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02 janv. 2018, 18:16
 Histoires du Chaudron-Janvier  Eliza Steinschmidt
Cela faisait maintenant au moins deux bonnes heures que la Poufsouffle arpentait les rayons de Fleury et Bott, frôlant de la cape les multitudes d’ouvrages que les étagères contenaient. Des livres à la couverture poussiéreuse, d’autres à la reliure travaillée et d’autres moins, quelques uns poussant de temps à autres des grognements, mais aucun qui n’auraient pu attirer son attention, à son plus grand regret. Elle n’était pas venue ici simplement pour les admirer et sentir leur odeur particulière, non, elle voulait trouver des livres sur le Quidditch. Certes, la librairie sorcière avait plein d’ouvrages traitant de ce sujet, mais aucun ne convenait à la cinquième année. La plupart des livres proposés se trouvaient également à la bibliothèque de Poudlard, elle n’avait donc aucun intérêt à les acheter ; et les autres n’avaient aucun intérêt, bien trop simplet pour ce qu’elle voulait en faire.

Cette recherche de livre sur le Quidditch avait pour but de parfaire les entraînements qu’elle devait proposer chaque semaine aux Frelons, l’équipe de Poufsouffle dont elle avait été nommée capitaine, une nouvelle fois, trois mois plus tôt à la rentrée. Leur premier match, qui s’était terminé sur une égalité, chose inédite en cinq ans de championnat à l’école, ne lui convenait pas. Elle voulait une victoire totale. Et non partielle. Même si elle préférait une égalité qu’une défaite. Mais son équipe se devait de faire mieux au match suivant, elle voulait qu’ils fassent mieux. Et pour cela elle se devait de leur offrir un entrainement optimal, pour mettre toutes les chances de leur côté. Elle s’était donc dit que des livres sur le sujet pourraient l’aider, et c’est ce qui l’avait poussé, en ce samedi après-midi de décembre, à se trouver dans la librairie sorcière.

La jeune fille soupira, avant de faire demi-tour. Elle remercia la vendeuse qui l’avait aidé lorsqu’elle était arrivée, avant de continuer ses recherches seule, et sortit du commerce. Le froid hivernal lui fouetta le visage, la forçant à remonter un peu plus son écharpe poufsoufflienne sur le bas de son visage et à enfoncer les mains dans sa cape.

Pour dire que Noël était dans quelques semaines à peine, les rues du Chemin de Traverse étaient tout sauf bondées. De ci de là quelques personnes bien emmitouflés dans des capes rembourrées sortaient d’un bâtiment, d’un commerce, marchant d’un pas rapide à un autre, ou plus amusant encore, retournaient parfois dans le bâtiment dont ils sortaient. Un frisson fit sortir Ambre de ses pensées. Elle aussi avait froid, et sa cape n’était pas rembourrée. Du coin de l’œil, elle aperçu le Chaudron Baveur, et décida d’aller y boire un chocolat chaud pour se réchauffer.

A peine eut-elle poussé la porte du Chaudron qu’un souffle d’air chaud l’entoura. Le feu crépitait dans la cheminée qui faisait face à la porte d’entrée. La Poufsouffle sourit. Il était plus agréable de se trouver ici qu’à l’extérieur. Tout en enlevant son écharpe, elle se dirigea vers le comptoir. Un vieil homme, qu’elle reconnut comme étant le propriétaire du Chaudron, s’y trouvait :


« Bonjour ! J’aimerai commander un chocolat chaud s’il vous plait. »

Elle ponctua sa phrase d’un large sourire et déposa un gallion sur le comptoir, anticipant la somme qu’allait lui demander le propriétaire des lieux.

« DÉFONCE-LES TOUS », Monseigneur Endive • « Le souffle des Poufsouffle jamais ne s'étouffe » • Batteuse des Frelons

02 janv. 2018, 19:37
 Histoires du Chaudron-Janvier  Eliza Steinschmidt
Point de vue d'Eliza Steinschmidt


« Das nervt. »

« Mama... Du bist noch mürrisch. Das ist das dritte Mal heute. »

« Das nervt. »*

Eliza Steinchmidt s'ennuyait à en mourir. Et pourtant, la mort, elle en était proche ! Elle accompagnait sa fille et sa petite fille dans le Chemin de Traverse, l'artère commerçante principale de la communauté sorcière qui vivait dans la capitale du Royaume-Uni. Londres... Londres était une ville bizarre. Très différente de ce qu'elle avait connu jusqu'ici.

