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01 sept. 2018, 22:38
 RP ++  Sur la neige pourpre  PV Lolita Gardner 
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Matthew Boyd, 21 ans


23 Décembre 2028


          Nous y voici... Aishlyn et moi venions de nous mettre ensemble -il y a un mois, tout au plus- et je la présentais déjà à mes parents et à ma petite soeur... Je devais être fou. Pourtant, me présenter devant ma famille sans celle qui faisait battre mon coeur comme un forcené me semblait dérisoire. J'avais envie -non, j'avais besoin- de leur présenter la splendide blonde qui s'accrochait en ce moment à mon bras, balayant de ses prunelles d'émeraude le paysage londonien enneigé. Oui, j'étais fou. Fou d'elle, de son sourire, de son nez qui se fronçait quand elle réfléchissait ou de cette manie qu'elle avait de se passer la main dans les cheveux quand elle était embarrassée. J'étais fou amoureux, une cause perdue, perdu sans cette belle américaine. Sans celle que je savais être la femme de ma vie.

          À mesure que nous avancions dans la rue qui menait jusqu'à la demeure où j'avais passé toute mon enfance, la main de ma petite amie s'agrippa d'autant plus à ma pauvre veste et ses ongles se plantèrent dans ma chair tant la panique semblait lui étreindre le coeur. Je m'arrêtais et lui attrapa la taille pour la tourner vers moi. Je déposais un chaste baiser sur le front de celle que j'aimais puis l'enlaçais. Dans cette étreinte, j'en profitais pour glisser ma bouche le long de son cou pour finalement remonter jusqu'à son oreille. Là, je chuchotais :

"Tout va bien se passer Aishlyn... Ne t'en fais pas, mes parents vont t'adorer et ma soeur... Et bien, tu n'as pas à t'en soucier. De toute façon, je doute qu'elle soit déjà arrivée. Mais rappelles toi juste cela : Pas de magie devant elle. Comme elle est cracmolle, elle déteste ça."

          Aishlyn finit par remuer la tête, comme pour acquiescer, et je souris. Je relâche mon étreinte mais elle continue à s'accrocher aux pans de ma veste alors de nouveau, j'enroule mes bras autour de son corps qui me met dans tout mes états à chaque fois que je le touche. Lorsqu'elle semble vouloir bien me lâcher, je laisse retomber mes bras avant que mes mains ne viennent encercler ce si beau visage. Je dépose mes lèvres sur les siennes en un tendre baiser puis je la prends par la main et nous avançons ainsi, jusqu'à la façade crème de la maison de mes parents.

***


          Nous avons à peine sonner que ma mère vient nous ouvrir, dans un tablier du plus mauvais gout, un truc rose avec des fleurs brodées, des oiseaux criards et des tasses de thé. Je me retiens cependant de faire tout commentaire et laisse ma mère m'embrasser deux fois sur chaque joue, tandis qu'elle me répète à quel point je lui manquais. Je marmonne un peu, pour la forme, même si, au final, je suis très heureux de la voir. Quand elle finit par me lâcher, ma mère se rend enfin compte de la présence d'Aishlyn. Elle a l'air un peu affolée, je crois qu'elle avait oublié que ma petite amie venait avec moi.

      Je tente de camoufler mon fou-rire et je laisse Aishlyn aux bons soins de ma mère, qui est certainement en train de lui proposer de retirer son manteau et d'aller dans le salon. C'est d'ailleurs là-bas que je me dirige. Si ma mère m'a manqué, mon père est celui que je désire le plus revoir. Mon paternel est face au feu, un journal ouvert devant lui avec ses petites lunettes rondes sur le nez. Exactement comme quand je les avais quitté la dernière fois que je suis venu les voir, ce qui, maintenant que j'y pense, remonte à un bail.

