janvier 2043

Aliénor regardait par la fenêtre de la salle commune. Cela faisait plusieurs jours qu’un manteau blanc avait recouvert le château. C’était beau, la neige était si pure, il y avait quelques traces de pas qui semblaient mener nulle part. Ca donnait un aspect mystérieux au parc, les arbres sans feuille avec une toute petite pellicule de poudre blanche accrochée aux écorces. De temps en temps, on voit des oiseaux qui passent, mais rien ne bouge réellement. C’est comme si tout était figé dans le temps.
Mais Aliénor compte bien perturber ce calme apparent du parc. Devant cette pureté apparente, Aliénor voit des tas de choses à faire, des jeux, des moyens de s’amuser en tout genre. Elle sourit face à la fenêtre, les deux mains plaquées contre le verre froid. Elle veut y aller et aujourd’hui elle n’a pas cours !

Elle se redresse d’un coup déterminée. Quand elle enlève ses mains de la fenêtre la marque de celles-ci reste imprimée sur le verre. Alors Aliénor dessine un smiley qui sourit du bout de son doigt avant d’aller s’habiller un peu plus chaudement.

Aliénor n’est pas du genre frileuse mais bon, il faut quand même faire un minimum attention. Elle enfile donc un jean noir et met un tee-shirt sous un sweat à capuche un peu grand qui était à son père. Elle aime bien ce sweat, confortable, et il lui rappelle son père qui lui racontait dans d’histoires sur ce qu’il faisait ici. Poudlard est vraiment une école surprenante. Depuis le début, il est arrivé tel-lement de choses pour Aliénor, tant de nouveautés, sa curiosité n’est qu’accrue ici.

Elle passe dans les couloirs, un sourire plaqué sur les lèvres, ses mains enfoncées dans la poche ventrale du sweat et sa capuche sur la tête. Quand elle arrive devant les portes qui mènent au parc, elle prend une grande inspiration pour se préparer au froid dehors. Elle monte sur son nez son écharpe et remue ses orteils au fond de ses bottes. Elle est prête. Elle pousse la lourde porte et une grande bouffée d’air vient balayer les quelques mèches rebelles qui sortent de sa capuche. En regardant le paysage, un tas d’idées lui viennent en tête.

Elle se met à sautiller et une fois devant le grand manteau neigeux, elle saute devant à pieds joints. Elle s’enfonce jusqu’à mi- mollets. Le froid la saisi à travers son jean, mais elle est tellement heureuse d’être là !

Elle avance un peu dans la neige, il n’y a personne dehors aujourd’hui. En même temps, il ne fait pas un grand soleil et avec ce froid, seuls les plus téméraires sortent. Regardant derrière elle la grosse trace qu’elle forme elle se dit que les petits animaux qui font des si jolies traces sur la neige sont vraiment bien plus légers et habiles que nous autres pauvres humains. Elle secoue la tête pour éviter de tomber dans ces rêveries. Elle écarte les bras en croix et prend une grande bouffée d’air. Le froid de celui-ci lui pique le nez et elle sent le froid progresser dans son corps jusqu’à s’évanouir au niveau de sa poitrine. Un sourire se dessine de nouveau sur le visage de la Poufsouffle. Elle commence à tourner sur elle-même et à rire pour rien. Elle est juste heureuse, d’être ici, de se retrouver dans la neige, que tout ce passe si bien… Elle ne voudrait être nulle part ailleurs.

Aliénor se laisse tomber dans la neige en fermant les yeux. Elle va certainement finir trempée et pro-bablement malade, mais ce n’est pas grave on apprend des sorts contre les rhumes autant s’en servir.
Soudain, elle entend des bruits de pas à quelques mètres. Elle se redresse aux aguets. Elle se retourne vers le château pour vérifier qui est là. Elle s’agenouille à moitié cachée par le trou réalisé par son corps précédemment.

Il y a une fille un peu plus loin, elle marche en direction d’Aliénor. La Poufsouffle le suit du regard en passant d’arches en arches qui forment le couloir extérieur du château. Quand la jeune brune ce retrouve à quelques mètres d’Aliénor, elle la reconnait. C’est Tayana, une fille qu’elle a rencontré dans les couloirs quelques temps plus tôt. Un sourire malicieux ce dessine sur son visage. Aliénor prends de la neige devant elle et en fait une boule plus ou moins sphérique. Elle se lève soudainement de sa cachette.