Elle avait toujours vécu à Heidelberg, en Allemagne, sa ville natale. Ah, Heidelberg... Son château, qui surplombait la ville, qui était située juste à l'entrée de la Grande Forêt, où les membres de l'équipe de Quidditch s'entraînaient à éviter les Cognards en enchaînant zigzags entre les branches... Son université qui avait à plusieurs reprises accueilli des étudiants sorciers, déguisés en Moldus, qui venaient là pour espérer rentrer dans l'équipe... C'était une très belle ville, et surtout, très allemande. Là-bas, les gens ne parlaient pas en rimes comme on le fait dans certains quartiers de Londres ; on ne perdait pas de temps à demander aux gens comment ils se portaient bien que l'on se moque du résultat. Les Allemands étaient directs, ils allaient droit au but lorsqu'ils avaient quelque chose en tête ; les Britanniques, les Anglais, notamment, avaient un certain talent pour tourner autour du pot.  Et Eliza Steinchmidt n'aimait pas ça.

Elle était venue ici car elle voulait être auprès de sa famille pour... pour... pour la fin. Mais elle aurait nettement préféré que cette même famille la rejoigne à Heidelberg. Elle ne sortait presque plus de chez elle, par ennui profond.

De fait, elle s'ennuyait terriblement depuis qu'elle avait mis fin à sa carrière. La vie n'avait plus de goût sans une batte dans la main : mais ses os avaient trop subi les chocs provoqués par les Cognards et les chutes, et il en allait de sa bonne santé physique.

Et sa bonne santé mentale ?

« Ich gehe nach das Tropfenden Kessel. »**

Sa fille ne prit même pas la peine de répondre. Eliza leva les yeux au ciel et, s'appuyant sur sa canne, elle fit demi-tour. Elle en avait marre de devoir suivre sa famille dans sa frénésie des achats : une boisson au Chaudron lui ferait le plus grand bien.

Elle aimait bien ce petit pub. Sombre, rarement bruyant, toujours très chaleureux... Les boissons qu'ils servaient étaient également plutôt bonnes, pour des boissons anglaises. Et puis... il y avait toujours de quoi s'amuser quelque peu.

Une fois arrivé devant, elle rentra dans l'établissement. Comme à son habitude, elle alla s'asseoir au comptoir, et somma Eadric, le patron, de lui préparer un verre de whisky. Il fallait bien ça pour se réchauffer un peu le corps... et l'esprit.

Une jeune fille vint s'asseoir à côté d'elle, et Eliza ne prit même pas la peine de la saluer. Elle l'entendit commander un chocolat chaud et déposer un gallion sur le comptoir. Elle l'examina quelque peu. Rousse... Les habits qu'elle portait n'étaient pas trop démodés... A en juger par son âge, elle devait être encore à leur école de sorcellerie située au Nord... Poudlard ?

Eliza remarqua ensuite autre chose. Mais Eadric fut plus rapide.

« Tenez, jeune fille. Par contre... ce sont de sacrés bleus que vous avez là. Vous vous êtes battue ? »

Comme à son habitude, le patron n'avait pas une once de politesse ni de tact. Et, en plus de cela, il était parfaitement ignorant.

Et, comme à son habitude, Eliza était là pour le reprendre. Elle lui asséna un coup de canne sur la tête depuis derrière le comptoir.

« Hé ! Steinschmidt, si tu veux te battre, c'est avec elle qu'il faut le faire ! » dit-il en se frottant le crâne tout en montrant du doigt la jeune fille.

«
Pour toi, c'est Frau Steinschmidt, Sturrlock. » répondit-elle d'un ton sévère.

Elle but une petite gorgée de whisky avant de reprendre.


« Et avant de déblatérer une autre bêtise, tu apprendras que cette fille là ne s'est pas battue. Ces bras-là, ce sont des bras de batteuse, des bleus aussi profonds, c'est un Cognard à pleine vitesse qui les ont provoqués. Elle a juste joué un match il n'y a pas si longtemps, espèce d'idiot. » dit-elle de son fort accent qui trahissait sa colère.

Quand quelque chose touchait au Quidditch, on pouvait compter sur elle.


*« C'est nul. »

« Maman... Tu es encore en train de ronchonner. C'est la troisième fois aujourd'hui. »

« C'est nul. »


**
« Je vais au Chaudron Baveur. »



02 janv. 2018, 23:35
 Histoires du Chaudron-Janvier  Eliza Steinschmidt
En attendant sa commande, elle se permit de regarder rapidement autour d’elle les personnes qui se avaient, tout comme elle, décidé de laisser le froid frigorifier d’autres gens et étaient venus se réchauffer au Chaudron. Il fallait dire qu’ils n’étaient pas beaucoup, peut-être était-ce dû justement à ce froid, qui les avait peut-être poussé à rester chez eux. Les rares présents n’avaient pas vraiment attiré la curiosité de la jeune fille. Aucun n’avait de jambes de bois, aucun ne semblait venir d’un lointain pays exotiques, ou ne portait sur lui des bijoux somptueux dont la provenance semblait relever d’une aventure extraordinaire que l’on raconte au coin du feu lors d’une longue soirée d’hiver.

