personne qui pouvait me consoler était aussi celle qui m’avait fait pleurer. Rien n’était plus blessant que d’être déçue par la seule personne que jamais je n’aurais pensé qu’elle me ferait du mal, et c’est à cette pensée que je me suis mise à pleurer, à verser toutes les larmes que j’avais gardé jusque là. La colère se mélangeait à la blessure qu’avait reçu mon cœur. Beaucoup disaient qu’il fallait suivre notre cœur, mais mon cœur était en mille morceaux, alors quel morceau devait-je suivre à présent ?

Soudain, je pris la décision de partir là où mon passé resurgissait dans mon esprit. Je décidais de revenir vers ma famille, la seule qui pouvait me réconforter, la seule qui avait eu raison depuis tout ce temps. Je comprenais maintenant leur idéologie, leur méfiance et leur haine envers les moldus, en tout cas pour ceux qui n’acceptaient pas nos dons, c’est pourquoi j’essuyais mes larmes et transplanais vers le lieu de mon enfance. Pour l’heure, je ne voulais plus penser à William, car j’étais bien déterminée à renouer les liens autrefois rompus avec ma famille, avec mes parents.

Il n’y avait plus de larmes qui coulaient de mes yeux, parce qu’elles devenaient des cicatrices dans mon cœur. Il fallait un cœur solide pour aimer, mais il fallait un cœur encore plus fort pour continuer à aimer après avoir été blessé, et je ne savais pas si le mien était assez fort pour continuer à aimer William. Je ne savais plus si mes sentiments envers lui étaient encore présents, et je ne savais pas si je lui pardonnerai un jour ce qu’il m’a fait, parce que les erreurs étaient pardonnables, mais seulement si celui qui les avait commises avait le courage de les admettre.

La vie était faite de rebondissements, et je n’avais pas prévu cela. Mais je savais que ce choix portera préjudice à William, et que tout ira mieux lorsqu’Anita recevra sa lettre d’admission à Poudlard. J’espérais que ce jour arriverait, et je croyais en un meilleur avenir pour nous. Je voulais garantir à Anita un bien meilleur avenir que le mien. Du moins, c’était ce que je voulais à partir de sa onzième année, car son enfance risquait de ne pas être très joyeuse en compagnie de mon mari


La fin se fait ressentir..
A suivre un 7e chapitre qui terminera l'histoire émouvante et bouleversante de Mary,
Ou du moins, qui commencera un nouveau chapitre en compagnie de sa fille..

Il ne suffit pas seulement de croire en ses rêves, mais de croire aussi en soi.

23 août 2018, 22:41
Quand passé présent et avenir s'entremêlent
Chapitre 7 : Le futur sera meilleur demain

Partie 1 : Le retour aux sources

« Mon mari », ce terme ne correspondait plus à William, et le nom de Mary Enor ne faisait plus parti de mon vocabulaire. J’avais en effet pris la décision de reprendre mon nom de jeune fille, mais après bien de regrets. Tous ces merveilleux souvenirs que je pus avoir en compagnie de William s’étaient maintenant envolés avec la disparition de Mary Enor. Je suis redevenue Mary Cookenay, pour la plus grande joie de ma mère. C’était elle qui me demanda sur son lit de mort de retrouver sa chère fille, arborant fièrement notre nom de famille, et non celui de ce « misérable moldu » comme elle l’appelait. Je ne pouvais refuser une telle faveur, voyant qu’il ne restait plus beaucoup de temps à ma mère avant de rejoindre les cieux.

Je rejoignis ma famille en leur avouant tout ce que je leur avais caché, mes escapades avec William, mon mariage, et ma vie avec lui. Néanmoins, je me devais de garder pour moi le fait que j’avais une fille, car si famille était au courant de son existence, la mienne serait banni de leurs esprits à tout jamais. Je ne pouvais leur dévoiler ce secret, ils ne seraient que plus en colère contre moi, car ils l’étaient déjà en me revoyant sur le pied de la porte en compagnie de mes bagages. Seule l’expression de ma mère était différente, elle était certes en colère contre ce que je leur avait fait alors que j’étais sur le point de me marier avec Harry, mais elle avait des larmes qui coulaient sur son visage. C’était bien une des seules fois où je la vis avec ce visage, avec son regard qui laissait paraître un sentiment de remord absolu, et cela me rendit perplexe.

