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14 janv. 2020, 16:13
Comme avant.  Solo++ 
[19 Décembre 2044]

Il apparut directement dans son salon et cligna quelques fois des yeux avant qu’il ne s’habitue à la noirceur de la pièce. Étrange que les volets ne soient d’ailleurs pas ouverts car sa mère avait l’habitude de se lever assez tôt le mâtin quand il était à la maison. Peut-être qu’elle était tombée malade la veille et qu’elle avait dormi plus longtemps qu’avant ? Même s’il était midi passé depuis longtemps il était toujours possible que cela soit ça. Juste une maladie, une petite gastro apportée par l’hiver. Il n’y avait pas de quoi avoir peur. Il chercha en tâtonnant l’interrupteur pour allumer les lumières. Quand la lumière éclaira la pièce il fronça sérieusement les sourcils en voyant la fine couche de poussière qui s’était installée sur les murs et le sol. Quand il regarda à ses pieds il vit que ses pas avaient laissé des traces sur la couche grise. Il se mordilla la lèvre inférieure, angoissé.

-Maman ? La plainte se répercuta sur les murs mais il n’obtint aucune réponse.

La maison était silencieuse, peut-être trop et même le bruit habituel des canalisations semblait bien moins fort. Pourquoi sa mère ne lui répondait pas ? Avait-elle eu un soucis ? Était-elle mal ? Cela expliquerait pourquoi elle n’avait jamais envoyé de lettre à part pour son anniversaire. Il avait eu quatre idées et n’en aimait aucune. Soit elle n’avait pas pu, soit pas compris comment faire, soit elle n’avait pas voulu ou soit elle n’avait juste pas du tout pensé à lui. La dernière faisait le plus mal. Elle lui avait dit de partir à Poudlard et elle avait dit qu’elle lui enverrait des lettres. Elle ne l’avait pas fait, mais pourquoi ? Il s’approcha de la chambre de sa mère en allumant sur son passage toutes les lumières pour pouvoir ouvrir les volets sans se cogner contre les murs. Une fois tous les volets ouverts, sauf ceux de sa chambre où il n’était pas encore entré, il ouvrit lentement la porte de celle à sa mère.

-Maman ? Répéta-t-il doucement. Sans réponse, encore une fois.

Il s’approcha du lit où il voyait se détacher dans les couvertures une forme recroquevillée sur elle-même. Une fois assit à ses côtés, il posa sa main sur l’épaule maigre de sa maman et la secoua très légèrement pour la réveiller. Sa respiration se fit plus rapide, signalant qu’elle était réveillée mais elle ne dit pas un mot et ne bougea pas avant qu’il n’ai encore répété une dernière fois sa plainte. Quand elle entendit son fils, elle se tourna vers lui et ouvrit de grands yeux avant de l’attirer vers elle avec une puissance qu’il ne lui savait pas. Elle le serra contre son cœur en blottissant sa tête sur celle de son fils.

-Edwin, tu es revenu.
-Ben, oui. C’est pour Noël. Est-ce que ça va maman ?

Elle hocha la tête et se releva un peu, tirant les couvertures dans le mouvement.

-Maman va très bien, mon chat. Tu as déjà mangé ?
-Pas beaucoup, non. Il la regarda en plissant les yeux.
-Vas donc te reposer dans ta chambre, je vais aller te faire un goûter, comme avant, d’accord mon chat ?