Elle se retourna juste à temps pour remercier le vieil homme qui déposa son chocolat devant elle, tout en lui posant une drôle de question. S’était-elle battue ? Ambre n’aurait pas compris le pourquoi du comment de cette question si l’homme n’avait pas mentionné les bleus qu’elle arborait.

Mécaniquement, elle porta la main à sa mâchoire et sa pommette, là où se tenaient respectivement deux bleus. Elle ne faisait même plus attention aux marques qu’elle arborait à cause des contacts avec le cognard lors des entraînements et des matchs.

Alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre, elle fût coupée par l’intervention, disons assez musclée, d’une vieille dame qui était assise à côté d’elle. Assez musclée oui, puisqu’elle donna un coup de canne en plein sur la tête du patron du Chaudron. Si elle n’avait pas été surprise, la cinquième année aurait rigolé devant cette scène improbable. Eadric Sturrlock, un homme qui semblait robuste et ferme, se faire rabattre le caquet aussi facilement par une vieille dame. Mais ce qui surpris encore plus la rouquine fût les propos que cette dernière tint juste ensuite. Comment avait-elle deviné qu’elle était batteuse, simplement en regardant ses bras et ses bleus ? Ce n’était tout de même pas si simple à deviner, si ?

Elle s’empressa de confirmer les propos de la vieille dame en se tournant vers Eadric Sturrlock :


« Effectivement elle a raison… J’avais un match il y a un mois à Poudlard et… les bleus viennent de là. Tout comme elle a dit en fait. »

Elle pinça ses lèvres, essayant de montrer au vieil homme qu’elle était surprise, avant de se concentrer sur son chocolat chaud qui était en train de refroidir. Elle n’était quand même pas venue pour boire un chocolat à moitié refroidi alors qu’elle voulait se réchauffer. Laissant le reste du monde tourner sans elle, elle déposa ses mains autour de la tasse pour ressentir la chaleur que la boisson répandait. Elle l’amena rapidement à sa bouche pour le goûter. Le goût chocolaté lui procura immédiatement du plaisir, cela faisait longtemps qu’elle n’en avait pas bu. Après deux gorgées, elle la redéposa sur sa soucoupe et s’amusa à tourner la cuillère qui s’y trouvait, tout en réfléchissant aux paroles de la vieille dame.

*Frau… Frau Steinschmidt…*

Elle laissa sa cuillère et se tourna vers la vieille dame, un peu gênée :

« Excusez-moi, vous, vous êtes Allemande, c’est ça ?, elle déplaça légèrement sa tasse vers la vieille dame tout en se tournant un peu plus vers elle, comment avez-vous fait pour deviner que je jouais au Quidditch ? »

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05 janv. 2018, 14:11
 Histoires du Chaudron-Janvier  Eliza Steinschmidt
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Point de vue d'Eliza Steinschmidt

« Bien sûr que j'ai raison, jeune fille. Toujours, quand je parle de Quidditch. »

Eliza termina son verre de whisky, non sans un certain sourire aux lèvres. Peu de gens savaient qui elle avait été en réalité dans le passé ; Eadric était de ceux-là, mais, au vu de son air boudeur, il n'allait clairement pas indiquer à cette jeune fille la véritable identité de cette petite mamie aux cheveux blancs assise à côté d'elle.

La boisson lui réchauffait le corps, la gorge, notamment, mais elle n'était pas seule : il y avait autre chose qui commençait à réchauffer le cœur. L'air de cette gamine. Elle semblait... intéressante. Spontanée, mais polie, du genre à boire un chocolat chaud, mais à se prendre des cognards sans même broncher. Elle n'avait d'ailleurs pas tenté de cacher ses bleus. Marque de courage ? D'honnêteté ? A laquelle de ces drôles de maisons appartenait-elle d'ailleurs ? Eliza connaissait le fameux système de l'école de Poudlard qui tendait à répartir chaque élève dans une "maison" différente. Elle ne comprenait pas vraiment ce que cela changeait, mais... si cela permettait de développer des équipes pour jouer au Quidditch, cela ne la dérangeait pas.

La gamine lui demanda ensuite si elle était allemande, et Eliza en fut quelque peu vexée. C'était sûrement à cause de son nom de famille, ou de l'appellation Frau, mais la grand-mère ne pouvait s'empêcher de penser que c'était à cause de son accent. Elle n'avait jamais pu se débarrasser de cette manière de prononcer les consonnes avec cette force de voix, tout comme elle avait du mal avec ces sons de langue dont seuls les Anglais avaient le secret ; même les Écossais roulaient leurs mots face à la difficulté de l'exercice.

