En ce mois de mai 2043, les premiers jours de soleil avaient commencer à pointer le bout de leur nez. Ce n’était pas encore les grosses chaleurs de l’été. Une température douce, quelques nuages, la perfection pour Maddie.
Une fois ses cours terminés, elle retourna rapidement dans son dortoir pour troquer sa robe de classe contre un short et un léger haut blanc. Elle n’avait qu’une envie : aller profiter de cette belle fin de journée dehors. Elle, qui a grandi à la campagne et passait l’essentiel de son temps libre à l’extérieur avant d’intégrer Poudlard, avait besoin aussi ici de cette dose quotidienne de liberté. Cela lui permettait de vider son esprit et de se détendre.
Une fois changée, elle se dirigea dans la salle commune. Elle vit Leanna assise dans un coin de la pièce un livre à la main. Malgré le fait qu’elles soient dans la même classe et qu’elles aient participé à des activités extra-scolaire communes, elles n’avaient jamais vraiment fait connaissance.
Maddie se dit que c’était l’occasion parfaite pour lui proposer une petite balade dans le parc. Leanna avait accepté et les deux jeunes sorcières se dirigèrent à l’extérieur.
Elles trouvèrent un joli endroit. Pas besoin de se cacher du soleil en cette fin de journée. Elles s’assirent dans l’herbe. Maddie ferma les yeux et pointa le nez en direction du ciel. Elle prit une grande inspiration et dit tout haut « Ahh j’adore ça ! Il n’y a rien de mieux que d’être assise dans l’herbe et profiter de la beauté de la nature ! »
Elle ouvrit les yeux et tourna son visage vers Leanna puis enchaîna : « Tu sais ce que je fais chez moi ? Je m’allonge dans l’herbe et j’observe les nuages. Je laisse mon imagination divaguer et j’arrive toujours à trouver qu’ils ressemblent à choses incongrues. Ça te dit ? »

Leanna avait abandonné ses amis. Jeffrey et Kevin étaient trop occupés à parler de Quidditch, Nova était introuvable. Malgré le fait qu’elle s’entendait à merveille avec ses trois comparses, elle devait se rendre à l’évidence : il lui fallait d’autres amis. La première année avait passé son temps avec les mêmes personnes et s’était quelque peu renfermée sur ce cercle, négligeant les autres élèves de sa classe. Elle leur parlait de temps en temps, bien sûr. Mais ne passait que peu de temps hors des cours avec eux. Quel gâchis au vue de la diversité d’élèves à Poudlard.
Ses bonnes résolutions s’envolèrent rapidement ; elle ne savait pas par où commencer et surtout avec qui. La première année s’était résolue à se cantonner aux bonnes vieilles habitudes, et avait attrapé un livre qu’elle dévorait dans la salle commune qui était bien silencieuse en ce mois de mai.

Sa lecture fut interrompue par une de ses camarades. Maddie. Une élève avec qui elle avait participé à des activités au sein de l’école et de leur maison. La blonde lui proposa une balade dans le parc. Leanna posa son livre et accepta avec joie l’invitation.
Arrivées au parc, elles choisirent un coin dans l’herbe pour s’installer. Leanna, comme à son habitude, chercha l’endroit le plus broussailleux à fin d’éviter de se salir. Le contraste entre les deux fillettes étaient assez amusant : Leanna avait gardé sa robe de sorcier et Maddie portait une tenue typiquement moldue. Elle aimait bien porter l’uniforme ; le problème de choisir ses vêtements le matin ne se posait pas. Elle se mit cependant à regretter de ne pas avoir mis une tenue légère aussi. Le bronzage était pour un autre jour, sa peau resterait blanche encore un moment.

« Regarder les nuages ? J’avais jamais essayé...  »

Leanna s’allongea sur le dos, une main derrière la tête — elle ne voulait pas salir ses cheveux. Elle n’était pas très tranquille et vérifiait toujours sur ses côtés qu’aucun insecte ne traîne près de sa tête.

« Tu habites à la campagne ? J’habite à Londres et je vais pas souvent au parc... Je crois que c’est la première fois que je m’allonge dans l’herbe. », elle fit une pause avant de se concentrer sur les nuages.
Il y en avait de toutes les formes, de toutes les grosseurs, mais... rien de très concret. Elle ne savait pas si c’était par manque d’habitude mais elle ne voyait vraiment rien.

