Les abeilles, Aliénor n’avait pas spécialement peur des abeilles. Mais c’est vrai que les animaux volant et pouvant piquer, ce n’est pas très agréable, même pas du tout ! Mais ce qui étonna Aliénor fût la deuxième phobie de Zoé. Les peluches et poupées et les clowns, ce sont des choses qui sont faites pour les enfants, pour les amuser. Elle mit un instant avant de comprendre cette peur. Zoé lui parla de films, elle n’en n’avait jamais vu de ce genre.

Zoé s’arrêta pour répondre à la question du devoir, ce devoir, c’est grâce à lui qu’elles ont commencé à se parler. Elle le regarda faire sans un bruit, elle était beaucoup plus confiante qu’au début de l’après-midi et cela faisait plaisir à Aliénor, aujourd’hui elle avait été utile aux autres.
Elle regardait le sol quand évidement la question fatidique tomba, à force d’en parler ça devait arriver.

- Et toi, quelles sont tes phobies ?

Aliénor regarda le sol un moment avant de répondre, elle avait honte, honte de sa peur si stupide. Ce n’était pas sa seule peur mais la plus grande à ce jour. Elle ne savait pas si elle aurait le courage d’en parler. Mais Zoé c’était tellement confiée, elle avait prouvé qu’elle avait confiance en Aliénor.
Elle réfléchit un moment, elle ne se rendait pas compte du temps qui passait. Elle se décida à se lancer. Elle se sentait rougir, intimidée elle plaça les mains sur ces joues empourprées.

-Je… J’ai peur de l’eau, enfin de nager… Pas vraiment de nager mais… Tu vois quoi.

Aliénor avait tellement honte, c’était ridicule et elle, elle voulait être forte ! Elle aimerait se transformer en souris et se cacher dans un trou. Elle se tritura les mains, elle n’osait pas en dire plus e peur de se faire juger. Mais que va-t-elle penser, qu’elle ne sait pas nager ? Que c’est une froussarde ?
Elle n’osait par relever la tête pour voir le regard de son amie, peur du jugement.

Après avoir posé sa question, Zoé regarda Aliénor. Celle-ci était en train de rougir. Avait-elle honte de sa phobie ? Quelle était sa phobie qui la faisait se sentir mal ? Car oui, son amie se sentait mal, et cela attristait Zoé. Elle ne connaissait pas encore la réponse, mais elle n'aurait peut-être pas du poser la question. Elle lui sourit, pour lui montrer que quoi que sa phobie soit, Zoé ne se moquerait pas, qu'il n'y avait aucun problème.

- Je… J’ai peur de l’eau, enfin de nager… Pas vraiment de nager mais… Tu vois quoi.

Zoé pensait avoir compris. Aliénor ne se sentait pas à l'aise dans l'eau, n'aimait pas l'eau quand il y en avait beaucoup et qu'elle devait nager.
C'était donc sa phobie. Zoé regardait son amie, celle-ci était très mal, cela se voyait. Pourtant, il n'y avait pas de quoi avoir honte de cela. C'était certes une phobie dont certaines personnes se moqueraient, c'était sûr, mais la jeune fille comprenait cette phobie. Il fallait rassurer Aliénor. Ne savant pas trop comment faire, Zoé sourit à son amie puis tenta quelque chose, elle n'aimait pas voir son amie dans cet état.

- Ne t'inquiète pas ! Tu sais, je pense que beaucoup de gens ont cette phobie, c'est juste qu'ils le cachent. Tu n'as pas à avoir honte. Tu ne choisis pas tes phobies. Et puis, nous sommes encore jeune. Cela changera peut-être. Et puis, même si tu as encore peur de l'eau dans 30 ans, ce n'est pas grave. Ma grand-mère a toujours eu peur de l'eau, et certes cela la dérangeait quand elle était plus jeune, mais maintenant, elle le vit très bien.

Elle ne savait pas vraiment si beaucoup de gens avaient cette phobie, mais deux personnes de l'entourage de son entourage lui paraissait suffisant pour le dire, et puis, elle voulait réconforter son amie. Zoé se demandait une dernière chose à ce sujet, apparemment délicat pour Aliénor.

- Est-ce que je peux te poser une question ? Pourquoi... pourquoi est-ce que tu as cette phobie ?

C'est vrai, Zoé se posait cette question. Y avait-il une raison ou bien était-ce juste car elle a toujours eu peur. En posant cette question, elle espérait aussi qu'Aliénor soit moins timide et se sente moins honteuse par rapport à sa phobie.

Zoé sourit à Aliénor, elle souriait ? Elle releva la tête doucement, toujours honteuse de son secret qu’elle venait de révéler à une fille qu’elle connaissait depuis quelques heures à peine. Soudain Zoé continua à parler normalement à Aliénor, sans la juger. Elle lui expliqua que sa grand-mère avait cette même phobie. Cela surprenait la jeune Poufsouffle, il y avait d’autres personnes dans son cas ? Elle réfléchissait à cela, elle se sentait un peu moins seule, mais c’est toujours plutôt embarrassant, devant ces anciens amis lorsqu’ils voulaient aller dans l’eau, elle ne pouvait pas. Si jamais elle se forçait, une fois immergée dans l’eau elle paniquait et ne contrôlait plus ces mouvements devenant un danger pour les autres.

- Est-ce que je peux te poser une question ? Pourquoi... pourquoi est-ce que tu as cette phobie ?

Aliénor prit une grande inspiration, après tout ce n’est pas si grave. Zoé avait été très gentille avec Aliénor et essayait tant bien que mal de la comprendre. Elle décida de se jeter à l’eau. Mais elle ne pouvait pas rentrer dans les détails, elle décida donc de raconter sommairement ce jour de peur et de joie.

