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15 sept. 2018, 18:08
Volupté  Libre 
Narym Bristyle


Les enfants en pleurs n'avaient jamais intimidés Narym. Il savait s'occuper d'eux aussi sûrement qu'il pouvait mater un petit être récalcitrant. Néanmoins, la vision de cette enfant-là en larmes remuait une peine qu'il pensait avoir refoulée. Son souffle se coupa quand il croisa le regard d'Ebony. Ses yeux cendre étaient rouges et gonflés, les larmes qui s'en échappaient coulaient sur son visage, lui donnant un air désespéré qui lui allait étrangement bien. Sur ce visage, Narym en voyait un autre se superposer. Il retrouvait des joues qui tressautaient de pleurs, des yeux arrachés par la peine, des mèches de cheveux collant aux affres de la tristesse sur un pauvre visage décharné. Il n'y avait guère mieux qu'un enfant pour ressentir une émotion si vive avec tant de violence. Aelle était comme Ebony ; elle aussi s'était effondrée en larmes brûlantes devant lui. C'était elle que Narym voyait mais c'est pour Ebony que son cœur se serra.

Il poussa la chope du bout des doigts, espérant que la petite fille soit plus réceptive à son réconfort que sa jeune sœur. Ebony n'avait pas réagi négativement à son arrivée et il n'y avait aucune colère dans son regard ; ou du moins, celle-ci n'était pas dirigée contre lui. Elle attrapa la chope et la serra entre ses petites mains brunes, les vapeurs de la boisson caressant son visage. Les épaules de l'homme se détendirent doucement ; l'état de l'enfant s'apaisait. Narym se laissa tomber vers l'avant, posant ses genoux contre le sol sale.

Aussi sûrement que la peine l'avait défiguré, son sourire rendit à Ebony toute sa jeune beauté. Ses yeux semblèrent moins ternes à Narym et son visage, moins tordu. Il ne pu s'empêcher de sourire à son tour, entraîné par le sourire de l'enfant qui apaisa une angoisse qui se cachait au plus profond de lui. Il n'avait pas reconnu la sensation de mal-être avant que l'enfant cesse elle-même d'aller mal ; il n'y songea cependant qu'une seconde à peine : Ebony avait besoin de lui.

« Je t'en pris, » chuchota Narym du bout des lèvres lorsqu'elle le remercia.

Sa voix rauque sortit à peine de la cavité de sa bouche et il s'éclaircit la voix. La boule dans sa gorge allait s'en aller, il le savait. La peine des autres était douloureuse, tant moralement que physiquement. Narym la ressentait avec une clarté déconcertante, elle lui faisait plus mal que sa propre peine.
Il laissa son sourire courir sur ses lèvres, regardant en silence Ebony se dépatouiller avec sa tristesse. Il aimait déjà la vitesse avec laquelle elle se remettait. Elle aussi avait les émotions vives ; contrairement à Aelle, ces dernières n'était pas seulement les plus douloureuses. Narym pouvait sentir en Ebony une capacité à se saisir du bonheur qu'il avait du mal à retrouver chez sa sœur. C'est pour cette raison qu'aucun mot ne franchit la barrière de ses lèvres ; il savait déjà qu'elle allait se confier à lui, qu'elle avait confiance.

« Alyssa est revenue..., » commença l'enfant. Narym baissa la tête sur ses pieds, ferma à demi les paupières pour se concentrer sur la voix. Alyssa devait être la sœur. Et la raison de toutes ses peines.

« Elle a déchiré la photo que j'avais retrouvée de notre autre sœur et que je gardais précieusement depuis quelques jours dans ma cape. Je ne comprends pas vraiment pourquoi elle a agit ainsi... Je crois... Je crois qu'ils me cachent tous un peu des choses, ma grand-père, mon grand-père, Alyssa... Il s'est forcément passé un truc grave mais je n'ai pas les éléments pour comprendre... »

Narym leva un regard troublé sur l'enfant. Il n'avait aucune manière de savoir pourquoi la famille d'Ebony lui cacherait des choses, mais ses mots lui en apprenaient beaucoup sur elle. Elle n'avait cité ni ses parents, ni son autre sœur. Quoi que puisse vivre cette enfant au quotidien, la peine qu'il pouvait entendre dans sa voix était réelle et actuellement, personne n'était là pour la soulager.