« Tu vois quelque chose toi ?  »

Maddie remarqua que sa camarade n’avait pas l’air très à l’aise dans cette environnement. En effet, la brune regardait souvent à droite et à gauche comme si elle allait se faire attaquer. Maddie, elle, était totalement détendue. Les insectes ne lui posaient pas le moindre problème, elle connaissait bien cet environnement. 
Elle apprit que Leanna venait de la ville, elle comprenait mieux désormais le malaise de cette dernière. C’est vrai que quand on n’a pas l’habitude, on pouvait vite suspecter la moindre sensation d’être une araignée ou une fourmi, comme un brin d’herbe qui à cause d’un tout petit courant d’air est déplacé et vient nous chatouiller l’oreille.

« Oui, j’habite à la campagne mais ce n’est pas très loin de Londres tout de même. C’est à environ 30 min de la banlieue sud » dit Maddie pour répondre à l’interrogation de son accompagnatrice.

Allongée dans l’herbe moelleuse, Maddie s’installa confortablement. Elle plaqua ses pieds sur le sol, les genoux pliés de sorte à avoir le dos bien à plat.

Elle regardait les nuages sans pour autant se concentrer dessus préférant écouter sa camarade. D’après ses affirmations, Leanna ne parvenait pas à voir plus loin que de simple nuage. Maddie pensa que si elle-même en trouvait un sympathique, elle réussirait peut-être à lui partager son jeu.
Elle s’attarda donc sur chacun des nuages qu’elle voyait, jusqu’à en repérer un amusant. Elle en trouva un parfait. Il était isolé ce qui était très bien pour parvenir à le situer et le montrer à Leanna.

« Regarde, celui-là, le nuage qui est tout seul à droite ! Il ressemble à la tête d’un elfe de maison ! » dit Maddie en gloussant.

La petite sorcière blonde espérait que la brune parviendrai à se détendre afin de débloquer son imagination. Cependant, Maddie était du genre à voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. On lui avait répété un nombre incalculable de fois que son nom de famille lui allait très bien car elle était toujours optimiste et souriante. Par conséquent, Maddie se dit intérieurement que si sa camarade ne parvenait pas à jouer, ce n’était absolument pas grave. Elle l’avait inviter à se joindre à elle pour apprendre à la connaître après tout, pas forcément pour jouer. Elle était très contente d’être en sa compagnie. C’était cela l’essentiel.

Maddie venait de la campagne. Leanna comprenait mieux la décontraction de sa camarade... ou c’était elle qui en faisait peut-être un peu trop. Son corps était droit comme un I, elle ne savait pas trop quoi faire de ses jambes et de ses bras. La brune finit par se détendre un peu plus et se concentrer sur les nuages.  Sa camarade lança les hostilités ; elle fit remarquer qu’un nuage ressemblait à un elfe. 

« Celui-là ?  », demanda-t-elle en pointant le fameux nuage du doigt.
Elle resta interdite. Elle ne voyait décidément rien. Elle se représenta un elfe dans sa tête en fixant la forme. En regardant un peu mieux, Leanna s’aperçut  qu’effectivement, un nez trônait au milieu de ce nuage... et des oreilles sur les côtés
« Oh mais t’as raison ! Un elfe !  », s’esclaffa-t-elle.

Elle se remit à analyser le ciel. Le moment était parfait pour apprendre à connaître Maddie. Les deux filles avaient déjà parlé des cours, des activités auxquelles elles avaient participé ensemble, mais elles ne connaissaient rien l’une de l’autre.
Il en valait de même pour la plupart de ses camarades. Elle leur parlait de ce qui concernait la vie scolaire, mais les occasions de parler de sa vie privée ne s’étaient pas trop présentées.

« Quand tu regardes les nuages chez toi, tu les regarde seule ?  »

Elle ne savait même pas si Maddie avait des frères et sœurs. Leanna l’imaginait bien entourée d’une famille nombreuse et bruyante ; une fratrie où tout le monde riait et s’entendait bien. Tout le contraire de la Londonienne fille unique qui ne vivait qu’avec sa mère. Si l’absence de son père ne l’avait jamais vraiment touchée, elle avait toujours eu envie d’avoir des frères et sœurs.

« Oh regarde, on dirait un dauphin !  »
Ça y est. Son imagination s’était mise en marche.

