Deux mois de vacances. Deux mois de repos, de grasses matinées et de journées à ne rien faire. Chems  les regrettaient déjà. Ça avait été assez bizarre d'observer la cérémonie de répartition des premières années en spectateur. De voir autant de nouvelles têtes à la table des Poufsouffles et des professeurs. Bizarre c'est vrai... mais assez fascinant dans un sens. La meilleure partie de ce retour avait assurément été de retrouver son dortoir et les quatre visages qu'il avait apprit à apprécier et qui étaient devenu une source de réconfort dans le coeur du garçon. Franchement, si on lui avait dit qu'une école allait autant lui manqué un an plus tôt, Chems aurait rit au nez de l'audacieux qui aurait essayer de lui faire gober ses salades. Mais Poudlard n'était pas une école comme les autres. Dans tout les domaines.... Chems avait eu un an pour s'en rendre compte. Et il parvenait encore à se laisser surprendre.

Au final, le garçon avait finit par retrouvé le chemin du parc à peine rentré de vacance. Haut lieu de liberté, refuge, et terrain d'essai de ses envies de jeu lorsque le vieux concierge était trop présent (et trop méfiant) dans les couloirs. Revoir le grand espace verdoyant du château si vaste et magnifique fit monter en lui une irrépressible envie courir. Juste comme ça. Profité de l'espace avant de devoir reprendre les cours, enfermés entre quatre murs. Peut être qu'il passerait voir son ami le saule et qu'il pourrait grimpé à l'une de ses branches cette fois, avec le micro centimètre qu'il avait prit pendant les vacances. 

Le temps ne serait-ce que d'avancer son pied qu'il se retrouva brusquement déstabilisé de son côté droit, croisant précipitamment sa jambe pour y appuyer son poids du corps si soudainement décalé vers la gauche, en relevant ridiculement les bras pour se stabiliser. Se redressant, les sourcils légèrement froncés d'ennui, il tourna le visage vers la source de la bousculade « Hey ! Fais ga-...»

« Je suis désolé, j'aurais dû faire attention. Je te jure que je n'ai pas fait exprès. J'étais concentré sur un point et j'ai oublié qu'il y avait des gens autour de moi. Je t'en supplie pardonne-moi. » «...»
O-kay.... 

La voix de Chems mourut dans sa gorge, asséché par la tirade précipité et un peu paniqué de l'inconnu. Jaugeant la teinte assombrit d'embarras de son interlocuteur, il força un sourire un peu raide mais qu'il espérait au moins rassurant. « Ça va détend-toi c'est pa-...» « Je suis nouveau, je ne voulais pas perturbé ta promenade. Je m'excuse mille fois. Cela n'arrivera plus. » 

Chems souffla par le nez d'impatience de s'être fait encore une fois coupé, les yeux larges d'incompréhension. En voila un mec bizarre. Faisant tout les efforts du monde pour garder le coins de ses lèvres relevés et ne pas se faire happé par la gêne grandissante de cette situation, il laissa deux minutes s'écoulé pour être sûr que le brun eut finit de vider son sac et fourra ses mains dans ses poches. « Cool. » répliqua t-il simplement en haussant les deux sourcils pour faire comprendre à l'étrange garçon l'importance inexistante de ce minuscule accident. Chems aurait pu tourner les talons de là, et allé poursuivre ses affaires ailleurs. Mais non. Sa conscience -ou peut importe quelle force spirituelle-l'empêchait de bouger. Il se voyait mal donner le dos à ce gars en laissant en suspend cette impression d'embarras désagréable et injustifié. À l'encontre d'un nouveau en plus. Il était pas si effrayant que ça quand même. D’autant que ce gars le dépassait presque d'une demi tête... Bon. Il pouvait au moins essayé de briser la glace.

Cherchant ses mots tant bien que mal en évaluant le garçon des yeux, Chems trouva sa porte de sortie sous la forme de l'ouvrage familier qu'il avait eut l'occasion d'étudier en première année dans le creux du bras tremblant de l’inconnu.

 « Ah ! Ce bouquin ! J'ai dû le toucher deux fois l'année dernière: Quand je l'ai acheté et au moment de le mettre dans ma...» Chems lâcha le livre des yeux pour les poser sur le visage du première année. Ou du moins il aurait voulu.  Ses épaules retombèrent brusquement de découragement. «...valise» Allons bon, voila qu'il n'osait même pas le regarder maintenant...