« Tu sais, Ebony, déclara Narym en accrochant le regard de l'enfant, la famille n'a certainement pas le monopole de la vérité. Elle peut se tromper et ne pas être bénéfique pour toi. Mais si tu as l'impression qu'elle te cache des choses, tu as deux solutions : la confronter ou l'ignorer. Mais tu ne dois pas oublier que si ta famille t'aime, elle a sûrement de bonnes raisons de te cacher certaines choses. »

Les enfants étaient sincères. Ils vivaient la vie avec une intensité plus saisissante que les adultes. La moindre chose avait de son importance. Narym avait laissé parler l'adulte, mais son cœur d'enfant lui chuchotait que les cachotteries n'étaient jamais bonnes dans une relation. Il en avait fait les frais plusieurs fois et l'un des exemples de secrets le plus probant de son entourage était certainement Aelle.

« Je crois, hésita-t-il, que tu devrais dire ce que tu m'as dit à Alyssa, à ta famille. Ça n'a rien de bon de cacher aussi tes sentiments, n'est-ce pas ? Si ta sœur a déchiré la photo, peut-être qu'elle était en colère : demande-toi pourqu... »

Les pavés en pierre derrière Narym résonnèrent soudainement d'un bruit de pas. L'homme se retourna, levant sa baguette pour éclairer l'allée sombre.

« Qui êtes-vous ? » La voix s'éleva de la ruelle. Une voix de femme.

L'éclat de son arme dévoila à son regard une jeune femme ; Alyssa. Narym se releva doucement, fronça les sourcils. Si elle était ici, qu'avait-elle fait d'Aelle ? Il n'était guère à l'aise avec l'idée de la laisser seule dans le Chaudron Baveur.

« Narym Bristyle, se présenta-t-il néanmoins d'une voix calme, un sourire hésitant étirant ses lèvres. Le frère de la fille qui était en compagnie d'Ebony, Aelle. »

Il jeta un regard à la petite fille roulée en boule dans son coin et lui lança un sourire réconfortant. Elle ne devait pas s'effondrer à nouveau.

« Ta sœur et Aelle discutaient. C'est comme ça que j'ai rencontré Ebony. »

Narym soutint le regard d'Alyssa. Il était évident qu'elle s'inquiétait pour sa sœur et celle-ci était aveugle, prise par sa peine qui ne lui laissait rien voir. S'il pouvait arranger les choses entre les deux sœurs, il le ferait. Son cœur, pourtant, se tordait dans sa poitrine et son esprit lui criait de rejoindre Aelle, de ne pas la laisser seule. Cette soirée était pour elle, mais il était réticent à l'idée de laisser Ebony à cette jeune femme qui ne voulait apparemment rien lui offrir.

\____________/


Quand j'abaissai ma chope, la déception manqua de me faire vomir. Elle s'infiltra dans mon cœur, remonta dans ma gorge et se déversa dans ma bouche. Mon regard accrocha le visage de la sœur, fouilla sa peau et ses longs cheveux. Les yeux de la grande fille était absents. Ils étaient invisibles. Insaisissables. Merlin, je détestais les regards insaisissables. *T'as qu'à t'barrer*, lui lançai-je en pensée, le cœur secrètement désespéré de ne pas réussir à tomber dans ses yeux.

Je n’avais accès ni à ses perles de feu, ni à sa voix mélodieuse. Sans ces détails qui agrippaient mon esprit, je me sentais démunie. Mes yeux papillonnaient à droite, à gauche. Tantôt vers le plafond, tantôt vers les Autres. Ma main rampa sur la table et j’agrippai Ricke. Pourquoi Ebony était-elle partie ? Je caressai ses feuilles et son tronc, humai son odeur de terre. Sa voix de Colère se déversait dans mon esprit, brûlait mes pensées. Ne restait que ce souvenir qui se jouait, encore et encore, dans mon crâne douloureux. *Qu’elle aille chialer !*. Je détestais les personnes hermétiques au monde, je les haïssais d’être faibles. Ebony n’avait aucune force, aucun courage. Ni celui de l’idiot ni celui du héros. Elle n’avait rien.

