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07 févr. 2020, 21:23
 Glasgow  Echantillonner les illusions  PV Rhys Saunders 
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Prélude à la onzième tâche.

28 Janvier 2045




Les événements agitant le monde sorcier n’avaient aucune prise réelle sur son existence. Circéia, en ce début d’année 2045, venait enfin de réaliser l’un de ses rêves. Et quoi de mieux que de s’offrir une soirée festive pour clore sa période au George et célébrer son acquisition ? Toutes ses économies y étaient passées mais elle ne le regrettait pas. Plus d’un quart d’heure gagné sur chaque trajet entre Edimbourg et Cambridge, et encore, pour l’heure elle ne le maîtrisait pas totalement. Là où elle se rendait, on saurait apprécier l’objet à sa juste valeur. Le Haggis’ dears, équivalent écossais du chaudron baveur, était à Glasgow une véritable institution, un lieu où la communauté sorcière se réunissait souvent. Mais pas n’importe laquelle. Les gens de sang pur les plus conscients de leur supériorité évitaient ce lieu, à croire même qu’il leur était inconnu. Pour un peu, on aurait été en droit de penser que seuls les sorciers anarchistes, assemblée des libertaires, trouvaient grâce aux yeux du propriétaire ; qui avait posé un sort radical à l’entrée de son établissement. D’ailleurs, elle avait eu son ticket d’entrée pour une unique raison, Monsieur d’Arby l’avait adoubée durant les vacances. Ainsi, elle était autorisée à pénétrer le saint des saints. Et pour montrer « qu’elle en avait », Circéia trouvait amusant d’aller là-bas avec son bijou… Une gamine, à moins que l’on assiste à l’apparition d’une garce, embryonnairement.

Par une alchimie qui personne ne saurait expliquer vraiment, la suite des événements fut un enchaînement dont seule la vie nous réserve les faveurs. Et tout partit d’une situation improbable. Elle s’était assise au bar, le Haggis’ disposait de véritables sièges Pullman aurait dit un moldu. Des sortes de coquilles en cuir épais, suspendus dans les airs par un sortilège complexe rendant le siège à la fois ferme sur ses appuis et souple dans son assise. Pour elle, jeune femme menue, il fallait presque monter sur la pointe des pieds pour y accéder. Mais une fois dans la place, on aurait pu y passer des journées entières sans en sortir. Dans la pénombre de ce début de soirée, Circéia avait commandé un Whisky pur feu en guise de baptême de l’air. Le serveur acquiesça, on ne refuse pas une collation à une adulte, même fraîchement titrée. Et il savait peut-être que sa partie russe avait le gène « Endurance à l’alcool »... A sa droite, le balai, posé à la verticale, comme s’il fallait se tenir prête à filer en cas d’urgence. Tenue Serpentard somptueuse, velours vert foncé, épais et chaleureux,  longs cheveux noirs lissés et domptés comme un tout magnifique, maquillage infime mettant ses yeux en valeur… Ce soir-là, Circéia était belle, comme le sont les jeunes sorcières que rien ne peut arrêter. Sa solitude ne lui pesait pas. Et si elle aurait bien aimé être entourée de quelques amis, elle savait la chose impossible car elle n’en connaissait pas. En tout cas pas qui perdent leur temps en ce genre de lieux… Sa vie privée, vide, vierge de tout ce qui constitue le vrai bonheur, tenait en une chose, le travail. Fêter la matérialisation de ses efforts revêtait en ce sens une symbolique particulière. Son mérite, et lui seul, l’avait conduite ici, à parader fièrement aux côtés de son balai.

Puis survint le cauchemar de l’existence, quand elle prend d’un coup une accélération fulgurante. Tournant sa tête vers l’engin, prête à trinquer en son nom, elle croisa du regard les yeux de son voisin, lui-même assis sur le « Pullman » suivant… Lui… lui… et pas en plein conflit réglementaire entre des Pousouffles procéduriers et des Gryffondors sûrs de leur bon droit… Lui… Elle avait bien eu la pensée d’aller le voir mais Poudlard était devenu inaccessible à tout étranger et puis… pourquoi faire ? Pour dire quoi ? Le professeur de vol aurait pu l’aider à optimiser l’usage que ce bijou méritait. Car elle voulait découvrir le vrai plaisir de jouir d’un tel objet et cela dépasserait forcément le fait de le posséder. Circéia avait la conviction qu’en maîtriser toutes les possibilités lui permettrait d’en retirer la satisfaction qu’elle recherchait. Seul Monsieur Saunders saurait. Et lui aurait les mots, elle en était persuadée. Elle avait cherché une manière d’en tirer la quintessence… la vie la lui donnait comme un cadeau inestimable. Sauf que… Le Yajirushi devenait presque accessoire. Son coeur s’emballait. Revoir l’homme qui possédait ce petit espace de son corps qu’on appelait le coeur. Si près… Que faire…  tendre les bras pour l’enlacer malgré cette tête si haut perchée ? Offrir une partie de son cou de femme à des lèvres d'homme qui devraient décider de s’y poser ou pas ? Déborder, l’accaparer ?
Une brèche, béante, fracassait son intérieur et Circéia se vidait rapidement, comme un torrent quand il déverse le fruit d’un orage d’automne français. Qu’avait-il regardé en premier ? L’objet ou son ancienne élève ?