Elle regrettait de m’avoir forcé une alliance avec mon cousin, car elle avait peur de me perdre à tout jamais. Je comprenais ce qu’elle ressentait au moment où elle m’avoua sa peur de ne plus revoir mon visage, car c’était ce dont je ressentais avec Anita. La relation mère-fille que j’avais avec elle était semblable à celle que je partageais avec ma fille. J’avais peur de ne plus la revoir si elle ne recevait pas sa lettre d’admission à Poudlard, car je saurais alors qu’elle n’était pas une sorcière, et je ne pourrais alors la revoir. Mais pour l’heure, je ne voulais pas y penser, car j’avais bien d’autres soucis. Ma mère était mourante, et ses jours étaient comptés. Bien que je ressentais autrefois de la haine envers elle, j’étais maintenant compatissante face à sa santé qui se dégradait au fil du temps. Néanmoins, elle trouvait toujours une occasion pour injurier William lorsque je lui faisais part de ma vie avec lui, de même que mes deux sœurs qui étaient maintenant mariées à deux autres de mes cousins, pour le plus grand bonheur de ma famille.

- Non mais tu te rends compte de la vie que tu as eu avec ce moldu ! Tu vois quand je te disais qu’il fallait s’éloigner au maximum de leur monde, parce qu’ils ne comprennent pas notre magie, ils la voient d’un mauvais œil, me disait ma mère. Ce n’est ni plus ni moins qu’un moldu au cœur froid et au tempérament qui ne te correspondait guère ma fille, tu n’aurais jamais dû partir avec lui !
- Ma pauvre, tu as dû être très triste quand il t’a jeté comme une ordure, me disait ma sœur Sophia. Les moldus, tous les mêmes, je peux te dire que je lui aurais jeté le sortilège Doloris pour le faire encore plus souffrir sœurette ! En tout cas, je suis déçue par ton choix. Tss, traîner avec un homme comme lui et se marier avec.. manquerait plus que vous ayez un enfant et là ce serait le drame !

Préférant ne pas mettre le feu aux poudres en révélant l’existence d’Anita, je décidais de ne pas aborder le sujet.
- Oui, comme tu dis, ce serait le drame.. Mais je vous le dis que je suis désolée pour ça, désolée de vous avoir abandonné pour William, mais on cœur me disait de le suivre, et je ne pouvais le nier.
- Eh bien ton cœur avait eu tort ma fille, tu aurais dû nous écouter au lieu de batifoler avec ce moldu. Parce que si tu nous avais écouté, tu ne serais pas dans cet état là, ton cœur ne serait pas aussi blessé que si tu avais été avec Harry. Dommage qu’il soit marié maintenant avec ta sœur Kathleen, vous auriez fait un beau couple.

Un beau couple !? Plutôt mourir oui ! Heureusement qu’il s’était marié avec ma sœur, car il ne restait plus aucun cousin pour me marier avec un membre de ma famille, et cela me rendait plutôt heureuse. Ma vie maintenant se résumait à mon travail où je restais bien plus qu’autrefois, restant jusque tard la nuit et venant parfois très tôt le matin. Le personnel de Sainte-Mangouste ne me demandait pas la raison de ma présence plus tardive et plus tôt à l’hôpital, et je leur remerciais leur silence sur le sujet. Ma vie se résumait aussi et surtout à m’enfermer dans ma bulle en dévorant littéralement bon nombres de livres dans ma chambre sans prendre le temps de sortir un peu. Je me suis mise à lire beaucoup de citations d’auteurs divers, diverses morales qui m’en apprenaient plus sur la vie en général. Je me reconnaissais à travers ces citations et morales, ces phrases qui me révélaient ce que je vivais, ce que je ressentais, et bien d’autres choses. Ma famille ne me voyaient que pour les repas, et ne me dérangeait point durant mes longues heures sous la couette de mon lit avec un Lumos pour mieux y voir la nuit.

Je n’étais plus triste à présent, car j’étais bien déterminée à suivre de près l’enfance de ma petite Anita. William ne comptait plus pour moi, il n’était plus rien à mes yeux, et plus les mois passèrent et plus mes sentiments envers lui s’envolaient, emportés par ma haine qui se développait au fil du temps. Je souhaitais oublier mon passé, oublier ce que William m’avait dit. Mais je ne pouvais qu’accepter cela, car même si le temps passe, même si les souvenirs s’estompent, même si les gens nous quittent, le cœur n’oublie jamais, et le mien n’oublierai jamais les moments avec lui. Je pouvais certes oublier ce qui m’avait blessé dans le passé, mais je ne pouvais oublier ce qu’il m’avait appris, et un passage justement dans un livre me le fit comprendre.

