Inscription
Connexion

31 août 2018, 16:45
Quand la guêpe revient au château  PV 
C’était quelques jours avant la rentrée. Kristen profitait des derniers instants de calme dans le château, habité uniquement par les quelques professeurs qui étaient arrivés en avance pour s’installer dans leurs appartements et par la délégation de l’école de magie chinoise. Owen était reparti avec son père au début des vacances, mais Kristen avait cru que les deux semaines passées ensemble avaient permis un petit rapprochement. Elle commençait même à se demander si elle devait être simplement honnête avec lui et lui dire pourquoi ils s’étaient séparés, des années auparavant.

La rentrée approchant, donc, Kristen devait régler un dernier petit détail. Un détail qui s’appelait Aelle Bristyle, qui lui semblait mesurer un mètre deux et être une petite boule d’énergie pleine de cris et de larmes, qui explose quand on tape un peu trop fort dessus. Kristen avait renvoyé Aelle chez elle suite à l’outrage qu’elle avait fait à Chu-Jung Xue devant toute l’école. Elle avait réussi à s’arranger avec le Ministère pour que la gamine puisse pratiquer la magie chez elle, sous la surveillance de ses parents, de manière très contrôlée, etc. (Kristen avait espéré ne pas faire d'erreur en se portant garante de l'enfant pour lui obtenir cette autorisation exceptionnelle...). Et aujourd’hui, Kristen reverrait Aelle et l’un de ses parents, pour décider de son retour à Poudlard et observer les progrès qu’elle avait faits durant l’année. Par exemple, devrait-elle redoubler sa deuxième année, ou passer en troisième année ? Était-elle prête à revoir son comportement ?

La directrice se dirigea vers le portail d’entrée de Poudlard, faisant virevolter sa cape de sorcière derrière elle, à l’heure du rendez-vous. Voyant la petite silhouette d’Aelle à côté de celle, plus grande, de son père, Kristen ouvrit le portail et dit poliment :

« Monsieur Bristyle. Aelle. Entrez, je vous en prie. »

Elle laissa un instant pour les salutations et autres politesses, puis, peu habituée à perdre son temps, s'adressa à la fois à Aelle et son père, les regardant successivement :

« Comment se sont passés ces quelques mois loin de l'école ? »

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou

06 sept. 2018, 08:45
Quand la guêpe revient au château  PV 
Dernière semaine d’août
Poudlard
Vacances d’été entre la 2ème et la 3ème année


Il m’était difficile de respirer, ce matin-là. Mes poumons semblaient recroquevillés sur eux-mêmes et ma gorge nouée ne voulait pas laisser passer le petit filet d’air que je sentais monter le long de ma trachée. J’étais coincée dans mon propre souffle et l’effervescence de Papa me montrait bien qu’il n’en avait rien à faire de ce que je pouvais ressentir. Il n’en avait rien à faire que mon esprit soit vide ou que ma bouche soit si sèche qu’aucun mot ne pouvait s’en échapper. Par dessous tout, il se fichait totalement de mon absence d’envie de retourner Là-bas et de la revoir, elle. Je n’avais eu cesse d’y penser cette dernière semaine : qu’allais-je pouvoir dire quand ses yeux qui m’avaient transpercés se poseraient sur moi ? Comment pourrais-je la regarder sans lui jeter ma colère au visage ? Papa m’avait dit que ma colère n’avait rien à voir dans l’histoire, mais moi je la trouvais foutrement importante. 

« On y va, ma puce ? »

Je baissai la tête pour que Papa ne voit pas mes sourcils froncés. De toute manière, il n’y prêta guère attention lorsqu’il s'agrippa à mon épaule pour transplaner. Le Domaine s’évopora autour de moi et une seconde plus tard j’avais fermé les yeux pour arrêter la bile qui remontait le long de ma gorge. Je ne les rouvrit qu’en sentant le sol réapparaître sous mes pieds. Mon épaule s’arracha de la poigne de Papa quand je tombai, les deux mains tendues en avant pour me retenir. Papa ne me laissa guère le temps de me débarrasser de mon malaise : il me redressa et épousseta mon pantalon, me caressant les joues en me demandant si j’allai bien. Comme j’avais décidé de ne pas l’excuser de m’amener ici, je ne lui répondis pas.

Derrière lui se dessinait la silhouette du château et c’est la seule chose qui m’importait pour le moment. Je levai de grands yeux sur sa présence imposante. Ses grandes tours sombres s’élevaient vers le ciel, dardant leur suprématie sur le paysage aux alentours. Je balayai du regard les montagnes et la présence invisible du lac à leurs pieds ; je regardai le parc et les arbres, les murs de pierre et les nombreuses fenêtres du château. C’était exactement comme j’imaginais : l’émotion s’arracha de mon coeur pour venir me frapper les yeux ; avec elle, un puissant ressentiment qui m’intima de ne pas laisser mes larmes couler. Je ne devais rien montrer au château, ni ma joie de le revoir, ni ma colère de le retrouver. Ni rien d’autre. Je m’efforcai de prendre de grande respiration. *Pas encore !*, me dis-je en sentant mes poumons se comprimer dans ma poitrine.