- Il est beau n‘est-ce pas ?

Une moitié de fille, si frêle le jour de son premier cours de vol avec lui, devenue voleuse émérite par l’expérience, la ténacité et une volonté de fer. A quoi pensait-il,  sous cette immense carcasse ? Jamais elle n’avait été à ce point déphasée quant à elle.  Envolées les volutes de framboise entourant ses épaules, de même que les plumes d’argent qu’elle avait eu bien du mal à agencer correctement sur le sommet d’un chapeau de dame. Posé sur le comptoir, il semblait avoir disparu, comme elle. On ne voyait plus que l’engin prodigieux, l’instrument de l’excellence sorcière nippone.

Ne pas rougir quand le corps le demande est signe que l’on perd la maîtrise même de ses instincts. Elle en était là.


L'ondée.

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...

10 févr. 2020, 21:17
 Glasgow  Echantillonner les illusions  PV Rhys Saunders 
Les jours passaient mais ne se ressemblaient pas. Un nouveau monde était en train d'éclore, amenant avec lui ses flots de haine, de combats, de représailles mais aussi de surprises. Comme se retrouver par une étrange coïncidence (ou un heureux hasard) assis à coté d'une ancienne élève qu'il n'avait pas vu depuis plusieurs mois. Elle n'avait pas changé. Parée des couleurs de Poudlard, et particulièrement celles de Serpentard, la jeune femme ne passait pas inaperçue. Encore moins avec son balai se dressant fièrement à ses cotés. 

Elle s'adressa à lui, comme souvent, sans aucune entrée en matière. Futile ou inutile devait-elle penser. Son coté russe sûrement.Il lui répondit dans un demi-sourire, sur un ton qu'il voulait léger.

- Beau spécimen, effectivement. Mais peut-être un peu risqué de se promener avec par les temps qui courent?

La jeune femme avait toujours eu cette forme d'insouciance ou d’innocence sur le monde qui l'entourait. Son ancien professeur de vol enviait parfois cela. 
Mais Rhys était bien trop terre à terre pour ne pas s'en préoccuper. Son père était toujours à Azkaban. Il n'avait pas eu de nouvelles de lui depuis de nombreux mois, bientôt une année. L'enseignant ne savait même pas si son père était encore vivant. Il essayait également de communiquer le moins possible avec son frère. Rhys ne savait pas, non plus, où se trouvait le cadet de la famille actuellement . Il espérait  juste qu'il soit en sécurité. Sa mère quant à elle, se cachait. Moldue de son état, mariée à un sorcier incarcéré, mère de trois sorciers, vivant dans un quartier moldu, où certains agissements suspects avaient déjà fait l'objet d'interrogations par le passé , Bethany ne pouvait plus vivre en sécurité chez elle. Elle était donc partie se réfugier. Pour elle, mais surtout pour sa famille. Enfin, la sœur de Rhys avait quitté le pays il y a quelque temps, non sans mal. C'était devenu trop dangereux pour Elijah. 

Sur le chemin pour aller au pub, Rhys avait soupiré en pensant à son neveu qui allait fêter ses un an dans quelques jours. Il lui manquait. Il ne l'avait que très peu vu finalement. Les événements étaient tels qu'ils avaient - comme chez d'autres- bouleversés la vie de famille.

Rhys se présent devant la porte d'un établissement qui apparaissait miteux aux yeux des Moldus. Le trentenaire savait qu'il fallait mériter d'entrer dans le bar. Un examen minutieux y était opéré. Néanmoins, il réussit le test et s'installa dans l'un des fauteuils tellement confortables au comptoir.  

C'est ainsi qu'il s'est donc retrouvé aux cotés d'une vieille connaissance. Connaissance qui arborait un superbe atout, son balai. Il commanda la même chose que la demoiselle en faisant signe au barman. 
Rhys jeta des œillades à la jeune femme, mais surtout au balai.

-Quelle splendeur, murmura t-il.

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

"Si le mal brille dans toute sa splendeur, c'est devant le pire que le bien prend toute sa valeur." Oxmo Puccino

15 févr. 2020, 16:09
 Glasgow  Echantillonner les illusions  PV Rhys Saunders 
A quel moment précis devient-on femme ? Cette réalité de la vie traversait l’inconscient de Circéia dans cet instant où son voisin donnait des signes d’intérêt à son endroit. Aurait-il peur pour elle ? Devait-elle voir dans ces mots le commencement d'un espoir fou ? « un peu risqué »…

« Vous craignez pour ma vie ? C’est flatteur. Mais quant à moi, je me sais en sécurité à vos côtés. Monsieur… je suis jeune, certes. Mais je suis plus grande que les gens ne l’imaginent. Et je sais tenir une maison... »

Ces mots, elle pourrait les prononcer, sans ciller. Une femme d’intérieur n’ayant aucunement peur des frimas de l’hiver écossais. Une femme brûlant de vie sous une épaisse couche de glace. Mais ce que l’esprit aurait pu énoncer, le coeur superficiel n’oserait pas le dire. Dans ses yeux, on pouvait lire une sorte de transparence, pureté de la glace d’hiver au sommet d’un lac de montagne. L’ennemi est dans l’excès, Circéia le savait, à trop attaquer, usant de toute l’artillerie, on peut ne plus voir par quelle pièce porter le coup de grâce. Il lui fallait juste tendre la main, car jamais une dame ne se donne au premier pas.