« Ja, en effet. Je viens de Heidelberg. »

A la question suivante, Eliza Steinschmidt ne put se retenir de rire. Il était drôle de voir combien son ancienne carrière la rattrapait sans même qu'elle y prête attention. Elle reposa le verre, qu'elle avait toujours en main, sur le comptoir, et attrapa sa canne.

« Comment je le sais ? Hé bien... »

D'un coup vif, elle posa le pied de sa canne sur le bras de la jeune fille, là où se trouvait le biceps brachial. Même sous les habits d'hiver, elle pouvait sentir la résistance du muscle.

« Ce sont des bras de batteuses, je viens de le dire. Je le sais, j'ai les mêmes, tochter. »

Elle pointa ensuite l'objet sur le menton, forçant la jeune fille à lever la tête. Eliza approcha sa tête de celle de la fillette, comme le ferait un docteur sur un patient.

« Je vois que ta mâchoire a difficilement pris le coup... Tu mets quelque chose après tes matchs ? Un cataplasme, une... »

Elle s'arrêta brusquement.

« J'y pense, je ne me suis même pas présentée correctement ! Toutes mes excuses. Je m'appelle Eliza Steinschmidt. J'ai été batteuse professionnelle et entraîneuse de Quidditch pendant... un nombre élevé d'années. Je n'ai jamais compté, le temps passait trop vite. Et toi ? Qui est-tu ? »

Cette discussion allait-elle se révéler être un moyen de retrouver des plaisirs disparus ? Eliza se le demandait. Un plan venait de germer dans sa tête, mais auparavant... elle se devait de tester cette gamine.

Elle devait voir plus loin que les bleus.

06 janv. 2018, 18:56
 Histoires du Chaudron-Janvier  Eliza Steinschmidt
La vieille dame avait, certes, un accent dont Ambre ne pouvait faire abstraction, de même elle disait de temps à autre certains mots dans ce qui semblait être de l’allemand, ce qui était en soit plutôt logique, mais cela n’empêchait en aucun cas la compréhension de ses propos. Mieux encore, la cinquième année était surprise du niveau qu’elle avait, elle ne semblait avoir aucun mal à la comprendre, ni même à lui parler, ce qui était impressionnant pour elle. Jamais elle n’aurait pu tenir une discussion si elle se trouvait en Allemagne. Ce qui entraîna les interrogations suivantes : depuis combien de temps était-elle en Angleterre ? Pourquoi avait-elle quitté Heidelberg, puisque tel était le lieu dont elle venait, et de ce fait pourquoi venir en Angleterre ?

La rouquine ne pouvait détourner son regard de l’allemande. Elle suivait ses moindres faits et gestes, tentant désespérément de comprendre comment elle avait deviné tout cela, de comprendre pourquoi elle se trouvait là et pourquoi elle prenait du temps pour lui répondre à elle, simple petite gamine encore à l’école, sachant qu’elle n’avait même pas levé la tête lorsqu’Ambre s’était assise à côté d’elle.

Le rire de la grand-mère fit sourire la plus jeune, qui décala son bras pour attraper sa tasse de chocolat chaud. Au moment où elle allait l’attraper, elle aperçut du coin de l’œil la vieille envoyer sa canne contre son bras. Sans toucher à sa tasse, elle écarta son bras pour arrêter la canne. Elle avait déjà pu voir ce qu’elle savait faire avec, elle n’avait aucune envie d’en être la victime. Mais les intentions de l’allemande semblaient tout autres. Elle voulait simplement lui montrer que ses bras l’avaient trahi, comme elle l’avait dit précédemment.

« Oui mais… »

Elle n’eut même pas le temps de terminer sa phrase, de rétorquer, que la canne vira sous son menton, délicatement mais fermement, l’obligeant à relever la tête, mettant en avant sa mâchoire et son menton. La vieille dame l’observait. Ambre n’osait plus bouger. Elle la trouvait normale sa mâchoire… Elle ne trouvait pas que le bleu était différent des autres… Peut-être un peu plus large et violacé qu’habituellement… Mais ce n’était pas très grave, qu’un détail, non ?

Sortant de son état de léthargie dû à la surprise, la cinquième année poussa délicatement la canne pour l’enlever de son menton. Elle n’était pas très à l’aise dans cette position. Sans même terminer sa phrase, la vieille dame changea complètement de discussion, afin de se présenter, chose qu’elle n’avait pas encore fait.