-Hey Tayana !

Aliénor lance alors sa boule de neige en direction de la jeune fille. Bien évidement celle-ci n’atteint pas sa cible, sans prendre le temps de viser, il est rare de toucher quoi que ce soit. Mais Aliénor trottine vers elle, bien trop heureuse de trouver une amie maintenant.

-Alors, ça va depuis le temps ?

Aliénor ne se rendait pas compte de son enthousiasme quelque peu excessif, mais que voulez-vous elle est joyeuse.

En ce beau jour d’hiver, j’avais décidé de faire un tour à la bibliothèque. Pour moi, la journée avait mal commencé, je n’avais vraiment pas de chance : ce faisait plusieurs jours que j’essayais de contacter mon professeur d’Histoire de la Magie, pour des questions… de tableaux, mais impossible, le sort était contre moi ! Alors, pour pallier à cette absence de réponse, ou plutôt à mon incapacité de trouver une personne ayant ces réponses, j’étais allé faire un tour à la bibliothèque avec pour objectif de me détendre et éventuellement chercher des réponses.

Comme je ne savais pas vraiment où chercher, j’ai pris 3 ou 4… enfin 7 livres et je les ai feuilletés sans vraiment les lires. Finalement, j’en ai emprunté 5 autres dont 1 était un livre de contes pour jeunes sorciers et un autre sur les sortilèges. Puis, je me suis dirigée vers la salle commune pour chercher Aliénor, la fille que j’avais rencontrée dans les couloirs et avec qui j’avais un projet d’exploration artistique histoire de voir si de son côté ça avancer ou pas.

Je me suis dit que j’en profiterais, par la même occasion, pour prendre une écharpe et des gants parce que j’avais très froid. Mais arrivée à la salle commune, elle n’était pas là. Les autres semblaient concentrées sur leur « travail », mais j’ai quand même pris la liberté de demander à deux ou trois… bon, cinq Poufsouffle s’ils ne l’avaient pas vue. La moitié m’ont dit que non. L’autre moitié m’ont sortie un « Mince, tu viens juste de la rater ! »

Je suis donc allée dans mon dortoir, je me suis équipée plus chaudement et j’ai hésité 10 bonnes minutes sur le « Je prends ou pas mes livres… ». J’en avais 5 venant de la bibliothèque, j’en ai rajouté 2 dans mon sac et je suis partie à la recherche d’Aliénor. Je me suis dit que, si elle était aussi curieuse que moi, avec le temps qu’il fait… elle serait surement dehors ! Ne la connaissant pas très bien, j’avais une chance sur dix de me tromper.

J’ai donc commencé par chercher dans la cour intérieure du château… elle n’était pas là et, à vrai dire, il n’y avait absolument personne. Je savais qu’elle n’était pas dans la bibliothèque parce que sinon je l’aurais croisée… j’ai quand même fait un tour dans les cuisines et dans la grande salle, au cas où, mais elle n’y était pas non plus.

Finalement, je me suis rabattu sur mon idée initiale, elle doit être dehors, mais dehors, dehors quoi ! Je suis donc allé dans les couloirs extérieurs, scrutant l’horizon. Au début, je ne voyais qu’un manteau blanc dans lequel j’avais bien envie de me jeter dedans. Je me suis abstenue : Il fallait d’abord que je trouve ma camarade Poufsouffle.

Même si, pour être honnête, je suis quand même resté environ 5 minutes planté comme une idiote devant ce magnifique paysage dans le but de graver un souvenir. J’ai hésité à sortir mon carnet à découvert pour dessiner ce paysage enneigé. Et c’est à ce moment-là que j’ai fini par voir une personne … jouant dans la neige. Je me suis rapproché… Oui, c’était bien elle. C’est fou, son visage me rappelle vraiment quelqu’un, mais je n’arrive pas à me rappeler qui !