Elle passa sa main dans ses cheveux et les ébouriffa jusqu’à-ce qu’il se dégage et retourne dans sa chambre. Il tira sa valise et ouvrit la porte. Sa chambre était bien lumineuse et nettoyée. Comme s’il n’était jamais partit, elle était restée dans le même état. Une fusion dans le monde, un gouffre dans le temps. Comme si jamais le temps ne s’y était écoulé. Toute la maison avait subi les mois depuis qu’il était partit, mais sa chambre non. Pourquoi l’avait-elle nettoyé ? Pourquoi sa chambre et rien d’autre ? Et vu comment il l’avait vu, elle n’avait pas l’air bien du tout alors c’était étrange qu’elle sorte de son lit juste pour ça. Il ne comprenait pas bien. Il baissa les yeux sur sa valise et l’ouvrit avec douceur. Les vêtements qu’il avait emporté avaient été roulés en boule à l’arrache mais au moins il avait pu en prendre beaucoup. Ses devoirs se cachaient dessous mais il n’était pas sûr d’avoir envie de les faire. Il s’assit sur son lit avant de s’y étaler en soufflant. Il était enfin à la maison, il en avait rêvé depuis le jour où on lui avait dit qu’il devait aller à Poudlard. Il en avait vraiment rêvé et avait tout fait pour pouvoir y revenir mais maintenant qu’il y était il se sentait mal. Pire qu’à Poudlard, il se sentait comme si rien n’était comme avant, comme si tout avait changé mais que sa mère faisait tout pour ne pas que cela se remarque. Cela le rendait mal à l’aise. Tout avait changé depuis l’été, rien n’était comme avant alors pourquoi faire semblant ? La façon dont sa mère se comportait était étrange aussi. Il ne savait pas bien pourquoi mais il sentait qu’il y avait quelque chose d’anormal. Elle n’allait pas bien, encore moins bien qu’avant. Est-ce que c’était de sa faute ? Pour être partit à Poudlard ? C’était elle qui lui avait dit de partir, pourquoi l’avait-elle fait si cela lui faisait du mal ? Du mal à elle autant que ça lui en faisait à lui ? Ça n’avait juste pas de sens, il ne comprenait pas.

Il observa la plume qu’il ne se rendait pas compte d’avoir encore dans les mains d’un œil critique avant de la ranger dans sa table de nuit avec sa baguette. La perspective de devoir retourner à Poudlard ne lui arrachait qu’une grimace.

Membre du Sixtgang
"T'a Smaug sur son tas d'or et t'as Edwin sur son tas de rédacteurs" - Isaac Powell
Edwin Wellhister (16 ans, quatrième année)

14 janv. 2020, 16:16
Comme avant.  Solo++ 
[25 Décembre 2044]

Jusqu’à Noël, les choses avaient été calmes, comme avant à quelques petits détails près. Il n’avait pas quitté la maison sans en parler, n’était en fait même pas sortit. Il lui semblait qu’en un trimestre tout avait changé dans son quartier et il n’avait plus la même envie qu’avant de fuir par sa fenêtre pour passer la nuit dehors à se faire proposer des petits plans foireux et des cigarettes. Non, au lieu de ça, il avait juste envie de rester chez lui pour réfléchir. Il aurait aimé envoyer une lettre mais il n’avait pas de chouette et pas d’adresse à noter, alors il restait tout seul et ce n’était peut-être pas une mauvaise chose. Sa mère faisait en sorte d’être près de lui constamment et cela ne lui plaisait pas trop. C’était comme si elle essayait de s’accrocher à lui pour ne plus le lâcher. Elle avait été plus étrange que d’habitude, si c’était possible. Elle ne pleurait plus la nuit comme avant qu’il aille à Poudlard mais elle ne semblait pas aller mieux pour autant et lui savait qu’il avait raison et qu’elle était mal. Elle lui avait toujours dit, avant, quand elle allait mal. Elle lui cachait des choses depuis son retour et cela augmentait la culpabilité qui pesait déjà lourd sur ses épaules.

Il se sentait coupable pour elle, pour être partit à Poudlard, pour avoir commencé à s’y plaire. Il détestait Poudlard, ça l’avait éloigné de sa mère et maintenant il ne la comprenait plus. Actuellement, il se tenait devant une assiette de pommes de terre. Il n’y avait pas de sapin, pas de décorations, pas vraiment de Noël, juste un cadeau de son père dans le salon et celui que sa mère lui tendait actuellement. Il n’avait pas eu d’anniversaire et il n’avait pas l’impression que le duo de journées qu’il avait passé avec sa mère ressemblaient à un Noël. Ce n’était pas grave, l’important ce n’était pas la fête mais ce qu’on y faisait : rester avec les siens, les repas de famille ou tout ce qui pouvait faire que la soirée aurait été bonne et joyeuse. Sa journée à lui n’avait été rien de tout cela : il était resté dans sa chambre et avait réfléchit encore à la façon dont tout avait changé. Il avait l’impression que tout était en train de se briser autour de lui, il comprenait plus rien et il avait beau y penser encore et encore, comme il y a plusieurs jours quand il était revenu, il ne comprenait toujours pas.

