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26 janv. 2020, 23:11
 Glasgow  La Terreur Sorcière  solo 


21 décembre 2044

Les bras de Kenneth s’étaient enroulés autour du corps frêle et tremblant de froid d’Alice. Ses doigts opalins serraient fermement les côtes de l’homme. Leur étreinte dura longtemps, très longtemps, si longtemps qu’Alice décida d’y mettre un terme en s’écartant de son tuteur. Ses mains sur ses épaules, il observa l’enfant, longuement, ses yeux fixant longuement la compresse qui barrait sa joue. Elle déglutit. Elle savait que bientôt, des questions l’assommeraient. Des questions auxquelles elle n’avait que trop répondu. Au moins connaissait-elle les réponses par coeur, désormais.

Ils étaient silencieux, chacun. Ils mâchaient leur repas silencieusement, découpaient les haricots sans jamais faire grincer la faïence des assiettes. Ils écoutaient les nouvelles que leur vomissait le poste de télévision. Alice gardait ses yeux braqués sur l’écran, sur les lèvres du présentateur du journal du soir. C’était surréaliste d’entendre le mot “sorcier” dans la bouche de ce même homme qui s’occupait seulement des affaires moldues, il y a encore quelques mois. L’agriculture et la politique semblaient être des sujets d’inquiétude bien moindres, désormais.
Une vidéo amateure s’afficha à l’écran, et Alice sentit son ventre se nouer. Les deux Obscurus, ceux là même qui avaient, disait-on, rompu le secret sorcier, s’affrontaient furieusement sous ses yeux. Les bâtiments s’écroulaient à leur passage, emportés par la violence de leur incroyable magie. Le mot qu’utilisa le journaliste, attentat écoeura Alice qui en reposa sa fourchette. Non, elle n’arrivait pas à s’habituer à ce mot. Il était méchant, il était cruel. Les agissements de ces sorciers, Alice ne les comprenaient pas. Ces Sept Lignées du Nord, pourquoi voulaient-elles que le monde sorcier s’écroule ? C’était idiot, aussi idiot que d’assassiner des blessés, des anciens, des mères et leurs bébés.

« Encore. » souffla Kenneth d’une voix lasse. « Ils n’ont plus rien à se mettre sous la dent, ils nous foutent les Obscurus tous les jours.
- Tant mieux, rétorqua Imogen qu’Alice devinait angoissée. Ils pourraient annoncer de nouvelles découvertes sur votre monde, alors estime toi heureux. »

Elle avait raison. Ils pourraient découvrir le nouvel hôpital sorcier, ou bien même Poudlard. Azkaban, oui, peut-être même Azkaban. Non, ça, ce serait terrible.
La main d’Imogen vint se poser sur la sienne, la faisait sursauter un peu. Un sourire, si peu convainquant, aux lèvres, elle serrait ses doigts autour de ceux d’Alice.

« Mais ça va aller, d’accord ? Vous avez assez de ressources, vous tous, pour tous vous en sortir. Vous êtes tous très forts. »

Imogen avait peur, elle avait même très peur. Dans ses yeux, il y avait quelques larmes. Alice l’avait entendu pleurer lorsqu’elle avait raconté ce qui lui était arrivé. Elle l’avait entendu pleurer une seconde fois, seule dans la cuisine. Alice n’avait rien dit, elle l’avait laissé avec sa peine. Imogen était fière, et elle était forte. Elle avait le droit d’avoir des faiblesses, et la petite Sangblanc n’était personne pour lui faire remarquer.
Le sourire d’Imogen disparu lorsque ses yeux noisette se reposèrent sur la compresse d’Alice.