-J’avais 10 ans tout justes. A côté de ma maison, il y avait la rivière de l’Avon qui coulait. On y allait souvent en famille, puis avec mes amis et quand je n’avais rien à faire. Ce jour-là j’étais allé jouer au bord de l’eau, je courrais et sans faire attention, je me suis pris les pieds dans une racine et je suis tombée dans l’eau.

Aliénor pris un temps de pause. Elle n’en avait jamais vraiment parlé, ni même ressassé pour elle-même. Toutes les sensations, l’eau froide, les vêtements lourds, les yeux qui brulent… Et puis le pire, l’eau qui s’engouffre dans le nez et la bouche, se battre contre une créature qui ne craint rien, bouger jusqu’à perdre toutes ses forces.
Une larme perla au coin de l’œil de la jeune fille qu’elle essuya aussi tôt du do de sa main.

-Il y avait beaucoup de courant ce jour-là, c’était le printemps, la fonte des glaces… J’ai rien pu faire à part crier.

Elle attendit de nouveau, elle se souvient aussi de cette force en elle, de ce sentiment contraire au flot de tous les autres, cet apaisement.

-Alors, je ne sais pas trop comment, l’eau c’est retirée jusqu’à moi et je ne suis retrouvée sur la terre ferme puis dans les bras de mon père.

Sans le vouloir Aliénor c’était arrêtée. Elle fixait le sol et ne se rendait plus compte qu’il y avait quelqu’un avec elle.

- Alors, je ne sais pas trop comment, l’eau c’est retirée jusqu’à moi et je ne suis retrouvée sur la terre ferme puis dans les bras de mon père.

Le récit que venait de finir Aliénor était si touchant ! Celle-ci d'ailleurs, se sentait seule et triste, d'après Zoé. Elle avait vécu quelque chose d'horrible, une tragédie. Zoé fit alors le lien entre la rivière dont lui avait parlé son amie tout à l'heure et son histoire. La pauvre. Zoé ne savait pas trop quoi dire, quoi faire. Elle était choquée. Sa phobie était donc là pour une raison, et était tellement compréhensible. Tout le monde aurait cette phobie si cela leur arrivait.
Zoé s'arrêta et revint vers Aliénor qui s'était arrêtée plus tôt. Elle se tourna vers elle, lui sourit. Peu de temps après, elle lui prit les mains et les joignit. Elle ne savait pas vraiment si elle devait faire ça mais elle le faisait.

- Tu es là aujourd'hui ! Tu sais, après ce que tu as vécu, c'est normal d'avoir aussi peur. Tu as déjà essayé de retourner dans l'eau depuis, j'imagine.

Zoé lâcha ses mains, regarda le lac, qui ne se trouvait pas très loin d'elles.

- Est-ce que tu comptes réessayer un jour ? Si tu le veux, je peux t'aider.

Elle ne savait pas que quelque chose de si horrible était arrivé dans cette rivière. Elle n'arrêtait pas d'y penser. Mais elle avait survécu. Il fallait ne plus souffrir à cause de cela. Il fallait qu'Aliénor se rappelle toujours de ce qui lui était arrivé, pour qu'elle se souvienne qu'elle a eu de la chance. Mais il fallait passer à autre chose, ce qui était malheureusement plus facile à dire qu'à faire. C'est ce que Zoé pensait, et elle voulait que son amie le pense aussi.

- Cette histoire est passée, tu es là, rappelle-t-en, c'est important, mais il faut aller de l'avant, ne souffre plus à cause de cela.

Zoé se sentait très mal, trop mal, pour son amie et pour la situation.

Aliénor c’était jetée à l’eau et avait dévoilée sa plus grande faiblesse du moment à sa camarde. Elle se sentait mal et soulagée à la fois. Zoé ne savait pas trop ou se mettre et Aliénor le remarquât. Elle souhaitait pourtant éviter ce malaise. Mais, sans s’y attendre, Zoé se plaça devant elle et essaya de la rassurer.

Mais Aliénor savait tout ça, retourné dans l’eau, vaincre ces peurs… Elle avait essayé de nombreuses fois mais cela se terminait toujours en catastrophe et elle avait même peur d’avoir peur. Cela devenait incontrôlable et Aliénor avait peur de ne jamais plus pouvoir nager. Elle regardait toujours le sol sans bouger. Les mains de son amie entouraient les siennes mais plus rien ne comptait pour Aliénor. La jeune fille avait rouvert une plaie profonde et elle avait beaucoup de mal à passer au-dessus.

Zoé lui proposa son aide, mais il était bien trop tôt, et malgré cette après-midi passée ensemble, Aliénor ne se sentait pas de partager ce moment. Elle était effrayée à l’idée d’échouer, de paniquer de nouveau et de blaiser quelqu’un.
Elle releva doucement la tête et voyant le soleil se coucher, elle soupira un grand coup, comme pour se vider de tout ce qu’elle avait en elle.

-Je suis désolée, je ne voulais pas te rendre triste.


C’est du passé et la jeune fille se doit d’aller de l’avant et d’avancer dans sa vie. Mais pour cela, elle doit affronter cette peur. Mais pas aujourd’hui, il est trop tôt, elle n’est pas prête.

Elle observait le coucher de soleil, ces couleurs magnifiques, l’orange, le rose et le bleu se mêlaient à la perfection. Cette soudaine beauté contrastait avec la tristesse dans le cœur d’Aliénor.
Elle se retourna vers son amie et esquissa un léger sourire.

-J’ai été ravie de te rencontrer Zoé de Gryffondor. Merci de ton écoute mais j’ai besoin de me retrouver seule.

Aliénor ne voulait pas dévoiler toutes ces faiblesses devant son amie, la tête basse elle s’éloigna d’elle, tout de même très heureuse de cette rencontre.