« Oh mais t’as raison ! Un elfe !  » 

Lorsque Leanna prononça ces mots, Maddie était très contente que sa camarade est réussi à libérer son imagination et ria de bon cœur. Elle se tourna sur le côté pour observer sa camarade qui elle, était plongée dans les nuages. Maddie toujours souriante l’écouta parler : 

« Quand tu regardes les nuages chez toi, tu les regarde seule ?  »

La petite blonde lui répondit : « oui, la plus part du temps. Je suis fille unique alors je me trouve des occupations. Des fois, je le fais en compagnie de mes animaux, allongée dans le pré. Nous avons des poulains, des moutons et des lapins. J’adore m’occuper d’eux, ils occupent une bonne partie de mon temps libre »

Son sourire avait légèrement disparu quand avait répondu et le ton de sa voix était un peu plus faible. En effet, elle ne précisa pas à sa camarade qu’elle aurait adoré avoir une sœur ou un frère pour partager ses activités. Elle en avait toujours eu le désir, elle avait même une amie imaginaire quand elle était toute petite. Cela lui faisait « quelqu’un » de son âge avec qui parler. Quand elle pensait à cela, ça lui faisait toujours un petit pincement au cœur.  Elle le garda cependant pour elle, elle n’en avait même jamais parlé à ses parents. Ce sujet de conversation n’était jamais venu et elle n’avait jamais osé leur demander pourquoi il n’avait pas eu d’autres enfants. Elle le fera peut-être un jour quand elle sera plus grande.

« Oh regarde, on dirait un dauphin !  » intervint Leanna, ce qui sortit Maddie de ses pensées et lui redonna tout de suite le sourire.

« ahahah oui » répondit Maddie puis ajouta « de ça, j’en ai pas à la maison ! » Les deux jeunes filles rigolèrent à l’unisson.

Maddie se remit sur le dos et chercha aussi un nuage intéressant. 

« ohhh j’en ai un bon Leanna. Regarde juste au-dessus de nous, on dirait un ogre qui nous menace avec un bâton ! »

Elle reprit son sérieux et questionna à son tour sa nouvelle amie.

« et toi Leanna, tu as des frères et sœur ? Des animaux de compagnie ? »

Il n’y avait nul besoin de tourner la tête pour comprendre que le visage de Maddie était constamment illuminé d’un sourire. Il se percevait dans ses paroles ; plaisant et contagieux. Les lèvres de Leanna s’étiraient dans une expression béate. Sa camarade avait bien fait de l’inviter et de l’initier à ces plaisirs authentiques.
Son regard se tourna et vint rencontrer celui de sa voisine.

Des poulains, des moutons et des lapins. On était loin des voitures, du métro et des pigeons du centre-ville de la capitale. Elle imaginait mal partager sa vie avec des animaux aussi gros et odorants. Elle n’avait d’ailleurs jamais vu de poulains.

« Wow, tu as vraiment pleins d’animaux... tu t’en occupes comment ? Tu leur donnes à manger et après ?  »

Les poulains grandissaient et devenaient des montures pour l’équitation, ça elle le savait. Les lapins pouvaient faire des animaux de compagnie à qui faire des caresses et donner des carottes. Mais des moutons ? À quoi ça servait un mouton ? À donner de la laine, mais après ? C’était un mystère pour la brune.
Le sourire de Maddie s’était éteint au fur et à mesure que les mots sortaient de sa bouche. Maddie Joy — dont le nom avait été taillé pour elle — avait donc une faiblesse. Leanna mit ça sur le compte du manque de la famille ; la plupart des élèves avaient un pincement au cœur en repensant à leur familles et aux souvenirs auxquels ils étaient si rattachés.
Elle avait aussi perdu son sourire et hésita à poser la main sur le bras de sa camarade, et se ravisa, jugeant que si Maddie n’aborda pas la conversation, c’est qu’elle n’en avait pas envie.


« On dirait vraiment un ogre, c’est trop drôle ! Enfin je crois, j’e ai jamais vu...  », dit-elle mi-amusée mi-pensive.
La conversation était repartie sous de meilleures augures. Et les deux filles avaient retrouvé leur sourire. Mais Leanna avait du mal à oublier le visage éteint de la blonde.

« J’ai ni frère et sœur, ni animaux... Ma mère déteste les animaux, je lui ai demandé d’en avoir quand j’étais petite mais elle m’a répondu que les animaux ça sent mauvais et ça fait des bêtises...  »

Pensive, Leanna avait quitter le ciel des yeux. Sa mère lui manquait plus que tout. Et le plus terrible dans tout ça, est qu’elle avait l’impression que son entrée à Poudlard avait creusé un fossé entre elle et Olivia. Malgré son jeune âge, la fillette était sûre qu’il y avait anguille sous roche. Mais elle chassa ses pensées noires.