Je me retournai vers Papa, hésitante. Celui-ci était droit et grand, ses yeux fixés sur le chemin qui descendait des grandes portes jusqu’au portail. Moi aussi je regardai, et quand je vis -et reconnu- la silhouette sombre qui en descendait, je me rapprochai de Papa jusqu’à ce qu’il entoure mes épaules de son bras. A bien des égards, ce contact était plus effrayant que ne l’était la silhouette de Loewy. Mais actuellement, je préférai amplement ce geste onni mais banal au fleuve ardent qui n’allait pas tarder à pulser dans mes veines quand la sorcière arriverait près de nous.

Cela ne manqua pas. Le portail s’ouvrit lentement, aussi lentement que monta dans mon corps une vague de mal-être que je peinais à comprendre. Ma gorge se noua plus encore et mes sourcils se froncèrent au dessus de mes yeux qui, pour rien au monde, ne quitteront le sol.

« Monsieur Bristyle. Aelle. Entrez, je vous en pris. »

Le son de sa voix me fit frissonner. Elle m’avait toujours fait frissonner. Mais aujourd’hui, cela n’était pas dû à l’excitation de la découverte : Kristen Loewy était une Autre-adulte bien trop écrasante pour que je puisse apprécier ce qui venait d’elle.

Papa n’avait pas ce problème puisqu’un léger sourire barra son visage ; la grimace s’entendit jusque dans sa voix qui salua la directrice avec toute la politesse nécessaire, qui semblait être une obsession plus qu’un devoir. Il me traîna jusqu’à elle et je n’eu aucun loisir de résister : son bras sur mon épaule était une Loi à lui seul. Avance et mets ta fierté de côté, me disait-il.

Elle était grande Loewy. Je profitai de l’échange de courtoisie -après avoir fait mon effort en présentant un « Bonjour » marmonné difficilement- pour l’observer du coin de l’oeil. Elle était presque aussi grande que Zakary et drapée en noir comme elle l’était, elle paraissait plus encore inatteignable. J’aurai aimé avoir la force de lui dire ce que j’avais sur le coeur, mais cela ne faisait aucun doute qu’elle aussi n’en aurait rien à faire. Je ne pouvais qu’écouter mes poumons se tordre dans mon corps.

« Comment se sont passés ces quelques mois loin de l’école ? » demanda la sorcière sans autre forme de procès, comme si j’avais pris seule le choix de quitter le château.

Je sentis sur moi le regard froncé de Papa et je tournai résolument la tête vers la forêt interdite pour qu’il comprenne que je ne voulais pas répondre. Ma gorge était si nouée, comment aurai-je pu dire un seul mot sans m’effondrer en cris ?

« Etonnamment bien, finit par dire Papa avec la voix lente de Celui-qui-se-retenait-d’intervenir. Après des débuts difficile, Aelle a fait preuve d’une belle capacité d’apprentissage. »

La forêt était belle. Sauvage et profonde. Elle était ce qu’il y avait de plus sincère dans cette école. Et elle était un support bien confortable pour mon regard qui, fixé sur une branche supérieure d’un quelconque arbre, ne voyait rien de ce qu’il regardait.

« S’il lui reste des difficultés, elle est tout de même parvenu à étudier le programme scolaire de ces derniers mois avec brio. » Papa ria, un peu, et je devinai sans le voir que sa main frottait le bas de son visage. Peut-être devait-il me regarder ; mais bien peu : la politesse l’obligeait à pointer son regard dans celui de Loewy. « C’est assez impressionnant de constater ses capacités d’adaptation. Même s’il est certain qu’elle a souffert de ce renvoi. »

C’était plus fort que moi : je levai les yeux au ciel, secrètement affligée de voir qu’une fois encore, Papa n’avait rien compris à ce que j’avais vécu.

13 sept. 2018, 13:31
Quand la guêpe revient au château  PV 
Kristen écouta poliment la réponse du parent d’élève, même si elle aurait bien aimé obtenir quelques mots de l’enfant. Elle fit descendre ses yeux bleus sur Aelle, attendant un signe de sa part, un manifestation de sa présence dans l'espace. N’en obtenant pas, elle tourna les talons et invita le père et la fille à la suivre. Se mettant en route, elle dit d’une voix calme :

« C’est par leurs capacités d’adaptation que l’on reconnaît le potentiel des jeunes sorciers.  Il aurait été bon de montrer ces capacités il y a quelques mois, cependant. »

Marche ou crève était un peu sa ligne de conduite. Sois meilleur, adapte-toi, ou reste sur le côté. Intransigeante et très peu pédagogue, Kristen ne restait pas moins convaincue que sa façon de voir les choses était la bonne, dans ce monde où tout était fait pour vous bouffer.

« J’ai bien reçu la lettre que tu as envoyée, par ailleurs. C’est très proprement fait. »

La directrice de l’école lança à la jeune fille un regard en coin.

« J’aurais été pleinement satisfaite si je ne savais pas que les actes comptent bien plus que les mots, ajouta-t-elle en tournant la tête vers le père et en lui adressant un sourire incompréhensible.»