- Je suis en sécurité tant que je suis avec vous.

Sans la moindre intonation intentionnellement aguicheuse. Juste une vérité, qu’il interpréterait à sa guise. Professeur en perpétuel instinct bienveillant ? Entraîneur couvant son joyau ? Père refusant de laisser s’envoler l’enfante ? La dernière possibilité courroucerait une Alekhina assoiffée de liberté. Et il manquait la filière préférentielle : amant non encore déclaré, prêt à tous les sacrifices. Sans concession ni compromission. La passion à l’état brut. Elle rêvait, à un rythme diabolique. Et de tous ses membres, Circéia tremblait de vie, ébullition volcanique provoquant la turgescence d’un esprit prétendument posé.
Main sur le manche, elle ne put s’empêcher de poursuivre.

- Je vous le prête si vous voulez ? Le vôtre n’est pas insignifiant non plus ! On échange ?

Justicière provocatrice, l’enfant femme suggérait donc le partage d’un territoire très intime, presque la baguette. Dans le monde sorcier, cela revenait à partager… des choses que seuls les gens très proches tolèrent de mettre en commun. Une sociologie sorcière aurait même pu donner un sens plat de réalité à l’idée même. Ternir l’instant… jamais… ce frisson, qui partit du bas ventre, générant chaleur et moiteur. Ce frisson remontant dans tous les organes, des poumons au coeur, puis tout le long des bras… Enfin le cou, de nouveau le cou… à prendre froid sur place, entre les crocs d’un loup blanc. Ses cheveux n’étaient pas ondulés, et ses yeux noirs ne constitueraient en rien une concurrence au bleu de l’idéal. Pourtant, Circéia Sergueïeva Alekhina présentait l’image d’une femme tout à fait désirable, perversion de l’âge primordial et beauté d’une âme sincèrement éprise, n’ayant pas encore éprouvé le besoin tyrannique.

« Vous savez, on ne risque rien à tenter des choses excluant l’ordinaire. Vous m’avez bien enseigné l’audace, la confiance, ce frisson du danger, il m’attire grâce à vous... »

Là encore, elle ne le dirait pas. Jamais. Mais dans son plus profond, l’éruption débutait. Et désormais, les oreilles aussi frissonnaient. Elle n’était plus qu’une feuille de bouleau livrée aux vents, échappant à toute logique physique, psychique. Dénuée de sens moral, elle se tenait prête pour le grand voyage, ivre sans avoir rien bu, désincarnée.

Chair,
crevasse
attendrie,
lapidaire.


Il existe deux sortes de sorciers. Tout comme il existe deux genres de moldus. En fait, il est deux catégories d’âmes en ce monde. Ceux, tournés vers l’intérieur, qui jamais ne souffrent véritablement car ils ne pensent qu’à leur bonheur. Doués, efficaces, usant de l’énergie vitale à leur profit, ils voguent en ce monde sans prendre la mesure de leur égoïsme.
Les autres, tournés vers l’extérieur, sont condamnés à ne pas trouver la joie car sans cesse ils sont en quête d’un équilibre au profit de l’intérieur d’autrui. Les uns ont besoin des autres, qui ont besoin des uns. Mais chacun s’évite préférablement. Quand deux âmes intérieures se croisent, jamais elles ne peuvent se combler. Non complémentaires, elles se  révèlent incapables de se satisfaire.  Pareillement, deux âmes extérieures ne pourront se combler car ce qui remplit se vide ainsi ; inexorablement.

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19 févr. 2020, 18:52
 Glasgow  Echantillonner les illusions  PV Rhys Saunders 
Lorsque le barman lui apporta sa boisson, Rhys sortit la monnaie de sa poche intérieure et laissa assez sur le comptoir pour payer les deux boissons. Après tout ce n'était qu'une étudiante, qui plus est qui venait de s'offrir un balai qui valait son pesant de gallions. Il pouvait au moins lui payer un verre. Non pas qu'il se sente obligé de le faire, mais il était comme ça. Toujours à faire plaisir. Ayant la place du milieu dans la fratrie, il avait développé , en plus de la diplomatie et de la médiation, le sens du partage. Alors, même si maintenant, il n'a plus autant de tact qu'autrefois, il n'avait pas perdu sa galanterie ni sa générosité. Bien que désormais, cela se limitait à des actes cordiaux et non séducteurs. 

Le sorcier tourna la tête vers la brune tout en trempant ses lèvres dans le breuvage. Il reposa son verre tout en lui répondant, avec un sourire discret. 

- Vous avez toujours fait preuve d'éducation, Miss. Je ne doute pas un seul instant que vous ayez de nombreuses compétences, diverses et variées.

Rhys ne se formalisa pas plus que ça de sa non-compréhension du sous-entendu de sa phrase. Il avait l'habitude. Néanmoins, il releva tout de même celui du début.

- Sommes-nous réellement en sécurité? Je n'en suis pas si sûr. Il lui fit un sourire franc. Même auprès de moi. 

Lorsque la femme lui répéta la même phrase, Rhys arqua un sourcil. La jeune femme flirtait-elle ou avait-il des hallucinations? Avait-il pris une potion pas fraîche? 