Je jetai un dernier regard à la soeur aux Yeux-de-feu avant de me détourner d’elle, exagérant la torsion de mon dos, pour regarder vers Narym. Je fouillai le bar des yeux, avalant de ma perception la femme à la peau moins claire que celle d’Ebony. Mon coeur s’agita dans ma poitrine en constatant l’absence de mon frère. J’ouvrai la bouche pour attraper une goulée d’air qui ne vint jamais, je ne pouvais que regarder de tous mes yeux écarquillés l’absence flagrante. La panique me prit aux tripes et m’agita l’estomac. Je plaquai une main sur la table pour me retenir.

Je m’arrachai la nuque pour regarder la soeur, le souffle court. Puis je fouillai la salle qui dessinait derrière elle. Mu d’une certaine intuition, je posai mes yeux sur le passage qui menait au Chemin de Traverse. Là, le vieux mur de briques m'apparut en une fraction de seconde et un éclat d’ardoise m’arracha le peu de souffle que j’avais emmagasiné.

« Non ! » soufflai-je en me levant carrément de mon banc.

Je n’avais pas vu son visage, ses yeux ou même son corps, mais je savais. Je savais qu’Il était parti la rejoindre Elle. Narym.

Je crois que quelque chose aurait dû me secouer. J’avais la conviction que mon coeur, qui soudainement s’était calmé, aurait dû me hurler son mécontentement. Mais que pouvais-je faire ? Mon esprit était vide et mon coeur tout plat. Je restai les bras ballants, même quand la Fille-aux-yeux-de-feu passa devant moi sans même m’offrir son regard, sans même me faire présent de sa voix. Elle s’en fut pour aller les rejoindre Eux.

Le Chaudron était calme. Sans la Présence d’Ebony, sans l’aura habituelle de mon grand frère, sans la tornade qu’était la soeur il ne restait plus rien. Si. Il restait moi et j’entendai mon souffle sortir de ma bouche.

Si tu n’étais pas aussi insupportable, je n’aurai pas à subir constamment ta présence ô combien affligeante, petite garce !

« Putain, » gémis-je en sortant ma baguette de ma poche.

Je fis rouler ma Moitié entre mes doigts, cherchant le réconfort dans la mélodie qu’elle insufflait dans mes veines. Doucement, je m’assis  sur le banc qui avait accueilli Ebony, le dos contre la table. Dos à Ricke. Mes doigts jouaient frénétiquement avec ma baguette. Mes yeux ne se détournaient pas du Passage.

Sans savoir pourquoi, toutes mes forces étaient monopolisées pour empêcher mes larmes de pleurer. Elles me brûlaient les yeux.

02 oct. 2018, 15:23
Volupté  Libre 
« Tu sais, Ebony, la famille n'a certainement pas le monopole de la vérité. Elle peut se tromper et ne pas être bénéfique pour toi. Mais si tu as l'impression qu'elle te cache des choses, tu as deux solutions : la confronter ou l'ignorer. Mais tu ne dois pas oublier que si ta famille t'aime, elle a sûrement de bonnes raisons de te cacher certaines choses. »

Je pris quelques minutes pour méditer ces paroles. Ils avaient décidé de faire un choix pour moi sans me demander mon avis, ils croyaient peut-être faire le mieux pour moi, mais j'avais besoin d'informations. J'avais besoin qu'on me dise quelque chose, j'avais besoin d'explication et il était peut-être temps que je demande à Alyssa. Je me contentais d'être une peste avec elle pour attirer son attention, mais elle ne devait par conséquent pas me faire confiance et toujours me considérer comme une gamine qui n'était pas prête pour connaître la vérité. Il fallait que je remédie à cela.

En tout cas mes premières impressions étaient confirmées. Il avait vraiment l'air de vouloir m'aider. Il faisait tout pour me donner des conseils, m'aider à comprendre comment je pouvais changer ma situation et il avait même abandonné sa soeur pour cela. Je ne m'en étais pas rendue compte, mais maintenant je me demandais ce que Aelle pouvait penser. Alyssa était-elle restée avec elle ? Je ne savais pas trop ce que je ressentais par rapport à Aelle, mais il ne me semblait pas correct qu'elle se retrouve toute seule par ma faute alors qu'elle passait une soirée tranquille avec Narym. Au moment où j'allais faire part de mes pensées, il reprit la parole.