        Je m'avance discrètement, je veux faire une petite blague à mon père. Je me ravise pourtant à la dernière minute. Il est plus tout jeune, mon vieux, il ne faudrait pas qu'il fasse une attaque. À la place, je me plante devant lui, tout sourire, et j'attends qu'il daigne lever les yeux de sa chère gazette du sorcier. Papa a toujours adoré ce journal, bien qu'il le remplace toujours par Le Monde quand ma soeur est dans les parages. Je trouve ça malheureux de devoir vivre comme des moldus à cause de Judith alors que nous sommes des sorciers. Il faudrait peut-être que j'en parle à ma soeur, un de ces quatre. Papa et maman ne sont pas responsables de sa condition même si je crois qu'elle pense le contraire. 

         Mon vieux lève finalement la tête et grommelle en me voyant devant lui. Je ne m'en offusque pas, je sais qu'il joue la comédie. Il aime bien faire le vieillard un peu bourru mais au final, mon père est un des hommes les plus gentils du Monde. Si un jour, je deviens père, Errol Boyd allait devenir le papi le plus gaga de ses petits enfants. Ouais, aucun doute là-dessus. 

        Mon paternel se leva de son fauteuil avec difficulté et me fit une accolade, une de celles qu'il dit être virile. Je pouffe et l'étreins à mon tour, il m'a vraiment manqué. On se relâche pourtant quand nous apercevons nos femmes respectives nous regarder avec tendresse, un sourire gravé sur le visage. Celui d'Aishlyn est un peu timide mais il est bien là et je remercie ma mère du regard. Je la rejoins pour ensuite revenir vers mon père, la main de ma belle bien coincée dans la mienne et je la présente à mon père. S'il ne bouge pas au début, il se déride bientôt et vient enlacer ma bien aimée. Je vais finir par devenir jaloux, je le sens.

        Heureusement, il finit par la lâcher et ma mère nous annonce que le diner est enfin prêt. Nous nous mettons à table et la nourriture est délicieuse, comme d'habitude. Aishlyn félicite ma mère, mes parents lui posent des questions et je suis soudainement le plus heureux des hommes. Je sais quand mes parents apprécient quelqu'un et clairement, ils aiment beaucoup Aishlyn. Cette dernière nous parle de son enfance, de sa scolarité à Ilvermorny et de ses études, un point commun que nous avons puisque que je suis le même cursus et que c'est là-bas que j'ai rencontré cette splendide créature.

        Mon père semble très intéressé par tout ce que dit Aishlyn et je ressens de nouveau la jalousie qui vient me piquer le ventre. Pourtant, ma belle américaine vient capturer ma main entre la sienne sous la table et je me sens bien. Elle est parfaitement détendue, ce qui est surement du à la gentillesse dont mes parents font preuve. Elle qui stressait de les rencontrer, elle s'entend très bien avec eux, et j'en suis ravi. Nous en sommes au dessert lorsque la porte d'entrée s'ouvre à la volée. Je me lève en même temps que toute la maisonnée et nous nous dirigeons vers le hall d'entrée. Là, une blondinette se tient bien droite, grelotante dans son manteau bien trop léger pour le froid polaire qui règne dehors. Je m'étonne : 

"Judith ?"

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Solynyle forever <3

02 sept. 2018, 16:19
 RP ++  Sur la neige pourpre  PV Lolita Gardner 

Judith Boyd, 19 ans


Les fêtes de Noël en famille, l'événement incontournable de l'année. Tout était prévu des mois à l'avance. Mais en fait, Judith ne savait jamais vraiment si elle avait hâte de retrouver sa famille ou non. Bien sûr elle les aimait, et elle était toujours heureuse de passer du temps avec ses proches. Pourtant elle était si éloignée d'eux à présent. Sa vie n'avait plus grand chose à voir avec la leur depuis bien longtemps. Eux étaient sorciers, vivants dans un monde rempli de magie et de phénomènes fabuleux. Elle... Elle n'était rien d'autre qu'une erreur. Ce monde aurait dû être le sien, il ne l'était pas. Elle était née Cracmolle, sans pouvoir. C'était sa malédiction.