S'humectant les lèvres, légèrement exaspéré, Chems se déplaça de sorte à pouvoir agiter sa main devant les yeux baissés du garçon visiblement trop intimidé par une situation qui n'aurait pas du l'être « Hey, tenta t-il doucement en se tordant le buste pour essayer d'être visuellement repérable pour le jeune confus. Si tu peux lever un tout petit peu ta tête, ce sera vachement plus simple pour parler. Je t’ai dis que c'était pas grave.»

Adrien avait tellement parlé rapidement qu'il n'avait pas laissé son interlocuteur terminer ses phrases. S'en rendant compte, il se sentait encore plus mal à l'aise par la situation. Il semblait être malpoli et ce n'était en rien ce qu'il était.

Lorsqu'il eut fini son long monologue, Adrien attendit la réponse de l'inconnu. Celle-ci tarda à arriver le laissant dans une forme de malaise assez déplaisant. Il rougissait fortement et pensait que les sorciers pouvaient être vite énervés pour un rien risquant peut-être d'être transformé pour cette bousculade. Il savait que c'était interdit par le règlement et qu'il était sans doute difficile d'utiliser une telle magie mais il se méfiait tout de même.

Lorsque le garçon prononça ce mot "Cool", Adrien semblait déjà un peu plus à l'aise car il comprenait qu'il s'était inquiété de manière trop importante pour un évènement qui n'était pas si grave. Il se sentait idiot d'avoir tellement stressé et il se doutait qu'il devait paraître bizarre.

Adrien avait eu très peu d'amis garçons en primaire, il s'entendait plus facilement avec les filles. Une chose faisait qu'il était plus intimidé par les garçons. Sa famille était composée de quasi que des garçons à part sa mère mais en-dehors de sa famille, il avait toujours du mal de créer des liens avec les garçons. Il y a avait une sorte de crainte de ne pas être apprécié pour ce qu'il est. Il avait peur que les garçons se moquent de lui. Sa réaction exagérée venait de cette peur. Il décida de se taire pour laisser l'inconnu lui parler pour ne pas paraître encore plus bizarre. Bien qu'intimidé et regardant vers le sol, il écoutait attentivement ce qu'il disait.

« Ah ! Ce bouquin ! J'ai dû le toucher deux fois l'année dernière: Quand je l'ai acheté et au moment de le mettre dans ma...»

Il fut étonné que l'inconnu aux tâches de rousseur sur le nez agitait sa main devant son visage. Il avait un peu peur de le regarder dans les yeux. Il avait l'impression qu'on pouvait lire tout de lui et qu'il devenait un livre ouvert.

"Hey, si tu peux lever un tout petit peu ta tête, ce sera vachement plus simple pour parler. Je t’ai dis que c'était pas grave"

Adrien leva sa tête et regarda à nouveau le visage de son interlocuteur. Adrien était rouge, il était confus. Il se sentait bête face à ce garçon qui semblait sûr de lui, à l'aise, alors que lui apparaissait comme faible. Il prit le temps d'analyser le garçon pour voir chaque détail et reprendre ses esprits.

"Oui pardon... Tu as raison, ce n'est pas très poli de regarder vers le sol. Je suis un peu timide, je l'avoue. Je n'ai pas encore rencontré beaucoup de gens dans le monde des sorciers, c'est une nouveauté alors j'ai peur de mal me comporter. "

Il regarda le livre qu'il tenait en main et sourit à son interlocuteur.

"Ce bouquin est très intéressant je trouve. Je ne sais pas encore manier la magie alors je me cantonne à lire les livres et ce dernier est très intéressant. Il y a tellement de créatures magiques, j'ignorais tout de ce monde et je suis envoûté à chaque page que je lis."

Avant de partir dans toute une analyse du livre, il s'arrêta se disant qu'il allait endormir son interlocuteur qui devait déjà connaître toute la matière. Il reprit de plus belle la conversation, c'était un moulin à parole et quand le stress était là, on avait du mal à l'arrêter.

"J'ai oublié de me présenter, je suis Adrien Law. Je suis en première année comme tu as pu le constater. Je suppose que tu es en deuxième année, tu dois connaître pleins de choses. J'espère m'en sortir et réussir cette année. Il y a tellement de choses à apprendre. Tout me parait inconnu et surréaliste."