Il ouvrit le paquet et y trouva simplement du matériel à écrire. Il leva les yeux vers sa mère sans comprendre.
-Tu devrais m’envoyer des lettres, Edwin, j’ai été très triste pendant que tu n’étais pas là.
- Je… Il la regarda, perdu. Il lui avait envoyé des lettres toutes les semaines, même parfois tous les deux jours, et elle n’avait jamais répondu. J’ai envoyé des lettres ! Tout le temps, je promet !
-Je n’en ai reçu aucune Edwin.
-Les hiboux trouvent toujours la personne ! C’est.. C’est normal on m’a dit, ils savent où aller.
-Tu sais, Edwin, les sorciers auraient tout intérêt à empêcher les élèves de communiquer avec les gens normaux. Son fils releva la tête de son cadeau pour la regarder. Après tout, les gens normaux ne sont pas comme vous, et les sorciers sont fermés. C’est bien pour ça que tu n’as pas ta place là bas, chez eux tu n’es pas normal. Ta place est ici, avec moi. Tu le sais, j’espère ?
-De quoi ? Demanda-t-il mal à l’aise.
-Que tu peux rester à la maison si tu veux, que tu n’es pas obligé de retourner là bas. Ils sont dangereux et manipulateurs. Tu dois faire attention. Tes amis ne t’ont pas envoyé de lettre, il faut se méfier de ceux qui nous mentent.

Il baissa à nouveau les yeux sur ses mains et se leva en s’excusant, tournant les talons et s’enfuyant vers sa chambre. Quelques minutes après, il était en pyjama sous sa couverture. Il ne savait pas pourquoi mais être enfermé dans un cocon de chaleur était la seule chose qu’il avait voulu, cela le calmait, ça calmait la tempête dans sa tête.

La porte de sa chambre s’ouvrit doucement et il entendit sans mal la démarche de sa mère avant qu’elle ne s’assoit sur son lit. Après quelques secondes, elle posa sa main sur son flan et la laissa faire de petits cercles, comme lorsque qu’il était enfant et qu’il ne comprenait pas pourquoi les maîtresses lui hurlaient dessus parce qu’il ne comprenait pas les choses et qu’il se sentait triste. Est-ce qu’il se sentait triste, cette fois-ci ? Après un trimestre à ne jamais cesser de l’être, ce sentiment avait cessé d’être important, d’être spécial. Il l’avait sur le dos comme ses capes.

-Je ne suis pas fâchée, Edwin, même si je pourrais l’être. Ce serait mon droit d’être fâchée. Quand tu es partit à Poudlard, c’était simplement parce que tu le voulais, tu n’as pensé qu’à toi, et regarde où ça nous mène maintenant ? Toi tout triste et moi aussi. Réfléchit bien à ce que tu veux faire, mon chat. Il y aura toujours une place à la maison pour toi si tu veux rester avec moi. Le ton doux était remplit de reproche. Elle ne semblait pas s’en rendre compte, mais son fils le faisait très bien.

Il sentit l’humidité couler sur ses joues avant même de comprendre qu’il pleurait. Les paroles de sa mère résonnaient en lui comme une mauvaise mélodie et ça faisait mal. Il n’avait jamais voulu aller à Poudlard et la laisser toute seule, mais elle ne mentait jamais alors peut-être qu’inconsciemment il avait fait ça ? Il l’avait quitté, il était partit alors qu’elle n’avait pas envie. Peut-être qu’elle avait raison et que s’il était triste comme ça, c’était simplement de sa faute, parce qu’il n’était pas resté chez lui et qu’il n’avait pas dit qu’il ne voulait pas être un sorcier. Et maintenant c’était trop tard, il avait cassé tout ce qui était bien chez lui. C’était fini de se sentir bien dans sa maison, maintenant elle semblait juste s’écraser sur lui, comme s’il était soudain devenu claustrophobe et qu’on l’avait enfermé dans un placard. Sa mère quittait à peine sa chambre quand il se roula en boule en fermant les yeux bien fort.