Eliza Steinschmidt avait donc été batteuse et avait entraîné une équipe de Quidditch. Ambre n’en revenait pas. Quelle était la probabilité pour qu’elle tombe sur elle et qu’elles se mettent à discuter ? Elle rayonnait. Un énorme sourire s’était installé sur son visage, et elle était persuadée que la vieille dame pouvait apercevoir l’excitation et l’envie dans ses yeux. Sa vie avait été ce que la Poufsouffle voulait faire de la sienne. Devenir professionnelle dans un premier temps, avant de continuer à rester dans le domaine du Quidditch. Un rêve pour la jeune fille.

« Ambre Baxrendhel, en cinquième année à Poudlard, capitaine et batteuse de l’équipe des Frelons de Poufsouffle. »

Un rire nerveux s’échappa de sa bouche avant qu’elle ne reprenne :

« Et j’aimerai faire comme vous, enfin, j’veux dire, j’aimerai beaucoup devenir professionnelle, c’est mon rêve depuis deux ans. »

Elle sentait le regard d’Eliza Steinschmidt sur elle, et elle se trouvait bien ridicule à déclamer ainsi son poste et son rôle dans l’équipe devant cette ancienne professionnelle. Sentant le rouge lui monter au visage, elle se dépêcha d’attraper sa tasse de chocolat, comme elle l’avait tenté quelques instants plus tôt, pour en boire quelques gorgées rapides. Avec un peu de chance, la vieille dame penserait que le rouge venait de la chaleur du chocolat.

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06 janv. 2018, 20:08
 Histoires du Chaudron-Janvier  Eliza Steinschmidt
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Point de vue d'Eliza Steinschmidt


Elle devait paraître étrange, très étrange aux yeux de cette jeune fille. Mais peu lui importait. Eliza Steinschmidt n'était pas là pour être normale ; après tout, tout le monde ne pouvait pas avoir son niveau au Quidditch.

Monter sur un balai lui manquait terriblement. Ses pauvres bras avaient gardé leur force, mais malheureusement, ils étaient trop fragiles. Le moindre coup, s'il était réussi, avait néanmoins de fortes chances de disloquer les os. Elle avait d'ailleurs pris des risques en assénant sa canne sur Sturrlock... Bah, ce vieux schnock - oui, vous avez bien entendu - avait eu ce qu'il méritait. 

Elle continua la discussion avec la jeune fille, dont elle connaissait désormais le prénom. Baxrendhel. Tristement, elle n'était pas allemande, malgré un nom pareil. Dommage. La vieille dame aurait volontiers continué la discussion dans sa langue maternelle. Cela aurait donné une occasion à quelqu'un d'autre de se plaindre de la présence d'étrangers au Chaudron Baveur, ainsi qu'une occasion à Eliza de taper sur le gêneur. Tout le monde aurait été gagnant.

A l'annonce de son ex-profession, la jeune fille s'était gratifiée d'un sourire terriblement familier à Eliza. Celui d'une véritable fan qui rencontrait son idole. Bien sûr, il était peu probable que la dénommée Ambre soit tombée amoureuse d'elle depuis son enfance, mais... c'était tout comme. Eliza ne put s'empêcher de sourire à son tour. Elle avait pris goût à la popularité et n'était pas mécontente de voir que tout avait disparu au lendemain de sa retraite.

« Une capitaine, hein ? Genau. J'ai moi aussi été capitaine, en mon temps. Les Busards de Heidelberg ! La plus féroce des équipes d'Allemagne... Férocité qui était en partie due à leur batteuse de talent. » ajouta-t-elle avec un clin d’œil. « C'était autre chose que l'équipe d'Allemagne. La sensation n'était pas la même. L'appartenance était plus large, la cause plus grande... le prix, plus élevé... Mais l'important, c'était surtout de ne pas regretter les deux. »

Elle s'étira. Penser au Quidditch la démangeait toujours. Quelle vie que celle de retraitée lorsque vous aviez sillonné les cieux pendant si longtemps... 

L'adolescente fit ensuite part de ses intentions quand à son futur : et c'était justement l'étincelle qu'Eliza Steinschmidt attendait chez son interlocutrice.

« Oh, professionnelle. Un très beau rêve, assurément. Mais... penses-tu avoir la trempe adéquate ? Dis-moi... qu'est-ce qui t'attire dans le monde du Quidditch professionnel. La gloire ? La reconnaissance de ton talent ? L'envie de diriger une équipe ? »


Eliza Steinschmidt n'offrait pas ses conseils, avis et services à n'importe qui. Il fallait en être digne.