A parler trop, il avait peur que son interlocuteur parte sans dire un mot alors il reprit son souffle et laissa le garçon répondre. Adrien le regardait attentivement, il ne savait pas déceler s'il l'ennuyait mais il priait pour que ce ne soit pas le cas.

Tu t’excuses beaucoup pour pas grand chose, accusa pensivement Chems mais eut la décence de gardé la bouche fermé pour ne pas bousculer ce qui ressemblait à un cas de timidité maladive. "Un peu" timide mon oeil. Chems ne jugeait pas cette qualité, peut importe combien elle pouvait être envahissante dans une situation, mais il savait reconnaître une personne avec ce trait de caractère bien présent,  comme au point de ne pas pouvoir soutenir son regard « Je n'ai pas encore rencontré beaucoup de gens dans le monde des sorciers, c'est une nouveauté alors j'ai peur de mal me comporter. » 

Cette phrase l'interpella plus que de raison. Autant il était perdu par ce que le garçon avait bien voulu dire par "mal de se comporter", autant l'arrière pensée familière au dessous de la phrase anodine envoya une sensation  particulière de déjà vu. Bien sur que Chems allait réagir, il était passé par cette même phase d'acceptation et de recherche pour ne pas reconnaître l'égarement dissimulé derrière la phrase "Je ne suis pas familier au monde des sorciers". L'égarement d'être "nouveau". Pas à l'école, mais dans ce monde magique. Chems se revoyait dans cette tour d'astronomie, un an plus tôt, à la recherche des mêmes réponses que le garçon en face de lui. Il avait eu de la chance. Il avait réussit, à défaut de trouver sa place, de s'en créer une. Mais il n'était que trop familier à la sensation d'exclusion pour en être indifférent. Sachant ça, le regard qu'avait Chems sur ce garçon s'améliora singulièrement. Il était timide, il était peut être trop tôt pour dire qu'il était maladroit après une simple bousculade, mais au moins assez distrait par ce nouvel entourage. Il ne réagissait pas comme lui, mais il ressentait les mêmes choses qu'il avait lui-aussi une fois ressentit. Ces réflexions firent perdre le rictus amusé du Poufsouffle qui se fit plus attentif. 

Lorsque le garçon releva un visage souriant pour lui présenté son livre si intéressant, il ne se força plus à lui rendre l'attention. Au moins pour qu'il se sente plus à l'aise en sa présence. Écoutant posément -ce qui était très curieux venant de lui- les paroles de ce nouvel arrivant à Poudlard comme on écoute un vieux conte dont on ne lasse pas. Et Chems se surprit à penser que s'il avait lui-même ouvert un livre, peut être aurait-il pu découvrir bien plus rapidement toute les choses qui l'avait anciennement tant surprit. Mais à quoi bon se gâcher la surprise? Il avait vécu toute ces choses "envoutantes" comme il disait, et il avait hâte que son nouvel interlocuteur en face de même maintenant. Y'avait un pas entre lire la chose et la vivre. Chems ressentit de l'empressement pour ce nouveau qu'il venait à peine de croiser. Il était pressé que le garçon découvre tangiblement ce que ces livres lui racontaient. Et il voulait voir ça. 

« J'ai oublié de me présenter, je suis Adrien Law. Je suis en première année comme tu as pu le constater. Je suppose que tu es en deuxième année, tu dois connaître pleins de choses. J'espère m'en sortir et réussir cette année. Il y a tellement de choses à apprendre. Tout me parait inconnu et surréaliste.»