« Je crois, que tu devrais dire ce que tu m'as dit à Alyssa, à ta famille. Ça n'a rien de bon de cacher aussi tes sentiments, n'est-ce pas ? Si ta sœur a déchiré la photo, peut-être qu'elle était en colère : demande-toi pourqu... »

Il ne put finir sa phrase avant une intervention de ma soeur. Elle était là. Elle était venue me récupérer et je ne savais si ce n'était que mon imagination, mais j'avais l'impression d'entendre de la peur dans sa voix. Avait-elle vraiment eu peur pour moi ? Finalement, peut-être qu'elle s'intéressait plus à moi que ce que je ne pensais au premier abord.

Je sentais toujours mes joues tendues par les traces laissées par les larmes. Mes yeux me piquaient mais j'essayais d'apercevoir Alyssa qui était en train de s'approcher aidant ainsi mes yeux dans un exercice quelque peu difficile après avoir pleuré.  Narym se présenta et expliqua la situation. Tout de suite, je vis les épaules de ma soeur se détendre et le coin de ses lèvres se déverrouilla en un petit sourire de soulagement. Je ne m'en rendis pas réellement compte sur le coup, me contentant d'enregistrer les informations sans vraiment comprendre ce qui se passait, j'étais beaucoup trop perdue pour cela. Mais en y repensant un peu plus tard, je comprendrais toutes ces expressions que je pouvais voir.

Ainsi, à ce moment-là, je ne me rendais pas compte de la gêne présente à cause de cette situation particulière. Mon ange gardien de la soirée n'avait pas l'air déterminé à me laisser, mais Alyssa ne savait pas comment faire avec cette situation. Finalement, elle fit quelque chose qui me sembla vraiment bizarre dans l'état dans lequel j'étais. 

« Merci d'avoir pris soin d'elle, c'était très louable de ta part. Et désolée pour cette arrivée un peu brusque... Je... »

Alyssa sembla vouloir dire quelque chose mais se retint au dernier moment en me regardant d'un drôle de regard. Je ne comprenais vraiment plus ce qui se passait, j'étais dans un état beaucoup trop aléatoire pour cela. Les deux aînés me regardaient avec un air étrange en réalité et cela me mettait un peu mal à l'aise. J'avais l'habitude de ne pas parler et de laisser les autres faire la conversation, mais dans les regards qu'ils avaient échangé j'avais l'impression que quelque chose était passé, quelque chose que je ne comprenais pas et cela me stressait. Je plongeais mon regard dans mon chocolat à la citrouille et but une longue gorgée pour me revigorer.

« C'est du chocolat à la citrouille ? Je peux en avoir ? »

J’acquiesçais à sa demande et Alyssa s'assit à côté, se collant contre moi et attrapa la choppe que je lui tendais. Je me blottis contre elle, redevenant la petite fille qui avait disparu depuis de nombreuses années. Un souvenir me revint, le souvenir de la soirée où on avait appris que Madison était partie en Australie, nous étions restées toutes les deux blotties l'une contre l'autre pendant un moment, jusqu'à ce que je m'endorme et que je me retrouve le lendemain dans mon lit, bordée. A partir de ce moment-là avait alors commencé notre relation particulière et nous avions oublié ce que ça faisait d'être ensemble. Je me sentais bien. La chaleur du corps d'Alyssa se répandait doucement à travers le mien et ça faisait du bien. La fatigue commençait à se faire ressentir, le trop plein d'émotions que j'avais reçu était difficile à assimiler. Alyssa chuchota en direction de Narym : 

« Je suis désolée pour votre soirée. Je pense qu'on devrait s'en sortir maintenant. Encore merci pour Ebony et j'espère que ça va aller avec ta petite soeur. »

Je n'étais plus en état de comprendre ce qui se passait autour de moi. J'étais bien trop épuisée et je n'avais plus la force d'essayer de comprendre. Je ne remarquais même pas le départ de Narym et la fin de la soirée resta flou dans ma tête. Je ne pouvais dire combien de temps nous étions restées dehors avant de revenir dans notre chambre au Chaudron Baveur...

Reducio
Fin du RP pour moi, merciiii :3

Troisième année RP (2043-2044)

JE SUIS UNE FILLE.