Ça ne devrait pas être si compliqué d’oublier toute cette soirée, comme si elle n’avait été qu’un mauvais rêve. Sa mère n’était pas fâchée, avait-elle dit. Mais en colère pour quoi ? Il n’avait rien fait de mal. Enfin, il pensait n’avoir rien fait de mal, mais sa mère n’avait jamais menti, elle avait toujours eu raison. Il était partit à Poudlard tout seul, l’avait laissé là alors qu’elle n’allait pas bien et elle n’était pas en colère. Elle aurait pu. Elle aurait dû, même. Il renifla encore une fois. Pourquoi ça arrivait comme ça ? Il n’avait rien voulu de tout cela, il n’avait pas fait exprès.

Quelque chose le frappa. Elle n’avait reçu aucune de ses lettres. Pas une, avait-elle dit, aucune. Il avait renseigné tout ce qu’il fallait, le hibou aurait dû la trouver. Mais était-il partit, au moins ? Le monde moldu n’était pas aimé par la plupart des personnes qu’il avait rencontré, et si la direction de Poudlard ne voulait pas non plus contaminer le monde de la sorcellerie avec des valeurs moldues ? Et si sa mère avait raison et qu’ils étaient des manipulateurs ? Des gens qui empêchaient les enfants nés-moldus de parler à leur famille pour en faire des parfaits petits sorciers qui ne jugent que par ce monde et par aucun autre. De bons petits sorciers qui ne posent pas de question et qui abandonnent le monde moldu. Est-ce qu’on le manipulait comme sa mère disait ? Et est-ce qu’il était manipulé depuis longtemps, et que c’était pour ça qu’il était allé à Poudlard ?

Il ne pouvait plus respirer, réalisa-t-il trop tard alors qu’il suffoquait. Il était prit au piège dans sa maison, à Poudlard. Partout, il n’y avait que des gens mauvais, des manipulateurs. Il écarta les couvertures en chialant et se précipita vers sa fenêtre pour se jeter dans la rue, pyjama ou pas. Il avait besoin d’air.

Membre du Sixtgang
"T'a Smaug sur son tas d'or et t'as Edwin sur son tas de rédacteurs" - Isaac Powell
Edwin Wellhister (16 ans, quatrième année)

14 janv. 2020, 16:17
Comme avant.  Solo++ 
[26 Décembre 2044]

-Abrutit ! Tu ne peux pas savoir comment j’ai été inquiète, mais qu’est-ce qu’il t’a prit, bon sang ! Disparaître comme ça une journée entière ! J’aurais pu appeler la police ou les pompiers et ils se seraient déplacés pour rien ! Je t’avais inscrit dans un bon collège pour la rentrée, mais à ce rythme là tu vas finir dans un centre de redressement ! Jamais tu n’avais fais ça, jamais si longtemps !

Il n’avait pas voulu partir si longtemps, il avait juste eu ce besoin d’air et, quand il avait reprit conscience de son environnement, il avait remarqué que le soleil s’était levé depuis bien longtemps vu comment il brillait. Il était rentré à reculons, il aurait aimé rester dehors, ne plus approcher sa maison. Ne plus approcher personne, rester loin de Poudlard, loin de sa mère et de son père. Loin de tout et juste rester seul, se perdre sous ses couvertures et pleurer pendant des heures. Il n’avait jamais aimé pleurer, c’était affreux, c’était faible.