Cette lettre, en effet, était écrite d’une main d’enfant, mais soigneusement pliée, sans hésitations flagrante malgré les caractères légèrement brouillons. C’était, enfin, exactement ce que tout directeur d’école aurait attendu d’un mot d’excuse, et par conséquent ce que Kristen n’attendait pas spécialement. Le « cordialement » qui finissait la lettre était la cerise sur le gâteau, non seulement parce qu’il ne s’agissait pas, entre une enfant et une représentante de l'autorité scolaire, d’une entente « cordiale », mais aussi parce que c’était la meilleure façon de lâcher une tournure de politesse fade, expédiée négligemment par manque d’idées pour conclure en y mettant les formes. « Cordialement », n’exprimait rien, c’était de la décoration, et Kristen se fichait pas mal de la décoration. La décoration, c'était bon pour les ballets d'hypocrites entre adultes, auxquels elle participait d'ailleurs, parfois.

« Qu’en penses-tu, Aelle ? »

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou

17 sept. 2018, 10:13
Quand la guêpe revient au château  PV 
La branche que je fixais aurait du s'effondrer. Si tout le ressentiment qui brûlait dans mon cœur avait la capacité de détruire, elle serait déjà un tas de cendre sur le parterre d'herbes qu'elle recouvrait de son ombre. Mais puisqu'aucun pouvoir ne semblait être le mien en cet instant, rien d'inhabituel se déroula. Je ne pus que m'efforcer à contrôler mon souffle qui s'accélérait. C'était difficile : mon être tout entier semblait se rebeller contre moi. Mon cœur s'agitait et mon estomac se tordait. Même mes bras, normalement si dociles, venaient de s'élever contre mon grès pour se croiser sur ma poitrine, m'enfermant dans une poigne étrangement réconfortante.

Je sentis le regard de Papa sur moi. Je savais qu'il savait. Il savait que j'étais en colère et que je lui en voulais à lui pour ne pas montrer ma colère à Loewy. Et je crois que moi, je savais que c'était ce qu'il voulait. Tout plutôt que montrer ses mauvais sentiments à de grandes instances, n'est-ce pas ? Les disputes devaient rester en famille. *Pff, famille d'bouseux...*.

Je voulais me contrôler, mais c'était plus fort que moi. Je voulais qu'elle sache que je n'étais pas contente. Je voulais qu'elle le comprenne. J'allais me retourner vers la forêt pour lui montrer mon dos, à cette directrice, ouvertement jubilante à l'idée de me Montrer. Mais elle s'éloigna sans même un regard pour moi et Papa m'attrapa par la robe pour me tirer dans leur sillage. Je n’eus d'autre choix que trébucher sur le chemin pour les suivre en direction du château, l'effroi s'écoulant dans mes veines et l'échec cuisant brûlant dans mes yeux.

« C’est par leurs capacités d’adaptation que l’on reconnaît le potentiel des jeunes sorciers.  Il aurait été bon de montrer ces capacités il y a quelques mois, cependant, » s''éleva la voix de la directrice.

Je braquai mon regard sur elle. Pourquoi les adultes parlaient-ils toujours avec de grandes phrases ? Et ton Chinois, il s'est adapté lui ? eus-je envie de lui hurler. Je n'étais même pas sûre qu'il s'agissait de ce dont elle parlait mais moi, c'était cela que je souhaitais lui balancer au visage. Je m'étais excusé pour cette soi-disant impolitesse, mais personne ne s'était excusé envers moi. Je pensais cela nécessaire, mais j'aurai été bien incapable d'expliquer pourquoi.

J'affligeai Papa d'un regard sombre quand il hocha la tête en émettant un petit soupir. Idiot de Papa. Pourquoi était-il contre moi, aujourd'hui ? Je détournai rapidement les yeux quand la tête de Loewy se tourna vers moi :

« J’ai bien reçu la lettre que tu as envoyée, par ailleurs. C’est très proprement fait, me dit-elle de sa voix onctueuse. J’aurais été pleinement satisfaite si je ne savais pas que les actes comptent bien plus que les mots. »

Elle ne s'adressait plus à Papa. C'est à moi qu'était destiné cette voix étrangement calme. En un flash, me revint le souvenir de sa voix froide et de la colère pulsant sur son visage lorsqu'elle m'avait obligé à quitter le château. Un frisson coula le long de mon dos. Elle était effrayante. Kristen Loewy n'était certainement pas un adulte qui se préoccupait de préserver les enfants. Et si je l'admirais secrètement pour cela, je ne pouvais m'empêcher d'entretenir la rancune qui avait été la mienne tous ces derniers mois.

Papa avait un sourire poli sur les lèvres. L'un de ces sourires qu'il réservait aux Autres. Je n'aurai pas aimé être la personne à laquelle ce sourire était adressé, mais j'aimais particulièrement le fait qu'il l'offre à Loewy.

« Qu'en penses-tu, Aelle ? »

Mon cœur bondit dans ma poitrine. Merlin merci, j'étais si concentré à darder mon regard sur Papa que je ne sursautais pas. Pourtant, entendre mon prénom dans la bouche de cette femme me fit grincer des dents.

Mon esprit était une purée de rien. Les mots sur lesquels je devais donner mon avis se mélangeaient avec ceux que la sorcière m'avaient lancés le jour de mon départ, avec mes souvenirs de ces derniers mois. Plus j'essayai de fixer mon attention sur ce que je cherchai, plus mon crâne semblait vide. Je marchai à petits pas rapides auprès des deux adultes, essoufflée. Mais je savais que mon souffle m'était également volé par la panique qui commençait à s'insuffler dans mes veines.