« Il faudra nettoyer tout cela avant d’aller te coucher » dit-elle en souriant à nouveau, reniflant un peu. « Quand tu auras finit de te laver. Un bon bain chaud, ça te fera beaucoup de bien. »

Alice hocha un peu la tête. Un bain chaud, c’était le cadet de ses soucis, mais Imogen semblait si abattue. Elle souffrait de la situation, le regard que Kenneth posait sur son épouse était révélateur. Il y avait de la peine, et de l’inquiétude.
Dernière modification par Alice Sangblanc le 29 janv. 2020, 23:13, modifié 2 fois.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

27 janv. 2020, 07:44
 Glasgow  La Terreur Sorcière  solo 
D’un coup de main, Alice essuya partiellement le miroir embué. Ses longs cheveux blancs étaient lourds dans son dos, à peine essorer. Pas une mèche ne retombait sur son visage. Il n’y avait que sa cicatrice et son regard de chien apeuré. Du bout des doigts, Alice effleura les boursouflures des lettres qu’avait gravé Carry dans sa chaire. Traîtresse. Qu’est-ce que cela voulait dire, désormais ? Est-ce qu’en protégeant un Né-Moldu, Alice était devenue une traîtresse pour les autres sorciers ? Une vraie traîtresse, en somme. Et Carry, entendrait-on bientôt son nom scandé dans la Grande Salle, pour avoir mis en garde les autres contre les Nés-Moldus et leurs semblables sans pouvoirs ? Le monde changeait, et Alice pensait que jamais il ne pourrait être pire que lorsqu’on lui avait arraché son père.

Ses cheveux peignés, son corps enfilée dans sa robe de nuit, Alice quitta la salle de bain. Sa cicatrice était à l’air libre, il fallait à présent la badigeonner d’essence de dictame. Si seulement elle possédait du sang de salamandre. Malheureusement, oncle Kenneth n’en avait certainement pas dans ses placards, et le temps passé avec Thomas fut trop court pour lui demander d’aller lui en acheter. Peut-être que c’était cela, la solution.

« On va trouver comment s’en sortir. »

Alice s’arrêta au moment de regagner sa chambre. Cela venait du rez-de-chaussée. Elle entendait des sanglots, à présent étouffés. Ceux d’Imogen, pour sûr. Alice les avait suffisamment entendu ce soir pour les reconnaître.
Ses doigts se délièrent de la poignée de la porte de sa chambre. Sur la pointe des pieds, elle s’approcha du haut des escaliers. C’était encore allumé, en bas. Les ombres d’Imogen et Kenneth se dessinaient sur le mur du couloir. Ils étaient l’un face à l’autre, le front d’Imogen contre le torse de son époux. Lui frottait ses épaules en quelques va et vient réconfortants.

« Il faut que tu la ramènes à Poudlard » sanglotait Imogen. «  Elle n’est pas en sécurité, ici. Un jour il y aura forcément des dénonciations, de la part de sa mère ou... ou d’un voisin !
- Mais à Poudlard non plus elle est pas en sécurité. Il y a eu une attaque au sein même de l’école ! Peut-être qu’avant c’était imprenable, mais c’est plus le cas.
- Et ici, tu crois que c’est mieux ? On est dans un quartier moldu ! Dans une ville moldue ! Je ne veux pas qu’un jour, quand ils débarqueront...
- Personne ne va débarquer ici ! Imo, mais tu t’entends parler ?
- J’ai peur ! T’arrive à le comprendre, ça ? »

De ses deux mains sur son torse. Imogen avait repoussé Kenneth avec la rage du désespoir. Kenneth recula à peine, et Alice l’entendit souffler.

«  Qu’est-ce que tu veux que je fasse de plus ? » demanda t-iI en écartant les bras, à bout de nerf. «  Que je la renvoie chez son frère ?
- C’est peut-être le mieux à faire.
- Mais lui aussi il habite à Glasgow ! Et dans un quartier avec que des jeunes ! Si une zone de Glasgow doit tomber, ce sera celle la en premier. Je peux pas ! Jacob est introuvable, son père en taule et sa mère est cinglée ! Elle doit rester ici, on a pas le choix !
- Kenneth, ici elle va se faire tuer ! »

Le sang d’Alice se glaça sous ses veines. Sa gorge sèche, elle déglutit un peu. Cette discussion la terrifiait, les angoisses d’Imogen étaient palpables, et Alice les avait faites siennes sans le désirer. Elle avait raison. Ils étaient chez les Moldus, dans un quartier moldu, dans une ville moldue, entourés de Moldus.