Sa mère continuait de lui hurler dessus mais tout était passé au second plan dès qu’il avait entendu la dernière phrase. Un collège. Il allait retourner au collège. La sixième avait été affreuse, il avait détesté. Et elle allait l’inscrire dans un collège, il ne retournerait plus à Poudlard, il resterait avec elle. Il n’avait jamais voulu aller à Poudlard, alors pourquoi est-ce que ça faisait mal de penser à ne plus y retourner ? Était-il si égoïste que ça ?

-C’est ton école de malades qui t’a apprit ça, à fuguer, à ne respecter personne ? Tu me déçois Edwin, mon dieu mais à quoi tu penses quand tu fais ça !

Il ne répondit pas et elle arrêta bientôt de hurler. Elle s’éloigna furibonde et lui, se cala dans sa chambre. Il ouvrit sa valise et y prit sa baguette. Est-ce que le monde des sorciers était si affreux que ça ? C’était quoi le pire entre le collège et Poudlard ? Entre Poudlard et sa mère, réalisa-t-il, parce que c’était ça qui lui faisait se demander s’il allait retourner à Poudlard. Parce qu’il n’avait plus envie de rester avec sa mère. Il se détestait pour cela, pour être un gamin égoïste qui se fiche de ce que ses parents font pour lui. Elle lui faisait détester sa maison, la seule qu’il ai jamais eu. Poudlard c’était pas sa maison, il ne s’y sentait pas bien. Mais au final, c’était pareil chez lui maintenant, il ne se sentait pas bien quand sa mère rodait autour de lui, comme un vautour près à attaquer, à lui reprocher la magie et à lui dire à quel point les sorciers étaient affreux, méchants et vicieux.

Elle avait raison sur les sorciers, il en avait fait l’expérience tout seul à Poudlard, du fait que les moldus étaient des parias. Certains parlaient d’eux comme des vermines, des choses qui ne méritent pas d’exister ou, en tout cas, qui ne méritent pas d’entrer dans leur monde. Est-ce qu’il méritait sa place chez les sorciers ? Il n’arrivait même pas à lancer un sort, c’était peut-être un signe que sa magie n’était pas assez forte pour lui ouvrir ce monde. Monde dont il ne comprenait rien, de toute façon. Les nés-moldus se laissaient paumer dans le monde des sorciers et personne ne leur expliquait ce qui se passait dans ce monde, ce qu’il fallait faire ou pas faire, et le pourquoi du comment de la haine de certains.  Si même le monde des sorciers ne l’acceptait pas, pourquoi ses membres l’auraient fait ? Sa mère avait raison, elle lui expliquait juste ce qu’il avait comprit depuis bien longtemps. Les sorciers étaient seuls, ils ne veulent personne qui ne leur ressemble pas. Lui n’a pas sa place dans ce monde, mais il ne veut plus trouver la sienne dans celui moldu. Il est perdu, totalement entre sa magie et le fait qu’il la déteste. Elle n’est pas assez présente pour qu’il se sente bien chez les sorciers mais est trop présente pour qu’il se sente à l’aise chez les moldus.

Il n’y pas de manuel pour les gens comme lui, rien sur le fait que les parents ont tord. Aucune page d’aucun livre qui pourrait lui montrer que sa mère a tord, que ce n’est pas ça, alors il la croit, parce que c’est sa mère, qu’elle ne va pas bien et qu’il l’a abandonné. Il a été un affreux garçon égoïste, il mérite qu’elle soit en colère, qu’elle lui en veuille de l’avoir laissé tomber. Qu’elle lui en veuille d’être un sorcier. Elle n’a que lui, elle lui a dit des centaines de fois. Sans lui, elle n’est rien, il est sa plus précieuse chose sur ce monde et lui, il est partit dans un monde dont il ne voulait pas, il l’avait abandonné sans rien. C’était de sa faute si elle allait si mal en ce moment, parce qu’il était partit, qu’il l’avait laissé. Et pour un monde qui ne voulait pas de lui, alors à quoi bon continuer ?

-Edwin.

Il se tourne vers elle et baisse les yeux sur ses chaussures.