« Aelle ? » me dit Papa. Je le regardai à peine. Il avait l'air soucieux. A moins que ce ne soit de la colère ? « Veux-tu répondre à ta directrice ? »

*Si j'dis non, tu vas m'faire quoi ?*. Rien de plus horrible que ce que j'avais vécu ces derniers mois, sans aucun doute. Elle, par contre, songeai-je en coulant mon regard sur Loewy, serait bien capable de ne pas m'accepter à Poudlard. Mais avais-je réellement envie d'y retourner ? Cette pensée m'effraya et j'ouvris la bouche sans même savoir ce que j'allai annoncer :

« Je... »

Je restai interdite un instant, le regard coincé sur Loewy, le cœur balançant entre colère et peur.

«  J'pense que... Les excuses sont des actes,» soufflai-je difficilement, me soustrayant à sa Présence en fixant résolument les grandes portes qui s'approchaient.

Je ne pu dire exactement si c'était la brûlure de la honte ou celle de la colère qui m'humidifia les yeux. Papa avait appelé cela de la fierté. Mais je n'étais pas sûre de ce qu'il avançait.  Moi, j'aurai nommé cela l'injustice.

30 sept. 2018, 21:28
Quand la guêpe revient au château  PV 
Kristen s’arrêta un instant et fixa Aelle, la tête un peu en arrière.

« Dire, c’est faire, mh ? »

Elle souffla un petit rire et fit quelques pas de plus. Elle leva sa baguette et fit un mouvement ample avec le bras. Les portes de Poudlard s’ouvrirent dans un grincement assourdissant. Kristen aimait ce bruit sourd, profond, de bois qui agonise. C’était comme si l’un des poumons de Poudlard se gonflait dans un douloureux ronronnement.

« Il est vrai que tu es une experte de la performativité, fit-elle. »

Elle se rendit compte que cela ne voulait rien dire pour une enfant de l’âge d’Aelle Bristyle. Elle se reprit donc :

« Les mots peuvent agir sur le monde. Tu en as fait l’expérience. Les excuses, cependant, sont les choses les moins consistantes de l’univers parlé, puisqu’elles ne représentent rien si elles ne sont pas sincères. Pour montrer leur sincérité, il faut agir autrement qu’en laissant de l’encre sur un morceau de parchemin. »

Quand elle posa le pied sur les dalles du château, celles-ci renvoyèrent un petit « clac » sonore. Le bruit des talons sur la pierre était si particulier, si ancré dans l’esprit de chacun, de chaque enfant : « un adulte approche ! » que les premières fois que Kristen porta des talons hauts, elle fut surprise de sa propre capacité à produire ce son par un simple mouvement de son corps. Aujourd’hui, cependant, elle ne s’en souciait plus – et le temps de l’enfance était loin, si loin ! c’était comme si jamais elle n’avait connu les réflexions (si justes) de cet âge.

Kristen retourna tout son corps vers Aelle et son père. Elle leur indiqua la Grande Salle, juste sur le côté, et dit :

« Installons-nous. Aelle, tu pourras me dire pourquoi tu mérites de revenir à Poudlard cette année. »

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou

02 oct. 2018, 14:31
Quand la guêpe revient au château  PV 
L'injustice faisait mal. Elle s'installait dans mes yeux pour en faire couler des larmes que je ne voulais pas ressentir. Aujourd'hui, malgré mon esprit fade et moelleux, j'étais concentré. J'étais si concentré à refouler les larmes de colère, ou de peur, que je parvins à réaliser ce que je souhaitais. Je les envoyai bouler tout au fond de mon corps, sans éprouver le moindre remord : la sorcière m'avait déjà vu chialer une fois, je n'allais pas me ridiculiser une seconde fois.

Quand je me tournai vers Loewy, j'avais l'espoir qu'il ne reste plus aucune trace sur mon visage de cette injustice refoulée. Dans mon dos s'ouvrirent les grandes portes du château et c'est exactement comme si celui-ci venait de me cracher l'air de ses poumons dans la face. Je me recroquevillai et m'éloignai un peu, tout en sachant que rien ne me préserverait de cette école.

« Il est vrai que tu es une experte de la performativité, » me dit Loewy.

Je n'aimais guère la femme. J'aimais la sorcière, son pouvoir, mais je n'aimais pas la femme qui cachait cette puissance. Je n'aimais ni son regard bleu flippant, ni sa voix qui me faisait me sentir si nulle. Si elle n'avait pas été aussi bonne sorcière, j'aurai pu me demander qui avait bien pu avoir l'idée de mettre cette chose à la tête d'un établissement plein d'enfants. C'était pourtant une adulte qui savait parler aux enfants ; mais il y avait quelque chose dans sa voix qui me donnait envie de hurler.

Je levai mes yeux sur elle, hésitant entre faire semblant d'avoir compris sa phrase et lui dire clairement que je ne captais rien du tout. Elle me prit de court et crut utile de m'expliquer ses mots. Je fus rassurée et étrangement agacée qu'elle prenne cette peine. Au fur et à mesure qu'elle parlait, une grimace franche s'afficha sur mon visage. Il faut agir autrement qu'en laissant de l'encre sur un morceau de parchemin. J'avais la désagréable impression que la directrice allait aspirer toute ma consistance avec un seul de ses regards ; et un seul de ses mots.