«  Au pub, je les écoute » reprit Imogen d’une voix blanche. «  Ils parlent de traquer les sorciers pour leur faire payer ce qui s’est passé à Londres. Ils décrivent ce qu’ils veulent faire à chaque sorcier ... Kenneth, je ne veux pas que ça, tout ça, se réalise avec Alice, ou avec toi. Je ne le supporterai pas. Je peux pas ... »

Sans un mot, Kenneth vint enlacer son épouse avec force. Et un nouveau sanglot s’éleva dans le couloir, déchirant et déchiré.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

27 janv. 2020, 14:45
 Glasgow  La Terreur Sorcière  solo 
Alice ne trouvait pas le sommeil. La discussion de Kenneth et Imogen avait bousculé ses pensées d’une terrible façon. Elle imaginait de morbides scénarios. Les moldus défonçaient la porte de la maison, armés de couteaux, ils s’en prenaient d’abord à Imogen pour s’être mise en travers de leur route. Et ensuite, ils s’en prenaient à Kenneth. Et puis, ils s’en prenaient à elle, avec toute la sauvagerie que pouvait avoir une bande d’hommes haineux face à un monstre. Cela pouvait arriver, Imogen l’avait dit, elle en était persuadée. Alice ne mettait pas cela sur une quelconque sensibilité, il y avait vraiment de la peur dans sa voix. Une peur communicative qui ébranlait la fillette.

Soudain, un bruit sourd, au loin, la fit sursauter. Elle se redressa sur son séant, les yeux arrondis par l’angoisse. Il y eu un second bruit, puis un troisième. Ses doigts cramponnaient sa couette, comme si elle pouvait la protéger de cette menace invisible.
La porte s’ouvrît, et Alice se recula dans son lit, cherchant à tâtons sa baguette. Elle n’était pas là ! Elle avait certainement glissé sous le lit lorsqu’elle l’avait glissé sous son oreiller avant de se coucher ! Alice n’avait rien pour se défendre, rien. Rien du tout.

«  Ça va, ma puce ? »

C’était la voix d’Imogen, calme et posée. Les épaules d’Alice s’abaissèrent, allégées du poids de la peur. Éclairée par la lumière de son téléphone portable, Imogen rejoignit le lit d’Alice. Elle s’y assit, souriant légèrement à la petite fille. Ses yeux étaient rougis, ses paupières un peu gonflées. Elle avait un air d’enfant, cette femme si forte au quotidien.

«  Qu’est-ce que c’était ? demanda Alice, ses doigts tenant toujours fermement sa couette.  Il y a eu du bruit, qu’est-ce que c’était ?
- Kenneth est parti voir. On en saura bientôt plus. 
- Qu’est-ce que c’était, à ton avis ?
- Des coups de feu. »

Des coups de feu. C’était des armes moldues, Alice le savait. Elle en avait entendu parler à Poudlard. Consciente du mal qui habitait soudainement Alice, Imogen glissa sa main dans les cheveux de l’enfant. Elle l’attire à elle, et déposa un baiser sur son front. Cette caresse fit fermer les yeux à Alice qui l’accueillait sans rechigner.

«  Kenneth pense que ce sont des pétards. C’est certainement ça. Ça sert à rien de s’inquiéter. »

Son ton mal assuré trahissait son inquiétude. Alice ne dit rien, hocha un peu la tête, et quitta les lèvres d’Imogen pour s’allonger dans son lit. La Moldue tira un peu la couette de la jeune fille pour la couvrir jusqu’au menton. Elle souriait d’un air maternel, empli de mensonges destinés à calmer les peurs d’Alice. Ses yeux se posèrent sur la cicatrice qui enlaidissait la joue d’albâtre de l’enfant. Alice tourna la tête pour la cacher.