- Voyons, vous n'êtes pas le genre de femme à avoir besoin d'un homme pour se protéger. Je me risquerais pas de me mettre en travers de votre chemin et je défie quiconque sain d'esprit de le faire.

Rhys but une longue gorgée tout en continuant de sourire, qui se transforma en grimage. Il manqua de s’étouffer lorsqu’elle lui proposa d'échanger leurs balais. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu quelque chose d'aussi drôle.

- J'ai un certain nombre de balais en ma possession. Mais c'est gentil à vous de le proposer. D'ailleurs, que pensez-vous du vôtre?

Rhys tut le fait qu'il lui avait été offert lors des événements de mai dernier le meilleur cadeau de tous les temps. Un balai unique. Malgré sa fierté, il n'en avait parlé à personne. Pas même à sa famille. 

- Je vous ai enseigné de nombreuses choses, certes mais j'avais affaire à une très bonne élève. Coriace parfois mais persévérante. Et ça je n'y suis pour rien. Comment se passent vos études?

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

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24 févr. 2020, 16:57
 Glasgow  Echantillonner les illusions  PV Rhys Saunders 
Une main. Petite. Les ramures fines comme des roseaux. Une main, aux ongles presque blancs, ordinairement elle leur attribue des couleurs improbables, ennemies des adjectifs tirés du dictionnaire. Ce soir pourtant, elle les a voulus sobres, juste couverts d’une couche sensée prolonger l’impression de chair. Une main fragile quand elle ne tient pas la baguette, ou le manche. Une main éteinte quand il n’est pas question de rédiger des phrases à la plume. Cette main, elle traîne sur le comptoir, proposée au galant qui la complète dans ce lieu pour adultes. Il suffirait… qu’il décide d’y mettre les doigts, les enlacer pour que dix ne fassent que deux. Dernière pièce du jeu des noirs, la main du Roi. Prenez-la si le coeur vous en dit. A moins qu’elle ne soit blanche comme la peau de Circéia, aussi claire que l’autre est foncée. Ils vont bien ensemble, un vrai plaisir de l’oeil si l’on parvient à ôter les couleurs de nos regards aseptisés. L’élève n’ose plus le chercher du regard. Intimidée, plus audacieuse. Au contraire, elle devient craintive. Elle sent qu’il ne la prendra pas. Tentative désespérée pour lui offrir son coeur, elle ne sait pas quel chemin emprunter pour qu’il comprenne. Ni plus lequel choisir pour fuir l’inéluctable. En fait, sa main attend le clou qui la transpercera, première étape vers la passion. Dans ces intermèdes infimes, habituellement, Circéia a le temps de trancher. Et choisir les mots. Pas ce soir. Ni ici, ni ailleurs. Elle est un gaz qui emplit la planète, devenant imperceptible partout mais plus ici du tout.  Elle parle.

- Vous faites assurément référence à mon enveloppe naturelle. La froideur de la droiture. Un Gryffondor parlerait de noblesse surannée…

Elle parle pour se maquiller...

- J’ai parfois des pensées médiocres vous savez… Il faut se méfier des êtres transparents. Ils font des traîtres étonnamment présentables. Votre…

...et ne se cache même pas pour le faire….

- … confiance en moi est exagérée.

S’il  la dévisage, juste en cet instant, il voit le rose poindre un instant. Car elle a été sensible, depuis toute petite à ce qui construisait le peu de force dont elle se croit dépourvue pour le reste. Il a raison… mais Circéia en doute. Par nature elle doute d’elle-même. Pour avoir confiance, encore faut-il entendre des mots le permettant. Et cela n’a pas été souvent le cas dans sa vie d’enfant. Elle qui rêve des grands élans du coeur, elle ne peut mettre des mots sur ses propres émotions. Une fois encore, c’est une chose que de lire, c’en est une autre que de vivre.

- Par exemple, que pourrais-je dire qui soit pertinent concernant un engin que je connais si mal ? Les échecs, la botanique et le droit, voilà des affaires que je maîtrise. Mais le vol… Je ne dirais rien qui soit autre chose que votre pâle copie.

Alors elle comprend. Ses yeux noirs se mettent soudain à briller. Vernis des émotions qui débordent. Elle se trompe mais doit rester forte.

- Persévérante… sans doute… en fait je n’en sais rien.

Il arrive parfois que deux entités contraires se croisent. Dans un univers parfait, la logique laisse penser qu’ils vont aller ensemble et se combler mutuellement. C’est la théorie des emboîtements d’échelle. Pourtant, une entité est bien trop complexe pour se résumer à la métaphore de la clepsydre. Et l’eau, comme le sable, finit toujours pas disparaître. C’est un vase ébréché, la fuite, invisible à l’oeil nu, ne peut se réparer. Et aucune magie  ne vient au secours de l’érosion du temps. Peu importe la nature du composant, il perd toujours une partie de lui-même dans le processus d’élaboration de la potion, qu’on le veuille ou non, l’ingrédient s’étiole en donnant ce qu’il est. La grâce s’use quand la nature se gonfle d’amertume. Toutes deux flétrissent et jamais ne s’unissent vraiment. L’amour parfait n’existe que dans les poèmes,  éphémères espérances de gens malhabiles en paroles.