Je grimpai les marches derrière elle, m'éloignant d'un Papa qui me jetait des regards graves à tout va. Mes sourcils étaient froncés au-dessus de mes yeux, comme pour montrer au monde que moi, je n'étais pas d'accord avec Loewy. Cette dernière m'avait demandé ce que j'en pensais. Cette question n'avait sûrement pas de limite dans le temps, elle était donc d'actualité, n'est-ce pas ?

Nous nous arrêtâmes devant les portes de la grande salle. Dans le hall, ma concentration vacilla. Je levai de grands yeux sur le haut plafond, me gorgeant de cette vue qui fit battre mon cœur. Les murs de pierres, le grand escalier qui s'enfonçait dans les hauteurs, les passages, les portes. J'étais au château. Une boule se forma dans mon ventre et celle-là, je n'allais pas l'en déloger de sitôt.

Loewy nous indiqua la Grande Salle. Moi, je n'y vis qu'un moyen de me coincer entre quatre murs pour me faire dire des choses que je ne pensais pas. J'opinai cependant de la tête, comme si quelque chose de plus grand m'obligeait à agir. C'était Papa, c'était certain. Un regard vers Loewy me  força également à avancer – elle, elle avait le monopole de mes jambes –. Dans ma tête, je ne pus m'empêcher de me demander ce qu'il y avait de différent entre présenter des excuses sur un parchemin et dire des mots idiots en face à face.

Je regardai à peine la Grande Salle avant de me tourner vers les adultes.

« J'vois pas comment..., commençai-je en baissant la tête, incapable de soutenir le regard de la femme. Mes excuses sont des excuses. J'm'excuse. J'peux pas montrer ça par des gestes... »

Je coulai un regard vers Papa. Il me regardait avec sévérité ; je le détestai, Merlin que je le détestai en cet instant. Le cœur douloureux, je me tournai vers Loewy, repoussant l'angoisse qui m'enserra les poumons quand je tombai dans ses yeux :

« Parce que c'est des mots. » Regard noir de Papa. Je grimaçai discrètement avant de m'éclaircir la voix : « Madame. »

La fin de ma phrase mangea mes mots. Plus je parlais, plus j’avais la sensation que Son regard pesait une tonne. Le regard de Loewy n’était aisé ni à soutenir ni à supporter. Et même ainsi, la tête baissée et les yeux résoluments fixés sur le bout de mes orteils, j’avais la sensation qu’elle me perforait de part en part de ses yeux trop bleus.
Un crochet agrippa mon esprit, luttant pour le tirer dans les bas-fonds de ma peur. Il me faisait mal, car à chaque fois qu’il l’accrochait, mon coeur s’en allait avec lui. Et à chaque fois que mon palpitant se barrait, j’avais l’impression que chacun de mes mots était une bombe à retardement. Et l’explosion serait la colère de Loewy.

Je le savais, pourtant. Je l'avais deviné à l'instant même où Papa m'avait dit que Loewy nous avait convié dans son château. Je savais que je devrais dire des choses. Papa m'avait dit d'y réfléchir sincèrement, de mettre ma fierté de côté si je voulais revenir au château. Il m'avait dit que ce ne serait pas la dernière fois que j'aurai à faire quelque chose que je ne voulais pas faire et je trouvais cela foutrement con. Il n'y avait que les adultes pour s'obliger alors qu'il était bien plus agréable d'agir selon nos souhaits. Je ne les comprenais pas. Et aujourd'hui, en avisant la grimace de Papa et son regard noir, je ne les compris pas non plus.

*Pourquoi j'mérite de rev'nir ici, hein ?*
Par tous les mages, je n'en avais pas la moindre idée.

02 oct. 2018, 18:18
Quand la guêpe revient au château  PV 
Fatiguée d’expliquer, de tenter d’expliquer la différence entre des excuses dans une lettre : de l’encre sur du papier, et les actes qui prouvaient la sincérité de ces mêmes excuses, Kristen soupira. Sans sincérité, les excuses écrites n’étaient que des taches sur une surface plane et blanchâtre qui servait de support à l’écriture, comme les excuses faites à l’oral, si elles n’étaient pas pensées, n’étaient rien d’autre que du bruit produit par des cordes vocales. Par ailleurs, elle n’eut pas le courage de corriger Aelle qui s’excusait au lieu de présenter ses excuses pour les laisser à son acceptation. Ce n’était pas utile, bien que la précision aurait pu être intéressante pour une enfant qui, de toute évidence, pensait qu’il existait deux mondes bien distincts : le monde des Mots, fermé sur lui-même et régi par ses propres lois, et le monde des gestes. Aucune porosité. Quant à savoir quel monde était le théâtre de l’autre, Kristen préférait laisser cette question de côté pour le moment.