Alors certes, ce monde magique ne lui était pas fermé pour autant, il existait mille manières de travailler et de vivre là-bas en tant que Cracmolle. Seulement, de quoi aurait-elle eu l'air ? A cheval entre deux mondes, elle avait choisi celui des moldus. Il était moins brillant, moins merveilleux que celui des sorciers, c'était certain. Mais là au moins elle pouvait trouver sa place sans se sentir différente, elle n'était qu'une humaine comme les autres, avec ses qualités et ses défauts, qui vivait une vie normale. Là, on ne la considérait pas comme un monstre.
Désormais en première année de fac de droit à Londres, elle jonglait entre ses études et les petits boulots pendant ses vacances, histoire de gagner un peu d'argent.

En cette veille de Noël, elle avait donc gardé deux charmants enfants ne lui laissant pas une minute de répit pour quelques livres à peine. Et ils avaient gentiment taché son manteau d'hiver, d'une belle trace de feutre rouge... Indélébile. Il avait donc fallu qu'elle reprenne un autre manteau dans lequel elle grelottait si elle voulait rester présentable. Comme si cela n'était pas suffisant, les parents étaient rentrés plus tard que prévu, ce qui faisait qu'elle allait arriver en retard pour le diner. Quand enfin elle eut franchi la porte pour attraper le bus qui la conduirait à la maison familiale, ce dernier, plein, ne s'arrêta pas. Exténuée et désespérée par l'heure qui filait, elle finit par décider de se rendre à pieds chez ses parents.

La route semblait interminable à Judith. Heureusement, l'ambiance de Noël approchant, des luminaires colorés s'allumaient un peu partout dans la ville, offrant un vrai spectacle pour tous. A cette heure-ci, la plupart des gens étaient rentrés chez eux, bien au chaud en famille. Seules quelques échoppent restaient ouvertes, vendant chocolats et bijoux aux personnes ayant oublié d'acheter plus tôt un cadeau.
Glacée dans sa veste légère, la jeune femme rêvait au monde des sorciers. Que ce devrait être bon de vivre avec des pouvoirs... Mais elle secoua la tête. Non elle ne devait pas y penser. Elle était une Cracmolle, c'était ainsi, mieux valait s'y faire. Elle avait toujours vécu comme ça, et cette vie moldue lui convenait très bien. Du moins, 363 jours par an...
Finalement, les jambes lourdes et les doigts congelés, elle arriva devant la façade crème bien connue des parents Boyd. Ses cheveux étaient à peu près en ordre, sa robe aussi. De toute manière ça n'avait plus d'importance, elle avait trop froid et était terriblement en retard. L'auraient-ils attendue pour le repas ? Sans doute non, c'était ce qu'elle leur ordonnait. Au vu de ses fréquents retards, elle leur avait imposé de ne plus patienter jusqu'à ce qu'elle arrive. Sa mère avait eu beau protester, Judith avait tellement insisté qu'elle avait fini par plier. C'était mieux ainsi.

N'y tenant plus, elle tourna la poignée sans sonner, cela faisait belle lurette qu'elle ne s'annonçait plus, avec il est vrai, un peu plus de force qu'elle ne l'aurait voulu.

*****


Quatre personnes ont accouru alors que Judith était encore dans l'encadrement de la porte. Un courant d'air envahit le hall d'entrée. La porte se referme enfin tandis que la jeune femme savoure la chaleur qui commence à faire revivre ses membres de glace. Elle expire doucement pour reprendre son souffle et un nuage de buée apparaît devant elle. Son frère à l'air étonné. Est-ce de sa venue ou de l'heure à laquelle elle arrive ?

"Judith ?"

Elle esquisse enfin un sourire un peu crispé.