- Mes études…

Il la renvoie à une discussion fade sur le temps qu’il fait, l’école… Comment peut-il douter qu’elles se passent autrement qu’à merveille ? Il dilue, remplit la pièce d’un brouillard d’insignifiance. Le professeur esquive, à moins qu’il ne lui permette de s’en sortir honorablement, sans la violence d’une rebuffade humiliante.

- … je ne fais qu’appliquer les préceptes appris à Poudlard. Je travaille… Monsieur, j’adore le droit et je vis enfin des semaines exaltantes.

La partie est perdue, la main se fige lentement, virant au squelettique. Bien sûr, on ne le voit pas. Mais la dégénérescence est entamée. Dans le silence des non dits, Circéia se noie. Reste à faire bonne figure, la dignité des nobles en ruine.

- J’attends beaucoup de mes stages à l’étranger. J’ai envie de parcourir le monde.

Endormie
dans les sargasses.


La main est demeurée à l’endroit précis. On peut toujours s’échiner à vivre car au final, on en revient à l’initial.

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02 mars 2020, 19:26
 Glasgow  Echantillonner les illusions  PV Rhys Saunders 
-Vous croyez que je suis le genre d'homme à se fier aux apparences et préjugés? C'est bien mal me connaitre. Je parlais de votre savoir-être et faire. 

Les paroles de la brune néantisons l'interpellèrent. Surtout par les temps qui couraient, on ne savait plus réellement à qui faire confiance. Une part de doute subsistait. 

- Je ne suis pas sûr de comprendre toutes les nuances de ce que vous dites. Insinuez-vous que vous avez trahi quelqu'un ou quelque chose? Vous n'êtes ni insignifiante, ni transparente, en plus.

Lui aussi avait parfois des pensées sombres mais il ne savait pas si c'était de ça que lui parlait réellement la jeune femme. Peut-être que l'alcool commençait à faire effet car sa compréhension de la conversation diminuait. Enfin, ce n'était pas juste un verre qui allait le retourner tout de même! Peut-être qu'il n'aurait pas dû prendre une potion anti-douleurs avant de partir aussi. Cela ne faisait pas bon mélange. 

Rhys fut étonné encore une fois des propose de sa voisine. Il la trouvait bien morose. Que lui arrivait-il?

- Certes. Mais vous ne sommes plus dans une relation prof-élève, je ne vous demande pas de me faire  un exposé dessus non plus. Je voulais juste savoir si vous en étiez satisfaite, est ce qu'il répond à vos exigences, est ce qu'il vous convient, bref ce genre de choses.

Rhys la regarda en coin. Sa bonne humeur d'il y a quelques minutes avait l'air d'avoir disparu. D'un coup, d'un seul. Avait-il dit quelque chose qui n'allait pas? 
Le ton peu avenant et conventionnel de sa réponse le conforta dans son idée. Il avait forcément dû la froisser. Il ne pouvait en être autrement.

- Je pense qu'il va falloir remettre vos projets d’évasion à dans quelques temps.

Quoique il n'avait jamais pris la peine de lui demander ses idées politiques ni celles de sa famille. Mais l'endroit était trop fréquenté pour qu'il ose lui demander quoique ce soit sur ce qu’elle pensait de tout ce qui se tramait.

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

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05 mars 2020, 13:58
 Glasgow  Echantillonner les illusions  PV Rhys Saunders 
Son esprit ne capta pas tout de ce que Rhys Saunders lui dit alors, décrochant après les premiers mots de l’homme… Les apparences... L’une des particularités de cette enfant avait toujours été de ne rien montrer. Et si, à deux ou trois occasions seulement au cours de sept longues années, il lui était arrivé de perdre pied, elle seule l’avait ressenti, du moins le croyait-elle. A chaque fois elle n’en avait rien compris en fait. Il en serait de même à partir de maintenant. Une image miroir de Circéia allait s’engager, s’offrir à lui sans concession ni marchandage. Elle le ferait pour protéger ce qui pouvait l’être encore, au détriment de secrets qu’elle s’était jurée de ne jamais dévoiler. Au diable les recommandations de Neptuna, toujours prompte à lui dire de se méfier. Et tant pis pour la sécurité des deux dernières filles de la famille GUNNRAY. De toutes façons, elle devait bientôt prendre encore plus de risques... Mais sans s’en rendre compte, la folie l’envahissait, l’irresponsabilité d’agir sans logique, inversement à tout ce qui avait été sa volonté d’adolescente. Sentant que rien n’irait selon ses désirs, elle cédait la partie acceptable de son être.

- Mes parents sont des mages noirs.

Dès lors, ses yeux furent animés de soubresauts, gonflés par le jeu de paupières à la turgescence orchestrée par l’horreur. Un long monologue s’engageait.

- Depuis des années, nous taisons ce mensonge ma sœur et moi. J’ai commencé à m’en douter quand d’étranges choses se sont passées dans notre jardin. Père était revenu d’Irkoutsk, malade, agressif… ils passaient leur temps à s’attraper violemment  Mère et lui. Et une nuit… la magie noire s’est exprimée, je ne sais comment, je ne sais pourquoi. Je n’étais pas là… Les choses sont allées de mal en pis. Nous avons compté les morts, jusqu’à ne plus être qu’Ivanovna et moi.