Elle pinça ses lèvres et se positionna devant les bancs d’une table au hasard. Celle des Poufsouffle, peut-être, ou des Serdaigle. De sa main gauche, impeccable et implacable, elle montra le banc d’en face à Aelle Bristyle et son père. L’enfant était une petite chose aux sourcils froncés, aux épaules fâchées, à la tête baissée. Kristen pensa aux plantes sensitives. Mimosa pudica. Aelle Bristyle était une plante sensitive. Par certains aspects, elle ressemblait à Owen ; et Kristen ne comprenait pas Owen.

L’adulte s’assit et croisa les jambes comme une adulte : son pantalon noir d’adulte remontait au-dessus de ses chevilles osseuses d’adulte. Elle posa le coude sur la table avec nonchalance ; Kristen adorait feindre la nonchalance, si bien que depuis bien longtemps, elle ne la feignait même plus. La lassitude des explications sur ce que sont ou ce que ne sont pas les excuses, quant à elle, était passée.

« Je t’écoute, dit-elle. Pourquoi devrais-je accepter ta réinscription pour cette année ? »

Elle releva la tête, soudainement illuminée par une idée qui lui sembla inédite, mais qui était, à vrai dire, parfaitement cohérente avec la personne que Kristen était.

« Ou plutôt, j’aimerais que tu me le montres. Oui, montre-moi pourquoi tu mérites de revenir à Poudlard. »

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou

29 oct. 2018, 09:23
Quand la guêpe revient au château  PV 
Tête baissée et yeux furtifs, je regardai Loewy faire peser son regard sur moi ; avec sa face toute plate, qui ne disait rien, c’était comme si mes mots n’avaient aucune importance. Comme s’ils étaient futiles.

Je me posais les mauvaises question. Voilà ce que je devais me demander : pourquoi devrais-je avoir envie de revenir ici ? Le Savoir, la Magie. Certes. J'avais accès à tout cela à la Maison. J'avais trois frères assez intelligents pour m'apprendre, une mère foutrement calée dans son domaine et un père qui avait accès au savoir. A tout le Savoir. Qu'avais-je à gagner à rester dans ce château plein de pierres ?
Je ne pu que me détester de ne pas réussir à trouver la réponse  ; mon coeur qui s’agitait en voulant me faire croire que je voulais revenir n’était pas la bonne réponse. *Foutu château*.

La gorge nouée, je pris place sur le banc que montrait la longue et blanche main de Kristen Loewy. Je posai le plus petit bout de mes fesses possible et je tirai sur mon dos pour me grandir, pour me tenir aussi droite que possible devant cette femme dont un seul de ses regards pouvaient me faire flancher. Papa s’assit tout près de moi. Vraiment près. Sa jambe frôla la mienne et son gros bras vient caresser la nudité du mien. Je frissonnai, un peu, mais je ne me décalai pas. Sa chaleur me réconfortait. Avec lui, j’avais un peu de la Maison avec moi. C’était rassurant.

« Je t’écoute. »

Les paroles de Loewy avaient pris tant de temps à venir et sa face était si inexpressive qu’entendre sa voix me fit sursauter. Du sursaut de Celle-qui-s’était-perdue-dans-ses-pensées plus que d’effroi. Papa ressentait énormément de chose, et à l’instant où il exerça discrètement une pression sur mon bras je compris qu’il avait senti mes muscles se tendre sous l’appréhension. J’aurai voulu grimacer, mais elle était juste en face de moi ; vraiment en face.

« Pourquoi devrais-je accepter ta réinscription pour cette année ? » demanda Loewy de sa voix qui coulait.

La question me prit au dépourvu ; ma bouche s’ouvrit légèrement. Ses paroles sous-entendaient que j’avais fait l’intelligent choix de me réinscrire dans cette école. Mais de ce que je savais, personne n’avait effectué cette démarche puisqu’à aucun moment je n’avais été désinscrite. Je pensai, un instant durant, préciser ce fait à la Directrice, mais les souvenirs flottants dans cette salle m’empêchèrent d’ouvrir la bouche. Ils grouillaient de partout, ces souvenirs. Notamment dans ma tête et sur mon bras que Loewy avait accroché pour transplaner avec moi.
Je déglutis difficilement et j’enfoncai ma main dans ma robe pour en sortir ma baguette. Discrètement, je la fis tourner entre mes doigts.

« Ou plutôt…, » repris Loewy avec un air flippant sur le visage - enfin, il était possible de le lire, mais cela ne m’offrait aucun réconfort. « J’aimerai que tu me le montres. Oui, montre-moi pourquoi tu mérites de revenir à Poudlard. »

Sa voix s’éleva dans les hauteurs de la Grande Salle et disparut dans les confins du faux ciel faussement paisible. Elle disparut pour laisser mon esprit aussi vide qu’au premier jour ; un trou sans fond dans lequel j’aurai aisément pu me perdre si je n’avais pas eu ma baguette magique dans les mains. Béate, je baissai ma tête sur elle, observant la longueur de sa tenue et la beauté de son bois. Puis je relevai un oeil sur Loewy qui me regardait avec sur le visage, une attente bien particulière.
*Alors c’est ça qu’elle veut ?!*.

Si je n’avais pas été emprisonnée par la Présence de la sorcière noire, j’aurai rit. Elle ne souhaitait pas que je fasse amende honorable comme pensait Papa, ni même que j’invente mille mensonges pour lui dire combien j’étais différente à présent. Non, elle voulait que je lui fasse une démonstration de mon talent. Qu’elle comprenne donc : j’avais entièrement ma place en troisième année.