- Désolée du retard, j'ai dû venir à pieds. s'excuse-t-elle seulement

Elle va d'abord embrasser ses parents avec beaucoup de tendresse. Elle est si contente de les revoir enfin ! Sa mère n'a pas vieilli. Un peu démodée avec sa robe à fleurs roses, mais charmante. Les rides n'ont pas encore atteint son joli visage et par un seul cheveu blanc n'est repérable dans sa touffe blonde nouée en un chignon élégant. Son père en revanche fait plus vieux, mais son esprit est toujours aussi vif, on le voit dans ses yeux qui pétillent. Avec lui, un câlin s'impose. Sans doute restera-t-elle éternellement sa "petite fille chérie".

Vint le tour de Matt. Malgré le fait qu'ils étaient frère et sœur, les pouvoirs de l'un et l'absence de magie de l'autre, leur ont donné une éducation extrêmement différente, même si ce n'était pas voulu, et leur caractère respectif s'en était ressenti. Ce fut une des grandes tristesse de Judith : ne pas avoir un lien aussi fort qu'elle le désirait avec son frère. Mais comme tout le reste, elle l'a accepté sans un mot. Elle embrassa donc Matthew avec un sentiment amical.
Mais il restait encore une personne, une personne qu'elle avait totalement oublié en chemin. Pourtant son frère les avait prévenu : il venait accompagné. La demoiselle en question semblait sympathique et un peu timide, elle plut immédiatement à Judith. Cette dernière l'embrassa avec autant d'affection que son frère. Voilà, le tour des salutations était terminé.

Reculant d'un pas, elle se trouvait déjà plus détendue que cinq minutes auparavant. Néanmoins, son ventre criait famine. Elle n'avait rien mangé de la journée, les parents qui l'embauchaient comme babysitter n'ayant absolument rien prévu pour elle, et elle commençait à ne plus se sentir très bien. Et bien sûr, elle n'avait pas songé un instant à acheter un sandwich sur la route.

- Vous avez terminé de diner ? questionna-t-elle d'une voix très légèrement teintée d'inquiétude

Elle espérait vraiment que la réponse soit négative. Si ce n'était pas le cas, elle n'aurait plus qu'à aller chercher quelque chose dans le magasin le plus proche, en priant pour qu'il soit ouvert si tard la veille de Noël...

"Il m'est, lorsque j'y pense, avantageux sans doute
D'avoir perdu mes pas, et pu manquer sa route"
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03 sept. 2018, 21:30
 RP ++  Sur la neige pourpre  PV Lolita Gardner 
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Matthew Boyd, 21 ans


23 Décembre 2028


         Je regardais ma soeur, un peu agacé et me retenais de faire une remarque. Pourquoi était-elle venue à pied ? La savoir dans les rues, seule, aussi tard avec ce manteau ridiculement peu chaud me faisait horreur. Et s'il lui était arrivé quelque chose de grave ? Et si elle avait été enlevée ou pire, agressée et abusée dans un coin ? Bon Dieu, elle aurait pu nous appeler, je serais allé la chercher ! Quelle tête de mule ! Je me déridais toutefois quelque peu quand elle vint m'embrasser délicatement sur la joue. Rah, elle était bornée mais c'était ma frangine quand même, je pouvais pas trop lui en vouloir, ou du moins pas assez longtemps pour que ça en vaille la peine. Judith alla ensuite enlacer Aishlyn et cette fois, je commençais à franchement sourire. Si ces deux-là s'entendaient bien, je serais très heureux et je pourrais peut-être ainsi me rapprocher de ma petite soeur.

        Je ricanais quand le ventre de ma chère Judy gargouilla bruyamment mais mon américaine me fit taire d'un léger coup de coude dans mon pauvre estomac qui, bien sûr, n'avait absolument rien demandé. Ah... La solidarité féminine, quelle plaie ! Même plus le droit de rire de sa frangine. Où va le Monde, je me le demande... Ma chère et tendre maman expliqua alors à Judith que nous en étions au dessert, un très beau gâteau au chocolat soit dit en passant, mais lui proposa tout de même de lui servir le reste de soupe et de viande, vestige de notre repas.