Il souffla par le nez d'amusement. Constater ? Ce gars utilisait décidément plein de mots amusants que Chems se croyait capable de saisir mais qui ne passait finalement pas la barrière de sa compréhension. « J'ai rien constaté du tout, tu me l'as dis, répondit-il candidement, attrapant  la seule main libre d'Adrien et se mit à la secouer vigoureusement, comme il voyait son père le faire quand il croisait ses amis sorciers. Chems, enchanté ! Je suis en deuxième année mais je connais pas grand chose à part ce qu'on enseigne ici. » Il lâcha finalement la main du première année et désigna le livre de ce dernier d'un mouvement de tête en sa direction « Tu dois en apprendre vachement plus avec tes livres mais je suis pas pressé » acheva t-il souriant, avec un haussement d'épaule. « Alors Adrien..., commença t-il, pas le moins gêné du monde, sa voix emplit de la désinvolture avec laquelle il aimait bien entamé une conversation au moins cordiale. Le saule bien loin de ses objectifs maintenants, ses yeux s'attardèrent sur l'appareil familier dans les mains du brun. Tu fais des photos ? »

Chems décrocha totalement dès que le première année entama le sujet tabou des bouquins. Sa tête bascula dangereusement sur le côté pendant que son esprit cherchait à creuser dans tréfonds de sa mémoire pour retrouver les titres d'ouvrages qui sortait de la bouche d'Adrien, sans succès. Il aurait voulu dire au garçon que ce n'était pas du tout son truc, clairement, dès le début. À vrai dire, il avait supposé qu'il aurait saisit le message après que Chems ait avoué ne pas avoir touché son propre, euh... "Vie et habitat des animaux magiques" -Peut être? Il était plus trop sûr du nom- de toute l'année dernière. 

« Voir des sorciers avec leur baguette et prononcer des sorts, je trouve ça époustouflant. » Chems redressa la tête, bien plus intéressé par la direction que prenait la conversation maintenant. Il aimait beaucoup comment Adrien voyait les choses honnêtement. C'était une belle mentalité, bien éloigné du pessimisme de ses propre débuts. Chems revit soudain tout l'enthousiasme et les yeux lumineux de son père dans les paroles du nouveau. L'admiration d'Adrien à l'égard de la magie lui donnait envie de sourire, de lui donner une tape dans le dos, de l'attraper par le cou et de lui montrer chaque coins et recoins du château pour le gaver de toutes ces choses extraordinaires. La magie c'est d'une beauté sans nom. C'est vrai..Il avait finit par se l'avouer au bout d'un an de scolarité, et Adrien lui faisait encore réalisé que cette magie était un don dont il n'aurait jamais voulu se séparer. Par contre, ce mec avait une manière de se rabaisser tout seul qui commençait sérieusement à taper sur le système du Poufouffle, il devait avouer. Et c'est pour ça qu'il s'offusqua tant à la mention du «Je ne veux pas t'effrayer », plissant un oeil déconcerté voulant traduire un «Ou t'as vu que tu me faisais peur ?» par un contact visuel appuyé et un minuscule raclement de gorge.

L'initiative du garçon à la chevelure bouclé était quand même bien sympa par rapport à sa famille. Il aurait bien dessiner le château vu du lac à son frère si il avait eut l'idée. Décrispant le front, Chems eut soudain une idée en écoutant Adrien. Les yeux résolument ancré sur le livre dans le creux du coude du première année, les contours d'un plan se dessinèrent dans la tête du Poufsouffle alors que les paroles du brun se répétaient dans sa tête. Voir des sorciers avec leur baguette et prononcer des sorts, je trouve ça époustouflant. C'était un super bon plan même...

Chems détacha rapidement ses yeux de l'ouvrage lorsqu'il entendit la question qui lui était dirigé ... «Et toi tu allais faire quoi? » Ce auquel il répondit du tac au tac sans trop réfléchir, emporté par l'élan de son projet « Rien d'important. Dis moi-...» Il chercha les pupilles brune d'Adrien, légèrement perplexe. Ça pouvait être une idée de génie comme un plan absolument foireux. Dans le doute, il se devait au moins d'essayer.

« Si je te promet de te le rendre d'une manière ou d'une autre, tu me prêterais ton livre ? »

Aïe...c'était pas vraiment la réponse qu'il attendait. Attrapant le bouquin en regardant partout sauf dans les pupilles brunes d'Adrien, Chems se mordit l'intérieur de la joue en scrutant la couverture si familière de l'ouvrage, traçant distraitement, du bout des doigts, l'écriture du titre. Pour être franc, l'état du livre était le dernier de ses soucis. Celui d'Adrien en revanche, après qu'il en ait finit avec son cher ouvrage, ça, c'était une autre histoire. En tout cas, la seule chose de sûr était que son livre ne reviendrait jamais à son état initial si tout se passait  bien comme prévu. Chems hésita à exposer clairement son plan quand soudain ...