Et la voix se fit monocorde, comme issue d’un esprit mort.

-...je suis un être mauvais, incapable de quoi que ce soit de bon...

Les instants furent interminables en l’occurrence. Elle sentait, du peu de lucidité qui lui restait, qu’elle pourrait fondre en larmes et ce serait alors le pire des scenarii. On ne faisait pas ce genre de mise en scène chez les Alekhin. Se jouer de l’autre n’était en rien une règle de vie. Il fallait se concentrer sur le barrage, qu’il ne cède pas à la pression de l’eau intérieure. Elle fixait la bouteille située exactement en face d’elle, et la mécanique des aveux se poursuivait.

-...entourée de cadavres, c’est pitoyable. Père, les parents de Père, mon petit frère… Une tragédie  tellement grotesque… qui peut y croire...

Un être abject aurait pu y voir la délectation que certains éprouvent à tout mettre au jour. Comme une délivrance après le pire outrage. Il n’est était rien pourtant. Circéia aurait aimé pouvoir un jour tenir ce même discours à son aimé, qu’il l’entende et l’accepte. Qu’il comprenne et l'aide. Il n’en serait rien. C’était une action gratuite, inefficace et inutile. En fait, elle s’évanouissait d’un coup, protégeant ses propres sentiments derrière un héritage dont personne ne contrôle jamais la substance.

- Tôt ou tard ce que je suis réellement se révèlera au monde.

Est-ce à dire qu’elle cherchait en la justice une potion contre elle-même ?

- Une réprouvée.

Combien de générations doivent s’écouler avant qu’on ne porte plus le poids de ses ancêtres ? Tom Jedusor n’eut pas d’enfants mais Sirius Black ne supporta jamais ce qu’il était. Gryffondor pourtant, cela le dédouanait. Mais elle, Serpentard, comme tous les mages noirs, un père sorti de Durmstrang… L’affaire était était pliée avant les délibérations.
C’est alors qu’elle comprit que sa vie ne serait jamais normale, elle qui pourtant aspirait au silence.
Son coeur cognait à l’en rendre malade. La nausée pour vomitif. Chaque fois que Circéia avait à choisir, elle faisait le pire des choix. De catastrophe en catastrophe. Plus rien ne comptait que disparaître, et le plus tôt serait le mieux. L’écart entre sa vie d’étudiante et sa vie intime n’avait jamais été aussi énorme. Et elle ne le supportait plus.

A quel moment devient-on insensible à soi-même ? Si au moins elle avait donné son âme, au prix du rejet, son histoire aurait pu changer. Après tout, le coeur est doué d’une capacité d’oubli extraordinaire. Mais elle n’en avait pas l’expérience. Et venait de trancher. Plutôt compromettre l’extérieur que de donner l’essence. Jeune femme ignorant le compromis, elle venait de tout perdre.

La mémoire est une entité surprenante. Parfois, nous passons des années sans nous souvenir d’événements majeurs nous ayant marqués au fer rouge. Puis une odeur, un lieu, quelque chose réenclenche la machine à souvenirs. Et nous sommes alors surpris par la trace laissée, ce qui a été enfoui si longtemps en nous. Sélective est la mémoire, qui nous fait oublier tout le noir pour ne retenir que ce qui fut joyeux. Il faut avoir beaucoup navigué pour le savoir, et avoir le droit de se laisser surprendre à nouveau par soi-même. Il faut avoir vécu, avoir aimé et compris ce qui nous définit. Avoir accepté nos limites  et nos finitudes. Tel était bien l’écart d’âge entre eux, frontière impossible à franchir.
Les parents, en théorie, sont les facilitateurs, qui vous donnent des ailes, vous guident puis comprennent le temps venu qu’ils doivent s’effacer à votre profit. Dans sa vie, tout avait été brutalement interrompu, presque exactement au moment où elle était montée pour la première fois dans le train rouge et noir. La comète semble avoir sa trajectoire propre, elliptique, libre de suivre sa voie comme elle l’entend mais elle a besoin de revenir au nid une fois l’an, la décennie. Ses cheveux, une fois encore impeccables, auraient pu recueillir les poussières de ce vent cosmique. Mais il était écrit que ce n’était pas sa destinée.
Admettre sa condition est plus difficile que de concéder sa pauvreté. Il y a dans l’une des deux un état réversible. Elle ne pouvait plus rien changer à ce passé que Circéia n’avait aucunement provoqué. 

- Je…

Et tandis que son visage s’était tournée vers lui, elle sut qu’il fallait stopper net. Si  jamais elle s’aventurait à lui dire la suite, Circéia aurait tout effacé de l’effort incommensurable qu’elle venait de produire. Confesser son amour serait de trop. La serrure s’était refermée, naturellement. Et si des vagues humidifièrent la base de ses yeux, elle parvint à se contenir. La pénombre ferait le reste, la sauvant. Juste le temps d’y croire. « Je vous aime, démesurément ». Ces choses-là, on ne les dit pas. Soit on agit, soit on se tait. Dans les deux cas, on est.

ivre
au bal


Certains ne savent pas dire les choses simplement. Hésitants, craintifs, ils se méfient des autres sans comprendre que leur ennemi est intérieur. Ainsi se perdent-ils en stratagèmes et quand enfin ils se décident, c’est à contre-temps. Condamnés à ne jamais être en phase, ils agissent de manière au mieux catastrophique pour eux. Et comme ils sont tournés vers les autres sans le savoir, ils sont malheureux de générer le malheur. Quand les égoïstes, les inconscients et les vauriens se moquent des conséquences, eux n’ont d’autre solution que le repli, jusqu’à disparition. Ils voient chaque année les cerisiers en fleur sans jamais savoir apprécier le Hanami. Un jardinier serait la solution. Mais il devrait soigner le passant et non son jardin.