« J’ai toujours voulu avoir des frères et sœurs. Je jouais tout le temps toute seule chez moi. Je suis un peu jalouse quand j’entends les gens parler de leurs frères et sœurs... surtout ceux qui peuvent se voir à Poudlard.  »
Loin de se douter qu’elle avait mis le doigt sur la raison de la tristesse de Maddie, Leanna se concentra à nouveau sur sa chasse aux nuages.

« J’ai ni frère et sœur, ni animaux... Ma mère déteste les animaux, je lui ai demandé d’en avoir quand j’étais petite mais elle m’a répondu que les animaux ça sent mauvais et ça fait des bêtises...  »

A l’écoute de la réponse de sa camarade, Maddie s’assoit en tailleur en direction de cette dernière. Elle effleurait l’herbe du plat de sa main et pensa qu’elle était sincèrement désolée d’entendre cela. Elle ressentait la même frustration que Leanna au sujet des frères et sœurs mais au moins elle, elle avait pu trouver une sorte de réconfort au-près de ses animaux. Ils l’accompagnaient dans ses jeux, la réconfortaient en cas de petit chagrin, ils étaient tout simplement là. La petite blonde ne comprenait absolument pas comment on pouvait ne pas aimer les animaux, cela lui était totalement étranger. Pour elle, on ne pouvait pas aimer les Hommes si on aimait pas les animaux. Elle ne la connaissait pas du tout, mais au premier abord, Maddie pensa que la maman de Leanna ne devait pas être des plus sympathique. Certes les animaux demandent du temps et de l’énergie mais franchement, ce n’était rien à côté de tout le bonheur qu’ils pouvaient apporter.
La brune enchaîna :

« J’ai toujours voulu avoir des frères et sœurs. Je jouais tout le temps toute seule chez moi. Je suis un peu jalouse quand j’entends les gens parler de leurs frères et sœurs... surtout ceux qui peuvent se voir à Poudlard.  »

Maddie arracha une touffe d’herbe et la triturait entre ses doigts. Elle avait envie de se livrer. Elle frotta ses mains les unes contres les autres afin de chasser les brins de ses mains et passa aux aveux.
 
« hum, pour tout te dire, je te comprends totalement. Ils ont vraiment de la chance les autres, je trouve! Heureusement que j’ai mes animaux sinon les week-end chez moi à la campagne auraient été longs. Quand j’en vois certain se disputer avec leur frère ou sœur, j’ai envie de les secouer et de leur dire qu’il ferait mieux d’en profiter car c’est super, la vie leur a donné un ami pour la vie !» 


Maddie s’emporta totalement en disant ces mots, elle mima même son action. Cela faisait tellement de temps qu’elle gardait cela pour elle que c’était sorti de sa bouche de façon incontrôlée. Maddie était comme cela, elle vivait toute émotion pleinement. Elle était consciente qu’elle était peut être allé trop loin. Elle se ressaisit et dit en rigolant de manière gênée : 

« Je suis désolée, je m’emporte dans mes propos mais ça fait tellement de bien d’en parler à quelqu’un ! Ne va pas me prendre pour une folle hein ! Déjà que je t’invite dans le parc regarder des nuages et maintenant je m’emporte pour un sujet futile...Changeons de sujet ok ? »

Le yeux de Leanna suivirent le mouvement de sa camarade blonde, qui se redressa, les jambes croisées. Elle attrapait une touffe d’herbe qu’elle entortillait entre ses doigts, les yeux dans le vague. Maddie semblait réfléchir, hésiter. Les brindilles firent bientôt éjectées dans les airs, et son hésitation avait suivit le même chemin. Ses paroles avaient été comme une bourrasque fugace et pleine de fougue, elle avait tout sortit d’un coup. Son corps se joint aussi à la tornade. Leanna comprit que c’était un poids que la fillette avait dû porter depuis un moment.
La rafale s’était apaisée aussi vite qu’elle ne s’était soulevée. Elle s’excusa.

Leanna sentit quelque chose lui chatouiller la main. Elle agita le bras, son dos quitta soudainement le sol et la fillette se retrouva à son tour assise. Fausse alerte ; c’était une brindille d’herbe qui s’était agitée avec le vent. Ses jambes prirent la même position que celles de sa voisine.
« T’inquiète pas, ça me dérange pas de parler de ça, je pense comme toi ! Un jour, à l’école, une amie m’a dit qu’elle s’était disputée avec son grand frère parce qu’il avait lu son journal intime... et qu’elle voulait plus jamais le revoir. Elle lui a pas adressé la parole pendant trois semaines. »
Leanna leva les yeux au ciel en soupirant. Ce jour-là, elle s’était retenue. Elle avait caressé le dos de son amie qui pleurait de colère. Elle s’était bien gardée de lui dire qu’un journal intime ce n’était pas la mer à boire. Et que tout le monde n’avait pas la chance d’avoir un frère.