« Tu vas transformer mon livre en quelque chose d'autre?» 

Un sourire en coin, malicieux, se dessina lentement sur la face à moitié abaissé du deuxième année. Et ce fut la seule réponse que Chems offrit au brun. Ce fut la seule réponse qu'il attendait du brun d'ailleurs. Alors comme ça, Adrien avait bien une petite idée de ce qu'il avait en tête? Bien ! C'était beaucoup plus amusant comme ça. Il n'était peut être pas si naïf qu'il en avait l'air finalement, se fit-il la réflexion en déposant le livre à quelques pieds d'eux. Et à voir les yeux brillants d'expectation du première année, Chems oublia complètement ses appréhensions. Un risque ? Quel risque ? Sa main trouva instantanément sa baguette aux contours bosselés qu'il n'avait plus retouché depuis maintenant 2 mois. La sensation familière au creux de sa paume lui envoya un frisson de bonheur. Enfin il était de retour à Poudlard! C'était cool, c'était vraiment super! Mais maintenant, il était grand temps pour une bonne démonstration de magie. Il s'en frottait mentalement les mains d'avance. Mine de rien, "pratiquer" la magie, lancer des sorts...."tout ça" lui avait manqué. Adrien était un passionné qui voulait en apprendre plus, et Chems était de l'école qui favorisait un bon spectacle plutôt que la lecture du morceau d'ennui qu'on appelait un livre. Le Poufsouffle ne pouvait pas lui conseillé ce livre qui ferait la joie de ce nouvel élève, il ne pouvait visiblement pas entamé une discussion autours d'un sujet intéressant pour le première année féru de littérature. Adrien et lui n'avaient définitivement pas les mêmes passions. Mais Chems avait peut être trouvé le moyen de rassembler leur motivations communes. Il pouvait lui montrer. 

Se tester? Offrir un aperçu concret de ce qu'il serait capable de faire plus tard? S'il devait trouvé un prétexte pour justifier ses actions, Chems opterait sans hésité pour le chemin de la bêtise, fanfaronnant sans vergogne avec le mince espoir que les mains d'Adrien arrêtent enfin de trembler en sa présence. Pointant subitement sa baguette sous le nez d'Adrien, Chems entra dans une semi-improvisation exagéré pour capter l'attention optimal de son interlocuteur timide. «Prépare-toi ! tonna t-il tel un Monsieur Loyal de théâtre, marquant une pause appuyé avant de reprendre...À assister....un deuxième temps d'arrêt. Plissant les yeux, le Poufsouffle ne put s'empêcher de craquer un petit sourire taquin dans sa mise en scène ridicule juste avant de faire brusquement volte face pour rester dans son "personnage", donnant son dos au première année pour faire face au livre à terre en redirigeant sa baguette dessus, baissant significativement la voix pour se reconcentrer. Au meilleur sortilège jamais exécuté.... »

C'était une absurderie grosse comme le monde, Chems le savait, il avait fait exprès. Un peu pour détendre l'atmosphère, un peu pour intéresser le première année qu'il voyait pourtant déjà bien impliqué. Mais le gros de ses pensées n'étaient pas à réfléchir à ses bêtises -il n'y réfléchissait jamais vraiment à ça d'ailleurs-  mais plutôt à la concentration de sa magie. À la visualisation. À la volonté de ce qu'il voulait produire...et surtout ce qu'il ne voulait pas produire. 

Le bruit de battement d'aile résonna dans son esprit, il revoyait un flash bleu électrique au bout de sa baguette et une forme s'élevé en l'air, dans sa nouvelle nature...

« Avifors ! »

Le livre était passé entre les mains de Chems, sa main en tremblait encore. Il commençait déjà à regretter de lui avoir donné aussi facilement son bouquin alors qu'il le connaissait à peine. Chems lui avait bien fait comprendre que la littérature était sans doute un élément dont il y prêtait très peu attention. Ce fait suffisait à laisser penser que son livre pourrait ne pas sortir indemne de son voyage dans les mains de Chems. Son cœur battait de plus en plus rapidement à force de patienter quant au sort de cet ouvrage. Il le regardait avec crainte, il se voyait déjà le racheter à cause de la disparition de celui-ci. Il n'avait plus beaucoup d'argent alors cela ne l'arrangeait pas du tout.