-Je ne suis pas fâchée, mais j’ai eu peur. Tu t’éloigne tellement de moi, j’ai cru que ces sorciers étaient encore venus t’arracher à moi pour t’enrôler. Ils me font peur, et je ne veux pas que mon bébé soit en danger avec des gens avec qui il vit. Je ne leur fait pas confiance, est-ce que tu me fais confiance à moi ?

Elle ouvrit ses bras dans une invitation à s’y blottir et il sauta sur l’occasion. Il était câlin, même s’il ne l’avouerait pas parce qu’il n’aimait pas les contacts inopinés. Et en plus, les câlins ne sont pas pour les garçons comme lui. Pas pour les gens qui essaient de montrer leur valeur, les câlins sont pour les faibles. Mais en ce moment il ne se sent pas fort, il se sent juste comme un intrus dans son monde, une proie facile que les chasseurs peuvent tuer facilement. Une petite biche sur laquelle on tire pour la manger. Il se sent prêt à se faire attaquer par tout le monde. Seuls les bras de sa mère autour de lui sont réconfortants, c’est la seule a avoir toujours été franche avec lui. La seule à ne jamais lui avoir caché qu’elle était en colère, qu’elle avait peur ou qu’elle se sentait seule et, bien plus que ça, c’était la seule à lui dire combien le monde des sorciers était dangereux. La seule à ne pas l’envoyer dans la gueule du loup.

Elle avait raison, il était en danger dans le monde des sorciers, la plus grande preuve de ça était le bal en Octobre. Il avait été attaqué par la magie. On lui avait dit que la magie était quelque chose de bien, que ça pourrait le protéger, l’aider. Or, la magie, avec lui, elle n’était que violente et traîtresse.  

Membre du Sixtgang
"T'a Smaug sur son tas d'or et t'as Edwin sur son tas de rédacteurs" - Isaac Powell
Edwin Wellhister (16 ans, quatrième année)

14 janv. 2020, 16:20
Comme avant.  Solo++ 
[2 Janvier 2045]

La nouvelle année était passée, ils n’avaient plus reparlé de Poudlard ou des sorciers depuis, sauf quand sa mère lui expliquait qu’elle avait parlé à une de ses amies qui avait une fille adulte et sorcière et que cette fille lui avait tout expliqué sur son monde, sur la façon dont il était manipulé par la haine des gens comme eux. Des gens normaux. De son regard à elle, il n’était pas normal et il ne le serait que le jour où il aurait oublié totalement la magie. Il en faisait des cauchemars, il n’arrivait plus à dormir à force de se torturer sur son anormalité, sur la magie, sur le fait que ses amis lui avaient menti sur ce monde, sur les professeurs qui étaient idiots. Sur les moldus, sur les sang-purs qui lui disaient de dégager. Est-ce que Harrison avait eu raison ? Avait-elle eu raison depuis le début avec lui, en le traitant de vermine, en lui disant qu’il n’avait pas sa place dans son monde ? Il détestait l’idée qu’elle ai pu avoir raison, parce qu’il la détestait, mais au final il avait toujours su, inconsciemment, qu’elle avait raison et qu’il ne serait jamais pleinement accepté dans le monde des sorciers. Même s’il se mettait à arriver faire de la magie sans devoir s’entraîner des heures. S’il arrivait à lancer des sorts de la bonne façon, si sa magie acceptait de se manifester.

Il ne lui venait pas à l’esprit qu’il pouvait avoir des soucis avec la pratique parce qu’il se détestait d’être un sorcier. Il ne lui venait pas à l’esprit que son soucis n’était que provisoire, que quand il arriverait enfin à accepter la partie magique en lui. Il ne lui venait pas à l’esprit que c’était pas de sa faute, ni de celle du monde des sorciers. Pour lui, il était stupide, alors la magie ne voulait pas de lui. Il était né-moldu, alors le monde des sorciers ne voulait pas de lui. C’était de sa faute d’être partit à Poudlard, de ne pas avoir ignoré les lettres qui étaient arrivées. Sa faute d’être partit à Poudlard, d’avoir été égoïste. D’être un gros nul, un gros faible aussi.