Elle a fini par me voir arrivée, et visiblement par me reconnaitre puisqu’elle s’est mise à sourire. Elle s’est mise à crier mon prénom, a lancé une boule de neige dans ma direction… à me rater lamentablement de quelques mètres puis à venir vers moi. Elle avait l’air contente de me voir. Pour ma part, j’étais partagé : j’étais hyper heureuse de la revoir et d’avoir enfin réussi à la retrouver, mais en même temps… en même temps, ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vue.

Elle se rappelait de moi, mais, si elle avait oublié notre projet ? Si maintenant elle n’avait plus envie de le faire ? Et en plus, je n’ai rien trouvé depuis. Je me sentais minable, pathétique, inutile. Dans un sens, j’avais l’impression de la trahir et donc, je me sentais un peu mal. Elle m’a demandé si ça allait. J’ai baissé les yeux, j’ai pris une grande respiration avant de répondre à toute vitesse :

- JairientrouvédepuisladernièrefoisjesuisdésoléeEstcequetumenveux ?

Elle avait l’air tellement enthousiaste et moi... bah moi je cassais l’ambiance. Puis, je ne sais pas trop comment ni pourquoi, j’ai perdu mon équilibre laissant tomber mes livres dans la neige. Je me suis mise à les récupérer vite pour ne pas les abimer : un livre c’est un savoir précieux, un chemin vers une découverte.

Elle remarquait à peine la mine défaite de son amie tellement elle était dans son monde de bisounours. Elle souriait bêtement en attendant la réaction de son amie. Aujourd’hui il n’était pas temps de grandir pour Aliénor, elle voulait rester dans sa petite bulle de bonheur et d’insouciance et aussi la faire partager à qui le voudra. Pour l’instant, la seule personne capable de rentrer dans sa bulle est Tayana, en plus Aliénor était réellement heureuse de la voir en dehors des cours pour une fois.

- JairientrouvédepuisladernièrefoisjesuisdésoléeEstcequetumenveux ?

Aliénor sursauta presque devant cette phrase à grande vitesse et ouvrit de grands yeux. Elle prit un moment avant de décrypter la phrase de son amie, essayant de former les bons couples de lettres. Quand elle saisit enfin le sens e sa phrase, le regard d’Aliénor passa de surpris à tendre. Ca la touchait beaucoup que son amie soit autant impliquée dans leur aventure artistique. Elle avait cherché aussi de son côté, dans des bouquins, mais très peu, ce n’est pas son truc et elle avait demandé à sa professeur de sortilège si elle avait une idée d’un moyen pour rentrer dans un tableau. Celle-ci avait répondu très gentiment que personne n’avait jamais tenté ça à sa connaissance mais que les fantômes eux pouvaient s’y promener sans problème. Ceci n’avait pas vraiment aidé la fillette qui contrairement à un fantôme est bien vivante.

-Non je n’ai pas oublié ! J’ai demandé au prof de sortilèges mais elle m’a répondu que les fantômes pouvaient s’y aventurer mais qu’à sa connaissance personne n’était jamais rentrée dans un tableau…

Aliénor fit la moue en rabaissant son regard sur le sol froid du château. Mais elle était sûre qu’elle trouverait quelque chose, même si pour cela, elle devait attendre d’avoir plus d’expérience en sortilèges.

-Je suis sûre qu’on trouvera un moyen !

Aliénor sauta presque sur place, décidément aujourd’hui rien ne pouvait ébranler sa bonne humeur. Elle fit un grand sourire à son amie qui n’avait toujours pas une super tête.

-Aller viens on va se changer les idées ! Toute cette neige ça ne t’inspire pas ?

Aliénor secoua gentiment les épaules de son amie pendant qu’elle parlait puis en quelques bonds, elle se plaça sur le murait sous les arches qui les séparaient du manteau blanc. Elles avaient bien le temps de s’apitoyer sur un sortilège qu’elles ne trouvaient pas. La jeune fille s’accrocha à une colonne laissant la moitié de son corps dans le vide au-dessus de la neige qui n’attendait qu’à être souillée par deux fillettes qui s’amusent.

-Aller vient !

Aliénor se tourna face au parc désert et sauta dans la neige, manquant de tomber à sa réception elle était sûre qu’elle trouverait de quoi changer les idées de son amie.