Ce sourire Malicieux, que lui fit Chems pour répondre à son questionnement quant à ce qu'il allait se passer pour son bouquin, lui allait si bien. Parfois les choses qui apparaissent les plus minimes étaient celles qui apportaient le plus. Son sourire le rendait un peu plus serein, il le trouvait attendrissant. Ses yeux brillaient, Adrien ne voulait qu'une seule chose, être impressionné. Il est évident qu'il s’inquiétait toujours autant pour son manuel mais Chems le faisait sourire, le rendait positif. L'amitié est sans doute plus importante que ce recueil. Oui, c'est ce qu'il pensait à ce moment-là, peut-être est-ce étonnant mais à ce moment-là, c'était son ressenti.

Les poils étaient hérissés, il avait un peu froid, il frissonna. Il ne pouvait qu'attendre. Chaque geste effectué par Chems était analysé. La manière dont il bougeait son corps, son visage, son bras, ses mains, il ne voulait rien rater. Depuis tout petit, Adrien avait pour habitude d'analyser tout avec un regard perçant. Sa mère lui disait toujours qu'elle l'avait amené une fois auprès de ses collègues et que ces dernières avait été impressionnées, il regardait de haut en bas chaque personne, chaque détail était étudié avec son regard inquisiteur.

Il se rappela que Chems n'était qu'en deuxième. Il ne pouvait pas exiger de lui que les sorts effectués soient exceptionnels. D'ailleurs il croisait les doigts pour qu'il réussisse sa démonstration. Il ne voulait pas le voir mal à l'aise, quoiqu'il se demandait si Chems était parfois vraiment dans cet état-là. Il semblait prendre tellement tout à la légère qu'Adrien se permettait d'en douter.

Chems pointait sa baguette et semblait prêt pour le spectacle. Adrien ne pu s'empêcher de repenser à l'anniversaire de sa tante. Pour ses quarante ans, Kristen avait invité un magicien. Tous ses cousins étaient assis à regarder ce magicien faire sortir un lapin de son chapeau. Tout le monde était émerveillé. Et dire que plus tard, il pourrait avec sa baguette magique faire apparaître un lapin s'il a le talent requis. La magie ne servait pas qu'à de l'amusement mais il aimait cette part-là.

«Prépare-toi ! ...À assister... Au meilleur sortilège jamais exécuté... »

Ce grand suspens et les mots prononcés par Chems firent rire Adrien.

«Envoie-moi du rêve ! Il y a intérêt à ce que ce soit le plus impressionnant des sorts sinon je boude. » dit-il en riant.

Il semblait tout d'un coup très concentré. Cela se voyait qu'il voulait être à la hauteur. Adrien ne prononça plus aucun mot de peur de déranger sa réflexion.

« Avifors ! »

Son livre se métamorphosa en oiseau. Adrien était ébahi, il ne savait que dire. Il avait fait son devoir en métamorphose il y a peu et avait parlé du sort avifors. Tout était théorique et là c'était la réalité, il était bouche bée. Il regardait cet oiseau tournoyé un instant. Il se tourna enfin vers Chems. Il avait envie de lui faire un câlin mais il se contint.

«Ouaaaaaah... Je veux que tu m'expliques comment tu fais. Je veux aussi pouvoir le faire.» s'écria-t-il.

Cela le faisait rire de se dire que son livre volait et avait des plumes. C'était pour le moins perturbant.

« Comment vas-tu faire pour récupérer mon livre? Ce sort est magnifique mais je me retrouve sans rien, c'est un peu embêtant.» s'inquièta-t-il bien que toujours aussi émerveillé.