Il faisait froid, même pour le mois de Janvier et, alors qu’il observait la plume dans le fond de son tiroir, plus il doutait. Est-ce que c’était sûr de rester chez lui ? Est-ce que les sorciers n’allaient pas venir le chercher, lui faire du mal ? Est-ce qu’il mettait en danger sa mère en restant avec elle, parce qu’il était un sorcier et que les sorciers voulaient exterminer les moldus, comme Harrison ? Est-ce qu’ils allaient venir le chercher pour l’emmener même s’il ne le voulait pas ? Et est-ce qu’on le punirait pour ses choix ? Et, plus important, est-ce qu’il avait envie d’arrêter d’essayer, d’abandonner puisque personne ne voulait le voir réussir ? Est-ce qu’il voulait oublier la magie, oublier ses amis ? Il n’en avait pas d’autre, les gens de la rue n’étaient pas ses amis, que des cadeaux empoisonnés. Il l’avait comprit quand il était à Poudlard : ça ne lui avait pas manqué, les virées la nuit, les cigarettes proposées et les discussions violentes. Peut-être qu’il était simplement une petite nature, quelqu’un de pas masculin, mais au final il se sentait mieux sans eux. Mais si les gens à Poudlard le manipulaient et étaient ses amis simplement pour le faire rester dans leur monde et oublier celui moldu, ils ne valaient pas plus.

Ça lui faisait un petit pincement au cœur d’imaginer tout ça. De ne savoir qu’il n’était rien d’autre que quelqu’un à enrôler et que c’était le seul but ds gens qui l’approchaient. Il se leva et alla jeter la plume dans la poubelle de la cuisine. Il ne retournerait plus là bas, et ce n’était pas grave si cela voulait dire abandonner la magie. Elle n’avait jamais été a lui, en lui. Juste une chose qui se la jouait boulet à ses pieds et qui lui donnait l’impression d’être si lourd le matin qu’il ne pourrait même pas respirer. Si lourd la nuit qu’il ne pourrait s’endormir, et si lourd la journée qu’il ne pourrait pas vivre sans béquille.

Peut-être que la suite aurait été quelque chose de totalement différent s’il avait été jeter sa plume plus tard, ou s’il l’avait jeté dans la poubelle de la salle de bain. Peut-être que rien ne serait arrivé de tout cela, mais les « peut-être » ne peuvent rien changer.

Sa mère débarqua dans la cuisine et, quand elle vit la plume dans sa main, elle sembla rougir totalement de colère. C’était la plume qui avait brisé sa routine, qui avait enlevé son gamin pour l’emporter chez des fous, chez des gens qui ne pourraient jamais l’aimer et l’accepter comme elle. Elle sauta vers l’avant, comme une balle quitte un fusil et agrippa la plume que son fils tenait pour la balancer dans la poubelle avec rage. Une fois cela fait, elle s’approcha de son fils qui tremblait sans remarquer ce détail et agrippa cette fois-ci les frêle épaules du garçon.

-TU NE PEUX PAS PARTIR EDWIN. Les sorciers sont dangereux, ils sont anormaux ! Ils vont te faire du mal, ils t’emmènent loin de moi ! Ils essaient de me piquer mon enfant, ils ne te laisseront plus partir si tu y retourne, tu ne pourras plus jamais quitter ce monde, ils vont t’arracher à moi !

Il veut lui dire qu’il comptait rester, qu’il veut plus partir, que la magie il s’en fiche mais il est pétrifié par la peur. Il n’a jamais vu sa mère comme ça, hystérique alors qu’elle pleure en lui hurlant dessus. Elle n’a jamais été comme ça avec lui, violente quelques fois mais il le méritait à chaque fois et ce n’était guère plus que des fessées. Jamais elle ne l’a secoué comme elle le fait maintenant, jamais elle ne l’a tenu si fort que ses ongles s’enfoncent dans ses épaules. Jamais elle n’a été si effrayante et jamais il n’a eu aussi peur. Il a peur, si peur. Alors, dans sa terreur, il ne comprend pas ce qui lui arrive et arrache ses épaules de la poigne de sa mère pour se précipiter dans sa chambre. Il veut partir, il n’a pas envie de rester avec elle, elle lui fait si peur. Il ne referme pas la porte de sa chambre et se laisse glisser le long du mur alors que sa mère le suit toujours en hurlant.