07 janv. 2018, 19:50
 Histoires du Chaudron-Janvier  Eliza Steinschmidt
Eliza Steinschmidt savait ce qu’elle valait, et elle ne le cachait pas, ce qui était assez amusant du point de vue de la cinquième année. Voir cette vieille dame aussi sûre d’elle, aussi fière de parler de sa carrière et de ses connaissances sur le Quidditch, était indescriptible. Elles ne discutaient pas depuis bien longtemps, certes, et elle ne lui avait pas parlé tant que cela de sa carrière, mais cette discussion avait quelque chose de magique pour la rouquine.

A part à Poudlard, elle pouvait difficilement parler Quidditch avec d’autres gens. Sa demi-sœur n’était pas une grande fan de ce sport sorcier, tout comme son père qui n’était de toute façon pas très porté sur le monde magique malgré le fait qu’il en venait, et en parler avec sa mère était tout bonnement impossible, la moldue qu’elle était ne connaissait ce sport que par les descriptions de la jeune batteuse. De toute façon, ses parents n’étaient pas le bon exemple en ce moment.


De même, elle commençait à connaître les opinions de ses camarades sur les différentes équipes du monde et sur les joueurs les plus connus. Parler avec l’ancienne capitaine des Busards de Heidelberg était complètement différent.

Lorsque son interlocutrice lui demanda si elle pensait avoir la trempe pour être professionnelle, Ambre ne put s’empêcher de penser qu’elle était en train de la juger, de la tester. Les questions qui suivirent accentuèrent cette impression. Elle aurait pu le prendre mal, mais il n’en était rien. C’était normal non ? Il était facile de dire que l’on voulait devenir professionnelle mais cela pouvait être de banales paroles en l’air, dîtes sans y avoir vraiment réfléchit, sans grande conviction, ou plutôt simplement pour une sorte de recherche de gloire, comme l’avait insinué l’ancienne batteuse.


Laissant de côté sa tasse, elle reporta son attention sur la vieille dame :

« J’ai appris que j’étais une sorcière le jour où j’ai reçu ma lettre pour Poudlard. Je ne connaissais rien du Quidditch. Mon père, qui est un sorcier contrairement à ma mère, s’en fiche complètement. »

Un rictus passa rapidement sur son visage en repensant aux réactions de ses parents pendant les vacances d’été lorsqu’elle leur avait raconté les matchs de Quidditch qui avaient permis à son équipe de gagner le championnat. Sa mère avait essayé tant bien que mal à suivre son récit, tandis que son père avait préféré lui dire de lui raconter plus tard, chose qui ne s’était jamais faite.

« A l’école, certains jouent pour rendre fiers leurs parents. Ça n’est pas mon cas. Bien sûr que j’aime diriger l’équipe, suivre les ordres d’un capitaine ne me dérange pas non plus, évidemment que je préfère la gloire de la victoire qu’aux regards désolés et tristes des supporters de ma maison lorsque l’on perd. Et… »

Elle sourit en avance, imaginant que les prochaines paroles auraient pu être dites, peut-être il y a plusieurs années, par Eliza Steinschmidt elle-même :

« Et bien sûr que j’aime que mes capacités de batteuse soient reconnues. Je n’ai peut-être pas le talent nécessaire pour aller jouer dans une équipe professionnelle, finalement je n’ai jamais joué que contre les joueurs de Poudlard, mais je sais que si je n’essaie pas je vais le regretter. »

Elle reprit sa respiration et termina son chocolat chaud, avant de terminer :

« J’ai envie de devenir batteuse professionnelle parce que je veux continuer à m’amuser même quand je serai grande. Quand je vole avec ma batte en main, quand j’évite les cognards et que je les envoie sur mes adversaires, je m’amuse, j’y prends plaisir, ça a peut-être l’air idiot dit comme ça, et on m’a déjà traité de brute sanguinaire. Les gens pensent que je prends plaisir à faire mal à mes adversaires, mais c’est pas ça. C’est l’adrénaline du jeu, de l’enjeu, le fait de faire plaisir à nos supporters, de jouer avec mes amis qui me plait. »

Elle avait débité toutes ces paroles sans même laisser Frau Steinschmidt répliquer. Pour une fois qu’on lui demandait de s’exprimer là-dessus, pour une fois qu’une grande personne se penchait vraiment sur son souhait, elle n’allait pas laisser passer sa chance de pouvoir l’expliquer vraiment. D’expliquer ce qu’elle ressentait vraiment. Eliza Steinschmidt devait forcément comprendre mieux que quiconque de quoi elle voulait parler.

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08 janv. 2018, 21:53
 Histoires du Chaudron-Janvier  Eliza Steinschmidt
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Point de vue d'Eliza Steinschmidt


Eliza Steinschmidt se rendit compte très vite qu'Ambre Baxrendhel n'avait pas fait passer tout son entraînement dans ses bras à la place de sa tête ; la jeune fille avait bel et bien déduit que la retraitée était en train de la tester, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle s'était brillamment débrouillée pour donner des réponses convaincantes à ses questions. Elle avait presque envie de l'applaudir : mais tout n'était pas terminé.

