Alors que tu le provoquais, Chems prit immédiatement une pose qu'il voulait sans doute virile et arrogante, ce qui était plutôt risible vue que ce dernier avait encore tout du pré adolescent. Tu ne pus qu'esquisser un sourire mi-amusé, mi-provocateur alors qu'il se disait flatté.

La suite alla vite, voir même très vite. Tu avais sans doute, pour la première fois utilisé tes atouts féminin, et cela, dans le but de le faire tomber dans tes filets. Désormais, le jeune garçon se débattait avec les poissons du lac.

Toi, tu t'étais redressée, les mains sur les hanches et le sourire aux lèvres, tu attendais que le jeune homme remonte à la surface pour l'aider - ou pas - à sortir de l'eau. Les meilleures blagues étaient souvent les plus courtes après tout et puis, tu appréciais Chems malgré tout, ce qui n'était peut-être plus son cas après voir petite altercation.

Toujours étant qu'il se projeta hors de l'eau comme un boulet de canon et que tu n'eus pas la présence d'esprit d'éviter son projectile qui atterrit en plein au milieu de ton visage.

Tu avais désormais une tartine de pain gluante qui te dégoulinait du visage et ça … c'était dégoutant. Tes mains se mirent alors à trembler sous l'effet du dégoût et de l'horrible sensation que cela te procurait. Tu n'osais plus bouger et finalement le morceau de tartine glissa de ton visage marqué d'une terrible grimace pour aller s'étaler sur la pierre ou vous étiez assis quelques minutes plus tôt. Tu fermas les yeux de dégoûts, puis, les rouvris avant de prendre une décision. Ton regard rageur se porta sur le jeune homme et tu pris ton élan, t'élançant du bord du rocher en criant rageusement :

"Tu vas me le payer Daley !"

Un plouf sonore marqua ton arrivée dans l'eau et tu atterris non loin de ton camarade de classe. Sans perdre vraiment de temps alors, tu attrapas ce dernier par les pieds pour l'attirer par le fond avant de t'accrocher à son dos pour le chatouiller férocement.

Il ne fallut pas longtemps avant que vous ne ressortiez tous deux la tête de l'eau et que tu t'exclames :

"Tu vas voir !"

Les deux coudes sur la pierre et le corps encore à moitié immergé dans l’eau, le garçon observait le spectacle intensément satisfaisant qui s’offrait à lui. Voir la jeune fille tremblée de dégout ou d’écœurement ramena un sourire sournois sur le visage de Chems qui ne put se retenir de lancer un petit commentaire de bon cœur «J’espère que tu profites de ta tartine ~»
Quand le pain mouillé glissa mollement par terre, essuyant finement la mine dégoutée de la brune, le garçon tapa presque sa propre épaule de fierté.

Eheheheh-..oh? Le temps de se remettre de la satisfaction d’avoir rendu la monnaie de sa pièce à Cassandre que la fillette plongeait déjà dans l’eau, le regard sombre de ses promesses, qu'il ne put s'empêché de répondre, condescendant, à sa menace. « Payer quoi Mcwood ?! cria t-il par-dessus le bruit du plongeon. C’est toi qui m’a cher…ché ?» …Sa voix perdit de son volume quand il se retourna pour seulement voir les ondulations laissé par l’arrivée de Cassandre. Elle était pas remonté. Elle était pas remonté et ça sentait pas bon. Les sens en alerte, il fixa, raide d’expectative, la surface de l’eau, refusant de s'avouer que la situation avait peut être mal tourné.

Mais au lieu de voir la tête de Cassandre sortir de l’eau, c’est lui qui y entra.

