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21 avr. 2018, 16:53
Un jus de citrouille en hiver
03/01/2043
La porte s'ouvrit, offrant la place à un vent froid, fouettant les joues des personnes assises trop près de la sortie. Deux petits flocons se permirent d'entrer, et regrettèrent bien vite leurs choix en fondant, l'air du bar étant chaud et accueillant. Une sorte de monstre des neiges fit son apparition. Celui-ci enleva son bonnet noir, et laissa apparaître une touffe orange vif décoiffée. Deux petites mains gantées de bleu canard enlevèrent l'écharpe noire, avec des filaments de couleur, et enfin, Solenn apparut. Elle chercha du regard une place où être tranquille, lorsqu'une grosse voix la fit sursauter :

-La porte !

Maladroitement, la jeune fille se retourna pour fermer la lourde porte qui empêchait le froid de rentrer. Tout à coup, ce fut comme si le silence avait pris le dessus, le vent étant englouti par le bois sombre. Mais le vacarme des conversations arriva jusqu'au oreilles de Solenn, qui soupira. * Enfin arrivée * Elle trouva une table dans un coin, un endroit qui lui convenait parfaitement. Après avoir commandé un jus de citrouille, elle sortit de son grand sac en bandoulière ses écouteurs, qu'elle brancha à son téléphone. En appuyant sur le bouton « musique aléatoire », elle eut le bonheur d'entendre « My funny Valentine ». Solenn commença à fredonner discrètement. Elle sortit ensuite son carnet à dessin offert par Phoebe, une Serpentard lors de l'événement Père Noël Secret auquel elle avait participé dans le but de rencontrer d'autres personnes, et des crayon de couleur. Aller dans un bar pour dessiner était la meilleure des solutions d'après sa grand-mère peintre, mais Solenn n'avait jamais eu le courage. C'était seulement aujourd'hui, où elle avait plus que besoin d'être seule après son anniversaire. Elle n'était pas solitaire, loin de là, mais sa nouvelle famille était quelque chose d'exotique encore, et elle n'était pas habitué. Alors, après avoir bataillé avec sa mère, elle avait enfin eu le droit de sortir et d'aller ici, au Chaudron Baveur.

Ici, dans tous lieux publics, se trouve la plus grande source d'inspiration du monde. Il suffit de poser ses yeux sur une personne, et... d'imaginer. Solenn promena doucement son regard, et trouva son premier cobaye. Une dame, entre deux âges, occupée à siroter sa Biere-au-beurre, jetant des petits coups d’œil à un groupe de jeunes plus loin, un peu plus vieux que Solenn. Avec un crayon de couleur rouge, la française dessina des courbes sur son papier. Très vite, un visage, puis un corps apparut sur la feuille auparavant blanche. Solenn n'était pas une de ses dessinatrices bourrées de talent qui représentent la réalité mieux que personne, mais se débrouillait  un peu. Elle avait un style de dessin personnel, où les traits devenaient tremblants, rendant le dessin vivant. Pendant une heure, elle dessina plus d'une dizaine de personnes, des jeunes braillants aux vieux faisant des commérages. Elle dessina même une créature plus qu'étrange qui buvait au bar en faisant des bruits peu ragoutants. Elle était sûre de l'avoir déjà vu dans un de ces livres, ou peut-être autre part, mais impossible de se rappeler le nom. La rousse avait une mauvaise mémoire pour les cours, et aussi les visages. Mais pas pour les chansons.

Buvant silencieusement son jus, elle continua quelques temps de dessiner, sans réfléchir à rien. Le dernier mois avait été fort en rebondissements, et cela lui faisait du bien de ne penser à rien.
Tout d'abord, elle avait découvert sa nouvelle famille, et cela avait chamboulé sa petite vie de fille unique avec sa mère, pour découvrir beaucoup de choses, le partage, les petites disputes, même si elles étaient encore très très rares. Une chose positive, c'est qu'elle adorait ses nouveaux frère et sœur, qui étaient adorables avec elle.
Elle avait aussi rencontré de nouvelles personnes, des personnes qui lui avaient permis de combattre sa timidité. Petit à petit, elle prenait confiance en elle, et elle aimait ça. Solenn continua à penser à tout et à rien, surtout à rien, puis, finit les dernière gouttes de son jus dans un déglutissement sonore, rangea ses affaires, se retransforma en bonhomme de neige et retourna chez elle, bravant le froid et les petits flocons, tombant du ciel, sans savoir qu'ils allaient se faire piétiner par d'innombrables passants, et finir leur vie dans les égouts de Londres.

FIN

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002