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...

10 mars 2020, 23:15
 Glasgow  Echantillonner les illusions  PV Rhys Saunders 
Rhys retint son souffle. Lui qui d'habitude ne laissait rien transparaître, il sentait son visage se décomposer au fur et à mesure des paroles de l'étudiante. Ses mots l'horrifiaient. L'horrifiaient et le mettaient en colère. Contre lui-même  qu'il n'ait jamais pris la peine de lui demander d'approfondir ou de lui raconter son vécu, contre Circéia qu'elle lui ait caché cela mais aussi qu'elle puisse penser cela d'elle même, contre les parents de la brune pour ce qu'ils étaient, contre la société qui avait rendu le monde fou. Bref, il bouillonnait et s'insurgeait contre tout le monde et personne à la fois. 

Il ne savait pas quoi lui répondre sans que son ton soit cassant. Même si son trouble était bien visible de tout manière. 

En attendant que l'orage passe, il commanda un Whisky Pur Feu.

- Le plus fort que vous ayez, précisa t-il

La femme n'avait plus que sa sœur s'il avait bien compris. Elle était seule, isolée, touchée par une terrible tragédie. Cela n'avait rien à voir avec la guerre qui se profilait. 

Bien qu'il soit du genre à se méfier des apparences, il n'avait pas vu venir la bombe que la brune venait de lâcher. Cela lui apprendrait à baisser la garde. Même si elle n'y était pour rien dans les agissements de ses parents. Elle en payait assez le prix. Combien de parents des élèves de Poudlard étaient eux-aussi des meurtriers, des persécuteurs? Le professeur côtoyait tous les jours leurs progénitures sans le savoir.

- Pourquoi on vous rejetterait pour les agissements de vos..géniteurs? 

Il n'arrivait pas à se dire qu'elle était issue d'une telle famille. Lorsqu'elle se tourna vers lui , visiblement prête à lui dire quelque chose et qu'elle se ravisa, Rhys aurait voulu l'encourager. Mais quelque chose au fond de lui l'en empêcha. 

- Et vous? Pourquoi dites-vous que vous n'avez rien fait de bon? Qu'avez-vous fait?

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

"Si le mal brille dans toute sa splendeur, c'est devant le pire que le bien prend toute sa valeur." Oxmo Puccino

14 mars 2020, 19:12
 Glasgow  Echantillonner les illusions  PV Rhys Saunders 
A aucun moment. Il aurait pourtant suffi d’inverser le regard, modifier le prisme. Et lui ? A quoi rêvait-il ? Par quelles formes ses nuits se trouvaient-elles hantées ?  Existait-il seulement de la place dans son coeur ? Rhys Saunders était pour Circéia une icône, projection de ses émotions les plus violentes, amas de glaires impropres à la consommation mais pourtant essentielles à la vie. Cet homme constituait sans y prendre garde une halte nécessaire pour elle et pourtant elle ne le voyait pas. Aveuglée par ses propres sentiments, son amour n’en était pas vraiment un. Circéia croyait aimer, elle avait seulement besoin d’une affection refoulée au point de déborder dans tous les sens sans jamais trouver sa fonction ni le moindre repos. Les études, les lectures, les essais magiques, les cours pour les petits ne maîtrisant pas le b, sa quête du Yajirushi… tout était bon pour éviter de ressentir le gouffre, ce rejet dont elle était si souvent victime. Evidemment, aimer s’apprend pour penser à deux mais ce n’est pas un savoir acquis en une séance. Longue est l’initiation, bien plus que celle de monter sur un balai après lui avoir imposé de se mettre debout. Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, s’époumoner à la guider tendrement sans la brusquer, tout en lui signifiant un refus poli. Rhys pouvait même devenir dur dans ses propos, elle n‘entendrait rien car la passion n’a pas d’oreilles, comme le nourrisson affamé ou le mage noir dévoré par le pouvoir. Elle n’entendait plus, ni lui ni elle.

- Aimez-moi comme je vous aime... je vous en prie.

Alors que l’instant d’avant, elle croyait encore avoir le contrôle sur sa vie, cette fois, acculée, elle mourait. Que voyait-il d’elle, là était la question car l’enveloppe de la poupée russe semblait constituée d’une infinité de couches. A chacune de ses phrases, elle enlevait un manteau et malgré cela, elle n’était pas encore arrivée à la peau. Ce n’était un supplice que pour une personne peut-être… et il ne s'agissait pas elle. Car dans les pires moments de l’existence, on ne se voit pas souffrir, on le sent tout au plus. Comme si elle s’infligeait le sortilège Doloris, Circéia insistait, pour atteindre la racine du mal. Etrangement, l’étudiante n’avait pas eu à subir beaucoup pour baisser les bras. La plus aisée des hypothèses eut été qu’elle avait trop résisté les années précédentes. Finalement, le temps rattrapait le retard. Pour élégante qu’elle fût, cette analyse oubliait une chose, son égoïsme, involontaire mais parfaitement illustré par l’incapacité d’entendre le moindre propos cohérent venant de l’homme qui n’était plus son professeur, n’avait jamais été son père et ne serait pas plus son amant.