Passé la surprise de s’être encore une fois fait avoir sans n’avoir rien vu venir, le garçon chercha un moyen de retourner la situation… jusqu’à ressentir une embarrassante sensation de chatouillis dont il, malgré ses efforts, ne parvenait pas à être indifférent.
Il était chatouilleux. De la manière excessive pas du tout normal. Et jusqu’à présent, le garçon s’était bien arrangé pour garder ce détail en dehors des conversations depuis que son frère utilisait ce prétexte pour se moquer de lui. Sous les administrations insistantes de la jeune fille, il ouvrit la bouche par réflexe, se tordant pour échapper à l’attaque déloyale.

Il avait oublié cette petite règle physique insignifiante qui faisait qu’il ne pouvait techniquement pas respirer sous l’eau…

Prit d’une violente quinte de toux, Chems s’accrocha spontanément sur la pierre aussitôt la tête hors de l'eau, en essayant de faire sortir la tasse qu’il avait avalé, plaçant aveuglement une main sur l’épaule d’une Cassandre apparemment survolté pour signalé une courte trêve. Le temps de se sortir tout le liquide des poumons, le garçon essuya très rapidement les larmes imprévisibles qui lui brouillaient la vue suite à son accès toux ininterrompu avant de se retourner brusquement vers la jeune fille en se raclant la gorge comme si de rien n’était.

Notant que l’atmosphère s’était considérablement refroidit, pas uniquement à cause du fait qu’il était trempé mais surtout à cause de l’arrêt brutal de la querelle, il réalisa que la situation était devenue bien trop désavantageuse pour lui dans le maintien du secret d’une de sa plus mortifiante faiblesse et dû combattre le rougissement qui menaçait d’apparaître pour ne pas donner de fausse idée à la fillette. Essayant d’avoir l’air le plus impassible possible, Chems leva un doigt d’avertissement vers Cassandre, en plantant un regard qu’il voulait sérieux dans ces pupilles sombres. « Peut importe ce que t’es en train de penser maintenant, para immédiatement le garçon en tentant de sauver les restes de sa crédibilité. C’est pas vrai.»

Votre petite bataille n'avait pas duré longtemps. Tu allais repasser à l'attaque que Chems t'arrêta d'un mouvement brutal sur l'épaule pour stopper ta course jusqu'à lui. Visiblement, il avait bu la tasse et ton premier réflexe fut de demander d'une voix implorante :

"Chems ! Ça va ?"

C'était un jeu tout ça. Tu ne voulais pas qu'il se fasse mal ou encore qu'il se blesse. Visiblement, pas trop. Il était en train de régurgiter toute l'eau qu'il avait avalé et toi, tu te sentais plus mal que jamais qu'il se retrouve dans une telle situation. Tu voulais t'approcher pour l'aider… Peut-être en lui tapant dans le dos, mais à peine eut, tu fais un pas en avant qu'une force invisible te retint en arrière. Tu portas instinctivement tes mains à ta bouche de malaise devant cette situation et tu ne peux t'empêcher de demander une nouvelle fois :

"Ça va ?"

Lorsque visiblement, il eut fini de se vider les poumons. Il te regarde et tu rougis instinctivement alors que lui-même se retenait sans grand succès, affichant un visage impassible. Alors, tu ouvris la bouche pour parler, mais il t'arrêta d'un doigt pointé vers le ciel, t'intimant le silence d'une façon pour le moins surprenante. Ta bouche se referma et tu te muras dans le silence en rougissant avant de murmurer :

"Je suis désolée !"

Tu t'approchas à ton tour de la pierre, non loin de lui et murmuras :

"On devrait sortir de l'eau et rentrer au château… On va attraper froid !"

Oui c'est ça … C'était un bon moment auparavant avec le jeune garçon, mais il était comme qui dirait… Tombé à l'eau. Tu soupiras, un peu déçue d'avoir gâché ce moment-là. Tu t'en voulais sérieusement.

Sans ajouter un seul mot, tu te dirigeas vers la berge et tu pris quelques minutes pour retirer tes chaussettes et tes chaussures. Une petite brise souffla sur ton visage et tu frissonnas avant de croiser le regard du jeune garçon. Le rouge te monta une nouvelle fois aux joues et tu te sentis désolé de cette situation.