        Tandis que ma soeur s'installait confortablement sur la chaise, je montais à l'étage pour récupérer une couverture, que je lui glissais sur les épaules une fois en bas. J'avais remarqué que les poils de ses bras étaient dressés et que sa peau formait de petits boutons car elle gelait littéralement. Sans attendre, après ma petite attention, je me rassis et j'enlaçais la douce main de ma tendre Aishlyn sous la table à manger. Je la regardais dans les yeux, avec amour, puis nous mangeâmes notre dessert silencieusement tandis que mon père nous racontait l'une de ses dernières anecdotes sur son travail. Nous rigolâmes tous à la blague puis je me dirigeais vers le salon avec, sur mes talons, ma famille au complet et ma merveilleuse petite-amie. 

        Là, je laissais la place près du feu à ma soeur, pour qu'elle se réchauffe davatage, bien qu'elle ait toujours la couverture sur elle, et Aishlyn s'assit tout naturellement à ses cotés. Je souris, ravi, puis m'assis à mon tour, aux côtés de ma douce Mon père me regarda avec l'un de ces sourires narquois mais je ne m'y attardais pas. Je savais que cela voulait dire qu'il était sur le point de ma taquiner et je n'en avais aucune envie. Ma belle blonde semblait vouloir engager une conversation mais elle ne trouvait apparement pas de bon sujet. Je décidais de l'y aider mais la seule chose qui me vint à l'esprit fut ceci : 

"Judy, au lieu de venir jusqu'ici à pieds, t'aurais du m'appeler. Je n'aime pas te savoir seule dans les rues la nuit. Je serais venu te chercher, tu sais que ce n'est pas un problème. Marcher était totalement inconscient et surtout, stupide."

        Je croisais mes bras contre mon torse et j'attendis. Je l'avais dit d'une manière un peu brusque, mais le fait est que je m'inquiétais réellement pour ma petite soeur. Je ne le montrais pas souvent parce que c'était réellement compliqué entre nous mais je l'aimais quand même... Sur ces pensées, je me calais confortablement contre l'épaule d'Aishlyn et fermais les yeux, attendant la réponse de Judy. Je la soupçonnais de bouillonner intérieurement, elle n'aimait généralement pas que je me comporte en grand frère protecteur. Peut-être parce qu'en fin de compte, je ne l'avais jamais réellement été ce grand frère. Étant à Poudlard presque toute l'année, je n'avais jamais pu vraiment pu être avec Judith et pendant les grandes vacances, j'avais préféré voir mes amis plutôt que de passer du temps avec elle... Aujourd'hui, notre relation en souffrait, d'autant que je ne revenais que très rarement à la maison familiale à cause de mes études. Et parfois, comme maintenant, je regrettais.
Dernière modification par Kyle Boyd le 28 août 2019, 14:41, modifié 1 fois.

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18 oct. 2018, 21:22
 RP ++  Sur la neige pourpre  PV Lolita Gardner 

Judith Boyd, 19 ans


Contre toute attente, un peu de soupe et de rôti avaient survécu à l'appétit féroce de Matthew. Que cela faisait du bien ! Une fois que son ventre fut un peu calmé, elle commença à apprécier la conversation qui se déroulait à la table familiale. La chaleur détendait peu à peu ses membres engourdis tandis que son esprit se délassait. Elle pouvait enfin souffler, et retrouver sa famille. La douceur de sa mère, la joie simple de son père. Quant à son frère... Elle n'y pensait pas vraiment. Il était là comme un ami lointain avec lequel on n'a pas vraiment gardé de lien. Pourtant il lui avait apporté une couverture de manière attentionnée, ce qu'elle apprécia et remercia d'un de ses charmants sourires. Mais elle ne savait trop qu'en penser ; cela faisait si longtemps qu'une relation conventionnelle s'était établie entre eux. La politesse régnait sans qu'ils ne sachent vraiment quoi se dire. Sa compagne en revanche semblait très douce, et Judith discuta un peu avec elle. Très peu, certes, mais c'était déjà ça.