- Prenez-moi dans vos bras…

Jusqu’où allait-elle descendre, cela finirait-il un jour ? La magie ne servait jamais Circéia dans ces circonstances-là. Désirer un amour contraint, non merci. Elle avait besoin de son accord sinon la vie ne valait pas la peine. Il fallait qu’il acquiesce. Mais rien ne venait. En fait, sans doute aurait-elle pu se tenir convenablement si tout avait été préparé, si elle avait pleinement compris qu’il serait là, près d’elle. Mais ce moment de vie était arrivé comme un bonheur inattendu. Et sans doute croyait-elle devoir agir dans l’urgence d’une chance qui ne se représenterait pas. Son besoin, le réconfort d’un corps aimé, qui permet de tout relâcher le temps d’un geste tendre, simple, que l’on réserve aux plus proches, était très précisément ce qui lui fallait pour continuer de vivre. Mais pour que la magie opère, l’envie devait absolument être mutuelle. Et toujours rien. L’ordre naturel des choses s’imposait progressivement. Ce n’était plus à elle de chercher à le briser, Circéia avait fait sa part du chemin. Ce serait désormais à lui de décider. S’inversait l’équilibre ancestral ; cette fois, ce serait à l’homme de choisir et non à la femme.

-...пожалуста…

Des mots dans sa part d’elle-même incontrôlable, celle qui ne se montrait que lorsqu’elle jouait aux échecs. En ces moments-là, Père lui avait appris à penser en russe. Et elle le faisait, pour exprimer la moitié la plus créative de son âme. Il était trop tard pourtant.


L‘âge est un piège. Il éloigne les êtres et les sépare à tout jamais. Seul l’amour peut resserrer ces liens. Mais ils doivent préexister sinon rien n’est possible. Si princes et princesses rêvent, peu entrent en résonance. C’est un cadeau mais l’alchimie a besoin, pour apparaître, de deux composants très précis, qu’importe le dosage. L’un ne va pas sans l’autre. Forcer n’est pas aimer.

Il lui faudrait beaucoup de temps pour comprendre. La blessure paraissait mortelle et si elle ne l’était pas, c’était bien par le fait de l’interminable souffrance qui s’annonçait. Circéia n’avait pas mal agi, elle avait tout au plus rêvé. Mais la vie n’est pas ça. Aux échecs, on part à chaque fois avec la même dotation. Au baccara, la chance est déterminante. N’ayant pas encore compris que certains combats sont ingagnables, elle expérimentait l’échec. Et l’insupportable vide qui s’ensuit.

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...

30 mars 2020, 13:20
 Glasgow  Echantillonner les illusions  PV Rhys Saunders 
Elle n'avait pas écouté un seul mot. Les deux questions qu'il venait de lui poser, lui étaient passées au dessus. Rhys en avait plus qu'assez. Il poussa un long soupir. Le coup de grâce fut donné lorsqu'elle prononça des paroles complètement farfelue. Avait-elle trop bu? Avait-elle glissé une potion dans sa boisson? Rhys regardait les autres clients du bar pour voir s'il n'y avait pas quelqu'un en train de jet un mauvais sort sur la demoiselle. Tout semblait normal, pourtant.

- Vous avez entendu ce que je viens de vous dire?

Il n'arrivait pas à se résigner à la tutoyer. Même dans ce flottement. D'ailleurs, l'homme avait l'impression que l'atmosphère s'alourdissait. La jeune femme attendait une réponse qui selon toute vraisemblance, ne lui conviendrait pas et lui espérait qu'elle lui réponde mais elle ne le ferait pas. Le brun se tourna vers son ancienne élève.

- Je crains qu'il y ait méprise. Je ne suis pas l'homme qu'il vous faut et je m'interroge sur ce qui aurait bien pu vous faire penser le contraire. Je suppose que je n'aurais pas de réponses à mes interrogations, aussi il est temps pour moi de rentrer à Poudlard.

Le sorcier ne voulait pas partir si précipitamment. Il aurait voulu qu'elle explicite ses pensées. Mais la jeune femme était dans son univers. Inconsciemment et malgré lui, il en faisait partie. Il avait un grand respect et une admiration pour le parcours de la russe mais il ne l'appréciait pas comme elle l'aurait voulu. C'était lui faire du mal que la laisser espérer.

Le professeur prit ses affaires, regarda, désolé, Circéia et la salua, pour, peut-être, la dernière fois.

- A bientôt, Miss Alekhina.

Arrivé sur la pas de la porte du pub qu'il referma délicatement, il poussa de nouveau un soupir. Mais l'environnement dans lequel il se retrouvait le ramena bien vite à la raison. Il marcha d'un pas rapide tout en restant vigilant. Voilà comment était devenu son quotidien, surtout lors des déplacements. Toujours accompagnés d'inquiétude et de méfiance.

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

"Si le mal brille dans toute sa splendeur, c'est devant le pire que le bien prend toute sa valeur." Oxmo Puccino