C'est ainsi que vous aviez regagné votre salle commune. En silence… Un silence pesant.

Chems haussa un sourcil puis plissa les yeux. Ce n’était…pas vraiment la réaction à laquelle il s’attendait. Et encore moins les mots qu’il avait souvent l’occasion d’entendre. Hochant faiblement la tête, déstabilisé par la fragilité du ton de la jeune fille, il suivit son mouvement en sortant de l’eau, un arrière-gout de regret sur la langue. Il s’annonçait cool ce jeu pourtant –si on ne comptait pas la mauvaise tasse– 

Passant une main dans ses cheveux pour écarter les mèches trempées de ses yeux, il attendit une action ou quelque chose qui puisse chasser le malaise qui semblait vouloir s’inviter à l’échange. Quand le silence se fit trop écrasant, le garçon ouvrit la bouche, prêt à dire n’importe quoi pour le briser, mais un regard en biais de Cassandre l’arrêta avant. Malheureusement, la situation ne s’améliora pas pour autant, le rougissement de la fillette empirant la confusion de Chems. C’était trop bizarre. Laissant la brune ouvrir la route sur le chemin de retour vers le château, il prit sa suite derrière elle, suivant ses pas, et rentra ses deux mains dans ses poches, perplexe. Les yeux sur le dos de la fillette en face de lui et l’esprit trop occupé à essayer de mettre le doigt sur la raison de cette réaction. De cette excuse même ! Voyant qu’il ne parvenait à rien et que le château se rapprochait, signe qu’il devrait bientôt se séparer de la jeune fille, il se manifesta : « Hey Cassandre…»

Pas de réaction. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites d’impertinence. Attrapant rapidement un bâton sur le chemin, il piqua l’omoplate de la fillette de sa pointe. «Heeeey Cass ~» gémit-il sans arrêter son manège. Cette fois au moins, il eut une réaction, et il en profita pour se remettre au niveau de la fillette, trottinant jusqu’à être épaule à épaule. Pourquoi tu t’es excusé ? voulu-t-il lui dire. Mais à la place, il choisit d’être moins direct, moins brutal. L’ambiance n’était plus comme avant, il devait s’en souvenir. «Tu sais, c’est pas ta faute, se lança-t-il doucement. En plus c’est moi qui ait commencé.»

Tiens, ça c’était plus drôle. Ça lui arrivait rarement de reconnaître ses fautes (même si maintenant, il ne voyait pas vraiment où elle était vraiment la ""faute""). Son intervention n’intéressa que le vent. Cassandre ne pipa mot et Chems se sentit se décourager. Arrivé dans le couloir ouvert sur le parc, il se désola de voir la brune prendre le chemin de la salle commune, les épaules presque courbées. Se raclant la gorge cette fois, n’ayant plus de bâton ou d’autre idée d’alternative, il sollicita oralement l’attention de la jeune fille, prévenant de la bifurcation qu’il allait prendre vers la grande salle « Euh…J’ai pas p’ti déjeuné moi et j’ai un peu faim alors…»

Laissant sa phrase en suspens, il chercha un moyen de rendre cette fin de discussion plus légère. Contrairement à la fois dans les toilettes abandonnées, il n’avait pas envie de s’éloigner le plus vite possible de Cassandre, parce que jusqu’à ce moment qui avait rendu toute la situation gênante, il avait perçu un côté plus sympathique et naturel de la fillette. Un côté qu’il aurait aimé un peu plus connaître. Sans se décourager, il enchaîna, cherchant le regard de la brune pour lui transmettre ce message «…alors je te dis à toute à l’heure peut être !»

Malheureusement, du départ de Pré-au-lard jusqu’à l’arrivée à King’s Cross, Chems ne revit plus Cassandre. Pour ce que c’était et d’où ça venait, il espérait au moins que la jeune fille oublie cette méprise d’ici la prochaine rentrée.