Le temps filait, et la tension de Judith s'apaisa réellement lorsqu'elle en arriva au gâteau au chocolat. Ce n'était pas le meilleur au monde, mais il avait le goût de la tendresse maternelle, des souvenirs d'enfance et de la chaleur du foyer. Les anecdotes paternelles vinrent compléter le tout. Là encore, l'humour n'était pas le plus fin qui exista, mais le cœur y était et cela suffisait. Une fois le repas fini, le petit groupe passa traditionnellement dans le salon pour discuter des heures durant avant de se décider enfin à aller se coucher. D'ailleurs Judith était exténuée et ne rêvait que d'une chose : dormir. D'un autre côté, elle était heureuse de profiter un peu de sa famille. Il lui suffirait d'écouter les conversations en somnolant près du feu, l'exercice n'était pas bien difficile.

Résistant donc à la fatigue qui alourdissait ses paupières, elle se dirigea vers la cheminée aux teintes chaleureuses de carmin et d'or qui ondulaient ensemble en une hypnotisante danse ondulée. Les flammèches s'enroulaient en une union parfaite, puis le lien se rompait brusquement et la boucle recommençait indéfiniment. Ses yeux, fascinés, fixèrent le jeu des flammes. Un peu engourdie, elle se laissait aller à une douce torpeur. Les pensées floues, le regard brumeux, elle appréciait ce moment de calme en toute simplicité. L'ambiance de Noël la gagnait. Mais ce silence n'était visiblement pas agréable pour tout le monde, Matt le rompit très vite. Trop vite. Ne savait-il donc pas se taire cinq minutes ? Laisser le silence l'envahir ? Se reposer un instant ? Visiblement non. Ne pouvant s'empêcher de retenir un bref soupir, signe de son agacement, elle consentit tout de même à tourner la tête vers son frère.

"Judy, au lieu de venir jusqu'ici à pieds, t'aurais du m'appeler. Je n'aime pas te savoir seule dans les rues la nuit. Je serais venu te chercher, tu sais que ce n'est pas un problème. Marcher était totalement inconscient et surtout, stupide."

Inconsciente et stupide. Rien que ça ! Ben tiens, ça ne l'étonnait même plus. Monsieur Je-Sais-Tout-Mieux-Que-Tout-Le-Monde la sermonnait. C'était normal après tout, il était siiii âgé, siiii sage...

Tu m'excuseras, dit-elle d'un ton sec mais je sors d'une journée chargée contrairement à toi. Donc non, effectivement, je n'ai pas pensé à t'appeler. De toute manière, je ne supporte pas les transplanages, tu le sais pertinemment. Et puis tu vois, les ogres ne m'ont pas dévorée et je n'ai croisée aucun vampire, tout va bien !

Le ton ironique de la fin de sa réplique fut doublé d'un sourire idiot. Non mais pour qui se prenait-il, pour son père peut-être ? C'est sûr qu'avec ses deux années de plus qu'elle, il avait de quoi en imposer. Ah mais c'était parce qu'il avait trouvé une copine peut-être ! Il ne se sentait plus. Comme si l'amour rendait sage, tout le monde savait cela voyons !
Aussitôt, Judith se reprocha ses pensées et ses paroles. Mais le mal était fait, elle ne pouvait plus revenir en arrière. Soupirant à nouveau elle détourna la tête, fermant les yeux. Matthew avait l'art de jouer avec ses nerfs, et sa fatigue ne l'aidait pas à se maitriser. Elle était impulsive, sans doute trop. Son caractère nerveux, voilà encore une chose qui l'avait séparée de son aîné. Elle ne supportait pas ses réflexions acerbes et infantilisantes. C'était là son moindre défaut...

"Il m'est, lorsque j'y pense, avantageux sans doute
D'avoir perdu mes pas, et pu manquer sa route"
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