« Quand j’habitais à Londres, j’avais pas beaucoup le temps de voir mes amies. Ma maman a toujours été assez sévère avec moi, j’avais plusieurs cours par semaine: du piano, de la danse, de la piscine, du français et de l’espagnol... Je trouvais ça normal, mais maintenant je sais que c’était trop. »
La fillette fit une pause, elle avait oublié les nuages pour se concentrer sur le château qui trônait devant elles.
La montagne de connaissance à accumuler au début de l’année ne lui avait pas fait peur ; elle était habituée. L’exigence, le sérieux, la détermination... malgré son jeune âge elle connaissait déjà tout ça. Une fois arrivée à Poudlard, elle comprit que le plus important dans la vie, c’était l’amitié. C’était la première fois qu’elle avait vraiment l’impression d’appartenir à un groupe.

« Mes amies à l’école étaient très occupées aussi. Souvent on pouvait pas se voir le week-end. Maintenant que j’y repense, c’était plus des camarades que des amis. Ici, à Poudlard, c’est différent on est tous ensemble toute la journée.  »
Leanna enroula son bras autour de celui de Maddie, avec un sourire réconfortant. Elle avait très bien sentie la détresse de sa nouvelle amie, elles étaient dans le même cas.
« On est un peu comme une famille maintenant, des frères et sœurs, on se serre les coudes ! »

Elle ne savait pas trop pourquoi, mais elle avait ouvert son cœur à Maddie. Il y avait quelque chose de réconfortant dans cette discussion ; la petite blonde n’était pas parfaite, elle n’avait pas toujours la joie de vivre, elle avait ses faiblesses et c’était bien mieux comme ça.

Leanna ne sembla pas troublée par l’emportement de Maddie et cette dernière en fut soulagée. La brune partageait la même opinion qu’elle et lui raconta même une anecdote pour éclairer ses propos. Maddie acquiesça de la tête pendant l’histoire de la jeune brune et ne put s’empêcher de commenter :

« 3 semaines ???? » s’insurgeât Maddie « C’est vraiment n’importe quoi ! » conclua-t-elle.

Leanna commença à parler de sa vie avant Poudlard. Maddie écouta chaque mot prononcé, contente que la brune se confie à elle. Cela signifiait sûrement qu’elle se sentait assez à l’aise et en confiance en sa compagnie. Maddie en était heureuse d’autant plus que cela était réciproque.
Elle apprit que Leanna avait été surchargée d’activités en tout genre depuis sa plus tendre enfance. Une éducation à l’opposée de celle de Maddie qui avait une liberté totale dans le choix de ses occupations. Elle avait profité de son enfance sans pression de la part de son entourage, ses parents l’avaient toujours soutenu dans ses choix. Elle se rendit compte en entendant Leanna, qu’elle avait vraiment de la chance. Elle aimait déjà ses parents plus que tout au monde mais désormais elle réalisait qu’elle leur était reconnaissante de la vie qu’ils lui avaient offerte. Jusque là, cela lui avait toujours semblé être normal mais en écoutant l’enfance des autres elle comprit que ce n’était pas forcément le cas dans tous les foyers.

« On est un peu comme une famille maintenant, des frères et sœurs, on se serre les coudes ! »

Cette phrase résonna en Maddie. Elle était tout à fait d’accord avec elle, elle éprouvait exactement le même sentiment. Elle le ressentait au quotidien. Ici, il y a toujours quelqu’un avec qui rire, avec qui jouer, avec qui se confier, comme elles étaient justement en train de le faire à cet instant même.
Même si elle ne se connaissait pas, Maddie ressentit l’envie de prendre Leanna dans ses bras. Sans raison, juste parce qu’elle en avait envie.

« Tu as raison, on est bien une famille ici et je suis super contente d’apprendre à te connaître aujourd’hui ! » Elle relâcha alors son étreinte.

« Je me suis réellement rendu compte du côté famille de Poudlard lors du concert. Cela m’a sauté aux yeux à ce moment là ! On était vraiment tous réunis, toutes les maisons mélangées, c’était vraiment chouette »

« Bon revenons à nos nuages ! » dit Maddie en rigolant tout en s’allongeant à nouveau dans l’herbe.