Ne regrette pas les rencontres que tu fais dans ta vie. Les bonnes personnes te donneront du bonheur, les mauvaises te donneront de l’expérience, les pires te donneront des leçons, et les meilleures seront à tout jamais dans tes souvenirs.

Je ne savais pas dans quelle case était William, mais ce je savais, c’est que j’avais eu trop d’espoir, trop d’enthousiasme quant à la suite de mon secret dévoilé face à lui, je l’ai peut-être trop aimé, lui ai trop fait confiance. Tous ces "trop" m’avaient fait très mal, et le fait d’avoir trop espéré que William accepte mes dons m’a fait comprendre que plus jamais je n’espérerais quelques chose de sa part, plus jamais je n’espérerais trop quelque chose de la part de qui que ce soit. Ne jamais trop espérer pour ne jamais être trop déçue, voilà ce dont mon esprit pensait à présent. Le monde n’était pas rose, mais je souhaitais que ce monde le soit au maximum pour ma fille, et je ferais tout pour qu’elle vive une belle vie. Anita n’avait pas droit à une vie sans sa mère, sans qu’elle sache mon amour pour elle, sans qu’elle ne revoit mon visage plein de tendresse


2e et dernière partie à suivre

Il ne suffit pas seulement de croire en ses rêves, mais de croire aussi en soi.

24 août 2018, 21:22
Quand passé présent et avenir s'entremêlent
Chapitre 7 : Le futur sera meilleur demain

Partie 2 : Une rencontre bouleversante mais prévue de longue date

A cette pensée, je me suis soudainement levée de mon lit, comme si une révélation était apparue en moi. Anita ne pouvait certes pas voir mon visage avant d’atteindre son onzième anniversaire, mais je ne pouvais vivre sans voir le visage ma petite fille grandir. Je me suis alors souvenue d’une photo qu’avait prise William où ma fille et moi posions toutes les deux, et décidais de la chercher parmi mes affaires afin de revoir ses yeux verts, les mêmes que les miens. La photo se trouvait dans un de mes livres dont je n’avais pas ouvert les pages depuis mon départ de Notting Hill. Ma petite fille était toute mignonne dans ses petits vêtements. Elle n’avait qu’un an, mais affichait déjà un grand sourire, et même si la photo ne s’anima point, je ressentais sur l’instant un peu de joie qui s’affichait sur mon visage.

Son sourire sur la photo me donna l’espoir de le revoir un jour, ainsi que de revoir ses yeux verts avec une toute petite touche noisette à l’intérieur. Elle me ressemblait beaucoup, plus que William, et je me revoyais en elle, j’essayais d’imaginer ses futures années à Poudlard. Peut-être ne sera-t-elle pas répartie chez les Serdaigle, mais je serais quand même fière d’elle, fière d’avoir une sorcière comme fille. J’espérais pour beaucoup qu’un hibou vienne apporter sa lettre d’admission, et je me suis jurée de ne pas rater ce moment magique qui sera le signe de mon retour à Notting Hill, du moins temporairement, seulement pour ma fille.

Si je devais être présente le jour de son onzième anniversaire pour faire mon apparition après l’arrivée de la lettre, je devais également être présente afin d’apercevoir ne serait-ce qu’un signe qu’Anita était une sorcière. Il fallait que je suive ses débuts à l’école moldue, que je suive son enfance pour essayer de ne pas me détacher d’elle. William ne devait pas me voir, mais j’avais là la solution parfaite. Le fait d’être un Animagus me permettrait d’aller où bon me semblait, étant capable de me métamorphoser en une libellule. Je pourrais faire en sorte d’être proche de ma fille sans pouvoir néanmoins attirer l’attention. Après tout, qui se méfierait d’une libellule ?

Je voulais dès à présent mettre en œuvre mon idée, et descendais au plus vite les marches des escaliers de la maison des Cookenay. Cependant, j’avais malheureusement omis de ranger ma photo dans mon livre, et mon erreur déclencha la furie de la famille, chose auquel je voulais absolument éviter. Ma sœur Kathleen, la plus fouineuse d’entre nous, se précipita sur mon père, ce qui était plutôt rare étant donné que c’était d’habitude sur ma mère que mes sœurs allaient se précipiter pour raconter leurs dernières informations. Cependant, ma mère n’était plus de ce monde, ce qui fit changer un peu les mentalités vis-à-vis de ma situation. En effet, lors de son enterrement, mon père et quelques tantes et oncles vinrent à moi se plaindre de ma stupidité en allant se réfugier aux bras d’un moldu au lieu d’épouser Harry. Ils s’étaient tus suffisamment avant le décès de ma mère pour ne pas libérer leurs paroles par la suite, et j’ai donc dû subir les insultes d’une bonne partie de la famille, ce qui n’arrangea en rien mon malheur.