Comme un match de Quidditch, leur entretien aurait pu durer une heure, une journée, trois mois. Les deux femmes semblaient avoir s'être trouvés des atomes crochus, sur un sujet qui bien sûr déchaînait les passions chez plus d'un sorcier. Cela faisait longtemps qu'Eliza n'avait pas eu une discussion aussi riche avec une inconnue. Elle se rappelait encore de ses rencontres avec ses fans, dans un supermarché, à la sortie d'une stade... Vous ne pouviez jamais vraiment savoir sur quel type de personne vous alliez tomber. Un Einstein potentiel ou un véritable idiot. Là... Ambre Baxrendhel... pouvait être classée dans la première partie. Il ne fallait juste pas crier victoire trop vite.

L'effet de chaleur procuré par le whisky s'était estompé, et la retraitée hésitait à en demander un deuxième : mais ce n'était ni très responsable pour sa santé, ni très convenable devant une mineure. La jeune fille ne semblait pas à un écart près, les batteurs avaient bien souvent le caractère qui allait avec leur rôle, toutefois... dans le doute, elle se devait de montrer l'exemple. En tant que grand-mère, en tant qu'aînée, en tant qu'ex-capitaine de Quidditch. Tout était bien évidemment lié : comment cela n'aurait-il pas pu être le cas ? 

Les convictions de la Poufsouffle semblaient nobles, mais, plus important que tout le reste, honnêtes. Et sans honnêteté, la gamine n’avancerait pas très loin. Elle était aussi très portée sur la fierté, autant personnelle que par rapport à sa maison. C'était également une très bonne chose : si Eliza était restée chez les Busards pendant si longtemps, c'était aussi parce qu'elle avait envie de créer un sentiment de cohésion autour d'elle. Si vous changiez trop souvent d'équipe, vous ne preniez pas de plaisir à jouer, puisque le Quidditch était de toutes manières un jeu d'équipe. Elle évoqua son talent, dont elle doutait - Eliza n'osa pas lui dire que de tels bleus étaient la marque d'un grand talent - puis, enfin, un petit détail qui fit pouffer la vieille dame : une brute sanguinaire qui s'amusait ? Cela ferait une drôle de ligne quand elle présenterait son CV à une équipe...

Fort heureusement, Eliza allait voler à sa rescousse et lui proposer une autre ligne qui compenserait la première.

« Je vois, je vois... Une dernière question... Enfin non, peut-être pas la dernière, tout dépendra de ta réponse... Dans ton école... possèdes-tu un entraîneur - ou, mieux, une entraîneuse... rien qu'à toi ? »


Le regard qu'Eliza Steinschmidt lui adressa  était lourd de sous-entendus. La jeune fille ne pouvait tout simplement pas passer à côté.

Si elle le faisait, elle gagnerait, à la place d'une entraîneuse de talent, un coup de canne bien placé.


11 janv. 2018, 19:23
 Histoires du Chaudron-Janvier  Eliza Steinschmidt
Attendant la réponse de la vieille dame, qui devait d’ailleurs encore être en train d’assimiler les nombreuses paroles que la Poufsouffle venait de débiter, cette dernière regarda autour d’elle. Elle avait peur d’avoir attiré l’attention de certaines personnes présentes dans l’établissement avec son monologue. Heureusement personne ne les regardait, ou plutôt ne les dévisageaient, puisque c’était de ça que la cinquième année avait peur. Le propriétaire du Chaudron vaquait à ses occupations de serveur derrière le bar tandis que les autres clients du pub étaient plus intéressés par leurs boissons respectives et leurs discussions que celle qu’elle avait avec Eliza Steinschmidt.

Elle se demandait d’ailleurs si des gens avaient reconnu la vieille dame. Certes, elle avait vieilli, mais cela restait l’ancienne batteuse star d’une équipe d’Allemagne, et pas la plus nulle apparemment, certains devaient bien connaître son nom. Mais visiblement, la vieille dame n’était pas poursuivie par une horde de fan… Peut-être que, finalement, personne ne la reconnaissait ? Peut-être que son nom était tombé dans l’oubli ? Si la situation restait sympathique comme elle l’était entre les deux, la plus jeune essaierait de lui demander. Elle verrait.

La question suivante fit accélérer le cœur de la cinquième année. De même que le regard que lui adressait l’ancienne batteuse. Elle avait une idée derrière la tête, ça Ambre en était persuadée, et même sans savoir ce que cette dernière pouvait être, elle avait envie de réussir cette sorte de test que lui faisait passer la vieille dame. Comme si elle voulait se montrer digne face à elle. Mais digne de quoi ? Digne d’être une batteuse comme elle et que sa place dans sa propre équipe était légitime ? Peut-être.