Réussit! Il avait r-é-u-s-s-i-t ! « YES!! Yes yes!» L'avifors n'avait pas été facile à maîtriser en cours, contrairement à un Lumos ou un un Gonflus. Et Chems n'était parvenu qu'à métamorphosé un très petit oiseau la première fois que sa magie avait réellement fonctionné. L'oiseau qu'il avait devant les yeux maintenant était déjà plus grand, et bien plus beau avec ses plûmes bariolés et son bec de toucan. Mais ce qui l'enthousiasmait beaucoup plus, c'était qu'il avait pu présenté à Adrien une démonstration décente sans avoir à se justifier d'une quelconque apparition gênante d'oeuf à la place de son cher livre. Le jeune Poufsouffle leva le menton de suffisance pour dissimulé son soulagement, très fier de son succès qu'il avait cru incertain, et se heurta aussitôt aux deux pupilles brunes et brillantes d'Adrien en se tournant vers le première année.
L'émerveillement et la bonne humeur du garçon s'avérèrent contagieux, parce que Chems se sentit l'envie de rire face à l'excitation du brun. Au regard de ses précédentes paroles, Adrien n'avait pas besoin que quelqu'un l'encourage à se plonger dans le monde des sorciers, contrairement à lui qui avait fait quatre pas en arrière durant ses premiers temps dans le château. C'était super cool à voir...autant d'enthousiasme à l'égard de la magie. Ça lui en donnait lui même aussi un peu plus. « Miss Bowers t'expliquera vingt fois mieux que moi, badina t-il, les yeux rieurs. En plus elle est chouette comme prof. » 

Chems était conscient qu'il fallait savoir faire la distinction entre le prof et la matière, que le prof faisait sa matière d'enseignement, pas l'inverse et blah blah blah.... Mais même avec tout ces bons avisements, en rentrant pour la première fois dans un cours d'histoire de la magie, le Poufsouffle s'était automatiquement mit dans une position ou il ne ressentait qu'un ennui extrême, peu importe l'heure et peu importe le sujet. Son appréhension avait finit par duré toute l'année, tant qu'il subissait plus qu'il ne suivait les heures de cours de cette matière. En repensant à Heltowni et à sa voix qui lui paraissait si soporifique il y a un an, il s'en sentait presque papillonné des paupière. Chems n'était juste pas sûr qu'il y ait vraiment une manière de rendre l'histoire intéressante pour lui, même avec le prof le plus calé du monde. A voir si le nouveau allait lui prouvé le contraire... «...ouai, elle est cool...» marmonna t-il distraitement. Il allait pas commencer à pourrir les expectations enthousiastes d'Adrien avec ses pensées parasites maintenant. Mais apprendre comment faire voler des objets avec le Wingardium Leviosa ou faire tordre de rire un ami avec le Rictusempra pour se venger était bien plus drôle que de détailler en long, en large et en travers pourquoi ô grand merlin, l'histoire de la magie était enseigné en cours. Lui-même savait pas d'ailleurs, son piètre en témoigne. Le brun le sortit vite de son débat interne. « Comment vas-tu faire pour récupérer mon livre? Ce sort est magnifique mais je me retrouve sans rien, c'est un peu embêtant.» 

Une goutte de sueur froide imagé glissa le long du cou du Poufsouffle. Il avait un peu espéré que sa petite démonstration fasse oublié son livre à Adrien, mais l'emprise maléfique des bouquins sur le garçon était décidément trop forte. «Fais gaffe, si tu fais pas attention, tu finiras accro à ces trucs là» avisa le deuxième année, le ton lourd d'ironie. Être accro aux livres....Une grimace d'incompréhension déforma la bouche de Chems. Après tout, il fallait de tout pour faire un monde. Pointant sa baguette sur le volatile, il lança le finite incantatem. 

L'oiseau obliqua brusquement vers la droite, échappant de justesse au sort d'annulation. Chems fronça les sourcils. Répétant la formule en s'appliquant à viser l'oiseau, le résultat se réitéra de la même manière. Le Poufsouffle baissa sa baguette, déconcerté, cherchant dans ses souvenirs le cours qu'il avait eut il y a deux mois de ça maintenant. "Le contrôle n'est pas immuable, il ne faut pas se faire surprendre en cas de comportement sauvage de la part des métamorphose" Chems déglutit en se remémorant clairement avoir gratter lui même ses mots dans son parchemin. Plus pressé, il enchaîna une nouvelle fois trois tentative de révocation du sortilège, mais ce qu'il craignit se produisit juste devant ses yeux. 

L'oiseau voila autours d'eux, à peine à porté, comme pour les narguer, puis s'éloigna, prenant de plus en plus d'altitude. Ses lancée se firent plus frénétique, mais en moins de deux minutes, la métamorphose ne forma plus qu'un point dans le ciel, et Chems se retrouva bouche béante, figé, sa baguette encore pointé vers le ciel. 

Et mince...