Je me levai, poussant sur mes jambes pour me forcer à m’éloigner du bras réconfortant de Papa. J’essayai de me remettre à l’esprit ces derniers mois d’apprentissage, ces heures passées dans l’arrière boutique à étudier, ces moments cachés derrière une bibliothèque de la Tour pour apprendre ce qui n’était pas à apprendre ; pour comprendre le monde. Tout m’était resté en tête ; tout, même les moments d’ennuie extrême qui m’avaient donné envie de jeter mes manuels à travers la pièce.

Sûre de moi mais étrangement gênée, je me retournai pour faire face aux Adultes après m’être éloignée de quelques pas. Ma baguette était incertaine contre la moiteur de mes paumes. Papa s’était tourné vers moi, un air soucieux sur le visage que je ne compris pas. Quand il croisa mon regard, il m’offrit néanmoins un petit sourire auquel je ne répondis pas. Face à lui, Loewy Était et cela était amplement suffisant pour faire s’emballer mon idiot de coeur.

Je croisai les regards de chacun avant de grimacer et de me tourner pour leur montrer mon dos. Leur regard était particulièrement déstabilisant et je savais que je n’avais pas droit à l’erreur. Je savais que je préférais mourir plutôt que de ne pas réussir mon sortilège devant la directrice.
Je fermai les yeux, gardant ma respiration cachée dans mes poumons, ciblant mon esprit sur l’effet de mon futur sortilège. Puis j’expulsai doucement l’air de mon corps puis inspirai longuement. Ce faisant, mon coeur se calma dans ma poitrine. Quand il ne fut plus qu’une chose indistincte, je levai ma baguette et j’ouvris les yeux, entièrement focalisée sur ma magie.

« Repulso, » m’écriai-je d’une voix sourde.

Le sortilège fusa hors de ma baguette et vint frapper le dernier banc de la table Poufsouffle. Les yeux brillants, j’observai, soupirant déjà sous la sensation exaltante qu’avait laissé la magie dans mon corps.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 22 déc. 2018, 08:19, modifié 1 fois.

19 déc. 2018, 17:31
Quand la guêpe revient au château  PV 
Le sortilège d’Aelle Bristyle avait été à peu près semblable à une balle de fusil, soudainement expulsée de sa baguette, avec une force assez remarquable. Sa magie, en fait, semblait avoir été comprimée puis relâchée hors de son corps, passant par le bout de bois qu’elle tenait dans ses petites mains d’enfant, pour aller frapper un banc qui n’avait rien demandé à personne, et qui recula de quelques centimètres avant de se renverser tout à fait. Kristen afficha un air satisfait et lança un regard au géniteur de la jeune fille.

« Bon, fit-elle. »

Se levant, elle ajouta quelques mots :

« Disons que c’est… plutôt convaincant. Et c’est un choix intéressant. »

En effet, le choix du sortilège d’Expulsion pouvait ne pas être anodin. Fort heureusement, Kristen n’était pas là pour faire de la psychologie. Toujours est-il qu’il y avait quelque chose chez Aelle qui parlait pour elle – une force intérieure hostile qui paraissait autant dans le choix des sorts utilisés que dans leur puissance.

Kristen s’adressa au père d’Aelle, le fixant de ses yeux bleus :

« Aelle pourra revenir à Poudlard à la rentrée, en troisième année. »

Et, se tournant vers la jeune Poufsouffle, elle dit avec un sourire plus inquiétant que soulageant :

« Il va de soi, cependant, que je veillerai personnellement à ce que son comportement soit irréprochable. »

Elle fit un pas vers la jeune fille.

« J’attends de vous le plus grand sérieux pour cette troisième année. Je ne tolérerai pas la moindre faiblesse de votre part, et sachez que je suis tout à fait disposée à vous faire réintégrer les classes de deuxième année si vous aviez l'idée de faire preuve, ne serait-ce que d'une once, de médiocrité. »

Repassant au vouvoiement, Kristen se positionnait à nouveau en tant que directrice de l'école d'Aelle - une directrice exigeante, intolérante, mais qui, au fond, l'encouragerait à repousser ses limites.

Toutes mes excuses pour ce retard effroyable.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou

22 déc. 2018, 09:55
Quand la guêpe revient au château  PV 
Le bruit que le banc fit en tombant sur les dalles en pierre résonna, pendant quelques secondes, avec l’éclat de ma propre magie qui me fit frissonner. J’abaissai lentement mon bras, ma baguette fermement serrée dans la main. Lorsque je me retournai, bien que je fus curieuse de la réaction de Loewy, c’est la tête de Papa que je vis en premier : il rayonnait de fierté. Je tombai dans ses yeux et mes joues rougirent en avisant l’éclat qui les faisait briller et son immense sourire. Mon coeur explosa de joie dans ma poitrine. Soudainement, je n’eu plus peur. Je me sentai euphorique.
Ces sensations disparurent lorsque je regardai Loewy. Son regard bleu me transperça et je me rappelai que j’étais ici pour être évalué et non pas pour faire une démonstration de mes talents - qui, je dois le dire, me paraissaient remarquables. Mais sur le visage de la grande sorcière, celle-là même qui m’avait étouffé de sa rage il y a six mois, nulle trace de déception ou de colère. Cela me rassura étrangement et c’est en fronçant le regard que je tentai, en vain, de décrypter ce que cela pouvait bien signifier.