- Papa, viens voir un peu ce que je viens de trouver dans notre chambre, disait ma sœur avec un regard sournois. Tu devineras jamais qui est avec Mary sur la photo.

Mon père, avide d’en savoir plus, se pencha sur ma photo. J’étais remontée contre Kathleen qui prit sans le demander ce qui m’était cher, mais j’étais dans le même temps assez nerveuse, car si ma famille apprenait l’existence d’Anita, elle ne pourrait plus tolérer que je vive chez eux.

- Pourquoi tu tiens dans tes bras un enfant Mary ? Qu’est ce que c’est que ce cirque ? me dit il avec un regard méfiant.
- Mais t’as pas vu les yeux du bébé ou quoi ? en pointant son long doigt fin sur la photo. Je dirais aussi que son visage ressemble à Mary, mais les yeux, c’est flagrant ! C’est les mêmes, verts et tout pareil !
- Mais ça veut dire que..
- Ben que c’est sa fille voyons ! Kathleen se retourna vers moi et me fit un regard de dégoût. Dire que tu nous as caché ça sœurette, un enfant de sang mêlé ! C’est bien ça, c’est l’enfant que t’as eu avec ce moldu de pacotille, pas vrai ?

Je ne savais que dire face à ma famille, tellement j’étais anxieuse. Le stress s’empara de moi d’un seul coup, et ce qui arriva par la suite me planta comme un coup de couteau dans mon cœur qui était déjà bien amoché par ma déception amoureuse et le fait de ne pas être aux côtés de ma fille. La photo fit le tour de la demeure, et ma famille, ne pouvant plus supporter ma présence et le fait de savoir que j’avais mélangé mon sang avec du sang moldu, décida de me bannir de la maison, et de me déshériter en me disant que je salissais le nom des Cookenay. S’en était trop pour moi, je ne pouvais plus vivre en leur compagnie.

Prenant mes bagages, et me rappelant du même moment où je quittais Notting Hill, je quittais Dartford, les larmes aux yeux. Tout se retournait contre moi, je ne voyais plus que la vie en noir. Je ne savais même pas où j’allais dormir, où j’allais loger. C’est alors que je me suis rendue sur le lieu de mon travail, au beau milieu de la nuit, et demandais l’autorisation à la direction de l’hôpital de m’héberger le temps que je trouve un logement. L’endroit où je vivais à présent n’était certes pas très confortable, mais mes collègues étaient d’une grande amabilité avec moi, compatissant face à ma situation. J’ai vécu près de deux semaines à l’hôpital, le temps de trouver un logement sur Londres, et depuis mon emménagement, je ne pouvais plus penser qu’à voir ma fille.

Sortant aussi souvent que possible sous la forme d’une libellule, je passais le plus clair de mon temps à observer Anita ainsi que William. Elle grandissait de jour en jour, et ses cheveux bouclés me rappelait les miens, ses yeux verts également. J’étais assez proche pour pouvoir parfois jouer avec elle, tendant les bras pour pouvoir attraper une simple libellule. Je m’amusais beaucoup plus sous la forme d’un animal plutôt que sous forme humaine, et plus le temps passait, moins je restais sous forme humaine, seulement pour travailler à Sainte-Mangouste ou pour lire d’autres ouvrages certains soir. Je pus assister aux nombreuses heures où Anita restait seule à la maison alors que son père travaillait encore, et cela m’avait rendue perplexe.

Je ne comprenais pas pourquoi il passait plus de temps à l’hôpital plutôt qu’en compagnie de sa fille, elle qui manquait cruellement d’une présence aussi bien paternelle que maternelle. La solitude pesait en elle, je le voyais, et la bulle qu’elle s’était créée en s’isolant à travers ses livres était peut-être due au départ à la solitude qu’elle ressentait à la maison. Je ne lui souhaitais en aucun cas de vivre ce qu’elle vivait, sans sa mère et passant le plus souvent son temps libre seule, et j’espérais que le temps passerait assez vite pour ne plus apercevoir le visage de ma fille sans qu’elle ne puisse voir le mien. Je ne supportais plus de rester sous cette forme qui ne me permettait pas de venir la câliner, ou même de lui parler, et je ne supportais plus de la voir ainsi, avec un père qui ne prenait même pas le temps de passer quelques heures en sa compagnie. Cela me déchirait le cœur, mais je me devais de rester sous la forme d’une libellule avant son onzième anniversaire, je me devais de rester dans l’ombre.