«  Ce n’est décidément pas ton année, ma chérie, dit Imogen en caressant l’autre joue d’Alice. Ton agression au bal d’Halloween, ton poignet cassé, l’enfermement de ton père... et maintenant, ça.
- Ce n’est l’année de personne, et surtout pas celle des sorciers.
- Oui. C’est une très mauvaise année pour les sorciers. »

Imogen jeta un coup d’œil à la fenêtre aux volets fermés, comme si elle s’attendait à y voir quelque chose. Mais il n’y avait rien. Un autre coup d’œil pour la porte, et il n’y vit rien non plus. Elle était en alerte.

«  Je t’ai entendu parler avec Kenneth, avoua Alice en regardant Imogen. La Moldue semblait interdite, ses grands yeux noisettes écarquillés. Ce que tu as dit sur les Moldus... est-ce qu’ils peuvent entrer, ici ?
- Kenneth a fait le nécessaire. Par des sortilèges de trucs.
- Donc on est en sécurité ?
- Oui, ma puce.
- Alors pourquoi est-ce que tu veux que je m’en aille ? »

Encore une fois, Imogen se retrouva bouche bée. Elle regardait Alice, ouvrait la bouche pour parler, puis se ravisait, réessayait, pour ensuite abandonner. Imogen était gênée, elle en rougissait dans la pénombre.
Finalement, la Moldue prit une grande inspiration chevrotante pour dire ce qu’elle avait sur le cœur.

«  Tu es une sorcière, et ça se voit. Tout chez toi est différent des Moldus, tes cheveux, tes yeux, ta peau, ta façon de parler, et même tes vêtements. Si quelqu’un te voit, ou t’aperçoit seulement par la fenêtre, ce quelqu’un saura alors que tu es une sorcière. Et je ne veux pas que qui que ce soit apprenne que Kenneth et toi êtes des sorciers. »

Alice les mettait en danger, c’était cela que la fillette devait comprendre. Imogen était trop polie pour lui dire de but en blanc, et elle suffisamment maline pour comprendre le vrai fond de ses pensés.
La fillette déglutit. Elle n’avait plus envie de parler à présent, car tout l’a ramenait à cette horrible situation. Entre ses doigts, elle tournait, tournait la chevalière de son père, comme si cela pouvait l’apaiser. Est-ce que lui savait tout ce qui se passait ? Qu’en pensait-il ? Avait-il peur pour ses trois enfants ? Alice espérait qu’il ne sache rien de la situation. Ce serait le mieux pour lui et sa raison.

Imogen se releva du lit d’Alice. Elle souleva la couette et se glissa au côté de l’enfant qui de circulait alors pour laisser un peu de place. Elles étaient écrasées l’une contre l’autre, et pourtant, cela ne dérangeait pas Alice. Cela lui rappelait le contact d’Irisia, dans leur chambre. Ce n’était pas sa rousse, mais cela irait. C’était un peu de douceur.
La Moldue se tortilla un moment à côté d’elle, jusqu’à sortir de sous la couette, certainement de la poche de son pantalon, ses écouteurs. Elle en enfonça l’extrémité dans son téléphone, et tendit un écouteur à Alice. Oui, ça, c’était une bonne idée. Un peu de musique, cela pourrait les apaiser toutes les deux, et quelque soit la chanson.
Chacune enfonça son écouteur dans son oreille. De son doigt, Imogen faisait défiler la liste de chansons de son écran, jusqu’à l’arrêter sur un morceau qu’Alice ne connaissait pas encore.

Ses yeux se refermèrent alors que les premières mélodies glissèrent à son oreille. A ses côtés, Imogen ne bougeait pas. Peut-être fermait-elle les yeux elle aussi, pour se laisser envahir par la chanson. Mais à un instant, Alice l’entendit inspirer d’une drôle de façon. Alors, sans ouvrir les yeux, la petite fille se tourna et vint poser sa tête blanche sur l’épaule de la Moldue. Elle ne dit aucun mot, laissa les lèvres d’Imogen venir embrasser ses cheveux humides. Imogen était là pour elle, Alice devait l’être, elle aussi.


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