Elle souffla après avoir réfléchit quelques instants à la manière dont elle allait pouvoir tourner sa phrase, puis lui dit :


« Chaque équipe s’entraîne de manière autonome, suivant les entrainements mis en place par le capitaine de l’équipe. Par exemple pour la mienne cette année se sont mes entraînements, c’est moi qui les prépare. L’année dernière c’était ma copine qui était capitaine et qui s’en occupait. Donc euh non je n’ai pas d’entraîneur spécialement pour moi à l’école… Ce serait pas très sympa pour les autres joueurs si le prof de vol s’occupait exclusivement de moi non ? »

Il était vrai qu’elle ne se voyait pas avoir quelqu’un de l’école pour l’entraîner. Elle aimerait plutôt que cela soit pour l’ensemble de son équipe, pour que tout le monde puisse en profiter. Mais après tout, tout le monde ne voulait pas devenir professionnel, certains ne verraient peut-être même pas l’importance d’avoir un entraîneur pour certains joueurs ou même pour toute une équipe… A vrai dire elle n’en savait rien, elle n’avait jamais songé à cela, ne s’était jamais posée la question… Songeuse et sans vraiment s’en rendre compte elle dit :

« Vous pensez qu’il le faudrait ? »

« DÉFONCE-LES TOUS », Monseigneur Endive • « Le souffle des Poufsouffle jamais ne s'étouffe » • Batteuse des Frelons

15 janv. 2018, 10:49
 Histoires du Chaudron-Janvier  Eliza Steinschmidt
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Point de vue d'Eliza Steinschmidt



Il semblait qu'Eliza Steinschmidt ne pouvait pas tout deviner. Elle était presque déçue d'elle-même : d'un autre côté, la réaction de la jeune Baxrendhel, très noble, très altruiste, l'emplissait d'un sentiment de contentement. Elle devait faire une très bonne capitaine pour prendre soin ainsi de son équipe, pour mettre tout le monde sur... un pied d'égalité. Eliza, à présent, se retrouvait quelque peu décontenancée. 

Elle avait prévu de demander à Ambre si elle voulait bien d'elle comme entraîneuse officieuse. Bien sûr, entraîneuse était un grand mot : l'Allemande ne pouvait plus tenir sur un balai pendant plus de cinq minutes sans que ses vieux os ne la fassent souffrir, et ce n'était même pas la peine de tenter de taper dans un cognard avec sa batte. Mais elle aurait pu lui prodiguer des conseils, des manières de s'entraîner, toutes ces petites choses qui auraient rendu Ambre Baxrendhel meilleure. Là... la vieille dame était quelque peu bloquée. Elle ne pouvait pas se proposer pour coacher l'équipe de sa maison, ce serait totalement déloyal par rapport aux autres équipes... Et elle avait entendu dire que l'une des maisons - peut-être celle de la jeune fille - attachait une grande importance à la loyauté.

Elle se détourna et empoigna sa canne, prête à partir, la déception au ventre. Mais alors, la jeune fille lui demanda ce qu'elle pensait de l'idée.

Un large sourire apparut sur le visage d'Eliza Steinschmidt.

Se retournant à une vitesse étonnante pour son âge, elle toucha de la pointe de sa canne le ventre et la poussa gentiment, comme si elle essayait de transpercer la batteuse pour lui faire comprendre. Elle guetta son expression. 

« Bien sûr que je le pense ! Tu as un grand cœur, jeune fille, mais tu manques quelque peu de cervelle. A ton avis, tous les membres de ton équipe vont-ils tenter de devenir joueurs professionnels ? Bien sûr que non. Et, regarde de l'autre côté. Tu es une capitaine ! Et en tant que capitaine, tu te dois d'inspirer ton équipe. Il faut que tu lui donnes envie de te suivre : aussi, quoi de mieux que de montrer un niveau de jeu exceptionnel pour les motiver ? Je ne dis pas qu'il te faut à proprement parler un entraîneur attitré, mais je prétends que c'est loin d'être une mauvaise idée. »

Elle estimait avoir été plutôt convaincante. Elle enleva sa canne et ajouta d'un air joyeux :

« Et tu pourrais aussi faire une bonne action en sortant une vieille dame de l'ennui. »

A présent, c'était à la jeune fille de voir ce qu'elle pensait de l'offre d'Eliza. Car cette dernière avait malgré tout des conditions, conditions qu'elle ne prendrait même pas la peine d'énoncer si celle-ci n'était pas intéressée.