J’espérais tant qu’elle avait en elle le même don que moi, et un beau jour, je pus en être sûr. Anita se trouvait dans la cour de récréation au sein de son école moldue, et était comme je l’avais remarqué depuis le début de sa scolarité, bien embêtée par une de ses camarades. Je compatissais pour ma petite fille, elle qui se logeait dans un coin en parcourant des livres. Aucun de ses petits camarades ne venaient pour discuter avec elle, ou que rarement, et la timidité de ma fille n’arrangeait rien. J’espérais que cela changerait lorsqu’elle sera à Poudlard, qu’elle aurait des amis et s’épanouirait entourée d’autres gens de son âge et ayant les mêmes dons qu’elle. Et, étrangement, je sentais que ses futures années en tant que sorcière allait changer son caractère, qu’elle allait plus s’ouvrir aux autres et ainsi faire des rencontres, tisser des liens avec des personnes avec qui elles passerait de bons moments.

Soudain, alors que j’observais de loin la scène qui se déroulait sous mes yeux, je fus surprise et en même temps émerveillée par ce qu’avait provoqué ma fille. Le fait qu’Anita ait pu faire apparaître des furoncles sur le visage de sa camarade qui lui avait prit un livre était le signe que William se trompait sur le compte de notre fille. Elle était bel et bien une sorcière, pour mon plus grand bonheur. Ce jour-là fut comme une renaissance pour moi, une nouvelle vie qui allait bientôt commencer, car l’anniversaire d’Anita approchait, il ne restait qu’à attendre deux petits mois avant mon retour à Notting Hill. Il ne restait plus qu’à patienter jusqu’à l’arrivée dans notre maison d’un hibou portant une lettre, à attendre le visage horrifié de William lisant cette lettre.

J’étais nerveuse le soir où je vis l’animal se poser devant notre maison, je ne savais pas comment allait se passer cette entrevue avec Anita, ni avec William. Il sera peut-être choqué de me voir, mais je ne lui laisserai pas le choix, je ne resterai d’ailleurs que quelques minutes, ne voulant pas attiser la curiosité des voisins si William réagissait un peu trop bruyamment. Je ne savais pas vraiment comment allait le prendre ma fille, mais il fallait qu’elle sache toute la vérité, qu’elle sache que ce que William avait dit sur moi n’était que pur mensonge, ce qui m’avait d’ailleurs mise en colère en entendant ses paroles, et que ma soit disant maladie qui m’avait atteint n’avait jamais existé.

Il ne fallait pas que je regarde en arrière, les yeux plein de regrets, il fallait plutôt que je regarde en avant, les yeux plein d’espoir. Les pages de mon avenir, de notre avenir avec ma fille étaient encore blanches, mais j’avais cette impression miraculeuse que les mots étaient là, dans une encre invisible réclamant d’être révélée. Lorsque l’on écrit l’histoire de sa vie, on ne devait jamais laisser une autre personne tenir la plume pour soi, et jamais je ne laisserais William tenir la plume pour moi, jamais je ne le laisserais écrire l’histoire de la vie d’Anita.

Trois coups suffirent à faire ouvrir la porte, et je vis qui se tenait devant moi ma petite fille. Je ne savais comment commencer la discussion, mais j’étais étrangement calme, bien que la douleur de me retrouver en ce lieu m'atteignit de plein fouet, la douleur de revoir ce lieu où William m'avait regardé avec dégoût. Mais malgré la douleur, les mots sortirent peu après de ma bouche comme si j’avais toujours su comment m’y prendre, comme si j’avais toujours imaginé ce moment.

« Ma petite fille, ma tendre Anita, je suis tellement contente de te revoir. Puis-je entrer ? »

Au même moment où j’entrais dans notre maison qui me rappelèrent bon nombre de souvenirs, quelques mots vinrent s’installer au sein de mon esprit. Ils résumèrent ce dont j’avais vécu, ce dont je vivais en ce moment même, et ce dont je m’apprêtais à vivre.


« Un passé tortueux, un présent douloureux, mais la promesse d’un avenir heureux »


Fin.

Il ne suffit pas seulement de croire en ses rêves, mais de croire aussi en soi.