« Hummm, je n’en vois pas trop de sympa...ah attends, si, je crois que j’en ai un. Regarde celui-ci à côté du micro nuage, on dirait un lapin !!! » s’exclama Maddie avant d’ajouter : 


« Henn, ça me fait trop penser à une bêtise que j’avais faite à un voisin. Il était passé à la maison un dimanche matin pour demander quelque chose à maman. Moi, je prenais mon petit déjeuner tranquillement et comme à chaque fois, il s’est moqué de moi. Ne lui faisant pas remarquer mon agacement, je lui ai proposé de rester manger avec moi. Gourmand, il ne put refuser mon invitation. Je lui ai servi un bol de lait et, prétextant qu’il n’y avait plus de céréales dans la cuisine, je suis partie à la recherche d’un autre paquet dans la réserve. Cependant, c’est les crottes de mes lapins que je suis allée prendre. Même forme et aucune odeur, c’était une vengeance parfaite !!! Il n’en a vu que du feu le pauvre et a mangé sa première cuillère de bon cœur. Je ne t’explique pas le fou rire que j’ai pu avoir ! Je sais, ce n’était pas très gentil mais il l’avait bien cherché et au moins, il ne m’a plus jamais embêté ! » La petite blonde ne pu se retenir de rire en racontant son histoire.

Telle une révolutionnaire, Maddie fut indignée à l’entente de cette histoire. C’était invraisemblable pour les deux petites filles ; elles qui aimeraient tant avoir une compagnie fraternelle...
Leur vécu devait pourtant être tout à fait différent. Si Leanna avait passé le plus clair de son temps à suivre des cours variés, Maddie était quant à elle une fille de la campagne. Nul doute qu’elle avait plutôt passé ses après-midi à courir dans un pré au vert flamboyant, avec ses petites bouclettes blondes volant au vent et une robe bleu pastel.. enfin c’était du moins ce que Leanna imaginait. Peut-être avait-elle trop vu La petite maison dans la prairie ; sa grand-mère était avide de cette vieille série télévisée à l’atmosphère champêtre.
Une série télévisée, un monde parallèle. C’était la vision que la brune avait de la vie à la campagne. Elle qui n’avait côtoyé que des citadins jusqu’à son entrée à Poudlard, avait toujours vu les autres modes de vie comme des bizarreries qui ne passent qu’à la télévision. Mais il y avait des gens de tous horizons dans cette école, et elle en avait appris beaucoup sur les autres pays mais aussi sur la Grande-Bretagne. La fillette se prit à rêver d’évasion ; elle voulait visiter du pays pendant les vacances d’été !

Son esprit retrouva vite la réalité lorsque Maddie l’enserra dans une étreinte amicale. En temps normal, Leanna était réfractaire aux câlins et autres preuves d’affection avec quelqu’un qu’elle connaissait peu. Mais cette fois-ci, c’était différent. Elle ne savait pas si c’était le fait d’avoir vu le visage de la blonde tous les jours pendant un an qui lui donnait cette impression de la connaître depuis toujours. Quoi qu’il en soit, un grand sourire s’afficha sur le visage de la brune. Sa joue collée contre celle de sa camarade, elle entoura son corps de ses bras.
Maddie s’éloigna. Leanna sourit en regardant le château.
« C’est vrai. La compétition entre les maisons c’est drôle, mais c’est bien de se rassembler de temps en temps ! J’ai pas beaucoup d’amis des autres maisons... tu en as toi ? »

La discussion repartit sur les nuages, avant de prendre une tournure pour le moins amusante. Maddie fit part d’une anecdote qui retournerait le ventre à n’importe qui l’entendrait. Le visage de Leanna se transforma dans une grimace de dégoût. Manger des crottes de lapin...
« Mais c’est dégoûtant ! », s’écria-t-elle, un frisson la parcourant.
« Il t’a pas grondé ? Et tes parents ? Si je faisais ça, ma maman me punirait pendant 10 ans ! » renchérit-elle, appuyant sur la fin de sa phrase.
Leanna n’avait jamais vraiment fait de bêtise, elle avait trop peur de la réaction de sa mère. Elle qui était si à cheval sur toutes les bonnes manières... Olivia aurait tellement eu honte de sa fille si c’était elle qui avait fait ça.

Brune discrète et blonde espiègle. Citadine et campagnarde. Elles n’avaient rien à voir, et leur caractère était diamétralement opposé. Mais elles étaient amies. Cette pensée fit sourire Leanna.