Papa et elle échangèrent un regard, lui hocha la tête et elle laissa échapper un « Bon » qui ne me rassura en rien. Elle se leva, je crispai la main sur ma baguette et baissai les yeux :

« Disons que c’est… plutôt convaincant. Et c’est un choix intéressant, » dit-elle alors.

Mon cou craqua quand je levai la tête ; convainquant ? Pour la deuxième fois de la journée, mon coeur se souleva de joie avant que je ne l’écrase sans pitié ; ne te réjouis de ce qu’elle peut te dire ! Je regardai Papa qui ne savait plus s’arrêter de sourire. J’attendai son verdict, mais il ne dit rien. Il se détourna de moi quand Loewy s’adressa à lui et je crois que son visage n’eu pu exprimer une joie aussi sincère qu’en ce jour :

« Aelle pourra revenir à Poudlard à la rentrée, en troisième année. »

Ces mots achevèrent de m’arracher le coeur. J’écrasai ma lèvre de mes dents pour empêcher mon souffle de me quitter. J’allai revenir à Poudlard. Mon coeur se mit à s’agiter dans ma poitrine et je baissai les yeux aux sol pour que ne se vit pas mon bouleversement. La peur, qui m’avait quitté suite à mon sortilège parfaitement réussi, s’infiltra dans mes veines et s’agrippa à mes épaules. J’allais revenir ici. *Non*. J’allais partir de la Maison.
L’angoisse me fit blêmir. Le futur me semblait soudainement plus aussi certain qu’il ne l’était la veille ; comme si je plongeais la tête la première dans le lac noir. C’était le cas et je crus que j’allai tomber lorsque mes jambes se mirent à trembler.

Je relevai à peine la tête quand Loewy parla. Sa voix était un gouffre d’information ; son intonation me confirma qu’elle s’adressait à moi et ses mots me chuchotèrent que je n’avais certainement pas retrouvé le statut d’élève banale qui ne méritait pas un regard de la Directrice. A mon plus grand effroi, le personnellement qui s’échappa de ses lèvres me fit frémir et je devinai que je n’aurai plus aucune liberté au château. Je sus avant même de le vivre que je ne pourrais plus quitter mon lit la nuit pour aller fouiner dans les couloirs sans que l’ombre de la femme ne me fasse frémir.

« J’attends de vous le plus grand sérieux pour cette troisième année, reprit Loewy d’une voix qui ne laissait pas la place à la discussion. Je ne tolérerai pas la moindre faiblesse de votre part, et sachez que je suis tout à fait disposée à vous faire réintégrer les classes de deuxième année si vous aviez l'idée de faire preuve, ne serait-ce que d'une once, de médiocrité. »

Réintégrer les classes de deuxième année ? Par Merlin, il était hors de question que cela se déroule ainsi ! Le visage froissé que je levai vers elle m’avertit de ne pas parler, mais le terme médiocrité me titilla plus profondément que je ne l’aurai souhaité. Je levai un peu le menton et me redressai inconsciemment :

« Ça n’arriv’ra pas, » affirmai-je du bout des lèvres.

Je voulu dire autre chose, mais son regard me fit me taire. Le bleu de ses yeux était effrayant ; je me souvins qu’il pouvait s’enflammer et me ratatiner sur place au moindre souffle de sa colère. Et je ne savais que trop bien qu’une Kristen Loewy apaisée était bien plus intéressante qu’une Loewy enragée. Pour la première fois depuis le mois de février le souvenir enflammée que j’avais d’elle - celui qui me faisait m’étouffer de rage presqu’autant qu’il m’effrayait - s’effaça ; se superposa sur celui-ci l’image de la femme que j’avais rencontré dans les couloirs en première année, celle dont les mots m’avaient alpagués. Mon coeur se serra quand je constatai qu’il ne restait de mon admiration qu’une once de colère mêlée de peur.

Parce que je sentai la force d’un regard peser sur moi, je levai la tête pour regarder Papa. Fronçant les sourcils, il désigna d’un coup de menton ma Directrice et je devinai sans peine ce qu’il attendait de moi. Le coeur en branle et l’esprit révolté, je m’approchai à petits pas de Loewy. J’essayai de ravaler le sentiment de honte qui explosa dans mes veines, mais cela me fut impossible. J’arrivai près d’elle le visage déchiré d’émotions contradictoires ; la peur de me trouver près d’elle se mêlait à la répugnance de ce que j’allais faire. Mais Papa ne me laisserait pas en paix si je n’agissais pas.

Je tendis ma petite main à la grande femme et sans la regarder je marmonnai :

« Merci. »

Regard vers Papa.

« Madame. »

Merci de quoi ? Je n’en avais aucune idée. Merci de me laisser retourner dans ce château que je ne voulais pas retrouver ? Merci de voir mon talent et mes capacités ? Merci de ne pas m’en vouloir à vie pour avoir fait ce que je ne pensais pas regretter ? Merlin, la tête me tourna quand je pensai à tout ce que signifiait mon retour dans ce château.