-Je ne veux pas que tu partes, tu ne peux pas t’en aller ! Arrête d’être égoïste Edwin, les sorciers ce sont des monstres ! Tu dois rester à la maison, tu dois rester normal !

Il n’a jamais eu aussi peur, alors pour une fois il croit à la magie. Il croit les gens qui lui ont dit que la magie peut le sauver, qu’elle le protège et il se jette sur sa baguette qu’il voit flou alors que de grosses larmes translucides s’échappent de ses yeux.

-Edwin Elwood Faith ! Hurle sa mère quand il la bouscule alors qu’elle essaie d’attraper son bras. Il renverse sa table de nuit quand il essaie de l’ouvrir et se tourne vers sa mère par la suite.
-Incendio !

La baguette est pointée vers sa mère et il n’a pas réfléchit au sort, mais quand il voit des flammes lécher le pull qu’elle porte, il se met vraiment à hurler, comme un hystérique. Sa voix part dans les aiguës alors que sa mère se débat pour enlever son vêtement et, alors qu’il voit les flammes s’éteindre, il ne peut plus penser à autre chose qu’à la fuite. Il ne peut pas rester là, sa mère qui se tortille en gémissant de peur se montre à ses yeux comme un monstre effrayant et il hurle encore et encore d’un cri haché par les gémissements et les sanglots qu’il pousse. Avant qu’elle ne puisse à nouveau l’approcher, il attrape la valise qu’il n’avait pas défaite dans le coin de sa chambre et se précipite dans la cuisine pour récupérer la plume. Il se laisse tomber sur la poubelle et la renverse pour se jeter sur le tas d’ordure, qu’importe s’il y a des fruits pourris dans le tas. Il ne remarque pas les nombreuses lettres de parchemin qui prouvent que sa mère a bien reçut ses lettres, il n’est concentré que sur la plume qu’il finit par trouver. Il ne pense pas plus avant de l’empoigner quand il entend la course de sa mère dans le couloir.

Parce qu’il a peur, qu’il ne comprend pas ce qui se passe et qu’il se sent coupable. Il se fiche du fait qu’il soit toujours en pyjama ou du fait qu’il n’ait pas le droit d’utiliser la magie, ça n’a pas d’importance, la seule chose qui en a pour lui en ce moment c’est de partir. La magie fait mal, elle blesse, elle enflamme. Les flammes ravagent tout, elles brûlent les cœurs, les espoirs, les corps. Et il a lancé un sort comme ça sur sa mère. Il a espéré que ça ne fonctionne pas dès qu’il a comprit son effet, mais ça a fonctionné. Il a fait du mal à sa mère, il ne se le pardonnera jamais, parce que c’est un monstre. Il est exactement comme les sorciers : méchant, faux et violent. Dangereux. Et sous toute cette couche d’incompréhension, de tristesse et de dégoût de soi, il y a la peur. La peur de se demander ce qu’il ce serait passé s’il n’avait pas été sorcier, la peur de se demander ce qu’il ce serait passé s’il avait jeté la plume plus tôt et s’il était resté chez lui et, par dessus tout, la peur de la vision d’horreur de sa maman frappant son pull au sol pour faire taire les flammes, comme un fouet maudit qu’elle aurait pu lui lancer dessus, comme les gens brûlaient les sorcières avant. Par dessus tout, la peur de savoir qu’il a eut envie que le sort réussisse, en premier lieu, que la magie empêche sa mère de lui faire du mal, la peur d’avoir fait du mal, d’être comme les autres et la peur que la plume ne fonctionne pas et qu’il ait vraiment de gros ennuis pour avoir mit le feu à son pull.

- Fin -

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Edwin Wellhister (16 ans, quatrième année)